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 Race against time [Scott - End]

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
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Miles Köerta
Dim 21 Sep 2014, 21:33

Race against time
In the morning -
« Don’t trust the words, but actions »

« Père… »

Passant ma tête dans l’entrebâillement de la porte, je reconnus son dos courbé par la fatigue et l’épuisement. Mais même en sachant que je l’ai appelé, il n’a pas répondu à mon appel, poursuivant sa contemplation des rayons matinaux qui perçaient le ciel. Il restait muet à ma voix, aveugle à ma présence, malgré les coups que je portais contre la porte de bois et les quelques murmures que je lui adressais. Alors, après quelques secondes, je me décidais à pénétrer dans sa chambre, faisant en sorte de faire un maximum de bruit pour l’avertir de ma présence. Mais au milieu du chemin, je m’arrêtais incertain, inspectant de nouveau sa silhouette écrasée contre le dossier de sa chaise. J’écoutais le rythme de sa respiration. Faible, constante, comme un souffle de vent venu caresser les rideaux d’une chaumière. Je me permis d’expirer un soupir, un doute insidieux se relâchant de mes épaules par la même occasion. Au moins, j’avais la preuve qu’il n’était pas mort. J’aurais pu m’y méprendre -avec sa posture, son manque de réaction, tout laissait à croire qu’aucune vie n’animait le corps de cet homme-, mais il était bien en vie. La nuit et le sommeil ne me l’avaient pas enlevé. Pas encore.

Peut-être qu’il s’était de nouveau endormi. Ces derniers temps, ça lui arrivait fréquemment: il s’installait quelque part à travers la maison, y restait quelques secondes avant de s’assoupir d’un sommeil de plomb. Il y a une semaine, par exemple, je l’avais retrouvé étendu de tout son long sur le tapis du salon; j’ai dû ensuite le ramener dans sa chambre, sans quoi, il aurait passé la nuit entière à profiter du confort d’un plancher de bois frigorifiant.

Encore quelques pas, et mes mains eurent suffisamment de portée pour pouvoir toucher son bras. Je sentis un léger tremblement entre mes doigts et sa tête dodelina faiblement avant de se relever et de se tourner dans ma direction. En quelques mois à peine, son corps musculeux avait perdu de sa vigueur, ses muscles, de leur force. Il ressemblait à un squelette mouvant. Son teint était devenu plat et terne, des cernes s’étaient dessinés sous ses yeux et ses joues se creusaient profondément, à cause de l’angoisse, des nuits blanches et de la douleur qui le tenaillait sans répit. Pourtant, son regard -mélange de turquoise et d’émeraude- n’avait en rien perdu de sa vivacité et de son éclat, malgré la maladie qui le tuait. Je le dévisageais sans expression, alors que les iris vairons de mon paternel se posèrent dans les miens et me sondèrent calmement, patiemment. Je lui adressais un maigre sourire.

« Père… Je dois partir. Ardwick m’a encore donné du travail pour aujourd’hui. »

Il ne dit rien, continuant de me percer avec ses yeux de rapace et je me redressais doucement avant de tourner les talons et de me diriger vers la porte. J’entendis un soupir derrière, et je ne pus que me retourner pour observer mon père, qui me fixait toujours. De longues secondes s’écoulèrent pendant que nous nous regardions l’un l’autre, essayant de fouiller et de comprendre les pensées qui traversaient nos regards. Et puis, la bouche de mon père s’élargit et de faibles mots se mirent à couler d’entre ses lèvres pincées.

« Tu n’es pas obligé de faire tout cela. »

Je détournais brièvement le regard avant de répliquer:

« Ce n’est pas une obligation, ne te méprends pas. Je le fais parce que j’ai décidé de le faire. »

Il eut un silence et je pris ce moment pour relever les yeux vers mon père, qui avait reposé son regard sur les vitraux de notre fenêtre.

« Tu ne vis pas ta vie de cette façon. Sache-le. Ce n’est pas une vie. »

Je ne dis rien, serrant mes poings avant d’enjamber les mètres qui me séparaient de la porte et de fermer celle-ci lorsque j’eus sa poignée entre mes mains. Pendant plusieurs minutes, je gardais mon dos adossé contre la porte, fixant un point invisible entre les planches du plancher, mais je repris bien rapidement mes esprits et quittais, par la suite, la maison. Père avait raison. Ce que je vivais actuellement ne ressemblait à rien qui pouvait paraître, de près ou de loin, à une existence digne de ce nom. J’en avais conscience, mais je ne pouvais pas me permettre de prendre ma vie en main et le laisser dépérir ainsi. Même si je n’avais pas de vie, je l’avais, lui, mon père. Et j’étais prêt à tout pour qu’il reste ici, avec moi. Pas besoin de vie, après ça.

❝…❞


Suivant les instructions que m’avaient données Ardwick hier soir -après lui avoir offert l’argent que j’avais dérobé dans la journée- je devais, en toute vraisemblance, voler le contenu d’un cargo qui devait se rendre, dans quelques heures, dans les cales d’un bateau en direction du continent du matin calme. Dans toute sa minutie, il m’avait également donné le profil des deux hommes que je devrais suivre en toute discrétion ainsi qu’une description sommaire de leur physique respectif: deux grands costauds à la tignasse rousse et blanche, l’un ayant toujours sur lui un foulard qui lui cache la moitié du visage et le deuxième fumant sa pipe comme un volcan en éruption. Alors que je m’insinuais dans les ruelles de Médigo, je me répétais sans cesse les consignes du magicien, fouillant les petits bâtiments à la recherche de celui que m’avait transmis Ardwick. Ce magicien était fabuleux. Il avait même été en mesure de trouver l’emplacement de leur point de transaction.

Cela ne me prit qu’une dizaine de minutes avant de trouver l’endroit en question. Je me faufilais, de mon pas léger, dans la ruelle qui juxtaposait le bâtiment avant de m’adosser contre l’un des murs de la bâtisse. J’attendis encore plusieurs minutes jusqu’à ce que les premières voix se fassent entendre de l’autre côté de la ruelle. Aussitôt, je ne bougeais pas, me contentant de rester dans l’ombre et d’observer les hommes s’échanger l’argent et la marchandise. Mon petit rouquin et son acolyte aux cheveux blancs en faisaient partis et je ne les lâchais plus des yeux. Effectivement, comme avait dit Ardwick, l’un portait un foulard et l’autre une pipe entre ses lèvres noires. Je me collais encore plus contre le mur lorsque les autres hommes s’éclipsèrent d’un même pas, comptant l’argent de leur transaction avec avidité et plaisance. Ils passèrent juste à côté de moi, et pourtant, ne me virent point ou du moins, ne prirent pas conscience de ma présence dans les ombres. Un sourire se profila contre mes lèvres à cette constatation, et je pus me concentrer à cent pour cent sur les deux hommes qui restaient dans la ruelle ainsi que la caisse qu’ils gardaient entre eux. Mon pouvoir m’étonnera toujours.

L’homme à la pipe et son ami au foulard restèrent debout un long moment, dos à la caisse, se parlant de ci et de ça. Franchement, je n’avais que faire du sujet de leur conversation. Mon but se trouvait dans cette caisse, et j’étais bien décidé à le leur piquer. J’attendis encore quelques secondes dans les ombres avant de me détacher du mur et d’avancer. Mon pouvoir toujours en action, je me collais à la caisse une fois arrivé à leur hauteur. Ils ne remarquèrent pas ma présence, bien trop concentré sur leur discussion, en plus de mon pouvoir qui diminuait de beaucoup leur vigilance. M’assurant, par la suite, qu’aucun des deux avaient un œil posé sur la caisse, j’ouvris minimalement le couvercle de celle-ci avant de plonger ma main à l’intérieur. Ce n’était pas évident, rendu à ce stade, car je n’avais aucune possibilité de voir ce que je touchais. Alors je pris ma chance, tâtant rapidement les textures et les formes jusqu’à ce que j’arrive à distinguer quelques pièces correspondant à la description que m’en avait faite Ardwick. La potion sera emballée. Cherche un petit récipient de forme rectangulaire. Il ne doit pas être plus gros que ton doigt. Je serrais les dents, alors que mes doigts s’activaient de plus en plus rapidement à chercher lequel serait le bon. Mais le temps ne jouait pas en ma faveur et, de désespoir, j’empoignais dans ma main quatre petits contenants avant de la retirer prestement.

Le couvercle se referma sèchement et durant une seconde, mon cœur manqua un battement. Les têtes rousse et blanche pivotèrent instantanément au son et leurs yeux étroits se posèrent sur mon visage.

« Ed… Je crois qu’on vient de piéger un petit rat », siffla, de manière forte menaçante, le rouquin à la pipe. Son acolyte ne dit rien, mais son regard de glace ne me lâchait.

Je déglutis et n’attendis pas que l’un des deux mastodontes se jettent à mon col. Rapidement, fourrant les quatre petits contenants dans la poche de ma veste, je me relevais et piquais un sprint dans la ruelle. Je pris la première courbe qui se présenta à moi et continua de courir à travers les rues. Non loin, je pouvais entendre les deux hommes me prendre en chasse.



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Sam 27 Sep 2014, 00:28

    Avais-je un truc de prévu? Non, je ne crois pas. Devais-je quitter la place et marcher seul, étant guider uniquement par mes pas? Peut-être. Je n’avais aucune idée de quoi faire. Partir ou rester? Je ne détenais pas la réponse. Du moins, pour le moment présent. J’avais le droit à une journée libre, réservé au repos ou à l’aventure selon ma propre décision mais j’ignorai encore quelle option je devais prendre. Actuellement, je ne faisais que regarder le ciel, les yeux plongés dans le vague, observant sans réellement porté une attention particulière, les nuages. En me questionnant. Sur les actions que j’avais prises, sur ma vie en général. Avais-je fait le bon choix en quittant de manière permanente mon ancienne habitation? Mon ancien chez-moi?

    L’ambiance hostile et silencieuse ne me manquait pas, certes, sauf que… je n’arrivais toujours pas à me faire l’idée que je venais de couper les ponts avec ma famille. Comme ça, sans être empêcher d’une façon ou d’une autre de partir. Depuis si longtemps que mon quotidien n’était que haine et dégoût, ça devrait pourtant me faire un grand plaisir d’être parti de mon plein gré mais je n’acceptais pas encore qu’elle m’est laissé quitter la maison sans lever le petit doigt pour me convaincre de rester. Ma propre mère n’avait pas réagie quand elle a vu que je partais pour de bon. Ça faisait mal. Très mal. Encore plus lorsque j’ai pris conscience qu’elle ne m’aimerait jamais comme avant. Que tous ses sentiments maternels qu’elle m’avait donné était partis à la seconde où ce sort m’avait frappé et que je suis devenu ce qu’elle détestait. Un élémental.

    À chaque jour passé en sa compagnie, dans le même lieu, m’avait clairement montré que ma mère ne me considérerait plus comme son fils. Sa chair, son sang. Quand je croisais ses yeux emplis de haine, je ne pouvais pas résisté. Je la détestais encore plus. De jour en jour, je commençai moi aussi à ne plus la voir comme étant ma mère. Et avant que cette pression devienne insupportable, j’étais parti. Je la détestais mais ce n’était pas une raison suffisante à mes yeux pour lui faire du mal. Je me sentais faible. J’avais de la difficulté à accepter le changement. Voilà qu’à peine je venais de démarrer une nouvelle vie que je ressentais de la culpabilité. D’être parti sans lui dire au moins un « au revoir. » C’était un caprice d’enfant, j’en avais bien conscience.

