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 C'est donc ça une ville? Que c'est grand! [découverte du métier-Eilam]

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Ven 03 Juil 2015, 17:36

Depuis le jour où Ludmila avait donné à Eilam le conseil étrange d'observer les hécatolithes dont les reflets bleutés, verts ou mauves irisaient la garde de son katana, le magicien avait senti qu'un sentiment étrange avait grandi dans son âme, tel un lierre robuste qui l'avait enchaîné. Le jeune home s'était pris d'une grande passion, d'une sorte d'amour pour les pierres. Lorsqu'il en voyait une qui attirait son attention, Almagor la prenait, la faisait tourner lentement entre ses doigts pour en admirer toutes les facettes, admirait sa couleur comme sa transparence, puis la reposait, conscient que la garder serait du vol.
au début de cette passion, les seules pierres que le jeune magicien eut l'occasion d'admirer furent les cailloux qui pavaient son chemin et roulaient sous ses pieds, vivant par myriades sur les sentiers que les deux voyageurs parcouraient. Quelques fois, un caillou d'une couleur ou d'une forme spéciale attirait le regard du magicien, qui parfois trouvait des morceaux de quartz incrustés dans une vulgaire pierre.
Mais, en route vers le Lac de la Transparence, ne passant pas par les chemins les plus civilisés, Eilam n'avait pas de quoi satisfaire la curiosité qui le dévorait.

Il faut aussi dire que le magicien n'avait aucune idée de la localisation du lieu d'où il venait, et aucune idée non plus de l'endroit où se trouvait le Lac de la Transparence. Ainsi, le chemin des deux voyageurs ressemblait à un sinueux serpent sans tête, se poursuivait sans aucune logique apparente, effectuait parfois d'incongrus demi-tours.
C'est dans de telles conditions que les deux pérégrins atteignirent la ville de Mégido. Tous deux furent frappés par l'aspect hétéroclite et pourtant grandiose de cette ville, abritant tous les contrastes. Assistant au vol de la bourse du passant qui marchait devant lui par un gamin d'une douzaine d'années; le magicien garda prudemment sa main posée sur son katana, promenant un regard prudent sur la foule nombreuse et agitait qui s'étalait de tous les côtés, dans un grand arc-en-ciel d'étoffes, de chevelures et de parures chamarrées.
Où que le magicien tournât la tête, son regard tombait sur un détail insolite qui lui tirait un sourire de sympathie pour cette ville et ses habitants. Là, un petit enfant jonglait avec trois pommes qu'il faisait soudain disparaître, ici, une femme à la longue chevelure d'ébène soufflait du feu, tandis que, plus loin, un homme jonglait avec des épées, debout sur un grand dragon en plein vol.
Ludmila s'était arrêtée devant un tréteau sur lequel s'étalaient des fruits rares, aux couleurs éclatantes et à la saveur alléchante. Sans demander son avis au magicien, la Tiregan fit apparaître un petit poignard d'ivoire.
Effrayée, la vendeuse tenta d'appeler à l'aide, mais fut interrompue par le rire franc de la jeune fille, qui lui expliqua qu'elle voulait simplement lui échanger l'arme contre quelques fruits.
Ludmila, heureuse, revint donc avec son butin auprès de son ami qui, de son côté, tentait d'expliquer à un individu masqué de noir que non, il n'était pas malade et ne souhaitait pas être soigné par des sangsues.

Quelques rues et de nombreuses bousculades plus tard, la Tiregan tira doucement la manche du magicien.

Allons voir par là...

Eilam s'arrêta un instant et regarda les hauts bâtiments percés de vitraux chatoyants, reliés par des passerelles au-dessus du vide, où la jeune fille souhaitait l'emmener.

Pourquoi?

Ludmila comprit que le jeune homme se méfiait de la pénombre qui régnait dans ce lieu, rendant ardu de distinguer quoi que ce fût à plus de cinq mètre. La Tiregan tenta de rassurer le magicien:

Je ne crois pas que ce soit dangereux, de toutes façons nous ne portons rien de précieux sur nous. De plus cette rue me semble moins envahie par la foule de celle-ci.

