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 Le rêve du destin {Feat Lucrezia}

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Mar 27 Oct 2015, 21:44


« Pourtant, tu me préfères docile, non ? » Elle se laissait dresser, chat apprivoisé. Son corps se tordait, se courbait, pour permettre à la main puissante un accès à ses boucles, à ses courbes, lui faciliter des caresses tendres, ou torrides. Suivant ses gestes, son poil s'adoucissait l'invitant à tout ce qu'elle redoutait par une perte de contrôle, et ce qu'elle quémandait pour la même raison. Les paupières fermées, elle voulut sentir ses joues brûler, comme pour caractériser l'embarras qui soudain la prit, pour la dompter. Ils n'en étaient plus à ce stade, mais sa cajolerie et complaisance, sa galanterie non feinte, l'acharnaient d'une inclinaison sublime. Il la faisait faillir en somme. Elle se contentait plus de rien, à compter qu'elle l'eut fait un jour. Elle continuait de demander égoïstement son attention. Elle l'exigeait presque, entre des millions d'autres paroles. Lucrezia le laissa l'embrasser, comme la courtisane dont on baisait la main, et qui cédait volontairement à des avances. L'orisha en faisait la conquête à chaque rencontre, chaque regard qu'ils échangeaient. Il la berçait de mots, de peurs qu'ils tranchaient, à l'équitable. « Et moi alors... On ne m'a jamais infligé de blessures. Tu t'es toujours dressé en bouclier, mais ô combien cette douleur était affreuse » Il ne voulait pas la perdre ; elle avait horreur de son départ. Il était son protecteur ; elle la donzelle en détresse qui nécessitait de sa présence chevaleresque. Elle lui sourit. Ils avaient toujours été comme cela. Des amants que le destin bascula, en plein milieu des guerres, des conflits, comme pour s'assurer de leur séparation. Mais ils étaient sortis vainqueurs. Et continuerait de l'être.

~

Elle craignait la mort. Elle la fuyait comme la peste. Elle ne supportait que mal rien qu'en entendre parler, et là, elle voyait son voile noir se dresser sur elle, draper ses yeux. Ses mains cherchaient la salvation, tandis que ses perles s'amassaient, imbibant ses rideaux de cils. L'asphyxie n'avait rien de mortel pour la jeune femme, mais l'ombre écrasait sa trachée comme pour faire d'une épaisse carapace des débris de ce qu'elle eut été. La douleur provenait d'ailleurs toutefois. Elle affluait de son âme, elle qui voulait voir ses chaînes brisées, mais par cet homme pour qui elle s'était damnée. Combien pardonneraient l'hérésie commise, et combien la jalousaient, du fait qu'il l'ai aimé ? Du fait qu'elle n'ait pas été qu'une poussière sur ses cheveux argentés, ou une plume qui dans son lit s'était échouée.. Du fait de la joie qu'elle incarnait, et de l'avenir qui leur était promis. Elle voulait qu'il se trouve dans son lit de mort, comme le seul bourreau. Il était celui à avoir illuminé l'ébène aveugle de son existence, et il serait celui à l'éteindre, à baisser le rideau sur son dernier souffle.

Cocoon la fit venir contre lui, la sortant de ses songes. Elle s'agrippa à son cou, soulagée, larmoyante, comme si son corps pendait au dessus du vide. Il ne restait rien à part eux, et que faire du reste monde. Dès qu'il se mit à parler, la jeune femme força ses sanglots au silence. L'homme considérait sérieusement leurs options, ne la blâmant plus ou pas de la galère dans laquelle elle l'avait plongé. Toujours sans se décaler de lui, elle commença. « J'ai ma petite idée sur le moyen d'accéder au palais. On ignore quelle est la part de vérité dans ses paroles, mais il y a des choses que j'ai pu témoigner de mes propres yeux. Et quant au dénouement de cette macabre comédie, je suis sûre que nous y assisterons. Cette.. chose prend ses jeux bien trop au sérieux pour les laisser inachevés. Elle doit attendre avec impatience le dernier coup d'archet » Et sachant combien elle y prenait plaisir, la vampire dut avouer être surprise que l'ombre n'y prenne part. Un jeu n'est jamais aussi amusant qu'en y participant soi-même, et que l'entité ait ignoré cela taraudait son esprit sceptique. Soit elle n'en était pas capable, soit elle avait des cartes en main qu'elle se refusait de dévoiler. « Nous devons de toute manière nous rendre en ville. Je suis désarmée, et j'ignore de quels pouvoirs je dispose ici. Nous y trouverons peut-être une solution à ce dilemme »

~



~

« Attends » , « Oh ! Madame ! Que le ciel soit loué ! Nous.. » , « Où sont les bâtisses à s'être écroulées ? » Il eut un mouvement de recul, mais, sensé, il reprit ses esprits, scrutant du regard les hauts et bas que dessinaient les constructions urbaines. « Derrière. Toute une rangée de larges manoirs situés tout autour du palais » , « Étaient-ils défaillants ? Habités ? » , « Tout à fait ! Ils étaient en parfait état, et y logeaient des riches familles élémentales » , « Tous ? » , « À.. l'exception d'un seul je crois » , « Lequel ? » , « Le deuxième à compter de la droite… » , « Vous vous êtes assurés que les souterrains menant au château étaient inutilisables ? » , « Mais comment vous… ?? » , « Répondez ! » , « Oui oui ! Il ne reste plus aucun moyen d'accéder aux trappes ! Il y a de larges pierres qui nous bloquent le chemin… C'est évident que les malfrats voulaient nous empêcher d'y accéder de cette façon ! Ils veulent nous inviter à passer les portes principales… C'est un piège… S'il vous plaît.. ?! » Mais avant qu'il ait pu supplié sa miséricorde, avant que le fidèle ait pu se prosterner face à l'entité divine qu'il croyait toute puissante, cette dernière s'était éclipsée dans un rayon de lumière. Orangée, elle provenait certainement des larges flammes léchants les poutres de bois porteuses de la plupart des bâtiments. Mais qu'importait. Lucrezia était un emblème, l'héroïne d'une nation perdue, acculée, éteinte en devenir. Elle prit Cocoon par la main, empressée de mettre fin à leur cauchemar. Un peu d'adrénaline était la bienvenue dans leurs vies plutôt monotones, si quelque fut le contexte, elle fut assurée de leur survie. Mais tel n'était pas le cas. Elle ignorait comment, mais l'ombre gardait une poigne ferme sur leurs corps et âmes. Il pouvait les soumettre à sa volonté, et la vampire s'y refusait, tremblant comme elle l'avait fait, tantôt, entre ses bras.

« C'est presque certain que ces hommes ont dû choisir ce bâtiment pour installer les explosifs ou les sorts qui leur étaient nécessaires pour faire s'effondrer les parois. Il n'y avait pas mieux qu'un coup d'état de l'intérieur.. Ils devaient rester à proximité, et quel meilleur endroit qu'une tanière au coeur du refuge de leurs victimes. Ils ont sûrement du agir en deux temps pendant leur attaque, et agir ainsi à la fois dans l'ombre, ainsi que sous les projecteurs. Ils ont laissé à la vue ce qu'ils voulaient bien nous faire voir... » Tout n'étaient qu'observations, que simple déductions d'après le peu d'éléments dont ils disposaient, mais finalement leur stratagème n'avait rien de sournois, ou bien compliqué. Ils avaient agi, certes, avec minutie, mais rien que le couple ne put contrer. Cette scène était dangereuse par ce qu'elle avait d'imprévisible. L'identité des révolutionnaires, leurs objectifs, la source de leurs informations.. demeuraient de troublants mystères. La plupart des ministres étaient sûrement morts, et comment savoir quel sort ils avaient réservé à l'Impératrice du Tout. L'exécuter aurait eu l'effet escompté, celui d'une peur abusive, d'une menace permanente. Et si par la tyrannie ils comptaient vaincre, le jeu s'achevait à l'instant précis où la lame s'abattrait sur elle.

« Je crois avoir vu une forge quelques rues plus loin. Il faudrait qu'on se procure des armes » Et si bras dessus dessous, ils atteignirent sans mal l'étalage, le départ s'avéra plus corsé sous une salve de civiles qui couraient, déchaînés, vers les abris qui leur étaient dédiés. La jeune femme, par des bandes de tissu, avait fixé deux poignards à ses cuisses, tandis que d'une autre main elle brandissait un katana à la lame superbe bien que légèrement incurvée. « Je pense… que le chemin le plus sûr, serait celui par lequel on s'attend le moins à nous voir arriver. Par conséquent, les souterrains. Si tu dégages le passage, et qu'on évite qu'ils ne causent d'autres éboulements, nous pourrons nous introduire dans le château. Quoique.. faire s'écrouler des galeries ne serait pas de refus si jamais on veut attirer leur attention. Mais pour l'heure, il nous faudrait y parvenir, mon amour. Et voir comment se déroulent les choses » Elle vint l'embrasser, encore légèrement affectée de leurs ébats de tantôt. Elle s'accrocha à son haut, pourvu qu'il en ait un. Ses petites mains cherchaient de nouveau confort, et il l'assouvissait inopinément. « Je veux vite rentrer, Cocoon.. Et profiter comme il se doit de ta présence » Elle s'était éprise, tant, trop, voire jamais assez.

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Lun 16 Nov 2015, 00:04

« Moi ? Un pervers ? Ahah... Et toi, qu'es-tu réellement... ? A te tenir si droite dans la société, alors que tu fonds contre moi dès que je t'approche... ? » Il l'embrassa, désirant lui rendre l'amour irrésistible qu'elle lui vouait. Cocoon se plaisait à la taquiner autant qu'à la satisfaire « Si ça ne tenait qu'à moi, je t'attacherai au lit pour que jamais tu ne sortes des draps... » Attrapant son visage, il ne fit que l'embrasser de plus belle « Tu es à moi... » Un sourire satisfait naquit sur son visage. Le roi était si heureux d'avoir cette femme fatale pour lui seul. Lucrezia était toute sa vie et bien plus. Sans elle, plus rien n'avait de sens, et cela n'était même plus à préciser. Dans les moments les plus difficiles, comme ici, il n'hésitait pas à prendre le temps de la savourer. De la posséder pour appuyer toujours plus son appartenance. La belle vampire humait le mâle musqué, alors que lui avait des fragrances de fleurs. Chacun avait la marque de l'autre ancré dans la peau.
La belle ne se fit pas prier quand Cocoon lui ordonna de le blesser. A travers ces picotements, le plaisir se ressentait. Il résonnait dans son corps, ne le ménageant pas, et bien qu'il se canalisa un maximum, il avait envie de continuer, de se laisser aller, de ne plus répondre de rien, au risque de la briser « Lucrèce... » Le Titan l'attrapa par le cou, la serra contre lui lors du paroxysme. Il en voulait plus mais ils devaient s'arrêter...

