De retour sur le continent naturel et après un tumultueux périple en bateau, le jeune chaman se retrouva largué à la lisière du désert, dans un petit port bordant un vieux village. Ce trou paumé n'était certainement pas le terminus du bateau sur lequel il était monté, mais c'était lui qui avait demandé à se faire déposer précisément à cet endroit-là. Il y avait plusieurs raisons à cela : tout d'abord, par simple et éternelle curiosité. Lui qui venait des montagnes, n'avait eu l'occasion depuis son départ que de traverser une plaine, des forets, un marécage puant et un océan... Il voulait un peu changer à la fois de climat et d'environnement, et découvrir à quoi pouvait bien ressembler un « désert ».  La deuxième raison, c'était qu'un des passagers de son bateau se trouvait être un « Voyageur ». Devaraj n'avait encore jamais entendu parler de cette « guilde » alors il lui avait demandé des détails et s'était dit que cela lui profiterait beaucoup à lui aussi de devenir un Voyageur... Du coup il s'était mit en tête de rencontrer leur chef, nommé Marxus, qui semblait être un sage homme tout à fait intéressant.

Il s'enfonça donc dans les rues poussiéreuses du village, grimaçant déjà à cause du soleil qui tapait beaucoup trop fort à son goût. Heureusement que son cerf  Driel était resté sur le bateau... Le chaman avait demandé la permission -moyennant monnaie- que son animal débarque dans la première région boisée où le bateau accostera. Le chaman le retrouvera plus tard, car Driel ne pouvait pas survivre ici et l'animal intelligent saurait très bien se débrouiller tout seul, du moment qu'il aura des arbres et de l'eau. Finalement, ne restait avec lui que sa fidèle esprit compagnon, silencieuse comme à son habitude.
Devaraj demanda alors des renseignements aux habitants du coin, pour savoir s'ils ne connaîtraient pas la direction à prendre pour rencontrer le fameux Marxus. Malheureusement, il n’obtient que des réponses évasives, même si tous semblaient connaître le nom du chef des Voyageurs. Tant pis, il n'aura qu'à prendre une direction au hasard... De toute façon il commençait à en avoir l'habitude.
Après avoir acheté quelques provisions et surtout de l'eau donc, les deux vagabonds s'enfoncèrent dans le désert. Des étendues de sables fin à perte de vue... et aucun point de reperd. C'était assez effrayant au final .

Au bout de quelques heures de marche, de sueur sous le soleil de plomb et de questions concernant la marche et direction à suivre, l'environnement commença à se montrer plus hostile. Il y avait du vent fort, qui lançait le sable dans les yeux et empêchait de voir. Les deux compères eurent à peine le temps de s'inquiéter que la situation s'empirait déjà et que le vent se transformait en tourbillons, faisant bouger les dunes et frappant de plein fouet le chaman et son esprit, qui étaient complètement perdus. Où aller ? Ils n'avaient aucun refuge pour se mettre à l'abri et ils n'avaient vu aucune trace de vie humaine durant leur marche !
Alors que le jeune commençait à se demander s'il n'allait pas finir enseveli sous une dune de sable, Khaal cria pour se faire entendre à travers le vent :
« Dev' ! Je sens une présence humaine toute proche ! »
Une présence humaine ? Où ça ? On ne voyait rien à travers le mur que formait le vent. Il voulait bien faire confiance aux sens aigus de l'elfe noire, mais il dut avouer qu'il était plutôt dubitatif. Néanmoins, il fit de son mieux pour suivre son esprit à travers la tempête et lui accorder un peu de confiance. Et il se rendit vite compte que comme toujours, c'était encore elle qui avait eu raison, car des voix se faisaient entendre, portées par le souffle qui dévastait les alentours. On distinguait des amas sombres qui semblaient former une caravane. Le chaman en profita aussitôt pour crier et demander s'il y avait quelqu'un, en priant pour que ce ne soit pas des mercenaires ou autre. Bientôt, on sembla se rendre compte de leur présence et on vint les chercher pour les guider à l'intérieur de la caravane. Ces gens semblaient être animés que de bonnes intentions et inquiets de l'état d'un étranger coincé dans le désert en pleine tempête de sable, ce qui rassura grandement Devaraj.

