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 Trahi par le gong | Scott

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Sam 06 Fév 2016, 06:43

Trahi par le gong
« L’esclave naît pour se défaire de ses chaînes »

Le voyage jusqu’à Ciel-Ouvert, quoi que pénible, n’en était resté pas moins agréable dans l’ensemble… Du moins, en apparence, sachant tout ce qui faisait trembler les Terres de nos jours. La guerre des Aetheri ne produisait que les premiers battements de sa progression, emportant les pensées de joie et de paix, d’harmonie et de sérénité, dans un vent puissant d’angoisse et d’incertitude constante. Encore aujourd’hui, les funestes événements qui s’étaient déroulés lors de l’Avènement du Printemps ne cessaient de tourmenter mes réflexions. Entre les œillades emplies d’inquiétude et les murmures de méfiance, qui traversaient un orifice à un autre comme une traînée de poudre, la panique s’était progressivement installée au sein des réjouissances, ne laissant quasiment aucune trace du bonheur éphémère dans lequel nous nous étions faits transportés. Alors, bien précocement, je m’étais séparée de la compagnie de Finndaäl, cet Elfe aux impressionnants iris d’argent, ainsi que d’Ulkior, que nous avions perdus dans la foule lors des drames, qui n’avaient cessé de s’enchaîner, de l’Avènement du Printemps.

À présent, comme dit précédemment, je me retrouvais donc à Ciel-Ouvert, après un voyage éprouvant, surtout mentalement, notamment à cause de la peur qui me rattrapait tout le temps, comme une ombre de mauvaise augure qui n’attendait que le moment idéal pour me sauter à la gorge. Je détestais cette sensation autant que je pouvais détester cette ambiance, continuellement étouffante, de menaces qui planaient au-dessus de nos têtes à tous. J’avais beau m’isoler, danser pour laisser valser tous mes doutes enfouis et cachés, au-delà de ma pensée, je n’arrivais pas à me défaire de cette crainte primitive qui m’enveloppait, comme une seconde enveloppe charnelle. Ne penser à rien révélait de l’exploit, voire même du miracle divin, car sur la route des voyageurs, nous ne craignons pas seulement une attaque de fanatiques religieux, d’enlèvements sournois et obscurs entrepris sous le nom de l’Originel ou bien de sacrifices pour la gloire éternelle des Aetheri: les Démons, dans toute leur instabilité mentale et raciale, s’étaient échappés de leurs Enfers et de nos jours, rares étaient les escales qui se faisaient en toute sécurité, sans pépin. À tout instant, il nous fallait se cacher, craindre à tout moment la route de terre que nous foulions du pied, car à l’autre extrémité se tenait parfois un ami; plus souvent un ennemi. Et moi, j’étais loin d’être une guerrière. Le corps frêle, les bras minces, la taille fine et le poids si faible, une seule pichenette du Titan saurait me faire voler à plus de vingt mètres. Je ne méprisais pas les épées, mais je ressentais un grand malaise quant à les manipuler. Parce que je n’étais pas Asche, qui avait fait l’armée pour le salut de son peuple, je n’étais pas Miles ou Hakiel, qui cherchaient, par tous les moyens, à protéger ceux qu’ils aimaient; je n’étais pas comme eux, car je n’avais rien à protéger, pas même ma vie elle-même, puisqu’elle appartenait entièrement et intégralement à la danse qui me motivait tant.

Encore aujourd’hui, je laissais ma vie entre les mains d’une valse fluide et souple, comme un voile de soie qui ondulerait à la brise du vent. Elle me guidait à travers les notes de la chanson et, aveuglément, je la suivais sans me poser de questions, laissant simplement mon corps suivre, enchaîné, le rythme de la musique. Je fermais même les yeux, histoire de ne me laisser déconcentrer par aucun regard, par aucun mouvement autre que ceux que j’esquissais dans mes jeux de pied. Le decrescendo qui s’ensuivit, d’ailleurs, m’obligea à me focaliser plus consciencieusement sur les gestes que je déployais avant de m’arrêter doucement, progressivement, puis, de me figer net, comme une statue de marbre, sur le dernier mouvement de mon pas. La respiration rapide, presque haletante par le froid qui s’immisçait dans mes poumons, j’abaissais lentement les bras, me gonflant une dernière fois de ces douces sensations qui agitaient chaque centimètre carré de mon être tout entier, en écho aux dernières vibrations de la mélodie. Puis, avant même d’avoir pu expirer l’inspiration que je venais de prendre, avant même d’avoir pu ouvrir les yeux pour les tourner vers le ciel bleu, je perçus de vifs claquements de main et, soudainement, la paralysie s’étendit à l’ensemble de mon corps, commençant d’abord par mon esprit. Qu’est-ce que… des applaudissements? Par instinct, avant de m’en rendre compte, je m’étais mise à battre follement des paupières, dévisageant la jeune femme qui se tenait devant moi, sourire aux lèvres, ses mains tapant entre elles dans un geste joyeux et visiblement enchanté. Je la regardais faire, sans comprendre, puis, violemment, je me mis à rougir, la teinte de ma peau basanée allant soudainement à des teintes plus foncées.

« Je… M-Merci beaucoup… D'habitude, les gens ne s'arrêtent pas pour regarder ce genre de spectacles de rues… Enfin, Ciel-Ouvert, c'est une autre histoire, mais… »

Je rougissais encore plus. Je croyais m'enfoncer davantage. Je me sentais tellement cruche et, aussitôt, je m'excusais auprès de la jeune femme, la priant de me pardonner ces paroles et mon comportement si maladroit!


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Trahi par le gong | Scott Signat16
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Sam 06 Fév 2016, 21:48

« Je connais un endroit où nous pourrions se réfugier. », déclara Brethil peu après que je l’eus rejoint en me téléportant à ses côtés. L’exaspération et la colère étaient toujours bien présentes au fond de ma tête, prêtes à exploser comme un volcan en éruption, à un tel point que je n’avais pas été capable de refreiner les flammes qui apparurent, dansant contre ma peau et au cœur de mes yeux qui en paraissaient à présent presque menaçants. La jeune Ange ne broncha pourtant pas. Elle vint simplement resserrer son emprise protectrice autour de l’enfant qui s’était mis à trembler de plus belle, accrochée à ses vêtements – comme si le sol se dérobait sous son poids. « Qu’est-ce qui t’es passé par la tête bon sang?! », hurlai-je, la voix bouillonnante de l’énervement qui me parcourait. La Blonde cligna des paupières. « Mon devoir. Il fallait que je protège cette petite fille des dangers que représentaient ces villageois. » - « C’est pas toi qui voulait que le vrai criminel répondre de ses méfaits? » - « Je crois également que la justice est d’être en mesure d’offrir, à ceux que l’on juge aptes, une deuxième chance. Tu as vu aussi bien que moi le carnage dans la maison de Lucy. » Je fronçai les sourcils. « Et alors? », rétorquai-je sur un ton glacial. « Cette fillette a été attaqué! Ce sont ses agresseurs que nous aurions dû poursuivre, pas elle! » - « Ce vol a peut-être échoué, mais tu sembles oublier qu’elle a aussi dérobé des provisions à l’auberge et dans la maison de l’autre type. » Brethil ignora totalement ma remarque. « Il est déjà trop tard de toute façon pour reculer. Je suppose qu’au moment même où nous parlons, ce village en entier nous a déjà étiqueté comme les « complices du voleur. » » - « Et par la faute à qui je te rappelle? » Ma rancœur était encore vive dans ma tête. Je n’étais pas prêt à y lâcher prise et cesser de porter la totalité du blâme sur l’Ange, tendu et fatigué par toutes ces histoires qui avaient, contre mon gré, pris une tournure plus complexe qu’elle aurait dû devenir.

Je lançai un coup d’œil à la gamine qui se collait aux jupons de Brethil avant de m’en détourner précipitamment, ne sachant quoi ressentir à son encontre. Mes émotions balançaient entre la lassitude et la rage noire mais, en ce moment, je n’avais plus la force de crier sur une autre personne en plus de l’Être céleste aussi têtue et obstinée qu’une mule. À vrai dire, je ne lui accordais qu’un seul point parmi toutes les répliques qu’elle m’avait lancées au visage : que ça me plaise ou non, nous étions contraints d’emmener cette fillette avec nous – peu importait l’endroit, nous devions partir d’ici au plus vite, au cas où ces débiles décideraient de mener une chasse à l’homme contre nous. Les flammes qui crépitaient sur mon corps finirent par s’éteindre, lentement, plongeant l’atmosphère dans le silence le plus complet – entrecoupé par les hurlements du vent glacial et les sanglots que la gamine essayait, en vain, de ravaler. L’Ange se pencha vers sa petite silhouette tremblotante avant de lui caresser tendrement le haut du crâne. Elle la prit par la suite au creux de ses bras pour la bercer affectueusement – à l’image d’une figure maternelle – brisant ainsi le mutisme qui s’était installé entre nous. « Chut, n’aie pas peur ma belle. » Une fois que la jeune femme fut assurée que la Bélua avait bel et bien séché ses larmes, elle la redéposa doucement au sol. « Si tu te sens si responsable de sa sécurité, ça serait pas mieux de la rendre à sa famille? » Si tant elle en avait une. Un frisson – qui n’était visiblement pas lié au froid des montagnes – la parcourut de la tête aux pieds. Puis, ses pleurs reprirent en intensité, barbouillant une nouvelle fois ses joues d’eau salée. Le mot « famille » l’avait étrangement secoué. « Hé, ça va aller ma belle. Tu peux nous faire confiance! Est-ce que tu veux bien nous dire ton nom? » Brethil irradiait d’une gentillesse si sincère qu’elle en parvint à briser le mutisme dans lequel la Bélua s’était immergée. « N-Nimüe. » Ses paroles furent emportées par le souffle du vent. « Quoi? » La fillette déglutit en essuyant, du revers de la main, les larmes qui barbouillaient ses joues creuses. « J-Je m’appelle N-Nimüe. » L’Ange la serra encore plus contre elle. « Et ta famille? Est-ce que tu as une famille ou des amis à qui nous pourrions te confier? » Nimüe se pétrifia. Ses grands yeux rouges avaient abandonné toutes traces de tristesse pour n’y laisser qu’un profond sentiment de peur. La Bélua Sang-Mêlé se recroquevilla dans les vêtements de l’Être céleste, engouffrant la tête dans les habits de la jeune femme comme pour échapper à un monstre invisible. L’Ange en fut durement perturbée.

La surprise qui s’était affiché dans son regard se muta en compassion, teintée d’une petite pointe de tristesse, esquissant un sourire désolé. « Pardonne-moi Nimüe. Tu es orpheline, n’est-ce pas. » Ce n’était pas une question mais ça sonnait pourtant comme tel. La petite fille hésita pendant quelques secondes avant de répondre. Puis, lentement, elle hocha de la tête, mais elle ne paraissait pas avoir réussi à s’en convaincre elle-même. Les tremblements qui secouaient son corps devenaient de plus en plus intenses. Elle semblait sur le point de s’effondrer dans la neige à tout instant. « Quoi qu’il en soit, dis-je d’un air neutre aux bords de l’indifférence. Où veux-tu nous emmener Brethil? » La concernée leva la tête pour me fixer dans les yeux. « À Ciel-Ouvert. » Je l’avais peut-être imaginé mais… les yeux de Nimüe parurent s’illuminer de joie dès que l’Ange avait prononcé ce nom – Ciel-Ouvert. Cependant, dès que je reportai mon regard sur son visage de porcelaine, cette étincelle qui l’avait fait briller s’était déjà envolée.

« J-Je ne p-peux pas entrer… » Dès que nous nous étions postés aux porte de la Cité de la musique, la Bélua s’était instantanément figée d’effroi, les mains collés contre son visage. Elle répétait, en balbutiant, sur un ton de supplice qu’elle refusait de placer un seul pied dans cette ville, enfonçant davantage son large capuchon sur ses cheveux roux pour mieux dissimuler son faciès dans les ombres de sa cape. « J-Je ne v-veux pas que quelqu’un m-me voit ainsi… » Elle pleurait à chaude larme, s’agrippant si fort aux vêtements de Brethil que je m’étonnais qu’ils ne s’étaient pas encore déchirés. Et, bien évidemment, l’Être céleste la prit aussitôt en pitié. « Chut, chut… Ne t’inquiète pas ma belle, d’accord? Nous allons trouver une solution. » Son regard azur se porta automatiquement dans le mien. « Est-ce qu’il n’y aurait pas quelque chose que tu pourrais faire pour dissimuler son bec? » Je poussai un soupir – qui s’apparentait beaucoup plus à un grognement – avant de venir m’accroupir à la hauteur de Nimüe, les doigts tendus vers cette caractéristique animale. Nous avions été si préoccuper à fuir de potentiels villageois en colère que je n’avais plus accordé la moindre importance à ce détail. Mais à présent qu’elle le mentionnait, j’avais compris assez rapidement qu’elle ne pouvait effectivement pas se promenez ainsi en plein milieu d’une Cité aussi animée. Je n’avais aucun désir d’attirer les problèmes – pas alors que j’étais aussi épuisé des bêtises en ce moment. La magie fusa de mes paumes, se déposant sur le visage de l’enfant pour recouvrir son bec d’une illusion qui lui donnait désormais l’apparence d’un nez ordinaire.