~

« Bien, alors allons en ville. Nous verrons peut être plus clair là-bas. » L'Orisha écouta sa femme qui, aujourd'hui, se faisait dictat. Il aimait la voir diriger, se contentant d'être spectateur de cette pièce de théâtre. Elle prenait des décisions, donnait des ordres, sévissait quand il le fallait... Il la redécouvrait de minute en minute. La belle était succulente, et le prédateur qu'il était se léchait déjà les babines. A quand pourrait-il à nouveau la croquer... ?
Cocoon ne pensait qu'à ça.
Elle tourmentait trop ses pensées pour qu'il ne les garde claire. Lucrezia était belle dans ses habits légèrement plus chaud que d'habitude, et tout aussi raffinée. Elle avait des goûts de luxe, contrairement à lui. En la regardant, il prit conscience de certains détails dont il n'avait pas fait attention avant. N'avait-elle pas maigri ? Il avait l'impression que sa cambrure était moins prononcée... Qu'elle avait perdue en hanche. Ses hanches pour lesquelles il se damnerait.

Elle finit par le sortir de sa rêverie en attrapant sa main. Le géant serra ce petit bijou dans sa grande paume, faisant la place dont elle avait besoin pour circuler à travers la ville. Son rêve, en réalité, était simple : il voulait rester à la maison à farniente, et que sa femme travaille. Qu'elle rentre le soir, exténuée, et qu'elle ne désire que manger et coucher avec lui. Lui qui serait prêt depuis le début... Société matriarcale impitoyable, au sein de son foyer, ça ne le dérangeait pas. Pour cause, il l'avait déjà vécu. Deux fois.
La vampire se mit à parler, lui expliquant une théorie qui tenait largement la route « Ils étaient sacrément organisés il faut dire... Je doute clairement que ce ne soit que des bandits de bas-étages. Des stratégies pareilles... Il faut des plans. Tu ne peux pas tout prévoir en te basant sur des dires, ou sur des témoignages. Sans plan, tu ne connais pas les failles : les cagibis, les souterrains, les alcôves... Je pense que le destin de la reine était scellée depuis un moment. » Cocoon était nul dans le rôle de l'inspecteur... Mais certaines choses restaient encore à sa portée.

Ensemble, ils avancèrent jusqu'à une forge encore en activité mais où personne ne se tenait. Le peuple étant en alerte rouge, la plupart des demeures furent même évacuées. L'Orishala regarda le stock d'armes : des lames courtes, des lames à une main, des boucliers, des armes de jet... Rien qui ne puisse correctement saillir à ses performances martiales « Je vois que tu as trouvé ton bonheur... » Alors qu'ils étaient dans le feu des braises, Lucrezia admirait une lame tout en parlant. Cocoon, pendant ce temps, jouait négligemment avec une épée de quelques kilos qui, pour lui, ne pesait rien « Tss... Ce sont des poignards ça, on n'a pas idée de faire des armes si insignifiantes... » Oui, ça changeait de sa claymore de trente kilos.
« Je ne pense que ce sera très compliqué de déblayer les souterrains. Mais si tu veux percer la muraille je peux également. Tant que tu me file pas un dragon envoyé par les Aetheri, simplement là pour me mettre la misère, y a moyen que ça ne me pose pas trop de problèmes. » Dans la boutique du forgeron, il commençait à faire chaud à cause de la chaleur du feu incandescent. Cocoon avait fini par s'assoir sur une chaise trop petite pour lui, et qui tenait avec souffrance et douleur sur ses quatre pieds. Lucrezia s'était approché de lui, désireuse de ses baisers, s'accrochant à son haut comme elle pouvait, les mains tremblantes d'émois « Je veux vite rentrer, Cocoon.. Et profiter comme il se doit de ta présence » Il ricana, la voyant les yeux suppliants « Et après c'est moi... le pervers ? » Mais qui était-il pour la repousser, pour lui résister... ?
Attrapant sa main, il la fit venir entre ses jambes, et dessina ses hanches, ses fesses, appuyant dessus, jouant avec ses doigts. Il négligea le manteau qu'elle pouvait avoir, avant de fouiller dans son sac un objet qui lui appartenait jadis. La petite avait précieusement gardé un bague qui leur serait, ici, d'une grande utilité. Pour cause...
Il la vêtit sans mal, forçant en suivant, la vampire de se pencher pour l'embrasser. Il la laissa poser ses mains sur son torse, détailler ses muscles sous ce tissu noir « On n'est pas obligé d'attendre... »



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Mar 08 Déc 2015, 07:07


« Tu as raison. Il y avait des 'fuites' sans aucun doute, mais nous ignorons encore à quelle échelle. Leur 'cerveau' est loin d'avoir préparé cela sur un coup de tête. Tout était voulu, et minutieusement ficelé pour se dresser en une toile d'araignée géante aux fils d'argents. Ils n'y ont vu que du feu.. Les préparatifs se sont éternisées sur une assez longue durée. Pourtant, les habitants sont restés sourds à leurs mouvements, aveugles à leurs identités, insensibles à leur élan meurtrier. Et il est presque certain qu'elle n'ait pas pu y survivre. À moins qu'il ait été question d'un certaine lubie d'un de ses geôliers, mais j'en doute.. » Et en ce cas, le royaume devait non seulement veiller à renaître de ses cendres tel un phoenix aux plumes embrasées, mais également à bâtir sur de meilleures bases ce gouvernement qu'elle ne doutait mettre à mal. Des zones d'ombres subsistaient quant aux moyens pour y parvenir, mais la finalité demeurait une seule.

~

Lucrezia était une femme qui se laissait porter, sans mimer ou séduire des courants plus forts qu'elle. La belle arpentait un long sentier aux symboliques diverses, et bercée par les flots de son existence, elle tordait les vagues destinées pour les teindre de ses couleurs. Mais les yeux rivés vers l'avenir, ne lui faisaient toutefois pas perdre de vue les rivages que sous elle défilaient, ni les ombres mortes qu'à ses pieds se figeaient. Certaines s'entêtaient plus que d'autres à la suivre, à lui tenir tête, jusqu'à ce que certaines, par l'effort le plus démesuré y parviennent. Leur éclat était moindre, et l'attraction de même mesure. De ce fait, Cocoon était un soleil qu'irradiait et baignait la noble déchue de ses rayons chauds. Il marchait à ses côtés, se calquait à son rythme. D'une force héroïquement miraculeuse, il avait de quoi la devancer, de quoi la détruire, de quoi l'abandonner. Mais il n'en fit jamais rien, libérant au contraire cette route hargneuse, aux succinctes charnières dans la promesse d'une traversée qui ne fut, cela étant, pas toujours de tout repos. Ils se damneraient tous deux l'un pour l'autre.

Et des questions survenaient.
Quand pourrait-elle de nouveau l'étreindre ?
Juste quand dégusterait-elle ainsi d'une liqueur divine, sans foi ni loi ?
Impatience. Convoitise. Attachement. Désir. Perte. Amour. Comment traduire par autre qu'une trop abondance l'excès de zèle qu'on lisait dans leurs gestuelle aux retrouvailles ? Comment parler de ce qu'on ne voit pas, mais qu'on ressent du bout des doigts comme la plus infime et perpétuelle vérité ? Quand se résoudre à admettre que l'addiction n'avait en rien abrégé leurs souffrances, ayant au contraire envenimé leurs rapports devenus réguliers. Se toucher. S'éprendre. Se perdre. Se retrouver. Languir. Se regarder. Se dévorer. Se lier enfin. Cela revenait à un cycle sans fin, dont la boucle pouvait paraître digne d'un ennui mortel, mais qui au contraire suscitait la plus belle énergie chez le couple. Noyés dans l'autre, ils perdaient tout sens commun. Unis, ils se laissaient déborder par la passion ineffable qui était la leur. À deux, l'avenir cirait l'éclat de leurs âmes respectives.

« Je ne suis pas difficile. Je ne les manie pas assez bien pour ça » Remarque sans importance, tout comme ces yeux amusés et tendres qui se posaient sur l'homme et tous ses faits et gestes. Il était un être à part, un qui charmait par son appartenance à un monde exceptionnelle qu'on doutait parfois qui fut le leur. Il s'inscrivait dans d'autres registres et accomplissements. Ses exploits feraient de lui une légende, et ce peu importe ses penchants. Car entre les deux cas, il n'y avait au final que l'objet de la crainte qui variait de cible. « Elles n'ont juste pas été taillées pour des guerriers comme toi. Très peu, même parmi les meilleurs forgerons, sauraient satisfaire ta maîtrise. Tu es hors-chartes, mon Titan » Elle sourit à ses paroles. Cet homme n'avait d'autre ennemi que les dieux. Sa force lui offrait des capacités mythiques, et connaissait-elle seulement des limites ? Le bas domaine des mortels, en faisait-il encore seulement partie ? Il était un être supérieur, une lame que rien n'y personne n'aurait su ni pu déformer. Lucrezia baissa la regard, inquiète. « Que jamais ce ne soit le cas alors… » Le voir périr était la seule torture qu'elle lui interdisait, prohibait sous tous ses aspects.


