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 C'est ici que commence un nouveau tournant [Mission Niveau III - Solo]

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Dim 18 Oct 2015 - 21:00

Djinshee laissa ses cheveux s’enflammer et se détendit. Enfin au sec. Même le fait de se laver lui faisait un terrible effet. Même avec un minimum d’eau… Elle ne supportait décidément pas ça, et son corps ne semblait pas avoir l’intention de s’y habituer. Elle avait heureusement de plus en plus d’emprise sur son élément, ce qui lui évitait de s’enflammer au moindre contact avec l’eau. Evidemment, être propre restait agréable. C’était donc un mal pour un bien.

   La jeune femme s’était levée tôt, aujourd’hui. Elle avait prévu de passer du temps avec Morokei, l’entrainer. Comme chaque jour, elle vérifia l’état de ses armes et s’en équipa. Elle ne sortait jamais sans, même pour une bricole. Fin prête elle sortit de chez elle. Ses deux compagnons l’attendaient. La jeune femme leur fit à chacun une caresse sur la tête, puis elle monta sur le cou du dragon. Elle avait acheté tout ce qu’il fallait quelques jours plus tôt, soit une selle, une bride, un frein, des sacoches, etc… Ce qui lui avait facilité la tâche pour le dresser. Il faisait beaucoup de progrès. Après s’être assurée qu’elle n’avait rien oublié, Djinshee fit avancer le dragon.

   -Attendez ! Cria alors une voix derrière elle.

   Elle s’arrêta et se retourna. Un homme, plutôt jeune, courait vers elle. Elle ne l’avait jamais vu, et d’après son habit, c’était un messager. Elle mit pied à terre, un peu agacée. Mais elle ne le montra pas. L’homme tenait un papier dans sa main gauche. L’Elémentale tendit le bras et il la lui donna.

   -Voici votre missive, de la part de son Altesse Impériale.


   Toujours impassible, elle ouvrit la lettre et lut en silence. Ce qui l’étonnait le plus dans tout cela, c’était qu’on s’intéresse à elle. Elle n’avait rien fait de particulier jusqu’à présent qui puisse faire tourner les regards d’Aeden vers elle. Une fois terminé, elle relu la lettre. Et en plus, ce qu’on lui demandait n’était pas une mince affaire ! Sa mission : s’infiltrer chez les Magiciens et les espionner, puis faire un rapport…Djinshee n’était pas une professionnelle dans ce domaine, mais c’est vrai qu’il l’attirait de plus en plus. Le mot était accompagné de ce qui ressemblait à un plan. Elle replia la lettre et remercia le messager, qui repartit en sens inverse. Le programme allait donc être bien différent. Morokei allait finalement rester ici, et elle allait rentrer pour faire ses préparatifs. Elle ne voulait pas trainer.

   L’Elémentale déposa le plan sur la table. Il y avait dans le coin en haut à gauche la situation du lac de la Transparence dans le monde, puis une carte plus détaillée du territoire des Magiciens. Mais malgré cela, elle ne savait pas à quoi s’attendre. Elle n’avait jamais mis les pieds à l’intérieur de ce lieu, elle l’avait juste vu de loin. Les informations fournies par la lettre ne seraient pas forcément suffisantes, une fois sur place. Mais elle n’avait pas vraiment le choix. Elle étudia le plan pendant près d’une heure, s’efforçant de retenir chaque recoin du chemin qu’elle avait choisi de prendre, et calcula rapidement le temps qu’elle prendrait pour aller d’un endroit à l’autre.

   Djinshee devrait agir cette nuit, sûrement parce que des réunions étaient en cours. Elle partirait donc dans quelques heures, utilisant le portail pour aller à l’Edelweiss enneigé qu’elle descendrait à pied.

 
***
 

   Le soir allait bientôt laisser place à la nuit quand elle arriva devant le lac de la Transparence. Son voyage avait été un peu plus long que prévu, mais elle avait réussi à gérer son temps. Il n’y avait pas grand monde à l’extérieur. Néanmoins l’endroit était magnifique. Le soleil brillait, laissant le lac refléter ses rayons dorés, et les petites forêts semblaient abriter une étrange magie. Tout était paisible, si bien que les animaux ne paraissaient craindre personne. Djinshee scruta les alentours. Personne ne la regardait, c’était le moment d’entrer. Elle s’avança calmement vers le lac et s’aventura sur un ponton. Les battements de son cœur commencèrent à s’accélérer. De l’eau, il y en avait tout autour d’elle à présent. Mais les instructions étaient claires : pour entrer chez les Magiciens, elle devait marcher sur ce ponton de bois bleu et aller dans l’eau. Elle eut un frisson, et le souvenir terrible de sa première plongée dans l’eau lui revînt. A jamais, elle haïssait ce souvenir. Ses pas s’arrêtèrent à la limite entre l’eau et le sol. Là, elle prit une profonde inspiration avant d’enfin oser entrer.

