Couché dans le lit de la jeune elfe je regarde fixement le plafond, une pointe de douleur se diffusant toujours légèrement à travers mon corps. Malgré les soins reçus grâce aux anges certaines blessures sont toujours là, les plus importantes étant incapable de se refermer avec l'aide de la magie. Doucement je lève ma main pour venir caresser mon ventre. Comment ais-je pus faire cela ? Comment ais-je pu en arriver là ? Ces deux questions raisonnent dans mon esprit sans que je puisse leur trouver une réponse. Ou tout du moins une réponse me convenant. Et lui convenant à elle. J'aurais pu lui expliquer, j'aurais du lui expliquer… Mais comment expliquer à quelqu'un qu'on ne connaît que depuis quelques jours et qui est déjà près à risquer sa vie pour moi ? Je ne sais pas et dans mon état suis incapable de trouver une explication pouvant répondre à cette question. Dans la prolongation du mouvement ayant servis à poser ma main sur mon ventre je la lève afin de venir m'essuyer le coin des yeux, chassant ainsi une larme naissante. Je ne dois plus. Pour elle et pour l'enfant grandissant en moi, je ne dois plus faiblir. Je ne me le pardonnerais pas. Et même si elle est sûrement capable de me pardonner peut importe le nombre de fois ou je faiblirais, je ne veux plus avoir à lui faire subir une nouvelle fois cela. Plus jamais.

Avec un sourire je ferme les yeux, croisant les mains sur mon ventre et expirant tranquillement. Je reste ainsi immobile pendant plusieurs minutes me vidant la tête de toute pensée négative et ne cherchant que le repos et la sérénité. Au terme de cette attente, je rouvre les yeux et tout en décroisant mes mains, je me lève lentement du lit. Passant devant un miroir je m'arrête un instant regardant d'un air désolé mon reflet dans la glace. Mes cheveux déjà normalement traité avec négligence me tombe sur les épaules et dans le dos tel une masse difforme. Mes yeux sont cerclés de cernes et mon visage porte de nombreuses traces du autant à la fatigue et à la douleur qu'aux larmes que j'ai versé. D'un geste distrait je passe ma main dans mes cheveux me recoiffant du mieux que je le peux avant de continuer ma marche vers la pièce voisine d'où des bruits de voix se font entendre. Un fois devant la porte j'hésite un instant, sans réelle raison, avant d'oser l'ouvrir.

Dans l'autre pièce, Julia et Mircella sont toutes deux présentes et discute, s'interrompant à ma vue. Avec un petit sourire gêné je rentre légèrement la tête dans mes épaules tout en me tordant doucement les doigts « Bonjour » Sans me départir de mon sourire et sans prononcer un mot de plus je me déplace jusqu'à une fenêtre présente non loin. M'appuyant à la balustrade de cette dernière je lève les yeux vers le ciel, profitant des rayons du soleil sur mon visage et de leur chaleur, celle-ci me tirant un frisson de satisfaction. Très vite Sheva vient me rejoindre, se posant lui aussi sur le rebord, très vite suivit de Porcelaine, lui restant à quelques distances de l'habitation assis sur la branche d'un chêne rougeoyant. Souriante je caresse doucement la tête du corbeau en regardant le paysage s'étendant devant moi.

Les secondes s'égrainent ainsi pendant un long moment sans que je prononce le moindre mot, sans que le silence ne soit brisé par autre chose que les bruits de la nature. Finalement je suis celle qui m'est un terme à tout cela, quittant des yeux le tableau peint devant moi, prenant Sheva sur une de mes mains et me retournant vers les deux jeunes femmes présentes derrière moi. « Il y a quelques jours j'ai dit vouloir découvrir le monde pour savoir les lieux que je l’emmènerais visiter ? Je crois qu'il y en a un que j'aimerais beaucoup aller voir dans les prochains jours. » Prenant une pause, je viens me glisser à ses côtés faisant jouer mes doigts sur sa joue avant de me lover contre elle, la tête dans le creux de son cou. « La rivière éternité. Je n'ai jamais eu la chance d'y aller pourtant à chaque fois que quelqu'un ma parlé de ce lieu c'était afin d'en faire ses éloges. » Relevant la tête je viens déposer un baiser sur sa joue avant de reprendre ma position initiale, levant juste le regard vers elle, une pointe de malice dedans. « Alors, sera-tu d'accords pour me faire visiter cet endroit ? »