« Je vais pas maintenir cette illusion pour toujours. », lança de but en blanc l’Élémental. C’était une solution de rechange en attendant qu’ils en trouvent une beaucoup plus efficace qui ne dépendrait pas entièrement des pouvoirs magiques de Scott. « J’ai dissimulé ton bec. On gardera ça comme ça jusqu’à ce qu’on te déniche un masque ou quelque chose du genre. Ça te va? », ajouta-t-il en se redressant. Nimüe avait le regard admiratif et reconnaissant. « M-Merci beaucoup! » Et elle s’inclina respectueusement. Il ne prit même pas vraiment la peine de répondre à ces remerciements. « On peut y aller maintenant? » La Bélua hocha de la tête, rapidement suivie par Brethil qui en profita pour prendre la tête du groupe, aussi excitée qu’une enfant. Elle courait à vive allure dans les rues de la Cité qui l’avait toujours faite rêver, se faisant guider par son instinct qui l’encourageait à bifurquer à tel intersection au lieu d’une autre, se sentant aussi libre et légère que l’air. Le vent emmenait au creux de ses oreilles les sons doux des chants de bardes et la mélodie libérée par les divers instruments de musique qui jouaient tous en harmonie. La Blonde avait le cœur gonflé à bloc et sans véritablement demander l’avis à ses deux compagnons de route, les guida à proximité d’un spectacle de rue où une jeune femme, prisonnière de sa danse enflammée, suivait ses gestes gracieux et fluides au morceau que jouait le musicien debout à ses côtés. « Est-ce que ça te tente d’aller voir ça de plus près Nimüe? » L’Élémental devança la Bélua. « Pas question. » - « Ce n’est pas le temps libre qui nous manque non? » Nimüe riva ses pupilles dans les iris de flamme de l’adolescent avant de les rebaisser rapidement : mais son message était assez clair pour Brethil. La fillette mordait d’envie d’y aller. Et ce qui était une évidence pour l’Ange l’était aussi, généralement, pour Scott. « Fais-le au moins pour Nimüe., murmura la créature céleste à son oreille. C’est la première fois que je la voie sourire ainsi. Ne venons pas gâcher son moment de bonheur. » L’Élémental roula des yeux. « J’ai pas le choix de toute façon… » À peine ces mots avaient franchi ses lèvres que Brethil et Nimüe – que l’Ange tenait fermement par la main – se précipitèrent vers le duo, admirant danse comme musique d’un œil admiratif tandis que Scott était resté un peu en retrait.

Une fois que le numéro s’acheva sur le gracieux mouvement de danse de la femme, l’Ange applaudit avec dynamisme en souriant de toutes ses dents alors que le rouge montait aux joues de l’artiste. Celle-ci venait tout juste de se rendre compte de leur présence et, sans crier gare, commença à se perdre dans une série d’excuses et de paroles qui témoignaient de la gêne que le geste de Brethil avait engendré. La petite Bélua alla se cacher derrière la Blonde lorsque cette dernière s’avança vers la danseuse aux yeux vairons – une Orisha, il n’y avait aucun moyen d’en douter – en lui esquissant une expression amicale et sincère. « Il n’y a pas de raison de se sentir gênée. Vous avez été remarquable, n’est-ce pas Nimüe? » La fillette ne répondit pas. « Depuis le temps que je souhaitais me rendre à Ciel-Ouvert pour y admirer ces spectacles, ça dépasse toutes mes attentes! » Brethil tentait de son mieux de rendre l’ambiance plus confortable pour l’Orisha, enchaînant banalité après banalité pour faire partir la conversation. « Vos pas de danse sont tout simplement magnifiques. Ça n’en a peut-être pas l’air, mais je suis musicienne. Mon nom est Brethil. » Elle n’était pas encore une véritable musicienne – à vrai dire, elle jouait du luth de temps à autre lorsqu’elle avait l’occasion – mais elle rêvait d’en faire une profession officielle. La passion qu’elle entretenait pour la musique lui montait à la tête et, inconsciemment, la jeune femme s’était égarée, plongée dans ce sujet qu’elle avait toujours préféré autres. Et c’était assez rare que l’Être céleste ait la possibilité de pouvoir s’exprimer librement sur les arts et la musique – l’Élémental n’y étant pas intéressé – et lorsqu’elle avait enfin la chance de le faire, la Blonde en profitait sans se lasser. « Nimüe, tu n’as rien à dire à cette excellente artiste? » Le regard de l’intéressée ne se détacha pas du sol. Elle n’était pas encore prête à prononcer le moindre mot.

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Miles Köerta
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Miles Köerta
Dim 07 Fév 2016, 21:28

Trahi par le gong
« L’esclave naît pour se défaire de ses chaînes »

La jeune femme s’était avancée jusqu’à moi, la chaleur de son sourire se répandant dans l’ensemble de mon être. Poussée par une force que je ne parvenais pas à saisir la nature, mes propres lèvres s’étirèrent en un rire timide, que je lui échangeais aimablement. Elle respirait l’énergie, la bonté et au moment où j’avais posé mon regard sur sa douce personne, elle m’apparut aussitôt comme étant quelqu’un de particulièrement enjoué et d’extrêmement bienfaisant. Ce fut donc sans aucune difficulté que je fus portée à me détendre en sa présence. Les yeux bas, la main posée sur mon bras, une fierté toute égoïste vint à s’imbriquer dans ma pensée, me grisant d’un sentiment indéfinissable que j’eus grande misère à refouler sous la rougeur de mes joues. À tout instant, je tentais de rester humble dans mes entreprises, me disant que la modestie conservait la foi de l’artiste envers son art et l’empêchait de tomber dans le cliché de l’orgueilleux qui se donne de grands airs. Cependant, à plusieurs reprises, je me surprenais à ressentir ce sentiment de vanité, engorgé par la hauteur que me conféraient les compliments que les gens faisaient à mon art. Pourtant, plus que tout, je désirais conserver les deux pieds sur terre et ne pas laisser mes ambitions entraîner mon esprit dans une utopie douce mais aveugle. Et puis, qui sait? Le disait-elle peut-être par pure sympathie, mes pas n’ayant pas été si excellents que ça… Lentement, d’une voix murmurante, je remerciais la jeune femme pour ses félicitations, avant que celle-ci me fasse la conversation. Ses yeux pétillaient d’un feu fébrile et énergique, qui ne laissait aucun doute sur la passion qu’elle nourrissait à l’égard de la musique, art qu’elle chérissait avec une terrible conviction. En l’écoutant attentivement, notant au passage l’altération de son visage au fur et à mesure qu’elle s’étendait dans son long discours, un sourire un peu plus naturel se dessina sur le coin de mes lèvres et je me mis à contempler la blonde d’un regard fasciné, à la limite de l’admiration. Arrête de te dévaloriser de la sorte, Maeka… Tu n’es peut-être pas la meilleure, mais tu as du potentiel et tu le sais… Cesse de te sous-estimer autrement, tu resteras dans les rues, bleue de la danse pour le restant de ta vie.

Dans les mots qu’elle laissait planer autour d’elle, dans la flamme qui dansait au fond de son regard céruléen, je me reconnus aussitôt en elle. Je n’avais pas sa langue déliée ni la vive énergie qui l’habitait, mais l’amour que je portais pour la danse était aussi authentique que sa propre affection pour la musique  et dès lors, je sus qu’elle ne m’avait pas complimenté de la sorte uniquement pour me flatter dans le sens du poil. La passion nous habitait toutes les deux, simplement, nous l’exprimions différemment. Je fermais les yeux quelques secondes, me laissant envahir par sa voix, animée par une fougue ardente qui ne saurait tromper l’oreille des vrais passionnés, avant de redresser légèrement la tête lorsqu’elle se présenta enfin. Brethil… La sonorité même de ce nom était exquis, voire même harmonieux à l’instant où la langue couchait les syllabes. Décidément, tout ce qui habitait cette femme avait de quoi me rendre jalouse: que ce soit son enthousiasme, son énergie, son sourire si communicateur et si joli…  

« Je… Je m’appelle Maeka », dis-je d’une voix faible, lui lançant quelques œillades embarrassés avant que mon attention se porte sur une discrète et petite présence aux côtés de Brethil.

C’était une fillette, pas plus haute que le nombril de la demoiselle, à la longue chevelure rousse et aux yeux aussi rouge que l’écarlate, à l’image de deux billes de feu qui se serait ancrées dans ses orbites. À l’interrogation que lui posa Brethil, la petite fille ne pipa mot, baissant rapidement le regard lorsque celui-ci vint à croiser le mien. À ce geste, j’eus un sourire attendri et je redressais mon visage pour faire face à Brethil.

« Votre fille est vraiment magnifique. »

Lentement, je me penchais en direction de la fillette, lui adressant un grand sourire pour la soulager du poids de sa timidité. Dans un sens, je la comprenais, étant moi-même facilement impressionnable, et la rencontre de nouvelles personnes me terrorisaient parfois et pourtant, je ne regrettais aucune des rencontres que j’avais faites, chacune m’apportant son lot de connaissances, d’erreurs, d’acceptation, de défis ratés ou bien réussis, de peur comme de bonheur.

« Bonjour Nimüe. Si tu ne veux pas parler, ce n’est pas grave. Je suis tout de même ravie de te connaître. »

Gardant une certaine distance avec la petite fille, je me permis néanmoins un peu plus de liberté avec Brethil, qui semblait beaucoup plus sociable.

« Tu as bien dit que c’était votre première visite à Ciel-Ouvert, pas vrai? Est-ce qu’un petit tour de la ville vous égayerait? »

Soudainement, la brise se leva et vint se fracasser sur la ville, balayant les cheveux, soufflant les vêtements, glissant sur la peau, laissant dans son sillage une chair de poule significative. Immédiatement, tout le monde se crispa en serrant légèrement les dents, les uns apportant leur main à leur chapeau tandis que les autres resserraient fermement leurs habits.

« Brr… Celui-là était plutôt glacial. »

Gratifiant les deux voyageuses d’un petit sourire, je les invitais à me suivre, tendant mon bras en direction des routes pavées qui zigzaguaient à travers les différentes bâtisses de la cité.

« Mais ne vous en faîtes pas, la ville est beaucoup plus chaleureuse que le vent des montagnes. »

Et sur ces quelques mots, je les invitais à me suivre.


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Lun 08 Fév 2016, 01:11

Brethil écarquilla les yeux. Sa…fille? Ses iris céruléens se posèrent quelques secondes sur la silhouette recroquevillée de la petite Nimüe avant de revenir vers celle de Maeka. Une étrange étincelle se forma sur son faciès, illuminant son regard océan. Le sourire qui s’était collé sur ses lèvres s’élargit doucement, sa bouche s’entrouvrant très lentement pour lâcher un éclat de rire. « Je crois qu’il y a eu une confusion. » L’Ange caressa la tête de la fillette. À présent, la femme n’était plus en mesure de se soustraire de sa mimique souriante, sa respiration étant entrecoupée par ses rires cristallins qui n’en finissaient plus de traverser sa gorge. « Ce n’est pas ma fille. » La jeune femme aux yeux d’azurs était partagée entre la compassion à l’encontre de la gêne de l’Orisha qui allait s’en suivre ou l’amusement qui la trahissait d’ailleurs en raison de son regard pétillant ainsi que du large sourire qui faisait deux fois le tour de son visage. Les joues de la Bélua s’empourprèrent violemment. Elle n’osait plus fixer la Libérée ou l’Ange désormais : la petite fille enfouit donc la tête dans les fourrures du manteau de la Blonde, très embarrassée par les paroles de la danseuse. « Elle est… », tenta de justifier la jeune femme avant de se taire abruptement. Elle avait failli l’oublier… Le sujet de la famille semblait très sensible aux oreilles de la jeune Nimüe et la dernière chose qu’elle souhaitait qui lui arrive, c’est qu’elle recommence à verser des larmes. L’Ange joua nerveusement avec ses doigts, reprenant prudemment là où elle avait laissé ses mots. « C’est une orpheline. Nous l’avons trouvé un peu plus au Sud des montagnes, dans un village éloigné. » À son plus grand bonheur, Brethil ne perçut pas l’écho ou le reflet des pleurs de la Bélua de Sang-Mêlé. Son corps s’était pourtant mis à trembler, mais la jeune fille restait forte. Un soupir de soulagement franchit alors les lèvres de l’Être céleste, heureuse de pouvoir observer de ses propres yeux le progrès de Nimüe.

« Mais je peux comprendre d’où est venu cette méprise. », ajouta-t-elle précipitamment, esquissant à nouveau le sourire qui s’était envolé de ses traits. Ses yeux descendirent encore une fois vers le visage de Nimüe. Ça lui faisait une drôle d’impression de ne plus y apercevoir son bec à l’instar d’un nez ordinaire. Mais ce qui l’avait toujours davantage dérangé chez cette petite fille n’avait rien à voir avec ses caractéristiques animales visibles mais, plutôt, l’éclat qui dansait au creux de ses pupilles. Il était si triste, si apeuré, que l’Ange n’avait pas hésité une seule seconde à vouloir férocement se battre bec et ongles pour la prendre sous son aile. Comme une sorte d’instinct… maternel qui s’était éveillée en elle sans même qu’elle s’en rende véritablement compte. « Dès que mes yeux se sont posés sur elle, j’ai immédiatement eu ce fort désir de vouloir la protéger à tout prix. Je me suis sûrement égarée dans mon rôle sans même en avoir conscience. » Elle rit. « Cette petite a un visage si innocent mais son regard est si triste. » L’Ange secoua la tête en resserrant tendrement ses doigts dans la main de la Bélua. La jeune femme appréciait beaucoup les efforts que l’Orisha déployait pour gagner la confiance de Nimüe – en lui arquant un sourire si sincère et aimable – mais la Rousse se refusait toujours, avec obstination, d’ouvrir la bouche et s’adresser à la Libérée, ses iris rougeâtre restant inexorablement ancrer au sol, au désarroi total de Brethil. « J’ignore d’où lui vient cette timidité. » Parfois, l’Être céleste avait la sensation que Nimüe était dominée, non pas par la gêne, mais par la peur. Une peur si profonde, si traumatisante, mais dont la source s’échappait constamment aux doigts de la femme aux cheveux d’or. Que craint-elle exactement? L’Ange se doutait bien que le séjour de la fillette parmi la communauté de ce village n’avait pas dû être de tout repos – autant sur le plan physique que mental – mais à présent qu’ils avaient tous les trois rejoint Ciel-Ouvert, le danger que ces villageois représentaient pour eux s’était dissipé non? Les sourcils de la Blonde se froncèrent, soucieux. Elle y songeait seulement maintenant mais… Comment Nimüe avait-elle fait pour se retrouver là-bas? Et pourquoi?