   Tout devînt alors différent. L’eau avait disparu, le paysage n’était plus le même. Djinshee tourna doucement autour d’elle. Elle n’était plus à l’extérieur et n’avait aucune idée de ce qui venait de se passer. C’est comme si elle venait de se réveiller. Ce n’était pourtant pas le cas, elle en était persuadée. Elle regarda ses bras, ses habits. Ils étaient toujours les mêmes, et ses sensations semblaient bien réelles. Quant à l’endroit où elle se trouvait, c’était une sorte de tunnel illuminé par une faible lueur dont l’origine lui était inconnue. L’Elémentale se remit la carte et les instructions en tête. Elle en déduisit qu’elle devait être sur le Chemin de Lynn. Elle se mit à avancer. Elle ne devait pas perdre plus de temps. De sa poche, elle sortit un bout de papier déchiré sur lequel elle avait rapidement reproduit le chemin à parcourir et les intersections. Elle ignorait si le plan qu’on lui avait remis était bon. Mais elle devait s’y fier. Elle n’avait pas vraiment le choix, de toute façon. En fait, il lui suffisait d’aller tout droit et suivre le sentier principal. Cela lui paraissait un peu trop facile. Elle marchait d’un habituel pas rapide, sûre d’elle, le visage impassible en partie caché par sa capuche. Le bruit régulier de sa marche était absorbé par les étranges parois du tunnel. Elle n’avait encore croisé personne. Etait-ce habituel ? Vu l’endroit, c’était probable.

   Tout se ressemblait tant ici. Elle aurait presque pu douter de son petit plan, ce papier maintenant chiffonné, caché dans le creux de sa main gauche. Elle entendit quelque pas derrière elle et se retourna. Quelqu’un approchait. Le plus efficace aurait été de se cacher dans un coin, dans un croisement ou autre, mais il n’y avait pas de ça ici. Tout était suffisamment lumineux pour que son contrôle des ombres la rende plus visible qu’en temps normal. Elle remit son plan dans sa poche, détendit ses muscles. Evidemment, elle aurait toujours plus ou moins l’air d’une étrangère ici, surtout avec ses cheveux – et bien qu’ils soient cachés par sa capuche. Mais ce n’était pas comme si elle avait le choix. Elle ralentit la cadence. La personne n’eut pas de mal à la rattraper. C’était un homme, vêtu d’une cape légèrement bleutée. L’Elémentale ne tourna pas la tête pour l’examiner. Elle espérait ne pas être trop louche. Le Magicien la salua et elle fit de même, s’efforçant de prendre une voix douce, tandis qu’il lui passait devant. Il avait presque l’air plus pressé et tendu qu’elle.

   Depuis combien de temps était-elle là, à marcher ? Elle aurait eu du mal à le dire. C’était comme si, d’une certaine façon, le temps était figé. Une pointe d’impatience commença à naître dans son esprit. Non, elle n’allait pas s’énerver pour si peu, mais cet endroit paraissait plus qu’infini et elle voulait venir à bout de sa mission de façon rapide et efficace afin d’éviter d’éveiller quelques soupçons.

   Elle ne croisa personne d’autre dans le tunnel. Finalement, elle ignorait si c’était une bonne chose ou non. Peu importait pour l’instant. Sa traversée – c’est ce qu’elle pensa – dura presque deux heures, si ce n’était pas plus. Si bien qu’elle peina à croire qu’elle était enfin arrivée. Elle inspira, un peu plus détendue. Ce qu’elle pensait être le plus dur était terminé. Il ne lui restait plus qu’à s’infiltrer dans le bâtiment administratif du royaume et écouter.

   La jeune femme leva la tête et examina le paysage. Tout ou presque était magique ici, et cela se voyait.

   -Vous ne semblez pas d’ici. Dit une voix juste derrière elle. Je pourrais vous aider ?


   Djinshee se retourna. C’était un homme âgé mais dont le visage ne laissait transparaitre que la bonté.

