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 Un pèlerinage? [Quête - Ežechyel]

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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Miles Köerta
Jeu 05 Mar 2015, 04:06

Un pèlerinage?
« Do you want to build a snowman »

Après avoir défait le champignon de l’Apocalypse, je m’étais sentit défaillir, sans raison, mes jambes devenant plus qu’un tas de coton sous mon poids, et sans plus comprendre, je piquais du nez pour m’étaler de tout mon long contre la plateforme. Pris par un sommeil soudain, je m’assoupis sans résistance, me disant, alors, que je devais être sacrément, mais alors sacrément, fatigué pour m’endormir à tout bout de champ de la sorte.

Quelques heures plus tard – qu’en savais-je réellement, peut-être que ce temps se comptait en minutes après tout – je m’éveillais en sursaut sur une surface beaucoup plus moelleuse et confortable que le sol lisse et dur de la plateforme. Autour de moi, l’image du ciel, des nuages souriants et puis des montagnes à l’horizon, s’était fait troqué par un plafond en bois surmonté d’un chandelier, tout ce qu’il y avait de plus ordinaire. Aussitôt, je me redressais dans mon lit, observant ce qui m’entourait d’un œil hagard et perplexe.

« Ça doit les amuser beaucoup de nous trimbaler à gauche et à droite, comme une vulgaire marchandise… Ah!, m’exclamais-je soudainement lorsque les souvenirs de mon épreuve remontèrent à la surface de mon esprit. Par les Æthers! Je me suis vraiment battu contre un champignon géant? Mais qu’est-ce qu’ils ont foutu dans nos assiettes pour nous rendre aussi cons? »

Oui. Je songeais surtout à la construction de mon… amitié… avec les nuages qui souriaient, quand j’affirmais une telle chose. Non mais! Parler aux nuages! Il me manquait sérieusement une neuronne quelque part! Cela dit, mon attention s’éloigna rapidement de cette question dont je préférais encore oublier la réponse, tant la situation me semblait ridicule. Lorsque les premiers mots franchirent la barrière de mes lèvres, je reconnus le goût pâteux et désagréable d’une bouche qui, assoiffée, ne réclamait qu’un liquide pour se désaltérer. Je passais mes jambes par-dessus mon lit pour les placer contre le sol, prêt à me lever de moi-même. Je remarquais alors tous les autres lits, excluant celui dans lequel j’avais dormis, qui s’étendaient dans la pièce. Quelques personnages dormaient toujours, pris dans un sommeil pour le moins assez profond – surtout l’autre-là, qui ronflait comme grognait un dragon. Mon regard se fit plus espiègle encore lorsque je reconnus l’une des femmes présentes à la compétition. En fait, je reconnaissais quelques visages que j’avais croisés sur la ligne de départ, avant que le noir absolu ne me frappe et que je sois miraculeusement rendu au sommet de la montagne pour poursuivre la course. Alors, c’est ici où ils nous avaient tous amené? J’apercevais quelques couches vides et comprit rapidement que je n’étais donc pas le premier à être debout. Prestement, j’enfilais mes bottes, qui se trouvaient contre mon lit, avant de sortir à pas de loup de la pièce des joueurs. J’ouvris la porte et, une fois cette dernière refermée derrière moi, un homme, de haute stature me bloqua le chemin. Instinctivement, histoire d’avoir mes yeux dans les siens, je dû emporter ma tête vers l’arrière pour se faire. Un grand sourire barrait le visage de l’homme face à moi et, d’une tape amicale, il m’invita à le suivre dans le couloir.

« C’est tout un numéro que tu nous as sortie là, gamin! »

Discrètement, je détournais le regard. J’étais certain qu’il faisait allusion à mes entretiens étranges et franchement humiliants avec mes amis les cumulus nimbus.

« C’était stupide, je sais…

- Mais de quoi tu parles? Vous avez entendus ce qu’il m’a sorti? », dit-il en rigolant à un autre garçon, que, décidément, je ne reconnaissais pas non plus.

Ce dernier, pourtant, m’adressa un grand sourire avant de me féliciter. Mes sourcils se relevèrent d’eux-mêmes sous l’effet de la surprise. Me féliciter? Pour avoir parlé avec des nuages? Mais ils sont tous tarés, j’vous jure…

« Tu as gagné! Première place, mon gars! Tu dois en être fier! »

J’arrêtais subitement de marcher, tournant mon regard dans sa direction. Il dût y lire l’incrédulité dans mes yeux, car il se mit à hocher vigoureusement de la tête. Alors, le couloir déboucha dans une salle plus vaste et aérée, et alors là, ce fut la frénésie la plus totale. Des exclamations explosèrent des personnes présentes dans la salle et une valse d’applaudissements retentit violemment. Je plains ceux qui dorment…, fut ma première pensée. Mais il fallait vraiment que je me remette de la surprise… Pourtant, l’hébètement restait figé sur mon visage, tandis que ma bouche formait un O énorme assez imposant.

« Est-ce que tu veux nous adresser quelques mots, le vainqueur? Comment tu te sens? »

Et à ces questions, la seule réponse que je fus en mesure de dire fut:

« … Wow! Je… Wow! »

Quelques éclats de rire, rien de moqueur, juste de l’amusement. Le grand homme me tapota amicalement l’épaule et s’éloigna lentement de moi pour s’avancer vers les autres spectateurs de mon ahurissement.

« Laissons le champion tranquille un peu, le temps qu’il avale la nouvelle!

- Euh… Ouais! Ouais… », murmurais-je, alors que les bavardages reprenaient de plus belle et je pus remarquer que la majorité des conversations, justement, tournaient autour des différentes épreuves de la Coupe des Nations.

Marchant alors comme une poupée désarticulée, je laissais, volontiers, mon corps me mener là où il voulait bien aller. Je ne comprenais rien à rien. J’avais… J’avais vraiment gagné la grande épreuve d’Agilité, celle de la Coupe des Nations?! Je n’en revenais toujours pas!

Finalement, commençant à sentir la jubilation, mêlée à une certaine confusion, je me mis à sourire et à songer à toutes les perspectives que m’apportait une telle victoire. Trop génial! Attendez de voir la réaction qu’aura Père lorsqu’il l’apprendra, s’il n’était déjà pas au courant! Oh bon sang! C’est tellement génial! Malgré la frénésie qui tourbillonnait dans ma tête, un simple sourire ravi se peignit sur mon visage, tandis que je sentais le froid du dehors me mordre subitement les joues. Je balayais alors les alentours, constatant finalement que j’avais mis le pied à l’extérieur. Par chance, au contraire de mes bottes, ils ne m’avaient pas retiré mon manteau qui me protégeait du  froid hostile du territoire, ni ne m'avait séparé de ma besace magique, qui se trouvait toujours attachée à ma taille. Enfin, ce n’était pas plus mal. Je m’éloignais toujours un peu plus du bruitage assourdissant des quelques personnes présentes dans l’édifice.

Faisant quelques pas dehors, je pris une grande respiration avant de remarquer, non loin, la silhouette d’un individu. Il observait, songeur, le flanc des montagnes, sans un mot. Curieux, je m’approchais lentement de l’homme aux cheveux platine, lui faisant de vagues signes de la main pour porter son attention sur ma personne, ce qu’il fit après quelques secondes, alors que ces iris vertes se posèrent sur moi.

« Eh! Je vous reconnais. Vous êtes le participant qui représentait les Elfes à la compétition, pas vrai? »

En haussant des épaules, je lui pointais, flegmatique, la frénésie qui agitait l’intérieur de l’édifice. D’ailleurs, les exclamations venaient de s’intensifier à nouveau: un nouveau champion venait sûrement de se réveiller.

« Tu es venu dehors pour la tranquillité, j’imagine… Ils font un tapage pas possible à l’intérieur. »


1 165 mots



Un pèlerinage? [Quête - Ežechyel] Signat16
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Ezechyel
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Ezechyel
Ven 06 Mar 2015, 16:39

    Où est-elle? Où est mon épée? Mon sommeil profond, à la suite de la conclusion de l’Épreuve, n’avait été en aucun cas un doux repos. Agité par les événements qui s’étaient déroulés sur le sommet de la montagne, j’avais été incapable de me défaire d’une image toute particulière, à l’origine de cette panique qui me tiraillait les membres depuis mon réveil. Les battements de mon cœur s’accéléraient. Mon esprit se laissait entraîner par les chaînes d’un désespoir grandissant, oppressant et d’une peur paralysante à la simple pensée d’être parvenu à l’égarer. Mon épée. La précieuse arme, unique souvenir d’un passé révolu, dont la valeur ne se calculait guère par des pièces d’or et d’argent, mais par les sentiments que ces précédents possesseurs lui avait transmise par les épreuves et les obstacles que chacun d’entre eux avaient traversé en sa compagnie ainsi que de l’importance de cet héritage, qui témoignait de l’appartenance à une certaine famille elfique, aujourd’hui morte et oubliée par tous. Quoi qu’il en soit, cette lame avait vécu plusieurs tragédies, toutes plus sanglantes les unes que les autres. Elle avait vécu un nombre incalculable d’horreur et de violence que je ne pouvais imaginer quel genre de vie mes ancêtres avaient pu posséder. Pour que l’épée familiale puisse tomber entre mes mains, moi, celui qui méritait le nom de « mouton noir » de la famille, par simple dégoût sans précédent de la guerre et du sang.

    À quelques reprises, je m’étais questionné sur le mérite de cette épée. Parfois, j’avais songé à l’abandonner, la jeter dans une forêt pour ne plus jamais la revoir, mais à chaque fois, j’en avais été incapable. Puis, au fil du temps, j'avais fini par m’attacher à son importance, par enfin apercevoir la valeur qu’elle détenait à mes yeux. Puis, je l’avais gardé. Avec la promesse que j’avais fait à mon père lorsqu’il me l’avait offerte de la garder avec moi jusqu’à ce que mort s’en suive, comme un souvenir que j’emporterais dans ma tombe dans le cas où je n’aurais jamais d’héritier. Aujourd’hui, je ne l’avais plus. Je l’avais perdue. Mon fourreau état, à mon plus grand désarroi, vide. Je ne ressentais plus le poids de l’épée sur ma taille. Je l’avais égarée quand je m’en étais servi pour combattre le champignon de l’apocalypse lors de l’épreuve d’agilité de la Coupe des Nations et, désormais, je le regrettais amèrement. Cela faisait d’autant plus mal lorsque je songeais à mon impuissance quand je l’avais vu tomber avec le champignon, figée dans le corps de la créature. Un sourire de tristesse apparu sur mon visage. … J’avais besoin de prendre un peu d’air, quitter l’atmosphère oppressante de la pièce.

    Je me dirigeai vers la porte avant de l’ouvrir, la mine sombre. Un pas vers l’extérieur, et ce fut amplement suffisant pour foncer sur un homme, dont le sourire faisait deux fois le tour de sa figure. Déconcerté, je me laissai pousser en dehors des lieux, sous les tapes amicales de ce personnage, en balbutiant des pauvres excuses à son égard. « Je… je suis désolé. Je ne vous avais pas vu et…» Il m’interrompit aussitôt. « Mais voyons donc! C’est quoi cette tête-là? Ce n’est pas le genre de tête à afficher lorsqu’on finit deuxième à la Coupe des Nations! » Je levai les yeux vers lui, insistant. « Mais non, j’insiste à vous présenter des…» Je marquai une pause, prenant soudain conscience de ses précédentes paroles. « Attendez… quoi? Deuxième vous dites? C’est vrai? » Il éclata de rire. « Bien sûr. En égalité avec un autre participant. Votre performance a été remarquable et impressionnante, mais insuffisante pour remporter la première place, j’en ai bien peur. » Il me fit un clin d’œil, complice. « Je compte sur vous pour gagner à la prochaine édition. » Je l’avais fait. J’avais réussi à remporter l’épreuve d’agilité, quoiqu’en deuxième place, mais j’étais heureux. Non, j’étais fier d’être parvenu à représenter adéquatement mon peuple à la célèbre Coupe des Nations. Ma joie parvint, pendant quelques instants, à engloutir le désespoir que j’avais ressenti plus tôt. « C’est… c’est merveilleux. Je… je ne sais pas vraiment quoi dire mais…»

    Les rires de l’homme m’interrompirent, tandis que je me méritais une autre tape dans le dos. « Réserve ton discours à tous ceux qui ont fait le chemin pour. » Il me guida jusqu’à une grande salle où un torrent d’exclamations retentit. J’esquissai un mince sourire, gêné par la présence d’un si grand nombre de gens, avant de leur offrir quelques phrases sur mes sentiments liés à ma seconde place lors de ce tournoi, prononcées sur un ton légèrement mécanique, bégayant à certaines occasions. Par la suite, lorsque la petite assemblée fut occupée à discuter entre eux sur leurs propres impressions de la Coupe des Nations, j’en profitai pour m’éclipser sans bruit vers l’extérieur. Je m’installai sur les marches de l’entrée du bâtiment, l’esprit vaquant entre le bonheur de la victoire et la tristesse de la perte de l’épée, sans plus porter attention à la soudaine explosion d’applaudissements ni de l’arrivée inattendue d’un jeune garçon, qui me reconnut aussitôt comme étant le fameux représentant des Elfes. Une seconde valve d’exclamations résonna, témoin du réveil d’un autre participant, et la personne poursuivit, en me demandant si j’étais venu ici pour la tranquillité et le calme, à l’inverse du tapage à l’intérieur. Je soupirai, me sentant forcé de lui répondre, avant de pivoter légèrement la tête vers mon interlocuteur, que je reconnus au premier regard – après tout, c’était à lui que revenait la première position.