    De toute manière, que je revienne lui dire ou non changera rien du tout. Elle ne m’aimait pas alors toute marque de politesse ou de gentillesse venant de ma part la laisserait de marbre. Il valait mieux que je ne la revoie jamais. C’était le meilleur pour nous. J’avais choisi de partir, alors à moi de subir les contrecoups de mes actions. J’avais toujours attendu le jour où j’allais enfin pouvoir respirer un nouvel air, voire de nouveau horizon. J’avais fini par trouver ce pourquoi j’avais quitté ma famille. J’étais venu à Aeden, la ville des élémentals, créatures identiques à ce que je suis. Ici, je n’aurai pas à subir le poids des regards haineux et de la discrimination provenant des autres. Une vie libérée des chaînes de la haine. C’était le commencement d’un renouveau. Je tenais enfin la chance de recommencer.

    Ce n’était pas le sentiment d’appartenance à cette race qui m’avait poussé à venir m’installer ici. C’était la possibilité de voir une voie différente de celle que je parcourais depuis trop longtemps. Monter les échelons pour avoir la chance de me tenir aux côtés de la reine? Ce n’était pas pour moi. Je voulais… la paix. Certes, c’était un rêve qui avait quasiment aucune occasion de se réaliser mais, qu’il soit réalisable ou non, je voulais bien essayer de l’accomplir. J’avais envie de profiter au maximum de ma jeunesse. À quatorze ans, presque quinze, il ne restait pas grand-chose avant l’âge adulte et sérieusement, je n’avais pas envie. De devenir un adulte. À force de vivre, j’avais appris quelque chose à propos d’eux. Il y a des années de ça, quelqu’un m’a affirmé qu’il m’aimait, qui donnerait sa vie pour moi. Qu’elle pouvait faire n’importe quel sacrifice pour que je puisse mener une vie heureuse. Et j’avais cru en ces paroles. Mes yeux ont brillés d’admiration pour la personne qu’elle était, heureux de savoir qu’elle me soutenait malgré le fait que mon père me détestait. Mais au final, ma mère n’a pas tenu sa promesse. Elle m’a abandonné, menti. En conclusion, les adultes ne sont qu’une bande d’hypocrites. Si grandir signifie le début de fausses promesse et de rêve brisé, je préférais éviter de devenir un adulte.

    Voilà, je venais d’ajouter de la morosité dans la journée de repos. Maintenant, regarder les nuages m’énervait plus que tout. Je commençai à étouffer entre les murs de cet appartement. J’avais besoin d’air. D’aller à l’extérieur. Me rafraîchir les pensées et oublié toutes les émotions négatives que j’avais remonté en moi. Je me décollai du rebord de cette fenêtre et marchai jusqu’à la porte, que j’ouvris avec brusquerie. Je n’étais pas de bonne humeur. Juste penser à ma famille me jetai un froid. Quelle plaie. Moi qui croyais avoir laissé de côté le passé. J’avais encore beaucoup de chemin à faire avant que ces conneries ne deviennent que simple souvenirs.

    Reculés dans un recoin de mon esprit. Je sortis dehors en prenant une grande respiration. Je devais aller à quelque part. N’importe où mais pas Aeden. Je me dépêchai de courir hors de la grande ville et une fois à l’extérieur de la cité, je n’avais pas la moindre idée où aller. Dans la hâte, je n’y avait pas vraiment réfléchir mais là… Je me retrouvais contraint de vagabonder un peu partout pour me changer l’esprit. La question était… où pouvais-je me promener sans que cela pose de problème avec d’autres races? J’ignorai totalement quelles étaient les races alliées aux élémentals et… et puis m*rde! Depuis quand me souciais-je de ces détails? Les relations entre les races ne m’avaient jamais intéressé. Je n’allais pas commencer à m’en préoccuper aujourd’hui. Allons… Il suffisait toujours de prendre une direction et voir sur quoi j’allais tomber.

    En marchant plusieurs heures, je tombai finalement sur une ville. Une très belle ville, aux couleurs variées sans toutefois devenir extravagante. Rempli de gens de toutes sortes. Passant outre les jolies décorations, je m’enfonçais plus profondément dans les quartiers de la ville, sans trop savoir où aller. Plus j’allais dans les tréfonds de la cité, moins j’y trouvai de couleur. Les murs devenaient de plus en plus sobre, jusqu’à devenir totalement sale et noir. Un quartier pauvre, avec un taux de criminalité élevé sans doute. Bah, ce n’était pas si important. J’étais désormais habitué à fréquenter des lieux malfamés.

    Lors de mes passe-temps, je faisais bien du vol dans les poches des gens alors l’atmosphère me laissait de marbre. J’avançai juste droit devant, ignorant les regards des personnes aux alentours. À chaque tournant emprunté, il y avait de moins en moins de population, jusqu’à devenir quasiment vide. Il y avait des bateaux amarrés à ma droite. C’était donc le port de la ville. Enfin, je crois. Puis boum! Quelqu’un me percuta de plein fouet. Je perdis l’équilibre pendant la durée de deux secondes. Secoué, je levai les yeux vers celui qui m’avait foncé dedans mais il était rapide. J’ai à peine eu l’occasion de voir son visage. Uniquement ses yeux verts. Il devait être pressé pour courir à cette vitesse dans les rues. Tiens, d’ailleurs, dans sa hâte, il avait fait tomber des trucs par terre. Ça ressemblait à… des fioles.

    Bon, ce n’a jamais été mon intention de venir dans cette ville pour voler mais pourquoi pas? Ces trucs se tenaient en face de moi. Ce serait dommage de les laisser traîner ici. Si je les vendais à quelqu’un, je pouvais en tirer une bonne somme qui me permettra d’acheter des choses ou je ne sais quoi d’autre. Je me penchai et les ramassai avant de les mettre dans ma poche. Finalement, la collision avec l’autre type m’avait apporté du bon. Les mains dans la poche, je me mis à jouer avec mes trouvailles, content de moi-même.

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Miles Köerta
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Miles Köerta
Mar 30 Sep 2014, 04:27

Race against time
In the morning -
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Les deux molosses ne reculaient devant rien, enchaînant les enjambées à une vitesse ahurissante qui me laissait en haleine. Leurs jambes étaient longues, robustes; pour eux, ce n’était qu’un divertissement comme un autre, mais pour moi, je savais que c’était plus qu’un jeu. Je devais récupérer ces flacons. Pour Ardwick, c’est vrai, mais principalement pour mon père. C’est lui qui en avait véritablement besoin dans cette histoire. Alors il était hors de question de donner du terrain à ces sauvages. Pourtant, même en accélérant la cadence de ma course, je pouvais entendre leur souffle se répercuter contre le vent, leurs pieds frapper durement la pierre. J’avais le désagréable pressentiment qu’une seconde à l’autre, l’un d’entre eux tendrait son bras et parviendrait à me happer, comme un poisson qu’on prendrait de vitesse en le rattrapant alors qu’il retournerait s’écraser dans l’eau. Mais je n’attendrais pas que l’un des mastodontes se jette à mon col. Il fallait les semer, au risque de ne pas pouvoir les distancer sur un jeu de course à pied et, par chance, je connaissais plusieurs raccourcis et cachettes dans cette ville: l’un des nombreux avantages de faire ces conneries dans son petit coin de pays. Portant ma main à ma poche, je m’assurais que les quatre flacons s’y trouvaient toujours, frôlant la surface de verre des fioles et puis, revigoré par un drain d’énergie, je tentais d’augmenter encore plus ma course, avant de bifurquer soudainement dans une ruelle avoisinante.

Et de là, commença une course poursuite infernale. De haut en bas, de gauche à droite, pour tourner en rond ou revenir sur nos pas: je les faisais tourner en bourrique. À plusieurs reprises, je m’infiltrais à l’intérieur d’une ruelle sombre avant d’user de mon pouvoir et de les voir partir en ligne droite, juste devant moi. Et pourtant, jamais ils ne me remarquèrent, jusqu’à ce que je désactive ce dernier pour courir dans la direction opposée, faisant bien attention à causer le plus de bruit possible sur mon passage: une bousculade avec un innocent citoyen, renverser des poubelles, effrayer les animaux errants, tout ce que je pouvais tirer à mon avantage pour les déboussoler et les faire douter de ma véritable position. C’était trop facile. Comme si je leur envoyais un message: « Prenez la droite »  et qu’ils choisissaient plutôt la direction contraire, parce que j’aurais inscrit sur une affiche: « Il est parti vers la gauche ». Aussi simple, direz-vous? Oui, aussi simple, et cela suffit à les faire perdre ma trace définitivement.

Enfin, je me permis de ralentir le pas, jetant à tout-va des regards par-dessus mon épaule, prudent. Malgré l’extrême confiance que je donnais à ce plan, je n’en restais pas moins soucieux sur le rapport entre son efficacité et sur les aptitudes de mes poursuivants. Peut-être savaient-ils faire des choses dont je n’avais pas pris en considération à prime abord, et il fallait que je m’en méfie. Cependant, pour l’instant, je méritais un moment de répit. Bien gagné, ma foi. Collant mon épaule sur un mur, qui se situait tout près de ma position, j’inspirais et expirais à des intervalles réguliers, pour permettre à ma respiration de reprendre un rythme plus normal. Pendant ce temps, mes doigts glissèrent jusqu’à ma poche, mon esprit constamment soucieux de mes petits trésors. Un sourire fendait mes lèvres, fier de moi-même pour cette victoire ramassée. Je fouillais un peu plus au fond de ma poche, soupirant de contentement, lorgnant de nouveau l’arrière de mon dos. Et puis, je compris que quelque chose n’allait pas.

Je sursautais à ce constat, tournoyant sur moi-même avant de vérifier une seconde dans ma poche. Mes fioles, ces p**ains de flacons! Oh non, pas ça! Tout, mais pas ça! Où est-ce que je les avais perdus? Non, attendez, dans mon autre poche sûrement. Oui, ces onguents ne pouvaient pas être bien loin. Précipitamment, je me mis à chercher dans l’autre poche de ma veste. Puis, dans celui de mon pantalon bouffant. Rien. Rien, rien, absolument  rien! La panique commença à monter jusqu’à mon cerveau, alors que j’effectuais une deuxième recherche dans toutes les cavités susceptibles de pouvoir accueillir ces quatre flacons. Toujours rien.

« Non, non, non! C’est pas vrai! »

Je pris une grande inspiration, passant ma main sur mon visage. Où est-ce que j’aurais pu les perdre? Voyons, réfléchis, bon sang! Mais j’avais tellement voyagé durant cette course! Les fioles auraient pu se perdre n’importe où: dans un recoin sombre d’un caniveau alors que j’accrochais une nouvelle courbe, parmi les saletés que j’avais pu renverser dans mon sillage, pendant que j’avais foncé dans ce gars, en plein sprint pour effacer, une fois de plus, mes poursuivants. Pense, aller, pense! Si je revenais sur mes pas, il y avait de fortes chances que je recroise les deux molosses et… après les avoir si bien perdus, ce serait franchement dommage de les laisser me retrouver – additionné à l’absence total d’envie de me mesurer à eux, je n’avais vraiment AUCUNE envie de les revoir. Par contre, si je ne faisais pas tous les chemins que j’avais fait pour retrouver ces fioles… Je ne craignais pas que la déception d’Ardwick.

« Il fallait absolument que cela m’arrive », grognais-je en faisant demi-tour, pénétrant de nouveau à travers le dédale de ruelles de Médigo.