Les rayons du soleil traversaient la vitre froide, caressant les pores fatigués des deux jeunes femmes, exténuées après tant de péripéties. L'être sylvestre se tenait au beau milieu de cette maison qu'elle avait acquis il y  avait de cela à peine une année, un bras passé autour du corps affaibli et assommé de la belle à la chevelure immaculée aux légers sous-tons argentés, l'autre étendu sur les draps de soie qui l'abritaient chaque nuit et protégeaient sa peau de toutes les agressions extérieures, qu'elles soient thermiques où purement dues à des frottements contre un matelas qui se serait avéré peu confortable. Levant quelques doigts pour caresser la surface de la couette, son regard se dirige vers le plafond, tandis qu'elle appuie sur ses muscles, utilisant le peu de force que sa nature endolorie lui permet d'emprunter. Les yeux émeraudes de l'Elfe se baladaient alors sur l'ensemble de sa demeure, un brin endormis par cette nuit qui, à son goût, n'avait été que trop courte. Les souvenirs se bousculaient dans son esprit, se mélangeaient, s'entrechoquaient parfois dans un bruit caractéristique qu'elle était la seule à entendre. Quelque part, quelque chose s'était brisée en elle, avait été détruit par la seule idée que Lumi puisse la quitter, puisse disparaître, mettre fin à sa vie dans un élan de souffrance qui ne lui correspondait que trop peu. Un soupir franchit l'entre ouverture des lèvres rosées de la blonde des bois. L'Humaine était une fée de lumière, une princesse au regard de flamme qui ne pouvait être comparée à rien d'autre qu'un joyau. Un sourire arqua alors les lèvres. Une pierre précieuse qu'elle garderait férocement pour elle, que personne n'arriverait à toucher sans son autorisation. Un trésor personnel, son trésor.

Se relevant en prenant soin de ne pas déranger le sommeil de la jeune femme qui, elle estimait, en avait pleinement besoin, elle plia les genoux sur le rebord du lit, étirant chacun de ses membres, à commencer par ses pieds qui soutiendraient son poids toute la journée et qui subissaient chaque jour de nombreuses contraintes. Baissant le regard vers le sol, y posant le bout de ses talons, elle se hissa à la bonne hauteur en s'appuyant contre le mur recouvert de lierres qui se mirent à bouger légèrement à son contact. Avançant à pattes de velours vers la porte, elle glissa une main vers la poignée et s'y appuya doucement, l'ouvrant en tentant de faire le moins de bruit possible. Passant dans l'autre pièce, elle referma, avant de lâcher un léger cri de surprise qu'elle dut retenir afin de ne réveiller personne. « Alors, passé une bonne nuit, Mimi ? ». Le sourire carnassier de la Dullahan rayonnait dans l'atmosphère sombre des lieux, presque lugubre. Les volets n'avaient pas été ouverts depuis déjà un bon moment, et la Blanche se plaisait dans l'obscurité la plus totale, nageait dans la pénombre comme s'il s'agissait de son propre élément. « Je ne te retourne pas ta question Julia. Je suppose que, vu tes cernes, tu n'as pas dormi longtemps. ». Un petit rire mesquin fit vibrer les cordes vocales de la petite fille qui envoya balader sa chevelure en arrière dans une mine de nonchalance certaine. « M'as tu déjà vue passer une nuit sereine ? C'est le fait que ce soit le matin qui endort ton cerveau ? ». Fronçant les sourcils, Mircella entreprit de ne plus répondre à ses petites piques. « Ça doit être ça, Julia. ». Puis elle partit ouvrir son armoire, afin de sortir quelques vêtements qu'elle posa négligemment sur le fauteuil, avant de les enfiler sans adresser une seule attention à la morte vivante qui se pavanait derrière elle.