Les montagnes de l’Edelweiss avaient la réputation de lieu hostile – et pas pour rien qui plus est – qui parvenait à décourager même les plus courageux aventuriers. Alors une orpheline… Seule une raison solide aurait pu la poussé à vouloir se rendre jusqu’ici et encore. C’était assez dur à avaler pour la jeune Ange dont les questions, qui se promenaient dans sa tête, redoublèrent. L’offre que Maeka lui proposa finit par atteindre ses oreilles. Son esprit, assaillit soudainement par un regain d’excitation, tassa de côté presque tous ses questionnements pour venir se focaliser sur l’Orisha. Brethil avait simplement besoin de prendre sur elle-même et se faire patience en attendant que la langue de la Bélua finisse par se délier. Si l’Ange avait bien appris quelque chose de l’Élémental, c’est qu’essayer de forcer l’inévitable reviendrait seulement à le repousser encore plus loin. La jeune femme finirait par obtenir la confiance de Nimüe au gré d’efforts et de persévérances. Et ce serait à ce moment-là, rien qu’à celui-là,  que l’histoire de la concernée finirait par sortir de sa propre bouche. « Moi, je suis partante! Qu’en dis-tu Nimüe? Ça te plairait de visiter Ciel-Ouvert? » La petite sembla hésitante pendant quelques instants, mais hocha finalement de la tête, avec lenteur. « O-Oui. », marmonna-t-elle. « Alors c’est entendu! Merci beaucoup Maeka. » L’Ange s’inclina respectueusement devant elle. Puis, d’un mouvement assez brut, la jeune femme pivota sur elle-même. Brethil fit de grands gestes en direction de l’Élémental pour attirer son attention. « Hé Scott! Ça te tente de venir avec nous? » L’adolescent se retourna. Une courte hésitation voila son regard avant d’hausser mollement des épaules. Il vint les rejoindre à grands pas, l’expression de son visage étant légèrement blasée – ajouté à cela une petite pointe d’exaspération au fond de ses yeux rouges. Il ne prononça pas un seul mot, se contentant de dévisager la jeune Libérée avant de s’en détourner. Il paraissait totalement désintéressé. Brethil retint son soupir de lassitude devant l’attitude du jeune homme – il y avait de ces choses qui ne changeraient jamais… « Maeka, je te présente Scott, commença-t-elle en pointant du menton l’Orisha. Et Scott, voici Maeka. » L’Élémental lui adressa un rapide « salut » distrait puis, ses iris de feu se posèrent dans ceux de l’Ange. « Qu’est-ce que tu veux cette fois? » Son ton était glacial mais Brethil fit comme si elle n’avait rien entendu. « Visiter Ciel-Ouvert. » Elle marqua une courte pause. « Maintenant que nous sommes au calme, tu as à présent l’occasion de réfléchir un peu sur toi-même comme tu me l’as promis en Aeden, tu ne crois pas? » Elle lui décocha un sourire sincère. « Je ne le fais pas seulement pour moi, mais pour vous deux également. » Et son attention revint sur Maeka. « Tu connais le Théâtre de Coryphée? C’est un superbe endroit à ce qu’il parait. Peut-être pourrions-nous commencer notre visite par-là? »

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Miles Köerta
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Miles Köerta
Lun 08 Fév 2016, 03:20

Trahi par le gong
« L’esclave naît pour se défaire de ses chaînes »

Comme je l’avais soupçonné, Brethil approuva mon offre avec une énergie vive, qui me déconcertera toujours. À l’instar de la petite fille qu’elle tenait par la main, elle respirait la vitalité, l’emballement et l’engouement pur. C’était quelque chose qui, ma foi, m’apparaissait comme un véritable vent frais: doux et chaud, qui balayait tous les tracas du cœur. Doucement, je souris à son enthousiasme, songeant aussitôt à ma propre énergie que je refoulais au plus profond de mon être. Pourquoi semblait-elle si joyeuse, si heureuse, cette dynamique et rassurante Brethil? Pour ma part, je tentais de l’être du mieux que je le pouvais, adressant des sourires ici et là, discutant à mes interlocuteur, avec ce qui me semblait être des rires dans la voix, mais les affres éveillées par la guerre, qui étendait son ombre au-delà de toute frontière, ne cessait de revenir dans mon esprit, plus violente et plus tranchante que je pouvais me l’imaginer moi-même. Il y avait quelque chose dans ces angoisses qui me tétanisait, qui m’horrifiait à souhait, et pour m’en échapper, libérer mon esprit de la panique qui s’accumulait en moi, je dansais. Je dansais jusqu’à en avoir mal aux pieds; je dansais jusqu’à m’en épuiser; je pourrais danser jusqu’à en mourir si je le voulais. Pourquoi avais-je si peur de cette guerre, exactement? Pourquoi tant de soucis se mettaient à mettre le branle-bas dans ma tête? Ce n’était pas la première guerre que j’essuyais, ce n’était pas la première fois que des peurs pareilles s’éveillaient, mais avec autant de violence, alors j’osais dire que c’était bien là une première. Le seul problème, c’est que je ne savais pas en quoi précisément. La musique était mon seul partenaire; la danse mon seul amour; et même ma vie, dans l’humble opinion que je faisais de moi-même, n’avait point sa place dans mon Univers. La danse, les pas, le rythme, les mouvements, tout ce qui importait, c’était de danser sans pouvoir m’arrêter…

Mais alors pourquoi avais-je si peur pour ma vie désormais?

Mon regard s’arrêta sur le visage épanoui de Brethil. Elle regardait la petite fille qui se cachait dans ses jupons avec une tendresse et un amour indéfinissable, tant ils étaient forts à l’égard de l’enfant. Et soudainement, je me mis à penser à Hakiel. À Asche. Et à Miles. Ces compagnons de fortune que j’avais croisée durant l’un de mes nombreux périples, alors que la menace de la Khælessi pesait toujours sur nous. M-Mais… Pourquoi pensais-je à eux? À leur sourire, à leur joie de vivre… Et à leur profond désir de se battre pour les gens qu’ils aimaient… Aimer… Ce n’était pas un concept que je maîtrisais réellement. Aimer les autres, aimer son prochain; je ne me souvenais même pas de la dernière fois que j’avais véritablement aimé quelqu’un. Toute ma vie, je l’avais passé à chercher qui j’étais, à essayer de trouver qui était Maeka dans toute cette foule de gens et jamais elle ne m’était apparue si importante, finalement, cette triste personne solitaire que j’avais toujours été. Maeka… Qui était-elle? Une Orisha, certes, mais quoi d’autre? Avait-il quelque chose en plus chez elle qui la faisait vraiment être Maeka? Longtemps, j’avais cherché à trouver la réponse à cette question, et je m’étais rendue à un point où j’avais l’impression que plus rien ne pouvait me retenir sur ces Terres. Pourquoi m’épuiser à chercher ma place dans ce monde alors qu’elle ne semblait pas exister? À quoi bon cette vie si je n’étais même pas en mesure de connaître qui j’étais? Tous ces doutes m’avaient agglutiné, m’avaient enseveli, jusqu’à ce que je connaisse la danse. Oui, danser m’avait Libéré. Et plus rien au monde ne m’apparaissait plus important que de danser. Enfin, c’est ce que je croyais… Jusqu’à ce que je rencontre ces trois zigotos à Médigo, aussi têtus qu’attachants, aussi bruyants qu’aimants…

« Maeka, je te présente Scott. »

La voix de Brethil me retira soudainement de mes pensées et je me mis à regarder les alentours d’un œil perdu et confus. Jusqu’à ce que mes mires s’arrêtent sur la silhouette d’un jeune garçon au regard de feu, aux cheveux de cendres. Je le considérais quelques secondes, notant son air bourru, visiblement irrité par quelque chose que je ne pouvais décemment pas saisir même en examinant de plus près l’étincelle de ses iris. Néanmoins, malgré le caractère de son – … euh… c’était bien son camarade, n’est-ce pas? – la jeune femme termina de nous présenter l’un à l’autre et il me salua d’un ton plat, sans aucune saveur, en parfait contraste au timbre jovial de sa compagne. Pourtant, faisant fi de sa mauvaise humeur, je le saluais à la manière des Orishas, esquissant un mince sourire, me sentant aussi timide et embarrassée que la petite Nimüe derrière Brethil.

« Enchantée, Scott. »

Mais ce dernier me prêta qu’une vague attention, se tournant déjà vers Brethil pour la questionner d’une voix tranchante et froide. Mes sourcils se froncèrent à cette attitude et j’allais demander à ce qu’il se calme, ne désirant aucune hostilité en ces lieux, mais la jeune femme fit comme si de rien n’était et lui annonça simplement qu’elle désirait visiter la cité des Chansons. Et elle ajouta quelque chose qui m’intrigua. « L’occasion de réfléchir sur lui-même? » Qu’est-ce que Brethil avait en tête en prononçant ces mots? Encore une fois, je me perdis dans mes pensées, contemplant le prénommé Scott d’un œil curieux, mais une fois encore – une fois c’est bien, mais deux c’est mieux! – la blonde me ramena à la conversation avec sa voix et, croyant m’avoir fait prendre à épier le jeune homme, je me mis immédiatement à rougir, détournant la tête et dirigeant un doigt sur ma droite.

« O-Oui! Bonne idée! Le théâtre de Coryphée, hein? »

Mes mots s’enlisaient, c’était pathétique. Mais la nervosité revenait au galop et je ne pouvais m’y soustraire aussi facilement, encore moins que les peurs qui me tenaillaient.

« S-Suivez-moi! C’est de ce côté! O-On ne peut le manquer, avec la Guerrière sans Visage qui le gouverne. Venez, j-je vais vous montrer le chemin. »

Ce que c’était embarrassant! J’espérais sérieusement que personne n’ait relevé le fait que je m’étais mise à dévisager franchement Scott. La poisse, la poisse! Ok! Ok! Tu te calmes, Maeka. Respire. Souris. Ar-Arrête de te tracasser pour rien. Ils ne vont pas en faire tout un plat, si? Leur tournant subitement le dos, pour éviter qu’il ne remarque encore plus que cela mon embarras, je me mis en marche, leur faisant signe de me suivre et alors que nous étions en train de traverser les rues du quartier Ode, j’ajoutais d’une petite voix:

« Je pourrais également vous montrer le Grijk. C’est un gong énorme qui se trouve non loin du théâtre et on y retrouve des gravures impressionnantes quoiqu’assez primitives. »

Me tournant légèrement vers Brethil, je lui demandais, hésitante:

« Est-ce que tu te passionnes aussi pour l’art visuelle autant que pour l’art musical? Si oui, je suis certaine que cela te plaira beaucoup. En plus, j’ai entendu des rumeurs comme quoi Habriella, la Voix d’Argent, serait en ville aujourd’hui. Elle va présenter un numéro avec ses compagnons, tout près du Grijk justement. »


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Jeu 11 Fév 2016, 21:01

Les iris océan de l’Ange s’étaient couverts d’étincelles à la seule mention du spectacle tandis que le groupe dévalaient les rues du grand quartier. Excitée, Brethil commença – inconsciemment – à sautiller sur place comme une enfant, grisée à un tout autre niveau qui n’enviait plus rien à sa fébrilité au moment où ils avait passé les arches de la Cité des Chansons. La jeune femme n’était plus capable de freiner sa joie tant celle-ci était élevée. La visite de Ciel-Ouvert devenait, au fur et à mesure que les mots s’échappaient de la bouche de l’Orisha, de plus en plus séduisante à ses oreilles. « Vous plaisantez non? Je ne refuse jamais d’assister à un spectacle! », lança-t-elle d’un ton énergique. Brethil avait arqué un immense sourire qui venait faire un tour complet de son visage en trahissant le bonheur qui avait explosé dans ses veines. La musique représentait… presque tout pour elle et, ironiquement, la Blonde avait rarement la chance de pouvoir s’y égarer ou d’en jouer. En tant qu’Ange qui se respectait, la propagation des Vertus avait pris une grande place, une trop grande place, dans son existence  à un tel point que ses passions avaient été remis en seconde priorité. Mais à présent qu’elle détenait enfin une occasion d’entendre une mélodie produite des mains d’une si talentueuse artiste, Brethil n’avait pas pu s’empêcher de bondir sur l’offre de Maeka. Peut-être que ces temps étaient devenus troubles, peut-être que la question sur Sympan ou les Aetheri pendaient sur toutes les lèvres et que le peuple Démoniaque avait perdu l’esprit, néanmoins, l’Ange se refusait de ne pas en profiter, tenant obstinément son emprise sur ce qui la passionnait – plus que tout dans le monde. Comment aurait-elle été capable de décliner une chose comme celle-ci? « Nous pourrions aller voir ce – comment l’appelez-vous déjà? – Grijk La jeune femme grimaça en s’écoutant ainsi massacrer le mot. Elle se reprit aussitôt après avoir relâché un léger rire nerveux. Ce gong après la représentation de Voix d’Argent. » Il n’en fallait pas énormément pour réussir à capter son intérêt à vrai dire. Que ce soit pour les arts, les histoires, ou bien les légendes, l’Ange ne parvenait pas à s’en fatiguer – c’était aussi simple que ça. Brethil vint délicatement serrer la paume de la Bélua et, baissant légèrement ses iris pour les ancrer dans ceux de la petite fille, lui envoya un regard rempli de toute la gentillesse et de la tendresse de la femme était en mesure d’assembler. Elle priait les Aetheri de donner une petite chance à Nimüe de gagner un peu plus confiance en cette belle journée et d’effacer cette peine et cette souffrance qui se lisait à travers ses pupilles craintives, lui permettant de s’égayer librement, de sourire avec bonheur. Sans compter aussi l’Élémental dont la rancune qu’il nourrissait encore à l’encontre de la femme était toujours aussi forte.

