« Vladimir ? Pourrais-tu m'aider s'il te plait ? » Le vampire arriva prestement vers sa mère, l'aidant à soulever quelque chose d'assez lourd « Merci. » Le blond acquiesça, avant de retourner à l'intérieur de la maison. Sa famille habitait un petit manoir, perdu sur une terre assez accueillante, non loin de la forêt des murmures. Plus loin, sur la route qui passait devant leur demeure, un village se dressait, rempli d'habitants et qui, finalement, étaient assez similaires entre eux tels que des béluas, des magiciens, et quelques orines rattachées. Ils vivaient en harmonie, en paix, faisant fonctionner une petite économie dans leur doux hameau. Et la famille Oshwer était là pour troubler ce calme platonique. Eux, c'était les prédateurs du coin, ceux qui blessaient et se nourrissaient des plus faibles. Les enfants étaient surprotégés, alors que les vieux disparaissaient à vu d'oeil. Le couple de buveur de sang avait acheté cette demeure, bien avant que le village ne pousse, et personne ne pouvait les en déloger. Ils étaient implantés là depuis des siècles, balayant alors des catastrophes que ce soit à leur échelle, ou même à l'échelle planétaire. Ils n'eurent un fils que très tard, étant déjà mariés depuis un bon moment. Les vampires avaient trouvé leur bonheur dans leur famille, et avait jugé nécessaire l'enfantement par voie classique. Bien sur, ils avaient, respectivement, quelques infants à leur charge, mais ils voulaient d'un être qui auraient les caractéristiques de chacun, et non un 'adopté' comme ils les appelaient.

Seulement, lors de son apprentissage, et notamment lorsqu'il apprirent à leur fils à chasser, ils commirent une faute, qui lui fit perdre une partie de sa raison. Dorénavant, le jeune homme qu'il était devenu buvait jusqu'à plus soif. Il n'arrivait pas à s'arrêter, et ne faisait aucune différence entre les hommes, les femmes, les vierges ou même les bébés. Pour lui, tout était aussi succulent, tout était une poche de sang à vider rapidement. Ainsi, la chasse, parfois, tournait au carnage. Plusieurs fois les habitants tentèrent d'éliminer les vampires, mais ceux-ci résistèrent, issue d'un clan assez puissant, et étant eux-mêmes gratifiés d'une certaine puissance. Du moins, bien assez pour se défendre contre les assauts meurtriers de ces gens là. Ils protégèrent leur fils coute que coute, ne périssant jamais, ne dormant quasiment jamais. Le repos dont un avait besoin était pris pendant que l'autre était éveillé. Parfois, ils se risquaient à dormir de jour. Ils n'avaient aucun domestiques, personne à qui faire confiance, vivant dans une maison en pierre non inflammable.

Les villageois étaient des rustres, des mauvais, et malgré leur alignement qui se voulait "bon" ceux-ci tentaient, dès qu'ils en avaient l'occasion, d'éliminer ces vieux habitants. Et cette fois-ci, ils ne ratèrent pas leur coup. Vladimir en avait marre de voir toujours ses parents lutter contre une horde d'indigènes peu aimables. L'homme s'offusquait de voir combien ils étaient pourchassés, alors que les prédateurs c'était eux. Ces gens là n'avaient qu'à bien se tenir, si leur village ne voulait pas être décimé. Seulement, ses parents lui expliquèrent que ce fameux village, c'était leur rations de vie. Sans ces habitants, ils devraient aller chasser beaucoup plus loin. Alors qu'ici, avec la forêt juste à côté, il serait bien plus agréable de faire fuir la proie vers les branches sombres, pour la traquer et finir par la mordre. Le soucis était que, concernant Vlad, ce dernier tuait les victimes, n'arrivant pas à se contrôler. Il était très jeune et particulièrement sanguinaire. Ses parents le traitaient d'impulsif, mettant cela sur le compte de l'âge, mais en grandissant, il était peu probable que le bel homme perde cette qualité.

