Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

Partagez
 

 Le revers de la Médaille| Fragment de Saphir [Scott]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Sam 30 Mai 2015, 16:49

Le revers de la Médaille
« Il n’y a pas de destin, il n’y a que ce que nous faisons »

Je ne pouvais plus cacher l’angoisse qui me meurtrissait l’estomac. Ça n’allait pas, ça n’allais pas du tout. Pourquoi les potions ne fonctionnaient-ils pas? Pourquoi Père semblait se rapprocher de l’état du cadavre ambulant plutôt que de reprendre la santé et de retrouver son corps bronzé? Je n’y comprenais rien. Ardwick, pourtant, m’assurait à tous les coups que sa nouvelle mixture fonctionnerait et que dans le pire des cas, elle ne pourrait qu’atténuer la souffrance qui le plaquait dans son lit de malade. Mais ça ne marchait pas. J’avais même la désagréable impression que ses potions aggravaient son état…

Draug eut alors un soubresaut dans son sommeil et un gémissement traversa la barrière de ses lèvres pincées. Même dans les rêves, il continuait de ressentir la douleur que lui causait son mal. Ce n’était pas normal. Avec plus de fermeté encore, mes doigts serrèrent la main froide et rachitique de mon paternel, dont nous pouvions sentir les tremblements qui secouaient son pauvre corps amaigri.

« Papa… Reste avec moi. Je t’en prie… »

Il se mit à pousser des grognements, de plus en plus rauques, avant de lâcher un cri infernal qui me fit sauter de ma chaise, paniqué. Je reculais de quelques pas, horrifié par cette vision, alors que Père se mettait à hurler à mort, à se contorsionner de douleur, les yeux fermés, le front suant, le corps agité par des tremblements violents. Comme s’il était possédé, Draug plaqua ses bras autour de sa taille, se recroquevillant comme le ferait un enfant. Je pouvais l’entendre gémir, l’entendre souffrir, mais je ne pouvais rien faire de plus que de lui tenir la main, le supplier de rester fort, de ne pas céder. Or, dans son mouvement, cette dernière s’était brutalement arrachée à ma poigne, ne laissant plus que mes doigts écartés, vide de toute présence. J’observais ma paume ouverte, avant de poser mon regard sur mon père, le dos tourné, ses bras l’enserrant fortement, comme s’il concentrait toutes ses forces à empêcher le Kurbus de poursuivre son ascension dans son corps si fragile.

Alerté par les cris, une tornade de cheveux rouges rentra avec fracas dans la petite chambre du malade. Lorsqu’il aperçut celui-ci se détendre doucement, il fit pivoter son regard dans ma direction.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé? »

Je ne répondis pas. Je ne bougeais pas. Je ne faisais que fixer l’intérieur de ma main, un nœud puissant me coinçant le bas du ventre, une boule énorme me coinçant la gorge.

« Il va mourir, Asche. Il perd ses forces, le mal accélère et les potions d’Ardwick ne servent à rien. Il se meurt, et je ne peux rien y faire. p*tain! »

Ses doigts se contractèrent soudainement en poing et il vint fracasser ce dernier contre la table de chevet de son père. Asche eut un mouvement vers moi, mais il s’arrêta presque aussitôt, sachant pertinemment qui, entre de la maladie et de moi, était le plus dangereux pour Draug. Malgré tout, sa voix grave et caverneuse s’éleva lentement dans l’air pour m’arrêter dans ma nouvelle tentative d’enfoncer mon poing dans le bois travaillé de la pauvre table de chevet.

« Ça suffit. Te fâcher de la sorte n’aidera pas ton père à guérir.

- Qu’est-ce que tu veux que je fasse d’autre! Bordel, Asche, regarde-le! Il va mourir! »

Je relevais mon poing dans l’idée de le fracasser, une fois encore, contre la petite table en bois, mais au même moment, l’Orisha aux cheveux rouges stoppa rapidement mon geste en m’attrapant le poignet. Je voulus me dégager de sa poigne, mais il tenait bon.

« Lâche-moi! Mais lâche-moi à la fin! »

Je virais des yeux sauvages dans sa direction, qu’il soutint sans broncher une seconde.

« Arrête, Miles. Ça ne sert à rien de te blesser. Tu as fait de ton mieux, mais là… »

Avec force, je parvins finalement à me dégager de son emprise et je me retournais brusquement vers lui, les dents serrées, la mâchoire contractée dans une grimace sauvage et bestiale.

« NON! S’il meurt, ça voudrait dire que je n’ai pas fait de mon mieux! Que j’aurais sûrement pu faire mieux!

- Tu ne peux pas continuellement te blâmer de la sorte! Nous pouvons être forts et grands, mais nous ne sommes rien face à la maladie…

- Nous pouvons devenir plus forts que la maladie. Ardwick … »

Soudainement, une colère froide apparut sur le visage du grand Orisha et il approcha son visage du mien, suffisamment pour que je puisse distinguer des éclairs foudroyants traverser les couleurs de ses yeux.

« Laisse tomber cet Ardwick, Miles. Il ne fera jamais rien de bon pour ton père.

- Tu dis ça parce que tu ne le connais pas, mais il travaille sans relâche pour trouver un antidote au Kurbus. »

Il eut une pause, durant laquelle nous nous défions du regard.

« Contrairement à d’autres, il ne perd pas espoir lui…

- Mais a-t-il déjà eu l’espoir? »

Mes sourcils formèrent un arc devant les paroles de l’Orisha aux cheveux rouges.

« Qu’est-ce que tu insinue?

- Tu sais très bien ce que je veux dire, Miles.