On le guida dans une plus grande tente, dans laquelle se tenait plusieurs hommes, assis sur des coussins. Khaal suivait aussi en silence, bien que personne d'autre que Dev' ne puisse la voir.
Un des hommes qui se tenait au centre et qui semblait être le plus âgé se leva et parla alors :
- «Bienvenue parmi nous jeune homme ! Installez-vous donc à côté de moi et prenez un repas ! » dit-il en souriant. Sans trop savoir pourquoi, Devaraj fut tout de suite persuadé que cet homme était Marxus et comme pour confirmer ses pensées, Khaal lui souffla d'une voix que lui seul pouvait entendre :
« Fais attention, une grande puissance émane de cet homme... »
Le jeune hocha la tête et s'installa donc, un peu intimidé pour toutes ces personnes qui le regardaient.
- « Merci beaucoup … Vous... vous êtes des Voyageurs ? » demanda-t-il finalement en regardant l'homme et ses compères.
« Et si la réponse était positive, pourquoi voudrait-tu le savoir ? » répliqua alors l'homme en rigolant. Le chaman fut agréablement surpris par son étrange façon de parler et finit par répondre en se disant qu'il allait dire ce qu'il pensait et être honnête. De toute façon, il n'avait rien à perdre...
« Eh bien je suis venu dans le désert pour rencontrer l'homme nommé Marxus et faire parti des Voyageurs. J'ai entendu parler d'eux récemment et comme mon activité principale consiste à tenter d'épancher ma soif de connaissances, je me suis dis qu'ils pourraient m'aider et vice-versa. J'ai envie de rencontrer d'autres gens qui cherchent aussi à apprendre des choses et qui sont curieux, comme moi, comme ça je pourrais travailler avec eux... » avoua-t-il en s'emportant un peu dans son enthousiasme.
« Oh.. ce sont des raisons intéressantes jeune homme, puis-je savoir votre nom au passage ? »
Le chaman s'exécuta et répondit aussi aux diverses questions qui suivirent, s'amusant lui aussi à répondre par énigme quand il trouvait de l'inspiration. Il informa qu'il était un chaman et qu'il venait des montagnes, puis finalement, l'homme finit par lui confirmer qu'il était bien Marxus et lui tapa gentiment dans le dos en rigolant.
« Vous êtes très amusant ahaha ! Bienvenu chez les Voyageurs Devaraj !  Venez avec moi, je vais vous donner un cadeau pour signer notre accord.»
Ce côté bon enfant du personnage était totalement déstabilisant, mais ça lui rajoutait du charisme en quelque sorte. Le chaman de nature plus calme, répondit en hochant la tête et se leva pour le suivre. Ils traversèrent plusieurs tentes avant d'arriver dans ce qui ressemblait à une animalerie. Le chaman ouvrit grand les yeux en découvrant toutes sortes d'animaux qu'il n'avait jamais vu de sa vie.
« Vous avez de la chance, je suis de passage dans cette caravane pour leur donner quelques informations. Mais bon, le hasard fait bien des choses ! Dans tous les cas, voici un animal qui vous conviendra bien, puisque vous êtes chaman et habitué des esprits... » dit Marxus en montrant du doigt une énorme masse de poils qui dormait dans un coin. A la mention du mot « esprit », Devaraj fut tout de suite encore plus intéressé. Il se pencha un peu pour caresser avec prudence le pelage gris de la bête et  obtint un énorme ronronnement en retour se retrouva quelques secondes après avec une langue lui léchant le bras et des yeux bleus le regardant tendrement. La bête ressemblait effectivement un peu à un esprit à cause de ses couleurs. Leur rencontre se passa très bien et le chaman décida de l’appeler « Cendres » en raison de son pelage. Totalement ravi de son nouveau compagnon, il remercia chaudement Marxus et passa le reste de la nuit en compagnie des autres voyageurs.

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