Sans attendre une quelconque réponse d'Eilam, la jeune fille commença à se frayer un passage vers la rue qui abritait les premiers commerces des quartiers modestes.

Attends, je te rejoins!

La première échoppe que les deux voyageurs aperçurent fut celle d'un fleuriste qui montrait en devanture des arbres pas plus hauts que trois pommes. Juste à côté, un jeune homme avec une tresse brune et une cicatrice sur la joue gauche présentait différentes armes, des sabres, des dagues, des kéris, des haches, des lances... La Tiregan s'arrêta brusquement et laissa son regard errer sur ce qu'elle considérait comme des trésors. Puis elle repartit, satisfaite: Ludmila pouvait se souvenenir au détail près de chacune de ces armes, et ainsi les recréer par la suite.
Quelques boutiques plus loin, un éclat d'un vert tendre, appartenant à un morceau d'aventurine, attisa la curiosité du magicien. Eilam s'approcha de la porte du magasin et, doucement, entra.

Dans une pièce aussi sombre que le reste de la rue, où seules des centaines de gemmes dispensaient un faible éclat lumineux provenant de l'extérieur, éparpillées sur du velours noir comme des étoiles dans un ciel nocturne, derrière un guichet d'ébène, un homme d'une cinquantaine d'années, portant un monocle cerclé d'or, des habits sur mesure prouvant une certaine aisance pécuniaire, ainsi qu'une bague de fiançailles d'une finesse à couper le souffle, accueillit les deux nouveaux visiteurs sans lever la tête.

Bonjour.

Le jeune magicien, à proximité de cette multitude de pierres précieuses et semi-précieuses, se trouvait dans un état proche de la béatitude, ou du moins de l'émerveillement. La voix caverneuse, et pourtant douce, du propriétaire de la boutique, sortit Eilam de sa rêverie.
Almagor rendit les salutations à son interlocuteur puis, l'esprit à nouveau perdu parmi les gemmes, le jeune homme se mot à les observer, les détailler et les admirer, une par une.

L'exploration de la boutique avait duré au moins cinq heures. Agacé par ce client original, le vendeur le réprimande sur un ton bourru:

Mon garçon, si tu n'as pas l'intention d'acheter, je te prie d'arrêter de faire du bazar et de débarrasser le plancher. Je ne veux plus te voir.

La confusion fit monter le rouge aux joues d'Eilam, ais l'obscurité lui permit de camoufler sa gêne.

Pardonnez-moi... Je ne voulais en aucun cas vous porter préjudice, mais...

Le magicien n'osait pas soutenir le regard bleu-gris de son interlocuteur. Eilam baissa les yeux. Puis, tenaillé par un espoir insensé, il osa reprendre la phrase qu'il avait laissée en suspens:

Mais j'aime les pierres, les observer et détailler leur beauté me procure une joie que je ne peux pas expliquer. J'aimerais apprendre à connaître les pierres, apprendre à les travailler, apprendre à les sertir avec les métaux qui s'entendent le mieux avec elles, pour donner naissance à une harmonie paisible qui permettrait de faire ressentir aux autres êtres vivants la sérénité qui m'habite.

Le jeune homme arqua un silence, se rendant compte que sa tirade respirait trop la naïveté. Il se reprit, tentant de mettre en avant la réalité brute de sa situation:

Cependant je n'ai pas les moyens d'apprendre, car je n'ai ni famille, ni ami, ni lieu d'habitation.

Le vendeur répondit par un grognement, tandis qu'il méditait l'aveu du magicien.
Après quelques minutes de réflexion, le propriétaire de la boutique interrogea le jeune homme et lui demanda son identité, son âge, ainsi que le lieu d'où il venait et la profession de ses parents. Le magicien répondit au question dont il connaissait la réponse, s'excusant par le fait qu'il était amnésique. Choisissant de faire confiance au vendeur, Eilam avoua même avoir vécu de nombreuses années reclus chez un démon.

