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 Troubler la Paix | Quête solo Shalk [-16]

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Jeu 31 Déc 2015, 15:56


La brise soufflait silencieusement dans la cime des arbres. Les rayons frappaient l’herbe verte, scintillante de la dernière brume qui s’était déposée, humide et dansante au rythme du souffle. Quelques nuages blancs parsemaient le ciel, voilant quelques fois ce soleil brûlant. Shalk était allongé là, parmi les fleurs écloses et les insectes peuplant cet autre monde. Les yeux clos, les doigts enfouis dans la terre, en harmonie avec ce qu’il avait délaissé depuis trop longtemps. Cette nature bienveillante lui avait manqué. À Drosera, il avait été entouré d’une beauté dangereuse, presque nocive pour lui… pareillement à la population qu’elle habitait. Ses doigts se mirent à jouer avec les brins d’herbe, il ne savait pas ce qui lui était arrivé depuis qu’il était parti. Il avait tout laissé en ordre, du moins c’est ce qu’il pensait, et pourtant, il y avait toujours ce vide à combler. Aëran ne l’avait jamais aidé, et il avait cru pouvoir le changer, croire que le Bien pouvait triompher du Mal. Il y avait eu Léto, Mozaga et Prune, il les avait aimés, plus que jamais avait prié pour que tout ce passe bien pour elles, jusqu’à même espérer qu’elles partent pour un monde plus beau que celui que l’Alfar avait à leur offrir. Puis il avait rencontré Kohei, un homme qui ne pouvait que faire plonger celui qu’il avait estimé. Naraë vu le jour dans un ultime désespoir, abandonné à son original, dans une violence sans nom, une haine qui ne pouvait s’éteindre. Shalk ouvrit les yeux sur un ciel bleu, il soupesait ses erreurs, ses espoirs, sa vie. Il n’avait rien fait pour que ça aille, il avait juste subi le courroux de plus fort que lui… et pourtant, il l’aimait tant ce bourreau. Malgré la bête, le monstre, il savait quelque chose que personne ne soupçonnait. Les sentiments de son hôte étaient étouffés, et seule la violence réussissait à s’exprimer. Il l’avait vu, lui, craquer sous le poids des secrets, des révélations, le poids de ses erreurs, de ses tourments. Il était capable de donner bien plus que de la rage, quelque chose de plus fort qui crie au fond de son être. Contrairement à ce qu’Aëran voulait croire, il ne serait jamais un Alfar à part entier, jamais il ne se comporterait comme eux, parce qu’il n’avait pas été élevé parmi sa race, et parce que son sang était mélangé à une autre. Shalk sourit de façon presque invisible, une envie de rire gaiment lui prenant le ventre. Oui, celui qu’il avait voulu choisir n’était autre qu’un homme ayant un pied dans le Mal, et l’autre dans le Bien, déchiré entre des sentiments et convictions inverses. Caressant du revers de la main une fleur aux pétales blancs, il se releva, posant son coude sur son genou. Son passé était flou, inexistant, où seules quelques brides daignaient quelques fois apparaitre. Il ne se souvenait que de son départ, d’une amie qui l’avait épaulé à mainte reprise et qui aujourd’hui donnait naissance à un enfant, mais aussi de sa venue à Drosera. Sa mère lui était inconnue, son père également, il n’avait pas de famille, malgré l’envie d’en posséder une. Il était difficile de se construire sur des ruines, encore plus sur quelques choses de chimérique.

