Le Deal du moment :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à ...
Voir le deal

Partagez
 

 Un Bijou dans un écrin de fleur ○ ft. Callidora ♥

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Jeu 28 Jan 2016, 18:29

Ode douce et entraînante, mélopée ravissante à la caresse subtile, le piano développait ses notes délicates dans les méandres de la forteresse, s’heurtant aux ouïes sensibles et attentives des convives apprêtés. Dans tout ce tumulte chaleureux, mais néanmoins formel, les hères s’épousaient de leurs corps engoncés dans des tenues d’apparats, au gré de valses et autres danses gracieusement élégantes. La réception était grandiose, des mets alléchants s’éparpillaient sur des nappes immaculées, aux côtés de coupes cristallines emplies d’un champagne mordoré et pétillant. Dans l’ambiance tamisée et légère, un être dénotait de part sa posture droite et noble, son regard céruléen voguant au gré des couples de baladins qui virevoltaient tout autour de lui. Un ineffable sourire épousait le contour de ses lèvres diaphanes, tandis que ses doigts tapotaient le bois sombre d’une chaise sculptée. Rien en lui ne laissait paraître la lutte interne qui sévissait devant tant de créatures à asservir. Une lutte qui tiraillait sa gorge brûlante et ses pulsions obscures. Convié par la maîtresse des lieux à ce bal nocturne, le strige n’avait su décliné la présente, trop exalté à l’idée d’agrémenter ses feuillets de conquêtes. La lascivité menaçait néanmoins, aucune créature ne retenant suffisamment ses appétences, pour qu’il se joigne à elle et ne l’attire dans un coin reculé. Les intéressées s’étaient cependant avancées, mues par l’envie de sentir les phalanges marmoréennes de l’indicible noctambule sur leurs peaux dénudées, mais il avait éconduit les courtisanes, cherchant à dénicher la perle rare et nacrée de son eldorado. Il avait pris soin de soulager sa soif avant de se rendre dans les lieux, il était ici pour la chasse, pour l’exaltation et la conquête, pas seulement pour corriger les affres de son insatiable désir. Tout à sa quête, il s’était permis une danse puritaine et solennelle, en compagnie d’une jeune femme désirable mais dont l’étroitesse d’esprit avait tôt fait de mettre à mal la moindre de ses appétences. Le strige avait pris congé avec politesse, prenant place à l’écart de la foule qui dégageait une fragrance capiteuse et sauvagement indomptable.

Toute la cérémonie avait lieu dans un gargantuesque salon, couvert de dorures et aux murs ornés de tableaux exquis. Le marbre était noir, dénotant le raffinement de leur hôte lorsqu’il était mêlé au pourpre des rideaux. Certains convives arboraient un loup, qui dissimulé le haut de leurs visages. Cette débâcle d’élégance n’avait que peu d’égale et le noctambule appréciait chaque mouvement de ce ballet. Lui qui sacralisait la noblesse et la grâce, ses préférences s’en trouvaient comblées. Se détournant de l’allégresse avinée de ces hères, Lestat rejoignit le dehors, y découvrant les arômes sauvages et l’enchevêtrement luxuriant qui y prenaient vie. Véritable œuvre d’art à part entière, le jardin s’étendait, infini, se teintant de mille couleurs à l’éclat céleste de la lune. Le travail était admirable de splendeur et le damné avança vers quelques bosquets, taillés avec une précision divine. A la faveur d’un rayon argenté, quelques quidams dévoilèrent leurs faciès ciselés, rejoignant la réception d’un pas léger, au rythme de leurs discussions véhémentes. Le strige était de toute évidence seul, en ces lieux majestueux, ne constatant que la présence éphémères de quelques téméraires volatiles. Il s’était éloigné de toutes ces veines frémissantes, de toutes ces vitalités avilissantes qui martyrisaient sa résolution de bien se tenir. L’albâtre s’adossa au tronc d’un cerisier, qui étendait ses ramures pâles et rosées, en obombrant la pelouse verdoyante. De sa poche, il exhuma l’une de ses sempiternelles cigarettes, qu’il alluma d’une flamme bleutée. Un exutoire comme un autre, qui tendait à épancher quelques désirs incongrus. Son doux effet apaisait la brûlure de sa gorge et détendait son esprit. Sa fumée âcre et opaque s’évada dans les méandres de l’air, ses pensées et son regard se tournèrent vers l’indicible édifice. Il exhala une dernière fois, presque lascivement, la brume blanchâtre de son tabac, se détacha du feuillu et rejoignit la mélopée insidieuse du grand salon.