L’Ange ne ressentait que de la compassion envers eux et souhaitait ardemment leur venir en aide, quelques soit les manières qu’elle userait, rien que pour les rendre heureux sur une durée que seulement eux pouvaient déterminer. Brethil n’avait jamais eu l’intention de forcer le changement, mais simplement de les influencer en les entraînant dans une atmosphère plus dynamique et attrayante que celle qu’ils avaient quittée après l’incident du village. Ils étaient tous les deux biens trop tendus en ce moment. L’adolescent suivait le groupe dans les magnifiques rues du quartier d’Ore, mais la jeune femme savait qu’il ne s’y sentait pas plus à l’aise que dans n’importe quelle Cité et Nimüe refusait encore de lever les yeux pour contempler son entourage à l’instar du sol rocailleux. Ça semblait presque sans espoir comme ça, à première vue, mais l’Ange n’abandonnait pas. Elle était parvenue à apercevoir quelques rares sourires joyeux s’esquisser sur les lèvres de la Bélua lorsqu’une musique – particulièrement les chants – résonnait au lointain avant de se poser dans le creux de leurs oreilles après tout. Cependant, ses quelques signes de joie venaient s’effacer aussi rapidement qu’ils étaient apparus, son expression timide et apeurée revenant inlassablement au galop pour masquer à nouveau ses traits d’un voile si sombre… Encore là, Brethil hésitait à pencher la balance vers un signe d’amélioration ou, au contraire, un symbole de dégradation. La jeune Ange secoua vivement la tête. La Blonde ne devait pas se montrer aussi pessimiste. Déjà, Nimüe souriait – c’était un grand pas vers l’avant en soit. Ça ne pouvait que s’améliorer au fil du temps. L’Être céleste en était profondément convaincue. « Vivez-vous à Ciel-Ouvert depuis longtemps? », posa la jeune femme tandis que l’ombre de la statue sans visage s’éclaircissait de plus en plus à l’horizon. Brethil ne supportait pas ce mutisme pesant qui s’était immiscé parmi eux, trouvant le besoin de vouloir s’exprimer maintenant, après tant de minutes passées sans articuler le moindre mot. Et puis… ça lui tentait sincèrement de vouloir en connaître un peu plus sur la danseuse Orisha qu’elle voyait à présent comme une amie très agréable à fréquenter. « Enfin… si ma question est beaucoup trop personnelle, vous n’êtes pas forcée d'y répondre. Je comprendrai. » Sa timidité avait un petit quelque chose de vraiment mignon qui rendait la Blonde beaucoup plus curieuse à l’encontre de la Libérée. L’Ange aurait souhaité embarquer ses deux compagnons dans la conversation qui reprenait son cours avec Maeka mais la jeune femme doutait fortement qu’ils veuillent s’y joindre de leur plein gré.

Pourtant, alors que le groupe empruntait un étroit chemin bosselé qui menait directement au gong selon les paroles de l’Orisha, la mélodie qu’ils entendaient un peu plus loin arriva à arracher un hoquet de stupeur à la petite Nimüe. La Bélua s’immobilisa sur une place, aussi raide qu’une statue de pierre, ses pupilles rougeâtres luisant littéralement sur son visage de porcelaine. Aussitôt, Brethil fronça les sourcils, ressentant une légère inquiétude ponde dans sa tête. Était-ce seulement elle ou bien était-ce réellement des larmes qui faisaient briller ses iris? « C-C’est t-très be-beau… », murmura-t-elle quelques instants après. D’abord surprise par le fait que Nimüe se soit exprimée, l’Ange ne sut pas vraiment quoi dire. Ses yeux céruléens se levèrent lentement, croisant ceux vairons de Maeka et ceux de flamme de l’Élémental avant de retomber sur la Bélua. « E-En effet Nimüe. C-Ce chant est magnifique. » L’Ange était si étonnée qu’elle en avait balbutié, inconsciemment. Puis, la surprise se muta soudainement en bonheur indescriptible qui arracha un sourire ravi à Brethil, qui vint caresser les cheveux roux de la fille. « Dépêchons-nous si nous ne voulons pas rater une miette du spectacle! » - « Oui! » Sa voix ne tremblait plus. « Je ne veux rien manquer! », dit la Bélua en hochant vigoureusement de la tête. Et, dans d’un réflexe, elle agrippa les doigts de la Libérée avant de se lancer au pas de course dans le sillage de l’Ange qui l’entraînait sur le sentier de pierres et de neige.

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Lun 15 Fév 2016, 11:59

Trahi par le gong
« L’esclave naît pour se défaire de ses chaînes »

Fait-elle toujours preuve d’un aussi grand enthousiasme? Je me posais sincèrement la question lorsque je l’entendais parler, lorsque je posais brièvement mon regard sur son visage lumineux et blanc, lorsque j’analysais chacun de ses faits et de ses gestes. Je me demandais d’où elle pouvait puiser tant de positivisme et d’énergie dans un corps aussi petit, alors que ces deux compagnons, plus calmes, voire même refermés sur eux-mêmes, ne semblaient refléter que la solitude et le silence. Pas un seul, entre Nimüe ou Scott, n’avait échangé plus que cinq mots, alors que Brethil alignait presque dix phrases dans le même souffle de voix. Un tel contraste de personnalité était bluffant. Pourtant, ces trois êtres continuaient de se tenir ensemble, de voyager ensemble, pour des raisons que j’ignorais complètement – et que je me ferais bien plaisir à ne pas tenter de découvrir par indiscrétion. Étaient-ils plus unis que cela, en vérité? Était-ce ma présence qui les rendait soudainement timides et nerveux à converser? Aussitôt, je baissais la tête, entortillant mes doigts, avant de porter rapidement mon regard en direction de la jeune femme qui ne pouvait, décidément, se départir de son sourire si charmant.

« Ne t’en fais pas, Brethil. Ton intérêt m’enchante… »

Momentanément, je me mis à réfléchir avant de poursuivre:

« Depuis longtemps… Oui, on pourrait dire ça comme ça. En fait, je voyage beaucoup à travers le monde. J’essaie de percer en tant que danseuse et j’offre mes services à quelques spectacles amateurs… Enfin, si je serais réellement parvenue à atteindre mon objectif et à me faire connaître du grand public, je ne serais pas ici en ce moment… »

La compétition était rude et cruelle dans cet univers. Tout le monde n’hésitait pas à marcher sur les pieds de son voisin pour lui nuire et l’amener à l’échec. La quête vers la gloire était semée d’embûches et seuls les plus forts – les gagnants – réussissaient à sortir de la cage des fauves, prêts à briller sur scène et à fasciner l’auditoire par son spectacle. Doucement, je baissais la tête, cherchant un moyen de tourner la conversation sur un autre sujet, mais je n’en trouvais pas. Le fait est que j’avais parlé d’une voix misérable, chevrotante et suintante d’envie. Parce que oui, j’enviais toutes ces filles qui étaient parvenues à se faire un nom dans le monde du spectacle avant moi, et qui n’avait, comme seul talent, que d’exciter la foule par leur progressive dénudation. Je n’étais pas comme elles, je n’étais pas comme toutes ces filles qui s’exhibaient seulement pour le plaisir d’être regardées et enviées. Je faisais, certes, de l’exercice pour entretenir mon corps et esquisser quelques mouvements lascifs, mais jamais je ne le faisais dans l’unique but de me pavaner pour savoir quelle serait la prochaine proie qui tomberait dans les mailles de mon filet. J’avais du talent, de la grâce, j’en étais sûre, mais toutes les défaites que j’avais dû essuyer dans ma vie m’avait énormément usée et j’avais finis, petit à petit, par croire que je n’aurais aucune chance contre toutes ces beautés. Car le plus qu’elles avaient et qu’à l’occurrence, je ne possédais guère, était le charme. Un charme soigné, un charme sensuel, un charme dissuasif, un charme provocateur… Et ce petit quelque chose qu’elles avaient leur rendait la vie bien plus facile qu’à moi, moi qui ne désirait qu’une seule chose, danser pour le plaisir, pour le bonheur de laisser mon corps se faire guider par les notes d’une douce et nostalgique mélodie. La gloire, je la chérissais; l’exercice, je le vénérais; mais l’exhibition pour gagner l’amour de mon public, je la méprisais, tout simplement. Car la danse n’était pas qu’un métier, qu’un prétexte à gagner de l’argent ou à se faire une réputation. La danse, avant tout, était un sujet de passion et de profond dévouement que seuls les plus aveugles – ou les plus stupides – tendaient à laisser de côté.

« Et tous les trois? Vous voyagez souvent ensemble? » Demandais-je à l’Ange d’une voix basse, qu’elle ne perçut peut-être pas maintenant que j’y faisais attention, étant donné que nous nous trouvions à proximité du théâtre de Coryphée, d’où un chant et une mélodie exquises se répandaient en harmonie, comme une douce brise, à travers le haut-quartier.

À l’entente de ce chant cristallin, je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire, redressant subitement la tête.

« Voix d’Argent… »

Je fermais les yeux quelques secondes, laissant la musique imprégner chaque parcelle de mon esprit. Cette voix avait cette particularité de s’insérer dans notre âme pour y faire vibrer une vive émotion, enchanteresse et envoutante. Sourire aux lèvres, je me tournais vers les trois voyageurs, avant de constater que ces derniers s’étaient brusquement arrêtés. Intriguée, je m’approchais d’eux, remarquant que leurs regards se portaient sur la silhouette de la petite Nimüe. L’enfant avait le regard fixe, comme perdu dans un autre monde, et il luisait comme si ses mires auraient été polis avant d’être amené sous les faisceaux lumineux du Soleil.

« Que se passe-t-il? » Posais-je alors, voyant que personne n’osait prendre la parole.

Et Nimüe, d’une voix faible, parla.
Mes yeux s’écarquillèrent. Je savais que la petite fille avait bien une voix, mais qu’elle était peut-être trop gênée pour en user ou trop timide pour oser la faire vibrer, et pourtant, la surprise était-elle que je me mis franchement à la dévisager, incrédule. Cela dit, l’étonnement vite passée, Brethil s’était empressée à communiquer avec Nimüe, peut-être pour l’encourager dans sa soudaine prise de parole. Ce qui, dans l’ensemble fonctionna, fonctionna à merveille j’oserais même dire. Car, l’énergie de Brethil eut à peine le temps d’être communiqué à Nimüe, que cette dernière se précipita vers moi avant de m’attraper la main et de m’entraîner dans sa course – ou plutôt, dans la course de l’Ange, qui tenait elle-même la seconde main de l’enfant. Voyant le magnifique sourire de la petite fille, je ne pus m’empêcher d’en rire et de me tourner prestement en direction du jeune homme, resté derrière.

« Viens Scott! Dépêche-toi! Tu vas manquer quelque chose de fabuleux sinon! »

Après, je n’eus plus la force de crier, trop loin à présent du jeune homme aux yeux rubis. La scène du Coryphée n’était plus bien loin et, après seulement quelques secondes en plus, nous finîmes par déboucher sur la place. Habriella chantait depuis peu, sa voix s’élevant à travers le quartier pour bercer les âmes en quête de réconfort, pour apaiser les âmes en quête de délivrance, pour guider l’âme torturé à une vision du monde plus idyllique, plus magnifique, plus fantastique. Je savais cette utopie vaine depuis longtemps, puisque la réalité ne cessait de nous rappeler les problèmes, les conflits, les guerres… Cependant, cette utopie avait également le don de nous faire rêver, de nous faire comprendre que la vie n’était pas qu’un cycle de batailles sanglantes et de trahisons déchirantes. Elle était aussi synonyme de paix, de bonheur, te poussant à toujours cherché qui tu étais, te poussant à toujours poursuivre les rêves que tu chérissais. Mon âme était complètement captivée, complètement charmé. Ça, c’était du charme. Ça, c’était une véritable passion, sincère et dévouée. Inconsciemment, je fermais les yeux et je laissais le chant de Voix d’Argent me guider vers cette douce et étrange et si attirante utopie.


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Lun 15 Fév 2016, 21:33

Mais qu’est-ce qu’elle avaient – toutes les trois – avec la musique?
Je les regardai s’éloigner en courant, avec ces grands sourires et ces iris pétillants, sur le chemin de roche d’un œil absent. Je ne m’étais même pas épuisé à réagir aux dires de la Libérée, abordant une expression à la fois blasée et désintéressée. Pourquoi continuais-je de les suivre d’ailleurs? Je ne comprenais, décidément, rien à cette passion qu’elles partageaient : les arts ou la musique étaient purement inutile  de mon point de vue après tout. Une véritable perte de temps. Ciel-Ouvert commençait à m’étouffer de la même manière que l’avait fait Aeden. Je commençais à réaliser l’erreur que j’avais commise en acceptant l’offre de l’Ange – proposition que j’aurais dû décliner au moment précis où elle avait franchi ses lèvres. Ça ne m’avait causé que des problèmes que j’aurais bien souhaité m’épargner. À débuter par le sauvetage de cette petite voleuse. Ça avait été bien chevaleresque de la part de Brethil d’avoir pris l’initiative de protéger la Bélua de Sang-Mêlé, mais à présent que Nimüe était là, à voyager à nos côtés, que voulait-elle que nous en fassions? La demeure où nous habitions en Aeden avait été détruite par les tremblements de terre – et tant même bien je voudrais y revenir, ce qui me surprendrait moi-même – je n’avais ni les moyens ni le temps de m’occuper d’une gamine. Et Brethil, encore moins je devinais. Alors à quoi avait-elle pensé bon sang?! Ma rancœur ne faisait que s’en décupler, devenant presque palpable à mon toucher. C’était exactement ça qui m’énervait et poussait ma colère à se propager – toujours plus – au fur et à mesure que ces pensées faisaient leur chemin. Mes veines étaient chauffées à bloc, mon esprit, en pleine ébullition. J’en avais plus que marre de ces événements qui s’enchaînaient, sans contrôle. Marre de ces montagnes, des décisions irresponsables de l’Ange – de presque tout à vrai dire.