Le ciel commença à s’assombrir. Les nuages se firent de plus en plus présents, sombres et masquant la voute céleste. Le vent se fit plus frais, balayant la plaine de ses grandes bourrasques. L’Orine se leva de ses longues réflexions, prenant le chemin de la forêt abritant Maëlith. L’obscurité sinisait dans les moindres recoins, ne laissant que peu de place à la lumière de la lune. Quelques bruits semblaient percer le silence ambiant, mais tout semblait relativement calme. Pourtant, quelques parts dans les environs, un enfant s’y terrait. Sale, couvert de sang, et toute la nature criait d’agonie dans une zone où l’herbe commençait à s’affaisser. Les rumeurs qui l’entouraient tournaient dans la Cité à une allure folle, emplie de crainte et de colère. On lui endossait des blessés, un décès, toutes sortes de choses que peu comprenait. La mort, le sang, des choses qui étaient familiers à l’Orine, et qui ne l’effrayait pas autant que cela aurait dû être. Il savait prendre des coups, endurer les blessures physique et psychologique, il y avait gouté maintes fois à Drosera… L’Alfar l’avait endurci plus que de raison, peut-être le remerciera-t-il un jour, mais ce soir, il mettait cet apprentissage à contribution. Des pas vinrent rejoindre les siens, presque inaudibles et légers, comme ceux d’un enfant. Les feuilles se mirent à tomber à la moindre bourrasque, la nature souffrant de cet intrus qu’elle abritait désormais. Une respiration saccadée vint siffler avec le vent, les buissons se mirent à bouger, frôler par quelque chose. Les fleurs se flétrirent, les pétales tombant sur le chemin de terre. L’enfant avança d’un pas, puis d’un second. Un rayon de lune se posa sur son visage, dévoilant ses cernes, ses cheveux ébouriffés et son regard sombre. Ses poings étaient serrés, ses ongles ne cessant de s’enfoncer dans sa chair, il ne faisait que rouvrir ses vieilles blessures, le liquide rouge glissant sur ses phalanges osseuses. Ses vêtements déchirés montraient qu’il n’était pas rentré chez lui depuis longtemps maintenant, la terre et les feuilles s’étaient collées sur son corps, comme incrusté. Son expression triste, et dure à la fois, dévoilait une impuissance des plus grandes. L’Orine s’était arrêté, ne montrant aucune expression à l’enfant, qui tout de suite prit la parole dans un timbre de voix presque tremblante : « Tu n’as pas peur ? » Shalk sourit, il avait vu tellement pire : « le devrais-je ? » Le jeune garçon avait serré des dents, l’animation de ses prunelles révélait des sentiments contraires, comme celle de L’Alfar qu’il connaissait tant. Cet enfant avait envie de le tuer, de se venger de quelque que chose, qui au fil du temps le consumait… et en même temps, il voulait crier, pleurer à en perdre la vue. Un silence s’installa, où une confrontation visuelle s’opérait sans un bruit. L’Orine voulut ouvrir la bouche, dire quelque chose, mais l’enfant le devança : « Certains ont eu peur, un autre a refusé… Personne n’a voulu m’aider. » Le gamin voulut préciser qu’il n’était pas assez fort, assez grand pour pouvoir s’aider lui-même, qu’il avait été incapable de se débrouiller seul. « La forêt le dévore maintenant, alors je la tue aussi. » Il semblait épuisé, prêt à céder, absorbant la vitalité qui l’entourait… celle des arbres, celle des plantes, peut-être même celle de ceux qui s’approche trop près de lui. « Personne ne tuera personne, montre-moi ce que la forêt te prend. » L’enfant sembla vaciller un bref instant, posant sa main ensanglantée sur une écorce d’arbre, où une auréole de tronc pourri fit son apparition à son contact.