Rien n’avait changé et une valse raffinée s’était mise en place, chacun épousant les paumes de son partenaire tout en conservant un espace courtois entre leurs corps. Tournoyants avec volupté, les hères démontraient leur maîtrise de la danse. Aucun olibrius n’aurait pu se mêler à pareil rassemblement, sa présence aurait eu tôt fait d’être démasquée et l’individu aurait découvert à ses dépends le mécontentement des nobles et son étendu. Une catharsis aurait eu tôt fait d’être plus salvatrice, que de subir pareil courroux. Le noctambule happa un serviteur, entre ses longs doigts blafards, susurrant à son oreille d’une voix mielleuse. « Seriez-vous assez aimable pour m’apporter une coupe ? »

762 mots.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Sam 30 Jan 2016, 02:13

Son arrivée ne passait pas des plus inaperçues. Les espérances de la Rehla s'envolaient à mesure que les créatures nocturnes se retournaient sur son passage. Un murmure enflait, un murmure qui l'effrayait presque. « C'est elle, il n'y a pas de doute. C'est l'une des gagnantes de la Coupe des Nations. Regarde, là-bas. C'est vraiment elle. » La seule compagnie de Jacob lui permettait de tenir le choc. En d'autres circonstances, elle se serait probablement enfuie en courant, profondément intimidée par ces regards affamés d'une curiosité oppressante qui se posaient sur elle. Un caprice de jeune femme l'avait poussé à ne porter qu'une robe d'un rouge sombre dont la légèreté contrastait étrangement avec les extravagances vestimentaires des convives. Cela ne faisait que l'en distinguer davantage. Quelques instants après son entrée dans le salon, au moment exact où elle croyait se noyer dans la foule, une sulfureuse Vampire l'interpella, la priant de lui prêter le bras de son partenaire de danse pour le restant de la soirée. N'ayant pas le coeur à s'amuser, la brune avait accepté de bonne grâce. Ainsi, elle se retrouvait seule au milieu d'une cérémonie qui la dépassait. Le tourbillon de visages et de noms qui s'agitait en tous sens la déboussolait.

Se croire hors de danger se révélait une odieuse chimère. Avant même qu'elle n'ait eu le temps de s'écarter du massif cortège, quelqu'un vint la saisir par le bras pour la sommer de leur jouer un morceau quelconque. Un battement de cils plus tard, elle se souvint qu'il s'agissait de l'un des clients de Davos. Surmontant son appréhension de jouer à nouveau, elle se mordit la lèvre inférieure avant d'acquiescer. Le tumulte redoubla, comme si son apparition provoquait soudain la curiosité de tout un monde. Les joues rosies, elle s'installa avec délicatesse auprès du piano, espérant en silence qu'une mélodie se ferait entendre à travers le capharnaüm ambiant. Laissant les artistes achever leur partition, elle s'autorisa une inspiration profonde, cherchant à faire taire en elle toute voix indésirable. L'impatience qu'elle lisait sur certaines lèvres l'empêchait de s'accorder un semblant de sérénité. Une seconde plus tard, elle dérobait ses prunelles blondes au monde. Parfaitement immobile, les yeux clos, les mains suspendues au-dessus des touches, elle ressemblait presque à une statue de porcelaine, de celles qu'on exhibe dans les musées sans oser les approcher par crainte d'en briser le mystère et la beauté. Une première ondulation traversa les airs, bientôt suivie d'un enchantement sensuel.