- Non. Ardwick est sincère. Il travaille dur pour trouver cet antidote…

- Mais qu’en est-il réellement? Ça fait plus d’un an que tu travailles avec lui, non? Durant cette période, y’a-t-il eu des changements? »

Il n’avait même pas besoin de me poser la question: il connaissait déjà la réponse.

« Ton Ardwick, tu devrais le regarder plus attentivement. Et faire plus attention.

- Il ne se joue pas de moi.

- Miles, TOUT le monde pourrait t’utiliser lorsqu’il s’agit de ton père! Tu ne réfléchis pas assez! Tu laisses tes sentiments dicter ta conduite plutôt que ta raison!

- Va te faire foutre!

- Regarde la vérité en face, par tous les Dieux! IL. N’Y. A. PAS. D’ANTIDOTE. POUR. LE. KURBUS. »

C’était la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Sans crier gare, mon poing vint se fracasser contre la joue du géant, qui ne recula même pas d’un pas suite au choc. Il restait de marbre, convaincu de ses propos. Mais je savais qu’il mentait. Il devait y avoir un antidote. Il devait y en avoir un! C’était obligé!

« MAIS QU’EST-CE QUE VOUS AVEZ TOUS À VOULOIR QU’IL CRÈVE?!

- On ne veut pas qu’il meurt. On veut seulement ne plus le voir ainsi. »

Son regard se tourna machinalement vers le corps recroquevillé de Draug, qui tremblait violemment, qui souffrait toujours autant. Mais ses paroles auraient encore été mieux perçus par une pierre que par moi, en raison de l’état dans lequel je me trouvais. Rageur, fulminant de colère, je le bousculais brutalement pour pouvoir passer par la porte de la chambre de Draug.

« Vous êtes des lâches! Moi, je continuerais à me battre! »

Le grand Orisha écouta mon pas furieux jusqu’à ce que celui-ci s’arrête brusquement au claquement de la porte.


1 160 mots



Le revers de la Médaille| Fragment de Saphir [Scott] Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Invité
Invité

avatar
Ven 05 Juin 2015, 20:53


Un morceau de pain trônait sur la table, exposé aux rayons de lumière, si faibles en ces heures matinales. D’un geste rapide et habile de la main, je le ramassai à toute vitesse, déambulant dans la minuscule salle à manger. J’arrachai une bouchée, les doigts collés contre la miche que j’étais entrain de dévorer, tandis que ma main gauche tâte à l’aveugle sur la table, essayant de rechercher le contact de la besace magique. Derrière mon dos, j’entendais des pas frapper contre le parquet et, deux secondes plus tard, la voix fatiguée et monotone de la jeune fille ailée résonna dans la pièce, brisant le silence qui s’était installé. « Hum, bonjour. » Elle lâcha un bâillement, la coupant dans ses propres mots. Elle se frotta les yeux du revers de la main, où je pus également apercevoir les immenses cernes noires qui ternissaient son visage. Puis, elle reprit le cours de ses paroles, comme s’il n’y avait jamais eu de courte pause. « Où comptes-t aller de si bon matin? », demanda-t-elle en notant la besace étendue sur la table. « À Mégido. » Elle écarquilla les yeux. Elle alla appuyer son dos contre le mur. Un soupir quitta ses lèvres sèches. Soudainement, elle semblait plus alerte et plus éveillée. J’engloutis une seconde bouchée de pain, prêt à encaisser le flot de ses habituels conseils qui se déverserait contre moi en quittant la commissure de ses lèvres. « Tu ne vas pas à l’ÉEA. » Ce n’était pas une question. « Nous en avons déjà parlé, non? », rétorquai-je le ton froid et sans appel. Mes iris demeurèrent figés dans les siens. « J’ai décidé d’apprendre l’Erek et connaître les cultures et les fêtes elémentales. Ça ne te suffit plus? »« La tâche sera simplifiée si tu choisis de suivre les cours. », répondit-elle en fronçant les sourcils, les bras croisés.

Je poussai  un soupir, frustré par ses propos mais, particulièrement contre sa tête de mule qui ne cessait de m’énerver. « Je n’irais pas. C’est un peu tard pour ça. »« Qui a dit qu’il est trop tard? » La discussion tournait en rond. Aucun de nous n’osait abandonner du terrain sur l’autre. Nous nous fixions dans le creux des yeux, sans jamais détourner une seule fois la tête. Pourtant, je lui avais promis que je ferais des efforts, que je m’intéresserais au peuple auquel j’appartenais en essayant d’apporter le meilleur de moi-même pour les protéger ou leur rendre la vie encore plus meilleure et merveilleuse. Je lui avais également promis que j’apprendrais l’Erek – d’ailleurs, j’avais commencé mes études de la langue elémentale il y avait peu. Que voulait-elle, que souhaitait-elle de plus?  

« desole, mais c est non. »