L’Orine se tenait derrière le garçon qui jetait parfois des coups d’œil en sa direction. Il avait peur qu’il ne fuie comme les autres, de dormir une nouvelle fois sur un sol rempli de feuilles mortes, décomposé par son propre don. La mort semblait sans cesse l’entourer, voler autour de lui. Shalk avait du mal à croire qu’un enfant puisse tuer de sang-froid quelqu’un, où même blesser les passants qui s’aventuraient sur le chemin menant à la Cité… mais le garçon ne le faisait pas consciemment, en prise à une rage qu’il n’arrivait pas à faire taire, intensifiée par ces personnages qui l’abandonnaient à son sort par crainte. L’Orine n’affichait pas sa peur, pour la simple et bonne raison qu’il ne le pouvait pas, au risque de se voir aux prises à un enfant en totale perte de contrôle. Le paysage devint de plus en plus abîmé, comme si le jeune garçon était resté dans les environs assez longtemps pour absorber l’énergie qui l’entourait. Il s’arrêtant devant un précipice, où la terre était parsemée de feuilles en décomposition. Penchant la tête, l’Orine put y voir un cadavre d’homme. « Il a roulé jusque-là, mais il ne s’est pas relevé… je crois qu’il dort. Il n’a pas mangé depuis quelque temps, alors je lui ai gardé quelques baies. » Shalk resta un instant inerte lorsque l’enfant lui montra les quelques baies rouges qu’il avait gardées dans un morceau de tissus. Le garçon était dans un déni des plus totaux, et son impuissance résidait à ne pas pouvoir aller chercher cet homme, surement son père, dans cette pente où le dénivelé était important. Shalk rejeta un coup d’œil au cadavre. Sans doute s’était-il cogné la tête sur l’un des rochers et était-il mort sur le champ… dans tous les cas, il allait falloir ouvrir les yeux à l’enfant, et sans doute lui montrer l’homme de près l’aiderait à prendre conscience que son père était parti. Tout autour de lui, la nature était morte, il ne voulait pas que la nature reprenne ses droits sur le corps de son père, peut-être même accusait-il celle-ci de son état. Petit à petit, les agissements de l’enfant prirent formes… d’un côté il pointait aussi du doigt les passants qui avaient refusé de le suivre, les agressants et voulant leur mort pour faire taire sa propre impuissance, ses propres frustrations. L’Orine souffla silencieusement, l’enfant encore suspicieux de ses intentions. « Je vais aller le chercher… » Les épaules de l’enfant s’affaissèrent, comme plus détendu, et le monstre disparu un bref instant de son visage : « Mais il faut que j’aille chercher une corde pour descendre. » Resserrant des poings, Shalk n’eut même pas le temps de bouger que le garçon voulu le pousser dans le ravin, criant à en perdre la voix : « NON ! Tu vas m’abandonner comme les autres ! Je ne te laisserai pas partir ! » L’Orine avait une main agrippée à une branche d’arbre pour ne pas tomber, et il poussa sur ses bras pour tomber à la renverse avec le frêle enfant. Le gamin l’écrasa de son poids, ramassant une pierre qu’il leva au-dessus de sa tête, prenant de l’élan pour pouvoir l’écraser sur le visage de l’Orine : « Tu vas me laisser ! » Sa maigreur se dévoila alors que son haut remontait, et tandis qu’il abaissait ses bras, l’Orine se clona afin de pousser l’enfant, et saisir la pierre qui lui écrasa tout de même la joue, lui ouvrant la peau. Le garnement, empli d’une détresse sans nom, gesticulait pour se défaire de l’emprise des deux clones qui le maintenaient fermement. « Calme-toi ! » cria Shalk pour que l’enfant l’entende. Il ne fit pas attention à sa joue maintenant pleine de sang et à sa douleur dans la mâchoire : « Je ne vais pas te laisser, je ne t’abandonnerai pas… » L’Orine ne cessait de murmurer cette phrase, de plus en plus doucement, espérant apaiser le garçon. Il lui saisit la main, qu’il commença à serrer et pincer avant de se laisser aller aux pleurs. Shalk caressa le dos de sa main, avant de caresser ses joues de son pouce libre : « Je ne vais pas t’abandonner… tiens-moi la main, je suis l’original de ces clones, j’en enverrai un à ma place. Je resterai à tes côtés jusqu’à ce qu’il revienne… d’accord ? » L’enfant, dans un dernier gémissement plaintif, bougea la tête pour acquiescer, agrippant sa main à s’en briser les doigts. Tandis que L’Orine se clona une dernière fois pour aller chercher une corde à la cité, il caressa la tête de l’enfant, conscient que lui révéler la vérité serait plus compliquer que prévu. Shalk murmura alors une mélodie, apaisant le garçon dont les muscles commençaient à se décontracter. La suite n’allait être que plus compliqué, sentant déjà que l’enfant aspirait sa force vitale. Il rappela les clones qui le maintenaient, de peur que la fatigue ne lui enlève toute magie, et qu’il ne puisse récupérer ce pour quoi il avait envoyé son double. L’enfant se recroquevilla sur le sol, Shalk toujours chantonnant, caressant encore sa tête de ses gestes doux.