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Ven 03 Oct 2014, 01:21

    Ces fioles que je possédais entre mes mains… que pouvais-je en faire maintenant que je les avais obtenues? Pour répondre à mes interrogations, ce ne fut pas long avant que j’obtienne une réponse parmi les plus simples qui m’ont traversés l’esprit au moment où je me suis demandé ce que j’allais faire. Il n’y avait que deux options : tenter de chercher le véritable propriétaire pour les lui rendre ou les vendre dans les marchés noirs de la ville. N’ayant pas une âme de samaritain exemplaire, je préférai engager la voie la plus payante. Le contenu de ces objets m’indifférait. Il n’y avait que l’argent qui comptait actuellement. Tout au plus que je n’avais qu’entre aperçu celui qui m’avait bousculé, donc aucun indice sur son identité. C’était tant pis pour lui. Il avait perdu ce qui lui appartenait et présentement, les objets égarés étaient à moi. Si le garçon que j’ai vu tenait réellement à ces trucs, il serait revenu pour les reprendre. Fin de l’histoire.

    Alors, c’était une chose aller essayer de vendre ce que je possédais mais dans une ville où tout m’était inconnu, comment pouvais-je trouver des acheteurs dans le coin? La cité était grande, et les recherches prendraient beaucoup de temps et je n’avais guère le goût de demander aux passants mon chemin vers les boutiques. Par méfiance surtout et parce que je ne voulais pas revivre ce que j’avais vécu au port, il y a longtemps. En plus, depuis cet événement, ma vision des adultes s’était dégradé jusqu’à se transformer en dégoût profond des grandes personnes. Je ne leur faisais plus confiance et à leurs yeux, je n’étais qu’un môme inutile et agaçant. Que ce soit sur le continent calme ou celui-ci, les adultes étaient tous pareils : hypocrites et cruels. Même envers leur propre progéniture.

    Mes expériences au fil de ma vie m’avaient ouvert les yeux pour que je puisse enfin être en mesure de voir le monde tel qu’il est en réalité. Mon Univers n’était plus bercé d’illusion et de rêves stupides; il était guidé par le réel et la souffrance. Une douleur que je gardai à l’intérieur de moi, que je ne montrai à personne, car la confiance se mérite et jusqu’à lors, aucun des êtres qui s’étaient présentés dans ma vie ne répondait à mes critères. À part un ou deux mais dans leur cas, c’est complètement différent puisse que eux, c’était contenté que de me donner la vérité. Rien que la vérité, sans ajouts superflus.

    Je marchais à travers les dédales de rues, la tête constamment en mouvement pour être sûr que rien n’échappe à mes yeux. Pour le moment, rien à l’horizon qui puisse être un marché noir où je pourrais vendre les fioles aux substances inconnues. Un sourire s’étira sur mes lèvres, un sentiment étrange étant la cause de ce geste. Dire qu’il y a quelques années en arrière, jamais l’idée de voler et de vendre au marché noir m’aurait traversé l’esprit. En fait, je ne m’en étais jamais intéressé, à ces vies de crimes et de solitude. Pour l’enfant que j’étais avant, volé était mal. D’après les paroles de ma mère, une personne que j’avais adoré à mon jeune âge. Maintenant que j’avais quinze ans et que ma vie s’était écroulée pour en démarrer une nouvelle, ce genre d’action de criminel ne me dérangeait plus. Ça faisait partie de mon quotidien. Exactement comme se lever le matin et manger un déjeuner avant de partir.

    C’était assez surprenant, même pour moi. Je n’ai jamais été le genre de gars à accepter facilement le changement et les épreuves difficiles. J’étais le premier à craindre l’inconnu et la réalité de souffrance et de haine. Alors, comment avais-je pus tombé au niveau de voleur en si peu de temps, sans même me plaindre une seule fois? Mystère, car je n’avais malheureusement pas la réponse en main. J’avais de la difficulté à me comprendre moi-même. Avant, je possédais un tas de sentiments de bienveillance – avec des défauts dérangeant certes, - mais aujourd’hui, je m’étais métamorphosé en être froid n’ayant quasiment aucun remord à enlever la vie ou ce genre de chose. Qu’est-ce qui avait bien pu enclencher aussi rapidement cette facette de ma personnalité jusqu’à lors inconnue? C’était stupide se poser ces questions. Non, ce n’était pas les questions qui étaient stupides mais moi. Comment quelqu’un pouvait-il se rendre compte en retard qu’il avait changé?
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Miles Köerta
Sam 04 Oct 2014, 14:01

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Si j’aurais retrouvé le garçon que j’avais poussé plus tôt, je lui aurais bien demandé s’il les avait retrouvé, quelque part près de lui ou un peu plus loin sur le chemin. Ces fioles, elles ne pouvaient s’être envolées de mes poches par le bout de leurs ailes. Elles s’étaient égarées durant ma course et gisaient quelque part entre les quatre murs de cette cité. Baigné par la chaleur et la lumière d’un soleil timide, qui jouait à cache-cache avec des nuages épais, les ruelles des bas-quartiers n’en restaient pas moins peu bondées. Les activités des gens qui peuplaient ce monde ne se faisaient que de nuit: en général, Médigo tout entier vivait plus de nuit que de jour. Les rares âmes qui vivent, que je croisais durant cette matinée bien avancée, n’étaient que de vieux clochards ou des chiens errants, tous les deux à la recherche de quoi se mettre sous la dent pour ne pas crever. Par chance, aucune trace de mes poursuivants, qui semblaient avoir disparus dans la nature -et ce n’est pas moi qui allait m’en plaindre. Mais également aucune piste du garçon que j’avais bousculé dans la rue pour fuir. Lorsque je suis arrivé sur les lieux, il n’y avait plus un chat. Et aucune fiole en vue. Je poussais un soupir, me mordant frénétiquement le bout de la lèvre, commençant à sentir qu’une pierre tentait de s’infiltrer dans mon estomac.

Je n’aimais pas la situation dans laquelle je m’étais mis les deux pieds et pourtant, je ne pouvais pas m’en extirper avant d’avoir trouvé ce que je cherchais si ardemment. Croyez-moi, ce n’était pas de la tarte cette recherche. Fouiller dans tous les coins et recoins que j’aurais croisé durant ma course? L’acharnement avait ses limites, même moi j’en avais conscience, mais je songeais sérieusement à les franchir à présent, au vue des résultats que m’avaient donné cette recherche sommaire. Je ne pouvais pas revenir chez Ardwick les mains vides, prétextant une simple perte aisément remplaçable. Tu parles! Il m’arracherait la tête avant même que j’ai eu le temps de lui expliquer les chemins que j’avais parcouru pour me rendre à cette petite erreur. Il ne voudrait rien entendre. Moi aussi, à sa place, je n’aurais rien voulu entendre. Alors je poursuivis mes recherches, tête constamment baissée vers le bas, comme un chien qui traque une proie. J’examinais chaque petite cavité dans la pierre des bâtiments -au cas où qu’elles se seraient glissées là- chaque millimètre carrée du chemin que j’avais foulé, une heure plus tôt, dans l’espoir qu’elles ne se soient pas entièrement glissées dans les plus petites parts d’ombre de la ville. Une heure! Sans cette stupide erreur, j’aurais déjà donné les ingrédients à Ardwick, je serais déjà rentré chez moi, pour veiller sur Père, et je ne me retrouverais pas coincé dans la ville, condamné à chercher deux duos de fioles à travers toutes les cachettes possibles de cette grande cité -en somme, ce que j’étais exactement en train de faire présentement.

Je n’avais pas à me plaindre: c’était bien de ma faute si ces flacons n’étaient plus là, mais ô combien cela était chiant! Je pouvais être calme, minutieux, même lorsque ça me tentait moins, mais patient… J’avais mes limites ici aussi, et j’avais bien peur de les avoir atteintes ou du moins, de les avoisiner si près que ça revenait du pareil au même. Mais je ne pouvais pas abandonner Père ainsi. Le contenu de ces flacons -enfin, le contenu de l’UN de ces flacons, car n’oublions pas que je n’avais pas eu la possibilité de bien les examiner en les volant- devait être un ingrédient important dans l’expérience d’Ardwick. Peut-être… Enfin, je ne tenterais pas de jouer avec le hasard donc, ingrédient important ou pas, j’allais retrouver ces flacons et ramener le bon au magicien. Comme ça, je pourrais retrouver Père à la maison, en songeant que tout irait bien… Oui, tout devait aller bien.

Cependant, l’espoir ne tarda pas à se changer en colère, lorsque je frôlais les une heure et demi de recherche et cela, sans même avoir trouvé l’une des quatre fioles.

« Elles n’ont pas pu disparaître… »

Je me redressais une énième fois, après avoir inspecté le sol et un petit trou à rat au passage, levant les yeux au ciel. Il allait pleuvoir… Ça sentait l’orage. Je poussais un soupir, passant ma main dans mes cheveux ébouriffés. Toujours aucune trace des fioles, aucune trace de rien. À  moins que… Enfin… Non, je ne voyais pas pourquoi quelqu’un aurait pu s’intéresser à ça. Ce n’était que des flacons, remplis certes, mais des objets complètement anodins contrairement à un bijou ou à une montre à gousset, qui devaient rapporter bien plus que le petit contenu de ces bouteilles en verre. En gros, qui voudrait les voler? Excepté moi, évidemment, mais j’avais mes raisons.

Si je les avais croisés dans la rue, qu’est-ce que j’aurais fait? Regarder les alentours, forcément, pour voir si personne ne se trouvait dans les parages. Je les aurais observé quelques secondes avant de m’en désintéresser complètement… Oui, c’est bien ce que j’aurais fait… À moins que, les personnes qui les avait ramassé étaient… les deux molosses. Connaissaient-ils le contenu de leur cargaison ou faisaient-ils uniquement office d’intermédiaires entre les vendeurs et les acheteurs? Dans le cas contraire, ils pouvaient réellement connaître la nature des substances qui se trouvaient dans ces flacons. Je ne devais prendre aucun risque inutile, mais la possibilité que je doive retrouver mes deux bons amis augmentait de plus en plus, jusqu’à devenir une évidence.

N’importe qui n’aurait jamais posé les yeux sur ces flacons; un simple regard, certainement, mais ils s’en seraient vite désintéressés. Ça ne brillait pas, ce n’était pas fait d’or, d’ivoire ou d’argent, alors ça n’avait aucune valeur en soit. Mais la tignasse rousse et son acolyte silencieux, eux par contre, n’auraient pas hésité à reprendre ce qui leur avait été volé. Alors il fallait que je les retrouve au plus vite! Ardwick n’avait pas été explicite, mais je l’avais bien compris à la manière dont il me l’avait dite. Dans quelques heures, pas moins d’une ou deux à présent, mon butin partirait dans les sous-sols d’un bateau en direction du continent du matin calme. Il fallait que j’empêche ça. Dans un grand saut, je repris de la vitesse avant de filer rapidement. Une chance que je connaissais la ville, bon sang! Je pouvais prendre un raccourci dans cette direction!



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Sam 04 Oct 2014, 17:56

    « Alors p’tit gars, qu’est-ce qu’tu m’ramène? » L’haleine fétide de cet homme me frappa au visage. Le nez froncé par la mauvaise odeur se dégageant de la personne, j’essayais, en utilisant le maximum de la volonté que j’ai pu acquérir, de ne pas démontrer d’autres signes du dégoût qui me parcourait. L’expression neutre, ayant aucune émotion particulière au creux de mes yeux, je pris avec une précaution non-cachée, les fioles que je traînais à mes côtés. La substance qui était à l’intérieur de chacune d’entre elles semblaient piquer la curiosité de cet acheteur, donc le regard se fit insistant et envieux. Ainsi, le contenu de ces objets égarés avait une quelconque valeur, du moins, aux yeux de l’homme qui se dressait en face de moi. Je me demandais bien pourquoi. Les liquides emprisonnés ne brillaient pas, ses couleurs ne rappelaient ni celle de l’or ou d’un autre métal précieux connu par moi ainsi que plusieurs autres contrebandiers… mais ce n’était guère d’une importance de savoir ce que les fioles renfermaient. Mon unique but, c’était la vente. Les détails qui l’accompagnait… était juste des informations inutiles et sans intérêt. La curiosité trop poussé n’avait pas de place dans le monde des criminels.