J’aurais largement préféré me retrouver ailleurs, loin de ce froid intarissable qui soufflait entre ces immenses pics de glace. Je n’avais qu’à le vouloir, le vouloir vraiment pour me téléporter hors de ces montagnes. C’était plus facile à faire qu’un simple claquement de doigt. Je relâchai un soupir, écoutant distraitement le chant qui s’élevait un peu plus loin. La musique… demeurait toujours un monde qui échappait complètement à toute ma compréhension. Mais je devais admettre que ce que je percevais au loin était… beau. Voire sincèrement merveilleux. Je soupirai une seconde fois, poussant, par la suite, un juron. Et m*rde! J’avais été incapable de me soumettre à la séduisante tentation de partir, m’avançant sur le sentier rocailleux en calquant mes pas à ceux des trois filles qui avaient déjà disparues. Puis, je me fis soudainement bousculer par un individu que je n’avais, jusque-là, pas aperçu traîner son corps dans la même direction que la mienne. « Hé! », protestai-je envers cet homme, aux longs cheveux noir rattachés en queue de cheval, qui m’avait percuté. Celui-ci leva tranquillement ses yeux vers mes mires enflammées, étirant sur le coin de ses lèvres un sourire mystérieux – presque dérangé. « Je suis désolé. », chuchota-t-il, un brin de sarcasme et d’arrogance à l’état brut incrusté dans l’intonation de sa voix. Je fronçai les sourcils, émettant un claquement de langue frustré et méprisant en étouffant les étincelles de Feu qui avaient crépité sur mes paumes de main. L’énervement se lisait parfaitement au creux de mes pupilles – j’étais déjà assez à bout de nerf comme ça et cet événement, aux airs si anodins pourtant, avait ajouté une couche à ma frustration. Puis, je vins dépasser l’homme à grandes jambées, m’évitant par ce fait de lui foutre mon poing dans la figure, ressentant instantanément ce besoin cruel de me défouler chatouiller mes jointures. Mais par je-ne-sais quelle maîtrise de mes moyens, je parvins à m’en abstenir, poursuivant la route du sentier comme si de rien n’était.

Je finis par rejoindre le trio alors que le spectacle de Voix d’Argent touchait presque à sa fin, mais le peu qui arriva à faire vibrer mes tympans me détendit considérablement – jusqu’à venir apaiser mes traits, qui affichaient désormais un air serein et détendu. « Tu as manqué la meilleure partie du spectacle! », s’exclama l’Ange aux iris céruléens quand les trois filles remarquèrent ma présence. Je plantai mes yeux dans les billes bleues scintillantes de l’Être céleste après que j’eus détourné mon regard des musiciens qui rangeaient leur instrument. « C’est pas plus grave que ça. », lançai-je en haussant mollement des épaules. « La musique, c’est pas trop mon truc d’toute façon. » Le sourcil de Brethil se haussa. « Ne dit pas ça voyons. C’était magnifique! Peut-être auras-tu une meilleure chance d’assister à un spectacle lorsque nous irons au Théâtre. » L’Ange vint appuyer ses mots en décochant un sourire étincelant à Maeka. « Mais avant, direction: le gong! » La Blonde esquissa un pas, avant de s’arrêter. Elle paraissait pensive. « D’ailleurs… Vous m’avez posé une question en chemin non? », demanda-t-elle à la Libérée. « Je suis désolée, mais je n’ai pas bien entendu. Ça ne vous dérangerait pas de la répéter? » Je me désintéressai assez vite de leur conversation, mes iris rouges se posant sur le grand objet vers lequel Brethil avait commencé à se diriger avant de se stopper. C’était… ce fameux Grijk devinai-je aussitôt. Je plissai les yeux. À cette distance, j’avais de la misère à distinguer les détails de l’objet, à part sa forme circulaire parfaite et sa couleur dorée. « Nous ne voyageons pas tant que ça ensemble. », expliquait l’Ange à l’Orisha, répondant à sa question précédente. « Et comme je vous l’ai déjà mentionné, nous avons trouvé Nimüe dans un village des Montagnes, il n’y a pas très longtemps. Je dirais à peine deux jours à vrai dire. » - « C-C’était vraiment terrifiant. », compléta la fillette en marmonnant. Depuis la représentation de Voix d’Argent, sa timidité et son mutisme avaient commencé à s’écrouler. Particulièrement à l’égard de Maeka. « Si ça vous enchante, je peux vous racontez. Si ça ne te dérange pas Nimüe. »

J’écoutais seulement d’une oreille distraire la suite de leur discussion, la majorité de mon attention dirigée vers le gong. Cet objet avait-il une signification particulière? En dépit de ma curiosité naturelle, j’oubliai, pourtant, assez rapidement mes interrogations à l’égard de l’instrument quand une silhouette vint s’en approcher à grands pas. Je reconnus en un clin d’œil l’homme à la queue de cheval qui m’avait bousculé tantôt, tandis que je m’étais décidé à suivre le trio de passionnées artistiques. Il tenait, cette fois-ci, entre ses doigts un grand bâton orné d’un bout rond et épais à son extrémité, comme une baguette de tambour géante. Allait-il faire sonner ce gong? Sans doute, oui. Mais pourquoi avais-je un tel mauvais pressentiment? « Scott? Est-ce que ça va? » J’entendais à peine la voix inquiète et anxieuse de Brethil. « …Quelque chose ne va pas? » L’homme frappa quatre coups sur gong. Dong, dong, dong, dong… Et alors que le son se laissait tranquillement guider par le souffle du vent, l’Enfer fut soudainement déployé autour de nous.

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Miles Köerta
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Miles Köerta
Jeu 25 Fév 2016, 17:20

Trahi par le gong
« L’esclave naît pour se défaire de ses chaînes »

Oh…
Dès que les derniers mots traversèrent la bouche de Brethil, la fillette baissa les yeux, son regard se voilant à nouveau de cette étrange et exécrable noirceur, cette même noirceur qui l’envahissait par la peur. Sans pouvoir y mettre des visages, sans pouvoir y mettre des mots, des voix, je parvenais néanmoins à apercevoir ce que la mémoire de Nimüe lui renvoyaient, traversés par des souvenirs douloureux qu’elle préférerait certainement oublier pour ne plus à avoir à les supporter, eux et le poids qu’ils la forçait à traîner derrière elle. À cette pensée, je me tournais brièvement vers le visage de l’enfant, celle-ci me jetant un regard tout aussi rapide, et une profonde empathie à son égard se mit à grandir au fond de mon cœur. Ça n’avait pas dû être facile pour elle, elle qui était si petite, si fragile, si vulnérable dans ce monde rempli de cruauté et de brutalité. Mais pourquoi s’était-elle retrouvée dans ce village au début? Pourquoi s’y être aventurée? Brethil m’avait bien dit qu’elle était orpheline, mais qu’était-il arrivé à ses parents? Comment s’était-elle retrouvée dans une telle situation? Et par tous les Dieux! elle se trouvait tout de même dans les montagnes de l’Edelweiss enneigées! Comment une enfant de son âge avait-il pu atterrir ici… J’avais beau me poser des questions, je n’osais pourtant pas les dire à voix haute, par crainte de réveiller d’anciens démons chez la petite fille et, de ce que j’en comprenais avec le récit qu’elle m’en avait conté, ni Brethil ni Scott ne semblaient vraiment connaître l’histoire de cette enfant, perdue à travers le blizzard et le froid de ces montagnes hostiles. Lentement, mon regard s’attarda de nouveau sur Nimüe. Quel secret cachait-elle si farouchement? Quelle misère avait-elle connue et qui l’avait obligé à se cacher dans ce village austère? Si simple en apparence, Nimüe était, en réalité, une véritable énigme qui nous serait, à tous, bien difficile d’en saisir les multiples subtilités.

« Scott? Est-ce que ça va? »

La voix soudaine de Brethil me retira à mes pensées, alors que je me tournais, également, vers le jeune homme, dont le regard se portait bien au-delà de notre quatuor en marche. Au début, si je ne prêtais qu’une vague attention à Scott, je finis par suivre l’angle de ses yeux pour atterrir sur une silhouette, haute de taille, montée par une queue-de-cheval qui se laissait balancer par le vent. Je reconnus rapidement un homme et à sa vue, mes yeux s’écarquillèrent. Il se tenait bien droit aux côtés du Grijk. Et il avait entre les mains un long bâton surmonté d’un cylindre épais et lourd. En le voyant lever bien haut le bâton, je poussais un cri.

« NON! Ne faîtes pas ç… »

Dong, dong, dong, dong…

Le glas, d’un cauchemar sombre et cruel, venait d’être sonné.


Un grésillement s’acharnait dans mes oreilles. Je ne percevais rien d’autre excepté ce son agressant, continu, et franchement énervant. Qu’est-ce qui s’est passé? Je me suis… évanouie? Lentement, j’ouvris les yeux. Dans mon crâne, des tambours résonnaient fortement et j’eus un mal fou, ne serait-ce, qu’à relever la tête. Le sol, sous moi, était froid et dur et les alentours, à ma grande surprise, étaient sombres et hostiles. Qu’est-ce que c’était que cet endroit? Je ne voyais que des ombres, je ne percevais que des bruits flous et indistincts dans la pénombre environnante, et malgré mes troubles de vision, je savais pertinemment où nous ne nous trouvions pas: à Ciel-Ouvert. L’œil hagard, le cœur commençant à tambouriner au creux de ma poitrine avec force et brutalité, je me mis à tâter le sol de mes doigts fins et glacés. La voix tremblante, murmurante, comme si je craignais de réveiller un Démon non loin, je les appelais tous les trois.

« Brethil?... »

Aucune réponse. Encore ces bruits flous dans mes oreilles, ces couleurs chaudes et pourtant très inquiétantes qui m’entouraient.

« Nimüe?... »

Toujours rien. Soudainement, j’entendis un bruit de claquement de fouet et je sursautais, paniquée. Les larmes commençaient à monter à mes yeux alors que je balayais les alentours d’un œil complètement affolé.

« Scott?!... »

Bon sang! Où étiez-vous donc, les amis? Je voulus me relever, mais je fus violemment freiné dans mon élan par une poigne très solide à ma cheville. Vivement, je me retournais, et aperçus un amalgame de chaînes à mes pieds et à mes poignets. Les battements de mon cœur redoublèrent d’intensité.

« Aaaaaaaah!! Mais qu’est-ce que… Mais qu’est-ce que… »

Aussitôt, je me jetais sur mes chaînes, hystérique, ne désirant qu’une seule chose: les enlever. Mais rien à faire, elles étaient solidement ancrées à ma chair. Complètement terrifiée, je me laissais choir au sol, sur les genoux, portant mes mains à mon visage. Je pleurais sans retenu, seulement animée par une peur lancinante qui me privait de toute raison.

« Quelqu’un… À l’aide… Où suis-je?… »

Qu’est-ce que cet homme avait en tête en faisant résonner le Grijk?


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Mer 02 Mar 2016, 17:46

Il fait noir. Ça avait été, à ce moment-là, la seule pensée qui, s’ayant ancré contre les parois de mon crâne, avait possédé un semblant de clarté parmi toute la confusion qui me gagnait. Même en sachant que mes paupières étaient ouvertes, je ne voyais plus rien. Mes environs n’étaient qu’ombres et ténèbres opaques m’enfermant comme une prison. Ça m’étouffait. Je manquais soudainement d’oxygène dans mes poumons et pourtant, en dépit de la désagréable sensation qui m’écrasait, je savais que je respirais encore,  mais l’air paraissait si lourd dans ma cage thoracique. C’était insoutenable – à un point tel qu’inspirer ne m’avait jamais autant écœuré que maintenant. Je tentai de me mettre debout, ignorant ces bourdonnements qui résonnaient au creux de mes oreilles, mais mes jambes ne bougeaient pas. Je réessayais la tentative en puisant une plus grande énergie, animé par un souffle de rage dont j’usai volontiers, mais le résultat s’entêtait à rester inchangé. Mes membres inférieurs ne répondaient plus à mes ordres. Bouillant de colère et d’exaspération, je vins fracasser mon poing par terre. À ma grande surprise, ma main rebondit contre une surface irrégulière et ferme – de la roche, ça ne faisait aucun doute – à l’instar de la neige que je m’étais préparé à sentir sur ma peau après ce violent contact. Petit à petit, mes sensations me revenaient. Un frisson étrange me fit frémit avec brusquerie, remontant de la plante de mes pieds jusqu’à mes hanches. Confus, je pris quelques secondes avant de me rendre compte que ce frisson provenait de mes jambes, que je retentai aussitôt de bouger. Aucune réponse.

Elles avaient été engourdies par le froid hivernal qui soufflait dans cette pièce. Pendant combien de temps étais-je resté immobile? Assez pour terminer en glaçon…, grognai-je intérieurement sans cesser d’agiter le bas de mon corps comme un enfant qui ne tient plus en place. Quoi qu’il en soit, j’avais déjà assez perdu de temps comme ça – dans cet endroit que je ne reconnaissais même pas. Il n’était pas question de rester ici encore plus longtemps. « Brethil, t’es là? », criai-je en me redressant légèrement, prenant une position beaucoup plus confortable sur ce plancher glacé. Seul le sifflement de l’air se faisait entendre dans cette pièce. « Hé Brethil! » Toujours rien. Je commençais à m’impatienter : mes pensées étaient si floues dans mon esprit perturbé par toutes ces questions que je me posais intérieurement. « Brethil! Nimüe! » Je doutais fortement que cette dernière répondrait, mais je n’avais rien à perdre en essayant. Encore une fois, ce fut le silence. Je m’enflammai abruptement. Était-ce en raison de ma rage incontrôlable ou de la panique que je sentais m’envahir de seconde en seconde? Je l’ignorais. Cependant, la lumière créée par les Flammes orangées parvint à dissiper la majeure partie des ténèbres, éclairant cette misérable place d’une lueur, si forte qu’elle m’obligea à plisser les paupières pour soutenir la soudaine clarté des lieux. Après un tour rapide du regard de la pièce, je dus me rendre à l’évidence : il n’y avait personne d’autre que moi dans cet endroit étroit et étouffant. Évidemment! Où étais-je tombé bon sang?! Cette place ne ressemblait à rien à Ciel-Ouvert. Était-ce à cause du gong qui avait résonné? Je l’ignorais. Il y avait trop de choses que je ne comprenais pas dans ces événements. Que s’était-il passé entre le moment où le gong avait sonné et mon arrivée dans ce… Mes pupilles enflammées se figèrent droit devant, interrompant ma réflexion.