Lançai-je en Erek, ayant pleinement conscience qu’elle ne comprendrait pas, malgré les quelques maladresses qui s’étaient installées parmi le dialecte. Je finis par poser mes doigts sur la besace magique qui traînait. Engloutissant la dernière bouchée de la miche de pain, je m’avançai avec lenteur vers la porte d’entrée. « Tu es irrécupérable. », marmonna la jeune Ange suite à un long soupir. « Vas-y donc. Je ne pourrai pas t’y en empêcher. » Un sourire s’esquissa sur mon visage. « C’est la deuxième fois que nous avons une conversation pareille et elle se termine toujours de la même façon. » - « Je commence à me faire vieille avec ces histoires. » J’haussai un sourcil, curieux. « Quel âge as-tu vraiment? » Ce fut à son tour de sourire mais, elle ne prit pas la peine de répondre. Ses yeux brillaient de malice. « Fais attention. » J’abandonnai l’idée de la forcer à me révéler son âge, ce n’était pas mon problème. « Ouais, comme à chaque fois. » J’ouvris brusquement la porte, déposant la besace dans l’une de mes poches. Je quittai la minuscule maisonnée, le cœur léger.

~~~

Mégido. Depuis ma dernière visite des lieux, la cité des Orishas n’avait pas énormément changé. Gigantesque, les commerces du quartier modeste et leurs vitraux colorés emplissaient cette grande région de la ville, embellissant les maisons en parallèles à ces boutiques. C’était un magnifique environnement qui se dévoilait sous mes yeux, accentuant l’image de la grande ville par la foule qui se déplaçaient dans ces rues. Cet endroit faisait remonter plusieurs souvenirs dans ma tête, à commencer par la course piquée à travers les ruelles, poursuivi par deux homme envieux de récupérer les fioles que j’avais eu en main et que nous avions piégé à l’aide d’illusions complexe, que je n’avais jamais réalisé auparavant, dans un immense empressement. Je souris, esquissant un pas de plus vers les commerces. Si mes souvenirs de la fête du Sapin chantant étaient exacts, la maison de Miles ne devait pas être bien loin de ces étals, peut-être à une dizaine de minutes de marche. Je bifurquai vers la gauche, m’engageant sur une petite pente inclinée qui déboucha dans les quartiers résidentiels. Derrière mon dos, je pouvais encore percevoir les cris des marchands qui essayaient d’attirer l’œil de leur clientèle en présentant leurs marchandises comme si celles-ci équivalaient à de l’or ou des diamants. Je poursuivis ma route sur la large route, passant devant plusieurs maisons avant d’escalader une petite grille pour traverser de l’autre côté. Retombant agilement sur mes pieds, je scrutai mes environs.

Ici, tout était plus sombre et lugubre, se rapprochant indéniablement des quartiers pauvres. Un souffle de vent froid traversa les pans de mon chandail. Cependant, ayant aussi grandi et vécu dans des quartiers à peu près semblable à ceux-ci, je ne pris pas réellement la peine de m’inquiéter des regards qui se déposaient sur moi, envieux et méprisables. Je marchai, approximativement, pendant trois longues minutes, tentant de me rappeler avec le plus de précision possible l’apparence extérieure de la maison. Ma tête tournait de gauche à droite, faisant carburer mon cerveau pour remonter parmi mes souvenirs légèrement flous. Ma mémoire ne savait plus trop où se situer, mes pensées étaient embrouillées. Je finis par lancer mon dévolu sur une habitation qui concordait le mieux avec l’image de ma tête, avançant à grands pas jusqu’au perron de la porte. J’hésitai plusieurs secondes avant de frapper, ma main demeurant suspendue dans les airs, immobile. J’inspirai légèrement, cognant fortement mon poing contre la porte. J’écoutai le son se répandre dans l’ensemble de la maison, attendant avec un peu d’impatience la venue de Miles. Cependant, au lieu de découvrir le jeune Orisha albinos à l’entrée, ce fut un géant aux épais cheveux rouges et aux yeux vairons – rouge et vert – qui se dressa devant mes yeux. C’était un Orisha, sans l’ombre d’un doute. D’abord muet par la surprise de son apparition, je repris mes esprits, lançant un bref regard à l’intérieur pour m’assurer que je n’avais pas cogné à la mauvaise porte. Mais je reconnus immédiatement la maison de l’Orisha aux yeux unis mais, qui était cet homme? Un voleur? Non. Car s’il m’avait entendu frapper, il n’aurait jamais pris la peine de m’ouvrir aussi calmement. Une connaissance de son père peut-être? Je ne disais toujours rien, plongeant l’ambiance dans une sorte de malaise étouffant.

Je finis par ouvrir la bouche, après plusieurs hésitations. « Est-ce que Miles est ici? », dis-je en le regardant dans les yeux, aussi calme et aisé que possible. Cependant, ma voix me paraissait plutôt mécanique et saccadée, sans que ça ne puisse réellement se confondre au ton d’un enfant intimidé par son interlocuteur – quoique la taille de ce géant fût assez impressionnante pour ne pas me laisser totalement indifférent. J’étais simplement… un peu gêné je crois. Je n’arrivais pas à mettre le doigt sur les émotions qui parcouraient ma tête. « J’ai quelque chose d’important à lui dire. » À vrai dire, ce n’était pas si « important » comme je souhaitais lui faire croire mais, je ne pris pas vraiment la peine d’essayer de rectifier mon tir. Je continuai à l’observer dans les yeux, attendant avec une patience qui ne me ressemblait pas, la réponse qu’il me donnerait. En espérant que l’Orisha albinos soit là.

MOTS:
Revenir en haut Aller en bas
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Mar 09 Juin 2015, 01:34

Le revers de la Médaille
« Il n’y a pas de destin, il n’y a que ce que nous faisons »