    Les mains de l’homme se rapprochèrent doucement des objets, attirés par la valeur qu’elles pouvaient avoir. Ayant prévu en partie cette action venir, je remis trois de ces fioles dans ma poche, conservant l’unique fiole qui contenait du gaz orangé au lieu d’un liquide dans ma paume qui se referma devant les yeux de ce personnage. Il eut l’air déçu de ne pas avoir eu plus amble temps d’admirer ce que j’étais venu pour lui vendre, mais il se redressa, les bras collés contre son corps. Un sourire étira le coin de mes lèvres, un message ayant pour signification que, malgré mes apparences de jeune adolescent, je n’en étais pas moins naïf et idiot. J’espérais qu’il le comprendrait à la perfection. Un soupir échappa de la bouche de l’homme, sa queue de cheval argent qui suivit le mouvement de sa tête en symbiose. « Où as-tu trouvé ça? » demanda-t-il en pointant avec le menton ma main fermée. Gardant toujours ce petit sourire, je lui répondis d’un ton neutre et détaché. « Ça n’a aucune importance. Tout ce que je veux, c’est connaître la valeur de ces fioles. »

    Je crus l’entendre murmurer quelque chose, mais je n’avais aucun moyen d’en être sûr. Toujours en ayant une gestuelle lente, j’ouvris ma main pour le laisser observer cette fiole. J’avais besoin qu’il me dise un prix et même si ma confiance en lui était inexistante, j’avais l’intention de prendre tout le temps nécessaire dans la négociation d’un prix. Les yeux bleus de cet homme me scrutèrent avec intensité, jusqu’à me donner un sentiment de malaise. Après une dizaine de seconde de combat de regard, l’acheteur finit par porté ses yeux à la fiole. « Désolé pour toi p’tit gars mais ces trucs ne valent quasiment rien. » La colère envahit mon esprit. Ce type jouait avec mes nerfs, il essayait de me mener en bateau. Quel con*ard! Croyait-il que, parce que je n’étais qu’un enfant, que je n’avais pas aperçu son regard d’avarice quand je lui avais montré ces fioles? « Comment peux-tu en être aussi sûr? Tu les as à peine regardés. » Pour lui mettre une dose de pression, je sortis une autre fiole, avec du liquide bleu. L’homme eut de la difficulté à ne pas poser son regard sur l’objet. « D’après ce que je sais, c’est moi l’expert ici. Si je te dis que ces fioles ne valent rien, elles valent rien! »

    Respire. Tranquillement. Ne laisse pas la colère fausser ton jugement. Cet homme me donnait envie de hurler. Savait-il depuis combien d’heures j’avais cherché un acheteur? Savait-il que ma patience avait atteint ses limites? Non, bien sûr que non. Sinon, il ne perdrait pas son temps à jouer à ce jeu ridicule avec moi. Mes yeux se firent plus froids et noirs. Mon sourire disparaissait peu à peu. Je devais être fort. S’il gagnait ce jeu, tout était finit. Pour la vente et peut-être pour moi. Par prudence, je remis dans ma poche le liquide bleu. Je devais tenter une nouvelle approche. « Puisque c’est ainsi, je suppose qu’il n’y a pas d’objection à ce que j’ailles voir ailleurs non? » Je le bluffai carrément en lui laissant que deux options possibles : me laisser partir ou bien me convaincre de rester. Je fis mine de faire demi-tour, lui jetant par-dessus mon épaule un regard pour observer son visage. Il avait les lèvres serrées. Bien.

    Dans deux secondes environ, l’homme me demanderait de revenir, j’en étais sûr. Un. L’homme serrait les poings, incapable de cacher sa frustration. Deux. « D’accord, d’accord. Je veux bien avoir ces trucs, mais avant, je veux voir leur propriétés. » Je le savais, ça été vraiment facile. Affichant un sourire victorieux, je retournai sur mes pas. « Tu vois? Ce n’était pas si difficile après tout. Combien tu me donnes pour la fiole orange? » « Le contenu avant. » Je soupirai, mais j’obtempérai quand même à sa demande. Doucement, je retirai le bouchon de la fiole que j’avais en main et l’effet se produisit dans l’immédiat. Dès que le gaz fut en contact de l’air, il explosa en un bruit épouvantable. En plusieurs petites flammèches qui virevoltèrent partout : sur le visage de l’homme qui se mit à hurler, parmi les passants à proximité, qui, à la vue de ses flammes dansantes, se mirent eux aussi à crier et sur moi. Sauf que dans mon cas, les flammes ne me dérangeaient pas.

    Je ne pouvais pas en dire autant pour l’acheteur qui se mit à rouler sur le sol en cachant son visage avec ses deux mains. Oups. Ce n’était pas vraiment ce que j’avais prévu qu’il se produirait mais le gaz s’étant complètement échappé de sa fiole, il ne risquait plus de faire grand-chose. Je m’éloignai de l’homme à la queue de cheval et ne sachant que faire, regarda ces personnes s’affolés dans tous les sens. Une forte odeur de brûlé fut suspendue dans l’air.
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Miles Köerta
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Mer 08 Oct 2014, 13:46

Race against time
In the morning -
« Don’t trust the words, but actions »

Je courais à perdre l’haleine, n’ayant qu’une préoccupation à l’esprit: les fioles. Que j’écrase un excrément durant ma course, que mes pieds glissent sur le pavé des trottoirs, que mon corps percute celui d’un autre, je n’en avais rien à faire en toute honnêteté. Le temps pressait, et plus vite j’arrivais au port le plus proche, plus seront efficaces mes actions une fois rendu sur les lieux. Mais déjà, il fallait que je m’y rende sans perdre une seconde de plus. J’avais tellement perdu de temps à chercher inutilement dans les ruelles aussi… J’aurais dû y penser plus tôt, au lieu de quoi, les deux autres mecs avaient pris incroyablement de l’avance à présent. Mais j’avais confiance que je pouvais rattraper mon retard. Il suffisait que j’augmente mon rythme de course, que je délaisse toute abstraction derrière moi pour uniquement me concentrer sur la route. Tourner vers la droite à la prochaine courbe, escalader la petite grille de métal et passer au-dessus. Mes pensées n’étaient habitées que de ce genre de réflexion, tandis que les obstacles se dessinaient devant moi, comme je me les montrais dans mon esprit. Agilement, j’avais attrapé la grille, refermant mes doigts sur les petits carrés formés par le métal, avant de me propulser vers l’avant, grimpant comme l’aurait fait un petit singe sur l’un de ses bananiers. Passant de l’autre côté, j’atterris lourdement sur mes jambes, qui ne purent que fléchir pour amortir le choc, avant de reprendre ma course folle.

De là, je savais, de mémoire, que se trouvait quelques commerces disons… inappropriés pour les jeunes enfants. La drogue était en vedette ces derniers mois et une fois le soleil couché, les lampadaires de la ville allumés, des femmes et des hommes se mettaient en chasse de leur prochain client, qu’ils pourront satisfaire toute une nuit durant, avant de filer, comme s’ils n’auraient jamais existé, l’aube levée. C’était dans ce genre de trou que je parvenais, de temps en temps, à dénicher ce que me demandais Ardwick pour ses recherches et à l’intérieur de ce réseau, l’argent coulait à flot. Après, je ne disais jamais au magicien où je réussissais à prendre toute cette argent, même si j’étais certain qu’il le savait au fond, mais il ne l’avait jamais relevé. En tout cas, cela voulait dire qu’argent sale ou non, il s’en moquait un peu en fait, et c’était tant mieux pour moi. Quoi qu’il en soit, en pénétrant dans la ruelle partiellement sombre -je ne savais pas si c’était à cause de l’atmosphère qui régnait dans ces lieux, malgré le soleil- je n’avais aucunement peur des regards perçants qui se posaient indéniablement sur moi ou bien des hommes, avec leurs dents croches, leurs yeux semblables à ceux d’un loup, qui me chuchotait au coin de l’oreille pour m’attirer dans les filets de leur commerce. Précédemment, j’avais dit que je faisais abstraction de tout, excepté de ma route. C’était encore le cas ici. Pressé, je ne faisais que regarder devant moi, droit devant.

Jusqu’à ce qu’une détonation explose derrière moi, vers ma gauche. D’abord le bruit, ensuite les cris. Je ne devais pas me préoccuper de ça… Ce n’était pas important. Tout ce qui comptait, c’était retrouver mes fioles.

Mais la curiosité fut la plus forte. Un petit regard. Je n’allais que jeter un coup d’œil pour voir ce qui se passait exactement. Et je pivotais ma tête vers l’arrière, balayant la zone dévastée des yeux. Des flammes léchaient le sol ainsi qu’un corps mouvant en grands battements, qui criait en grands hurlements d’horreur et de souffrance. Une autre silhouette se tenait, debout, face au corps brûlé, mais le plus surprenant, c’est qu’elle se faisait manger par les flammes, mais ne réagissait pas. La silhouette restait tout simplement immobile, jusqu’à ce que les premiers passants à réagir traversent la ruelle pour venir aider l’homme en flamme. Je plissais des yeux, faisant pivoter tout le reste de mon corps finalement, dévisageant la silhouette qui reculait et reculait, pour s’éloigner le plus rapidement possible de l’agitation engendrée. Pourquoi j’accordais autant d’importance à cette silhouette, dont je ne connaissais le nom? Vous n’allez pas me croire, mais en fait, c’était le mec que j’avais bousculé.

Et dans l’une de ses mains, il tenait une fiole.

Alors c’était lui… Ma mâchoire se crispa et mon regard se fit plus dur que de la pierre. Bon sang! Alors c’était lui qui avait foutu le camp avec MES fioles?! Et moi, comme un imbécile, j’allais partir vers le port pour aller intercepter les deux mastodontes! Bon sang!

D’un pas énervé, je courus jusqu’au jeune homme, sur qui les flammes avaient cessé de jouer. Je ne m’attardais pas plus longtemps sur ce phénomène, l’esprit en ébullition. Je me fichais des cris de l’autre, je me fichais des flammes qui dansaient follement dans les airs et de l’odeur de brûler qui montait dans le ciel. Non, tout ce que je voyais, c’était que ce sale voleur avait mis les pattes sur mes fioles et qu’à présent, il tentait de les vendre?! C’était quoi ce bordel?! Arrivé à sa hauteur, je le pris par l’épaule avant de le tourner sèchement vers moi. Je n’étais en rien délicat, mes doigts s’enfonçant dans son épaule pour le faire réagir plus encore.

« Rends-les moi. Je sais que tu les as, alors rends-les moi. »

J’exerçais une pression plus forte sur son épaule, que je malaxais presque entre mes doigts crispés, pour lui faire bien comprendre que je savais que c’était lui. D’ailleurs, mon regard se fit intensément insistant sur le petit flacon qu’il tenait entre ses propres mains.