   -… Non, j’ai l’habitude. Finit-elle par répondre en lâchant un vague « merci ».

   Contrairement au Chemin de Lynn, les lieux étaient peuplés, même à cette heure tardive. La tâche serait peut-être donc un peu plus ardue que ce qu’elle avait imaginé. Elle s’approcha du bord. Ici aussi, il n’y avait que de l’eau, et le seul moyen de locomotion était la barque. Enfin, de l’eau, plutôt un liquide aussi bleu que le ciel. L’Elémentale n’était évidemment pas enchantée par ce système, mais elle osait espérer qu’elle ne sentirait rien à son éventuel contact avec, comme avec le lac Transparence. Une dizaine de barques étaient disponibles sur le quai. Elles étaient relativement petites mais suffisantes pour transporter trois ou quatre personnes. La jeune femme monta dans celle qui, parfaitement alignée avec ses voisines, se trouvait juste en face d’elle, faisant attention à ne pas la faire trop bouger. Heureusement, l’embarcation resta immobile, comme si elle n’avait jamais été sur l’eau. Elle se mit ensuite à avancer doucement. Djinshee se concentra sur le chemin qui lui restait à parcourir, privilégiant les zones d’ombres et n’hésitant pas à faire quelques détours entre les différents bâtiments qui se succédaient. La barque suivait ses indications silencieuses sans protester. Tout se passait pour le mieux. Personne ne semblait l’avoir repérée, tâche difficile lorsque l’adversaire contrôlait l’obscurité.

   Djinshee arriva bientôt à destination. La barque s’arrêta dans le noir, à une centaine de mètres du bâtiment administratif. Il était bien plus grand et imposant que les autres et entièrement fait en pierres. Des torches murales illuminaient toute sa partie extérieure d’une lueur orangée. Un quai avait été aménagé tout autour. Elle discerna trois personnes. Elles se saluèrent puis entrèrent ensemble par les grandes portes principales. Peut-être y avait-il une entrée secondaire ? Elle fit prudemment le tour, examinant chaque recoin. Parfait. Il y avait bien une autre porte, qui servait probablement au personnel. La jeune femme vérifia qu’il n’y avait personne à proximité avant de s’avancer. Pour une fois, elle avait presque oublié qu’elle était dans une barque, à quelques centimètres seulement de l’eau. L’embarcation effleura la pierre régulière du quai puis s’immobilisa en silence. L’Elémentale descendit et marcha jusqu’à la porte. Elle tendit l’oreille. Aucun son ne parvenait de l’intérieur. Elle attendit quelques secondes puis regarda dans le trou de la serrure. Rien. Elle tourna la poignée. Verrouillée.

   Il était inutile de s’énerver. Elle allait trouver une solution. Evidemment, elle n’avait pas pensé à prendre des crochets ou quoi que ce soit. La réponse ne lui vînt pas tout de suite alors qu’elle était pourtant évidente : la télékinésie. Djinshee fixa la serrure et se concentra. Elle n’avait jamais tenté l’expérience. Elle laissa son pouvoir agir, matérialiser une clef invisible. Ca n’avait pas l’air bien compliqué. La « clef » tourna, mais rencontra une résistance. Djinshee tenta de reproduire – d’après la forme de la serrure – la forme de la clef originale. Cet exercice s’avéra plus corsé. Mais pas insurmontable, car un cliquetis retentit bientôt et la porte s’entrouvrit légèrement. Toujours aux aguets, l’Elémentale entra. C’était une salle presque vide. Le mobilier n’était composé que d’une longue table et de bancs. Elle n’avait aucune idée de son utilité. Elle la traversa et rejoint la porte de l’autre côté. Deux voix retentirent. Les murs les rendaient indistinctes, mais elles s’approchaient. La jeune femme se plaqua contre le mur, là où la porte la cacherait quand elle serait ouverte. Les battements de son cœur s’accélérèrent. Les deux personnes étaient maintenant juste derrière la porte. Ils s’arrêtèrent quelques secondes. Ils semblaient parler d’un sujet très sérieux. Djinshee essaya de discerner de quoi il s’agissait.

   -Et Macoute ?


   -… Il ne viendra pas.


   -… … Moques de moi !


   La porte s’ouvrit brutalement. Djinshee ferma les yeux et se cacha dans l’ombre. La porte faillit la cogner.

   -Cette réunion n’aura aucun intérêt. Continua le premier homme, en colère.