« Ardwick! Ardwick! », commençais-je à crier à gorge déployée, tambourinant la porte à grands coups de poing.

Je ne les comprends pas… Peut-être parce que je n’essaie pas. Mais je ne comprends pas cette méfiance incongrue qu’ils nourrissent à l’égard d’Ardwick. Pourquoi suis-je le seul démuni de ce ressentiment? À la seule mention de son nom, Père devient tout à coup bien sombre. Il suffit que j’insinue sortir pour son compte pour que l’expression de ce dernier change du tout au tout et que le mépris inconditionnel qu’il ressent envers le Magicien ne refasse brusquement surface. Ça, ce n’est que les réactions de base, les plus récurrentes, car je n’ai pas encore parlé de ses élans de rage lorsque je lui avouais avoir confiance en l’alchimiste, alors que lui, lui, le haït à en mourir.

J’attendis une première seconde, puis laissais une chance au mage en prolongeant mon attente. Peut-être terminait-il une expérience… Mais après une minute, puis deux, je perdis patience, reprenant mon manège avec plus d’insistance, histoire d’être certain de ne pas être ignoré. Mais plus les minutes s’écoulaient, sans réponse, plus l’impatience se faisait sentir autour de moi, comme une seconde enveloppe charnelle. Je me reculais d’un pas pour regarder au niveau des fenêtres. Les rideaux étaient relâchés. Peut-être n’était-il pas là en fin de compte… Mes dents se serrèrent, irrité.

J’en avais plus qu’assez. Je devais m’expliquer avec lui, mais il était absent de son domicile. Ça me mettant dans une colère noire. Pas parce qu’il n’était pas présent, mais parce que la méfiance nourrie par Asche – et tous ceux avant lui – à l’intention du mage bleu avait fini par me faire douter de mes propres paroles. J’étais pourtant convaincu qu’Ardwick travaillait d’arrache-pied dans la conception de cet antidote! Je savais qu’il se sentait concerné par les malheurs qui tombaient en masse sur les épaules de Père. Je savais tout ça. Je le savais. Et j’y croyais dur comme fer. Mais devant le peu de faits accomplis, devant l’incertitude grandissante, j’étais dégouté de voir mes convictions si facilement démolies, de voir ma propre confiance ébranlée par leur scepticisme. Cependant, j’aurais beau crier le plus fort que je le pouvais, je ne pouvais rester aveugle et sourd plus longtemps face à l’évidence même; l’évidence était qu’Ardwick avait beau trouver toutes les recettes, créer toutes les mixtures, il n’avait jamais été en mesure de trouver l’antidote; l’évidence était qu’après plus d’un an à travailler en collaboration, nous nous trouvions encore sur la ligne de départ. Aucun changement notable chez Père depuis près d’un an, après lui avoir pourtant fait ingérer plus d’une cinquantaine de potions qui devaient être curatives. Or, tout ce que nous avions pu constater, ce fut l’avancement toujours plus vorace, toujours plus rapide, de la maladie qui habitait en son sein.

J’étais désespéré. Je ne savais plus quoi faire, autre que de crier et de hurler ma rage au visage de tous les ceux qui avaient le malheur de se trouver devant moi dans ces instants. Mais, allez comprendre pourquoi, je me précipitais presque à chaque fois chez Ardwick. Pour me réconforter dans mon idée? Pour me rassurer? Pour me dire qu’il y avait encore des chances…

« Mais je suis si fatigue de tout ça… »

Fatigué d’espérer et de ne rien recevoir en retour; fatigué de combattre pour une cause qui, aux yeux de tous, était déjà perdue d’avance; fatigué d’essuyer un nouvel échec; fatigué d’avoir peur, d’être en colère, de ne plus pouvoir dormir sur mes deux oreilles à cause de l’angoisse. J’étais épuisé, éreinté de tout, et pourtant, là où tous semblaient avoir abandonné, je continuais de persévérer dans la défaite, croyant toujours qu’avec une bonne dose de volonté, de force et de cœur, je pourrais extirper Père de ses malheurs. Un sourire se profila sur mes lèvres et je me mis à observer attentivement la poignée de la porte d’entrée. Jetant des regards à gauche, puis à droite, je remarquais que personne ne me prêtait attention. Subtilement, j’approchais ma main de la serrure tout en mettant à l’action mon pouvoir du Lien du Destin. Cela ne prit que quelques secondes avant que le petit clic significatif retentisse. Satisfait, je pénétrais silencieusement dans le laboratoire.

L’air était saturé d’onguents aux effluves tous plus variées les unes que les autres. Si, à certains flacons, le parfum m’extasiait, m’enivrait au point que je m’en remplisse les poumons, ce n’était pas le cas de tous les flacons: odeur de bouse, de liquide fermenté, de fruits pourris, d’excréments de toute espèce, tout y passait…

« Pouah! Comment fait-il pour travailler avec ça? »

Rapidement, je passais la salle des expériences pour me diriger jusqu’à la bibliothèque, que je savais au point le plus éloigné de la maisonnette. Une fois sur place, je m’arrêtais, l’intérieur de la tête en pleine ébullition. Ardwick n’allait pas apprécier. Pas du tout même. Mais il me fallait quelque chose. N’importe quoi qui puisse m’aider dans la situation actuelle. Contournant le bureau envahi par la paperasse, je fis bien attention pour ne pas perturber l’ordre de la pièce, tournant finalement mon regard vers la grande étagère remplie de livres. Je me permis un rapide coup d’œil dans mon dos, histoire d’être sûr de ne pas être épié, et une fois cette précaution faite, je me mis à fouiller fiévreusement les étals débordant d’ouvrages, à la recherche de… En fait, je ne le savais pas. Et je ne pourrais peut-être jamais le savoir avant de l’avoir trouvé.

