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 - La Sirène du Lac - [Mission II de niveau IV - Solo]

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Dim 15 Déc 2013, 02:03

- La Sirène du Lac - [Mission II de niveau IV - Solo] Nausic11

Concentrée, une main en avant que je ne quittais pas des yeux, j'invoquais au plus profond de mon être ma puissance d'antan. Autrefois, j'étais une femme puissante, de grand renom. La gloire ne me manquait guère. Mais ce sentiment de force, celui que je pouvais aller contre vents et marées, désormais absent de mon cœur et mon esprit, était plus dur à combler. Qu'étais-je aujourd'hui, si ce n'était une vulgaire marionnette entre les doigts habiles d'une femme dont la beauté n'avait d'égal que dans sa cruauté ? Je pouvais au moins me consoler dans la pensée que les dons que j'avais cultivé demeuraient miens. Ma mère ne me les avait pas arraché. Je devais simplement réapprendre à les manier avec ma dextérité passée. Dans un soupire, je fermais les yeux. J'avais l'espoir que paupières closes, je serais plus forte. Et miracle, cela fonctionna. Certes, assez brièvement, mais de façon intense. Ma main était à présent de flamme. Je ressentais sur mes joues la chaleur des flammes. Mais le braiser ne m'atteignait pas. Un comble pour une Ondine que d'être si sensible au feu. Et ma man redevint de chair. « Wahou ! C'était trop beau Nausicaa.» s'exclama la petite voix de Clémentine, qui était assise juste à côté de moi sur le canapé d'un salon quelconque du Palais. Je souris en relevant la tête. Et doucement, je glissais mes doigts dans son épaisse chevelure d'un blond si clair qu'il frôlait le blanc. Elle ne me regardait pas comme les autres, ici. Ces grands yeux bleus et verts étaient purs de tout mauvais sentiment. Elle m'aimait sincèrement. Je n'aimais pas vraiment qu'elle traîne dans les pattes de ma mère, pour deux raisons évidentes. La première, Vanille était dangereuse et peu patiente avec les enfants. La seconde, Clémentine avait un drôle pouvoir, celui de l'insomnie. Elle ne dormait jamais, et avait tendance à contaminer son entourage. La Reine ne dormait déjà pas beaucoup, ce qui lui laissait tout le loisir de concocter ses manigances. Si en plus la Réprouvée diminuait son sommeil … La situation virerait vraiment au cauchemar et serait totalement invivable.

La porte s'ouvrit grandement, sans qu'on prenne la peine de frapper. Clémentine sursauta. Je me contentais de fusiller du regard la jeune femme à la chevelure brune et à la peau halé qui arrivait. C'était Yun, évidemment. Arrogante, l'avertissement que je lui avais fais avait glisser comme de l'eau sur les plumes d'un canard. De sa démarche sauvage, elle se dirigea jusqu'à un coin pour se placer en face de moi, et me dévisager. Mais elle se bornait à me scruter, sans rien dire, ce qui eut bien vite raison de ma patience. « Qu'est-ce que tu veux, Corbeau ?» soupirais-je sans parvenir à demeurer calme. Je grinçais légèrement des dents. « Oh et bien … Disons que malgré ton évidente médiocrité et l'échec cuisant face aux volontés de la Reine, dans son infini miséricorde, elle a décidé de te confier une nouvelle mission.» Et dans un geste théâtrale, elle sortit une lettre cachetée que je contemplais, un peu hébétée. Cela faisait près de deux semaines que j'avais fais la visite de la Cité à des Orines, et que ma mère m'ignorait royalement. Je n'espérais plus gravir les échelons de la hiérarchie. « Donne moi ça. Et va-t-en. Je ne tiens pas spécialement à t'avoir sous les yeux.» Dans un rire,Yun avança pour me balancer la lettre. « Mais tu sais, Princesse...» - « Dégage.» Je n'aimais pas la façon dont elle prononçait le titre qui était pourtant mien. Yun haussa les sourcils face à ma soudaine brutalité, et dans un haussement d'épaule, elle tourna les talons. Je ne l'importais peu, au final. Et elle avait d'autres chats à fouetter. Ma chère mère devait lui réserver une liste entière de méfaits à accomplir. Je n'étais certainement pas le plus important. « Tu vas partir, cousine ?» me demanda Clémentine une fois que Yun fut partie. Je hochais doucement la tête, avant d'ouvrir la lettre avec une pointe de curiosité.