    « Vous êtes le représentant des Orishas. Félicitation pour votre victoire. »Je reportai mon attention sur l’horizon, la tête perdue dans les nuages. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, je ne ressentais aucune haine ou antipathie à l’égard de cet homme pour sa première place dans les rangs. J’étais pleinement satisfait de ma deuxième position après tout. Cependant, mon esprit était si concentré sur quelque chose que j’estimais plus important pour que je puisse porter toute mon attention sur lui. Aussi, je n’avais pas spécialement envie qu’il remarque la tristesse dans mon regard et commence à se poser trop de questions. « Je ne suis pas tout à fait venu ici pour échapper aux bruits, mais, dans un autre sens, nous pourrions le voir de cette manière. » Mes mots pouvaient sembler particulièrement mystérieux pour ce jeune homme, mais j’étais trop distrait pour en être totalement conscient. « Je m’appelle Ežechyel. » Ces paroles quittèrent ma bouche comme un automatisme, une simple politesse d’usage que j’avais appris à dire lorsque je rencontrais quelqu’un. Peut-être qu’une discussion avec lui me permettrait d’oublier un tant soit peu mes problèmes. J’avais besoin de me changer les pensées. « Et vous? » Pour un homme qui venait tout juste d’apprendre sa victoire à la Coupe des Nations, mon ton de voix et mon expression facial contrastait beaucoup à l’image d’un heureux et fier vainqueur. « Une victoire aux pertes douloureuses, j’en ai bien peur. », dis-je soudainement, sans me rendre compte que je venais d’exprimer mes pensées à voix haute.

    MOTS:

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Miles Köerta
Dim 08 Mar 2015, 20:24

Un pèlerinage?
« Do you want to build a snowman »

Il me reconnaissait lui aussi, mais pas seulement en tant qu’Orisha; il me reconnaissait aussi en tant que vainqueur du tournoi. Par habitude, un sale tic nerveux que je ne pouvais empêcher, ma main se frotta nerveusement contre ma nuque et je laissais échapper un petit rire nerveux, non sans que ce dernier me semble particulièrement gêné.

« Merci beaucoup… Mais ça va me prendre du temps avant d’y être habitué... »

La nouvelle ne tarderait pas à faire le tour des Terres, j’en avais bien peur, et je devrais vivre les prochains mois avec cette réputation, qui me suivrait alors comme mon ombre. Enfin, jusqu’à l’annonce de la prochaine édition de la Coupe des Nations, j’imagine. Moi qui n’appréciais pas particulièrement me trouver au centre de tous les regards, me voilà être le sujet principal de plusieurs conversations: les conséquences de cette victoire étaient-elles que je ne pourrais que m’y plier, d’une certaine façon.

Néanmoins, je ne mentirais pas sur mon état d’esprit actuel: j’étais euphorique. Longtemps, depuis la mort de Mère en fait, j’avais remarqué ma faiblesse face aux dangers de ce monde, mon inaction face aux événements qui ont chamboulé et fait trembler l’Histoire de nos Terres. J’étais naïf et innocent. Durant mon enfance, j’avais beau voyager de contrées en contrées, de frontières en frontières, de me risquer à tous les dangers de l’aventure, j’étais toujours accompagné et protégé par mes deux parents, qui me gardaient auprès d’eux de manière abusive. Je ne m’en étais jamais plain, puisqu’ils étaient mes seuls amis, ma seule famille, la seule attache qui me retenait à ce monde. Mais c’est seulement plus tard, bien plus tard, que j’avais compris que je devais me prendre en main, faire mes traces, laisser ma marque. Cependant, je m’étais tourné vers le vol pour me trouver une place dans ce monde, ne sachant quoi faire d’autre, en plus que c’était à cette époque que les premiers signes de la maladie de Père s’étaient fait connaître et que nous nous trouvions au plus bas de notre situation. Voler n’était pas un jeu pour moi, mais une nécessité. Enfin, avant aujourd’hui…

Avec toutes ces histoires, je n’ai jamais eu l’occasion de faire mes preuves cela dit, ni auprès de Mère, morte trop tôt pour me voir, ni auprès de Père, qui n’approuvait pas complètement ma manière de vivre présentement, ni même auprès de qui que ce soit d’autre. Cette victoire, que je peinais encore à assimiler, me faisait tellement trembler! Parce qu’elle était la première démonstration de mes exploits et savoir que les gens m’ont vu, m’ont acclamé, m’ont félicité, m’aidera certainement à continuer sur cette voie. Oui, je n’étais pas le plus charismatique, je n’étais pas le plus grand, comme notre Orishala, ni le plus brave de tous les guerriers, ni le plus intelligent des savants. Je n’étais que moi-même et avec le peu de capacité que je possédais, avec les connaissances que j’avais acquise au cours de ma vie, je comptais bien gravir les échelons de ce monde. Pas au point de devenir seigneur ou roi, loin de moi cette idée – en plus, je n’aurais pas la patience ni même la volonté pour – mais uniquement pour faire ma place.

Mère, toi qui, de là-haut ou de tout autre au-delà qui puisse exister en ce monde de magie et de fantaisie, regarde-moi bien. Je vais changer, je vais exister, je créerai ma place dans ce monde. Je te le promets. Le regard tourné vers le ciel, un sourire flottant sur le coin de mes lèvres, je perdis, durant quelques instants, la suite de notre conversation, à l’Elfe et à moi, mais lorsqu’il reprit la parole, mon attention se dirigea d’instinct dans sa direction. D’ailleurs, il venait de me rendre curieux, sa réponse étant plutôt évasive sur la raison de sa présence ici. Enfin, en contrepartie, il finit par se présenter sous le nom d’Ežechyel.

« Je m’appelle Miles. Heureux de vous rencontrer! Et... vous avez terminé en quelle position dans votre cas? »

Je ne savais pas trop si je pouvais le lui demander. Il affichait une mine si abattue que je me disais, forcément, que cela était en raison des résultats des jeux. Se trouver face au premier devait encore plus le décourager, n’étant qu’un simple môme comparativement à plusieurs des participants qui s’étaient présentés lors de la Coupe. Je me mordais discrètement la lèvre, me disant que j’avais peut-être fait une bourde. Cependant, l’homme aux oreilles pointues laissa glisser quelques mots. Je ne pensais pas qu’ils m’étaient, tout d’abord, adressé, au ton et à la façon dont il les avait balancé. Pourtant, après quelques secondes, je ne pus m’empêcher de rétorquer à l’intention de l’Elfe:

« Hum… Ežechyel? Je ne voudrais pas paraître indiscret, mais que voulez-vous dire par là? Auriez-vous perdu quelque chose lors de l’épreuve? »

Resté debout, je posais mon épaule contre un poteau de bois, fermant les yeux quelques secondes.

« Ces montagnes… J’ai l’impression qu’à toutes les fois que j’entends parler d’elles, quelqu’un perd quelque chose. »

J’ouvris mes pupilles vertes pour les poser sur le visage du jeune homme.

« Mon grand-père a déjà fait l’ascension de ces montagnes, par le passé. Il cherchait… des gens. Il ne les a jamais trouvé et en plus, on lui a retiré le bien qui nous est le plus précieux, à nous, les Orishas: la Liberté. »

Portant mon regard vers le sommet caché des montagnes, je laissais un sourire barrer mon visage.

« Sans être obsédé par cette idée, je me demande néanmoins pourquoi il a voulu aller si loin pour ces individus. Pourquoi sont-ils si importants pour lui… Peut-être que la raison se trouve là-bas, en plein cœur de ces montagnes… »


952 mots



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Ezechyel
Lun 09 Mar 2015, 00:00

    Le jeune homme continuait de parler et de parler sans prendre une quelconque pause, – ou du moins, c’était l’impression à mes oreilles – sans se préoccuper par le manque flagrant d’attention que je lui portais. Plongé dans mes malheurs et mon désespoir, ses paroles semblaient vides de sens, comme si elles n’avaient pas leur place dans le contexte actuel. De plus, quelque chose me disait que le vainqueur Orisha était conscient de ça; que mon esprit vaquait à une autre occupation, sans accorder un véritable intérêt à ses mots. Je ne répondais à aucune de ses questions, je ne m’intéressais guère aux commentaires qu’il soulevait. Je ne le regardais pas. Je ne lui jetais même pas un simple coup d’œil, un regard qui imiterait un semblant d’écoute à son égard. Pour cause, je ne voyais pas l’importance de répondre à une question telle que ma position finale à l’épreuve d’agilité. Car, soudainement, la discussion me paraissait bien dérisoire parmi nous. Ainsi face à mon mutisme et mon inattention, Miles trouva cependant les mots justes pour me convaincre de pivoter ma tête vers lui et l’écouter avec une toute nouvelle attention, incapable de détacher mes pupilles émeraude de son visage, déformé par les traits de l’incompréhension des gestes et des actions de son grand-père lors de sa grande ascension de l’Edelweiss Enneigée. Quand il eut fini de résumer l’histoire de son ancêtre, je me sentis touché par ses paroles, sans réellement en connaître la raison. Cependant, je ne pus résister à l’envie d’émettre mon avis personnel sur la question. « Parfois, les gens commettent des gestes qui à première vue, ne possèdent aucun sens. Mais derrière chaque action se cache un but précis, et même si ceux-ci tendent à échapper à notre logique, c’est à votre choix d’en apprendre les mystères. »

    J’apercevais désormais le lien semblable à ce fragment du passé de ce membre de la famille à l’Orisha au mien. Si dans le cas de Miles, celui-ci peinait à comprendre le but de son grand-père, de mon côté, j’ignorais les pensées qui avaient pu traverser l’esprit de mon propre père pour qu’il accepte de m’offrir, à moi, l’épée en gage de porter dignement la fierté de notre famille. Malgré mes aberrations du sang et de la violence qui ne lui avait jamais été étrangères. Il avait toujours su à quel point je ne me sentais guère à ma place parmi eux, indigne de ses hautes attentes. En dépit de nos nombreux différents dont l’origine remontait à même cette phobie, il m’avait tout de même tendu cette épée, l’héritage le plus précieux que nous n’eûmes jamais posséder. Avec le sourire aux lèvres. Un sourire si sincère, si réel, si joyeux et fier. Un sourire qui m’avait rarement été possible de voir s’esquisser sur son visage. Et après tant de décennies à erreur seul, me questionnant sur les raisons qui l’eut convaincu de le faire, je n’avais jamais été capable de trouver la moindre réponse à ces questions. Un peu comme Miles. Je lui affichai un mince sourire où il put voir toute ma tristesse et mon désarroi, sans rien lui cacher de mes véritables sentiments. Qui n’étaient rien en comparaison à ce qu’il avait entraperçu.

    « Est-ce pour cette raison que vous avez décidez de participer à la Coupe des Nations? Pour tenter, d’une certaine façon, de comprendre votre grand-père? » Puis, je me remémorai les expériences que les organisateurs de l’épreuve d’agilité nous avait fait goûter et je finis par lâcher un rire. Cependant, il se brisa assez rapidement. « Si c’est bien le cas, je suppose que vous ne vous attendiez pas à ça. » Tirer à l’arc et aux flèches sur des champignons marrons aux cris assourdissants, sauter de plateforme en plateforme en compagnie de nuages souriants et de cubes géants à pois blanc ainsi que combattre un gigantesque champignon mauve, roi de cet Univers sans dessus ni dessous était loin de ce que je pouvais appeler une ascension à proprement parler, totalement différent de ce que son grand-père avait enduré. Alors, je supposai que ça ne comptait pas vraiment. Je levai les yeux vers le ciel, en direction des montagnes voisines, l’esprit soudain dans les vagues, me rappelant soudainement la question que le jeune Orisha m’avait posé, il y a quelques minutes plus tôt. Sur ce que j’avais perdu lors de la compétition. Et que j’étais prêt à lui dévoiler, en contrepartie de son histoire.

    « Mon épée. » Je remarquai sa mine confuse. Immédiatement, je lui précisai : « C’est que j’ai perdu lors de l’épreuve. Mon épée. »Il ne comprenait sans doute pas pourquoi la disparition d’une simple arme était à l’origine d’une si grande quantité de chagrin. Après tout, rien ne pouvait m’empêcher de demander que l’on m’en forge une seconde ou que j’aille en acheter une nouvelle. Mais je me connaissais bien. Jamais je ne me satisferais d’un substitut, d’une pâle imitation en comparaison de l’originale. L’originale qui elle, au contraire d’une imitation, possédait une histoire, un symbole à mes yeux. C’était l’unique raison qui me retenait encore sur les lieux. La retrouver, peu importait le prix qui accompagnerait mes recherches. « Elle… elle possède une valeur qu’aucune autre a. » Je pivotai sur moi-même pour faire face à l’Orisha aux yeux verts. « Et je ne repartirais pas d’ici avant de l’avoir récupérée. Quel qu’en soit le prix, je la retrouverai. » Mon expression avait changé. De la tristesse, elle était désormais devenue… de la détermination. Comme je n’en avais jamais ressenti auparavant.