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Ven 10 Oct 2014, 01:13

    Il n’y pas grand nombre d’occasion où j’ignore quoi faire. Si je dois faire ceci ou cela; ce n’était pas des questions qui allaient et venaient souvent dans mon esprit. Pour tout dire, quand je prenais certaines décisions, ce n’était pas pour regretter après. À part pour des cas en particulier, mais ceux-ci me concernent beaucoup sur mon plan sentimental et familial. En grande majorité. Cet homme qui avait cru pouvoir mener une bataille de négociation de prix avait payé fort pour assouvir sa curiosité et son envie. Son avarice pour l’obtention de la fiole au contenu gazeux l’avait poussé à commettre une grave erreur. Une lacune qui, d’après mes observations poussées de la position où j’étais, allaient peut-être bien lui coûter son visage.

    Quel dommage. Sa figure finissant brûlé, ses longs cheveux argent n’ayant plus d’occasion rêvés de repousser sur sa tête. En ouvrant la fiole et en laissant ce gaz se mouvoir dans l’air, je lui avais volé ce qu’il avait de plus précieux sans doute : son identité. Il y avait toujours la solution de la magie pour guérir ces blessures, mais je ne puisse pas vraiment croire que les brûlures sont si simples à soigner. Un sourire froid fendit mon visage en deux. Ce n’était pas mon problème après tout. C’était entièrement de sa faute, uniquement la sienne. Qui avait insisté à voir ce que contenait sa marchandise? Qui m’avait poussé à bout, au point que je sois obligé de lui faire du chantage? Ce n’était pas moi qui avais commis toutes ces actions. C’était lui, et ce qu’il vivait présentement, couché à terre en train de hurler comme un demeuré, était les résultats. Déplorables, mais qui ne changerait rien aux faits.

    Ce que les adultes pouvaient manquer de jugement parfois. C’était à la limite si je ne les trouvais pas plus stupides et irréfléchis que les jeunes. Un acheteur, un vrai et un bon, n’aurait pris aucun risque à demander à celui qui vendait sa marchandise d’ouvrir tout bêtement le contenu. Pour éviter les pertes et les accidents qui pourraient se produire si jamais le produit était dangereux. En plus d’être un homme trop gourmand et avare, je pouvais ajouter l’idiotie parmi ses défauts. Nulle intention de ma part d’aider un idiot qui criait à cause de petites flammèches sur son visage et ses vêtements. De toute façon, il y avait déjà une bonne partie de passants qui accourait lui apporter leur aide.

    Des femmes, des hommes étaient agglutinés en cercle autour de lui, demandant à chaque seconde si la victime des flammes allait bien. Je dus utiliser l’entièreté de mon contrôle de moi-même pour ne pas rire sarcastiquement. Ces personnes étaient-elles aveuglent ou imbéciles? Ne croyaient-elles pas qu’un homme qui se changeait petit en petit en rôti n’allait forcément pas bien? Ce que la population pouvait s’encombrer de questions stupides parfois. À un moment, une femme eut même la brillance d’esprit de venir vers moi, les yeux écarquillés d’horreur et d’inquiétude. « Je… jeune homme… tu ne te rends pas compte que… que tu brûles toi aussi? »

    Ah oui? Sérieusement, j’avais été trop occupé à critiquer en silence les gens pour faire attention à moi, mais effectivement, mon corps était ravagé par les flammes. Je ne m’en étais pas rendu compte, mais puisque cet élément faisait maintenant partie de ma vie, je n’y accordais plus d’attention. Ce n’était pas comme si je risquais quoique ce soit non plus. Un élémental de feu tué par des brûlures? N’importe quoi. Après avoir rassuré la dame en lui disant un faible « tout va bien », j’éteignis les flammes qui dansaient sur mes vêtements, tranquillement, jusqu’à ce qu’une main se pose avec violence sur mon épaule, qui me força à pivoter pour faire face à face à un gars que… je n’avais jamais vu de toute ma vie. La pression qu’il exerçait sur mes muscles s’accroîtra, comme s’il n’était pas suffisant qu’il m’oblige à le regarder. Il commença à me crier de lui rendre des trucs, en accentuant ses mots quand il m’a dit savoir que je les avais. Après, il mit encore plus de force sur mon épaule, comme s’il voulait en terminer le plus rapidement possible.

    Mais cette ville était infestée de types ayant une coche en moins?Premièrement, qui était-il? Le gars semblait me connaître mais personnellement, sa tête ne me disait rien. Ensuite… rendre, rendre. Lui rendre quoi au juste? Il devait me confondre avec quelqu’un d’autre. C’était sans doute ça. « Mais t’es qui toi? Je ne t’ai rien volé, alors fiche-moi la paix, veux-tu? Je ne te connais même pas. »
    Il avait commencé à être hostile, alors je ne voyais pas pourquoi je devais lui montrer du respect aussi. Sans aucune douceur, je retirai la main qu’il avait posée sur moi et le toisai avec un certain mépris. Ma discussion avec l’acheteur m’avait bien mis les nerfs à vif, je n’avais pas de patience pour les gens qui s’en prennent à des inconnus. D’ailleurs, en parlant de l’homme aux cheveux d’argent… des personnes dans l’attroupement avaient dû user de leur magie, car il se plaça pile devant le mec aux yeux verts, le regard mécontent.

    J’ignorai les sorts qu’on lui avait administrés, mais les soins apportés n’avaient pas effacés entièrement ses brûlures. « Sale môme… tu savais ce que le gaz allait faire et tu l’as ouvert quand même? Tu risques de le payer cher tu sais? » C’était quoi son problème de se planter au milieu d’un conflit avec un autre? Et puis d’abord, ses menaces, je m’en foutais comme une deuxième paire de chaussure. « Comment je pouvais savoir que ça allait exploser? Je les ai juste trouvés par terre et je les ai ramassés. Je n’ai rien à te rendre. » La mâchoire de l’acheteur se crispa, mais je ne fis que le contourner pour m’adresser au plus jeune, sans accorder plus d’attention à l’homme à la chevelure d’argent. « Tu dois te tromper de gars. Peu importe de quoi tu m’accuses, je n’ai rien fait. »

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Sam 11 Oct 2014, 16:21

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Violemment, il retira ma main de sur son épaule, mais je ne me dérobais pas. Rien volé, vraiment? Et ce qu’il tenait entre les mains, c’était quoi au juste? Hahahaha, ça? Simplement les petites épices de ma mère. Il se fichait de moi, sérieusement! Bien sûr qu’il me les a volé! Et maintenant, il pensait vraiment pouvoir me faire croire qu’il était innocent? Peut-être ne me reconnaissait-il pas -peut-être-, mais moi, j’avais eu tout le loisir de l’observer avant de foncer sur lui, quelques heures plus tôt. Alors il ne pouvait pas jouer ce petit jeu avec moi. Il avait une fiole dans ses mains et en regardant le genre d’endroit où nous nous trouvions, il n’était pas venu ici pour faire ses courses, c’était certain.    

« Moi, je te reconnais et je ne te lâcherais pas tant et aussi longtemps que tu ne m’auras pas donner ce que je veux. Les fioles, bon sang! Ce n’est pas compliqué! »

Mais au même moment, un homme s’interposa entre nous, pour faire face au jeune garçon. Lui non plus ne paraissait pas content, et quelques zones rouges sur sa peau fumaient encore un peu. Vaguement, je balayais la rue de mon regard, vers la droite, là même où s’était roulé l’homme en flamme lorsque j’avais déboulé sur les lieux. À cette position, il ne restait plus que des spectateurs ébahis, curieux des événements qui éclataient à toute vitesse aujourd’hui. Deux mecs sur un gamin, ce n’était pas monnaie courante, et ça offrait un magnifique spectacle en soi. Cela dit, j’étais bien trop énervé pour leur prêter un semblant d’attention, et si mon regard leur tombait dessus, j’étais très loin de me montrer amical. La pupille noire, la mâchoire contractée, je leur faisais clairement signe qu’ils devaient dégager, que ce n’était pas de leurs potagers, ce conflit. Même cet homme qui s’était placé devant moi, je devrais lui botter les fesses! Je devais retrouver ces fioles, je devais les amener à Ardwick pour qu’il puisse continuer ses recherches. Chaque seconde que je perdais ici était une seconde de moins pour Ardwick et ses projets, donc en toute honnêteté, je me fichais de savoir qu’il avait brûlé, qu’il avait souffert, qu’il voulait se venger, et blablabla, barbant, pas mon problème! Il fallait que je mette un terme à leur dispute ridicule pour que je puisse enfin m’entretenir, seul à seul, avec l’autre garçon. Il devait me redonner les flacons. Point barre.

Cela dit, une information de l’autre garçon attira finalement mon attention, et mon regard se porta par-dessus l’épaule de notre grand brûlé. Il avait trouvé les flacons par terre. Sûrement après notre bousculade. Ça n’avait pas été une petite poussée de rien du tout, maintenant que je m’en rappelle. Un peu plus, et je l’aurais littéralement lancé par terre. Enfin, ça ne changeait rien à la situation. Il avait en main mes trésors. Je devais toujours les récupérer. Sans toucher l’homme, lui accordant autant d’attention qu’il aurait pu accorder à un chat mort, le garçon revint vers moi, son regard se plantant dans le mien. Il était sûr de lui, convaincu, que je me trompais de tête. Seulement, j’étais certain de la sienne.

« Je me fous de tes histoires. Tout ce que je veux, c’est que tu me donnes les fioles que tu as trouvé par terre. Elles sont à moi. Je les ai fait tomber. »

Si je lui avais dit que je le trouvais coupable, j’aurais employé exactement le même ton de voix. Mais mon but n’était pas de me montrer aimable en sa compagnie. C’était de reprendre ce qui m’était dû.

« Si tu crois que tu t’en tireras en m’ignorant », s’exclama soudainement l’homme qu’on avait complètement abandonné derrière.

Il s’avança de nouveau vers nous, mais je lui adressais un regard plus sombre que noir, plus intimidant que la menace. Pourtant, même en n’ayant intercepté mon message, il prit l’épaule du jeune garçon pour le forcer à le regarder. Crétin… Qu’il se mêle de ses affaires et arrête de nous interrompre! Il se mit à secouer l’autre gamin, la voix profonde et cinglante.

« Tu me dois une compensation pour ce que tu m’as fait! Tu ne partiras pas d’ici avant que j’aie vu l’argent sortir de ta poche, petit con! »

Non vraiment, ma patience avait des limites. Dans une grande enjambée, je me rapprochais des deux autres individus avant de pousser le grand brûlé de toutes mes forces, plaquant fermement mon regard dans le sien.

« Tu peux pas nous laisser terminer? J’ai des trucs à dire à ce mec, et tu me laisseras finir.

- Non mon gars, il m’a brûlé et je demande une…

- J’entends une fois de plus tes meuglements de veau et je te tue. Est-ce que c’est assez clair comme avertissement, ça? »

Malgré mon incapacité à enlever une vie, ma voix et mon visage n’avaient rien laissé paraître et la menace fit son effet. L’homme se tue momentanément, tandis que je me tournais en direction du garçon. Avoir l’air énervé ne me demandait aucun effort cela dit, je l’étais suffisamment.

« Bon, maintenant, donne-moi les fioles. Grouille-toi! »



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Lun 13 Oct 2014, 16:22

    J’avais cette énervante impression de me battre sur deux fronts différents : L’un en face du mec qui réclamait que je lui rende ses fioles et l’autre avec cet homme aux cheveux argent qui réclamait que je lui paie un dédommagement pour l’explosion de flammes et son visage encore bien fumant. J’étais à bout de nerf. Ses deux mecs insistaient avec violence pour que je leur rende quelque chose que je ne pouvais pas leur donner. Enfin, dans l’un des cas, j’avais toujours la possibilité de sortir les fioles de ma poche et de lui redonner, juste pour avoir l’occasion de souffler un peu, mais ce type m’avait mis colère. Je n’avais même pas envie de lui en montrer une seule. Il n’avait aucune preuve que ses objets étaient à lui. Je me rappelais vaguement un gars qui m’a foncé dedans à pleine vitesse mais ensuite, après cet événement, j’avais baissé les yeux vers le sol et je les avais trouvés là. Alors, je continuai a nié mon implication dans ce vol dont il m’accusait d’en être le grand responsable.