Le géant aux cheveux rouges observa soigneusement l’enfant qui se trouvait devant lui. Les yeux rouges, quasiment luminescents, un visage plutôt pâle, encadré de cheveux d’ébène, l’homme se mit à songer, cette fois, à ce qu’il pouvait bien le relier à ce fougueux de Miles. Paraissant plus réservé, il observait l’Orisha, non sans peur, mais presque avec une certaine gêne, ce qui, intérieurement, fit bien rire l’ancien fantassin. Qui était-il au juste? Un ami? À peine la question pensée, il se mit à sourire franchement, abandonnant aussitôt cette idée qu’il croyait saugrenue. Ce gamin frustré ne pouvait pas avoir d’amis. Combien de fois sortait-il de cet antre pour rencontrer les gens de l’extérieur? … Voilà, vous aviez votre réponse. Alors, qui pouvait être ce jeune garçon?

« Sans vouloir te paraître indiscret, qu’est-ce que tu lui veux exactement, à Miles? »

Et la question, même si la réponse lui semblait plus qu’évidente, sortit néanmoins de sa bouche, curieuse.

« Es-tu un ami? »


1 067 mots



Le revers de la Médaille| Fragment de Saphir [Scott] Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Invité
Invité

avatar
Jeu 02 Juil 2015, 01:24


Un soupir s’échappa de mes lèvres, tandis que je songeais à sa question ainsi qu’à la réponse en lien avec elle. Mes pensées se mêlaient et se démêlaient, prisonnières au sein d’un tourbillon, sans véritablement mettre le doigt sur ce que je cherchais, embrouillant ma tête de ces diverses raisons que je pouvais lui lancer, sans qu’aucune ne me paraissaient être bonne. Pourtant, avais-je réellement besoin de réfléchir autant pour répondre à ses questions? Non. Les justifications ayant un quelconque sens s’empilaient l’une sur l’autre, mais parmi les choix qui s’imposaient dans ma tête, peu d’entre eux parvenaient à encadrer mes satisfactions personnelles ou même s’en rapprocher un tant soit peu, sans que les mots ne semblent ternes et sans véritable intérêt, aussi agréable sur ma langue que des cendres et du sable, ayant ce goût écœurant qui remontait jusqu’à mon cerveau. Je croisai les bras, complètement immobilisé sur les marches, ouvrant la bouche, lentement, pour mettre un terme final à cette perte de temps ennuyeuse. Les possibilités ne manquaient pas : d’une simple visite amicale jusqu’à une félicitation pour une certaine victoire lors d’un événement d’envergure mondial, les cartes étaient toutes de mon côté. Maintenant, il n’y avait qu’à faire le tri parmi elles et retourner celles qui me convenaient davantage que les autres paires. Un mince sourire se dessina sur mon visage, sans qu’il ne semble forcément bon ou mauvais, comme une représentation quasi parfaite de la neutralité – quoique j’en paraisse, en conséquence, légèrement désintéressé. « Je veux lui parler, simplement. » Si je ne savais pas moi-même à quoi rimait ma venue ici, à Mégido, que pouvais-je lui dire excepté ça?

La réponse était floue et imprécise, certes, mais qui, d’un second côté pourtant, créait à elle seule une assez bonne raison pour expliquer qu’un ami vienne cogner à la porte. Peut-être aurais-je mieux agi si j’étais resté en Aeden, à poursuivre ces apprentissages sur une culture et une langue qui, malgré son omniprésence au cœur de mon existence, désormais, depuis environ deux ans, me demeuraient totalement inconnues. Soudainement, une folle envie d’éclater de rire m’envahit, que je ravalai avec une certaine difficulté, élargissant, de ce fait, le sourire qui s’était collé à mes traits, telle une brutale révélation de conscience. Dès le départ, si j’avais choisi de mon plein gré de quitter les murs de la ville, c’était sans l’ombre d’une hésitation dans l’unique souhait de m’évader, imposer un léger arrêt contre le changement qui me grugeait, peu à peu, sur la réelle vision de ma vie, sur tout ce que je pouvais accomplir pour une race que j’avais longtemps ignoré, malgré mon appartenance, mon existence qui était inexorablement liée à eux. Je désirais sentir une nouvelle fois le souffle de Liberté de n’avoir qu’à me soucier des vœux de mon esprit, sans songer à toute cette population. Pourquoi avais-je mis tant de temps avant d’ouvrir les yeux sur cette simple explication? Je l’ignorais. Mais je soupçonnais également qu’une seconde raison s’ajoute au sein de la partie, cachée par une chose que je ne m’avouais pas. Du moins, pas maintenant. « Ça a l’air de vous surprendre… », notais-je en haussant un sourcil lors qu’il prononça sa deuxième question. « Mais ouais, je suis un ami. » Je marquais une courte pause, incertain. Pouvais-je m’embarquer immédiatement dans le feu de ce sujet?  Je détaillai une autre fois ce géant à la tignasse rouge.

Au mieux, j’avais plus ou moins les certitudes qu’il connaissait l’Orisha albinos, et si je poussais la réflexion plus loin, il devait également savoir pour son père. C’était presque comme… une sorte d’obligation, une information que nous étions sensés connaître si l’on était un proche. « Au fait, je m’appelle Scott. », dis-je en faisant un pas de plus sur les marches de l’entrée. « Si Miles est pas là, c’est pas grave. Au pire, je l’attendrai. » Un bref silence s’interposa entre mes paroles et les prochaines à venir, épargné, cette fois-ci, d’un malaise semblable à ce qui avait gorgé son prédécesseur. Derrière le dos de l’homme, je jetai un second coup d’œil à l’intérieur du domicile, avant de poser la question qui trottait dans mon crâne depuis que j’y avais songé, il y avait quelques minutes. « … Comment va son père? », demandais-je abruptement, avec une absence presque totale de tact. Pourtant, au fond de mes iris, brillaient une lueur indéchiffrable, s’apparentant presque à une certaine forme d’inquiétude mal refoulée. Je détournai légèrement le regard pour planter, encore une fois, mes yeux dans ses prunelles vairons. « Son état a continué de se dégrader, non? Pourquoi Miles semble si confiant quant à sa guérison? » C’était une autre donnée manquante qui me troublait, comme s’il était improbable pour un homme de se raccrocher à un espoir qui ne faisait que s’éloigner de jour en jour.