Enfilant une tunique relativement légère de couleur verte reflétant l'émeraude de ses yeux, la blonde des bois s'arrêta devant son miroir pour se coiffer, avant que la conversation ne reprenne. « C'est parce que ta petite protégée dort à côté que tu fais pas tout ça dans ta chambre ? ». L'Elfe se contenta de hausser les épaules. « Toute cette demeure m'appartient bel et bien, Julia. Je ne sais pas vraiment si l'on peut parler de chambre à part entière, étant donné que je suis parfaitement libre de mes mouvements ici. ». Faisant semblant de s'offusquer, la petite recula de quelques pas. « Oh, pardon mademoiselle, c'est que j'en oubliais votre rang. Je ne me serais pas permise de dire que cet endroit ne vous est pas autorisé. ». Puis le sourire mesquin fit son retour, accompagné d'un rire sournois. « Chez toi, c'est chez moi. J'ai les mêmes règles. Tu fais ce que tu veux, mais je trouverais ça c*n que tu abandonnes une pièce juste parce qu'une nana ronfle dedans. ». Et un bruit fit arrêter la jeune femme qui allait répondre. La porte venait de s'ouvrir sur la silhouette de l'Humaine qui les gratifiait d'un petit sourire, de sa tête matinale. « Bonjour Lumi. ». Lui demander si elle avait bien dormi n'avait, dans ce genre de situation, aucun sens. Elle connaissait déjà la réponse. Seulement, elle espérait que cette torture mentale la quitterait bien assez tôt, qu'elle retrouverait une joie de vivre sans pareille dans peu de temps. Elle y contribuerait, à coup sûr. Ce n'était pas un objectif, encore moins un choix, mais une obligation qu'elle se posait en pièce maîtresse dans le cheminement de sa vie. L'Humaine n'était pas une option. Elle était le centre de sa vie.

La Dullahan ne répondit pas, se contentant de se retourner dans un « tss » qui lui siait à merveilles, se dirigeant vers les dernières toiles terminées par la petite ange rousse. Elle les dévisagea pendant quelques secondes, avant de les retourner, comme agacée par toute cette peinture qui lui donnait envie de vomir, qui la dégoûtait au plus haut point. Cette foutue ange ne quitterait donc jamais les lieux, et maintenant une autre femme tout aussi insupportable venait mettre son grain de sel, assombrir le tableau qu'elle s'efforçait de garder à son image. C'était si risible.. et pourtant si désagréable. La morte se crispa pendant quelques secondes, avant de détendre ses muscles en entendant la demande de la jeune femme. Tant mieux. Tant mieux si elle voulait découvrir le monde. Alors, elle ne lui traînerait pas dans les pattes. Mais au premier abord, l'Elfe ne parut pas approuver cette soudaine envie. « Tu es sûre ? ». Un regard inquiet pesait sur l'humaine, bienveillant mais teinté d'une angoisse qu'elle ne s'embêtait pas à masquer. « La rivière éternité est un endroit merveilleux, que je n'ai fait qu'entre apercevoir au cours de mes voyages. Bien entendu, je l'ai longée, afin de retrouver la route d'Avalon, mais je ne doute pas des paroles qui ont pu atteindre tes oreilles. ». Mircella n'avait jamais douté, et ne douterait jamais de la beauté de la nature. C'était tout bonnement impensable, impossible. Passant une main dans sa chevelure argentée, elle la serra un peu plus contre elle. « Mais je ne sais pas si.. ». Elle fut coupée dans sa phrase.

« Tu ne vas quand même pas refuser d'aller te balader dans un havre de paix et de nature Mimi ? Ça ne te ressemble pas. ». Puis son sourire s'étira, devenant plus malsain qu'il ne devait le paraître. « Je suis surprise. Je ne pensais pas que tu serais capable de ce genre de choses. Lumi a l'air de tellement tenir à cette visite.. ». L'ironie se sentait autant dans son regard que dans sa voix, dans son ton qui partait volontairement dans les aigus comme pour accentuer l'effet qu'elle souhaitait donner à sa phrase. « C'est dommage. Je ne serais pas venue vous embêter. ». Ses sourcils parurent se froncer doucement. « Ce n'est pas comme si ce genre de paysages m'intéressait. ». Car si je pouvais le faire, je l'aurais mis à feu et à sang à la seconde de sa création. Mircella saisissait parfaitement à quel petit jeu se prêtait sa compagne, mais ne décida pas pour autant de rentrer dedans, reposant son attention sur l'Humaine dont les yeux brillaient rien qu'à l'évocation de ce lieu féerique qui semblait évoquer une multitude de sentiments en son coeur. Elle déposa un doux baiser sur son front, avant de s'en éloigner doucement. « Nous partirons quand tu en ressentiras l'envie. ». Elle la serra dans ses bras. « J'irais où tu iras. ».