La torpeur d'une nuit d'été et la respiration sereine d'un homme. Le calme incertain qui précède l'instabilité. La peur de ce qu'on sent arriver. L'espoir de ce qui peuple nos rêves. Il suffisait de fermer les yeux pour qu'un monde nouveau s'offre à la portée de tous. Trouver la véritable résonance, celle qui fait battre le coeur et ouvre le regard, la véritable mission de l'artiste. Qu'importe la complexité d'une œuvre du moment qu'elle allume en chaque être cette étincelle de vie, celle après laquelle chacun passe son temps à courir et sans laquelle personne ne sait trouver la paix. Les sens défilent au rythme des sons. La dernière note se grave dans l'air, promesse de vie insaisissable dont la beauté est un éternel émerveillement impossible à définir. Une larme qui perle au coin des yeux, un frisson qui caresse la peau. Rien de plus. Et la musicienne qui laisse un sourire illuminer son visage, se retirant après une ultime révérence.

Son œuvre achevée, la brune descendit de l'estrade sur laquelle elle avait dû monter, ne prêtant pas la moindre attention aux individus qui la suivaient du regard d'un air presque avide. La chaleur, d'abord montée à ses joues, enfiévrait ses iris dorées d'une curieuse lueur avant de redescendre vers sa poitrine. Les battements de son coeur s'accéléraient furieusement. La discrétion dont elle faisait preuve à l'accoutumée lui manquait cruellement. Sachant qu'il s'agissait de l'unique refuge où elle serait en mesure de reprendre ses esprits, la brune s'éloigna de l'attroupement qui s'était formé près de la scène. Evitant de songer à sa pitoyable sortie, et plus particulièrement au moment où elle avait failli marcher sur sa propre robe, elle préféra se concentrer sur les quelques individus qui avaient prolongé leur passion de la danse pour accompagner son morceau, se plongeant dans leur souvenir avec reconnaissance. Laisser ses doigts blancs glisser davantage sur les touches lui aurait paru une offense impardonnable. Malgré la durée relativement réduite de la mélodie, celle-ci représentait l'une de ses plus belles réussites. La confiance perdue lors des derniers événements semblait revenir vers elle pour la rassurer d'une étreinte maternelle.

Cela étant, un verre ne lui ferait pas de mal. Usant de sa magie pour passer inaperçue, elle se fraya un chemin jusqu'à l'un des buffets, légèrement à l'écart des danseurs et autres invités, remerciant en silence le sang qui coulait sous sa peau diaphane de lui accorder un tel privilège. Son organe vital palpitait comme celui d'une biche se sachant prise au piège. Portant une main à sa gorge pour tenter d'apaiser ces battements déraisonnés, elle se servit de l'autre pour attraper une coupe de champagne. Le précieux liquide miroitait étrangement. Ses bulles crevaient la surface dans un silence religieux qu'elle appréciait la plupart du temps. S'absorbant dans la contemplation du cristal, elle tendit la main au même moment qu'un serviteur. « Je suis navré Mademoiselle, mais l'un de nos convives souhaitait prendre un verre et il ne reste plus que celui-ci. Me permettez-vous de lui apporter et d'aller immédiatement vous chercher une bouteille ? » Légèrement surprise, Callidora battit des cils, cet événement mineur lui offrant la distraction parfaite qui calmerait son coeur affolé. Relâchant la pression qui l'écrasait, elle accompagna sa réponse d'un sourire radieux. « Oh, mais bien sûr. Je vous en prie, ne le faites pas attendre. » D'un geste visiblement soulagé, il emporta la coupe vers son futur propriétaire. Ne sachant que faire en attendant, la Rehla se retourna, prenant timidement appui sur la table finement décorée à l'aide de ses mains qu'elle plaça dans le bas de son dos. La valse qui emportait les corps exerçait sur elle une fascination d'une délicatesse artistique.