Les habitants tentèrent une nouvelle attaque. De jour, lorsque les parents n'étaient pas là, et que Vladimir dormait profondément. Le sommeil vampirique était le pire, et ça ne s'arrangeait pas avec les années. Il immobilisait l'homme, le rendant impuissant. Mais les cris, et toute l'agitation fut tellement grande, que la bête se réveilla malgré tout lorsqu'ils étaient aux portes du manoir. Ni une, ni deux, il sauta par une fenêtre, et déguerpis, avec le peu d'affaires auxquelles il tenait. Se jetant immédiatement dans la forêt pour ne pas brûler vif, s'arrangeant pour filer d'ombre en ombre, il perdit de vu le groupe d'assassins. Ses parents allaient être furieux.
Mais ce fut en se retournant, en regardant d'un coup derrière lui, qu'il vit sa vie. Ses parents l'avaient choyé, l'avaient élevé dans un respect et une droiture, si bien qu'il se rendit compte qu'il n'avait rien fait de ses dix doigts. S'il les aidait aux travaux dans les champs, de temps en temps, toujours la nuit ou sous un soleil particulièrement voilé, il se rendit compte qu'il était plus une poupée de porcelaine qu'autre chose. Sa peau ne résistait pas aux assauts meurtriers de l'astre solaire, et il ne faisait rien de ses journées, prônant le sommeil et l'oisiveté. Bien que cela lui plaisait, il avait envie de devenir plus fort, d'apprendre à être quelqu'un de puissant pour marcher dans le désert sans souffrir, ou même de comprendre le poids de responsabilités sur ses épaules. Il voulait savoir, comme ses parents, ce que cela faisait d'appartenir à un clan et, autant dire qu'il allait suivre le même chemin qu'eux grâce à sa tare.

Se détournant de ce champs de bataille qu'était devenue sa propriété, il se mit alors en route pour les grands chemins. Il rencontra des bandits, des assassins, des personnes meilleures... Un panel de personnalités aussi diverses et variées les unes que les autres.
Il déambula sans but, en se cachant la plupart du temps, pendant des jours entiers, qui devinrent des mois. Il n'avait pas atteint l'année de vagabondage mais voilà, il se laissait aller à ses pulsions, parcourait le monde sans se faire tuer, et sans n'avoir, plus jamais entendu parlé de ses parents. Vladimir ne chercha pas à rentrer chez lui d'ailleurs, se contentant de penser à l'avenir, et à l'éternité qui lui restait.
Alors ce fut sur les terres d'émeraude qu'il eu réellement l'occasion de tuer, d'achever une vie, autrement qu'en la vidant de son sang.

Laissant là le corps d'une pauvre Orine égarée, il essuya sa bouche et rentra ses crocs. Son teint livide se reflétait grâce aux rayons stellaires de la lune, et il fut ravis de voir combien il se sentait revigoré, en forme. La soif s'était faite tellement pressante ces derniers jours, qu'il du se nourrir bien fréquemment, par rapport à d'habitude.
Traversant alors les plaines vertes et radieuses, il tomba sur un groupe de personnes, seulement éclairés par des torches, et particulièrement agité. Il ne se cacha pas, mais observa la scène de loin. Les groupe d'adulte se sépara, et chacun partirent dans une direction différente avec hâte, et en jetant des coups d'oeil en arrière. Vladimir pencha doucement la tête sur le côté, ses cheveux longs frôlant alors son torse, et sa tête essayant de comprendre les faits. Au centre du groupe, dorénavant éclaté, il vit un petit garçon d'une dizaine année, couvert de sang, et figé. Les adultes avaient eu peur de ce... cette chose ? Vladimir voulu rire, mais il se retint, restant stoïque face à la scène. Même lui n'avait pas peur... Pourtant c'était un couard, mais un gosse... Il en assassinait trois par jours. Torches à terre et la lande dorénavant esseulée, le vampire se rapprocha de ce gosse qui, malgré l'ombre, l'avait repéré. Il n'avait pas bougé, et le regardait sans parler. Son visage, ses mains, ses habits, tout son corps était couvert de sang, et il ne semblait pas vouloir parler « C'est toi qui a fais fuir ses gens ? » Il regardait Vladimir sans même hocher la tête. Nouvelle tentative « Et que fais-tu, seul, de nuit, ici ? » Tentative échouée. Le gosse ne répondit pas plus. Le vampire ayant mangé, il n'avait pas fin, et se contenta de passer son chemin, ses pulsions ne réprimandent pas le besoin de torturer ce gosse. Seulement, le gamin le suivit. A trois bons mètres derrière, mais il le suivit. Vladimir ne prit aucune torche, n'en ayant pas besoin, se contentant simplement de tracer son chemin. Et bizarrement plus il marchait, plus l'autre le suivait.
Le jour allait bientôt poindre, et il devait trouver un endroit où se cachait pour le reste de la journée. Sa tête se tourna alors vers le petit môme et il lui dit « Pars. Arrête de me suivre, et vas te laver. » Se détournant, Vladimir trouva un refuge inhabité, qu'il conquit pour la journée.