~

Chemin faisant, la jeune femme restait toujours collée à l'orisha, observant cependant les maisons environnantes. Fouillant d'une main distraite dans son sac, elle en sortit une pair de lunettes qu'elle posa sur son nez blanc. D'une couleur noire et pourvues de montures bien dessinées, elles lui sciaient assez bien. Profitant du pouvoir que lui attribuaient les verres, elle s'assura que la plupart des habitants avaient bel et bien évacué les structures, avant d'arriver à la place centrale où ils devaient réellement se rendre, et enquêter. Suivant les instructions qu'on lui avaient fournies tantôt, et dont elle se rappelait jusque dans le moindre détail, elle trouva sans mal le bloc de maisons qu'on suspectait à la base de cette opération. Scrutant les décombres, Lucrezia vit ses yeux s'écarquiller, et ses lèvres se déformer légèrement sous la surprise. « Bon.. je vois qu'il y a des corps sous les éboulements de pierre ici » Elle enfonça la porte, tenant déjà tant bien que mal, se frayant un chemin étroit à travers les fondations pour rejoindre les cadavres qu'elle pouvait voir assez clairement. Après quelques minutes de silence, elle commença à l'intention de l'homme. « Trois victimes. Un complètement calciné dont on ne peut vraiment rien tirer. Vu sa position toutefois, nous pourrions croire que c'est lui qui était chargé de mettre le stratagème en place ici. Le deuxième, s'est vu écrasé par les fondations et surprend par l'explosion, mais d'après ses mains, il était très habitué au combat. Ce ne serait pas étrange qu'il s'agisse d'un garde, un homme de main, voire un soldat tout bonnement. Quant au dernier, je dirais que c'est le plus… étrange. Si l'on se fie à ses habits, physique et même à sa profession supposée, il a tout l'air d'être un civil tout ce qu'il y a de plus banal. Il était sûrement affaissé aux côtés des autres quant c'est arrivé, mais j'ignore pourquoi, sa peau est recouverte de petites blessures, dont une majeure qui a causé une grosse hémorragie. Il ne semblait pas être ligoté, ou pris en otage. Cela dit, ils ont quand même cherché à le tuer à la fin je pense... »

Prenant place debout et essuyant la suie sur ses mains, entre beaucoup d'autres résidus, elle se détourna des cadavres, accompagnant l'homme jusqu’au dehors, les yeux baissés, songeuse. Les pistes s'accumulaient, mais il fallait trouver le fil conducteur qui leur donnerait ce caractère vraisemblable qui pour l'instant paraissait bien flou. « Tu penses que ce serait trop pessimiste de croire qu'il y a un certain nombre de civils parmi les anarchistes ? » Ce n'étaient que des suppositions, et de plus basées sur aucun fait concret. Elle ne pouvait l'affirmer, et cherchait confirmation auprès de son mari. « Quoiqu'il en soit.. je pense qu'on a assemblé tous les éléments nécessaires. Nous allons essayer de passer comme prévu par les sous-sols qui restent à dégager, et puis nous rendre au palais de manière discrète. Ce serait bien de pouvoir les observer, voire y trouver une âme faible qu'il me serait facile de contrôler. J'aimerais.. mettre un terme à tout ça. L'ombre ne prépare rien de bon.. et ne nous laissera pas faire comme bon nous semble.. » Elle vint coller sa tête au torse de l'homme, visiblement agitée, le regard ombrageux par la peur de cette entité qui planait sur eux. Elle cherchait le confort, comme d'habitude. « Je pourrai nous éviter des embuscades.. et de croiser quiconque » Sur la pointe des pieds, elle vint l'embrasser, invitant ses mains à l'entourer au niveau de ses hanches, et le bas du dos. Mais ses paroles, que ce soit un simple Fais attention à toi ou encore un Ça ne présage rien de bon ne voulurent quitter ses lèvres. Elles se jugeaient inutiles, et l'étaient sûrement.

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Mar 08 Déc 2015, 19:40

Cocoon observait la forge dans un premier temps « Pour l'instant, il nous faudra un peu plus d'indices pour émettre des hypothèses. Peut être y avait-il des taupes, comme peut être n'y en avait-il pas. La magie dépasse l'entendement parfois, et il est si simple de se laisser dépasser. Traverser un palais... Même toi tu l'as fait, fut un temps. » Le clin d'oeil était complice. Le Titan n'en disait pas trop, mais assez pour que sa femme se retourne à ses mots. L'homme ne réfléchissait pas au passé, au vécu, mais s'il le faisait, il verrait que cela faisait déjà une décennie qu'ils se connaissaient. Qu'ils se fréquentaient, qu'ils étaient éperdus l'un de l'autre, malgré les blâmes mutuels. Jamais ils ne le faisaient. Rester à ses côtés, et penser aux choses passées. Jamais il ne s'arrêtait pour se retourner. Cocoon détestait le passé. Il était, pour lui, synonyme d'abandon et de frustration, rien d'autre. Epoque que jamais il ne pourrait, ni ne voudrait rattraper.

La voix de sa femme résonna dans ses oreilles. Haussant les sourcils, il détourna la tête, la regardant choisir quelques lames, faisant preuve de modestie quant à la maitrise de certaines. Il ne l'avait pas vu très souvent en guerrière, fine lame d'argent faite pour trancher les corps. Au contraire, il avait tendance à voir en elle la douceur d'une épouse, et celle d'une future mère. Le ventre rond lui irait bien, et tout ce qui toucherait à la famille la rendrait radieuse. Il en avait fait une femme exigeante, mais c'était pour leur bien à tous les deux.
« Hors-charte... Rien que ça... ? » L'Orisha émit un léger ricanement, petit rictus rauque résonnant à travers la bâtisse étroite mais aux murs épais. De son pouce il caressa ses lèvres « Lucrèce... »

~

Elle était souffrante, chaude et presque rougie. La vampire, dans ses bras forts, tordait son corps dans des élans de passion. Cocoon la maitrisait, et il s'employait à garder cette addiction qu'elle pouvait avoir de lui. A la longue, l'on dit que les couples finissent par se connaitre et par se lasser de leur propre beauté. Mais l'homme, lui, et bien qu'il sache dessiner ses formes par coeur, ne pouvait s'en passer. Jamais il ne comprendrait les autres. La femme qu'il avait devant ses yeux... Elle était délicieuse rien qu'au regard, pulpeuse, vibrante sous les mots qui glissaient sur son ventre et sur ses seins. Langoureuse, elle attirait le mâle en un souffle, le perdant dans ses filets de reine mère. Elle était venimeuse, piquante, un poison dont il ne pouvait se guérir, mais il le savait. Il l'adorait pour ça et il l'aimait pour tout le reste. Parfois, il l'agaçait, se plaisant à voir sa moue colérique, boudeuse, avant de fourrer sa tête dans son cou, dévorant son corps sous l'impact, la faisant faillir immédiatement. Ils ne se résistaient pas. Ils ne pouvaient pas. Ils n'en avaient même pas les moyens. Elle le chauffait à blanc, et il répondait fois mille. Il la faisait marcher, et elle courrait pendant des jours. Ils allaient dans la même direction, en permanence.

Elle était toute sa vie. Vie qu'il ne pouvait, aujourd'hui, décemment pas quitter, abandonner.

« Lucrèce... Je t'interdit de telles paroles... Je t'interdit un tel regard... » Son index, humide, mouillé, dessinait cette bouche avide, dont une goutte s'était délivrée pour filer sur le menton. Il en adorait la texture, la couleur... « Tss... Petite allumeuse... » Il se pencha alors sur elle. Le Titan sentit le corps blanc et presque pur de la femme, se coller contre le sien, comme aimanté. Sa bouche était sucrée, et il trouvait ses crocs sortit. Elle n'avait pas viré au rouge, elle n'avait rien d'anormal, mais il sentit de sa langue curieuse, ces dents que, normalement, il trouvait macabre. Ici, le fait de les effleurer, de les chercher, de jouer avec, lui donnait une émotion en plus, comme un frisson d'extase duquel il profita grassement « Ne me tente pas autant, et tu sais de quoi je suis capable... »

~

Le Titan se pencha pour ramasser son débardeur qu'il enfila prestement. D'un oeil curieux, il vit sa femme sortir des lunettes, pour les porter sur son nez. Sans rien dire, il la laissa sortir de là pour arpenter la rue qui traversait devant la forge. Devant la scène morbide, elle n'hésita pas à décrire la violence du choc, et à classer les victimes. Qui ils étaient et ce qu'ils faisaient. Cocoon croisa les bras à ses côtés, ne pipant mot, assez surpris de la perspicacité de son jugement. Il savait sa femme observatrice, mais là...
Lorsqu'elle se tourna vers lui, comme pour avoir son avis ou tout du moins, son approbation, il hocha la tête « Si t'étais pas une vampire, je pense que j'aurai plusieurs arguments pour virer Théo de son siège de juge... » Se grattant la joue, il détourna la tête « Tu sais, quand c'est la guerre... Tout le monde peut être un traitre ou un allié, au dernier moment. Les anarchistes, comme tu dis, avaient des plans, et un groupe de base. Il n'est pas impossible qu'ils aient pu recruter quelques civils, des bras en plus, au dernier moment... Mais si aucun d'entre eux n'avait une rancune personnelle envers cet homme, alors personne ne l'aurait ligoté et torturer. Si ce n'est la bande de terroristes du départ. » Il appliquait ses paroles à son propre peuple. En cas de débacle, il n'était même pas sur que ses civils auraient les fois de massacrer ses gardes... « C'est une guerre civile, une révolution, appelle ça comme tu veux, et bien que quatre vingt dix pour cent de la population soit impliquée, il n'y a qu'un petit groupe qui se bat réellement. »

« Une âme faible à contrôler... Si elle est faible, elle ne sera pas assez influente ou de confiance pour avoir tous les renseignements nécessaires à notre avancée. Si tu veux contrôler quelqu'un, contrôle un grand, les pions ne sont que des jouets prêt à être brisés. » Le type réfléchissait, analysant les différentes entrées qu'ils avaient à leur disposition. Le temps leur manquait, et pourtant, il ne le regrettait pas. Lucrezia s'approcha de lui, le prenant dans ses bras. Il passa sa main dans ses cheveux, cassant ces boucles qui se reformaient immédiatement. Son autre main était guidée, emmenée sur ces hanches pleines et bien faites, lui donnant envie de les empoigner. Lorsqu'elle leva la tête, lui baissa la sienne, courbant son corps alors qu'elle se hissait si haut, pour l'embrasser. Il adorait ce contact chétif, gracile, et il s'amusait de sentir qu'elle avait encore le goût de l'amour sur sa jolie bouche « On va s'en débarrasser. On détruira l'ombre, et on partira de là. Emmène moi au souterrain obstrué le plus pertinent, que je n'en fasse qu'une bouchée... »

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Ven 11 Déc 2015, 19:38


Elle pouffa de rire face à l'évidence même d'une action irréfléchie. Désireuse de le voir, elle l'avait cherché : Dans sa cité ; dans son palais ; jusque dans son bureau, et ce sans se faire repérer. Luka avait traversé des montagnes, des lieues, jusqu'à traverser les murs de pierre beige de l'Eorishaze pour lui revenir. « C'est loin d'être la pire de mes pitreries de ce que je me rappelle.. L'effet de la boisson est vraiment effrayant.. Il n'y a vraiment que toi pour ne pas en garder des séquelles apparentes. Je t'admire énormément pour ça » Elle doutait qu'il eut su de quoi il s'agissait, et d'un côté était rassurée. Dans un moment d'ivresse, l'on laisse tout s'exposer, sans remords et sans contraintes. Dans un moment où l'on se perd de vue soi-même, l'on laisse libre cours à toutes ses facettes, sans s'inquiéter des apparences. Et elle en savait quelque chose, s'étant perchée du haut du palais symbolique des orishas pour crier son amour pour leur roi. Nul ne dut le reconnaître, et il en fut heureux. Nul ne put faire le rapprochement avec la ''reine'' qu'elle était aujourd'hui, et Lucrezia espérait même que rumeur ne soit pas parvenue jusqu'aux oreilles de l'être aimé. C'étaient des perles dans le coffre qu'elle gardait entre ses mains, des moments dont elle gardait bon souvenir. Tournée vers un avenir, elle oubliait parfois de revenir sur certaines choses. Pour elle, c'était facile de se perdre de vue, et une retrospective n'était pas toujours de mauvaise augure. La preuve.