   -Ne dis pas n’importe quoi…


   -Pour une fois qu’il est désigné pour y participer, il ne peut pas ! Je n’ai jamais connu une autre personne qui anime autant un débat ! Il dit ce qu’il pense et tu sais aussi bien que moi à quel point sa pensée est bonne. Pourquoi ne vient-il pas ?


   -Je ne sais pas… On n’a pas voulu me dire.


   Djinshee rouvrit les yeux. La porte la cachait parfaitement. Elle se décala sur sa droite pour voir la tête des deux individus. Le premier homme, petit et presque chauve, se trouvait là où était la jeune femme un peu plus tôt, près de la porte d’entrée. Il regardait le mur comme s’il s’agissait d’une fenêtre, les poings serrés. Le deuxième, plus grand et fin, les cheveux grisonnants, était devant elle et lui tournait le dos. C’était le moment de passer. Sans bruit, elle sortit de sa cachette et passa dans la pièce suivante tandis que les deux hommes continuaient leur conversation sans grand intérêt : le premier continuait de se lamenter et le second – qui ferma la porte un peu après – de commenter. L’Elémentale se retrouva dans un somptueux hall aux couleurs bleutées, dans un passage sous l’un des deux grands escaliers du bâtiment. Tout semblait résonner, comme si le moindre pas, même discret, pouvait être entendu. Les voix des différentes personnes au milieu de la grande salle se mêlaient et se confondaient tout en restant à un niveau sonore acceptable. Elle se tapit tout de suite dans l’ombre. Personne au centre du hall ne pouvait la voir. Il ne restait plus qu’à espérer que le groupe ne tarderait pas à partir, qu’elle puisse l’espionner en sécurité. Heureusement, elle n’eut pas à attendre beaucoup, car une voix d’homme, recouvrant toutes les autres, les invita à le suivre, car la réunion allait bientôt commencer. La porte par laquelle Djinshee était passée s’ouvrit brusquement, et les deux Magiciens apparurent. Elle se fit aussi discrète qu’elle le pouvait. Ils lui passèrent devant sans la voir et se joignirent à leurs compatriotes.

   Djinshee attendit que les Magiciens aient presque fini de monter les escaliers avant d’enfin oser sortir de sa cachette. Elle monta à son tour, silencieuse, tandis qu’ils prenaient le premier couloir à droite. Elle montait lentement, aux aguets, l’oreille tendue. Son cœur battait à tout rompre. Elle procédait à la partie la plus délicate de sa mission. Déjà, elle imaginait la salle, se demandait comment elle allait bien pouvoir entrer. Elle chassa ces mauvaises idées. Et continua. Elle prit le couloir à droite. C’était étrange, cela paraissait trop facile ; à part elle et le groupe, il n’y avait personne.

   Ils tournèrent à gauche et s’arrêtèrent quelques secondes en croisant une femme qui souffla un mot au chef de file. Celle-ci passa ensuite son chemin.

   L’Elémentale les suivait tout en gardant une bonne distance, soit « un couloir d’écart ». Un homme – qui devait être un majordome – ouvrit alors une porte et laissa tous les invités passer avant d’entrer lui-même. Djinshee prit le risque d’accélérer le pas. La porte était toujours ouverte.

   -Je vous invite à vous installer. Nous venons d’apprendre qu’il y aura un retardataire, je reviens.


   C’est ce que Djinshee entendit, et elle eut juste le temps de se cacher derrière la porte. Elle en étendit légèrement l’ombre pour être parfaitement camouflée. Le majordome quitta la pièce et fit le chemin inverse. Il eut la mauvaise idée de laisser la porte ouverte. La jeune femme inspira profondément et sortit. Elle n’avait plus qu’à entrer sans se faire voir, et trouver une cachette. Elle tendit le cou et regarda rapidement la confection de la pièce. Elle était richement décorée. Un magnifique tapis bleu et argent recouvrait l’entièreté sur sol et des étagères, bibliothèques et autres meubles rares étaient collés aux murs. Sur certains avaient été posés des vases tout aussi riches. Enfin, quatre longues tables, toutes recouvertes d’une nappe si large qu’elle descendait jusqu’au sol, formaient un rectangle au centre. Djinshee se plaqua contre le mur et réfléchit. Ils étaient tous assis autour des tables et discutaient encore. Elle ne pourrait jamais entrer sans être remarquée. Elle décida de jouer le tout pour le tout : le majordome n’allait sûrement pas tarder. Elle chercha un angle où l’on ne pouvait la voir et examina le mur face à elle. Ses yeux tombèrent sur un vase.
   « Parfait ! » pensa-t-elle.
   Elle se concentra sur l’objet. Il était sa seule solution. Elle n’avait pas le droit à l’échec. Une pichenette suffit. La main invisible qu’elle avait matérialisée poussa le vase qui se fracassa par terre. Tout le monde se retourna. Les plus éloignés – soit ceux se trouvant le plus près de la porte – se levèrent et allèrent même voir.