D’énormes poteaux en métal me bouchèrent instantanément la vue. Et, à ma gauche, il y avait une énorme porte de fer, fermée à double tour. Mon souffle se coupa. Un peu plus loin, j’entendis un coup de fouet retenir. Il eut ensuite un hurlement de douleur suivi par un beuglement autoritaire et puis plus rien. Je serrai les poings. Ma situation s’éclaircissait de mieux et mieux et je l’appréciais de moins en moins. J’étais enfermé dans une cellule de prison. Mes dents grincèrent l’une contre l’autre. Comment avais-je atterri ici exactement? Je secouai vigoureusement de la tête. Peu importait le pourquoi du comment : je devais sortir d’ici, point. Tandis que j’esquissais un mouvement vers la porte de fer, une force invisible me tira brutalement en arrière accompagné d’un cliquetis métallique. Je fronçai les sourcils, sentant enfin que mes poignets et mes chevilles étaient anormalement chauds – comparé à la température du reste de mon corps en tout cas. Ce n’était qu’un détail, mais jamais auparavant, ça m’était arrivé de ressentir un truc comme ça. Intrigué, je baissai les yeux.

Accrochés fermement autour de mes mains et de mes pieds, il y avait d’énormes cylindres en métal reliés à des chaînes épaisses qui s’ancraient à des anneaux plantés à même le sol. Mon sang ne fit qu’un tour dans mes veines : j’étais enchaîné. Mais que se passait-il bordel?! Le Feu explosa autour de moi, nourries par une folie meurtrière à l’image de la colère qui embrouillait à présent mon esprit, augmentant considérablement l’intensité de la lumière que les flammes précédentes avaient produit. « C’est quoi ça bon sang?! » Aveuglé par la rage, je n’avais même pas perçu les bruits de pas de course se rapprocher de cette cellule.

Jusqu’à ce que le coup de fouet résonne dans mes oreilles.
La douleur qui fusa ensuite fut telle que le Feu qui grondait s’en éteignit presque aussitôt. Effondré au sol, je levai lentement mes iris, qui croisèrent le sourire carnassier dessiné sur les coins des lèvres du nouvel arrivant. « C’est beaucoup mieux comme ça, déchet! » Et il cracha juste en avant de moi. Ma colère s’envenima d’elle-même, nourrissant de violentes étincelles qui firent reculer l’homme bourru, dont la grimace suffisante se changea – durant un laps d’à peine quelques secondes – en expression apeurée. « Sale gamin…» Un deuxième coup de fouet accueillit ma réaction instinctive. Mon souffle se coupa, tandis que mon corps retombait sur la roche dure et froide du plancher. Le sourire sadique du tortionnaire réapparut. Et il me fouetta encore. Encore et encore, comme pour se convaincre à nouveau qu’il m’était supérieur. « Ça t’apprendra morveux! » Difficilement, je ravalai mes larmes, décochant un regard furibond à cet homme. Celui-ci vêtit un air offusqué, faisant claquer son arme de manière significative. Et Il me fouetta encore. « Apprends ta place esclave! », me cracha-t-il. « Ou les conséquences seront pires que celles que je t’inflige. »  

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Miles Köerta
Sam 05 Mar 2016, 03:50

Trahi par le gong
« L’esclave naît pour se défaire de ses chaînes »

Les larmes tombaient en torrent le long de mes joues, sans que je puisse les arrêter. J’avais trop peur pour me calmer, j’avais trop peur pour, ne serait-ce, songer à les faire cesser de couler. Et puis, il faisait si froid dans cette cellule hostile et austère… L’air était saturé par le vent glacial qui s’élevait d’on-ne-sait-trop-où. La frayeur, qui habitait la moindre parcelle de mon esprit, s’imprégnait dorénavant d’une inquiétude angoissante et suffocante. Une brise cinglante venait titiller mes sens, les chatouillant avec une morsure des plus irritantes, accentuant l’horreur dont se parait cet endroit. Mais où est-ce que j’ai atterri? Dans la Prison? Pensais-je après quelques minutes à reprendre un semblant de calme et de raison. Balayant les environs plus soucieusement, frictionnant mes bras qui étaient, à présent, nus de toute protection contre le froid, je ne vis absolument rien qui puisse m’indiquer que je me trouvais bel et bien dans la Prison de Ciel-Ouvert. Le contraire, de toute façon, m’aurait bien étonné. Même en Prison, les enchaînés avaient la possibilité de voir la lumière du Soleil se refléter dans leur rideau de glace tandis que dans cet Enfer obscur et noir, aucun éclat ne semblait vouloir faire chemin, tant les ténèbres qui enveloppaient cette place étaient épaisses et opaques. Un frisson me parcourut l’échine; non pas causé par le froid qui s’immisçait aussi violemment dans mon corps tout frêle et grelottant, mais bien parce que l’inconnu qui m’entourait m’était carrément terrifiant. Je ne savais pas du tout où je me trouvais: les murs, le plancher et même l’air que j’inhalais à petites bouffées m’étaient complétement étrangers. Frottant de plus en plus vigoureusement mes pauvres bras gelés, je décidais de me redresser de ma position assise, allongeant quelques pas pour ne pas rester immobile et me condamner à une glaciation lente et douloureuse, les coulés de larmes que je ne parvenais à tarir se cristallisant sur ma peau caramel, uniques vestiges de la femme esseulée et apeurée que j’avais été à cet instant précis. Mais je n’ai pas envie de mourir maintenant. Pas maintenant. Et surtout pas ici. C’est vrai. J’avais tellement de choses à accomplir. Autrefois, je n’aurais peut-être pas songé à cela – à m’accrocher aussi fermement à l’existence qui m’avait été offerte – et même que je me serais accroupie au fond de cette cellule glaciale et sombre, ne pensant à rien, uniquement concentrée sur le rythme de ma respiration, à tenter de savoir s’il diminuait au fil du temps qui progressait…

Mais aujourd’hui, il n’était pas question que j’abandonne aussi facilement le combat, que je baisse aussi rapidement les bras. J’avais encore un but à embrasser, un rêve à réaliser, un souhait à exaucer; une vie à vivre me tendait les bras, dans laquelle il fallait que je me plonge. Je ne pouvais pas simplement l’oublier. Et puis… Il entrait également dans l’addition. Il avait tant fait pour moi et, par caprice, par égoïsme, j’avais tout bonnement tourner le dos à toutes ces années qu’il m’avait offerte, à cette vie qu’il m’avait permis de vivre… Je ne pouvais pas partir sans lui avoir rendu la pareille; je ne pouvais pas simplement quitter cette Terre sans lui avoir montré ce que je suis devenue. Il fallait que je me batte, que je trouve une solution à mon problème, sans quoi, impossible pour moi de m’en sortir indemne. En plus, j’ai des amis à l’extérieur qui doivent m’attendre. Oui, avec Hakiel, nous nous étions promis de nous revoir bientôt; avec Asche, nous nous étions promis de surveiller les deux garnements de la maison; avec Miles, nous nous étions promis de trouver qui nous étions véritablement. Un sourire flotta sur les pans de mes lèvres, alors que je me tournais de nouveau vers mes chaînes, bien moins effrayée par elles qu’il y a plusieurs minutes. Je peux le faire! Je peux me Libérer et me défaire de ces chaînes! Aussitôt, je m’attaquais à ces dernières, avec la force de mes ongles, la force de mes bras, la force de ma détermination et de ma volonté à recouvrir ma Liberté.

Cependant, j’avais beau me battre contre ces menottes et ces chaines qui m’entravaient, elles persistaient également dans le combat, avec autant de farouche et de force que j’en détenais moi-même. Mes doigts, je les sentais à peine maintenant. Le froid n’avait pas diminué en intensité, malgré la chaleur qui traversait mon corps suite aux efforts que je déployais pour me soustraire à cette poigne de fer. Pourquoi ne partent-elles pas?

« Par Antarès! » Pestais-je les sourcils froncés, tirant une fois encore sur l’un des chaînons de la chaîne, essoufflée et éreintée par tant d’efforts dépensés, en vain.

Soudainement, à cet instant précis, on ouvrit brutalement la porte de ma cellule. J’eus à peine le temps de me retourner que je sentis une vive morsure me brûler la peau. Sans que je puisse le contrôler, mon cri se fracassa dans l’ensemble de ma cellule, surpris et atrocement douloureux.

« Qu’est-ce que tu tentes de faire, petite fleur? » Entendis-je d’une voix grave et narquoise, qui me fit aussitôt trembler de peur.

Le choc me tétanisa, m’empêchant de parler ou de faire quoi que ce soit. Même ma respiration se bloquait dans ma gorge, comme pour ne pas être obligée d’en traverser le tuyau et atterrir dans cette pièce. Un pas lourd et menaçant s’approcha de moi et, sans que je puisse bouger ou bien me défendre, on me rejeta violemment sur le dos. Je relâchais un hoquet de souffrance, la rencontre avec le sol s’étant fait beaucoup plus brutalement que je l’aurais soupçonné. Mais mon corps était si froid et frigorifié que j’avais l’impression qu’à un second contact de la sorte, je me fissurais avant d’éclater en mille fragments de glace.

« Tss! Lève-toi! »

Je fis du mieux que je le pouvais, mes dents se serrant sous l’assaut de la douleur et de l’engourdissement de mes membres. Mais se souciant à peine de la grimace qui défigurait mes traits, mon bourreau claqua de nouveau son fouet sur mon dos, et des larmes se remirent à couler sur mes joues, signe évident de ma fatigue, de ma terreur et de l’infime colère que je sentais naître au fond de ma poitrine. De quel droit m’infligeait-il pareille punition? Qu’avais-je fait pour mériter une telle torture?

« Suis-moi! Tu as du boulot à faire! »

Je n’arrêtais pas de pleurer, ne sachant que faire ni quoi dire. Travailler? Mais quel boulot? Et pourquoi? Une main rude, alors, empoigna mon menton et je pus, enfin, voir le visage de mon tortionnaire. Ses grands yeux, d’un vert étincelant, brillait d’une malice grossière et d’un sadisme dangereux. Les battements de mon cœur se mirent à exploser dans ma poitrine, tant la peur que cet homme m’inspirait était, tout à coup, importante et brutale.

« Tu es plutôt mignonne… Je n’ai jamais résisté à une femme qui verse des larmes… »

Il approcha son visage du mien et, vivement, je me reculais, détournant les yeux. Je l’entendis émettre un petit bruit sec avec sa langue et, sans crier gare, une main vint me gifler la joue. Je perdis l’équilibre, tombant au sol, à genou, mes deux bras, que je ne sentais plus, essayant de me soutenir du mieux qu’ils le pouvaient.

« Sale p*tain! Relève-toi! »

Le fouet claqua. Un nouveau cri perça ma gorge, comme mille aiguilles s’enfonçant à l’intérieur. Une chute de larmes se déversait dorénavant le long de mon visage, tandis que mon tortionnaire m’empoignait par les cheveux pour me traîner hors de ma cellule, des hurlements accompagnant le fardeau qu’il emportait avec lui, dans les tunnels sombres de cet étrange endroit sibyllin.


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Lun 25 Avr 2016, 01:59

À chaque coup de fouet qui claquait avec violence contre ma peau, m’arrachait des morceaux de chair, la colère de mon Élément – ma fureur – explosait de plus belle. Des arcs de Feu dansaient follement tout autour de moi, prisonniers d’un bal mortel et incontrôlable, avec l’unique intention de brûler la moindre chose, le moindre objet, qui s’avançait à leur portée. J’avais mal. La souffrance qui jaillissait de mes plaies béantes semblait me brûler le dos, le sang qui s’y déversait m’engourdissait les membres, épuisait ma volonté. Je souffrais tant, et de plus en plus. Ma douleur était devenue si vive que j’en étais, désormais, incapable de bouger, recroquevillé sur moi-même à encaisser les coups qui pleuvaient. Mon souffle était court, sifflant, et s’apparentait bien plus à celui d’un serpent qu’à un homme à présent. Ma vision se troublait en dépit de toute la lumière que je créais de mes Flammes, repoussant ces ombres qui paraissait m’engloutir. La force de mon corps commençait à me lâcher, peu à peu, qu’importe la détermination, qu’importe l’entêtement que j’y plaçais pour ne pas céder, pour ne pas tomber face à eux. Il n’y avait que le Feu, que ma rage et que ma confusion qui demeuraient pour me protéger de la douleur, de la puissance des coups de fouet qui me frappait sans pitié, sans arrêt. Je n’ouvrais plus la bouche, je n’avais même plus l’énergie nécessaire de me perdre à cracher des insultes sur ce foutu tortionnaire. Je n’avais qu’une seule idée à l’esprit de toute façon, une seule pensée qui avait encore un semblant d’importance à mes yeux dans cette situation désavantageuse : le brûler vif. Je devais le brûler vif.

Voilà tout ce à quoi je réfléchissais, voilà tout ce à quoi je continuais à nourrir ces Flammes. Comme si elles étaient un bouclier en même temps d’être des épées meurtrières. J’attaquais et je me défendais tout à la fois, sans relâche, répondant à mes instincts de survie les plus primaires qui hurlaient à m’en fendre le crâne. Mais il n’y avait une seule chose que je n’avais pas toujours comprise. Une chose que je continuais d’ignorer : ces fameux hurlements, ces cris qui me déchiraient la tête, n’était pas mon instinct, mais le bruit de mon cœur qui battait fort, trop fort, contre ma cage thoracique, parcouru d’une immense vague d’adrénaline. Je ne m’époumonais pas. Je ne m’étais jamais époumoné. Simplement, je me battais pour survivre. Comme un fou, comme un meurtrier, je m’accrochais à cette adrénaline pour poursuivre cette bataille que je livrais. Cependant, ces sons étaient si assourdissants, si bruyants, que je pouvais aisément les apparenter. Je voulais les apparenter, les confondre, pour continuer à vivre et supporter cette souffrance qui secouait mon corps en faisant trembler mes membres. Bordel, pourquoi ces maudites chaînes fondent pas?! » Peu importait l’intensité ou la chaleur du Feu : ces entraves qui me clouaient au sol refusaient de lâcher. Si ça se poursuivait comme ça, si ces chaînes ne cédaient pas, ça signifierait que j’aurais perdu tout mon temps et toute mon énergie pour quoi? Que dalle. Mis à part une pluie incessante de coup de fouet qui m’arrachait autant de cris que de bouts de peau en déchirant mes vêtements.