~


Les deux se voyaient comme irrésistibles. Ils avaient un charme auquel ils ne crurent pas être si doctes, si victimes. Il était perfide, et pourtant doux au regard et au toucher. Il était appréciable, adorable, et l'on peinait au contraire à ne pas se laisser porter. Dans leurs yeux, une profondeur immense et un sentiment cher qui en découlait. Leurs souffles entremêlés formaient une chanson, et leurs corps se chargeaient de la chorégraphie. Ils se joignaient dans une harmonie parfaite, et si elle ne l'était pas, elle n'en restait pas moins désirable et admirée, car c'est qu'à la danse on y ajoutait bestialité. Ils n'en devenaient que plus complices encore. Il lui interdisait des choses, mais elle ignorait jusqu'à l'effet que ses gestes les plus simples, les plus sincères avaient sur lui. Il lui interdisait, mais ses paroles sonnaient à ses oreilles comme une demande constante, comme s'il soulignait les conséquences d'une exposition répétée. Ils étaient dangereux pour l'un et pour l'autre, et non seulement pour l'addiction. Non seulement pour la place qu'ils avaient pris dans la vie l'un de l'autre. Non seulement pour ces mains qui pouvaient déchirer tout leur être, ou au contraire le sortir de la plus grosse des peines. Leurs natures s'opposaient sur certains points, et effleurer ses limites, confiants, était peut-être une façon de se prouver quelque chose mutuellement.

La vampire n'opposait aucune résistance. Ses doigts l'avaient dressé de nouveau, hérissé les pores de sa peau blanche. Elle les sentait pétrir, comme ses muscles qui n'en pouvaient plus d'être titillés si légèrement. Car ses caresses les plus douces lui ouvraient l'appétit, et il se plaisait à ne jamais le rassasier. Ses caresses les plus légères la faisaient trembler, et elle ne s'en cachait pas. Elle n'y parvenait pas. Elle joua avec ses doigts, de sa langue, dans sa bouche. Sensible, elle perdait toujours contrôle, et s'affichait dans sa nature la plus primitive. Ses crocs effleuraient à chaque respiration ses lèvres, manquant de trancher sa propre chair à plusieurs reprises. Elle ne les cachait juste pas, car sinon elle n'avait pas faim. Elle se prohibait de tels élans à son égard, et le simple charnel la comblait dans l'âme. Quels autres besoins pouvait-elle bien vouloir satisfaire qu'il n'eut déjà tari ? Il s'amusait tel un enfant. Ses crocs étaient comme une extension d'elle-même, et elle supportait mal à vraie dire qu'il les effleurât, les cherchât, consciemment. Il voulait la rendre encore plus faible, sachant que ces canines étaient le mal, l'emblème d'une faim, d'un bain de sang récurrent. Elle ne voulait pas son sang, ne voulait pas le voir couler, bien qu'elle se damnerait pour lui. Mais elle adorait cette chaleur que lui transmettaient ses canines, et adorerait s'y plonger. « Jus..te..ment. Po..s..ède moi » Elle pleurait, timide, éprise, éperdue. Elle tendait ses bras vers lui. Elle voulait qu'il l'étreigne, de ses bras puissants. Elle voulait qu'il la tienne dans ses bras, et qu'elle puisse s'y perdre. Elle voulait sentir son coeur battre tout près, sa chaleur l'envahir, sa peau au contact de la sienne. Ce touché… C'était simple. Ils étaient amoureux. Ils se sentaient attirés. C'était complexe, difficile à décrire. Il y avait trop à en dire.


~


« Ne renvoie pas le pauvre Théo pour si peu » ricana-t-elle, toujours de cet air si ouvertement modeste. « C'est juste la mise en pratique de quelques curieuses théories piochées par ci par là, et qui soutiennent, d'ailleurs, le fait que tous nos faits et gestes soient gravés, imbriqués dans la matière sous la forme de détails anodins. Les trouver et en déduire le passé ou le présent d'une personne.. C'est là le grand défi » Cherchant à ne pas trop l'ennuyer avec ses lectures un peu avant-gardistes et peu mises en œuvre, elle fit référence aux corps trouvés à même le sol. « Les mains et tout genre de tissus recèlent le plus souvent, le plus d'indices, d'autant plus que ces derniers sont facilement repérables » Elle le scruta d'un sourire tendre. « Il n'est pas difficile en te regardant de dire que tu es non seulement très fort au corps à corps ( par l'alignement de tes phalanges et la peau dure ayant remplacé l'ancienne ), mais qu'en plus tu manipules une arme assez grande ( étant donné tes paumes qui montrent la position dans laquelle tu tiens l'arme ). Sans parler de tes expériences passées que ta cicatrice suffit à énoncer. Ce n'est pas bien dur » Elle embrassa le dos de sa main qu'elle était venu cueillir, frottant ensuite sa joue contre la paume de cette dernière. Elle n'était pas contre le fait de mettre ses petits talents au service de son roi, et s'en serait vue même honorée que lui incombe telle tâche. Hélas, l'heure n'était venue, et qui sait si elle viendrait jamais...

Elle écouta parler l'homme à la peau tannée, l'homme que l'expérience avait construit. Il parlait de faits, ils les énonçait non pas en théorie, mais dans ce qu'ils avaient de plus factuel. Il était bien plus terre à terre, moins rêveur que sa belle promise qui à travers un prisme d'une autre réalité observait le monde. Lui nourrissait bien la vision terrestre, et connaissait le monde jusque dans ses plus beaux attraits, sans oublier ses plus viles facettes. Il résumait la situation assez facilement, et constatait les points importants. « 'Faible' est un terme qui n'accompagne pas forcément un rang. Il est possible de trouver, même parmi les hautes sphères, des âmes qui sont facilement tentées. Certaines n'ont jamais connu la débauche, ce qui les rend des proies faciles, tandis que d'autres s'en sont trop imprégné. Les manipuler, les saisir par leur point faible, rend l'aliénation plus facile. Mais tu as raison en disant qu'il nous faudrait un pion assez influent si l'on veut qu'il nous soit réellement utile. Il ne se brisera pas pour si peu j'espère »

Et suivant son conseil, toujours sa main perdue dans la sienne, ils allèrent se perdre dans les décombres, deux maisons plus bas. Selon les indications qu'on leur avait fournies, c'était le chemin le plus rapide, mais aussi le plus sûr pour rejoindre les galeries du château. La jeune femme, toujours les lunettes sur le nez, désigna d'un doigt un tas de pierres, et fut toujours aussi impressionnée de voir le géant au travail. Quelques secondes suffirent pour que le passage s'en trouve dégagé, malgré une ou deux petites complications. Le sol était instable, et il facile de craquer sous le poids du titan et des pierres qui sur lui s'étaient dérobées. L'explosion l'avait déjà bien affaibli, et ils devaient juste veiller à ce qu'il reste intacte pour éviter de se faire repérer. Ils étaient prudents, car ils ignoraient ce qu'ils trouveraient une fois sur place. Ils ignoraient quelle puissance était vraiment la leur dans cette dimension parallèle, et de quoi disposeraient-ils réellement pour venir à bout des intrus. Quelque chose ne tournait pas rond, et elle douta l'espace d'un clignement de cils, de l'amusement que pouvait en tirer l'ombre. Il était impensable qu'elle put apprécier ce jeu dont elle ne faisait pas partie, et dans lequel elle n'avait aucun rôle à jouer.. Et ce simple fait, suffisait à lui donner cette mauvaise impression d'une reine d'échecs qui court à sa perte en se plaçant au front, en plein combat.

Ils empruntèrent les souterrains au bout de quelques marges rocheuses, assez larges et creusés pour qu'ils puissent s'y tenir debout. Les parois avaient été légèrement renforcées sous une couche épaisse de roche. La marche ne s'éternisa que quelques minutes, le temps pour eux de parvenir et de discerner une porte dont l'embrasure en ferraille était travaillée. On voyait des côtés une pierre plus claire apparaître, et par sa couleur plus blanche, il était évident qu'ils trouveraient le château à l'autre bout. Comme prévu, une marre de sang dégoulinant sous l'huis fermé, dissuadait quelconque de le traverser. Des voix leur parvenaient de l'intérieur, bien que peu nombreuses. Ils savaient tomber sur l'ennemi, et il était difficile pour quiconque n'ayant pas assez de cran, pour s'élancer ainsi dans la gueule du loup. Il était trop facile de se faire piéger quand on a pas idée de l'organisation de l'ennemi, dans un territoire qui n'est que trop connu pourtant.

Un bruissement se fit entendre derrière eux, et ils eurent à peine le temps de réagir et se retourner, que l'ombre avait déjà passé une main autour des épaules de la vampire. Elle surgissait, venue de nulle part, comme dans un timing qu'on put dire très bien choisi. L'on aurait pu la comparer à un chef d'orchestre qui, les deux bouts saisis, contrôle au mieux ses musiciens lors de la construction constante d'une pièce. Et sans doute, l'ombre espérait-elle les duper, les contrôler au mieux, pour voir son scénario se réaliser. Que Cocoon eut pris la place de l'elfe ne changeait absolument rien à ses yeux. Du moins, c'est ce qu'elle laissait paraître. « Avant que vous entriez, je tenais juste à certifier quelques petits détails » Elle se recula, voulant éviter une possible secousse de la part de la tornade ambulante qui se trouvait aux côtés de la jeune femme douce comme des pétales de fleur. Toujours dans les airs, l'ombre croisa les bras. « Vous m'avez l'air de progresser plus vite que prévu, malgré les.. contretemps et distractions diverses qui ont pu suscité votre attention, en chemin. Les indices que vous avez trouvé sont précieux, et je pense qu'ils seront suffisants pour compléter la suite. Mais je tiens à vous aider, vous qui êtes de si bons joueurs. Car vous n'avez toujours aucune idée du but du jeu. Quel est-il au final ? Que puis-je bien attendre de vous ? Comment arriverez-vous à exaucer mes vœux si vous ne savez pas de quoi il s'agit ? Idiot n'est-ce pas ? »

Il hocha la tête, un rictus assez inquiétant au bout des lèvres. Il se faisait plaisir. Il s'amusait vraiment. À leurs dépends. « Bon, c'est simple. Je tiens à ce que vous démasquiez la tête pensante de toute cette mascarade. Mais attention, pas seulement son identité, ou son rôle au sein de toute cette histoire. Je tiens à ce que vous le retrouviez également. Je veux assister à votre affrontement final, comme la tragédie la plus sanglante dans toute cette macabre représentation » Toujours des penchants aussi morbides avec une pointe d'attirance vers le sadisme, mais rien qui fut surprenant. Il attendait une réaction, mais les deux avaient sûrement déjà en tête l'aboutissement de leur quête. Ce n'était pas d'exterminer le groupe d'anarchistes, mais bien d'en couper la tête. Une fois cela fait, il n'y avait plus rien pour les contrôler, et ils perdraient toute leur extraordinaire organisation. C'était calculateur. C'était bien. « J'attends encore beaucoup de réalisme pour la suite. Et oh, j'allais oublier. Je vous déconseille de passer en force. Ils ne sont peut-être pas si nombreux que ça, mais ils sont assez doués. Ce serait problématique que le jeu se termine trop vite » Que cela s'achève par leur réussite, ou tout l'inverse.