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Sam 02 Jan 2016, 00:21

La nuit avait pris possession des lieux, les ombres ondulantes aux mouvements des rayons de la lune. Les arbres alentour, squelettiques, projetaient leurs branches sur le visage de l’enfant encore endormi. Ses doigts continuaient de serrer ceux de l’Orine, absorbant son énergie petit à petit. Le garçon était encore très faible, sa condition physique et psychologique amoindrissant l’utilisation de sa magie. En réalité, il absorbait ce qu’il perdait en usant de son don. L’écorce des troncs semblait vouloir tomber au sol, la terre elle-même semblait avoir noirci… L’Homme baissa la tête, fermant les yeux un court moment. Il n’était pas sûr du dénouement de cette triste histoire, pas certain que l’enfant puisse continuer à vivre ainsi. Il ne savait pas comment lui dire, lui faire comprendre… si montrer le cadavre de son père était la meilleure des solutions. Également, que ferait-il de lui ensuite ? Quand était-il du crime qu’il avait commis ou de ceux qu’il avait blessés ? Il ne pouvait également prévoir ses gestes, sa colère qui pourrait mener l’Orine à défendre sa vie. Il rouvrit les yeux sur ceux du garçon, animé par des ténèbres qui semblaient danser en ses prunelles sombres. « Tu es resté ? » Shalk sourit tendrement : « Je te l’ai dit, je ne te laisserai pas. » Le regard de l’enfant s’attarda sur l’endroit désolé et devenu sinistre. « Je n’ai pas voulu la détruire… pas au début… » Ses paroles paraissaient sincères, et elles se perdirent dans la nuit, absorbées par le vide qui y régnait maintenant. Une Chouette avait fait son apparition, serrant de ses griffes acérées une branche déjà morte. « Qui est-il pour toi ? » murmura l’Orine dans un souffle. « Mon grand frère… » Il commença à jouer avec les feuilles mortes, évitant soigneusement de croiser le regard de Shalk, son timbre de voix ayant changé. L’Orine ne tenta pas plus de comprendre, ne relevant qu’une défense qu’il n’allait pas tenter de briser. Le temps passa et le clone revint une corde à la main. Avant de disparaître, il l’a tendis à Shalk qui la saisit. L’homme se releva, attachant un bout autour d’un tronc, et saisissant l’extrémité de ses deux mains avant de descendre la pente, manquant de tomber à maintes reprises.