    Bien mécontent de cette journée pénible, sous les assauts répétitifs du mec aux yeux verts, je voulus mettre un terme à ces conneries, jusqu’à ce que monsieur aux cheveux d’argents reprenne du poil de la bête et vienne encore s’incruster dans la dispute entre l’autre gars et moi. Il ne lâcherait pas si facilement le morceau cet acheteur? Il se posa pile devant moi pour la seconde fois, mais cette fois-ci, il mit beaucoup plus d’action pour accompagner ses paroles, pour m’intimider et me forcer à le payer. L’homme me ramassa pas le collet du chandail et commença à me secouer comme un pommier, la voix devenue plus cinglante. Il réclamait encore et toujours sa foutue compensation, les yeux noirs de colère.

    Ce stupide homme me rendait complètement fou, en me secouant dans tous les sens. La rage me monta à l’esprit, mes yeux, habituellement rouges terne, se mirent à briller d’une couleur rouge flamme, avec des teintes orangés. Je pouvais sentir les flammes bouillir dans mon corps, ma peau se réchauffa à une vitesse hallucinante. L’acheteur cessa de geindre, surpris par la chaleur qui lui brûlait les doigts. « Que…? » L’homme aux cheveux argentés ne termina jamais sa phrase : l’autre mec finit par venir s’imposer entre nous deux, en le poussant vers le côté, les yeux rivés vers l’acheteur qui c’était visiblement repris de sa surprise. Il eut une petite dispute entre les deux gars, durant laquelle le plus jeune remporta la bataille en le menaçant de mort, avant qu’il vienne de nouveau s’attaquer à moi. J’étais encore bien colère, et si mes yeux conservaient leur couleur flamme, mon corps réduit sa température, jusqu’à obtenir une température normale.

    Le gars, lui aussi énervé, demanda une nouvelle fois que je lui rende ces foutues fioles, mais la colère brouillait mon jugement. « Tu es sourd? Qu’est-ce que tu ne comprends pas quand je te dis que je ne t’ai rien volé? » Je perdais mon temps depuis une bonne dizaine de minutes, à essayer de réclamer mon innocence face à ce gars. À voir sa tête, je ne pensais pas pouvoir lui échapper. Les yeux rivés dans ses iris verts, nous menions une guerre silencieuse, qui fut interrompue brutalement par l’intervention d’un éclair argent. « Alors p’tit con, tu crois que tu es en position de me dire des menaces hein? Tu crois que MOI peut se faire intimider par un gamin comme TOI? Laisse-moi te prouver qui est le patron ici! » Ah non, ce n’était pas un éclair. C’était juste ce stupide acheteur qui avait vu sa fierté être blessé par ce gars et qui tentait de se venger en le rouant de coup.

    Bien, je crois que je tenais là ma porte de sortie. Quelle chance! Je pouvais amplement profiter de leur dispute pour partir en courant et ne plus jamais les revoir. Cependant, à l’instant où mon dos fut en face de ces deux gars et que je m’apprêtais à courir, le bruit d’une lame qui se plante dans un corps et le cri de peur d’une femme piqua ma curiosité et je me retournai, ayant juste le temps d’apercevoir l’acheteur aux cheveux d’argent avec une expression de surprise collé au visage, les yeux baissés sur la lame qui le traversait de part en part, avant de s’écrouler durement sur le sol. Le cri de la passante contamina les gens à proximité de la scène, qui se mirent eux aussi à hurler comme des fous. C’était la panique générale.
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Miles Köerta
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Sam 18 Oct 2014, 15:11

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Sous l’énervement, je ne distinguais pas encore les flammes sauvages qui se mettaient à danser au plus profond de ses yeux. Rouge carmin, son regard s’était brusquement mué en une espèce de voile pourpre, intense et chaude comme le feu. Même son corps semblait bouillonner sous l’effet de sa propre colère. Mais j’étais devenu aveugle, obsédé par ces petits flacons que je voulais m’empresser d’embarquer. Je ne voulais pas d’ennuis, mais comment les choses avançaient, je n’allais peut-être pas pouvoir éviter un combat. Enfin, une bagarre, cela ne m’effrayait pas. J’étais habile de mes poings et de mes pieds. C’est pourquoi je tiquais à peine aux cris de l’autre garçon, lorsqu’il nia -évidemment- avoir volé ces fioles; ma main restait obstinément suspendue dans les airs, attendant avec calme, mais non sans impatience, qu’il me remette mon dû. Je le soulignais même par un regard froncé et sombre, un air qui n’inspirait aucune rigolade à celui sur lequel son regard se posait. J’étais sérieux -et franchement pas patient- alors, qu’il me les refile maintenant ou sinon, je devrais les lui prendre par la force. Pourtant, en braquant son regard dans le mien, le jeune garçon clamait haut et fort qu’il ne les avait pas volées. Théoriquement, il avait raison: il les avait simplement trouvées au sol, sans propriétaire apparent, mais dans ma tête, en cet instant précis, cela ne faisait aucune différence. Voler, ramasser, emprunter, je m’en fichais éperdument. Ardwick m’avait donné un boulot. Il voulait que je lui ramène un flacon. Et c’est bien ce que je comptais faire, oui. J’étais prêt à répliquer une fois encore aux protestations du jeune garçon, quand je sentis un poids énorme m’écraser le dos.

Au début, je ne percevais pas quelque chose de vraiment précis entre les bras et les poings qui s’étaient mis à m’enrouler, à me cogner, entre les cris et la rage qui animaient cette voix forte, et qui me hurlait aux oreilles des inepties que je peinais à aligner comme il le faut. Cela dit, je compris rapidement ce qui se passait et tentait de retourner la situation à mon avantage en balançant notre grand brûlé sur le sol. Ce crétin… Il ne pouvait pas s’en tenir à ce que je venais de lui dire? Non, il devait faire son grand spectacle devant cette foule d’ahuris, évidemment! Eh, bon sang! Ils foutaient quoi, eux, aussi? Enfin, pour l’instant, celui qui me tapait le plus sur les nerfs, c’était bien cet acheteur de mes deux, dont la persistance commençait à me taper royalement sur le système. Tentant de me dégager de sa prise, j’attrapais son bras par le coude avant de pousser très fort dessus, de manière à ce qu’il s’ouvre vers l’extérieur et le forcer à me lâcher. Sentant les grilles de cette cage humaine s’affaiblir, je pris ma chance, envoya un coup de coude dans le ventre de mon agresseur avant de l’éloigner dans un grand coup de pied sur le genou. L’homme grogna, se redressa brutalement, puis me fracassa la joue d’un puissant coup de poing, qui me projeta au sol. Je me redressais à deux mains, crachant le sang qui avait soudainement envahi ma bouche, avant de le toiser et de me remettre sur pied à la vitesse de l’éclair. J’esquissais un sourire, passant mon bras contre mes lèvres pour en essuyer les lignes écarlates laissées par le liquide chaud et amer.

« Même ma grand-mère pourrait me cogner plus fort. »

En levant le poing, j’abattis ce dernier dans la figure de l’homme, le faisant reculer dans de grandes enjambées, tandis qu’il se prenait le nez à deux mains. Bien fait pour lui, tient. Mais au moment où il arrêta de bouger, un bruit horrible se fit percevoir. Je regardais les alentours, suspicieux, lorgnant longuement la foule qui nous entourait. L’expression des femmes était stupéfaite, celui des hommes, indignée, et bien rapidement, je sus que quelque chose n’allait pas. À cette simple alerte, je me tournais vers mon adversaire pour plaquer mes yeux dans les siens. Il était pâle, les pupilles exorbitées, la bouche béante, le gilet en sang. Et il était transpercé d’une lame.

Confus et ébahi, mon regard ne pouvait plus quitter la pointe de l’arme. Du sang tâchait toute la rue et l’acheteur se mit à trembler violemment, portant ses mains à la lame, comme pour la retirer de son corps. Ou voir si elle existait vraiment. Puis, il s’effondra, inerte. Je reculais lorsque je vis chanceler son cadavre, ne comprenant toujours pas ce qui venait de se produire exactement. C’était comme si le monde s’était soudainement tut pour me laisser à ma réflexion. Elle suivait le chemin sinueux du sang, qui s’infiltrait dans les failles de la route, qui s’écoulait lentement de la flaque qui était apparue sous le corps de l’homme. Elle suivait le chemin de son corps, de sa tête jusqu’à ses pieds, pour s’arrêter sèchement sur les semelles sales d’individus. Elle s’arrêta et réfléchit, sûrement en train de se demander si elle devait continuer sur cette route et abandonner la recherche. Pourtant, elle poursuivit, montant sur leurs jambes, se paralysant quelques secondes sur la main qui tenait l’épée meurtrière, escaladant leurs épaules pour se stopper, définitivement, sur leur visage.
Et moi qui croyais ne pas pouvoir me noyer plus encore. Revoilà mes chiens de chasse.

Alors que je contemplais le visage des deux hommes à qui j’avais dérobé ces flacons, c’était comme si la vie avait brusquement repris son cours. Les femmes reculaient, effrayées par la scène tandis que les hommes se taisaient toujours, indécis sur la manière d’agir: aider le jeunot ou éviter de mourir? Ce n’était pas un choix sur lequel on s’embêtait beaucoup. Cela dit, bien rapidement, un cri poussé par une femme se mit à accélérer les choses. La foule se mit à se bousculer, à crier, à hurler, à se piétiner! Sauve qui peut! Sauve qui peut! On ne se souciait plus de ses courses, de sa petite promenade de santé. L’important, c’était… de survivre? de fuir?

« Regarde Ed, j’ai retrouvé notre petit rat. Il nous en a donné du fil à retordre celui-là. »

Le prénommé Ed, celui au foulard et à l’immense tignasse blanche, ne disait toujours rien, continuant de me jauger comme si je m’avérais être sa prochaine proie. D’ailleurs, c’était peut-être le cas, puisqu’il détenait la lame qui venait de faucher la vie à cet homme. Mais le rouquin avec sa pipe m’inquiétait le plus, avec ses doigts qu’il s’amusait à faire craquer dans des bruits écœurants, que je parvenais même à entendre parmi la cohue de la place et des « Sauve qui peut! Sauve qui peut! »

« Et si je l’étranglais, Ed? T’en dis quoi? Je peux l’étrangler, dis? Après, on pourrait le manger.

- Je t’avertis tout de suite, je ne suis pas très bon à la consommation.

- Regarde, Ed! Il parle!

- Tais-toi maintenant! S’énerva soudainement Ed, le regard glacial. Maintenant, mon petit gars, donne-nous ce que tu lui as pris.

J’esquissais un sourire fourbe et sombre, crachant de nouveau par terre, le sang qui m’obstruait la bouche. Encore et toujours, des passants se bousculaient, tentaient d’éviter le plus possible la zone où le sang se déversait et où les deux meurtriers se trouvaient. Me roulant les épaules, je leur répondis d’un ton cinglant:

« Pas de chance! Je ne les aie plus! »

Brusquement, je sentis le regard du mec masqué se poser sur moi. Mais pour de vrai cette fois et un long frisson glacé remonta ma colonne vertébrale. C’était comme si je venais de me prendre, direct, un coup de vent sibérien à la figure.