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Sam 12 Déc 2015, 11:43

Cocoon semblait assez détaché de la situation actuelle. Ce rêve, cette chimère, ça l'agaçait. Il savait qu'il travaillait pour une brume. Une brume bien plus forte que lui... Bien plus puissante qu'eux deux, qui manipulait leurs désirs et leurs envies en fonction des siens uniquement. L'Orisha essayait de voir les choses autrement, d'y voir une finalité. Si ils remontaient la piste, élucidaient le mystère, et se contentaient d'une fin laborieuse, alors ce ne serait pas difficile de sortir de ce cauchemar.

La main de Lucrezia sur la sienne lui fit prendre conscience. Elle lui parlait lui énonçait sa façon de déduire certaines choses que par une observation plus qu'affûtée. Cocoon caressa de lui même cette joue si douce, dont il adorait sentir la fragrance. Son pouce déforma légèrement sa pommette en y appuyant dessus, et quelques unes des paroles de sa femme, lui revint en tête. Elle accepterait tout, du moment que ça venait de lui... Comme lorsqu'il joua avec ses crocs, se mettant sous pression juste en passant son doigt sur ces dents qui auraient pu le déchirer d'un moment à un autre, il appuya légèrement sur l'os saillant de la pommette. Un peu plus et il savait qu'il pourrait le casser, le rompre, le briser. Il en avait envie, tenté par le son de la fêlure, mais son désir glissa alors comme son propre doigt, venant embrasser cette mignonne aux cheveux violines. Elle était délicieuse, magnifique, et à peine avait-il fini, qu'elle lui manquait déjà. Alors comment pourrait-il la mutiler si facilement ? Le rêve exacerbait-il tout ces sentiments qui étaient, d'habitude, bien plus enfouis ? Peut être. Mais rien ne le dérangeait, bien au contraire, il s'en contentait avec joie. Il se prélassait dans cette envie, sans en gaspiller une goutte « Toi, tu n'as pas besoin d'autant m'observer pour me connaitre, ma Lucrèce. » Il détaillait ce visage, avant d'en embrasser les lèvres. Son bras s'éprit de cette taille, provoquant ces hanches pleines et bien faites. Il avait les mains calleuses, et pourtant, la belle en aimait la griffure. Cette peau dure et légèrement plus blanche, grisâtre aux articulations, que le reste de son teint, venait accrocher et gratter la vampire. Il n'avait jamais rien fait pour se débarrasser de la dureté de ses mains, préférant au contraire les enroulées dans des bandes, pour en assouvir l'envie meurtrière de frapper des murs ou des Hommes de ses poings.

Mais le moment de grâce ne dura pas. Des cris, des supplications, beaucoup de choses les exposèrent à un non-repos. Cocoon laissa sa femme prendre les devants, emmener le couple vers un souterrain qui menait au Palais. Elle lui expliqua la vision des choses quant à la faible âme, et l'Orisha acquiesça silencieusement. Elle avait tout dit, comme à son habitude, et il ne rechigna en rien, devant le flot d'informations complètes.
Ensemble, ils descendirent dans le sous-sol d'une demeure ravagée. Immédiatement, Cocoon saisie sa femme « Je te rappelle que je ne vois rien. » Le Titan était fort, beau, musculeux, mais il ne savait pas encore voir dans le noir. La nyctalopie, c'était la faculté de sa femme, pas la sienne. Ses yeux vairons étaient, finalement, qu'un simple élément de décoration. Il profita de se prendre quelques obstacles venant du sol ou du plafond pour rajouter « Tu maitrises le feu, non ? » Ils n'avaient pas de torche, mais quand bien même elle tiendrait la flamme dans le creux de sa paume, ça lui permettrait de savoir où aller et quoi éviter.

Le couloir se faisait un peu bas et étroit pour lui. Ils passaient à deux de front, mais Cocoon du s'arrêter en voyant l'entrée disparaitre derrière lui. Le Titan attrapa la main de la vampire pour l'arrêter « Je... » Il mit une de ses mains sur ses yeux, cachant ainsi la vu du souterrain noir comme l'ébène. Sa peau trembla, son corps se mit à frémir, et sur ses bras se distinguait la chair de poule. Il passa dix ou quinze secondes comme ça, sans sortir du noir qu'il s'imposait, ou des légers tremblements qu'il ressentait, envers et contre lui. Ses doigts s'enroulèrent péniblement autour de ceux de sa femme qu'il devinait mal à l'aise quant à l'inconnu de la situation. Ca faisait des années qu'il n'avait pas vécu pareille situation... Des années oui. En réalité, il ne s'autorisait également que peu ce genre d'endroit, conscient de sa nature. Seulement, Cocoon se sur-estimait parfois un peu trop. Il se pensait imperméable à tout, fort de l'entièreté du monde, mais pourtant, les excavations les plus naturelles, créées chez lui sa plus grande peur. Mais le rustre était roi. Il avait enduré l'esclavage, l'oublie, l'abandon, la douleur, la patience, la souffrance, le plaisir, le désir, l'affront, la trahison, la joie... Et tant d'autres sentiments comme d'expériences, qui façonnèrent celui qu'il était. Sa force n'était ainsi pas que physique. Elle outrepassait des barrières, figeant son esprit, son âme, son essence, dans une coque blindée à tout.
Alors qu'il aurait du contracter une crise plutôt violente, il ne fit que trembler, se reclusant dans un noir total pour s'apaiser. Lucrezia, juste là, avait un impact sur sa condition. Sans elle, il se serait perdu dans sa propre terreur. Tirant sur son bras d'un coup sec, brusque, il garda les yeux fermés, mais vint enlacer son corps de ses deux bras, et perdre son visage dans son cou et ses cheveux. Le silence était inquiétant, et pourtant, sa respiration lourde et basse, faisait comprendre à quiconque, combien il vivait une bataille intérieure.
Des minutes passèrent, sans qu'il ne changea de position, toujours brisé en deux, courbé pour se réfugier dans les bras de sa femme. Ses tremblements se calmèrent, et il finit par articuler difficilement « A... Arrête le... feu... » Il ne voulait plus voir. Il préférait se blesser, se mutiler avec chaque roche, que de voir qu'il était fait comme une souris de laboratoire. Serrant un peu plus ce corps contre lui, il ajouta péniblement, avouant finalement qu'il était faible « Je... Je suis claustrophobe... » Un vrai moins que rien.
Les boyaux étroits des galeries le faisaient pâlir en réalité. Bien que rien ne l'abattait quand il en parlait, lorsqu'il s'y trouvait, c'était beaucoup plus compliqué. Le problème était seulement ailleurs ici : il devait aider Lucrezia. Sans lui, ils mourraient tous les deux. Il était le seul à pouvoir détruire ces murs de pierre.

L'Orisha devait avancer. Aller au delà de cette frayeur constante. A peine voulut-il lever, ouvrir les yeux, du cou de sa femme, qu'il voyait le noir, et distinguait les parois abruptes non loin de lui. Il les sentait se refermer sur lui, et pomper tout son air vital. Il les sentait si proche, qu'il avait du mal à mouvoir son corps. Son étreinte ne se desserra pas, broyant la belle dans un étau dont elle ne pouvait s'échapper, et où elle allait peut être mourir. Il était tel un enfant. Refusant de voir la vérité, de se dire qu'il était enfermé « Créés moi un monde Lucrezia. Fais moi croire que l'on est... ailleurs. Fais moi croire ce que tu veux, mais sors moi de là. » D'habitude, cela aurait claqué comme un ordre. Ici, c'était l'égal d'une supplication, d'une prière, murmurée, à peine psalmodiée. Elle avait une puissance magique égale à sa force, et vu l'état défaillant dans lequel il était, il savait qu'il serait le premier à croire ce qu'elle lui ferait voir. Finalement, il avait juste besoin de rassurer son esprit, ses sens, tout ce qui était en état d'alerte...

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Jeu 07 Jan 2016, 00:30


Ils marchaient côte à côte à la seule flemme incandescente du bout de tissu qu'elle avait enroulé et qui, par les effluves d'un liquide douteux, brûlait bien. Levée à sa hauteur, la torche de fortune éclairait à peine les murailles de pierre saillantes, tandis que la vampire veillait à guider les pas de l'orisha. Elle n'avait pas quitté son emprise depuis qu'ils avaient quitté la forge, et cherchait même à la nourrir davantage à chaque pas qu'ils donnaient. Tout comme l'homme avait dû se sentir confus par cette proximité exacerbée, la belle femme s'en voyait tout aussi bouleversée. Peut-être laissait-elle enfin libre cours à ses envies, et ce genre de passion amoureuse était exactement ce qu'elle recherchait au fond. Ils n'avaient pas de lois qui s'appliquaient à eux, ni à leurs volontés. Ils étaient des corps libres, libres de s'entrelacer à tout moment, de vivre comme ils en jugeraient bon. Peut-être qu'elle se plaisait plus dans ce rêve qu'elle ne se le serait avoué, étant donné la situation périlleuse dont ils se trouvaient au bout du compte… Elle était égoïste, corrompue jusqu'à la moelle par ses propres convictions, et elle-même palissait devant la bulle qu'elle avait formé autour d'eux.