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HRP:

Collée à elle, placée dans cet écrin de tendresse et de chaleur j'attends, anxieuse, sa réponse. Je ne pourrais lui en vouloir si elle décidait de me refuser ce voyage. Après ce que je viens de faire il serait même tout à fait logique qu'elle ne souhaite pas me voir partir d'ici afin de me garder sous son contrôle. Avec un petit soupir de plaisir je frotte ma joue contre ses cheveux, jouant distraitement avec. Dans un premier temps sa phrase me fait hésiter. Comme j'ai pu le craindre elle semble réticente à l'idée de m’emmener loin d'ici. « Tu n'a pas à avoir peur tu sais. Si je fais le souhait de vouloir me rendre la-bas c'est uniquement car j'en est réellement envie. » Une seconde de flottement puis je reprends la parole « Et puis… Nous rendre la bas toutes les deux nous permettras de passer un petit peu de temps ensemble. » Je la regarde un grand sourire sur les lèvres. Si découvrir le monde est une chose que je souhaite réellement faire, il y a autre chose que je désire réaliser plus que tout. Passer du temps avec elle. Apprendre à la connaître et pouvoir au maximum profiter de sa présence.

La voix de sa compagne raisonne dans la pièce lorsqu'elle me fait part de son doute à propos de mon envie. Bien qu'elle ne sourit pas, l'ironie audible dans sa voix rend presque visible son sourire. Pendant un instant Mircella semble hésiter puis, déposant un simple baiser sur mon front elle s'éloigne un instant, me gratifiant d'un sourire avant de me serrer de nouveau dans ses bras. Nous restons ainsi collée l'une à l'autre pendant plusieurs secondes sans qu'aucune ne fasse le moindre signe témoignant d'une quelconque envie de se soustraire à cette étreinte. Finalement je suis celle qui mets un terme à ce voile de silence. « Et bien, nous pourrions y aller aujourd'hui ? Cela nous feras du bien de nous éloigner un petit peu de la ville tu ne pense pas ? » Tout en parlant j'attrape une de ses mèches de cheveux et me mets à jouer distraitement ainsi qu'avec une pointe d'anxiété avec ses cheveux. Je laisse quelques secondes s'écouler avant de regarder distraitement dehors. « Il est assez tôt. J'ignore combien de temps il va falloir pour nous rendre la-bas mais nous pouvons peut-être attendre un peu. Je ne doute pas de la beauté de l'endroit loin de la mais… Je me dis qu'il sera probablement encore plus beau à la tombé de la nuit, avec le couché de soleil. Tu ne pense pas ? »

Collée à elle je la regarde comme un enfant regarde les marchands déballant un étalage de jouets en tout genre. L'envie ainsi que la curiosité brille dans mes yeux alors que mes yeux azurés sont plongé dans son regard émeraude. Une poignée de secondes s'écoule avant que je ne m'écarte d'elle à regret, me dirigeant vers les toiles peinte par la jeune ange. « Quoi qu'il en soit, je te laisse décider ce que tu veux faire. Le moment ou nous nous rendrons sur les bords de la rivière m'importe peux du moment que je suis avec toi. » Je penche la tête sur le côté en lui souriant gentiment avant de me diriger vers les toiles peinte par la jeune ange et retournée par Julia dans un geste produit par sa mauvaise humeur perpétuelle. Prenant une des toiles je la regarde sans réellement la voir, repensant à tout ce qui vient de se passer et tout ce que je vais vivre maintenant. J'ai tenté de mettre un terme à ma vie et cela ma été refusé. Je vais devoir continuer à vivre cependant, est-ce réellement une plaie ? J'ai quelqu'un sur qui me reposer maintenant. Une personne qui ne me laissera pas et sur qui je pourrais toujours compter. Et pour qui je compte énormément. Distraitement je lève le regard vers l'elfe. Pour moi qui jusque la était perdue dans les ténèbres elle est ma lumière. Elle est le phare qui me guidera et me permettra de ne plus m'égarer maintenant.