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Miles Köerta
Dim 15 Mar 2015, 00:11

Un pèlerinage?
« Do you want to build a snowman »

Parfois, les gens commettent des gestes qui, à première vue, ne possèdent aucun sens. Rien que parfois? Pas que je sois en désaccord avec les propos de l’Elfe blond, mais tout simplement, je me disais que ce n’était pas seulement « parfois »: c’était à toutes les occasions. Les gens commettaient sans cesse des actes dénudés de raison. Pour nous, simples spectateurs de leurs actions, il fallait sans cesse que nous creusions et que nous creusions encore plus profondément pour connaître leurs véritables intentions. Grand-père, qui nous avait légué ce journal, faisait partie de cette catégorie de personnes dont nous devions gratter sans arrêt la surface pour comprendre les arrière-pensées. Mais pour ce faire, pour comprendre les pensées d’une tête, les réflexions d’un cœur, il fallait toujours retourner vers le passé, à l’origine. Je fermais les yeux, quelques instants, lorsqu’Ežechyel daigna enfin glisser quelques mots, suite à mon monologue. Si mon grand-père était la raison de ma venue ici? Je me permis de le gratifier d’un sourire, remarquant, au passage, l’état déplorable du sien, tiré d’un bord et de l’autre de son visage fin, par une tristesse qui ne laisserait personne indifférent. Même le rire qu’il relâcha, aux souvenirs de l’épreuve que nous avions dû affronter, se cassa brusquement sous l’assaut de la nostalgie. Était-ce à cause de ce « quelque chose », qu’il avait perdu dans les montagnes, qu’il paraissait si effondré? Certainement, au vue de ses différentes réactions.

« Non, pas spécialement. Même que, je n’y songeais pas avant de vous voir. »

Lorsqu’il m’avait avoué – par inadvertance, je vous l’accorde – qu’il avait perdu cette chose au milieu des pics enneigés de l’Edelweiss, mon esprit avait, naturellement, fait le lien entre cette malchance et l’histoire de mon grand-père, dont je pouvais connaître les péripéties grâce aux mots, couchés sur du papier, qui reposaient au cœur de son journal. D’ailleurs, mon regard se posa longuement sur les flancs des montagnes que nous pouvions apercevoir de notre position. Le bruit s’étant légèrement amoindri depuis quelques minutes, étouffé par l’insonorisation des murs, j’avais l’impression de flotter dans une bulle où mes réflexions voyageaient, ici et là, entre les parois de mon cerveau, créant alors une cacophonie bien pire que celle que j’avais quitté en me dirigeant à l’extérieur de l’édifice. Je me remémorais certains passages du journal de mon grand-père, qui faisaient mention de quelques histoires et légendes de mon peuple.
Des sages qui vivraient en retrait du monde, en haut des montagnes: légende ou réalité?
Une histoire de dragon qui reposerait quelque part, à travers le blizzard de l’Edelweiss: légende ou réalité?

Ces deux histoires étaient les seules, à mon souvenir, qui parlaient de ces montagnes. Peut-être connaitrais-je autres rumeurs qui courraient en rapport à ces lieux en poursuivant ma lecture, mais cette dernière était restée à la maison. De plus, j’avais bien des choses à faire que de devoir lire ces derniers temps… Enfin, je m’y prêterais avec plus d’ardeur lorsque je rentrerai à la maison.

« Mon épée. »

Aussitôt, je sursautais, comme si mon corps aurait été pris dans un ressort.

« Pardon?

- Ce que j’ai perdu lors de l’épreuve: mon épée. »

Je me mis à l’observer avec plus d’attention qu’à l’ordinaire. Parfois, les gens commettent des gestes qui, à première vue, ne possèdent aucun sens. Et pour nous, simples spectateurs de leurs actions, il faut sans cesse que nous creusons et que nous creusons encore plus profondément pour connaître leurs véritables intentions. Finalement, nous n’étions pas toujours obligés de forcer la destinée à nous révéler ce que les autres veulent bien nous cacher. Laissions la vie suivre son cours, et si ce dernier se décidait à nous confier son secret, alors qu’il en soit ainsi.

Et c’est ce que le jeune Elfe fit, quelques secondes plus tard, m’informant de la valeur inestimable que cette épée possédait et de la détermination farouche à vouloir la récupérer, à tout prix. Dans ses yeux, je pouvais aisément comprendre que cette épée ne se distinguait pas des autres par sa grande qualité monétaire. Et je souris à l’intention de l’Elfe, avant de me laisser aller dans un grand rire, déposant ma tête contre le poteau en bois sur lequel mon épaule reposait. Je ne me moquais pas de lui – rien de tel – c’était uniquement un rire spontané, incontrôlé, qui s’était relâché comme pour détendre cette lourde atmosphère.

« Ça se voit dans votre regard… Vous ne reculerez devant rien pour retrouver cette épée, pas même de devoir affronter une seconde fois les difficultés de cette ascension. »

Instinctivement, mon regard ne cessait, d’une seconde à l’autre, de se déposer vers les montagnes l’Edelweiss enneigées, source de toutes nos réflexions à présent. Voulant percer le sommet de ces géantes de pierre et de glace, je ne le pu, même avec ma Vision de l’Aigle, les nuages étant beaucoup trop épais rendu à cette altitude.

« Vous me prendrez peut-être pour con… »

Je me détachais finalement du poteau qui me servait d’appui, faisant un pas en direction des montagnes.

« Mais, est-ce que cela vous tenterait une petite expédition dans les montagnes? »

Sans quitter ces dernières des yeux, un sourire joua, moqueur, sur mes lèvres, mes pensées totalement tournées vers les mémoires de mon grand-père.

« J’ai autant à faire là-bas que vous… D’ailleurs, vous avez poussé ma curiosité à connaître les intentions cachées derrière les actions de mon grand-père. Ça fera d’une pierre deux coups. »

Finalement, je me tournais vers l’Elfe blond, la perspective de l’ascension faisant trembler mon corps jusqu’aux os.

« Est-ce que vous êtes aussi déterminé que moi, Ežechyel? »

Je n’en doutais pas une seconde.


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Ezechyel
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Ezechyel
Dim 15 Mar 2015, 17:36

    À la mention de cette idée, mes yeux s’étaient agrandis de surprise. Il me proposait réellement si je souhaitais gravir la majestueuse montagne en sa compagnie malgré les dangers qu’elle recelait? Ce qui était le plus surprenant, c’est que j’avais songé à le faire. Escalader ce mont escarpé ainsi qu’affronter sa température hivernale qui glaçait les os des aventuriers qui la gravissaient. Dans l’unique objectif de retrouver l’arme qui m’avait été légué par mon père : celui que j’avais admiré en dépit de nos nombreux différents et les disputes fréquentes qui s’étaient enclenchées entre nous deux. Malgré cela, j’avais toujours été émerveillé face à cette force qu’il possédait et qui, je l’avouais sans crainte, dépassait de loin la mienne. Quelques soit les épreuves que mon paternel ai pu traverser, enduré, il n’avait jamais baissé les bras. Il gardait la tête haute, fier de ce qu’il avait accompli aussi bien en cas de défaite que de victoire. Cet homme, si charismatique, était parvenu, à chaque reprise, à trouver les mots justes et idéaux pour remonter le moral des troupes et ainsi dissiper la peur des premiers combats. En ne prononçant qu’un simple discours qui avait laissé bon nombre de soldats sans voix. J’avais voulu être comme lui, suivre ses traces et devenir en tous points identiques à la personne qu’il était mais, à mes plus grands regrets, j’avais échoué à cette simple tâche, ce simple but. J’avais fui ce que je redoutais le plus. J’avais abandonné mes deux parents, ma seule famille, sur le champ de bataille, livrés à eux-mêmes, et je n’étais jamais revenu. Comme un lâche. Un égoïste qui ne pensait qu’à satisfaire ses propres désirs. Loin, très loin, de cette image de l’homme fort et courageux que j’avais voulu ressembler.

    À ce moment, à l’instant où mes pieds avaient foulé l’extérieur du champ de bataille, j’avais senti que je ne méritais pas de me comparer à lui. Que je ne méritais pas de me servir de mon père comme un modèle exemplaire que j’admirais. Car lui, et je le savais très bien, n’aurait jamais fui comme je l’avais fait. Il serait resté parmi ses troupes. Il aurait fait abstraction à ses propres maux, à sa propre douleur, à ses propres dégoûts et aurait combattu jusqu’au bout. Avec toute la force et l’énergie qu’il possédait en offrant à ses ennemis une prestation digne du guerrier qu’il était. « La force d’un homme ne se mesure pas par la puissance de ses muscles. La force, la vraie, est celle qui te permet de combattre pour tes convictions, d’affronter les dangers, de faire confiance à tes alliés et de ne jamais abandonner. Si tu penses ainsi, si tous nos hommes pensent ainsi, nous remporterons la guerre. » C’était ce qu’il m’avait dit. C’était les quelques mots qu’il avait prononcé à la suite de la première bataille, la première que j’avais livré au front. Je souris, surpris par l’influence de mon père qui, malgré les nombreuses décennies qui s’étaient écoulées depuis le temps, continuait à parcourir son chemin au travers de mes veines, dans mon esprit. Alors que j’y réfléchissais calmement, me remémorant les souvenirs du passé, je prenais soudainement conscience de tous ce qu’il m’avait appris, tout ce qu’il m’avait fait découvrir lors de mon enfance. Et désormais, mon second regret fut ne de pas avoir eu l’occasion de le remercier pour tout ce qu’il avait fait pour moi. Le passé était le passé. Il ne pouvait pas être modifié. Cependant, si je ne pouvais pas lui dire « merci » en personne et me faire pardonner pour ce que je lui avais fait endurer au fil de nos disputes, je possédais encore un choix. Le choix d’honorer sa mémoire et entreprendre quelque chose qu’il n’avait jamais commis de son vivant : Monter l’Edelweiss Enneigée. Une épreuve, certes, que je considérais comme difficile sur le plan physique et psychologique mais qui me permettrait sans doute de me rapprocher, à petits pas, de l’homme que j’avais adulé au cours de mon enfance et qui revenait à la charge alors que j’étais désormais âgé d’un siècle et des décennies en plus. « Si vous croyez être stupide en me proposant cette offre, alors je ne suis qu’un imbécile qui se contente de l’accepter. », dis-je à Miles en esquissant un sourire. À la différence près que, contrairement à la mine sombre que j’exposais sur mon visage quelques minutes plus tôt, ma mimique était réellement sincère. Après tout, discuter avec lui m’avait causé une remontée de souvenirs que jusqu’à lors, je m’étais permis d’ignorer voulant à tout prix les effacer de ma mémoire alors qu’ils faisaient, chacun d’entre eux, partis de mon histoire, de l’être que j’étais devenu. Aujourd’hui, j’avais conscience des erreurs que j’avais faites et désormais, j’étais prêt à toute éventualité pour les réparer. Que ce soit pour mon père ou pour moi-même.

    Pour dire vrai, je ne connaissais pas une multitude d’informations sur la grande chaîne de montagne. Mis de côté une seule légende, une histoire que je me rappelais avoir entendu entre les murs d’Earudien par une femme qui la contait à ses enfants. L’histoire d’une Elfe qui se nommait Fâyris. Une femme à la voix si enchanteresse qu’elle possédait, disait-on, le pouvoir d’apaisement des cœurs. Elle était capable de faire ressortir la personnalité la plus douce en chacun des gens qui avaient la chance de l’entendre chanter. Même les plus infâmes Démons ne pouvaient résister à son chant envouteur. Mais la jeune Elfe trouva la mort sur l’Edelweiss, tuée par le froid polaire qui y régnait mais encore aujourd’hui, personne ne pouvait être sûr que ce soit la vraie cause de son décès. Quoi qu’il en soit, selon les dires populaires, les voyageurs qui entreprenaient ce périple en montagne clamaient avoir entendu sa voix résonner parmi les profondeurs de la montagne, aussi tendre et apaisante qu’autrefois. Mythe ou réalité? Je n’avais pas les moyens de le savoir mais lorsque j’avais écouté cette histoire, la mère de famille avait semblé y croire dur comme le fer sur la véracité de la légende. Mon flot de pensée fut soudain interrompu par les paroles de Miles, qui me questionna sur ma détermination en me demandant si je me sentais aussi prêt que lui à parcourir le mont recouvert de ce manteau blanc. Je ne pus m’empêcher de rire aux éclats, heureux pour une première fois depuis le commencement de la journée, avant de faire taire mon hilarité et lui répondre d’une voix calme et décidée. « Ne vous l’ai-je pas dit? Je ne reculerais devant rien pour retrouver cette épée, quelques soit les obstacles qui se dresseront sur mon passage. » Je lançai un bref regard sur la montagne, levant les yeux sur son pic qui transperçait l’épaisse couche de nuage. Une si grande détermination pour une arme. Cela doit lui paraître bien étrange. Même si j’ai l’impression qu’il me comprend. Je poussai un soupir avant de me lancer, « Vous savez… » dis-je soudainement. « L’arme que je recherche si avidement a appartenu à mon père et avant lui, à son propre père. C’est un héritage transmit depuis plusieurs siècles dans ma famille et la perdre a été… un véritable choc. » Je baissai les yeux au sol. « C’est assez ironique, dans le sens où, lorsque je l’ai reçue, je n’en voulais même pas. J’ai pensé, à plusieurs reprises, de l’abandonner au loin mais aujourd’hui, alors que je ne l’ai plus, cette épée n’a jamais posséder une si grande importance. » Je pris le fourreau de l’épée entre mes doigts, les paupières closes, et le rapprochai lentement, très lentement, de mon cœur. « Pourquoi prenons-nous conscience de la valeur d’un objet uniquement lorsque nous l’avons perdu? Avons-nous réellement besoin de ressentir de la peine avant le bonheur? »

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Miles Köerta
Sam 21 Mar 2015, 09:54

Un pèlerinage?
« Do you want to build a snowman »

« Dans ce cas, à nous deux, nous formons une belle paire d’idiots! »

En remarquant la lumière qui éclairait son visage, je me félicitais à moi-même de lui avoir rendu son sourire, sans trop de difficulté. Même si la mission me semblait périlleuse – et cela était loin d’être une simple impression – je voyais bien dans ses yeux que volonté plus forte ne pouvait exister. J’en déduisis même, à l’entente de son rire, que ma question précédente pouvait paraître bien dérisoire à son regard. Bien sûr que je savais  qu’il était déterminé: déterminé à lever les montagnes s’il le voulait, à combattre les pires monstruosités qui pourraient croiser notre chemin, lors de notre montée, uniquement pour cette épée.