Ses deux pieds touchèrent le sol de feuilles décomposées, ne semblant qu’être poussière. Il s’accroupit près du cadavre, considérant la situation. L’odeur d’ici était insoutenable, et l’Orine manqua un bref instant de vomir, retenant les contractions de son corps. Il passa un bout de son haut sur son nez, vérifiant que l’enfant ne le voit pas. De sa main, il souleva légèrement la tête de l’homme, retirant vivement celle-ci, lorsqu’un insecte sortit de son orbite vide. La nature avait déjà commencé le processus, rongé par quelques bêtes ayant passé la sphère d’absorption du garçon. La terre humide avait flétri la peau qui était face contre le sol, pourrissant pour aller la nourrir par la suite. Son crâne ne présentait aucune trace d’enfoncement dû à un choc quelconque, ses vêtements étaient par endroit déchirés, ses ongles étaient noirs de terre où de toute autre chose, mais surtout, il présentait de petites blessures, comme des griffures, sur les bras. L’Orine remonta son tissu, prenant son courage à deux mains pour soulever le cadavre et voir le visage de l’homme. Très vite, Shalk reposa le corps inerte, jetant un coup d’œil dans son dos. Le visage de l’enfant se dessina : « Tu vas le réveiller ? » Il enleva alors son tissu, faisant un sourire plus que forcé : « Bien sûr, mais on va le laisser dormir encore un peu… » L’Orine, tourna vivement la tête remontant son haut à son nez. La partie gauche du visage de l’homme avait sauvagement était enfoncé, surement par une pierre, à mainte reprise. Sa joue s’était creusée jusqu’au milieu du palais, brisant une partie du crâne, la moitié de ses dents, et emportant son œil gauche vers l’intérieur de sa tête. Autour de lui, la marre de sang avait dû être absorbée par la terre maintenant sombre, il était impossible que l’enfant n’ait pas saisi la mort de son grand frère, surtout si c’était lui qui l’avait tué. Se relevant, il hésita sur la marche à suivre… Il ne pouvait pas remonter le cadavre sans que le garçon comprenne qu’il avait tout saisit, mais si l’enfant pensait vraiment qu’il était encore en vie, qu’il était dans un dénie des plus totaux, alors il fallait vraisemblablement remonter le corps. « Alors, tu montes ? » Il semblait s’impatienter, et Shalk décida de sortir de la fosse avec un cadavre dans les bras. Il voulut cacher sa tête dans son propre haut, mais il entendit les petits pas de l’enfant derrière lui. « Tu es bien long… » Murmura-t-il avant de s’accroupir près du corps. Il fut également pris de nausées, mais au lieu de saisir l’étendue de ses actes, son regard et son timbre de voix devinrent plus sombres. « Il va dormir encore longtemps alors… » Pourtant, ses yeux devinrent humides, et dans un accès de perte de contrôle, il saisit la pierre la plus proche et fracassa le crâne du cadavre, encore et encore, criant dans la continuité de son geste. L’Orine resta inerte devant l’acharnement du jeune garçon, restant immobile devant ce déchainement de violence. « Tu voulais m’abandonner ! C’est ta faute ! » la tête de l’homme devint une sorte de bouillies sanglante, et l’enfant en fut recouvert de la tête aux pieds. « Ta faute ! » ne cessa-t-il de répéter inlassablement. Sa pierre glissa des mains, mais sa rage ne disparut pas, même après avoir réduit à néant son frère. Il tourna la tête vers Shalk qui fronça des sourcils, sur la défensive. « Il voulait partir de la maison, nous abandonner maman et moi… » Doucement, il se leva, et l’Orine recula d’un pas. « C’était ici quand il m’a annoncé la nouvelle. Je n’ai pas pu entendre ses raisons, tout ce que je comprenais, c’est qu’il ne reviendrait pas ! » Il serra des poings et des dents. « J’ai été absorbé par la rage, la colère… je voulais qu’il souffre, je ne voulais pas qu’il s’en aille ! Alors je lui ai sauté dessus… il a été si surpris au début qu’il n’a pas tout de suite réagi. Il est tombé par terre, et j’ai saisi la première chose que j’avais près de moi… j’ai frappé, frappé, frappé... » L’enfant commença à mimer, en prise à la folie. « Je sentais ses ongles griffer mes bras à travers le tissu, mais il était de plus en plus faible… lorsque je me suis levé, il bougeait encore… il a roulé sur le côté dans un