Elle se blottissait légèrement contre lui pendant que la marche continuait, que le courant poursuivait son cours malgré les sentiers battus et les parois rapprochées. De plus en plus étroit, l'on craindrait presque que le colosse ne voit le passage s'effondrer sur lui. La princesse laissait ses yeux se perdre au loin dans les oscillations des ténèbres, alors qu'à ses côtés s'annonçait un mauvais présage. Elle fut surprise de sentir les extrémités de ses doigts s'engourdir, et au bout un refus de la part de son roi. Elle pâlit en le voyant, en dénudant ses gestes de ses yeux, et y lisant une torpeur étrangère, une terreur sans nom qui lui arracha un souffle de vie.

Elle le vit perdre consistance, le vit faillir. Elle le vit perdre tout son sang-froid par des tremblements répétés que jamais elle n'avait vu déferler cette peau tannée. Elle vit son corps trembler sous la frayeur, et le château de cartes se défaire maintenant qu'on l'avait ébranlé. L'échiquier qui se trouvait à leurs pieds, qui les entourait de toutes parts, n'était pas aux yeux de l'homme aussi innocent que Lucrezia put le croire. Elle était inconsciente, et ignorante. Elle l'avait conduit dans la cage de ses peurs, seule faiblesse dont il ne pourrait, sûrement, jamais se délivrer. Elle l'avait elle-même enchaîné, infligé la géhenne qu'il subissait à cet instant précis. Une main sur ses yeux, la jeune femme essaya de l'approcher, tandis que l'homme affirmait la nécessité de ce toucher. Ce contact le maintenait légèrement alerte, et la belle femme était loin de déchiffrer le pourquoi de tant de peine. Elle bouillait d'anxiété et son regard de mille peines était traversé. Elle ne pouvait le savoir.. car jamais on ne lui avait dit. Mais il n'y avait pas de quoi lui reprocher ce geste, car elle aurait pu le prévoir. Elle aurait pu percer à jour les défenses de l'orisha, de tout homme qui tient si profondément à la liberté. Peut-être n'étais-ce pas le bon et dû raisonnement, peut-être cette perte de moyens était-elle causé par quelque chose de plus recherché, mais cela suffisait à la jeune femme pour faire les plus folles suppositions, et se faire un sang d'encre à son sujet.

Il sentit sa poigne se refermer, son corps enlacé le sien de toutes ses forces, comme si leurs deux entités en dépendaient. Il l'étrangla en lui, comme elle ne le vit jamais faire. Elle lui rendit naturellement, ses mains perdues dans son dos musclé, taillé, presque pour ne faire plus qu'un. Elle espérait que la fraîcheur de sa peau l'aiderait, que ses mots étouffés l'atteindraient, qu'il reviendrait dans leur réalité où elle l'attendait de pied ferme, les larmes aux yeux. Nul ne parlait, et ça ne rendait que son rythme cardiaque plus évident, ses peines plus lucides encore. Comment l'en délivrer.. Il se battait seul, et elle ne pansait que légèrement les plaies de l'homme qui, dos courbé, s'abandonnait à cette femme qui était prête à tout pour lui. Elle s'exécuta quand il lui parla, bien que maladroite dans ses gestes.

Il lui fit un aveu. Il lui fit une confidence. Il lui fit ce qu'il n'avait jamais fait, et peut-être pour quiconque avant elle. Il lui transmettait sa part d'humanité, celle qui était aussi mortelle que n'importe qui d'autre. Cet homme qu'on eut douté capable d'une peur quelconque. Elle le laissa se perdre dans la rondeur de ses seins, et contre la glace de son cou.  Ses mains glissaient sur sa tignasse tandis qu'elle l'embrassait sans un bruit. Elle était si désolée.. Si profondément meurtrie de ce qu'elle avait fait sans intention, l'horreur qu'il avait traversé par sa faute.. Cet antre était un cauchemar. Rien de la sécurité qu'il leur procurait ne se faisait sentir, et au contraire il était la seule cause de ses supplices. Elle ne l'avait jamais vu si dépendant, si à la merci de tout. Lucrezia n'y voyait pas l'homme faible que le prince s'imaginait être. Elle y voyait juste les restes d'un esclavage que nul ne saurait jamais effacé. Pour elle, le coeur n'était pas une faiblesse à lui seul. On le rendait faible. Or, l'Orishala n'était pas faible. Mais l'intéressé ne s'en rendait pas compte lui-même..

Il la pria, comme un être démuni qui n'a d'autre sur qui compter. Lui qui faisait prévaloir l'unité, suppliait ses mains. Qu'on lui apportât cet aide, cet apaisement. Avant qu'il ne se perde dans la réelle folie qu'elle lui procurait.. Elle ne voulut pas l'épater. Elle ne voulut pas lui montrer l'autre bord du monde. Elle ne voulut pas lui faire partager les milles merveilles qu'il y avait à voir. Elle voulut simplement.. l'aider. Le faire rêver. Rêver qu'ils n'étaient plus. Rêver qu'ils n'étaient que deux. Qu'il oubliât jusqu'à l'existence même de ce creux dans lequel ils étaient partis se perdre.

Elle vint bander ses yeux de ses propres mains, épongeant son front d'où perlaient des sueurs froides, tandis que quelques soupçons de tremblements restaient. Des picotements parcouraient sa propre peau, et agenouillée sur le sol rocheux, elle se vit percer la peau, en faisant couler le liquide écarlate. Elle était toute proche. Il pouvait sentir son parfum, sa froideur, et c'était bien la seule chose qu'elle laissait transmettre. « Écoute » Au lieu de l'égouttement des gouttes dans la grotte et les grognements autour, il n'y avait plus qu'un silence parfait. Sans broncher, sans s'éloigner, elle fit de nouveau. « Sent » Une agréable odeur de verdure mêlée à la résine s'évadait dans l'air, et non plus celle du musc marié à l'eau salée qui jusque là était parvenue et avait érodé, un jour lointain, les parois. « Touche et regarde » Elle cherchait à mobiliser ses cinq sens. Tout cela se fit très vite, mais suffisamment pour que l'orisha puisse se croire légèrement parti. Ils étaient assis à l'entrée d'une grotte, mais de l'autre côté s'étendait un paysage. Un petit ruisseau quelque part s'écoulait tranquille. Une brise calme soufflait, et de l'heure s'étendait là où la roche n'avait plus d'emprise. La grandeur de la plaine s'ouvrait à tous ceux qui voudraient admirer son union avec le soleil ou le grand horizon que mère tempête fouettait par moments.

Elle attendit qu'il fut capable de se relever, s'épuisant si nécessaire à la tâche tant que l'illusion s'avérait la plus crédible possible. Elle y mêlait un peu de son aliénation, ses mots étant bien choisis, et sachant quoi susciter chez l'interlocuteur. Dès qu'ils furent debout, elle le fit marcher. À son rythme, elle laissa croire, oublier. Elle l'avait enlacé de prime abord, dès qu'il fut plus calme et embrassé légèrement d'une pleine tendresse et avec tant d'amour. Elle était collée à lui, lui évitant chutes et dérapages dans le monde qui était le leur. Rien ne transparaissait sur son visage toutefois. « Je suis… désolée » Laissa-t-elle échapper, enfin, une fois arrivés. Une plainte accompagnée d'un sanglot. D'un remord. D'un profond ressentiment à son égard, tandis qu'elle se rassurait encore qu'il aille mieux. La porte donnant sur l'entrée du château était dans une zone plus grande, avec quelques dalles qui dépassaient. Elle avait peur maintenant. Peur de tout provoquer, de tout faire jaillir de nouveau…

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Jeu 07 Jan 2016, 18:17

Le sol s'effondrait sous ses pieds. Son air lui manquait, et lentement, l'agonie se faisait sentir. L'emprise de la mort, à la fois froid et chaleureuse, berçait son corps d'une belle litanie, l'invitant ainsi à lâcher prise. Cocoon était fort, mais il n'était pas un monstre. Il avait des faiblesses et le reconnaitre, même les montrer devant sa femme, était pour lui pire qu'un déshonneur. Un mari, un amant, un ami, un serviteur... Il était tout ce qu'elle désirait, pourvu qu'elle l'estime, pourvu qu'elle le choie, mais il suppliait les Ætheri eux-même, de laisser cette âme à ses côtés pour l'éternité. Que jamais elle ne l'abandonne et ce, même s'il se faisait faible, incompétent, ou bien sénile. Sans elle, il était l'ombre d'une ombre, le résidu d'une vie de gloire. A quoi servait ses combats ? A quoi servait tout ce qu'il avait enduré, si c'était pour le vivre sans elle ?
Son coeur se serrait, et l'espace temps se tordit, montrant alors le visage d'un homme brisé, qu'il avait pourtant bien enfouie dans les méandres de son esprit. Une négation en engendrait une autre.
L'oxygène se faisait rare, mais son dos brûlait. Il brûlait des coups de fouets, des lacérations qu'il avait enduré fut un temps. La morsure de la douleur n'était pas partit. Lui qui pensait qu'elle n'était qu'un souvenir effacé, en réalité, elle était toujours là, tapis dans l'ombre. Attendre une faiblesse, pour le faire s'écrouler.

Le Titan était en train de choir.

Cocoon éreinta la poupée qu'il tenait dans ses bras. Il avait beau emplir ses poumons de son odeur fleurie et dangereusement tentatrice, il se sentait quand même en proie à la panique. Les sentiments s'accumulaient... Sa vie de roi n'avait plus jamais laissé place au doute. Il fut toujours un symbole, l'ancre de tous, servant de pilier aux plus faibles. Il avait même aider Zéleph, l'ancien monarque Réprouvé, à se relever. Et pourtant ici, c'était lui qui avait besoin d'aide. C'était lui qui recommençait à connaitre ce sentiment si dangereux. Son empathie dénotant, ce fut avec rudesse qu'il accueillit cette peur. Il n'avait plus rien éprouvé de tel depuis des années. Des dizaines d'années. Devait-il être l'égal d'un dieu pour prétendre à une force surhumaine ? Jamais il ne rencontra pareille force de la nature, jamais il ne rencontra d'homonyme taillé dans la roche à ce point... Et cela ne faisait pas tout.