Le soir venu, il se remit en route, passant, sans s'en rendre compte, près de Maëlith. La ville n'allait, bien sur, pas accueillir quelqu'un comme lui, mais devant ce qui semblait être l'entrée, il vit le petit gosse qui attendait. Comme si il attendait que les branchages s'écartent. Dès qu'il vit Vladimir, il se dirigea vers lui. Un peu plus loin, le groupe de partisans de la veille fit surface. Cette fois ci, les échanges fusèrent lorsqu'ils arrivèrent près du gosse « Il faut l'emmener chez lui. », « Il ne peut même pas parler ! En plus on ne sait pas qui sont ses parents. », « Je doute que notre devoir soit de remplir une tâche aussi ingrate... Pourquoi il est tâché de sang ? » Les hommes discutèrent, bataillèrent, et quand Vladimir allait faire demi-tour, l'un d'eux l'interpela « Vous savez quelque chose sur les origines de cet enfant ? », « Non. Il me suit depuis que je l'ai croisé pour la première fois, hier. », « Attendez mais je vous reconnais... Vous étiez là hier soir non ? » Vladimir haussa les épaules et dit « J'ai à faire. Si vous voulez bien m'excuser. » Faisant volte-face, il partit. Et le môme avec « Arrête de me suivre, je ne te ramènerai pas chez toi ! » Les types se posèrent des questions, mais voyant l'animosité de cet homme, ils décidèrent de lui arracher l'enfant. Seulement ce démon se transforma en un vrai tortionnaire, et se mit à blesser volontairement ses bienfaiteurs. Jetant un coup d'oeil en arrière, le vampire regarda la scène, pensant alors à sa vie avant tout.

Ni une, ni deux, pendant que l'enfant essayait d'attaquer les adultes qui, malgré tout, ne se laissèrent que peu surprendre, Vladimir se jeta sur lui. En une fraction de seconde, il lui arracha la gorge, et le sang gicla sur tous ceux qui se tenaient autour. Se relevant il dit frénétiquement, les iris pourpres « Voilà. Plus de problème. » Les inconnus furent atterrés de ce comportement. Il avait tué un enfant... ! Vladimir regardait le sang à terre. Il n'avait pas faim mais il avait tellement envie de lécher cette herbe imbibée. Seulement, ceux qui étaient encore là, se mirent à le poursuivre, en se rendant compte de sa vrai nature. Et le vampire couru, les distança avant de se cacher dans un bosquet, tout en haut des arbres, par dessus les branches et feuillages.

Les hommes repartirent aussitôt qu'ils eurent perdu sa trace, peu à l'aise de nuit, dans une petite forêt. Vladimir redescendit de son perchoir, et partit dans le sens opposé, quittant carrément la région pour aller ailleurs. Il faudrait qu'il se rende en ville mais, actuellement, il était trop faible pour ses pulsions encore meurtrières...

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