D’ailleurs, en parlant de cette fameuse arme, Ežechyel finit par me conter son histoire. Gardant mes yeux rivés dans les siens, je l’écoutais avec attention, sans le couper d’aucune manière durant son monologue, où il me parlait de son héritage, de l’importance, sans aucune mesure, que cet objet représentait pour lui. À ses gestes, à la douceur de sa voix, lorsqu’il parlait de cette épée, nous pouvions tous deviner l’amour que l’Elfe portait pour cette arme. C’était assez étrange à dire comme ça – aimer une arme – mais d’un autre côté, c’était tout à fait normal de décrire ce lien, qui unissait Ežechyel et son épée, de ce mot. Il suffisait de voir les étoiles qui scintillaient au fond de son regard pour comprendre… D’entendre le timbre rempli d’émotions du jeune homme lorsqu’il songeait à son arme disparue.  

« Pourquoi prenons-nous conscience de la valeur d’un objet uniquement lorsque nous l’avons perdu? Avons-nous réellement besoin de ressentir de la peine avant le bonheur? »

Suite à ces paroles, j’amenais mes bras sur ma nuque, levant les yeux vers les sommets enneigés des montagnes, cachés au plus profond du firmament.

« Sans cela, comment pouvons-nous comprendre que ces objet sont aussi important pour nous? »

Et je parlais avec expérience, connaissant moi-même la souffrance qui étreignait un cœur lorsqu’on voyait une chose, si importante à nos yeux, disparaître brusquement de notre vie. On se reprochait de ne pas avoir su passer plus de temps en sa compagnie. On regrettait ces journées où, pris de colère et de ressentiment quelconque, on aurait été en colère contre elle. On se souvenait des moments merveilleux, et la mélancolie accentuait notre peine… Pour un objet, j’imaginais que les réactions pouvaient être différentes, quoi que légèrement semblables – plus ou moins – mais lorsque cette chose qui disparaissait de notre vie était un être humain, fait de chair et de sang et de souvenirs qui lui étaient rattachés, c’était exactement ainsi que nous nous sentions. Et, je sais que je me répétais, mais je disais ceci avec expérience, Mère nous ayant quitté bien trop tôt… Et maintenant Père, qui, ce n’était plus qu’une question de mois j’imaginais, allait lui aussi trépasser pour la rejoindre. Ils seraient enfin réunis, comme avant.
Et moi, je serais derrière, ici, sur Terre.
Et seul. À tout jamais seul.
Non de non! J’allais finir par chialer si je continuais de songer à ça! Et puis, c’était sacrément égoïste de ma part de penser ce genre de choses: comme si je voulais sauver Père uniquement pour ne pas connaître la solitude. Certes, toute ma vie, j’étais resté avec mes parents. Je ne me souvins pas d’un seul instant où ils n’étaient pas présents à mes côtés. Ils étaient toujours là pour moi. Ils étaient mes seuls amis, les seuls êtres que je connaissais vraiment à travers ces terres. Mais par-dessus tout, je voulais sauver Père parce que je l’aimais, et qu’il avait le droit de vivre lui aussi, ne serait-ce que pour connaître le véritable plaisir d’une vraie existence, lui qui n’avait cesser de souffrir durant sa vie, entre sa captivité dans le manoir de cet infâme sorcier d’Unys, la mort de Mère et, à présent, le Kurbus qui lui rongeait la moelle.

« J’pense que les choses doivent se passer ainsi, dis-je en expirant un soupir, pour que nous prenons conscience de l’importance qu’ils ont pour nous… »

Inconsciemment, je commençais à parler comme s’il ne se serait plus agit d’un objet… Mais rapidement, je décidais de changer la direction du sujet, sentant les souvenirs remonter en moi et me rendre soudainement plus mélancolique encore que l’Elfe, au tout début de notre discussion. M’étirant les bras, je tournais le dos au jeune homme blond.

« En tout cas, si nous voulons partir faire cette ascension, nous devons nous préparer en conséquence… Je vais demander des provisions aux personnes à l’intérieur. Pendant ce temps, tu pourrais leur demander de nous passer du matériel, qui nous serait fort utile, une fois pris dans le blizzard des montagnes. »

Un sourire s’étira doucement sur mon visage, alors que je m’apprêtais à rentrer dans l’établissement.

« Et puis, ils ne pourraient rien refuser à leurs champions, non? »


816 mots



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Ezechyel
Sam 04 Avr 2015, 17:22

    Je n’étais pas certain de mon accord ou mon désaccord avec lui sur ce point précis : les choses doivent se passer ainsi. Nous possédions tous des liens puissants en relation avec de simples objets parfois et des êtres chers selon le cas et parmi eux se dissimulaient toujours quelque chose auquel nous étions naturellement attachés, sans avoir besoin de se poser la question sur la valeur qu’il avait à nos yeux. Sans prendre le risque de le perdre pour comprendre les fils complexe de la relation que nous vivions avec eux car la souffrance ne s’en verrait que violement décupler. Par exemple, je n’avais pas à réfléchir sur le lien que j’avais jadis posséder avec mes parents. Je les avais aimés et je les aimais encore (il était vrai que par le passé, de nombreux différents avaient créé un fossé entre nous mais l’amour familial avait demeuré.) Je n’avais pas eu besoin de les perdre pour comprendre que je les appréciais. Mais la famille n’avait jamais le même sens aux yeux de tous et je ne saurais guère étonné d’apprendre de la bouche d’un autre qu’il haïssait ses parents. Certains pouvaient se montrer si cruels avec leur propre descendance. Les disputes que j’avais eu par le passé n’avaient rien à comparer avec les maux que d’autre vivaient quotidiennement. Ça pouvait être le cas de ce jeune homme aussi – je n’étais en aucun cas dans sa tête, ce n’étaient que de simples suppositions qui entraient dans le contexte – mais vu dans un autre sens, il avait peut-être raison. Chacun nourrissait sa propre vision de cet Univers, mais je tenais malgré cela à lui faire comprendre mon point de vue en dépit des traces de véracités que ses mots contenaient.

    « Le pensez-vous sincèrement? Je ne crois pas que nous soyons nécessairement forcés de perdre pour comprendre. Je suppose que vous aimez vos amis sans qu’il vous soit obligé de les voir approcher de trop près la mort pour vous rendre compte qu’ils détiennent une place importance dans votre cœur, pas vrai? » Je pris une courte pause. Les grands discours ne m’avaient jamais intéressé mais pourtant, lorsque je me trouvais en face de l’Orisha, je ne pouvais pas empêcher mes lèvres de bouger et laisser une large manœuvre de liberté à mes pensées que je brimais au fond de ma tête par habitude. Je souris avec légèreté puis poursuivis : « Mais vos pensées contiennent aussi du vrai sur plusieurs points. Vivre des tragédies ne fait que renforcer les liens que vous entretenez avec vos proches. J’ai vécu une expérience… traumatisante qui m’a forcé à ouvrir les yeux mais une fois que mon courage a été assemblé, il était trop tard. J’ai cru ne jamais être capable de le récupérer un jour. » Je remis mon fourreau en place en poussant un long et profond soupir. « La joie et le bonheur semblent être deux sentiments si difficiles à atteindre mais pourtant, je ne renonce pas à l’idée qu’un jour, nous finirons tous pas nous comprendre et cesseront les conflits. » Je croisai les bras. « Mais les possibilités que mon rêve demeure que ce qu’il est sont grandes. Peut-être essaie-je de viser un objectif beaucoup trop gros pour moi? » Là où nous trouvions de l’homme se trouvaient aussi des guerres et de la violence, je n’étais pas si naïf. Le but que je m’étais visé atteignait les frontières de l’impossible, sans doute un peu plus loin aussi. Ce n’était pas quelques petits gestes de bienséance ici et là qui éliminerait la haine, la jalousie, la colère, l’envie et tous les autres péchés capitaux de la surface de ces Terres.

    Quoi qu’il en soit, nous ne pouvions pas continuer à discuter éternellement sur les marches de l’établissement en émettant chacun notre commentaire sur les réflexions de notre prochain. À ce train-ci, nous ne pourrions même pas commencer notre ascension. Miles finit par exprimer son impatience d’ailleurs en me proposant d’aller chercher l’équipement adéquat pour ce périple difficile et accroître nos chances de survive au cœur de lieux hostiles et sauvages tandis qu’il s’occuperait des rations alimentaires. Je souris face à son commentaire, sachant que notre nouvelle popularité amenait plusieurs avantages mais à la longue, est-ce que je finirais par m’y habituer? Sans doute que non, mais là n’était pas la question. « Entendu, je vous rejoindrai ici. J’essayerais de ne pas être trop long. » Sur ces paroles, nous nous séparâmes à l’entrée de la bâtisse en quête de ce que nous devions chacun chercher. À mon passage, quelques têtes se retournèrent en reconnaissant l’un des champions de l’épreuve d’agilité que je préférai ignorer – ou au minimum, saluer d’un geste simple de la tête – pour éviter les nombreux discours sans fin qui me furent proposer et que je déclinai poliment aux proies à un soudain malaise. À vrai dire, j’ignorais à qui m’adresser pour l’emprunt des matériaux mais mon incertitude qui si reconnaissable sur mon visage finit par interpeler une jeune femme aux yeux dorés qui me demanda : « Chercheriez-vous quelque chose par hasard? »

    Son fort accent Erek me laissait deviner son appartenance à la race Elémental. Interloqué, je pris quelques secondes avant de répondre. « …Effectivement. Est-ce que vous pourriez m’aider à trouver des matériaux adéquats pour franchir l’Edelweiss Enneigée? Si je le peux, bien sûr. », m’empressai-je d’ajouter d’une voix fortement gênée. Elle éclata d’un rire franc et contrôlé, accompagné par les murmures de ses camarades à proximité, les yeux brillants. « Jeune homme, peu importe à quel point vous serez chaudement vêtu, la température glaciale finira toujours par vous rattrapez. Votre principal atout réside majoritairement dans votre volonté, votre force, votre courage …et vos provisions. » Elle joua avec une mèche qui lui cachait un œil. « Cependant, il n’est pas si stupide de vouloir prendre quelques précautions supplémentaire avant de s’engager dans ce voyage difficile. » Elle m’entraîna à l’écart de son groupe et s’engagea dans un couloir secondaire vide avant de bifurquer vers la gauche et ouvrir la deuxième porte du corridor, plongée dans l’obscurité. L’Elémental commença à fouiller dans la pièce minuscule, cachée par son dos qui me barrait la vue. « Vous savez, l’avantage serait de posséder un pouvoir lié aux flammes ou une immunité aux froid polaire pour vous permettre ce genre d’aventure. Vous n’imaginez pas combien de téméraires ont refusés de recevoir de l’aide car ils considéraient cette expédition comme un dépassement d’eux-mêmes en solitaire. Stupidité ou courage, je ne suis jamais parvenue à trouver la réponse. » « Hum, hum… »

    Je ne l’écoutai pas vraiment, plongé dans mes propres pensées. Elle finit par s’extirper de la pièce avec un sac de taille moyenne sur les épaules, un sourire malicieux au visage. « Il peut paraître bien petit en comparaison à ce qui vous attends, mais il contient à lui seul plusieurs objets utiles qui vous permettront de facilité un tant soit peu votre ascension. » Elle me le tendit tout en me faisant part de l’inventaire complet de ce sac. « Pour commencer, ce sac, si vous l’aviez bien deviner, peut contenir plusieurs items au détriment de leur taille ou de leur poids. Il contient une tente, plusieurs couvertures de fourrure, deux pics qui vous serons utile pour gravir les pentes escarpées, des gants et une corde bien solide. » Elle toucha le sac du bout de son ongle. « Il serait très apprécié que vous me rendiez tout son contenu à votre retour. » Je souris distraitement. « Vous pouvez entre être sûre, merci. Mais avant de partir, puis-je en avoir un deuxième? Je compte y aller avec un ami. » La joie de la femme était à son paradoxe. « Bien sûr! » Elle fut capable de trouver un deuxième sac que je pris dans ma main libre. Puis, l’Elémental me guida vers la salle que nous avions quitté – là où l’attendait tous ses camarades – mais avant que nous posions pied là-bas, elle s’empressa d’ajouter : « Cependant, je tiens à vous faire part d’un détail très important. Aucun de ces objets ne possède la moindre propriété magique. La couverture et la tente conservent bien la chaleur, mais rien n’empêchera votre abri de s’envoler au loin ou de ressentir les vents glacés de l’extérieur. »