« Je ne te parle pas à toi, petit voleur. Je m’occuperai de ton cas, ne t’en fais pas. Je m’adresse plutôt à… »

Et aussi vite que l’éclair, il lança sa lame devant lui. J’étais sûr qu’il me visait, à prime abord, mais l’arme me manqua de plusieurs mètres. Je ne bougeais pas, pas jusqu’au son de l’arme qui se fracasse au sol, comme s’il venait de se figer dans la pierre.

« Lui. »

Je me retournais lentement, apercevant le mec aux yeux rouges, tentant de partir en catimini. Mon regard brûla de colère, s’enflamma. Ce… Il allait prendre la poudre d’escampette pendant que le mec mort m’attaquait. Ce fumier… Quelqu’un d’innocent ne se serait pas enfuit. L’autre garçon, en voyant tous les regards posés sur lui, ne bougea pas durant quelques secondes. Puis, lentement, une réflexion futile se glissa dans ma pensée. Je serrais les poings, les dents, et partis en courant en direction du gars. Ce dernier, poussé par l’instinct de survie, prit ses jambes à son cou.

Derrière, le rouquin à la pipe souriait méchamment tandis que celui au foulard allait rapidement reprendre son arme. Il se tourna vers son acolyte et d’une voix faussement enjouée, il déclara:

« Une partie de chasse, qu'est-ce que tu en penses? »



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Dim 19 Oct 2014, 16:45

    Quand cet acheteur s’écroula sur le sol, mort, et que deux hommes apparurent derrière son dos, mon idée de départ, qui était de prendre la poudre d’escampette, fut repoussé dans un coin de ma tête. Je restai donc sur place, à les observer, le visage paisible malgré la grande agitation qu’ils avaient causé en enlevant la vie de cet homme aux cheveux d’argent. J’avais conscience que ces deux armoires à glaces étaient dangereux, mais j’étais assez curieux de connaître la raison de cet assassinat en plein jour. Ce n’était parce que j’avais envie de venger cet homme ou une con*erie du même genre que je décidai de ne pas m’enfuir, mais plutôt de la curiosité, car ses deux personnes semblaient reconnaître le gars aux yeux verts, secoué par l’intervention du rouquin à la pipe et son ami au foulard. Cependant, j’étais encore prêt à détaler si la situation dégénérait, ce qui, à mon avis, allait se produire inévitablement. Le fumeur avec cette pipe coincé entre ses lèvres souriait comme un prédateur qui venait de retrouver sa proie enfuie. Il se craqua les doigts, assez fort pour que je l’entende à travers tous ses cris de terreur et s’adressa à son copain en l’appelant Ed, comme quoi il venait de retrouver son rat.

    L’homme aux cheveux blancs, dont le visage était presque entièrement caché par ce foulard, ne répondit pas. Il ne faisait qu’observer, son regard froid passant de moi à l’autre mec, la main sur le manche de son épée encore planté dans le corps sans vie de l’acheteur. De mon point de vue, ce type était encore plus effrayant que son copain, qui s’était entretemps rapprochés à pas lents de l’autre gars. Le rouquin commença par une approche en l’intimidant, mais en voyant que son copain de rencontrait pas de succès dans ses méthodes, le gars au foulard s’énerva et finit par intervenir, réclamant qu’il rende ce qu’il avait pris. Ce qui était bizarre là-dedans, c’était que les yeux de l’homme à la chevelure de neige étaient encore braqués sur moi, alors que je croyais qu’il s’adressait à l’autre jeune. Mon ventre se noua. Je le sentais mal, très mal. Je fis un pas vers l’arrière quand le mec aux yeux verts répondit à cet homme, sans savoir qu’il ne s’adressait même pas à lui. Le dénommé Ed lui fit la remarque, avant de retirer brutalement son arme du cadavre et de la lancer dans ma direction. L’épée se figea entre deux pierres, à moins de deux centimètres de ma position. En un seul mouvement, tous les regards se rivèrent sur moi. Pendant trois secondes, ce fut le silence total.

    Je n’avais pas besoin d’un signal plus clair : il était temps de partir. À toute vitesse. Je me mis à courir aussi vite que je le pouvais, bousculant un grand nombre de personne sur mon passage. Derrière mon dos, je pouvais entendre les bruits de course de mes poursuivants, ce qui m’incita à aller encore plus vite. Mon intention était de me servir de la masse de gens pour échapper à leur regard, mais c’était dur d’avancer alors que c’était la panique totale. En gros, je m’étais retrouvé entrain de courir à sens inverse de la vague de panique. Je regardai à ma gauche et à ma droite. Là-bas, à droite, il y avait une petite ruelle. Je sprintai vers le passage que j’empruntai à vitesse grand V. Je débarquai sur une grande rue, dans laquelle je me mis à la recherche d’une autre rue secondaire, que je trouvais cette fois-ci sur ma droite. À aucun instant, je pris la peine de jeter un regard dans mon dos, car je savais qu’ils me suivaient. Mon but principal était de conserver le plus de distance entre eux et moi.

    Je zigzaguais dans les rues de la ville, prenant une intersection au hasard ici et là, et quand je débarquais dans une rue où tout était calme, je m’appuyai contre un mur pour reprendre mon souffle. Quand j’étais venu dans cette ville, je ne m’étais pas du tout attendu à ce que ma journée finisse ainsi. Tout ça, à cause de maudites fioles que j’avais ramassé par terre et qui semblait appartenir à tout le monde. Je les sortis les trois fioles restantes de ma poche et les observa. Toutes les trois contenait un liquide qui m’était inconnus : un bleu, un grisâtre ainsi qu’un violet. Quel pouvait bien être leur contenu pour que autant de personne les réclament, de manière assez violente? Je soupirai. Peut-être que la meilleure façon de mettre fin à cette course poursuite dans les rues étaient de rendre ces objets. Après tout, je n’étais même pas parvenu en n’en vendre une seule, la première ayant réagi de façon surprenante et inattendue, mais d’un autre côté, si ces personnes étaient prêtes à tuer pour les reprendre, c’était que ces fioles avaient une grande valeur. Je devais simplement quitter cette ville de malade pour aller les revendre dans une autre. Oui, cette idée-là n’était pas mauvaise du tout. Je remis les fioles dans ma poche et recommença à courir.

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Dim 19 Oct 2014, 18:47

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Il n’y avait rien à y redire: ce mec avait de bonnes jambes. Devant moi, je le voyais filer à travers la foule, ignorant les corps, les pieds et les bras qu’il pouvait bien bousculer, maladroit coureur qui ne songeait qu’à une seule chose, certainement: décamper. Oui, partir, disparaître, fuir, un synonyme enfin. Il aurait souhaité fusionner avec l’air, s’accaparant ses attributs pour pouvoir se rendre invisible à l’œil humain, mordant à l’encontre de ses poursuivants et aussi rapide que le vent. Mais il pouvait bien rêver, je ne le laisserais pas m’échapper. J’avais besoin de ces fioles. Non, plutôt mon père en avait besoin, plus que les poches que le garçon voulait sûrement remplir. Peut-être que ce mec détenait l’ingrédient qui pouvait le sauver, je n’en savais strictement rien, mais je ne pouvais pas me permettre de le laisser partir ainsi. Il détenait dans ces mains ce quelque chose. Cette petite chose insignifiante aux yeux des uns, mais dont la valeur n’avait pas son pareil pour les yeux des autres. Pour mes yeux à moi. Alors, le chemin que se créait le jeune garçon additionné à mes propres coups de coude, me frayèrent un passage plus ou moins praticable dans la foule paniquée. Elle tentait, du mieux qu’elle pouvait, de se scinder en deux à notre approche, observant avec horreur non pas les deux jeunes garçons qui se coursaient comme chien et chat dans la rue, mais plutôt les deux géants qui, eux, traquaient leurs véritables proies. On pouvait entendre leurs pas rapides et lourds, on pouvait connaître leur position lorsqu’un cri ou une agitation plus prononcée se faisait sentir dans les alentours. Mais tant qu’ils restaient à distance respectable de moi, je ne m’en préoccupais qu’à moitié, bien trop concentré à ne pas perdre cette tignasse épaisse et sombre de mon champ de vision.

Comme moi, plus de je-ne-sais combien d’heures plus tôt, il se mettait à zigzaguer dans les rues, bifurquant à toute allure pour tenter de m’échapper. Mais je connaissais cette ville, ces moindres recoins. Il n’avait vraiment aucune chance. Jetant un rapide coup d’œil derrière moi, j’avisais les mastodontes armés qui n’avaient pas cessé, eux aussi, de courir. Ils étaient bien avantagés ces deux-là, et pas seulement à cause de l’immensité de leur anatomie. Ils faisaient peur. Franchement peur, et personne n’était suffisamment suicidaire pour songer à se placer dans leur chemin. Du coup, ils gagnaient du terrain, vachement vite d’ailleurs pour des armoires à glace de leur type. Lâchant un soupir de frustration, je tournais dans la rue par laquelle le jeune garçon aux yeux de flamme s’était infiltré, accélérant toujours plus vite. Le jeu devenait compliqué, mon esprit tentait de trouver une échappatoire à ce bordel. Mais ça n’allait pas être une partie de plaisir. Il fallait que je coince ce môme tout en évitant que les deux chiens se précipitent sur nous pour nous embrocher. Je connaissais la ville, certes, mais dans une telle course, je pouvais facilement les perdre.

Un autre tournant que je pris, sans m’arrêter.

À mon avis, il fallait que je sème d’abord ces molosses. Mais comment? S’ils me voyaient partir d’un bord, ils allaient certainement suivre l’autre garçon, et adieux mon flacon! Que faire? Que faire? Et ce garçon qui ne voulait pas s’arrêter un peu! Ou juste prendre un cul-de-sac! En fonçant littéralement dans une femme, je saisis qu’il ne me restait qu’une chose à faire: essayer de ralentir au maximum la course des deux chiens féroces. Balancer des trucs au sol, pénétrer dans une foule, n’importe quoi, tant qu’ils ralentissaient un peu. Ça me permettra de rejoindre l’autre garçon et de le guider vers un endroit où ils ne pourront pas nous attraper -du moins, je l’espère.

Sans perdre le garçon aux cheveux noirs, je me mis à jeter tout ce qui pouvait être jeté sur la route. Que ce soit du linge qui séchait paisiblement sur la corde, des inconnus que je plaçais volontairement dans leur chemin, tout était nécessaire, et même si ce n’était qu’un petit barrage, cela me permettrait peut-être de rattraper le garçon. Depuis un certain temps, j’avais bien compris qu’il tentait de fuir la ville, en empruntant les plus petites rues possibles et un plan avait grandi dans ma tête, après que l’information s’y soit semée. Mais pour qu’il puisse fonctionner, il fallait absolument que je le rattrape et qu’il veuille bien coopérer avec moi. Ça ne l’enchanterait sûrement pas -en réfléchissant à tout ce que je lui avais dit plus tôt- mais c’était notre unique chance de perdre nos poursuivants et moi, de récupérer mes fioles! Quoi? Qu’est-ce que lui y gagnerait? Bah, je ne sais pas moi. La paix?