Toujours souriante je repose remets la toile à sa place posant un instant mon regard sur le bracelet de cristal qu'elle ma donné la veille. Ce bracelet qu'elle possède elle aussi et nous servant de promesse. Il est la preuve physique de ce que nous sommes l'une pour l'autre et du lien nous unissant. Il prouve à lui seul que quoi qu'il advienne nous serons la pour l'autre et jamais ne l'abandonnerons. Avec un petit rire je reviens me coller à elle avant de déposer un baiser sur son nez en rien de plus belle face à son expression surprise. « Merci » Un simple murmure mais ayant pourtant le même impact qu'une explosion. « Merci pour tout ce que tu fais pour moi. » Les yeux humidifiée par la joie produite par ce moment je reste lovée contre elle, me laissant porter par le temps sans oser bouger, de peur de briser la magie de ce moment.

Le coeur de la blonde des bois se serra de plus belle. Ô, non, il ne s'agissait plus de peur. Elle ne craignait pas de voir la jeune fille lui filer entre les doigts et tenter de mettre une nouvelle fois à sa vie, car elle lisait dans le regard qu'elle lui portait une reconnaissance infinie, accompagné d'un amour véritable qu'elle sentait s'insuffler dans le moindre pore de son épiderme. Son corps tressaillit, frissonna à son contact. Et ses paroles eurent l'effet d'un électro-choc dans sa poitrine qu'elle sentit se déchirer sous sa peau encore endolorie par cette nuit de sommeil qui, à son goût, n'avait été que trop courte. Passant une main dans la chevelure argentée de l'humaine qui se tenait devant elle, la jeune femme garda un silence de plomb pendant un long moment, ne sachant tout simplement pas si les mots pouvaient exprimer ce qu'elle ressentait. Passer un peu plus de temps ensemble.. n'était pas une option. N'était pas une idée avec laquelle l'Elfe se serait permise de rire. Son étreinte se resserra doucement, sans qu'elle ne s'en aperçoive. En voulant se jeter de cette falaise, disparaître de ce monde, Lumi aurait fait s'envoler tout le temps qui lui restait à vivre, tout ce que les Aetheris avaient eu la grâce de lui donner. Elle se serait dérobée au rôle qui l'attendait, et au plus profond de son âme, Mircella le ressentait. La jeune femme était destinée à faire de grandes choses, et mine de rien, en faisait déjà. Elle venait de prendre une place irremplaçable dans son coeur, était devenue une partie d'elle-même dont elle ne pouvait se passer. Tout ceci en quelques jours, qui n'avaient été que les annonciateurs d'une vie complète de cohabitation, de soutien, mais surtout de bonheur. Elle ne serait plus jamais seule.

La Haute Elfe regarda sa protégée s'éloigner, s'affairer dans la maison comme s'il s'agissait déjà de la sienne, saisir les toiles de la petite ange, les toiser puis les reposer avant de revenir. Elle se mouvait sans aucune peur, sans qu'il n'y ait une seule ombre sur son coeur, et pendant sa petite marche, Mircella ne put s'empêcher de poser un œil expert sur ses mouvements. Une nuit était passée depuis la venue des êtres célestes ayant soigné ses côtes, ses membres encore fragilisés par un choc si terrible. Cependant, un sourire vint arquer les lèvres de la jeune femme, déformer ses traits doux et bienveillants. Elle ne devait pas douter des capacités des anges et pour cause, tout avait l'air de bien se porter. Mais elle ne prendrait pas de risques inutiles. A présent, elle se devait de veiller sur la belle aux cheveux argentés qui se trouvait chez elle. Elle l'avait arrachée aux griffes de la mort, à l'Aether qui l'attendait les bras grands ouverts, pour la garder auprès d'elle. Maintenant, elle devait en assumer les responsabilités, en respecter les conséquences. Et aussi étrange que cela puisse paraître, elle ne considérait absolument pas cela comme un poids, un fardeau à traîner. Lumi était une illumination, une princesse de conte de fées qui débarquait dans sa vie et la remplissait de toutes sortes de couleurs qui lui étaient jusqu'à ce jour parfaitement inconnues. C'était une bénédiction.