MOTS:
Revenir en haut Aller en bas
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Mar 07 Juil 2015, 15:16

Le revers de la Médaille
« Il n’y a pas de destin, il n’y a que ce que nous faisons »

Un ouvrage qui traitait du Kurbus sûrement… Sinon, je ne voyais pas d’autres raisons pourquoi je me serais jeté avec tant d’insistance sur cette pauvre bibliothèque, dévalisant les étagères à la recherche d’un bouquin. Lequel? Je n’en avais aucune idée justement. Mais il devait y avoir un lien, direct ou non, avec cette fichue maladie. Un livre qui parlerait des différents symptômes, des différents moyens pour calmer les douleurs pour que le patient ressente, avec moins d’intensité, tous les maux que pouvaient causer le Kurbus. N’importe quoi que je puisse tenter pour ne plus être obligé de supporter cette vision de Père, que je voyais dépérir à vue d’œil à chaque jour. J’étais si obnubilé par cette idée que j’en perdais purement et simplement la notion du temps, des minutes, des heures qui défilaient, alors que mon cerveau carburaient à mille à l’heure et que mes yeux lisaient les mots couchés sur le papier. Pourtant, ce n’était pas comme si je me donnais le temps de lire l’information contenue dans les bouquins, tellement je tournais les pages à une vitesse ahurissante. Je me bornais dans cette idée qu’il restait définitivement un espoir à notre calvaire, quelque part, caché depuis le début à notre vigilance. Il devait y avoir une manière d’aider Père au mieux. Ardwick avait sûrement passé à côté, je ne pouvais pas croire que tout ceci se terminerait bientôt. Je ne pouvais pas le laisser partir. Pas maintenant. Je ne pouvais tout simplement pas l’accepter, pas dans ce genre de conditions. Mes gestes se firent plus rapides, plus brusques aussi, au fur et à mesure que le temps s’écoulait, signe d’une impatience grandissante, d’une tension et d’une angoisse qui me tordaient l’estomac et m’embrouillaient l’esprit. Dans mon empressement, je ne remarquais pas tout de suite que des larmes s’étaient glissées jusqu’à mes joues, dégringolant de mon menton pour chuter sur les pages sous mon nez. Je m’énervais, essuyant du revers de la main les signes de ma faiblesse, redoublant d’ardeur et d’insistance pour trouver n’importe qu’elle information qui me serait utile. Mais rien! RIEN DU TOUT! RIEN! Depuis plus d’une heure! Je n’y croyais pas!

« C’est impossible! Il… Il doit être quelque part! »

Une détresse sans nom s’invitait alors dans le tourbillon des sentiments qui faisaient déjà rage à l’intérieur de mon être, s’emmêlant avec eux pour créer un nœud encore plus contraignant, encore plus désagréable au creux de mon ventre. Père ne peut pas mourir… Non! Non! Non! J’empêcherais cela! Par n’importe quel moyen, par Antarès! Mon père qui riait malgré le mal qui le rongeait, mon père qui parvenait encore à sourire malgré tous les malheurs qui s’étaient abattus sur lui durant ces dernières années. Mon père… Mon père… C’était tout bonnement impensable. Que ferais-je sans lui? Qui sera là pour me guider en cas de doute, en cas de faiblesse? Cette fois-ci, c’était la colère qui commençait à s’insinuer dans mes veines, chauffant mon sang.

« Il doit être quelque part!!, hurlais-je en fracassant mon poing sur le mur. Il doit être quelque part… », répétais-je avant de m’effondrer au sol, mes bras me soutenant à défaut d’avoir été lâchement trahi par mes jambes.

Pourquoi je ne trouvais aucun livre traitant du Kurbus dans la bibliothèque de l’alchimiste? Et ce n’était pas comme si c’était ça qui lui manquait, de la documentation… La lecture que nous pouvions trouver à l’intérieur de cette bibliothèque était si diverse. Des fleurs botaniques au soin pour la peau, il y avait des ouvrages pour tous les goûts pour les adeptes d’alchimie et de médecine; du plancher jusqu’au plafond. J’en avais la tête qui tournait, avec tous ces noms compliqués, ces mots de la même longueur que mon bras. Mais pas un seul ouvrage ayant comme sujet le Kurbus. Pas un seul. Qu’est-ce que ça voulait dire? Ardwick travaillait comme un forcené pour combattre cette maladie mortelle, et il ne possédait aucun livre à son sujet? Non, attendez… Peut-être qu’il était parti avec ses livres, aussi. Après tout, il n’était pas présent dans son laboratoire, il avait bien pu les emporter avec lui pour demander des renseignements supplémentaires à d’autres scientifiques de sa trempe. Oui, oui, ça tombait sous le sens! Évidemment! Pourquoi me serais-je mis à douter de lui? Il faisait tant d’efforts pour Père… Quel hypocrite je ferais si je laissais les jugements des autres embrouiller mes convictions! Aller! Ressaisis-toi, Köerta! Et PAF! Je me frappais le visage à deux mains. Il fallait que je commence à croire en moi et ne laisser personne me faire douter, comme je l’avais fait. Sinon, je n’arriverais à rien. Strictement à rien. Je ne ferais que tourner en rond en me rongeant les ongles jusqu’au sang.

« Je suis à bout de nerfs… », notais-je en tentant de reprendre une respiration normale, régulière.