    Ses yeux étaient rivés dans les miens. « Mais ne vous inquiétez pas trop pour ça. Il y a plusieurs petits villages qui ont été construits sur le chemin et qui vous aideront en cas de problème. Si votre courage vous abandonne, allez les voir, ils vous ramèneront en bas. Prenez garde aussi aux avalanches et aux tempêtes. Ces temps-ci, elles sont assez fréquentes. N’oubliez pas de vous apporter de l’eau et de la nourriture. La faim devient rapidement un ennemi là-haut. » Je m’inclinai légèrement devant elle en n’oubliant guère de la remercier une seconde fois pour son aide. « Ce n’est rien. Tâchez de faire attention. » « Ne vous inquiétez pas, nous réussirons. Vous pourrez récupérer votre équipement assez tôt. Passez une bonne journée. » Elle passa une main dans ses cheveux. « À vous aussi Champion. » Je quittai l’enceinte de la bâtisse et une fois le pied posé à l’extérieur, une bourrasque glacée me frappa au visage. Je frissonnai légèrement en dépit des vêtements chaud que je portais avant de m’avancer jusqu’aux escaliers qui constituaient notre lieu de rendez-vous. Je n’y trouvai personne. Je m’assis sur les marches, les deux sac en bandoulière déposés à côté de moi et levai les yeux vers l’Edelweiss qui se dressait devant moi. Miles devait encore être à l’intérieur, à rechercher de la nourriture. À moins qu’il ne se soit fait prendre par des gens qui réclamaient l’autographe du Champion de la première place? Cette idée me fit sourire alors que je me visualisais mentalement la scène et les expressions du faciès de l’Orisha.

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Miles Köerta
Mar 14 Avr 2015, 05:05

Un pèlerinage?
« Do you want to build a snowman »

« J’essayerais de ne pas être trop long.

- Pareillement. »

En franchissant l’encadrement de la porte, qui séparait l’intérieur et l’extérieur de l’édifice, les paroles de l’Elfe tournaient encore dans ma tête, comme un petit carrousel sur lequel mes réflexions peinaient à prendre place sur un siège. Ou plutôt, il serait plus adéquat de considérer mes pensées comme simples spectatrices de ce manège, qui s’activait devant leurs yeux, essayant d’assimiler quelque chose d’intéressant dans les propos de l’Elfe. Et je me rendis rapidement compte que sur ce point, nous étions parfaitement identiques: chacun de nous, d’une certaine manière, d’une certaine façon, visait des sommets qui, aux yeux des autres, semblaient inatteignables. Moi, je tentais de sauver mon père d’une maladie dite incurable alors que tous avaient déjà baissé les bras; quant à lui, Ežechyel cherchait à purger ce monde des vices et de la colère qui y régnait en maître alors que nous savions tous que la violence, la guerre, la jalousie et la haine ne pourraient disparaître tant qu’ils y avaient des hommes sur ces continents. Il y aura toujours quelqu’un pour détester son voisin, l’envier ou bien le mépriser. Il y aura toujours quelqu’un pour répandre le sang des innocents, toujours quelqu’un pour prêcher la violence, toujours quelqu’un qui réglerait ses comptes non pas par la force de son intelligence et de sa raison, mais par celle de ses poings. Plus j’y pensais, plus je me disais que les rêves qu’aspiraient le jeune Elfe n’était pas que des sommets inatteignables sur lesquels il suffisait d’avoir un peu de volonté pour tous les traverser: c’était carrément impossible.

Cependant, si son ambition ne pouvait décemment pas se faire à l’échelle mondiale, je me disais qu’il pouvait toujours tenter de calmer les ardeurs dans une ville, de rendre sécuritaire un couvent ou bien un orphelinat, de répandre son rêve non pas vers ceux dont l’âme était déjà souillé par les malheurs qu’a connu notre monde, mais vers ceux qui allaient peupler ce ledit monde, juste après nous. Enfin, j’étais loin d’être un sage et je n’avais aucune idée si mes paroles avaient du sens, étaient défaillantes ou bien tout simplement trop naïves face à la réalité. Mais ce dont j’étais sûr, c’est que rien n’était impossible. Peut-être pas dans les jours qui vont suivre celui-ci ni même dans les années à venir, mais j’étais certain qu’il parviendrait à accomplir son rêve, pas dans son intégralité malheureusement, mais une partie était déjà mieux que rien du tout, n’est-ce pas?

« On cherche quelque chose, monsieur le Champion? »

La voix me retira violemment de mes pensées et, par instinct, mon regard chercha le propriétaire de la voix, qui ne fut pas long à trouver, dû à sa proximité. Et, par tous les Dieux, je ne m’attendais pas à le voir apparaître si brusquement devant mes yeux, lui!

« Fri…Friedrick? »

Le jeune homme aux cheveux cendrés me gratifia d’un sourire narquois.

« Mais qu’est-ce que tu fais à rester planté là? »

Je balayais rapidement la salle dans laquelle je me trouvais, constatant que j’étais immobile, en plein milieu d’une foule de gens qui m’observait attentivement – peut-être un peu trop attentivement… J’avais la désagréable impression d’être une proie sous les regards affamés de ses prédateurs, qui n’attendaient que le moment opportun pour me sauter dessus.

« Je pensais…

- Alors tu penses beaucoup aujourd’hui. Parce que ça fait plus de cinq minutes que tu es là, sans rien faire. »

ananas quoi… Le jeune homme se pencha au-dessus de mon oreille et me chuchota, plaisantin:

« Et en plus, tu fais attendre tes fans. »

Un petit regard sur le côté m’indiqua qu’on attendait visiblement que je prenne la parole. Je détournais mon attention pour la reposer sur Friedrick, à qui la situation amusait grandement.

« Pendant que je leur parle, tu pourrais aller me chercher quelques trucs?

- Tu pars pour Avalon?

- Pas tout à fait… »

Je lui expliquais rapidement mes motivations à m’attaquer à l’ascension de l’Edelweiss enneigées, et il m’écouta attentivement. Ežechyel et moi désirions vraiment entreprendre cette montée et, il nous fallait nous y attaquer minutieusement préparés. À la fin, Friedrick haussa les épaules, un sourire moqueur aux lèvres.

« Et moi qui étais venu spécialement pour te voir te faire couronner comme un roi. »

Je roulais des yeux.

« Bah, une autre fois peut-être. »

Il hocha de la tête avant de me tapoter l’épaule et de se diriger d’un pas rapide en direction des cuisines de l’établissement. Je soupirais, me retournant vers les gens qui m’observaient d’un œil pétillant. Je leur adressais un sourire, m’avançant dans leur direction. Je les saluais amicalement, leur décrivais un peu ce que j’avais vécu en haut, dans les montagnes, ils m’écoutaient avec une attention qui me mis rapidement mal à l’aise. Je n’étais pas habitué d’être le centre d’attention, d’avoir posé sur moi tous les regards: c’était nouveau, mais pas si déplaisant que ça d’un autre côté. Les voir sourire, me féliciter, ça me gonflait le cœur et me rendait – oui, rien qu’un peu, hein – timide sur le coup. Mais je tentais de ne rien laisser paraître.

« Eh, Champion, j’ai ce qu’il te faut… »

Je me retournais vivement. Friedrick revenait dans notre direction, deux sacs plein à craquer de provisions. Je le débarrassais rapidement des deux sacs, le remerciant d’un hochement de la tête.  

« Alors, il y a des biscuits et des gourdes en quantité industrielle. Également, les cuisiniers ont cru bon de t’emballer quelques morceaux de viandes séchés, ça fera changement des craquelins. Il y a aussi… »

Le jeune homme aux cheveux cendrés ouvrit l’un des sacs, et se mit à fouiller à l’intérieur.

« Il y a une petite bouilloire, si vous voulez faire bouillir de l’eau. Également, des feuilles de thé, du gingembre et du miel. Ah oui! Il y a aussi quelques miches de pain… »

Il leva son regard dans ma direction.

« Vous en avez suffisamment pour trois jours, si vous ne décidez pas de vous goinfrez en chemin. Sans compter que vous pouvez demander de l’aide aux paysans qui habitent les villages qui se trouvent dans les montagnes. »

Je replaçais en ordre les articles qu’il venait de me présenter, soupirant d’aise. Trois jours, ce n’était pas énorme, et j’espérais que nos provisions tiendraient un peu plus longtemps… Enfin, nous ferions attention, cela allait de soi. Je remerciais une seconde fois mon camarade.

« Les cuisiniers tenaient à te féliciter, aussi.

- Je les remercie pour leur aide. »

Tournant le talon pour partir en vitesse rejoindre l’Elfe, je fus soudainement arrêté par la voix de Friedrick.

« Hep! Miles!

- Quoi?

- Bonne chance! »

Je souris.

« Merci beaucoup! »

Et sans plus attendre, je sortis à l’extérieur et trouvais, comme je l’avais prévu, le jeune Elfe sur les marches de l’établissement. J’avisais les deux sacs qui se trouvaient à côté de lui et je m’approchais du jeune homme.

« Je vois que tu as tout ce qu’il nous faut. »

Je lui présentais les deux sacs de nourriture que j’avais en main, lui énumérant un peu le contenu de chacun d’eux, avant de tourner mon regard vers les montagnes enneigées.

« Je crois qu’il ne nous manque rien. Nous sommes fin prêts à présent! »


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Ezechyel
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Ezechyel
Ven 01 Mai 2015, 02:49

J’étirai mon corps de tout son long, lentement, agilement, suite à l’arrivée du jeune homme dont les deux sacs attirèrent presque immédiatement mon attention. Un mince sourire se dessina sur mes lèvres, à l’écoute de son énumération générale de la nourriture dont étaient remplis les deux sacs. Il termina son dialogue en affirmant que nous étions enfin prêts à affronter l’hostilité glaciale de la montagne, à atteindre ses plus hauts sommets. Je me relevai, toutes mes pensées dirigées vers notre ascension, toutes concentrées sur l’objet de mes convoitises, le noyau de mes recherches. Inconsciemment, je frottai le fourreau inlassablement vide de l’épée, sentant sa rigidité sous mes doigts, retraçant toute l’histoire que son contenu avait écrit pour moi, pour mes prédécesseurs. La souffrance de sa perte se transformerait en force. La crainte de ne plus être capable de poser à nouveau les yeux sur l’arme, sur ce symbole familial oublié, se changerait en courage. Puis, je laisserais de côté la peur et je la modifierais pour qu’elle devienne de la sagesse, la puissance qui me permettrait de progresser, de continuer à gravir les monts escarpés encore et encore. Sous le gel, sous le froid, sous la fatigue. Je retiendrais des erreurs que j’avais commises pour me fournir en une toute nouvelle énergie. Je fermai les yeux, brièvement, rapidement. Je n’abandonnerais pas la lutte avant d’avoir plus que toucher ou effleurer mais atteindre la victoire. Goûter à ce que la réussite de cette épreuve apporterait en moi, me forgerait une nouvelle image. C’était ce que j’espérais, que je voulais obtenir au même titre que cette épée.

Car lorsque les peurs du passé ressurgiraient de ma mémoire pour me hanter à nouveau, créer une souffrance indescriptible, je serais prêt.

À l’affronter, à la vaincre. Ne plus être entravé par ses lourdes chaînes. Un concept qui pouvait aussi se définir comme la liberté. Une toute nouvelle vision du monde, un nouvel air inspiré, expiré. Non sans plus revoir les noirceurs du désespoir, ses profondes ténèbres, mais apprendre leurs leçons que j’avais si durement enduré, encaissé. J’ouvris les paupières, le regard rivé sur le sommet invisible de l’Edelweiss, caché par l’épaisse couche de nuage. Je tendis un sac d’équipement au jeune homme, reportant mon attention sur lui, et ramassai un sac de nourriture pour compenser le sac en moins que je lui avais offert. Je les passai tous les deux sur mes épaules, flanchant que très peu sous le poids de nos rations et déclarai haut et fort : « Qu’est-ce qu’on attend alors? Allons-y! » Je pris les devants sur le chemin menant au pied de la montagne, le cœur léger, l’esprit apaisé. Ici, les morsures du vent étaient plus froides, plus hostiles. Elles claquaient contre nos vêtements avec une force impressionnante, elles sifflaient dans nos oreilles comme un avertissement aux dangers et aux obstacles qui nous guettaient. Mais, dans un autre sens, ces vents déchaînés parvenaient à calmer le flot de mes pensées, à ralentir mes réflexions, à les taire dans un recoin de ma tête pour ne se focaliser qu’en un unique point : le moment présent.

