La milice fut les premiers à quitter les lieux, affichant avec fierté leur Elémental de feu colérique, dont l’impuissance élémentaire modifiait ses méthodes, se jetant à corps perdu dans les insultes, créant un mélange étrange entre la langue commune et l’Erek. Jusqu’à ce que la petite troupe eut marre de ses agitations et ne décide à le bâillonner pour de bon. Raven demeura sur les lieux, justifiant ses paroles dures en prétendant que le commandant les avait bien cherchés. Je lâchai un ricanement, étonné qu’elle essaie de se trouver une raison. « Wouah, tu sais t’y prendre avec la politesse. » Ma tête tournait encore, mon esprit avait toujours cette difficulté à se situer dans l’espace et le temps. Mon vol était complètement saccadé et malhabile mais, je trouvais quand même la force et l’énergie de jeter mes sarcasmes, sous  l’œil dur de l’Elfe qui ne lança que trois mots : « Ça suffit Chayns. » Mais qui eurent l’effet de fermer pour de bon ma grande bouche. Dans son ton, je pouvais sentir une fatigue pesante, un grand épuisement – après tout, combattre un Elémental de feu à la force physique conséquente carrément disjoncté avait de quoi épuiser tous les hommes – tandis qu’il se relevait lentement, la magicienne n’ayant visiblement plus besoin de son aide ou son soutien pour se remettre sur ses pieds. Je croisai les bras en faisant la moue – ou du moins j’essayai, j’avais de la difficulté à camoufler mon immense sourire à vrai dire – et rétorquai : « Ouais bon, ça va. » Avant de reporter toute mon attention sur la belle Raven, dont le sourire timide trop adorable eut vite fait de me faire fondre sur place, avouant que cette journée l’avait beaucoup amusée, si nous excluions toutes les tentatives de meurtres de la part de l’imbécile enflammé au travers. « Avec moi, il est impossible de s’ennuyer. », lui répondis-je, fier de ses mots.

Elle fut prise d’un soudain prise d’un fou rire, rigolade dont je ne voyais pas la source. Je plissai les yeux. « Qu’est-ce qu’y a de si drôle? », lui demandai-je avant qu’elle émette son commentaire à propos de mon apparence e Fae. Sympa les ailes. Ses derniers mots résonnaient en boucle dans ma tête, sans fin, tandis que mon habituel sourire idiot se redessinait sur mon visage, avalant tous ses « compliments » comme le dernier des imbéciles. (Ok, nous allions dire l’avant-dernier, parce que je ne voulais pas être comparé au mangeur de carotte fou, dont les projectiles de feu avaient bien imposés leurs marques sur les bâtiments aux alentours. Je pouvais encore distinguer de la fumée qui s’élevait des points d’impact, disparaissant doucement dans le souffle glacial de la nuit. Un soir parfait, idéal, pour se retrouver avec une jolie fille, seul – enfin, presque seul – sous la pluie battante qui nous avait permis de vaincre le mongol. C’était trop romantique.) Je commençais presque à apprécier ce torrent qui alourdissait dramatiquement mes ailes, m’obligeant à déployer plus de puissance pour éviter de m’écraser contre le sol. « J’espère que nos chemins finiront par se croiser à nouveau. », répondit l’Elfe en souriant. « Et que nous vies ne seront plus confrontées à un tel danger. » Je virevoltai vers le visage de Raven. Je me permis de m’installer sur sa tête, un rire quittant ma gorge alors que je jouais distraitement avec quelques unes de ses mèches. « La prochaine fois que nous nous verrons, ça sera pour notre mariage. » Je m’élevai dans les airs, pour échapper à sa zone d’emprise. Si je recevais une gifle dans ces conditions et j’étais bon pour aller à la rencontre des Anges. Ces créatures étaient magnifiques, il n’y avait pas moyen d’en doute mais, leurs tours n’étaient pas encore venus. Les Orines se plaçaient toujours en tête de liste.

« Tiens-toi prête. » Des pas résonnèrent devant nous, légers – rien à voir avec ceux du mec furieux qui devait déjà ce trouver derrière les barreaux, à insulter les bonhommes de la milice en Erek. Une silhouette se détacha de l’obscurité. C’était Lûth. Le reflet de l’eau sur son masque ne pouvait tromper personne. Je m’avançai vers elle, le sourire aux lèvres, et m’assis sur son épaule en étirant mes bras. « Quoi de neuf ma chérie? Où étais-tu passée? » – « j’essayais de vous rattraper. La course n’est décidément pas mon fort. » L’Elfe baissa les yeux. « Désolé. » – « Ce n’est pas grave. » Sa tête pivota légèrement vers la gauche. Elle s’adressa de nouveau à moi. « En chemin, j’ai croisé quelqu’un qui semblait avoir une dent contre t… » – « TOI! » Une voix bourrue l’interrompit, résonnant dans la nuit tel une accusation. Je tournai le regard vers l’arrière, découvrant le marchand dont l’état avait été détruit. Mon regard s’assombrit. « Pas encore vous… » L’homme s’avançait à grandes jambés, plus furieux que jamais. Son visage se rapprocha soudainement du mien et, aux vues des différences de tailles qui nous séparaient, ce fut une expérience franchement effrayante. « J’espère que tu me rembourseras pour tous les dommages que ma boutique a reçu à cause de toi et je ne tolérais aucun payement en retard jeune homme. Je vous aurais à l’œil et… » Bla, bla, bla. Son discours devenait tellement barbant, ça n’avait plus aucun sens. Je ne comptais pas lui payer quoi que ce soit, à ce chien affamé. Il ne pouvait pas me laisser tranquille? « Vous êtes sérieux? », lui criai-je presque à tue-tête.

« J’en ai marre, j’suis fatigué, j’ai manqué de me faire tuer toute la journée! Si vous avez le temps d’vous plaindre, réparez-là tout seul votre baraque! » L’Elfe s’avança à grands pas. Je ne lui laissai même pas le temps d’ouvrir la bouche pour dire quoi que ce soit. « Oh, ça va! J’me passerai bien d’une morale, OK? Ce type m’énerve, il arrête pas de m’harceler comme un malade! C’pas de ma faute si sa boutique misérable a été castagnée! » - « Qu’est-ce que tu dis? » Ežechyel s’interposa entre nous avant que les événements continuent à s’aggraver. « Je suis désolé monsieur si votre boutique a été détruire mais, si vous voulez obtenir une compensation, veuillez en avertir la milice. C’est eux qui détiennent le coupable, ils trouveront un moyen de réparer les pots brisés. » Il me jeta un bref coup d’œil avant de reporter son attention sur le marchand. « Essaie de te calmer. », me chuchota Lûth. Je me renfrognai. «… Désolé. » Le marchand me lança un regard méprisant mais, ne pipa pas un mot. Il haussa les épaules. « Peu importe, du moment que j’ai mon argent. » Il fit demi-tour, sans oublier de me jeter un dernier regard noir. L’Elfe poussa un soupir. « Nous sommes tous fatigués et affamés. Allons manger avant de retourner à l’auberge. Il est trop tard pour poursuivre les recherches Lûth. » La Nelphennéen hocha la tête mais, son pincement de lèvre agacé n’échappa pas à mon regard affuté. « …D’accord. » Je souris, carnassier, la faim emportant toutes mes préoccupations. « Là tu l’as dit! » Je virevoltai vers la magicienne qui s’était tenue à l’écart durant notre échange avec le marchand et je lui offris mon plus beau sourire. « J’te dois un bout de viande pour l’autre qui s’est échappé non? »

- FIN

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