Soit, bonhomme. Je vais te montrer les rudiment du métier.

Pendant une semaine, le vendeur accepta d'apprendre les bases sur les pierres à Eilam. Dans sa générosité, il accepta aussi de loger et nourrir le magicien, ainsi que son ami. Il s'agissait d'une personnalité renfermée, bourrue, mais dotée d'un grand cœur et d'une grande honnêteté.
A la fin de cette semaine, le jeune homme maîtrisait les rudiments du métier, savait sertir un diamant sur une bague en or, savait fondre et forger les métaux pour qu'ils constituent une base aux bijoux et savait associer différents pierres afin de créer une harmonie sans que les différentes gemmes ne se portassent préjudice les unes aux autres. Cependant il ne le savait que de manière théorique. Dans la pratique, ses doigts se révélaient souvent maladroits, menant à un résultat fort éloigné du modèle imaginé par le magicien. Sans pour autant se décourager, sous le regard amusé du vendeur, Almagor persévérait pour arriver à atteindre son idéal, un beau bijou mettant en valeur plusieurs pierres à la beauté extraordinaire.

Donc, au bout d'une semaine, le propriétaire de la boutique jugea que le magicien pourrait se débrouiller sommairement s'il le lâchait dans la nature. De son côté, Eilam n'avait pas oublié les dernières volontés du défunt ni le but de ses pérégrinations. Les adieux se firent sans grandes effusions, pourtant un brin de tristesse pinçaient leurs deux cœurs.

A bientôt bonhomme! Tu reviendras me voir, quand tu seras devenu un joaillier reconnu, n'oublie pas.

Au revoir! Encore une fois, merci pour tout. Je ne vous oublierai jamais!




A présent, il fallait arriver à quitter cette grande ville qu'était Mégido.
Après une longue marche, Ludmila remarqua que les passants s'étaient métamorphosés exclusivement en passantes. Le magicien était la seul présence masculine dans la ru que les deux voyageurs parcouraient. Puis, soudainement, la Tiregan se rendit compte que son ami était resté plusieurs mètres derrière elle. Inquiète, elle rebroussa chemin.

Quelque chose ne va pas?

Le magicien secoua la tête:

Quelque chose m'empêche de passer... Une barrière il me semble. S'il-te-plaît Ludmila, peux-tu me rendre un service? Là-bas, j'ai vu une jeune fille sortir dun bâtiment avec de nombreux livres sous le bras. Peux-tu aller voir si ce bâtiment est une bibliothèque et, le cas échéant, emprunter pour moi des livres sur les gemmes?

Bien sûr.

Discrète et avantagée par sa petite taille, la Tiregan se faufila à travers la foule et atteignit le bâtiment qui était bel et bien une bibliothèque, d'une envergure sans pareille, abritant un savoir incommensurable. Précise et rapide, la jeune fille se dirigea immédiatement vers les rayons concernant la gemmologie, et subtilisa un ouvrage de base, décrivant à la fois les structures moléculaires des pierres et les manières artistiques de les travailler et de les allier. De manière tout aussi furtive, Ludmila ramena le livre au commanditaire.

Celui-ci avait pris un petit logement dans les quartiers modestes, s'assurant qu'il avait encore sur lui ses dernières économies. Il lut avec avidité l'ouvrage que lui ramena son amie, puis lui demanda d'aller le rendre, par honnêteté, et de lui en rapporter un autre.
Ainsi, le jeune homme resta encore dix jours, laps de temps pendant lequel il réussit à lire cent cinquante livres traitants de pierres précieuses, de bijoux et de joailleries, que ce soit des livres de chimie, d'histoire, d'art, ou même d'astrologie.
A la fin de ces dix jours, les deux voyageurs quittèrent Mégido et se mirent en route. Eilam espérait que, plus tard, il trouverait de quoi s'entraîner et se perfectionner.
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