Prenant une nouvelle intersection pêle-mêle, l’haleine courte, les cheveux de travers, j’aperçus finalement le garçon aux yeux rouges, adossé sur la surface d’un mur, en train de reprendre sa respiration. Il tenait des objets dans ces mains et à leur forme, je sus qu’il s’agissait de ces fioles tant convoitées. Je savais. Au moins, il ne les a pas perdues comme moi. Aussitôt, me tournant vers la rue que je venais de quitter, je remarquais nos deux poursuivants qui n’avaient pas cessé de courir pour leur part, et qui avalaient les mètres comme des coureurs de fond. Nous n’avions pas de temps à perdre! Prenant une forte inspiration, je me propulsais sur le garçon, qui s’était retourné pour reprendre sa course. Mais je le dépassais, attrapant son bras pour l’obliger à accélérer rapidement.

« Ne reste pas planté là et cours! Lui dis-je dans un souffle de voix cassé, entrecoupé de sifflements et d’une respiration exténuée. Je sais que nous ne sommes pas potes, mais là, il y a deux mecs qui veulent notre peau et j’ai pas l’intention de crever aujourd’hui. Alors tu vas me suivre bien sagement, pigé? Je connais un endroit où nous pourrions les piéger. »

En plein course, je me tournais vers l’arrière. Eh bon sang! Les revoilà, bon Dieu! Sans lâcher prise, je me remis à accélérer, incitant le garçon à faire de même. Je devais savoir s'il me faisait confiance ou s'il allait faire une con*erie.

« Je peux te lâcher? Tu vas me suivre sans discuter? »



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Dim 19 Oct 2014, 20:47

    Et m*rde! Ces types étaient aussi affamés que des chiens devant un gros morceau de poulet bien juteux, mais là n’était pas le problème. Le véritable problème était ceci : Comment deux gars avec un aussi gros gabarit de muscles pouvaient courir si vite? Je savais, par expérience, que les apparences étaient à quatre-vingt-dix-neuf pourcent du temps trompeurs mais là, il y avait quand même un truc de pas très net dans leurs jambes. Ma mâchoire se crispa, frustré d’être obligé de mettre un terme à ma mini-pause, mais à l’instant où je reprenais tranquillement ma course effrénée dans la ville des fous, il y a l’autre gars aux yeux émeraude qui apparut par magie devant moi. Sans vraiment avoir le temps de comprendre ce qui se passait, je fus forcé de courir à toute vitesse vers l’avant à travers un large dédale de rues secondaires. Au total, ça m’aura pris cinq bonnes secondes avant que je finisse par voir sa main agrippé à mon bras et que je comprenne que c’était LUI qui me forçait à courir à son rythme, en m’entraînant partout où il le désirait.

    À travers ses halètements et son souffle court par la course, il m’ordonna plus qu’il ne me dit de me suivre, car il avait soi-disant plan en tête pour sauver nos peaux de ces deux enragés. Une colère passagère m’envahit l’esprit. Les nerfs à vifs de me faire traîner comme un chien, une bonne raison finit par me calmer et me ramena sur le droit chemin. Ce mec connaissait cette ville, sinon, comment m’aurait-il rattrapé aussi rapidement? C’était ma seule chance de pouvoir échapper à monsieur au foulard qui agitait son épée dans tous les sens et le rouquin un peu stupide selon mes avis, mais qui raffolait de la douleur infligés aux autres, peut-être aussi à lui-même si je renforçais le côté masochiste, mais je m’en fichais un peu. Ce qui comptait, c’était que ces deux-là n’hésiteront pas à me tuer pour récupérer les objets que je détenais. Alors sérieusement, je n’avais pas à me plaindre de me faire tenir par la main par un type que j’aimais moyennement – enfin, je n’affirmais pas que ça me faisait plaisir, mais je préférai ceci qu’une lame en plein cœur.

    Enfin bref, quand le mec me questionna sur ma loyauté, je lui fournis une réponse sur le camp que je choisirais. « Je préfère ne pas finir en brochette comme cet acheteur, alors quel est le plan? » Moi aussi, j’aurais pu le questionner sur sa loyauté, mais je ne l’ai pas fait une seule raison. Après avoir jeté un petit regard dans mon dos, il était évident que nous devions agir vite. Très vite, alors les questions sur notre alliance pouvaient bien attendre. Je nous laissai environ… au plus tard trois minutes avant que ces deux gars ne soient sur nous. Ces deux hommes étaient donc inépuisables? Ouais, bon, il y avait aussi un autre facteur qui expliquait leur avancée rapide. Les passants qui marchaient dans le coin ne faisaient que regarder, non croiser leurs yeux de tueurs, pour leur ouvrir une jolie allée d’honneur dans notre direction. Ces habitants ne pouvaient quand même pas bouger le petit doigt! Non? Pourtant, ils ont bien été capables d’éteindre un mec en feu. Bande de débiles. Les adultes étaient tous pareils : ils ne cessaient de répéter d’aider ceux qui ont des problèmes, mais à la seconde où il y en a, ils préféraient se barrer pour sauver leur peau. C’était écœurant.

    « Non mais, qu’est-ce qu’elles contiennent ces foutues fioles pour que tout le monde se les arrache? » Cette question me trottait dans la tête depuis trop longtemps. J’avais besoin de la poser maintenant, même si ce n’était pas trop le moment pour les questions. Les deux hommes qui nous talonnaient comme des bêtes sauvages voulaient sans aucun doute poser leurs sales pattes sur les fioles dans le but de s’enrichir, mais ce gars… j’avais beau essayer, je n’arrivais pas à cerner ses intentions. Si l’argent l’avait intéressé, la méthode la plus simple à employer aurait été d’attendre bien sagement que je finisse de vendre ces objets pour mieux me coincer dans une petite ruelle sombre, me tabasser et partir avec les gains, mais non. Qu’est-ce que les fioles pouvaient lui rapporter? « Au pire, nous pouvons toujours laisser tomber ces fioles à terre en courant, comme ça, ils vont nous lâcher. » J’étais curieux de connaître sa réaction face à ça.
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Dim 19 Oct 2014, 23:27

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Parfait, lui aussi préférait encore perdre ses jambes dans cette course au lieu de servir d’amuse-gueule à ces deux tarés. Hochant de la tête, satisfait, je retirais finalement ma main de sur son bras, lui faisant plutôt signe de ne pas perdre mon pas. Nous devions faire vite. Par je-ne-sais quelle magie, moyen ou bien outil, ces deux-là courraient à une allure que je n’aurais jamais soupçonné pour des gens de leur taille. Grands et musclés, ils ressemblaient bien plus à des bœufs qu’à des chevaux et pourtant, si on les comparait à ces animaux, ils avaient bien le pas et la vélocité d’un fier étalon plutôt que celui, plus lourd et paresseux, de ces mastodontes cornus. Enfin, pour l’instant, ces questions ne devaient pas entraver mes pensées. Je devais choisir la bonne planque, sinon quoi, j’avais bien peur que ces deux chacals continuent leur traque.

Derrière, poussé par la force de sa voix, le garçon me posa une question, que j’ignorais tout simplement pour le moment, préoccupé par le chemin que je devais créer pour nous faufiler. Le contenu de ces fioles? Même moi je ne le savais pas. La seule information qu’Ardwick a cru utile de me transmettre, c’était la description de la fiole qu’il cherchait en question. D’ailleurs, faudrait que je me roule les méninges avec ça: avec toutes ces histoires, j’en ai presque oublié à quoi ressemblait le flacon que le magicien m’avait demandé d’aller prendre. Enfin, lorsque nous serions hors de danger, tranquilles, sans torche humaine pour rouspéter, sans molosses armés pour nous tuer, je pourrais lui demander de me montrer les flacons et, peut-être, je me souviendrais du quel je devais ramener. Ayant sûrement deviné que je ne lui répondrais pas, le jeune garçon reprit la parole de nouveau. Mais cette fois-ci, ces paroles me parurent si insensées que je faillis freiner brusquement pour me retourner et lui faire goûter mon poing. À défaut, je ralentis néanmoins le pas pour me porter à sa hauteur et lui adresser un regard électrique.

« Te fiche pas de moi! Criais-je, presque, à ses oreilles, complètement hors de moi cette fois. Qu’est-ce que t’as dans la tête?! Garde ces flacons, point! C’est tout ce que je te demande pour l’instant! »

Tentant de faire taire la colère que je sentais s’exciter au fond de ma gorge, je marmonnais un « Désolé » à l’intention de l’autre garçon. J’avais tendance à me frustrer pour un rien lorsque l’adrénaline palpitait ainsi mon sang. Il fallait que je me calme, que je reprenne mon sang-froid.

« Je me suis emporté, excuse-moi. Mais ne les jette sous aucun prétexte, s’il-te-plait. J’en ai besoin. »

Je lui jetais un regard, baissant finalement les yeux avant de repartir en sprint, pour reprendre les devants. Je nous engageais, tout à coup, dans une rue soudainement plus vaste. Je pris un temps pour observer nos arrières, devinant sans mal les deux silhouettes bâtis qui nous poursuivaient, sans relâche.

« Mais comment ils font pour courir avec leurs jambes ces deux-là? »

Mince… En plus, nous nous trouvions à présent dans une rue assez achalandée le matin. Nous étions obligés de ralentir la cadence. Faisant signe à l’autre garçon de me suivre, je nous infiltrais dans la foule, moins agitée que celle que nous venions d’abandonner. Ces personnes n’avaient pas assisté à un meurtre en direct aussi, mais si nous ne nous dépêchions pas, ils auraient droit à une reprise, c’était certain. Au moins, nous pouvions facilement nous cacher dans la foule. Entre les femmes qui rigolaient sous leur ombrelle, les hommes avec leur cape, le terrain n’était pas à découvert, c’était déjà ça. Marchant à pas rapides, tentant de bousculer le moins de personnes possibles cette fois -mais surtout, pour ne pas attirer l’œil de nos poursuivants- je balayais les alentours à la recherche de costume que nous pourrions revêtir pour encore mieux nous camoufler dans la masse. J’avisais rapidement deux longs manteaux suspendus à des chaises extérieures.

« Par-là », indiquais-je au garçon aux yeux rouges, me faufilant entre les corps en mouvement pour me diriger vers les vêtements.

Je regardais à droite et à gauche, scrutant la foule pour identifier les propriétaires de ces manteaux. Mais ils ne semblaient pas être dans les parages. Où? Je n’en savais rien, et c’était bien le cadet de mes soucis. Alors, attrapant les deux manteaux, je refilais rapidement le second au gars avant de passer le vêtement sur mes épaules et de m’en couvrir. Je m’assurais que mon acolyte fasse de même.

« Marchons encore un peu, lui chuchotais-je, sans même lui jeter un regard. Et tu vois ce petit magasin devant, à notre droite? Eh bien, tu vas faire comme si tu contemplais avec émerveillement ce qui se trouve de l’autre côté de la vitrine. »

Cette fois-ci, je le regardais franchement, haussant un sourcil avant de piquer sournoisement le haut-de-forme d’un passant et de le placer sur la tête du gars. Je le détaillais ensuite, jusqu’à ce qu’un sourire moqueur s’esquisse sur mes lèvres.

« Un vrai petit bourgeois. Maintenant, vitrine. On va attendre qu’ils se soient éloignés et après, on pourra réellement régler leur cas. »

Ralentissant le pas, je me tournais vers le magasin, levant les yeux vers les… Brrrr… Elle avait une drôle de tête cette poupée. Elle faisait vraiment peur à voir. Mais bon, je n’étais pas obligé de vraiment la regarder. Tout ce que je devais faire, c’était observer la vitrine et voir, dans le reflet, si nos deux poursuivants avaient continué leur chemin.

« Nous devrons trouver un moyen pour qu’ils nous lâchent, murmurais-je à l’intention du garçon, lui pointant la poupée horrible avec un grand sourire, comme si nous discutions, banalement. T’as pas une idée? »



Race against time [Scott - End] Signat16
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Race against time [Scott - End]

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