Cet homme bourru ressentait autant de peur que moi. S’il se déchaînait ainsi sur moi, c’était car il craignait de perdre le contrôle. Il était terrorisé à l’idée que ces Flammes le touchent et le consument sur place. Il ne voulait pas mourir. Et à force de s’égosiller comme un malade, ses hurlements résonnant tout à travers cette prison, il finit vraisemblablement par alerter un camarade, dont le bruit de ses pas claquant sur les pavés sales entre les cellules fut quasi étouffé par ses cris. « Mais qu’est-ce que t’es entrain de foutre débile? » Le nouvel arrivant empoigna solidement le poignet de collègue, interrompant enfin ces coups de fouet. Ce fut à la fois un immense soulagement et une malédiction pour moi : l’adrénaline qui avait traversé mes veines retomba, multipliant par dix la douleur qui me rongeait les plaies. Et, ni plus ni moins, je m’effondrai par terre, inerte, mes Flammes s’amoindrissant sans pour autant disparaître, répondant à l’épuisement de mon corps ensanglanté. « Si tu l’amoches trop, il servira plus à rien! » - « Mais fais-toi plaisir et détache donc ton p’tit chouchou! », Rétorqua l’interpelé. « Sauf que m’en veux pas si tu te brûles un peu les doigts, papa. » Le visage de son collègue pâlit légèrement à la vision du Feu fou. « C’est pas c’que j’voulais d- » - « Alors laisse-moi foutre mon boulot, m*rde. T’es qu’une sale mauviette. Regarde, je vais te montrer comment on apprend à un moins que rien de rester à sa place. » Il me donna un nouveau coup de fouet. Je ne hurlai pas : je n’avais plus la force de crier. « Il est déjà à bout imbécile. Et pis, t’as-tu déjà oublié les ordres du Maître à propos des récalcitrants? Ça te tente que j’te dénonce? » Le tortionnaire au fouet fit la moue. Cependant, il finit par hocher de la tête, les mains tremblantes. « Voilà. Maintenant, ouvre-moi donc cette p*tain de porte. » Les cliquetis des clés résonnèrent au creux de mes oreilles. Il y eut quelques bruits de pas, avant que je sente une haleine putride me cogner le visage. J’aurais voulu me relever, faire face à cet homme devant moi et le réduire en cendres sans pitié, mais l’état de mon corps et de mon esprit eurent raison de toute ma volonté : mon Élément s’éteignit dans un dernier cri de colère et de ressentiment. « C’que je déteste les gosses moi. », entendis-je le tortionnaire en retrait murmurer. Son camarade m’assaillit un violent coup de pied au ventre et un autre au visage, écrasant les dernières étincelles de Feu qui grésillaient. « J’pense pas qui puisse encore bouger, mais on sait jamais : maintiens-le. » Une paire de bras musclé et solide vinrent immobiliser mes propres membres supérieurs derrière mon dos, me plaçant dans une position – à cause de ces chaînes autour de mes poignets –  qui m’arracha un râle de souffrance.

On me força à ouvrir la bouche, tandis que l’un d’entre eux me faisait boire un liquide abject que je manquai de lui recracher. Aussitôt, mes muscles se détendirent, évaporant cette souffrance qui m’avait paralysé et emportant cette lucidité qui m’avait permis de tenir, d’encaisser les coups de fouet. Mon souffle redevenait peu à peu normal, mes iris esquissaient enfin les traits de ces hommes, mais toute intention de meurtre et d’assassinat m’avait quitté, comme si elles n’avaient jamais existé. Comme si je ne les avais jamais ressenties. On me délia des entraves en fer qui avaient comprimé mes poignets et mes chevilles, on me guida à l’extérieur de cette cellule crasseuse et sombre en me traînant comme un vulgaire pantin, sans que l’idée de fuir, de me rebeller n’eut traversé mes pensées au fur et à mesure qu’ils me faisaient enjamber les mètres, que j’enjambais les mètres. Toute trace de confusion ou de peur m’avait quitté. Tous souvenirs de cette lutte que j’avais menée avaient été oubliés. Et bientôt, je me retrouvai à travailler. Encore et encore. Toujours et toujours. Sans même me rendre compte de ce que je faisais. Sans me rendre compte où j’étais. Sans même voir ces gens qui travaillaient, eux aussi, autour de moi. Je ne ressemblais qu’à une enveloppe vide ayant perdu toute volonté : j’étais une enveloppe vide sans volonté. Je ne rêvais plus de ma liberté. Je ne me nourrissais plus de mon ressentiment ou de ma rage noire pour continuer à combattre.

Je n’étais qu’un esclave.  

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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Miles Köerta
Lun 25 Avr 2016, 05:39

Trahis par le gong
« L’esclave naît pour se défaire de ses chaînes »

Tout était noir et angoissant; tout était froid et inquiétant. Le claquement des fouets, qui mordaient frénétiquement la peau, faisait naître en moi un horrible et terrible frisson de panique. Cette ambiance lugubre me terrorisait et, bien rapidement, j’échappais la pioche que je tenais en main pour me frictionner les bras: ils étaient complètement gelés et où j’aurais eu besoin d’un tricot en laine de Weltpüff, j’avais une vielle et misérable loque qui me tombait jusqu’aux genoux, bien trop grande et large pour moi. Et même si je m’en accommodais comme je le pouvais – c’est-à-dire avec beaucoup de difficulté – cela ne changeait en rien ce que cette bande en peau ne m’offrait guère: j’avais besoin de chaleur, d’un minimum de confort; j’avais besoin, même dans mes vêtements, de me sentir en sécurité. Ce qui n’était pas le cas présentement, car ces habits respiraient la même austérité et la même froideur que cet endroit maudit: de l’air qu’il m’obligeait à inhaler. Du coin de l’œil, j’aperçus une silhouette se diriger dans ma direction et, sans m’attarder plus encore à ma misère, je repris ma pioche en main avant de recommencer mon manège, comme une automate. Lever, frapper, recommencer. Lever, frapper, recommencer. La silhouette s’arrêta quelques instants derrière moi: je pouvais sentir son regard de fauve analyser chacun de mes gestes avec soin. Mais observait-il mon travail de forçat ou regardait-il, plutôt, l’ensemble de mon frêle et maigre corps indésirable avec des yeux lubriques? Je ne pus empêcher un frisson glacé de monter sur ma colonne vertébrale, alors que mes deux bras soulevaient de nouveau ma pioche, que je fracassais de toutes mes maigres forces sur le caillou que l’on m’avait assigné. Je voulais qu’il s’en aille. Je ne voulais plus sentir ce regard de prédateur peser sur mes épaules. Ça m’effrayait, ça me déconcentrait, car je ne pensais plus au travail que l’on me forçait à accomplir: la seule pensée qui habitait mon esprit était la fuite, pure et simple. Je voulais m’échapper de ce trou, revoir un ciel bleu aux limites infinies au lieu de ce plafond noir parsemé de stalagmites, pouvoir sentir de nouveau la caresse chaude et réconfortante du Soleil à la place de la caresse que glissait ces mires malsains sur mon corps. J’essayais d’être inébranlable, continuant simplement mon travail. Lever, frapper, recommencer. Lever, frapper, recommencer. Faire abstraction de cette présence qui, décidément, ne me lâchait guère, puis lever ma pioche, frapper et recommencer.

Mais des pas se mirent à résonner et, sans le vouloir, je me paralysais d’effroi. C’était des pas qui se dirigeaient vers moi. Baissant ma pioche, me crispant comme pour être la plus petite possible, des larmes de peur commencèrent à couler le long de mes joues. Je ne voulais plus que l’on me fasse mal. L’autre geôlier s’était occupé de moi, m’avait fouetté, traîné sur le sol irrégulier et affreusement rocheux. J’avais crié, pleuré, supplié, mais il n’avait rien entendu – ou plutôt, il n’avait rien voulu entendre – frustré d’avoir été ainsi rejeté et il désirait simplement prendre sa revanche. Les premières minutes furent un véritable enfer. Il m’avait mis en main cette fameuse pioche et m’avait poussé, comme un déchet, contre la roche que je devais creuser. Fais vite, m’avait-il engueulé. Et sans ménagement, il m’avait fouetté, abattant avec fureur le cuir contre mon dos, alors que je hurlais de désespoir, et qu’il n’entendait rien, continuant de faire claquer son fouet sur ma peau, riant aux éclats, en écho à mes pleurs désespérés. Je n’étais pas forte, j’étais loin de l’être. Je ne pouvais endurer pareille traitement sans aucune expression. Car j’étais faible, minuscule, petite et vulnérable comme une mouche sans aile. Je ne pouvais me battre contre l’autorité ou bien me soulever pour me défaire de ces chaînes, que je traînais à ma cheville. Et il avait continué, longtemps, très longtemps, peut-être un peu moins, je n’en savais rien, mais une fois plongé dans ce genre de malheur, il était rare de suivre le cours du temps avec précision.

« Pourquoi t’es-tu arrêté de travailler? » Glissa alors une voix derrière moi, celle du geôlier qui s’était approché, et que j’entendais toujours s’approcher.

Je pleurais comme une madeleine, incapable de prononcer un mot quelconque au milieu de tous ces sanglots déchirants. J’avais peur. Il allait me faire du mal lui aussi. Il allait me fouetter, me battre, me réduire en charpie dans sa main. Je ne voulais pas ça, je ne voulais plus ça, et par instinct, je me recroquevillais encore plus sur moi-même. J’étais terrorisée, transi de peur.

« N-Ne me faîtes pas de mal… Parvins-je à gémir, mais je doutais qu’il m’ait entendu sous les larmes et la morve que je peinais à retenir. Ne me faîtes pas mal, je vous en prie… »

Le pas cessa et je me crispais encore plus, moyennement prête à recevoir le prochain coup. Il devait être en train de lever son arme; il devait avoir le bras tendu dans les airs, prêt à fracasser son bras armé sur moi, et je m’effondrerais comme une vulgaire et misérable poupée sur le sol, m’écorchant les cuisses et les bras… Ayez pitié, s’il-vous-plaît… Priais-je aux Dieux, le désespoir au ventre.

Mais au même moment, de nouveaux bruits de chaînes retentirent et, surprise, je me tournais vers la source de tout ce raffut. Et à la vue du forçat qui se faisait porter comme un misérable, je ne pus m’empêcher de faire un pas en arrière. Scott! Qu’est-ce qu’ils lui avaient fait?! Le jeune homme avait le regard si éteint et absent!

« Quel genre de drogue lui avez-vous administré? » Ria doucement la silhouette derrière moi.

Discrètement, je lui jetais un regard à la dérobée, croisant ses yeux d’un noir profond et insondable. Il était terrifiant, son regard, n’ayant pourtant rien de machiavélique ou de malsain comme l’autre de la dernière fois; malgré tout, il avait quelque chose de particulièrement intimidant. Rapidement, je détournais le visage, pour observer Scott.

Les tortionnaires du jeune homme se regardèrent, complices, suite à la question posée par leur compatriote. De mon côté, je me remis à travailler, ne désirant aucunement devenir le centre de toute l’attention. Il fallait que je continue de travailler, qu’ils foutent le camp rapidement pour que je puisse foncer droit sur Scott. Je n’avais pas été la seule à avoir été projeté jusqu’à cet Enfer. Et si Scott se trouvait ici, quelles étaient les chances que Brethil et Nimüe se trouvent également quelque part dans ces souterrains infernaux? Les chances étaient grandes.

Les trois hommes eurent un dernier rire avant de nous observer, tous les deux, et de s’éloigner, leur pas se perdant dans les cris et les bruits de ce Tartare réinventé. Aussitôt la menace parti – pour combien de temps encore? – j’abandonnais ma pioche pour me jeter sur Scott, la morsure des chaînes et du métal me brûlant la chair. Je trébuchais, tombais au sol, m’écorchant la peau, poussant un cri de douleur. J’avais mal. Je souffrais. Mais voir l’état de Scott me rendait terriblement inquiète.

« Scott… » Commençais-je avec faiblesse, avant de relâcher des larmes de détresse, complètement paniquée, amochée, meurtrie et profondément déstabilisée.

Mais le jeune homme, comme pris dans son monde, ne me répondit pas.

« Scott! Scott! Réponds-moi! Scott! Mon Dieu! Mais qu’est-ce qu’ils t’ont fait, Scott? Qu’est-ce qu’on fait ici? »


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Ven 29 Avr 2016, 19:30

Une paire de mains s’accrochèrent à mes épaules et elles commencèrent à me secouer. Il y avait une voix qui m’interpelait; elle répétait sans cesse mon prénom. Aisément, je percevais la peur coincée dans sa gorge. L’angoisse qui y suintait se reflétait au travers de ses gestes. Elle tentait de m’extirper de la torpeur dans laquelle on m’avait emprisonné. Derrière mes yeux vides, je voyais ses larmes coulées. Elles s’écrasaient sans arrêt contre ses joues recouvertes de saletés, elles se mélangeaient à la perfection à la détresse esquissée dans ses yeux vairons. Mais je ne lui disais pas un mot. Immobile, je la regardais. Elle me secouait, mais je n’essayais pas de la repousser. Pourtant, j’entendais parfaitement sa voix, sauf que je refusais de lui répondre. Cette terreur que je voyais danser dans ses yeux et qui se collait à ses traits me laissait légèrement perplexe – presque curieux. Pourquoi était-elle si effrayée? Il n’y avait rien à craindre, pourtant, si elle accomplissait le travail qu’on lui demandait. Cette pensée dominait toutes les autres dans ma tête; elle représentait l’évidence même qui s’imposait dans notre situation. Maeka ne l’avait donc pas encore comprise? Elle gaspillait inutilement son temps et son énergie à me parler. Elle n’avait pas besoin de me demander ce que nous faisions ici ou s’inquiéter de mon état, puisque que je me sentais… bien? À y réfléchir, ce n’était pas tout à fait le meilleur terme à employer, car après tout, je ne ressentais pas grand-chose à part une envie de poursuivre le travail là où l’Orisha m’avait interrompu. En fait, je n’étais même pas sûr si je pouvais vraiment décrire ce sentiment comme un réel désir. Je ne savais même pas si cette sensation méritait que je la nomme « sentiment » ou « émotion » à la base. Après tout, je ne ressentais rien, rien du tout. Il n’y avait que cet ordre de travailler qui était clair, qui manipulait mon corps à sa guise ou que je n’avais simplement pas la volonté de m’y opposer. À quoi ça pourrait servir de toute façon? Si je ne pouvais plus réfléchir correctement ou sentir autre chose que ce vide intérieur qui me grugeait, j’avais autant à compenser ce manque en travaillant sans  relâche et avec efficacité à l’instar de rester immobile. Voilà une réponse qui m’était facile de trouver au sein de ma propre confusion, de ce vide qui me pesait. Ainsi, je m’écartai brutalement de Maeka. Il n’y avait plus rien à bénéficier de son monologue et de ses pleurs. Dès le départ, les avantages à demeurer encore auprès d’elle n’avaient jamais existé.