   -Qu’est-ce que c’est ?


   -Le vase, il est tombé.


   Djinshee s’accroupit et plongea sous la table. La nappe la cachait parfaitement.
   Le silence régnait. C’en était pesant. La jeune femme était assise dans un coin, l’oreille tendue.

   -Je vais chercher le personnel.


   -Que se passe-t-il ?


   C’était la voix du majordome. On lui expliqua la situation pour le moins étrange. Le majordome s’excusa, prétendant qu’il allait se charger de l’embarra. Une nouvelle voix se fit entendre, peut-être celle du retardataire. Il s’excusa lui aussi pour son retard et s’installa à la table. Ses pieds puis ses jambes apparurent, juste devant Djinshee. Elle se recroquevilla doucement et entoura ses jambes de ses bras. Une dizaine de minutes s’écoulèrent avant que la réunion ne commence enfin. Tous prirent place autour de la table.

   -Bonsoir à tous. Nous avons aujourd’hui affaire à un sujet très important que nous n’avons pu aborder depuis longtemps. Déclara quelqu’un. Notre séance prendra donc le temps qu’il faudra. Les liens diplomatiques sont souvent difficiles à traiter.


   Les voix retentirent toutes d’un coup. Il était vrai qu’après tant d’évènements, leur réaction était compréhensible, mais peut-être un peu excessive ? L’homme qui venait de parler les fit taire et décida finalement de donner lui-même la parole chacun des Magiciens suite au second brouhaha qui se déclencha quelques secondes après.

   Djinshee attendit près d’une heure avant qu’ils ne commencent à parler des Elémentals. Elle était toujours restée à l’écoute jusqu’ici, mais avait affiché plus de mal au fur et à mesure du temps.


   -Je n’ai personnellement rien à dire sur eux. Ils n’ont été d’aucun mal ces derniers temps. Je ne pense pas que nous ayons à les craindre.


   -Vous parlez peut-être trop vite. Nul ne sait réellement ce qui se cache derrière la pensée d’une autre race que la sienne.


   -Je suis d’accord.


   -Mais faudrait-il pour autant agir ? Que proposez-vous ?


   -Agir ?


   -Et bien, je ne sais pas, il arrive à certains souverains de se rendre visite, de faire quelques applications ensemble…


   -Je pense qu’il suffirait de garder un œil sur eux. Je ne leur ai jamais accordé ma confiance…


   -Pourquoi donc ? Le coupa un autre.

   -… Mes raisons sont strictement personnelles.


   -Il y a plusieurs façons de « garder un œil sur eux ».


   -Envoyer des espions ?


   -Et puis quoi encore ? S’exclama un. Si l’un d’entre eux se fait repérer, qu’adviendra-t-il ? Voulez-vous une énième guerre ? Ce monde n’est-il déjà pas assez bancal ?


   -Il est vrai que ce serait dangereux. Mais il est important de les surveiller, comme certaines autres races que nous avons déjà évoquées.


   -Qu’en pensez-vous ?




   Il y eut un long silence. Votaient-ils à main levée ? Elle n’en savait rien. La discussion reprit, toujours sur le même sujet. Mais ils firent rapidement le tour de la question. Ils se répétaient sans cesse, revenaient au point de départ, soit la surveillance. Djinshee n’aimait pas ça. Ils restèrent au moins une vingtaine de minutes sur la race. La jeune femme avait des crampes. Sa position devenait inconfortable, mais elle ne pouvait bouger sans risquer de toucher des pieds. Elle serra les dents et prit sur elle.

   La discussion se termina une heure après, voire plus. Djinshee n’en pouvait plus. Elle ne put soulager ses muscles qu’une fois les pieds disparut de sous la table. Elle se détendit lentement, calma sa respiration un peu tremblante. Les hommes se remercièrent et se saluèrent. Puis, la porte s’ouvrit et elle entendit tout le monde quitter la salle. Elle attendit le léger claquement pour se détendre complètement. Elle osa sortir sa tête de sous la nappe. Il n’y avait plus personne. Le silence paraissait étrange, maintenant. Elle sortit de sa cachette et ouvrit doucement la porte après s’être assurée qu’aucun bruit ne parvenait de l’extérieur. Sa mission était à présent terminée ; elle n’avait plus qu’à partir d’ici en toute discrétion, comme elle était entrée.