« Ecoute. » Esprit rompu, il obéissait sagement à ce doux ordre. Sans bouger, sans calmer son souffle affolé, il tendit l'oreille. Au lieu de se concentrer sur sa propre léthargie, il s'éveilla aux bruits environnants. La nature...
Des oiseaux chantaient en passant au dessus de lui, un vent remuait des branches, froissant des feuilles. L'herbe elle même glissait avec pudeur « Sent. » Accompagnant ces nouveaux sons, il huma un air frais et bucolique. Lorsqu'il releva la tête, accompagnant alors ses gestes, il réalisa l'étendu de l'espace. Une lisière de forêt où, devant lui, s'étendait une plaine, chutant sur des montagnes dont la silhouette se distinguait au loin. Le ciel était bleu, et des nuage duveteux et clairs, longeait la stratosphère. Derrière lui, l'entrée du terrier de lapin dans lequel ils étaient précédemment, était posé dans un début de forêt de pins. Excellent herboriste, il reconnu sans mal l'odeur des pinèdes, des champignons, de la mousse.
Cocoon lâcha sa femme, sans parler, et celle-ci l'invita à avancer vers la zone neutre devant eux. Doucement il fit un pas en avant, le corps encore tremblant, les sens en alerte. Parfois, il voyait la grotte, la noirceur, ou du moins, le paysage teinté de noir. Sa raison refusait cette illusion. Sa raison n'était pas dupe, elle clamait haut et fort que ce qu'il voyait était faux, et qu'un retour à la réalité s'imposait. Mais l'autre partie, elle, se complaisait dans ce petit malheur. Il était bien, et pourquoi n'en profiterait-il pas... ?

La vampire avait tout fait pour l'éduquer, le servir, lui montrer le meilleur du monde. Sans le Lien, il se serait perdu dans la peur et la folie de l'enfermement. On ne s'habituait pas à tout cela. Lucrezia était dévouée. Elle créait des obstacles illusoires, là où il y en avait des physiques, pour qu'il les enjambe, les évite, les pousses. Une branche trop basse symbole d'une stalactite, un rocher imposant symbole d'un enfoncement de cavité... Elle épuisait sa créativité pour le faire évoluer.
Elle lui devait bien ça. Cocoon avait la tête vide. Il ne savait pas ni ce qu'elle pensait, ni comment elle se sentait. Il était complètement déconnecté, dans un conscient qui ne refit surface que lorsqu'elle s'arrêta, et qu'elle s'excusa.
Les yeux vairons de l'homme se braquèrent sur elle, comme s'il la voyait enfin. Il avait l'impression d'avoir vingt-cinq ans, et de revivre ses stratégie de secours. De revivre le fait que son corps et son esprit soient parfaitement coordonnés, pour se mettre en état d'urgence et de sauvegarde, sans vraiment qu'ils ne lui demandent son avis propre.
La belle muse pleurait malgré elle, et son coeur noirci se déchira sous cette vision. Le Lien et l'aliénation réunit, le rendait fou d'elle, plus que jamais. Doucement, il posa une main sur sa joue, essuya ses larmes, avant de se pencher sur elle pour l'embrasser « Je t'aime, Lucrèce. »

~

La réalité fut dure, mais il n'avait pas le choix. Cocoon s'était assez calmé pour que, de toute façon, son esprit refuse l'illusion. La plaque de pierre n'était en fait qu'un mur renforcé de barreaux, comme si on les avait placé là volontairement. Mais l'Orisha ne plia pas. Il donna un premier coup de poing pas trop fort, pour tester la résistance du mur. Par sécurité, il plaça la vampire derrière lui, et pour cause. La roche explosa littéralement. Des morceaux ricochèrent sur son propre torse, protégeant alors sa petite femme de blessures externes. Le second, il dosa sa puissance, et infligea à la muraille le début de sa chute. Son bras passa à travers et brisa une des barres qui se trouvait derrière. Des voix s'élevèrent de l'autre côté. Les ennemis étaient pris au dépourvu « Bon, c'est la dernière, prépare toi à te battre. » Laissant les coups de poings, il élança simplement son corps contre la paroi, créant alors un trou énorme, faisant un peu plus que sa propre silhouette.

Effectivement, des archers et des épéistes les attendaient de pieds fermes. La première salve de flèches partit. Lucrezia devait protéger le Titan des pointes acérées, si elle voulait garder en vie sa meilleure force...

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Mar 12 Jan 2016, 14:57


Elle pleura. Encore et encore, comme s'il n'y avait de fin à ces perles de pluie qu'inondaient ses joues ; comme si sa peine fut infinie ; comme à l'aube d'une tragédie. Si on s'était enquit du pourquoi, Lucrezia n'aurait pu le dire. Elle n'aurait su distinguer le soulagement de voir l'instabilité se dissiper, la souffrance d'en avoir été l'instigatrice et la liesse d'entendre enfin des mots qu'elle avait tant prié. Comme le Dieu qu'il était, Cocoon n'avait pas failli aisément. Les sentiments étaient pourtant évidents, les paroles d'amour, de possession, de promesse, d'appartenance, de jalousie, de dévotion, ayant toutes été profanées. Il avait scellé leur destin le jour où de son cocon, il l'avait sortie.. Le jour où il lui avait lui-même donné ce nom, attribué cette forme : 'Lucrèce' l'avait-il appelé. Ils avaient vu le meilleur mais surtout le pire de leur moitié, et le simple fait que tous deux aient gardé leurs positions, parlait de lui seul sur leur attachement mutuel. L'union répétée des corps, cette addiction puissante, cette passion qui ne semblait jamais s'épuiser, provenait de cette même complicité qui crevait les yeux.. mais rien n'était facile. Tout se méritait, et tout avait un prix. Et celui-ci fut délicieux, de bout en bout. Ses yeux la dévoraient comme d'accoutumée, traduisant tant d'émoi. Ils étaient fous l'un de l'autre, et l'on aurait dit aveugle celui qui ne put le voir, ou qui en douta ne serais-ce qu'une seconde. Sa chaleur la submergea, perdue dans l'océan de ses pleurs, et l'instant où leurs lèvres se touchèrent, elle sut qu'elle était prête à tout. Si jamais elle n'avait divergé de cette voie, elle n'aurait su si une part de doute ne subsistait pas en elle. Si elle ne craignait qu'ils soient séparés.. Si elle n'appréhendait que ce bonheur ne s'agisse que d'un merveilleux rêve, et affreux cauchemar que de devoir en sortir… Mais elle fut persuadée à cet instant qu'elle n'aurait d'autre propos dans la vie que son existence, que leur vie conjugale, qu'un avenir qu'ils partageraient, que la famille qu'ils bâtiraient un jour. « Je ne vis que pour être tienne, Cocoon »

~

La paroi céda sous la force démesurée de l'orisha. La jeune femme craignis qu'il ne détruise le palais par un simple geste, n'ayant pas idée de l'étendue de son potentiel. Pour elle, il était un héros, l'envoyé des Dieux qui parcourait ce bas monde. Placée derrière lui, elle comprit le mur immuable qu'il était, comme la montagne qui ne se pliera jamais, peu importe la force de la tempête. Le vent qui tout dévaste, qui tous les autres soumet, n'avait d'emprise sur cet homme taillé dans la pierre, et dont la peau tannée recouvrait toutes les parcelles de muscle. Des voix retentirent, visiblement alertées du grabuge qu'ils avaient provoqué, et se dirigeant droit sur eux de toute évidence. Bande d'ignorants se lançant dans une bataille qu'ils n'avaient pas la moindre chance de gagner. Sot est celui qui saute, tête la première. Avisé, est l'autre qui reste dans les coulisses à attendre le bon moment d'attaquer, tandis que ses pions font diversion. Qui qu'il soit, ils ne tarderaient à le découvrir. À peine entrés dans la pièce plus large, une salve de flèches partit, visant stratégiquement le couple. Acquiesçant aux paroles du bronzé, elle leva une main, dressant entre eux une muraille impénétrable de feu sombre qu'elle pourrait manipuler à volonté. Le bois prit feu quasi instantanément, et ce ne fut qu'une question de secondes pour que même les bouts en métal, se laissent consumer pour ne faire que poussière. « Je couvre tes arrières. Bats toi à coeur joie » Elle se chargeait des projectiles voire des lames qu'elle paraît de la sienne à double tranchant, tandis que le suzerain provoquait un véritable carnage. Nul ne pouvait le battre, et il ne pliait l'échine que devant les dieux, car ils avaient le pouvoir de le soumettre. Ils étaient maîtres des mortels, détenteurs d'une puissance infinie. Ils étaient les seuls pouvant le faire redevenir esclave, et la jeune femme n'avait jamais pu gober telle injustice, telle traîtrise et obéissance qu'ils exigeaient de ceux qu'ils n'avaient pourtant jamais protéger. Toujours l'inverse : ceux à qui ils avaient infligé le plus grand mal.

D'autres voix se pavanaient au loin, essayant vraisemblablement de mieux s'organiser, maintenant conscients de la puissance que renfermaient leurs assaillants. Des unités plus faibles étaient envoyées en renfort, et bientôt une vingtaine furent neutralisés. Les corps jonchaient le sol, dans une calamité de cadavres inertes qui disparaissaient peu à peu pour leur laisser une certaine liberté de mouvement. Ils en oublieraient presque que cette épreuve n'avait rien d'une réalité, et que tous les soldats n'étaient que des pantins dont l'ombre avait réglé les paramètres. Peut-être ne les contrôlait-elle pas complètement ( car au vu de son divertissement personnel, il n'y aurait rien de plus fastidieux ) mais n'empêche qu'elle y participait de manière très active, même sans être vue. Lucrezia ignorait si l'armée ennemie était exhaustive, ou si malgré tous leurs efforts, ils ne pouvaient en venir à bout. Elle réfléchissait, les yeux rivés sur le dos puissant de la Liberté.

Elle cherchait le rôle qui lui était attribué, et comment l'accomplir au mieux. Leur but leur avait été énoncé de but en blanc, et ils devaient oeuvrer maintenant pour l'atteindre. Diverses réflexions lui parcoururent l'esprit, quant à son ignorance notamment. Comment savoir combien ils étaient ? Si l'identité des rebelles n'était plus une donnée inconnue, elle n'était pas chiffrée pour autant. Quand bien même seraient-ils parvenus à les identifier, comment déduire la fontaine d'où jaillissait tant d'ambition ? Qui était celui à avoir mis à mal tout un peuple par le seul assassinat de leur dirigeante ? Les premiers susceptibles d'y trouver leur compte seraient ses potentiels successeurs, mais les Esprits élémentaires ( si seulement ils y avaient leur place ) étaient introuvables. La survie des ministres était aussi compromise que celle de leur souveraine, et leur loyauté était pour la vampire plus douteuse encore. Mais par où commencer dans ce cas ? Quelles preuves chercher ? Elle puisait dans ses réserves pour satisfaire une défense de haut niveau, de telle sorte que l'homme ne souffre pas de la moindre égratignure. Quelques corps étaient à terre carbonisés, le feu sombre ne cessant de lécher par ses flammes sa cible qu'une fois qu'elle a pleinement succombé. Toutefois, elle savait que sa magie ne durerait pas éternellement et qu'elle aurait à se ressourcer tôt ou tard.. Une autre vague d'hommes arrivant par la gauche, ils n'avaient guère le temps de traîner. La jeune femme grimaça, lasse par tant d'interventions, par une résistance bien trop harassante.