Je me levais lentement, avant de replacer la pièce en ordre, rangeant les livres que j’avais renversé, dans mon énervement, de manière à ce qu’Ardwick ne se doute de rien – enfin, je l’espérais. Au dernier livre, que je replaçais soigneusement sur l’étagère, je m’arrêtais soudainement, observant, de long en large, la bibliothèque de nouveau pleine. J’espérais sincèrement qu’Ardwick soit parti avec ses livres à propos de la maladie…

À la question du jeune garçon, mon visage se referma soudainement, comme s’il empêchait ce dernier de laisser transparaître quoi que ce soit. Alors, il était au courant à propos de Draug… En effet, seules les personnes les plus proches de la famille étaient au courant de la maladie qui fatiguait mon vieil ami. Ceux qui connaissaient la portée du mal, par contre, ne pouvait même pas se compter sur les doigts d’une main. Alors je devais sûrement le considérer comme étant un très bon ami de Miles. Je le laissais continuer sur sa lancée, alors qu’il se demandait pourquoi Miles se bornait à ne pas voir la vérité en face. Un frisson grimpa sur ma colonne vertébrale. Depuis quelque temps, nos disputes, à moi et au jeune homme, ne tournaient qu’autour de ça. J’échappais un soupir à travers mes lèvres.

« Draug ne va pas au mieux de sa forme… »

Je me décalais doucement sur le côté, histoire de le laisser entrer dans la demeure au lieu qu’il reste planté là, sur le seuil de la porte.

« Même que son état actuel m’inquiète énormément. »

Un maigre sourire apparut sur le pan de mes lèvres, alors que je regardais le visage du jeune garçon.

« Il n’est plus capable de marcher par lui-même. Il pousse des cris effroyables la nuit. Quelques fois, même, j’ai l’impression qu’il perd son souffle. Il est à veille de trépasser. Tout le monde le remarque; Miles aussi. Mais il est toujours convaincu d’un possible retour en arrière. »

Je passais l’une de mes mains sur la nuque, ayant tendance à soupirer fortement lorsqu’un sujet me chiffonnait, comme celui-ci. Je finis par porter mon regard dans les yeux du prénommé Scott, comme à la recherche de quelque chose en particulier.

« Tu sais, souvent il nous rabâche les oreilles en prétextant que tout ce qu’il accomplit, c’est dans l’espoir de guérir son père. L’espoir, dit-il, est ce qu’il nous manque et c’est ce qu’il détient. »

Lentement, je tournais le dos au jeune garçon, l’invitant par le fait même à me suivre dans le couloir qui menait aux chambres.

« Mais il a tout faux. »

Je m’arrêtais devant une porte close, laquelle j’agrippais la poignée avec ma main énorme. Je regardais, par la suite, une dernière fois le garçon à mes côtés, un sourire énigmatique collé aux lèvres.

« Lui, plutôt que de voir la vérité en face, de profiter des derniers moments que son père peut lui consacrer, il s’enfonce dans le désespoir totale en croyant que son Magicien peut y faire quoi que ce soit… »

J’ouvris doucement la porte, conscient que dernière celle-ci, se trouvait non pas un homme, mais un cadavre qui respirait encore, comme l’on pourrait le dire d’un mort-vivant. Sa peau, devenue blafarde, au teint si pâle, donnait l’impression qu’un simple rayon de soleil pourrait le carboniser sur place. De l’endroit où nous nous trouvions, nous étions en mesure de percevoir sa respiration sifflante, rauque, qui peinait à trouver passage dans ses voies nasaux.

« Je suis dégouté par son comportement. Dégouté de son égoïsme… Nous espérons tous que Draug vaincra la maladie, mais en le voyant aujourd’hui, est-ce que tu dirais qu’il y a encore de l’espoir pour le sauver et l’empêcher de faire le pas entre nos deux mondes? »

Une fois encore, je me poussais sur le côté pour laisser amplement de place au jeune garçon aux iris rouges.

« Nous le voyons tous, mais ce Magicien de mes deux aveugle Miles. Il lui insuffle cet « espoir » auquel il croit tant. C’est répugnant… »

J’abaissais mon regard pour scruter les traits de Scott, croisant les bras sur ma poitrine tout en m’accolant contre l’encadrement de la porte.

« Observe son espoir, ce qu’il pense réussir à sauver… Draug n’est plus l’ombre que de lui-même. »


1 515 mots



Le revers de la Médaille| Fragment de Saphir [Scott] Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Invité
Invité

avatar
Sam 11 Juil 2015, 19:28

Un sourire étira la commissure de mes lèvres, n’étant qu’une maigre ombre sans joie peinte sur les traits de mon visage, en symbiose aux mots de l’Orisha aux cheveux rouges. Miles croyait sérieusement qu’il y ait encore une possibilité afin qu’il puisse faire un retour en arrière, nier l’avancée du temps et celle de maladie - toujours sans remède depuis un temps si éloigné que je ne prenais même pas la peine de compter - qui rongeait son père affaibli alors que celui-ci ressemblait de jour en jour à un cadavre ambulant? Quelle idée saugrenue : c’était stupide pour quelqu’un comme lui. Je ne voulais pas que son père meure, que la flamme qui l’anime s’éteigne par le souffle de la faucheuse. Je voulais croire, croire en sa guérison, croire qu’il pouvait s’extirper du Destin qui attendait les victimes du Kurbus. Mais je ne m’amusais pas à nourrir de fausses idées, de faux-espoir qu’un jour, je puisse le regarder se lever de son lit, marcher sans la canne pour l’empêcher de tomber au moindre mouvement et reprendre les couleurs qu’il avait perdu, comme un homme qui renaissait de ses cendres. Revenir en arrière et modifier les filaments du présent. Personne ne pouvait imaginer qu’il y avait eu un moment au cours de ma vie où j’aurais offert toutes mes possessions, mon existence entre les mains d’un seul individu pour accomplir une telle prouesse et effacer de la surface des Terres du Yin et du Yang l’actuel pour en obtenir un autre, un présent qui m’aurait satisfait davantage que celui dans lequel je grandissais. Que des désirs égoïstes m’avaient animé lorsque mon essence avait changé, lorsque ma vie avait été chamboulé, lorsque j’avais connu, pour la toute première fois, la solitude de celui qui avait été abandonné par ses pairs, la tristesse d’apercevoir des regards qui avaient été, autrefois, si amicaux me dévisager avec haine et dégoût puis ensuite, la colère, une rage sans borne envers celui qui avait annihilé le Magicien et créer, de par sa magie noire lamentable et les flammes envahissantes de la maison,  l’Elémental qui jurait que par l’obtention de la vengeance contre sa famille, contre ceux qui avaient été ses alliés. Comme j’aurais tant souhaité modifier cette histoire et imposer sa fin heureuse, tel un conte de fée.