Il fallait que je mette fin à ça immédiatement. « Je n’ai qu’un conseil à te donner, chuchotai-je la voix morne. Travaille et tout ira bien. » Cependant, à ce moment-là, il était déjà trop tard. « Qu’est-ce que vous fichez tous les deux? » Notre " conversation " avait beaucoup trop durée – si tant le mot était vraiment approprié. Quoi qu’il en soit, ce gardien nous avait coincés la main dans le sac. Si Maeka était terrorisée, moi, je demeurais impassible malgré ce dangereux ennui auquel nous nous confrontions. L’homme barbu croisa mes mires vitreuses, arquant un sourire menaçant : son fouet claqua au sol d’une manière significative. Pourtant, je n’ignorais pas que nos troubles avaient à peine commencé. « On s’apprêtait à reprendre le travail. » L’arme en cuir s’abattit violemment sur mon torse. Mon souffle se coupa et mes jambes cédèrent, affaiblies par les coups qu’on m’avait porté tout à l’heure. Je terminai ma chute brusque à genoux, grimaçant sous la vive douleur qui me brûlait la peau. « Je t’ai pas demandé de justifier quoi que ce soit, donc ferme-là un peu. » Il me cracha au visage, puis me frappa du bout de sa botte crasseuse dans l’estomac. « Mais j’hallucine : même drogué, on dirait que t’adore chercher d’autres problèmes. T’as besoin d’quoi pour enfin retenir la leçon? » Il me fouetta une seconde fois, et une troisième, avant d’empoigner le poignet de l’Orisha. « Les coups de fouet ne sont pas assez efficaces pour vous, pas vrai ma jolie? » Il éclata de rire. « Ça vous tente de subir une punition à votr’hauteur, les abrutis? Il fallait nous le dire avant si c’est ça que vous vouliez. » Ses iris étaient illuminés par un éclat dangereux qui ne présageait rien de bon.

Les paupières mi-closes, Brethil sondait lentement les Ténèbres agglutinées autour de sa silhouette, les doigts posés contre son crâne douloureux. Ses oreilles étaient assourdies par des sifflements lui déchirant les tympans. Sa vue était troublée – la noirceur des lieux n’étant pas le seul fautif – et une épaisse brume dansait au fond de sa tête. Elle souffrait le martyr. Il faisait si froid que l’Ange ne ressentait plus de sensations quelconques aux bouts de ses mains; bleuies à répétition de s’être faites mordre par les mâchoires du vent glacé qui voyageait dans cette pièce mal isolée. Son souffle se transformait en buée à chacune de ses expirations. Tous ses membres tremblaient comme des feuilles, transis par l’horrible manque de chaleur. Sur ses joues rouges, des larmes – preuve irréfutable de son effroi – avait coulé, avant de geler contre sa peau porcelaine, qui avait dangereusement pâli depuis qu’elle était captive au fond de ce trou à rats. L’Être céleste ignorait combien de temps s’était écoulé. Honnêtement, elle n’avait même pas compté. À ses yeux, ça faisait une éternité qu’on l’avait abandonné au milieu de ce froid polaire. Le poids de sa solitude, tandis qu’elle était plongée dans ce noir opaque, n’était pas étranger à son impression. Ils – Nimüe, Maeka, Scott et elle-même – étaient encore ensemble il y a… quelques heures? Ou plutôt, jusqu’à ce que le gong sonne, ils avaient été ensemble à Ciel-Ouvert, la magnifique cité des Chansons, encore sous l’enchantement de la prestation de Voix d’Argent. Et maintenant? Où avaient-ils disparu? Qu’était-il advenu de cette ville dans les montagnes de l’Edelweiss? Pourquoi était-elle toute seule, à croupir dans cet endroit inhospitalier?

L’Ange avait totalement confiance en l’Elémental pour s’en sortir – peu importe la situation dans laquelle il était coincée – mais Nimüe et Maeka… Pour cette dernière, Brethil ignorait sur quel pied danser à vrai dire. Sûrement, elle s’inquiétait à l’égard de la danseuse. Mais pas autant que pour la petite Bélua. Elle n’était qu’une enfant, et fragile par-dessus tout. Elle vivait noyée dans ses craintes, recluse dans son monde d’horreurs et de malheur que personne ne comprenait, sans pour autant supporter cette solitude qui la dévorait. L’Ange imaginait sans peine les grands yeux écarquillés de la rouquine fixé sur les Ténèbres d’une autre cellule miteuse, empoisonnée par une frayeur viscérale. La jeune femme eut un désagréable frisson : pourvu que Nimüe soit restée à Ciel-Ouvert! Mais son espoir s’ébranla au moment où ses oreilles captèrent le léger écho d’un pleur qui pourfendit le silence, son cœur manquant plusieurs battements. Juste ciel! Ne me dites pas que c’est elle?! « Nimüe? » Chuchota l’Être céleste, incertaine. Seul l’écho de sa propre voix lui répondit. Si… Elle ravala sa salive. Si Brethil se souvenait bien, le son avait semblé provenir de la cellule voisine, derrière le mur crasseux à sa droite qui la plongeait dans le noir. S’avançant à quatre pattes sur les pierres rugueuses du sol, l’Ange se rapprocha le plus près possible de la source du bruit, ne s’arrêtant qu’une fois qu’elle eut senti ses entraves la repousser vers l’arrière, lui brûlant la peau. « Nimüe, si c’est vraiment toi, réponds-moi! C-c’est Brethil! »

Sans le contrôler, ses larmes avaient recommencé à se verser contre ses joues : le silence s’était à nouveau adressé à elle. « Est-ce bel et bien toi Nimüe? Est-ce que tout va bien? » Il eut des reniflements de cette fois. « …J-je vais bien B-Brethil. » C’était elle; c’était la Bélua! « D’accord. Ne t’en fais pas, je suis juste à côté. Est-ce que Scott et Maeka sont avec toi? » Aucune réponse. « J-j’ai peur Brethil. » - « On va s’en sortir, aie confiance. » - « Mais je suis toute seule… » Le claquement de bottes contre les pierres dures du sol l’interrompit. Le temps semblait s’être immobilisé, aucune d’entre elles n’osaient encore respirer. Puis, le bruit de pas cessa soudain de résonner. L’Ange sentit les frissons glacés escalader la courbe de son dos, paralysée de peur. Il eut un cliquetis de clé qui tinta au creux de ses oreilles. Elle déglutit. Et Nimüe hurla.

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Miles Köerta
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Miles Köerta
Sam 14 Mai 2016, 02:50

Trahi par le gong
« L’esclave naît pour se défaire de ses chaînes »

C’était comme si Scott ne me voyait pas, ne m’entendait pas, ne me prêtait qu’une vague, voire absente, attention. Il me regardait, certes, mais avec des yeux si vides et si statiques que je me demandais, pendant quelques secondes, s’il ne dormait pas éveillé. Il ne parlait pas plus qu’il ne réagissait et cela suffit à monter, à un autre niveau, l’angoisse que je sentais envahir mon estomac. Scott semblait si peu affecté par ce qu’il se passait! C’était vraiment, vraiment effrayant, et des larmes, toujours, toujours plus abondantes, coulaient de mes yeux. Je ne comprenais pas, je ne saisissais absolument rien à ce qu’il se passait. Pourquoi restait-il aussi inactif? Pourquoi ne se mettait-il pas en colère? Pourquoi ne voulait-il pas se Libérer, par tous les Aetheri?! Ne voyait-il donc pas dans quelle situation nous nous trouvions? Ne sentait-il pas les chaînes et les menottes qui l’entravaient, qui lui mordaient la chair? Ne considérait-il pas cet endroit comme l’Enfer sur Terre?! Alors pourquoi restait-il aussi MOU?! Pourquoi ne réagissait-il PAS? J’étais complètement paniquée, le secouant avec le peu de forces qui me restaient déjà, la majorité de celles-ci ayant été avalé par ma peur et les pleurs que je ne pouvais m’empêcher de libérer dans des hoquets de terreur. La situation était complètement affolante et je ne réussissais pas à comprendre l’état statique de l’Élémental. Pourquoi ne faisait-il rien? Pourquoi continuait-il, tout simplement, à me regarder de ces yeux si vides?

« Scott, par Antarès, réagit… Fais quelque chose, je t’en prie… »

Et c’est ce qu’il fit, en s’éloignant brutalement de moi, en s’échappant de ma poigne. Je reniflais, incapable de comprendre ce qui lui arrivait. Puis, il se mit à m’adresser un discours complètement incohérent. Travailler et tout ira bien? Travailler et tout ira bien? Il croyait vraiment qu’en travaillant, TOUT irait bien?! Non! Rien n’allait! Absolument rien! Nous étions enfermés je ne savais pas où à subir les pires tortures qui existaient en ce monde et lui, tout ce qu’il avait à dire, c’était que nous devions travailler pour que tout ait comme il le fallait?! D’un battement d’yeux, je me mis à le dévisager, les larmes glissant le long de mon visage alors que la confusion la plus totale maquillait chaque parcelle de ma peau. Scott, juste ciel! Mais qu’est-ce que tu me chantes?

« Qu’est-ce que vous fichez tous les deux? »

Mon cœur se glaça à l’entente de la voix et lorsque je l’entendis s’approcher de notre position, mon corps, comme une défense – une très mauvaise défense – se recroquevilla brusquement sur lui-même, me laissant dans cette petite position de nouveau-né fragile et vulnérable, terrorisée et complètement pétrifiée. Surtout quand le fouet se mit à claquer violemment au sol: ça, c’était ma pire terreur.

J’entendis alors la voix de Scott qui tentait de nous défendre, mais sans aucune pitié, l’homme vint claquer le fouet sur lui, le jeune garçon tombant brutalement au sol. Un cri explosa dans ma gorge, alors que le tortionnaire lui abattait des coups, des crachats et d’autres claquements de fouet au visage, sur le corps… Je pleurais, je sautais sur l’homme à la barbe, lui demandant d’arrêter, lui informant que nous allions reprendre immédiatement le travail, mais il ne m’écouta pas le moins du monde. Brusquement, il m’attrapa le bras, esquissant un sourire sadique. Je pleurais de toutes les larmes de mon corps, incapable de faire autrement. J’étais trop faible… Mon Dieu, comment j’étais faible… Je glissais un regard en direction de Scott, qui se trouvait au sol, encore plus meurtri et blessé qu’il y a à peine cinq minutes. Une culpabilité sans nom montait en moi alors que le tortionnaire me forçait à le regarder droit dans les yeux.

« Vous allez morfler, les indomptables… Me glissa-t-il à l’oreille.

- Arrêtez… Arrêtez… Pitié… N-Nous devons continuer de travailler… »

C’était de ma faute si nous nous retrouvions dans une pareille situation. C’était de ma faute si Scott s’était pris pareils coups et qu’il se retrouvait dans un tel état. Mes sanglots se firent plus longs, plus intenses aussi, alors que la poigne de l’homme me serrait si fort le poignet que j’avais l’impression que mes os se briseraient.

« T’es une vraie petite sensible, toi… Ça sera plus amusant encore…

- Nous devons continuer de travailler… Nous devons continuer de travailler… »

L’homme me repoussa violemment et si soudainement que je me renversais au sol, poussant un gémissement. Son fouet, alors se fit plus menaçant et je fonçais droit vers Scott qui gisait au sol, comme une poupée de chiffon. Formant un mince rempart avec mon corps si maigre et faible, je me plaçais entre Scott et le tortionnaire irrité.

« Nous devons continuer de travailler… Nous devons continuer de travailler… Répétais-je inlassablement, pour nous donner une excuse, pour nous sauver.

- Comme c’est mignon! Railla l’homme en levant son fouet, m’envoyant un premier coup qui me mit immédiatement par terre. Pousse-toi! Tu seras aux premières loges pour voir l’agonie de ce garçon! »

Il m’envoya un coup de pied, mais je tins bon, crachant du sang, restant sur place, restant entre Scott et lui. Il ne le touchera pas: pas tant que je serais là… Mais mon corps, plus fort que ma volonté, était sur le point de céder. Il tremblait, il tremblait, et je n’avais aucun moyen de lui résister.

« Je t’ai dit de te pousser! » Cria-t-il en me fouettant, cette fois-ci, et je poussais un cri terrible.

Tenir bon… Tenir bon…

Mais je ne pouvais pas tenir bon. Pas si longtemps. Je posais un regard alarmé en direction de Scott et je lui envoyais une prière silencieuse, désespérée. Réveille-toi... Scott, je t’en supplie, par les Aetheri, réveille-toi!

« DÉGAGE! »

Je vis son pied filer droit dans ma direction et mon cœur rata un battement. Ç’allait être fini pour moi. Bon sang… Bon sang… Je ne pouvais m’empêcher de verser des larmes. SCOTT! Aide-moi!


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Trahi par le gong | Scott Signat16
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