Il n’était plus question de me ressasser sur le passé ou de craindre l’avenir. Je faisais face à une toute nouvelle perception, des émotions qui me rendaient si euphorique de par cette nouveauté, ce changement. Je voulais que ça dure encore longtemps, que ça demeure en moi éternellement. Je me demandais si l’Orisha ressentait aussi ces émotions, ces sensations. Mais à quelque part dans mon esprit, je savais. Je savais que ça ne durerait qu’un court instant, qu’une si petite durée en comparaison à toute la vie qui continuerait son cours à la fin de ce périple. Je refusais simplement de lâcher prise et de retomber dans ce trou si obscur qui représentait mes pires craintes et mes plus grandes peurs. Nous n’en étions qu’au commencement de notre aventure, aux pieds de l’immense montagne. Je ne pouvais pas avoir peur maintenant. Je ne pouvais pas trembler présentement. Alors je serais courageux et affronterais les tempêtes, les yeux rivés vers l’avant.

MOTS:
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Miles Köerta
Ven 08 Mai 2015, 18:03

Un pèlerinage?
« Do you want to build a snowman »

Répondant à son signal, j’hochais vigoureusement de la tête. Je fis un mouvement sec avec mon épaule pour positionner de manière confortable les sacs sur mon dos avant de suivre l’Elfe qui partait déjà en direction des monts enneigés. Intérieurement, je jubilais comme un enfant à l’attente d’un cadeau. La perspective d’une telle aventure, en compagnie du jeune blond, chauffait plus que nécessaire le sang qui parcourait mes veines. C’était démentiel. Toutefois, mon esprit était léger; agité, oui, excité, encore plus, mais il était léger. Léger et apaisé. Allez comprendre pareil phénomène, surtout en sachant ce qui nous attendait dans cette expédition.

Déjà, il suffisait de mettre le nez dehors pour être méchamment agressé par les assauts du vent. Froid et violent, morsures glaciales qui attaquaient notre visage, engourdissaient notre corps, il claquait puissamment contre nos vêtements et parvenait à s’infiltrer sournoisement dans les tissus de ces derniers. Malgré le froid, le vent, et les rafales qui nous amenaient la poudre de neige, j’avais incroyablement chaud, une étrange et inexplicable euphorie réchauffant à cent degrés toutes les fibres de mon corps. Les montagnes que nous nous apprêtions à escalader, mastodontes de glaces et de neiges, ne seraient pas aisées à traverser, certes, mais avec une telle énergie qui parcouraient notre être, rien ne me semblait impossible. Je me sentais invincible, capable de contrer les attaques du vent, de venir à bout de la neige qui nous arrivait en-dessous des genoux et du froid mordant qui n’épargnait rien à notre peau. Et le plus impressionnant, c’est que les sensations que je ressentais à l’heure actuelle n’étaient pas si terribles que ça. Bientôt, lorsque nous arriverons au pied des monts et que nous commencerons notre ascension, le blizzard serait encore plus violent, le froid encore plus glacial et la neige encore plus épaisse. Le voyage ne nous laisserait  aucun répit.

Nous avancions à grandes enjambées, la tête haute, le regard pétillant. La hauteur des montagnes commençait à se faire plus imposante au fur et à mesure que nous nous en approchions, mais le courage battait follement dans nos veines. Les sommets, fendant les nuages du ciel, n’étaient même plus visibles à notre œil, cependant, grâce à ma vision de l’Aigle, je parvenais encore à apercevoir quelques mètres avant que la cime ne se perde définitivement dans l’amoncellement nuageux. J’échangeais un sourire avec Ežechyel. En apparence, il semblait calme et posé, simplement préoccupé par les montagnes que nous allions gravir, mais quelque part, je me disais que la même énergie devait le traverser lui aussi. Aussitôt, je commandais à mes jambes d’accentuer la vitesse de notre avancée. Avec nos sacs de ravitaillements, nous avions pu atteindre le pied des montagnes en près de quinze minutes, dans un silence teinté d’admiration et de fascination pour ces seigneurs de neige. Le souffle rapide, par le vent qui bloquait nos respirations, nous observions une dernière fois ces sommets enneigés avant de nous y engager véritablement.

••••••••

Si nous avions pu courir, nous l’aurions fait, sans doute, sans aucune hésitation, mais nos sacs pesant, le vent s’opposant, la neige nous freinant, il était quasiment impossible d’avancer sans relâcher une lourde et profonde expiration. Finalement, la chaleur qui parcourait mon corps n’était plus due à mon excitation face à l’aventure, mais bien à cause des efforts que je déployais pour continuer de progresser, sans m’arrêter. Souvent, je jetais des regards en biais à l’Elfe blond pour savoir comment il se portait et s’il tenait le coup. Les montagnes de l’Edelweiss enneigées étaient fidèles à leur réputation: hostiles et froides, il n’en restait pas moins que l’expérience d’une ascension chavirait le cœur de tous ceux gravissant ces corps gigantesques de neige. Même que, la nuit, des rumeurs racontaient l’apparition de magnifiques voiles colorés qui s’ondulaient dans le firmament, offrant un spectacle des plus enchanteurs pour les yeux qui le contemplaient. Même si le danger nous guettait à chaque pas, je ne perdais pas de mon optimisme pour continuer de l’avant.

En relevant la tête pour prendre une nouvelle inspiration, j’aperçus alors des silhouettes qui se détachaient de la poudre de neige. Virevoltant dans tous les sens, cette dernière rendait les corps singuliers, un peu étranges et difformes, mais nous pouvions facilement deviner qu’il s’agissait là d’êtres belle et bien humanoïdes. Je ralentis mon pas, jusqu’à l’arrêter complètement à cette vue.

« Eh! Regarde Ežechyel. Il y a des personnes devant nous… »

Agrippant bien fermement les lanières de mon sac, je m’approchais des silhouettes. Elles étaient bien petites d’ailleurs… Mais bien rapidement, je compris pour quelle raison: c’était des hommes et des femmes cagoulés, vêtus d’épaisses fourrures qui couvraient chaque parcelle de leur peau, pour se protéger du froid. Les mains jointes, la tête penchée vers l’avant, nous étions en mesure de les entendre chuchoter. Ils étaient en prière. Ils étaient des pèlerins et, devant eux, se tenait une stèle d’un mètre approximativement. Ils ne nous prêtaient aucune attention et finissaient simplement leurs louanges aux Dieux. Intrigué, je les écoutais attentivement jusqu’à me rende compte qu’ils parlaient l’Arshàla, la langue des Orishas.

« Que pouvons-nous faire pour vous, jeunes voyageurs? »

La voix douce me retira brutalement de mes pensées et je constatais qu’ils venaient de finir leur prière. À présent, leurs yeux vairons nous observaient, curieux.

« Excusez-nous si nous vous avons dérangés, mais nous vous regardions prier. Mais… Qu’est-ce donc? », demandais-je en pointant du doigt l’énorme stèle de pierre.

Retirant lentement sa cagoule, libérant une masse de cheveux très sombre, la jeune femme qui venait de nous interpeller nous offrit un sourire charmant avant de se tourner vers la fameuse pierre.

« Ces stèles? Elles racontent la légende du Dräguesh edh fäal (Dragon des Eaux). Une vieille histoire contée depuis des temps immémoriaux. Vous voulez y jeter un coup d’œil, jeunes voyageurs? »

Je me tournais vers l’Elfe avant d’acquiescer d’un hochement de la tête.

« Bien sûr. »

Les quatre silhouettes se redressèrent donc, nous laissant le chemin pour nous rendre jusqu’à la stèle. Je passais un doigt sur la surface rugueuse, m’exclamant avec surprise:

« Mais c’est écrit en Arshàla!

- Vous connaissez?

- Oui… Je suis moi-même un Orisha. »

En me tournant dans sa direction pour voir son expression, j’y aperçu le scepticisme habituel lorsque je déclarais faire partie de la race des Libérés. Je ne possédais pas leurs yeux vairons ni leur peau basanée, mais dans mon cœur, la Liberté battait son plein comme dans celui de tous autres Orishas. Je soupirais en haussant des épaules.

« Je suis albinos, c’est pour ça… »

Je retournais finalement mon attention vers la stèle, lisant les écritures à voix haute. Si nous étions, tous ici, en mesure de comprendre et de lire l’Arshàla, je soupçonnais qu’Ežechyel ne puisse comprendre un traite mot de ce qui allait être dit.

Miist oshk hydrolk brek iskilsh shel okair unles edh brank edh asnel ijk troialsh ehr shaor aarshor edh sfrashgs akh edh oomyrils Drolika Aark iskilsh ejk thre homa afluok ash heprij shel otkila edh vairhaas es hkydelsh uj kifros ghaldula edh shora on gewfetth edh polk faareshi shal Draguesh edh Faal Dwarlsh flearash rassh shaorl bludje ijk doss iskilsh uja dwefoka ehkir kaalif uja hydrolk akh ijk drekalos es ckodako ash Zyr Zyr ijk shaarlsh shal hirtry crastl shel ashaa djradasol

(Miïst oshk hÿdrolk, brëk ïskilsh shel okair ünles edh bränk edh äsnel ijk troïalsh ehr shäor äarshor edh sfräshgs akh edh öomyrïls. Drölika, Aärk ïskilsh ejk thrë höma, afluök ash hëprij shel ötkila edh vaïrhäas, ës hkÿdelsh üj kifrös ghaldüla edh shora ön gëwfëtth edh pölk fäarëshi: shal Dräguesh edh Fäal. Dwärlsh, flëarash, rässh shäorl bludjë ijk döss iskilsh üja dwëfoka, ehkir kaälif üja hÿdrolk akh ijk, drëkalos, ës cködakö ash Zyr, Zyr ijk shäarlsh shal hïrtry crästl, shel ashäa djradäsol…)

« Mythe ou réalité, telle est la première intrigue de tant de questions qui subsistent en ce monde d’histoires et d’illusions. Pourtant, je suis convaincu qu’ici haut, perdu à travers la givre des montagnes, se cache un être au-delà de toutes nos espérances de simple mortel: le dragon des Eaux. Priez, courageux, pour cette créature qui n’est point une légende, mais bien une réalité et qui, peut-être, se montrera à vous, vous qui avez le cœur pur, l’âme chevaleresque... »


Des mains se posèrent alors sur nos épaules pour nous inciter à nos agenouiller devant la stèle. C’était les pèlerins qui, d’un air solennel, nous invitait à fermer les yeux quelques secondes pour une prière. Intrigué, je leur lançais une nouvelle œillade, qui fut accueilli par un grand sourire de la part de la jeune femme aux cheveux sombres.

« C’est la tradition. Faites une prière pour le Dräguesh edh fäal. Il vous protégera durant votre voyage. »

Après quelques secondes d’hésitation, je finis par fermer les yeux, joignant mes mains ensemble pour demander la protection du grand dragon de légende.

1 300 mots



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Ezechyel
Sam 23 Mai 2015, 19:22

La traversée au cœur de la neige et des glaces guida nos pas courageux sur le chemin d’un groupe de pèlerins accroupis. Quatre silhouettes se détachaient du voile blanc, couvertes d’épaisses fourrures pour les protéger du froid, les mains jointes et la tête basse dans un harmonieux temps de prières, prières s’adressant aux divinités qui vivaient aux cieux. Pour leur offrir le courage d’aller jusqu’au bout de l’ascension, jusqu’au sommet de la glorieuse montagne. Ou les accompagner sur la route, leur permettre de survivre aux dangers qui les guettaient parmi tempêtes et avalanches. Qui sait? Peut-être que cette prière n’avait guère l’objectif de leur porter soutien, de leur donner la témérité qu’ils recherchaient. Qu’elle n’ait aucun lien avec les difficultés de l’escalade, la force du vent qui pouvait balayer le plus des hommes. Les prières n’étaient pas adressées uniquement pour offrir la force d’avancer. Y avait-il seulement besoin de posséder une raison pour croire aux Aetheri, pour croire en leur puissance, à leur protection? Sans doute que non. C’était un spectacle merveilleux d’écouter leur bas murmures s’élever dans les airs, se faire porter par le souffle du vent, transformant ces chuchotements en douce mélodie. Aussi apaisantes pour le corps, pour l’esprit. Ça ajoutait un plus à l’Edelweiss, ça lui offrait sa part de mystère supplémentaire. D’immense roc au sommet vertigineux aux mille dangers, elle devint lieu de culte, domaine de croyances à ces fervents adeptes.

Je ne partageais pas les mêmes valeurs que ces croyants de la religion, lié aux prières rarissimes offertes quelques fois à Phoebe, la mère de la Nature, qu’à la curiosité poussée sur les connaissances, le Savoir qui se cachait tout alentour de nous. Je nourrissais rien contre la religion – parfois, il était plus enrichissant de croire qu’un phénomène était l’œuvre unique d’un Aether, ça ne pouvait que changer ce monde en Terres des secrets – car il serait hypocrite de les juger alors que je me faisais aussi des prières qui s’envolaient vers l’au-delà. Mais, la Sagesse et la soif de connaissance qui coulaient dans les veines, se propageaient dans le sang, de chaque Elfes vivants sur ces Terres demeuraient plus fortes, plus puissantes que toutes les croyances. Oh, je continuais à croire à la Nature, à sa prédominance, à son importance. Cependant, j’avais toujours préféré apprendre de l’oral des plus Anciens, découvrir un monde que je connaissais à peine écrit sur les pages d’un livre, gravé à l’encre noire. Il pouvait être difficile de croire qu’un homme aimant d’actions, de mouvements, puisse rêver d’être un tel érudit. Mais, ce que beaucoup oubliaient, c’était qu’avant de devenir la fine lame d’un peuple, qu’avant de se jeter à corps perdu vers le danger et les risques, il fallait apprendre les rudiments qu’imposaient ces talents. Connaître les techniques d’escrimeur avant de tenir l’épée, avoir conscience de l’imprudence de nos actes avant de les esquisser. Parfois, l’instinct réagissait à notre place et, d’un avis personnel, ce n’était pas plus mal.