Mais depuis ce temps-là, ma vision des choses avait grandement évolué : les histoires d’enfant n’étaient que des mensonges pour bercer les rêves. Désormais, j’avais de l’ambition, le désir de me servir de la force que je détenais au centre d’un objectif qui ne tournait plus autour de moi, et de moi seul, mais pour une cause qui suivait l’image de mon propre sens de la justice, du tableau qui sied aux avantages de mon peuple, d’une plus grande majorité. L’ironie avait pourtant décidé que je vois mon meilleur ami exactement identique à ce que j’avais été avant le changement, mon Changement. L’Orisha albinos était obnubilé par l’inatteignable, l’intouchable, l’impossible. S’il continuait de vouloir s’élever si haut et tenter si désespérément de briser toutes les restrictions de la nature, alors il finirait par se brûler les ailes et s’écrouler avec une telle violence que nous le ramasserions à la petite cuillère, écraser contre le sol. Je n’étais pas insensible au choc qu’il encaisserait, j’étais irrité de ne rien pouvoir faire mis à part le regarder chuter comme je l’avais fait auparavant et manger la tonne de poussière qui le guettait en-dessous du fil imaginaire sur lequel il pensait progresser, sans même se douter qu’il avait déjà commencé à s’écraser, essayant vainement d’attraper le souffle de l’Air qui sifflait dans ses oreilles. L’espoir auquel il se raccrochait si aveuglément s’était déjà envolé. Il gaspillait son temps à courir après un fantôme à l’instar de rester auprès de son père mourant. Il était qu’un égoïste, un idiot qui se voilait la face en croyant qu’une étincelle subsistait toujours dans le noir. Mais qui le poussait de continuer à croire? Qui lui empoisonnait l’existence, restreignait sa Liberté alors qu’il est un Orisha? Dès que le mot Magicien franchit la bouche du géant – qui tonna comme un hurlement en comparaison au ton qu’il avait employé –  la réplique sortit par elle-même en automatisme. « C’est stupide. » J’étais estomaqué, abasourdi, comme si mon corps s’était figé dans du béton et soudainement, je sentis mes épaules tressaillir, avant de me rendre compte que mon corps entier tremblait. Puis, sans que je puisse contrôler quoi que ce soit, un fou rire me secoua alors que je comprenais, prenais conscience d’une chose qui leur avait échappé.

Je riais à grands éclats, mais ce n’était pas de la moquerie ou de la joie qui transparaissait à l’intérieur. Mais de la colère, une rage sauvage, presque bestiale. « C’est carrément débile. Un Magicien! » Ça sonnait si grotesque je redoublai dans mes éclats. Le dégoût suintait sur chaque mot que j’articulais. Cependant, il n’était nullement lié à la seule et simple mention de la race, mais de l’individu, celui qui le tenait en laisse, celui qui le manipulait comme un enfant avec une sucrerie. « Je ne sais pas qui est ce type, mais soyez en sûr, ce n’est pas un Mage Blanc. » Je les connaissais - j’en avais été un autrefois - et je savais comment ils fonctionnaient, comment ils voyaient les choses et vraisemblablement, une attitude pareille ne coïncidait pas avec eux. « S’il en aurait vraiment été un, il aurait refusé de l’aider. », parvins-je à sortir entre deux éclats de rire. « Avant d’être de bon samaritains, ce sont des gens de connaissances, des érudits. Ils ne sont pas stupides au point de s’embarquer dans quelque chose qu’ils sont sûrs de perdre. L’échec… est une honte pour eux. » L’amertume avait été craché dans la dernière partie de ma phrase. « Ça ressemble plus à l’œuvre d’un Sorcier qu’à autre chose. Donner de l’espoir pour mieux la reprendre ensuite… » Petit coup d’œil vers le corps étendu de Draüg. Je ricanai, amer. « Miles est pas prêt de voir la vérité en face je suppose. Ça risque de lui faire mal, très mal. » Je regardai le géant. La colère dégoulinait au fond de mon regard sous forme de petites étincelles orangées, violentes. Avant que je baisse les yeux. « J’imagine pas comment son père doit se sentir. Avec le Kurbus et son fils qui n’est même pas ici, à courir droit sur un mur… » Je secouai la tête, repoussant brusquement une mèche qui me tombait sur les yeux. « Miles ne l’a pas aidé à guérir. Il ne s’est que contenté d’accélérer le moment de sa mort et il ne s’en est même pas rendu compte. » Comment avait-il fait pour tomber aussi bas? « C’est pitoyable… » Le mot me semblait si faible pour illustrer sa stupidité.

MOTS:
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

Le revers de la Médaille| Fragment de Saphir [Scott]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» L'Éclat de la Médaille
» Jeu dangereux [PV Scott]
» Juste un verre [Scott]
» Race against time [Scott - End]
» Trahi par le gong | Scott
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Mers :: Mers - Ouest-