« Nous avons tant de choses à faire ensemble.. ». Elle sursauta quelque peu, tenant la jeune fille dans ses bras, la serrant un peu plus contre son coeur. Ses yeux commencèrent à s'humidifier quand elle poursuivit sur sa lancée. « Tant de temps à rattraper. ». Elle plongea son regard dans le sien. « J'aurais aimé te rencontrer avant, Lumi. J'aurais aimé ne pas passer vingt six ans de ma vie sans toi à mes côtés. ». Son visage s'assombrit pendant quelques secondes. « J'aurais voulu t'éviter tous les tracas qui t'ont poussée dans tes pires retranchements. ». Puis elle retrouva le sourire. « Je ne peux pas remonter le temps, revenir en arrière, mais ce dont je suis sûre, c'est qu'à présent que je t'ai trouvé, je ne compte pas te laisser repartir. ». Elle déposa à nouveau un baiser sur son front, passant ses doigts entre les mèches douces de la jeune femme. Elles devaient rattraper tout ce qui avait été perdu, faire de nouvelles choses qui ne concernaient qu'elles, qui leur donneraient des ailes. « A présent, je ne te quitte plus une seule seconde. ». Elle leva la tête, regardant par la fenêtre pendant quelques secondes. Il n'était plus si tôt, mais encore dans la journée. « Nous irons ce soir, si tel est ton souhait. ». La rivière éternité n'était pas bien loin, mais il semblait bon de se préparer au voyage. Caressant sa joue, elle déposa une main sur son épaule. « Est-ce que tu aurais envie de faire quelque chose de spécial, en attendant que nous y allions ? ». Elle n'hésitait plus. « Désirerais-tu visiter la ville ? ». Mircella parut gênée, rougissant légèrement. « Maintenant que.. ». Elle avala sa salive. « Nous vivrons ici toutes les deux.. ». Elle poursuivit, embarrassée. « Je me disais que ça pourrait être une bonne idée de te montrer tout ce qu'il y a à voir ici, de faire le tour, rapidement. ». Descendant sa main jusqu'à sa taille, elle la fit s'avancer légèrement pour la coller un peu plus dans ses bras. « Je t'aime tellement.. Tu n'as pas à me remercier, c'est plutôt moi qui devrait le faire. Tu m'as enchantée, Lumi. ». Et une larme coula, roulant sur sa joue.

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Lovée contre elle, ma tête placée dans le creux de son cou le temps semble se dérouler au ralentit. La pièce est emplie d'une sorte de magie étrange, une ambiance que je n'ai jamais ressentis au par avant et pourtant réellement agréable. Malgré la nuit que je viens de passer, malgré les doutes qui m'ont assaillis la veille je me sens bien. Mes tracas, mes remords sont encore là cependant, ils ne sont plus aussi fort qu'hier. Et demain ils seront encore plus faible, je le sais. Elle est la pour moi, elle ma permis de me dérober à mon funeste destin et elle fera tout pour que ma vie se peigne de couleurs chatoyante. Nous savons toutes les deux comment cela va se passer et nous sommes heureuse d'être face à cette situation. Au final, parmi tous mes remords il n'en resteras qu'un seul. Le même que le sien. Celui de ne pas l'avoir rencontrée avant.

Immobile, les yeux fermés je l'écoute parler en souriant. « Tu n'auras pas à veiller à ce que je ne parte pas soit rassurée. Je ne compte pas te quitter. » Relevant la tête je dépose de nouveau un baiser sur le bout de son nez, lâchant un petit rire cristallin. « Tu ma sauvée ne l'oublie pas. Tu va devoir vivre avec cela maintenant. Et avec une humaine collée à tes jambes et ne te lâchant pas d'un pouce. » Je rigole de cette situation qui pourtant n'a rien de drôle. J'aurais bien pu perdre la vie cette nuit. Peut-être même aurait-ce du être le cas. Cependant, les choses sont ce qu'elles sont, je suis encore de ce monde et n'ai pas encore rendu mon dernier souffle. Tout cela grâce à elle. Et pour cela je lui serais à jamais reconnaissante.