1002
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mar 02 Fév 2016, 00:11


La litanie s’était modifiée, développant des notes bien plus douces, sous les doigts de la discrète virtuose ayant posé son séant devant les touches bicolores. Plus harmonieuse et plus sensuelle, la danse s’envenimait de quelques rapprochements éphémères, dont les mâles avides salivaient de contentement. Furetant sur sa tempe en caressant l’opalescence de sa peau, d’un index distrait, l’esthète vrillait la prunelle céruléenne de son regard sur cette nouvelle convive tout de cinabre vêtue. La muse baladait ses phalanges expertes sur chaque note, comme l’on trace quelques poèmes ineffables sur un vélin de qualité. Voilà bien la perle de cette soirée morne et fastidieuse, qui commençait à provoquer son aigreur. Lorsqu’enfin la créature se sépara de son clavier et reprit corps avec la réalité, le strige prit soin de ne pas rompre la vision de cette silhouette alliciante, scrutant le moindre de ses gestes, si innocents soient-ils. Ses appétences s’éveillaient et la pointe de sa langue vint humecter ses lippes diaphanes, avides de découvrir la fragrance de la désirable et de s’en approprier l’essence. Au détour de quelques hères, elle se volatilisa, s’arrachant à la contemplation muette du damné, dont la mâchoire se crispa de frustration. Des scenarii peu affables se développèrent dans le dédale tortueux de son esprit, à la vue de ces avilissantes créatures qui avaient masqué sa proie à son regard prédateur.

Des songes malavisés incluant leur présence et celle de sa sempiternelle lanière de cuir, mordant leurs chairs mises à nues. Un monde de souffrance qu’il aurait érigé pour leur affront. Lacérer ces inaptes, assouvir la moindre parcelle de ses désirs de vengeance. Mais en une inspiration profonde et lascive, il chassa ces pensées abruptes. Il n’était pas sage de provoquer une esclandre.

Le laquais revint vers le noctambule, lui tendant la coupe inespérée, qu’il saisit de ses longs doigts blafards, murmurant un vague remerciement. Son ire peinait à s’apaiser. Le strige porta le hanap à ses lippes assoiffées. Quelle tristesse de n’en ressentir aucun goût, ni aucune saveur. Fade et insipide, à l’image de cette réception. Ses iris glissèrent sur ces convives avinés, préoccupés par leur paraître et leur prétendue courtoisie. Ces ersatz du bon goût, sous-produits de noblesse qui excitaient ses envies et affolaient sa raison. Ils dégoulinaient d’une concupiscence, que leurs sourires bienséants ne savaient masquer. Son acrimonie s’était éveillée, à l’instant même où il s’était vu ravir sa vision fantasmagorique. D’un geste, il relâcha le verre cristallin, pris d’un incoercible désir d’aller corriger l’ensemble de cette plèbe irritante, mais il s’interrompit. Elle était là, au loin, dans son fourreau carmin, prête à jeter l’opprobre sur son âme, de ses iris mordorés. Une esquisse s’insinua sur les lippes de l’albâtre, qui avança perfidement vers sa proie de porcelaine. Ses lèvres se retroussèrent, dévoilant l’ivoire de ses canines assoiffées. Arrivé à sa hauteur, il fit face à la muse dont il chercha le regard, peinant à dissimuler l’appétence insatiable qu’elle provoquait en lui. Avec douceur et délicatesse, ses phalanges s’immiscèrent entre celles de l’alliciante, le noctambule se pencha et, sans y déposer ses lippes, effleura le dos de sa pâle main. « Lestat, ma chère, je suis enchanté de rencontrer pareille virtuose, en cette soirée. » - Se relevant avec élégance, l’esthète offrit à la muse, un sourire poli avant de défaire l’étreinte de sa peau marmoréenne sur la sienne. « Vous êtes délicieuse. Tout autant que vos dons pour la musique polyphonique. » - Des regards inquisiteurs s’étaient tournés vers les deux indicibles personnages, qui dénotaient au travers de tous ces baladins masqués et dansants. « Vous attirez les convoitises ma demoiselle. Tous ces rustres, se voulant nobles, seraient prêts à se battre pour la faveur d’une de vos danses. » - Lestat se déplaça imperceptiblement, se gargarisant intérieurement de la sottise de ces mortels austères et insanes. Le moindre audacieux qui s’avancerait vers sa proie désignée, s’heurterait aux écueils de sa véhémence. « Je crains fort que mon égoïsme, ne m’oblige à repousser vos prétendants, pour leur ravir leur place. Je n’aime guère la concurrence. » - L’albâtre tendit ses phalanges longues et diaphanes vers cette anonyme à l’arôme capiteux et enivrant. Il ne saurait tolérer un refus de sa part. Il exécrait tout ce qui allait à contresens de ses envies. Pour autant, l’infant laissait le choix à la muse. Un choix qui se solderait par une valse ou l’étreinte de sa morsure, en des lieux plus propices. « M’accorderez-vous le privilège d’une danse, chère inconnue ? »
743 mots.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 07 Fév 2016, 11:07