dernier effort, mais il a chuté ici… il n’a plus bougé, je me suis dit qu’il était peut être tombé d’épuisement… en fait, c’est ce que j’espérai, mais d’un côté, il a eu ce qu’il méritait. » L’Orine fit un rire moqueur, reprenant ses mots : « Il le méritait ? » questionna-t-il ironiquement. « Tu auras beau nier, en le tuant, tu as exactement eu le même résultat… il est parti, et tu ne le reverras plus jamais ! » L’enfant fut pris de la haine qu’il avait l’habitude d’avoir et de montrer. L’Orine se clona alors, et les deux doubles maintenaient l’enfant meurtrier. Shalk recula pour ne pas entrer dans la sphère du garçon : « Je peux comprendre ! » cria-t-il hors de lui : « Crois-moi, je connais un Alfar aux pulsions identiques ! » Shalk savait que certain pouvait avoir l’envie de posséder et qu’ils le faisaient par le meurtre, mais ici, nous parlions d’un enfant qui n’avait aucune envie de se contrôler. « Comment peux-tu croire qu’on ne veuille pas t’abandonner avec tout ce que tu dégages ? Ne serait-ce que quelques minutes plus tôt où tu tentais de me tuer de la même manière que lui ? Penses-tu que je puisse laisser partir un être tel que toi ? Tu tues tout ce que tu touches ! Regarde donc l’état des lieux ! Regarde ton frère allongé là, méconnaissable ! » L’Orine semblait hors de lui, en réalité, toute cette histoire réactivait de vieilles blessures qu’il aurait aimé ne plus ressentir. Il remonta la fosse, saisissant la corde pour que l’enfant ne puisse l’utiliser pour remonter. Il ne le faisait pas de gaité de cœur, l’Orine n’étant pas un monstre dénué de sentiment… il laissait une chance à l’enfant, laissant la nature choisir si il devait vivre ou mourir. Il ne saurait sans doute jamais ce qu’allait advenir le garçon, mais en s’éloignant il entendit ses cris se perdre dans la nuit. La pente était beaucoup trop grande pour qu’il puisse monter sans glisser, et il n’y avait aucune autre issue. Peut-être qu’aujourd’hui, une mère venait de perdre deux enfants, peut être que demain un passant sauvera ce tueur et s’en mordra les doigts par la suite. L’Orine retrouva le chemin de terre, continuant sa route jusqu’à la Cité.

Cette nuit, il ne dormit pas sur ses deux oreilles, de crainte qu’il ne soit réveillé par un violent coup au visage. Il ne dormit pas non plus la nuit suivante, culpabilisant d’avoir abandonné un enfant, aussi mauvais soit-il. Il repensa un instant au cadavre, essayant de se convaincre d’avoir bien fait, mais finalement, il ne sut jamais si, cette nuit-là, il fit le bon choix. Les rumeurs s’amoindrirent, car on ne vit plus l’enfant effrayant qui surgissait sur les chemins. Lui seul savait la vérité, ou du moins, une partie. Il ne chercha pas à l’ébruiter, gardant tout ça en lui. Durant des jours, il dut se retenir d’aller voir la fosse, craignant de ne pas avoir le courage de l’abandonner une seconde fois. L’enfant devait être mort de faim, ou de soif, peut-être avait-il dévoré son frère dans un ultime instinct de survie… La nature devait avoir repris ses droits, renaissant de ses cendres. Les fleurs reparsemaient l’herbe qui avait reverdi, les arbres refaisaient leurs feuilles, où pourrissait pour nourrir sa terre. La nuit il continuait d’entendre les pleures de l’enfant meurtrie, regardant parfois par la fenêtre, croyant le voir au loin. Il n’avait pas cherché à comprendre ses blessures, le condamnant juste pour les atrocités commises… sans doute l’avait-il mérité, mais qui était-il pour en juger ? Un soir, son visage disparu de ses pensées, ses gémissements ne lui parvinrent plus, son sommeil se fit plus lourd, et le moindre bruit ne le réveilla plus. Il avait tout simplement oublié l’enfant du fossé, par instinct peut-être, par survie… une habitude qu'il avait prise au sein de Drosera et qui était loin de ne plus fonctionner. Cela le rendait plus faible, mais à la fois plus fort, capable d'oublier ses pires cauchemars, mais en même temps, revenant sans cesse vers son bourreau. Dans tous les cas, il put enfin dormir sans se réveiller en sueur, sans rêver de sa propre mort, aux mains d’un jeune garçon qui avait saisi la première pierre qu’il avait vue.

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