Perdue dans mes pensées je n'écoute que d'une oreille distraite ce qu'elle me dit, si bien qu'en l'entendant mentionner le fait que cette demeure est désormais aussi la mienne je sursaute, m'empourprant immédiatement. « Oh… Heu je… Je… Nous… Mais pourtant… » Gênée je me détourne, m'écartant légèrement d'elle. « Tu… est sûre que c'est ce que tu veux… Je veux dire… J'ai dis… Nous avons dit que nous ne nous quitterons plus mais… Tu es sûre de vouloir de moi ici ? Pas uniquement en tant que simple visiteuse ? » Respirant profondément je cherche à mettre de l'ordre dans mes pensées. Sans réellement y parvenir. Pour elle je ne suis rien d'autre qu'une humaine un petit peu perdue ne sachant pas réellement où aller. Et en dépit de tout cela elle est prête à tout pour moi… Avec un léger cris de surprise je me laisse attirée à elle. Levant les yeux je la regarde un instant avant d'enfouir mon visage dans sa chevelure d'or. « On raconte que les humains sont censé avoir un ange gardien. » Levant de nouveau le regard j'essuie maladroitement la larme commençant à rouler sur sa joue. « Dans mon cas ce n'est pas un ange qui fait à ce poste mais une elfe. » Un nouveau rire vient emplir la pièce alors que je dépose un baiser dans son cou « Une magnifique elfe répondant au doux nom de Mircella. »

Nous restons ainsi, collée l'une à l'autre pendant quelques temps. Au terme de cette attente je me recule à regret, jetant un rapide coup d'oeil à l'extérieur avant de lui prendre la main, souriante « La journée est déjà bien avancée et je n'ai pas envie de me voire contrainte de refuser une telle proposition à cause du manque de temps. » Sans lui laisser le temps de rétorquer quoi que ce soit et en utilisant mes faibles forces je la tire vers la porte. « Même si le temps n'est plus vraiment un problème désormais. » Riant comme une enfant heureuse de faire découvrir quelque chose à sa mère j'avance à bon rythme, la main dans la sienne avançant sans réellement savoir vers où je me dirige. « Nous avons l'éternité devant nous pour découvrir la ville après tout, voyons la visite d'aujourd'hui comme un prémisse à tout cela » Cependant, malgré mes paroles je ralentis la marche, la laissant revenir à mon niveau et posant ma tête sur son épaule. Cette ville et la sienne, pas la mienne, il ne m'appartient pas, et quand bien même ce serait le cas je serais bien incapable de le faire, de décider des endroits que nous allons visiter. Je la laisse prendre les décisions concernant ce que nous verrons aujourd'hui, au final peut importe ce qu'elle me fera visiter cela m'importe peux. Temps que je suis avec elle tout me convient.

L'Elfe n'était pas sotte. Elle savait pertinemment que la guérison de l'humaine ne se ferait pas du jour au lendemain. Certes, les Anges étaient venus prêter main forte à l'être sylvestre qui ne pouvait décemment utiliser ses pouvoirs sur cette dernière, mais c'était loin de tout régler. Les blessures psychologiques ne pouvaient cicatriser qu'avec le temps, et une affection sans relâche. Passant une main dans sa chevelure argentée, un doux sourire vint arquer ses lèvres, alors que ses pensées se mélangeaient entre elles. Certes, elle n'avait pas le pouvoir d'accélérer le temps afin d'arranger les choses, et encore moins de lui faire oublier ce qui s'était passé et avait meurtri son âme, mais pour ce qui en était de l'amour dont elle avait désormais besoin, elle était complètement disposée à le lui accorder, le lui offrir en quantités plus qu'il n'était possible de l'imaginer. Elle lui tiendrait la main, la soutiendrait dans toutes les épreuves. Elle baissa son regard vers son ventre, discrètement. A commencer par l'éducation de ce petit cœur qui ne demande qu'à découvrir le monde, l'univers et la vie, tout simplement. Mircella ferma les yeux. Elle n'avait jamais eu d'enfants, et les quelques amours qui s'étaient profilés dans sa vie n'avaient été que de passage. Mais cela ne l'avait pas empêché d'instruire la petite ange comme il le fallait, et de réguler un tant soit peu les actes de la Morte qui vivait sous son toit. Elle aussi, apprendrait de cette expérience, à n'en point douter.