Fermant les yeux quelques instants, elle sentit une magie qui n'était pas la sienne l'emporter, parcourir ses veines pour venir se concentrer au bout de ses doigts et une nouvelle maîtrise lui parvenir. Dans un geste maîtrisé, elle fit apparaître de larges branches qui, entrecroisées et tissées méticuleusement, formaient les barreaux d'une geôle. Quand le groupe parvint à sa hauteur et qu'ils effleurent de leurs mains et lames le bois épais, la vampire en créa une autre à l'opposée, pour perfectionner la cage dans laquelle ils se voyaient enfermés. « Nous devrions chercher un moyen de trouver leur général, plutôt que laisser des faibles comme eux nous retenir » Une fois à l'arrière, elle fouilla du regard rapidement les alentours, sans savoir quoi chercher au juste. « Je pense que fouiller les cachots ne serait pas une mauvaise idée pour que nous soyons fixés sur qui sont les survivants. Nous pourrions les interroger aussi. À moins qu'on n'écourte notre trajet en hypnotisant le premier venu, et lui demandant des informations. Je peux m'en charger » Il était le Titan forcené, elle était la raison pondérante. Mais parfois, même les meilleurs se trouvent à court d'idées…

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Mer 31 Aoû 2016, 23:11


Il la possédait, la dévorait, en faisait son festin nuit et jour à tel point qu'il s'en gavait. Lucrezia était la femme qui comblait ses nuits et sa vie, et jamais il ne trouverait pareille entité ailleurs. Il avait peur parfois. Peur qu'elle s'en aille, qu'elle comprenne qu'ailleurs l'herbe était beaucoup plus verte, mais jamais elle ne le ferait. Si brisure il devait y avoir, les larmes et le sang couleraient alors à flot. Ce genre de choses arrivaient comme elles se formaient : brutalement. Mais Cocoon y était habitué. Son mode de vie était tel quel et Lucrezia fut obligée de s'y adaptée, de s'en délecter, si elle ne voulait pas se voir trainée. Ce qu'elle lui avouait en permanence tenait du miracle. Il trouvait en cette femme la bénédiction d'une situation stable, de la réalisation d'une de ses peurs que pouvait être la routine et la lassitude. Mais il n'en était rien. Jamais il ne se lasserait de Lucrezia. Jamais il ne l'arracherait de cette vie qu'il avait mis tant de temps à bâtir et à changer.

Dorénavant ils étaient deux et ce pour l'Eternité.

~

Cocoon s'était transformé en guerrier. Le Titan avait envahit la pièce de sa force, de son aura, laissant chaque être se consumer sous la surprise et l'effet étouffant qu'il produisait. Si les plus éloignés arrivèrent à tirer des flèches dans le but de les transpercer, Lucrezia pu agir bien avant que celles-ci ne les touche. Ils étaient protégés et, à deux, ils étaient indestructibles. Ils formaient une entité duelliste, avisant quiconque essayait de les battre. Jamais ils ne cèderaient, tout simplement car ils n'avaient pas de faille.
L'Orisha renversa la première rangée de fous qui foncèrent sur lui. Ils voulaient, ils croyaient que le nombre faisait la force, mais il aurait fallu des centaines de milliers de soldats, des armées entières de mercenaires formés, pour venir à bout de cet homme increvable. Il n'avait plus aucun opposant qui valait la peine de se déplacer. Il ne connaissait aucune situation, aucune forme de vie réelle, qui lui permettrait de ce réveiller de cette léthargie dans laquelle il croulait. Le Titan n'avait à faire qu'à des faux-puissants. Des sots qu'il pouvait annihiler. Vanille était la pire et pourtant, lors d'un échange de confiance, il pourrait la tuer d'un simple geste. Zéleph avait été un héros, une idole et aujourd'hui il n'en restait rien, Cocoon l'ayant écrasé de sa réputation. Eerah était clairvoyant, autant qu'il l'était finalement, et avait la parole juste seulement, il suffisait de lui souffler trop fort dessus pour le voir partir physiquement dans l'Au-Dela. Yulenka était une meurtrière également mais à quoi bon ?
En répétition, ils étaient tous de faux-puissants.
Tout comme lui finalement.
Rien à perdre, rien à gagner. Si ces gens là mourraient, ils ne laisseraient rien derrière eux. Quelques personnes les pleureraient une dizaine de secondes, avant de les oublier. Ils n'étaient reconnaissables que par leur compétences et non par leur richesse. Car de cœur, ils n'en avaient plus.

Le combat perdura inutilement. Cocoon protégea sa femme plusieurs fois, plus par principe que par réel soucis. Il la savait très bonne combattante et n'avait pas réellement peur pour elle. Mais tout deux aimaient les rôles qu'ils jouaient. L'attaque et la défense, le chevalier et la princesse, l'animal et la fleur... Il y avait cet unisson perpétuel qui les faisait se repaître de tout ce qu'il pouvait se passer.
Mais ici, ils étaient agacés en réalité. Agacés de devoir continuer un chemin qui était peut-être déjà perdu alors qu'ils ne rêvaient que de rentrer, de quitter ces contrées, pour pouvoir se détendre dans le parc de Mégido. Un quotidien qui semblait monotone mais qu'eux deux savaient enjoliver. Elle était frêle et douce, il était massif et puissant. Lorsqu'ils sortaient, Mégido s'en délectait. Ils étaient comme un idéal, ce qui ressemblait à la perfection ou du moins, qui y tendait. Les Orishas comprenait qu'il puisse se satisfaire d'une seule femme car, après tout, peut être avait-il trouvé sa Liberté là-dedans ? Telle une Orine, se sentant libre en étant enchaînée... ? Les mentalités assez ouvertes de la contrée désolée tendaient en leur faveur, et d'aucun n'émettait une quelconque réflexion.
Et ici, personne n'avait eu l'occasion de s'opposer réellement à eux. Le carnage était réel mais sans impact. C'était une diversion, un leurre idiot pour essayer de les ralentir. La Vampire vit clair dans un jeu dans lequel Cocoon ne chercha même pas à lire... « J'aimerai trouvé le Général et lui faire payer ses crimes. Seulement, je ne veux pas que nous nous séparions. L'Ombre pourrait en profiter pour nous causer mille tourments et il est hors de question que je lui laisse ce plaisir. Les survivants, s'il y en a, ne vont pas s'enfuir des cachots et, actuellement, il faut pallier au plus pressé : la vie de la Reine. Si elle est toujours de ce monde, chaque seconde sont comptée. » Il regarda la belle femme « Ca te va ? »

Montant les escaliers quatre à quatre, l'Orishala espérait que le Général ait prit la Reine en otage. Qu'il ait eu l'idée de la garder en vie, pour leur faire payer leur affront. Il n'était pas fou, il savait que l'Ombre avait toujours un coup d'avance, comme si elle observait tout d'une manière omniprésente. Transparente mais rôdant dans les airs, au-dessus de leur tête. L'ambiance lourde devait venir de sa présence cachée et la seule fois où il ne l'avait pas sentit avait été dans la forge et dans la tente. Comme si elle fuyait... Qu'elle se cachait de leur union. En lieu clos, dans l'intimité, celle-ci arrivait à se faufiler pour s'éloigner.
Arrivé à un étage, il jeta un coup d'œil à sa dulcinée. Il lui serait impossible de l'embrasser, de la caresser, de l'étreindre comme à son habitude, tout en lui faisant un descriptif de plan d'attaque, simplement pour qu'aucune oreille ne traine dans les parages pour entendre leurs idées. Et juste de se l'imaginer...
Sous leurs pieds, le sol trembla. L'Orisha attrapa la taille de sa femme, prêt à sauter ailleurs s'il l'avait fallu. Mais rien de cela. Les escaliers de la demeure changeaient complètement de place. Le pallier sur lequel ils se trouvaient ne bougeaient pas, mais les marches vibraient pour venir se positionner d'un mur contre un autre, changer de sens, mener autre part. Le palais d'Aeden sembla tout à coup beaucoup plus labyrinthique « Ce bâtiment est vraiment très vaste, je doute trouver la Reine en temps et en heure. » Dehors, la ville se consumait, à feu et à sang, bien pire que lorsqu'ils l'avaient quitté « Je sais que tu n'aimes pas les défaitistes, mais l'Ombre semble nous avoir gagné... Nous perdons tellement de temps... » En palabre oui mais, en terme de stratégie, ils n'étaient pas mauvais. La reine était dans les étages du dessus, il suffisait juste de travers murs et plafonds de ne pas se soucier de tout ce qu'il y avait autour : soldats, escaliers mouvants, habitants, animaux... Seulement, Cocoon savait volé, mais il n'avait pas le pouvoir de traverser les matières.
Comme perdu, il prit quelques secondes pour se retrouver avant de dire « Mais si tu as un plan, tais-le. » Le Titan s'approcha d'elle, l'acculant indubitablement contre un mur « Elle est ici... Ses yeux sont partout mais... Elle fuit lorsque nous décidons d'engendrer la Vie... Ca te tente de te mesurer à moi... » Il se baissa sur elle, embrassant son cou « ...pour savoir qui de nous deux arrivera à tenir un plan stratégique le plus longtemps possible ? » Il avouait secrètement, par ces mots, passer un malin plaisir à travailler de cette manière là. Seulement, ils n'eurent pas le loisir de s'essayer à cette technique nouvelle et particulièrement arrangeante.
A l'étage, un cri retentit. Il avait tout d'humanoïde, rien de faux et il eut l'audace de les couper en plein dans leur discussion « J'espère que c'est elle... » L'Orishala joua de ses dons pour déployer ses ailes. Du sang suinta de son dos, ouvrant des plaies qui, à la fin, n'étaient que d'autres cicatrices qui dorénavant, ne partaient plus. Deux grandes fentes hideuses, boursoufflant son énorme dos galbé de reliefs musculeux. Mais ici, pas le temps de s'en préoccuper « Je vais arriver de front. Si tu peux essayer d'arriver par la fenêtre où un endroit dérobé, je pourrai faire diversion pendant que tu assassine qui de droit. Prête ? » L'Orisha étreignit sa Vampire pour la forme, avant la bataille finale. Enfin, il s'élança dans la cage d'escalier, ignorant les mouvements lents des pierres stériles.

1 542 mots
Tu connais la rengaine. Lulu - Cocoon, il y a toujours mille choses à dire :)

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Le rêve du destin {Feat Lucrezia}

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