Car ce ne sont pas toutes les situations, tous les problèmes, qui nécessitent d’être mis en main avec des réflexions et des stratégies. …C’était un peu contradictoire aux pensées précédentes qui avaient traversées mon esprit mais, étrangement, je comprenais mon point de vue clairement, comme si ces contradictions n’eurent jamais existées. Je fermai les yeux. Une seconde, deux secondes. Lorsque je les ouvris à nouveau sur la lumière, une femme se tenait debout. Ses épais cheveux sombres se fouettaient contre le souffle du vent, ses lèvres s’étiraient en symbiose à la curiosité de l’Orisha, pointant du bout du doigt la grande stèle de pierre. Elle nous invita amicalement à aller regarder ces écriteaux contant une histoire ancienne, la légende du Drägueush edh fäal. Un frisson me parcourut le bas du dos. Le don des Savoirs Ancestraux s’éveillait pour déchiffrer les filaments d’une langue qui, jusqu’à lors, m’avait été étrangère. C’était… l’Arshalà. Le dialecte des Orishas. Pourtant, ce n’était si étonnant. Ces pèlerins abordaient des traits qui ne trompaient personne : ces yeux vairons, ce teint foncé. Tout démontait qu’ils faisaient partis du même peuple que Miles. Malgré le fait que celui-ci… Je plissai légèrement les yeux. J’avais bien remarqué que sa peau était plus pâle qu’elle ne devait l’être, que ses yeux étaient unis alors qu’ils auraient dû être différents. J’avais déjà eu connaissance des Orishas naissant sans l’apparence caractéristique de leur peuple – les albinos. Mais ces cas-ci, rares et peu commun, touchaient si peu de gens de leur peuple que, d’avoir l’un d’entre eux penché à mes côtés, révélait d’une chance si rarissime, unique. Que j’en avais oublié son importance.

Mon sourire s’esquissa lorsque Miles le confirma de ses propres lèvres, immédiatement après la surprise de la jeune femme lorsqu’il eut reconnu l’écriture de sa race. Écoutant le jeune Champion réciter le texte à haute voix dans la langue commune pour m’aider à comprendre, mon amusement se décuplait. Car, contrairement à ce qu’il croyait, je lisais le texte sans difficultés, comme si j’étais né en apprenant le dialecte. Les Savoirs Ancestraux étaient si merveilleux… À la fin du récit de l’Orisha, je sentis deux mains s’appuyer fermement contre mes épaules. La voix mélodieuse de la femme s’éleva, nous incitant à adresser une prière au dragon pour obtenir sa protection lors de notre ascension. Après quelques secondes d’hésitation, je finis par m’accroupir dans la neige, devant la stèle en déposant les deux sacs à mes côtés. Les mains jointes, la tête basse, les yeux clos. Mes lèvres bougeaient sans qu’un seul mot en sorte. J’ignorais le temps que nous avions passé à prier silencieusement mais, lorsque mes yeux s’ouvrirent, les pèlerins avaient disparus.

À leur ancienne position, une petite note était solidement ancrée dans la neige, à l’aide d’une pierre. La feuille s’agitait dans tous les sens, ne souhaitant que se libérer de cette prison. Je fis quelques pas en invitant Miles à me suivre, écartai doucement la roche de la feuille en la maintenant serrée entre mes doigts. Quelques lignes étaient barbouillées à la surface du papier, inscrites en Arshalà. Je commençai la lecture à haute voix, traduisant tous les mots avec une facilité déconcertante. « Nous sommes navrés de vous avoir laissés derrière notre chemin. Mais, comprenez-nous aventuriers, ce voyage ne doit être entreprit qu’avec vos propres moyens, votre force unique. Le Dragon des Eaux vous protège sur votre route. Je suis certaine que vos prières n’ont pas été vaines. Puisse la Liberté vous éclairer le chemin. » Je me tus quelques secondes avant de reprendre la parole. « Les veritables  dangers nous guettent a partir de maintenant te sens tu toujours pret a poursuivre l ascension ? » Sans le vouloir véritablement, je m’étais adressé à Miles en Arshalà, tel un automatisme étrange. Mais je savais que l’Orisha ne renoncerait pas de sitôt à l’escalade. Je ramassai les sacs que j’avais déposé pour faire la prière et sans même attendre une réponse de sa part, pris la tête de notre duo. Je n’eus pas besoin de tourner la tête pour être certain qu’il suive mes pas. Le son de ses bottes qui crissaient contre la neige me suffisait amplement. Nous nous lançâmes vers le chemin qui ouvrait ses larges portes, plongeant au cœur de la tempête qui s’éveillait peu à peu. Avec le courage, notre allié le plus précieux.

Et notre Liberté.  

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Miles Köerta
Mer 01 Juil 2015, 21:11

Un pèlerinage?
« Do you want to build a snowman »

Je ne saurais dire si ce fut la patience et la sérénité qui avaient troublé nos sens au point où nous nous ne les entendions pas partir, mais les pèlerins devaient avoir un pas bien fin pour s’être éclipser ainsi, sans même attirer notre attention. Pourtant, lorsque nous avions relevé les yeux, après quelques secondes de recherche, nous ne les avions plus vus, comme s’ils n’étaient que des mirages dans le souffle des neiges qui nous étaient subitement apparus dans l’idée de nous guider. Enfin, ce n’était qu’une idée sans jugement ni fondement, et puis je ne croyais pas vraiment à cette chimère. De plus, la feuille de papier, coincée sous une roche, laissée là à notre intention, témoignait de leur existence. Je m’approchais d’Ežechyel, qui venait de retirer le parchemin de son étau de neige, pour pouvoir lire par-dessus son épaule. Mais étant légèrement plus grand que moi, je n’eus pas accès à l’intégralité de la feuille. Cependant, ce que je voyais était suffisant pour me convaincre que la langue écrite était celle de mon peuple. Je tendis ma main vers le papier, dans l’idée de la lui prendre et pouvoir l’aider à lire les mots. Pourtant, à mon grand étonnement, le jeune Elfe se mit à réciter le texte avec une fluidité surprenante. Mes yeux s’écarquillèrent: à l’entendre parler, j’avais l’impression d’être en présence d’un véritable Orisha. Malgré les quelques mots qui fourchaient un peu sur sa langue et certaines syllabes dont la prononciation se faisait salement massacrée, l’essentiel était qu’il parvenait à me lire le message sans trop de difficulté. Et plus encore! Il se mit littéralement à me parler en Arshàla! Enfin, pas couramment, puisqu’il utilisait la langue des illettrés. Je comprenais les mots, cependant, ce n’était pas le véritable Arshàla. Toutefois, pour apprendre aussi rapidement une langue, alors qu’il ne connaissait aucune base, c’était assez déconcertant. Qu’est-ce que c’était que ce mec?

« Tu ne m’avais pas dit que tu parlais Arshàla… Därka ïski hrÿlräk edh taylös hkÿdio. » (Tu es rempli de talents cachés)

Un rictus se glissa sur mes lèvres, alors que ma tête se mettait à bouger d’un hochement positif. Si j’étais prêt à poursuivre? Plus que jamais! Je ne savais pas si c’était à cause de la prière ou d’un simple nouvel élan d’énergie, mais j’étais prêt à affronter tous les dangers qui se mettraient à travers de notre chemin. L’Elfe blond en tête, je le suivis rapidement dans la neige, mes bottes s’enfonçant régulièrement entre les griffes glacées de ces flocons blancs entassés, mais je marchais vite, histoire de le rattraper et de lui parler un peu plus à propos de ce don étrange qu’il possédait avec les langues.

« Est-ce que tu apprenais déjà la langue avant aujourd’hui? Ton oral est plutôt sommaire, mais tu lis bien. C’est impressionnant venant d’un étranger. »

Fébrile comme une puce, je me mis à songer à quelques mots que je pourrais lui dire, et finalement, je poursuivis:

« Quänrel üj waysä näfer öch Efeë? » (Est-ce un don propre aux Elfes?)

Je les savais savant et incroyablement intelligent, mais à ce point? Ça m’épatait.

••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••

L’expédition se poursuivait dans le froid et le vent, mais nous n’avions pas véritablement eu le temps de songer à tous ces désagréments que nous imposaient la nature et son climat rude. Ežechyel et moi parlions de nos peuples respectifs et des événements passés qui avaient chamboulé l’harmonie et la sérénité de notre peuple. Pourtant, malgré la vive discussion dans laquelle nous nous étions engagées, je sentis comme un malaise naître autour de nous, comme si Ežechyel s’interdisait à mettre de l’avant certains propos. Même si ces étranges manières piquèrent ma curiosité, je m’étais abstint de tout commentaire, changeant habilement de sujet en recommençant à lui parler du dialecte Orisha. Il fallait nous voir, parler et gesticuler comme des enfants. L’Elfe faisait des progrès surprenants, tant qu’après une heure de compagnie, nous nous mîmes à communiquer avec plus ou moins de compréhension, en Arshàla. À travers cela, nous croisions d’autres stèles, écrites en langue Orisha. Toutes parlaient de ce Dragon, de ce fameux Dräguesh edh Fäal et de sa légende, qui perdurait à travers les âges. L’histoire était fascinante et rempli de mystères et c’est ce qui devait la rendre aussi captivante pour notre œil, mais à chaque stèle que nous trouvions, ensevelie dans la neige de l’Edelweiss, une part de ce secret nous était révélée, à notre plus grande curiosité. Alors que nous abandonnions une nouvelle pierre gravée, je resserrais mon manteau autour de mon corps, un frisson venant courir sur ma peau.

« Shal brÿdel krïitolsh ash ës löpirekel… » (Le vent commence à s’intensifier…)

Depuis peu, je commençais à m’adresser en Arshalà avec le jeune Elfe: ça devenait un automatisme. La neige et les rafales, descendues du sommet des montagnes, nous fouettaient le visage, bien plus férocement qu’au tout début de notre expédition. Mes dents se serrèrent tandis que mes foulées, plus difficiles à esquisser, commençaient à ralentir. Il sifflait, ce vent du nord, mordant et indomptable, tout en nous gelant la figure et en provoquant des larmoiements à nos pauvres yeux exposés à ses assauts furieux. Je tentais d’avancer, gardant du coin de l’œil la silhouette de l’Elfe à mes côtés, qui peinait tout autant que moi à poursuivre l’ascension. Nous l’avions compris trop tard, mais une tempête de neige se levait et nous nous trouvions en plein cœur de cette bourrasque d’hiver. Je me forçais à lever la tête quelques secondes, histoire de me situer par rapport au sommet de la montagne que nous gravissions, mais le déchaînement de la nature était tel que même le ciel était couvert par le givre et la neige. Tout était blanc, en haut, en bas, à gauche et aussi bien à droite. Nous ne pouvions même pas voir nos propres pas derrière nous ni même le sol qui s’étendait devant. Je déglutis difficilement, tentant de réchauffer mes mains en les gardant en poing.

« Essayons de nous trouver un abri », dis-je à Ežechyel qui, à mes côtés, obtempéra sans discuter.

C’était la meilleure et la seule chose à faire dans ces conditions extrêmes.


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Un pèlerinage? [Quête - Ežechyel] Signat16
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Ezechyel
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Ezechyel
Dim 24 Jan 2016, 04:28

Malgré moi, son incrédulité m’arracha un sourire qui, se voulant loin de paraître moqueur ou narquois devant la surprise qu’il revêtait, était simplement amusé - si l’Orisha savait seulement tout ce qu’il ignorait à mon sujet. Ce n’était pas tant que je lui refusais d’en apprendre davantage, d’avoir plus d’amples connaissances de la personne que j’étais mais, j’estimais que si les circonstances le nous permettraient à un moment donné, mon savoir sur son dialecte natal deviendrait la moindre de ses surprises. « Il n y a pas de langue qui echappe a ma comprehension » Je ne me vantais pas et pourtant, je citais le fait comme une telle banalité. « J aurais apprecier mais dans mon cas ca n a pas vraiment ete necessaire » Ajoutai-je pour éclaircir la réponse de son questionnement. Apprendre était un acte essentiel pour approfondir et découvrir de nouvelles connaissances. J’essayais moi-même de vivre en suivant les traces de ce même principe – d’où mes paroles qui avaient semblé légèrement teintées d’une pointe de déception – puisque que cette habileté était innée parmi les Elfes cependant, ça ne m’empêchait en aucun cas d’accepter ce don, n’étant pas aveugle face à ses avantages et le chérissant avec un plaisir évident. « C’est la première fois que j’utilise l’Arshalà pour tout vous avouer. Je suppose que c’est normal qu’il y ait encore des maladresses mais, je suis sûr qu’avec le temps, ça s’arrangera. » Après tout, avant d’être un don, les Savoirs Ancestraux dépendaient de la magie de son utilisateur et mes aptitudes magiques, n’étant pas très impressionnantes, offraient un résultat à leur hauteur – mais au point que je me fasse complimenter par un Orisha me laissait un peu hébété mais heureux à la fois, empli d’une sorte de gratitude à l’égard de Miles.