Vivre avec l'humaine qui ne la lâcherait en aucune circonstance lui arracha un très léger rire, alors qu'elle s'appuyait un peu plus contre la jeune fille, amoureusement. Elle la cajolait, ne pouvant effacer ses craintes de la voir retomber dans les abîmes qui l'avaient mise dans un tel état. Certes, elle venait de lui assurer que plus rien ne la pousserait dans le vide, mais Mircella ne pouvait être rassurée du jour au lendemain. Tout s'était déroulé tellement vite, tellement fort.. Elle laissa un soupir s'échapper de l'entre ouverture de ses lèvres rosées, avant de baisser les yeux pour constater la gêne manifeste de sa nouvelle colocataire. Elle paraissait si fragile, si frêle et pourtant si pleine de vie que l'on ne pouvait douter de sa motivation, du souffle de vie qui l'animait et avait failli s'évanouir en une fraction de secondes. L'Elfe s'était peut-être avancée trop vite en lui annonçant qu'elles vivraient ensemble à partir de maintenant mais elle ne le regrettait en aucun cas. Elle espérait seulement que cette situation ne la gênerait pas pour un temps considérable, et qu'elles finiraient par s'habituer l'une à l'autre. Ce n'était pas par angoisse qu'une nouvelle crise de panique ne la prenne un jour où l'autre qu'elle désirait la garder à ses côtés mais par pur égoïsme de pouvoir la garder entre ses bras. Pour elle toute seule.

Un ange gardien.. L'être sylvestre appréciait la comparaison à juste titre mais daigna se demander une petite seconde si le véritable ange gardien de l'humaine traînait dans le coin. Dans un sens, elle ne le comprenait pas. Son rôle était de la protéger, de lui assurer un avenir radieux et.. il en était tout le contraire, et elle aurait pu mourir si la jeune femme n'était pas intervenue. Mircella secoua la tête. Cela ne servait à rien d'essayer de comprendre. Après tout, si elle s'était trouvée sur son chemin, c'était pour une bonne raison, et elle aurait eu tort de tenter de la décortiquer ainsi. Il n'y avait rien à faire concernant cette affaire. Inutile de se torturer l'esprit futilement. S'avançant vers la porte, l'Elfe se sentit libérée. Elle ne sentait plus la jeune femme emprise de désespoir, et la voyait, au contraire, prise d'une envie de découvrir le monde nouvelle. La blonde des bois prit l'humaine contre son épaule, avant de se mettre à avancer calmement dans la cité. Elle ne se préoccupait que trop peu du regard que poseraient les autres sur cette relation naissante. Elle l'assumait déjà pleinement, et puis, qui aurait l'audace de lui faire une remarque ? Personne.

L'entraînant à sa suite, Mircella ne sut par où elle devait commencer. Le royaume était si vaste, si énorme. Elle se posa pendant quelques secondes, se demandant ce qui pouvait bien caractériser l'endroit où elle vivait, avant de se laisser aller dans les différentes ruelles. Il y avait suffisamment d'animations pour ne pas qu'elles s'ennuient, et c'est en croisant plusieurs marchés aux livres que la blonde sut qu'elle n'aurait pas de grands efforts à fournir pour contenter sa belle. L'invitant à se joindre à la Famille Saphir qui était désormais la sienne, elle n'alla pas jusqu'à leur demander de l'accepter ou de lui parler, mais simplement de la guider à leur tour dans les petites fêtes quotidiennes qu'ils organisaient. Rapidement, les yeux vifs de la jeune femme virèrent sur les spectacles de la famille Ambre, qui se transformait en un orchestre mélodieux et parfaitement accordé. « Lumi, viens voir. ». Elle s'installa alors, prenant place sur une des nombreuses assises disponibles. « Je ne sais pas si tu apprécies particulièrement la musique, mais il se trouve que mon peuple est quelque peu spécialisé en la matière... ». Elle se fit plus vague, plus rêveuse, alors que le soleil commençait à tomber doucement dans le ciel. « J'espère que cela va te plaire ».

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