La cérémonie semblait se dérouler conformément aux désirs de chacun, et personne ne se souciait véritablement d'autre chose que de la satisfaction de son petit plaisir. Un parfum d'ennui venait remplacer celui du champagne qui lui avait filé entre les doigts, et la brune se contentait d'observer les danseurs qui tournoyaient avec une langueur presque indécente qu'elle ne comprenait pas. Apercevoir une femme à l'allure sulfureuse dans les bras de Jacob lui arracha un pincement de coeur. La jalousie se nichait dans les pensées de la Rehla, ou plus probablement un orgueil dont elle ne prenait pas la pleine mesure. Il fallait avouer qu'être le centre de l'attention d'une personne, quelle qu'elle soit, donnait une certaine importance qui réconfortait de temps à autre malgré son aspect profondément illusoire. Retenant un soupir lassé, elle passa une main dans sa chevelure qui s'épanouissait en toute liberté sur ses épaules pour finalement épouser la courbure de son dos. En dépit du statut généreusement accordé par les organisateurs de la soirée, sa présence ne se révélait en rien indispensable. Quelque chose en ces lieux la mettait terriblement mal à l'aise, et son anonymat avait représenté le seul moyen d'y échapper. Avec un peu de chance, personne ne l'avait remarquée et elle pourrait s'éloigner avant que la valse ne s'achève. Les mélodies envoûtantes qui s'élevaient au-dessus du capharnaüm ambiant comme pour prouver leur immense valeur et leur incongruité au beau milieu d'une réception tapageuse la retenaient encore, à la manière d'invisibles liens qu'on se refuse à trancher par une sorte de tendresse émue.

Une caresse impromptue la ramena à une réalité infiniment plus concrète. L'un des invités de la soirée qui se tenait en face d'elle depuis quelques instants venait de mêler leurs doigts d'une façon singulière qui enclencha immédiatement chez elle un trouble certain. Ses joues se colorèrent d'un rose léger qu'elle préférait attribuer à la chaleur de la pièce. Légèrement surprise, elle laissa l'inconnu se présenter avant de reprendre le sens des convenances. Jamais aucune créature en ce monde ne s'était comportée de la sorte en sa compagnie. Pareille introduction nécessitait une réponse. « Votre enchantement est partagé. Je suis navrée de ne pas vous avoir vu approcher, j'étais perdue dans mes pensées. » Un sourire maladroit compléta sa déclaration. Laissant les pires réprimandes affluer en son for intérieur, elle ne se départit pourtant pas de sa gaieté apparente. « C'est très gentil à vous, mais vous savez, je n'ai aucun mérite. La musique ne fait que m'appeler, et lorsque je suis suffisamment sereine et chanceuse pour l'écouter, elle m'offre certains de ses secrets. Je ne suis encore qu'une novice. » Acceptant avec soulagement la coupe que venait de lui tendre le serveur nouvellement arrivé, elle lui adressa un léger signe de tête en guise de remerciement avant de se perdre dans la contemplation du liquide doré, ce qui lui donnait accessoirement l'occasion de réfléchir à la proposition à peine formulée. Les rondes ondulations du mousseux fascinaient la brune par leur régularité et leur obstination à s'élever vers une liberté qu'elles n'atteignaient jamais.