« Je t’en remercie sincèrement. » Lançai-je une seconde fois en abandonnant le dialecte orisha aux profits de la langue commune, prenant soudain conscience du plaisir que je retirais de cette conversation sans réellement que j’en connaisse les raisons. Ça ne me ressemblait pas mais, jamais je ne m’étais senti aussi à l’aise de discuter avec quelqu’un en m’exprimant de cette façon si honnête et spontanée, sans qu’une touche de timidité vienne sceller mes lèvres l’une contre l’autre. Alors que nous poursuivions l’ascension des montagnes, au cœur de l’environnement hostile et glacé, un souffle de vent, plus féroce que tous ces précédents, pénétra ma peur en traversant mes vêtements épais comme si de rien était, m’arrachant un frisson que je ne pouvais pas contrôler. Les flocons tombaient des gros nuages gris, de plus en plus nombreux et de plus en plus gros, restreignant notre vision à quelques mètres à peine seulement devant nous. Les courants d’airs s’intensifiaient – doucement, mais sûrement – manquant d’emporter les paroles de l’Orisha albinos au loin, les percevant au creux de mon oreille qu’au dernier instant. « Bien vu. » Je marquai une pause pour laisser le temps au vent de rugir contre nos tympans, reprenant lorsque l’Élément déchaîné s’apaisa légèrement. « Nous appelons cette magie  Savoirs Ancestraux  En plus de nous permettre de parler toutes les langues nous pouvons egalement les comprendre sans probleme »  Je ne m’en servais pas aussi souvent que certains érudits qui vivaient en Earudien mais, à ce moment, j’étais ravi de pouvoir les utiliser pour communiquer avec lui. « Ce don offert par la deesse Phoebe nous est extrement precieux etant un peuple qui passe leur existence a approfondir leurs connaissances »


Et avant que je puisse en prendre conscience, nous nous étions déjà engagés dans une discussion enflammée sur nos peuples respectifs, contant leurs histoires, leurs cultures qui les avaient forgés comme ce qu’ils étaient aujourd’hui, conversant avec une énergie qui me surprit, avant de m’arracher un sourire, hochant vigoureusement de la tête comme un enfant surexcité, incapable de faire cesser ce flot de paroles franchir mes lèvres. Je paraissais être en plein cœur de mon Élément jusqu’à ce que vienne la mention des nombreuses tragédies qu’avaient subies notre Cité aux cours des décennies, mon regard s’assombrissant aussitôt. Ce n’était que de la douleur qui assaillait à présent mon esprit qui ressassait mes souvenirs du passé. « A chaque fois que notre Cite est tombee nous nous sommes toujours releves » Ça c’était marqué plus profondément dans quelques esprits, mais personne n’était capable d’oublier. Mes poings se serrèrent, parcourus de tremblements que je ne parvenais pas à étouffer. « Mais nous ne pouvons pas oublier toutes ses catastrophes toutes ces souffrances que nous avons endure c est impossible de s en liberer » Comme les mémoires de ces entraves qui avaient, dans un lointain passé, enchaînées tous les membres de son propre peuple. « Nous essayons de tirer des lecons des erreurs qui ont ete commises et pour ma part je refuse que de tels evenements se reproduisent dans le futur » J’avais foi en mes valeurs, au nouveau but que je m’étais fixé. « Je protegerai mon peuple cette fois ci quoi qu il puisse m en couter » Je ne m’avançai pas plus loin dans les détails, poursuivant la conversation en écartant exprès le sujet qui se rapprochait beaucoup trop des guerres à mon goût. Je ne voulais rien cacher, je ne voulais rien dissimuler et pourtant, je ne me sentais toujours pas prêt à en parler. La souffrance et la peur étaient encore vives, malgré le temps qui avait passé, malgré mes tentatives à tourner définitivement la page. J’avais assez vécu de conflit pour pouvoir être en mesure de rassembler de la force et du courage pour en parler, remerciant silencieusement Miles de ne pas inciter davantage sur les points flous qui s’immisçaient au travers de mes mots. Puis, les minutes s’écoulèrent, se transformant en heure, alors qu’en parallèle au temps qui défilait et à notre conversation qui progressait, nous découvrîmes d’autres fameuses stèles qui, racontant la légende du Dräguesh edh Fäal, nous fascinait tout autant que leur précédente, au point que je remarquai à peine que le souffle glacial du vent mêlés aux immenses flocons de neige, s’étaient transformés en véritable tempête, faisant claquer nos habits contre nos corps soudainement exposés à ses morsures impitoyables qui me glaçait le sang.

Notre progression en devint largement plus pénible d’ailleurs, ayant de plus en plus de misère et de difficultés à marcher vers l’avant. L’air cognait sur mon visage, me faisait verser des larmes qui, n’aidant en rien à améliorer notre vue réduite, semblait geler au-dessous de mes yeux que je peinais à garder ouvert. Ma respiration devint courte, essoufflé par les efforts mis en double que je déployais pour avancer parmi cette grande couche de neige, mes énergies déclinant dangereusement, plus vite que ce que j’avais prévu. Un léger coup d’œil en direction de Miles m’indiqua que le jeune homme ne s’en sortait pas mieux que moi, marchant très difficilement, le visage rougit par les efforts et les bras serrés autour de sa taille pour conserver un minimum de chaleur dans ce tourbillon d’air froid. Nous avions été si obnubilés par les stèles et notre dialogue que nous avions manqué les signes avant-coureur de la tempête qui se préparait, désormais laissé à nous même au cœur de l’hostilité  et de la colère de la Nature qui nous entourait. Lentement, j’acquiesçai aux mots de l’albinos, ralentissant considérablement le rythme – même si ce n’était pas si peu dire si l’on jugeait ses mots avec ma vitesse actuelle – pour lui donner une chance d’atteindre ma hauteur. « Essayons de ne pas se perdre de vue » Déposant mon sac en bandoulière au sol, je l’ouvris pour en sortir une épaisse corde, attachant l’un de ses bouts à ma taille avant de tendre le second vers l’Orisha pour qu’il en fasse de même. « Assures toi que le nœud est bien solide » Lui conseillai-je d’une voix forte, reprenant la marche après lui avoir fait un signe de main – priant la Déesse Phoebe de guider nos pas jusqu’à un lieu sûr.

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Miles Köerta
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Miles Köerta
Lun 25 Jan 2016, 06:01

Un pèlerinage?
« Do you want to build a snowman »

Bien vite, effectivement, les vents devinrent tourbillons; la neige devint tempête et notre pèlerinage devint aussitôt un combat contre les forces indomptables de la Nature. Je peinais à progresser dans notre ascension, bien trop préoccupé par le froid qui me mordait les os ainsi que par l’amoncellement conséquent de neige qui m’enfonçait les jambes jusqu’au genou. Par chance, je ne faisais pas escale avec un égoïste, l’Elfe à la chevelure blonde s’arrêtant le temps que je me fraye un chemin dans la neige pour le rejoindre. À sa remarque, je ne pus qu’acquiescer d’un vigoureux hochement de la tête. Il ne restait plus que ça, que l’on se perde, tiens! Serrant plus fortement mes vêtements autour de mon corps, j’observais les faits et gestes de mon compagnon de voyage, qui sortait de son sac un cordage robuste et épais pour, ensuite, se l’attacher autour de la taille. Aussitôt, je compris ses intentions et lorsqu’il me tendit la seconde extrémité, je m’empressais de la prendre pour l’imiter, serrant fortement sur la corde pour m’assurer de sa solidité.

« Je crois que c’est bon! » M’exclamais-je à l’intention de mon camarade elfique, ce dernier prenant tout de suite les devants pour nous tracer le chemin dans la tempête de neige.

D’un pas rapide, je me mis à le suivre. L’environnement était loin d’être passive à notre encontre. Les vents se déchaînaient à notre passage, les larmes s’accumulant sur nos cils pour se geler et former un désagréable rideau de glace. J’avais beau me passer la main sur le visage, un nouvel assaut nous attaquait, de nouvelles coulées de larmes s’échappaient, et de la glace se matérialisait instantanément; bientôt, je finis par abdiquer, préférant encore conserver cette accumulation de givre que d’exposer mes yeux à des agressions plus terribles. Une main en visière, cherchant à garder Ežechyel dans mon champ de vision à tout moment, j’avançais à grands pas, qui, pourtant, n’accélérait en rien ma progression, sans cesse entravée par les dunes de neige. C’était un véritable combat acharné contre le froid sibérien des montagnes de l’Edelweiss, mais j’étais convaincu que nous parviendrions à passer au travers cette nouvelle épreuve: ne venions-nous pas, justement, de passer celle de la Coupe des Nations? Aujourd’hui, nous avions été sacré champion, ce n’était pas pour faiblir à la première adversité, au premier défi qui se mettrait en travers de notre route.

C’est donc en additionnant les efforts, en prenant notre courage à deux, déployant l’ensemble de nos forces, que nous poursuivîmes notre chemin, inflexibles. Les tourbillons de neige avaient beau nous ralentir, ils nous stoppaient à peine. Nos regards, tournés vers l’horizon, cherchaient frénétiquement une zone susceptible de pouvoir accueillir nos tentes, sans que ces dernières ne soient prises dans le vent et s’envolent au pire moment. Trouver une grotte serait l’idéale dans notre situation plus ou moins périlleuse, mais je savais qu’en de telles circonstances, l’espoir était mince d’en débusquer une au cœur de cette tempête. Ainsi, après quelques brefs échanges – parce que le froid nous coupait le souffle, qu’il nous empêchait de parler convenablement, nous donnant l’impression que nos lèvres étaient scellées par la glace du déchaînement naturel – nous nous mîmes d’accord sur ce que nous devrions chercher avec acharnement: un promontoire. C’est-à-dire une zone surélevée, où l’on pourrait planter nos tentes en contre-bas: de cette façon, la Nature aura beau se déchaîner, elle nous garantirait en même temps un bouclier contre ses assauts. Mais pour le moment, nous ne faisions qu’apercevoir – enfin, le peu que nous pouvions saisir dans ce tourbillon – un paysage plat et plus ou moins lisse, monté en angle. Il y avait bien de la végétation sur notre route, comme par exemple la présence de grands conifères dans les environs, mais rien de suffisamment grand et épais pour bloquer la venue du vent.

Nous marchions, nous marchions et nous marchions. Nos souffles commençaient à se faire courts; nos yeux nous brûlaient à cause des incessantes morsures du froid glacial; l’extrémité de nos membres, notamment nos doigts, notre visage, nos oreilles, étaient complètement frigorifiée. Je ne pourrais pas dire que je sentais notre fin venir, mais le désespoir, quant à lui, était une toute autre histoire. Je la sentais s’insinuer dans notre corps à chaque nouveau coup de vent, à chaque nouveau frisson qui nous montait sur la colonne vertébrale, pour venir sceller nos cœurs dans cet étau étouffant et qui les empêchait d’inspirer une bouffée d’espoir. Le fait était qu’à chaque pas que nous esquissons dans la neige, nos forces nous abandonnaient, balayées par la rage de la tempête. C’était effroyable et l’idée de m’arrêter avait souvent frôlé mon esprit, mais je ne pouvais pas simplement freiner mon pas et attendre que la Mort vienne me faucher la vie. Je pense, dans tous les cas, qu’il serait vraiment idiot de mourir sans s’être battu. Il fallait continuer et - qui sait? - peut-être que la Providence mettra sur notre chemin ce que nous recherchions avec tant d’énergie.

Je me rapprochais lentement de l’Elfe devant moi. Mes dents claquaient entre elles, c’était démentiel.

« Ež… Ežechyel? Est-ce qu-que tu vois qu-quelque ch-chose? »

J’étais même rendu à bégayer tant le froid m’avait envahi, engourdissant chacun de mes membres et de mes muscles. Un tremblement secoua mon corps, dans son intégralité, et je levais le visage vers le ciel, priant Antarès de nous sortir de cette escale infernale. Jamais, je n’avais eu autant froid de toute ma vie!

Quand mon regard s’abaissa pour revenir percer la tempête de neige, je remarquais alors une légère élévation au milieu du paysage. Aussitôt, je m’arrêtais, tirant légèrement sur la corde, qui nous reliait, pour attirer l’attention d’Ežechyel.

« R-Regarde! Tu crois que cet endroit serait parfait? »

À mes yeux, en tout cas, cette place semblait être l’endroit rêvé! Effectivement, un vieux tronc d’arbre s’était choit à cet endroit, créant ainsi une accumulation de la neige qui fit en sorte de former une espèce d’élévation du sol à cette place précise. Cet escarpement ainsi formé, il s’était dessiné un trou béant, suffisamment grand pour y faire entrer un buffle. Par tous les Aetheri, est-ce que nous venions de trouver notre abri?


1 043 mots



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