   Djinshee longea le couloir et fit le chemin inverse. Elle arriva sans encombre dans le hall et décida d’emprunter l’entrée secondaire, comme la première fois. Elle se dirigea vers l’arrière des grands escaliers et tourna la poignée de la porte. Celle-ci s’ouvrit. Il y eut une exclamation. La jeune femme se plaqua d’un seul coup contre le coin du mur et se cacha dans l’ombre. Les battements de son cœur s’étaient soudainement accélérés. La porte était entrouverte. Elle vit un homme passer la tête, perplexe.

   -Il y a quelque chose ? Demanda quelqu’un derrière lui.

   -Bah, un courant d’air, peut-être ? Dit une voix de vieille femme.

   L’homme haussa les épaules et referma derrière lui. Djinshee rebroussa chemin, deux fois plus discrète, s’insultant mentalement de ne pas avoir été plus prudente.

   Elle allait devoir utiliser l’entrée principale... La nuit était encore là, mais il devait y avoir tous les participants de la réunion à l’extérieur. Elle entendait d’ici les cris d’un homme en colère… A moins qu’elle ne passe par une fenêtre ? C’était sa dernière solution. Elle remonta doucement les escaliers, s’y accroupit aussitôt lorsqu’elle entendit des pas, puis continua. Il y avait pas mal de fenêtres dans ce bâtiment. Il lui suffisait d’entrer dans une pièce au fond et se sortir. Ca ne devait pas être si compliqué… Djinshee longeait le mur, écoutait à chaque porte. Elle faillit se faire repérer deux fois, mais fut sauvée par la présence d’un meuble ou d’un angle. Enfin, elle atteignit une pièce, et par chance, elle était vide. Doucement, elle se dirigea vers la fenêtre et regarda à l’extérieur. Il n’y avait personne de ce côté. Elle l’ouvrit et se pencha. Il y avait presque cinq mètre de hauteur. Elle ne pouvait compter que sur sa magie, à présent. Elle passa ses jambes à l’extérieur et s’assit sur le rebord, les mains tendues vers le sol. Elle prit une grande inspiration. Elle entendit soudainement la porte s’ouvrir derrière elle. Elle sauta, ferma les yeux, se concentrant du plus fort qu’elle pouvait sur ses mains, la distance entre elle et le sol qui diminuait progressivement.

   -Il y a quelqu’un ? Dit une voix féminine.

   L’Elémentale sentit ses pieds rejoindre le pavé. Elle se plaqua aussitôt contre le mur, tremblante. Elle s’était tant concentrée qu’elle avait perdu beaucoup d’énergie. Et elle n’avait toujours pas droit au repos. Elle se cacha dans l’ombre.

   Au-dessus d’elle, la femme s’était penchée, scrutant les alentours. Pourquoi cette fenêtre était-elle ouverte ? Ce n’était pas normal et elle le savait. Elle alluma sa paume droite. Une douce lumière bleutée apparut. Elle balaya le pavé avec son faisceau, puis les barques. Elle ne vit personne.

   -Avez-vous besoin d’aide, Madame ? Demanda l’homme derrière elle.

   -Vas voir dehors s’il y a quelqu’un. Il fait trop noir, d’ici.

   Djinshee avait la tête levée vers la femme. Allait-elle se faire repérer ? Elle observait les moindres mouvements de la Magicienne, prête à déguerpir.


   -Il y a un problème, Madame ?

   Un autre homme devait être arrivé dans la pièce. La femme ne broncha pas.

   -Quelle impolitesse de votre part, ironisa-t-il. Vous ne me saluez même pas.

   Elle fut tirée en arrière, elle se débattit, mais il la retourna pour qu’elle le salue. Djinshee en profita et sauta dans une barque. A l’étage, la Magicienne protestait. Mais la barque s’éloignait déjà, au gré des pensées de l’Elémentale.

   Djinshee sourit. Son cœur battait vite, mais le plus dur était passé. Elle n’avait plus qu’à reprendre le chemin de Lynn, toujours tout droit, rentrer, et prévenir son chef qu’ils étaient sous surveillance.

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