Se lancer dans un mouvement qu'elle ne maîtrisait pas avec pour partenaire un quasi inconnu dont elle ne savait que le prénom ne la rassurait guère et relevait d'une inconscience folle. Peut-être était-ce pour cette raison que l'envie d'accepter la gagnait. « Mon nom est Callidora. Et sachez que les souhaits de ces individus m'importent autant que le faste de leurs tenues. De toute manière, je serais bien incapable d'accepter s'ils me demandaient une danse, je suis une piètre ballerine. Cela dit... » Cela dit, l'ambiance festive qui envahissait chaque recoin la poussait à se mêler aux festivités quelques instants, ne serait-ce que pour recueillir l'amertume de l'incompréhension face à des règles de bienséance qui la dépassaient. Prétendre que la jeune femme n'avait pas reçu d'éducation aurait été une grave tromperie, mais participer à ce genre d'événements ne lui était arrivé qu'à deux reprises, et elle se sentait toujours aussi peu à sa place. La belle qu'on invitait pour de mystérieuses raisons qu'on allait jusqu'à ignorer, l'indésirable qui se fondait dans le décor pour ne pas attirer l'attention. L'observatrice silencieuse qui appréciait le spectacle des corps s'entrechoquant et des discussions enflant au gré des minutes sans jamais prendre part à ce que tous appréciaient. Une attitude qui jusque-là, lui avait toujours convenu. Cependant, il fallait bien un jour ou l'autre abandonner les habitudes pour s'apercevoir des trésors que recelait la nouveauté. D'un geste délicat, elle reposa le verre auquel elle n'avait pas touché sur la table et secoua ses cheveux pour étouffer un rire. « Je suppose que ce n'est pas raisonnable au vu de mon manque d'expérience en la matière, mais je serais ravie de danser avec vous. » L'aventure promettait d'être amusante, à supposer que le brun ne se formalise pas de ses maladresses.

C'est ainsi qu'elle profita d'une brève interruption dans la valse commencée quelques secondes auparavant pour prendre place sur la piste sans vérifier que son nouveau partenaire la suivait. À son grand étonnement, plusieurs indélicats dont elle ne soupçonnait pas qu'ils fussent dotés d'un brin de courtoisie ou d'une quelconque forme d'intelligence s'écartèrent pour la laisser passer. Le statut privilégié dont elle bénéficiait révélait son premier avantage depuis plusieurs semaines : jouer des coudes pour se frayer un chemin à travers la masse presque bovine des spectateurs aurait représenté un cruel manque d'élégance. Se plaçant en face du brun, elle lui offrit une légère révérence avec un sourire ravi. Il s'agissait plus d'une marque de respect qu'autre chose, une reconnaissance de sa différence avec les fanfarons de la salle et chercha le contact des prunelles azurées pour l'assurer de sa sincérité. « J'espère être à la hauteur de vos attentes. » Cependant, elle usa involontairement de son pouvoir et battit des cils une seconde, se demandant ce que cela pouvait bien signifier. Lestat. Il ne l'était pas vraiment, et pourtant il l'était infiniment plus que n'importe qui. Cette pensée se trouvait dépourvue de sens. Aussi la Rehla préféra-t-elle la chasser pour prendre une inspiration salvatrice. Les regards qui se pressaient sur son corps la perturbaient et elle captura la vue du plancher impeccablement ciré pour s'y dérober, la tête penchée vers le sol. Sans le regarder, elle tendit les mains vers son partenaire, adressant silencieusement une prière aux étoiles pour éviter de se ridiculiser. Les notes imperturbables s'égrenèrent avec un charme indéniable, prélude d'une soirée plus délicieuse encore.


1052
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

Un Bijou dans un écrin de fleur ○ ft. Callidora ♥

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» | Un bijou dans un écrin de fleur | Nithael |
» Un bijou dans un écrin de fleur [Quête - PV Adeï]
» ♛ Un Bijou, dans un écrin de fleur | ft. Evelyn
» [Quête]Un bijou dans un écrin de fleur [feat. Shaan]
» (Terminé / PV ♥♥♥mon doux courant d'air♥♥♥) Un dîner en enfer
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Dévasté - Est :: Berceau cristallin-