Je n'étais pas sûre que cette mission soit réellement pour moi. Je dirais même que je n'avais aucune envie de m'embarquer dans pareille aventure. J'aurais préféré combattre seule les Tributs plutôt que d'aller potentiellement voir quelqu'un de ma famille. Mais je n'avais guère le choix. Alors avec une pointe de lassitude dans le regard, je laissais mes yeux vagabonder sur le Lac de la Transparence, en espérant ne pas croiser un Magicien qui en voudrait à ma mère et me le ferait payer. Mon ordre de mission était plutôt clair. Une rumeur circulait depuis peu chez les Magiciens. On racontait qu'une belle créature rôdait dans le Lac. Une charmante jeune femme qui envoûtait et noyait les passants. On l'avait surnommé la Sirène du Lac. Et j'étais envoyée pour découvrir la vérité et régler le problème. Mais ce qui me troublait était la petite phrase écrite de la main de ma mère, en petit, à la fin de mon ordre de mission. Elle m'indiquait, comme c'était la chose la plus naturelle au monde, qu'elle pensait qu'il s'agissait d'une de mes filles. Une de mes sœurs. J'avais … peur ? Ce n'était pas exactement le mot que je cherchais. Mais y en avait-il seulement un bon pour qualifier les très chers membres de ma famille ? J'en doutais très clairement. La majorité des Deslyce était de personnages fourbes et peu fréquentables. Je pouvais me targuer d'être l'une des rares saines d'esprit. Qu'en serait-il de la fille que j'allais rencontre, s'il s’avérait qu'elle était bien des miens ?

- La Sirène du Lac - [Mission II de niveau IV - Solo] Malodi10

« Qui es-tu.» La voix était basse et suave, des intonations envoûtantes et chaudes qui me rappelaient celles de ma mère. J'en frissonnais presque d'horreur. « Tu es là pour moi, je suppose. Les femmes ne s'approchent pas trop habituellement.» Doucement, je me tournais pour chercher des yeux la femme qui parlait. Elle était quasiment nue. Vêtue de voiles légers et de sous vêtements blancs, elle laissait entrevoir les lignes voluptueuses de son corps et ses formes que tous homme reluquerait allègrement. Elle avait de grands yeux clairs d'un vert qui ne m'était pas inconnu, et des cheveux blonds qui encadraient son visage en forme de cœur. Debout sur un petit îlot, elle me scrutait avec arrogante. « Quel est ton nom ?» lui demandais-je, gênée. « Je crois avoir été la première à poser la question.» Le fait est que je n'avais pas envie de lui répondre, ou tout du moins, de lui dire la vérité. Plus je la regardais, plus il me paraissait évident qu'elle était l'une de mes sœurs. Et ce qu'elle murmura ensuite ne me rassura guère : « J'ai l'impression de déjà t'avoir vu.» - « C'est toi qu'on nomme la Sirène du Lac ?» - « Quel charmant dialogue de sourd.» Elle était d'un flegme à toute épreuve. Sa voix était vaporeuse et lointaine, un souffle. Naturellement caressante et moqueuse. « Que fais-tu en ces lieux ?» Je n'en démordais pas. La demoiselle inconnue pencha la tête sur le côté, un maigre sourire aux lèvres. « N'est-ce pas évident ? C'est le rôle des filles des eaux.» Et avec grâce, elle plongea dans le lac.

Dans un soupire, je contemplais la surface lumineuse, comme un miroir, de l'eau. Je n'avais pas spécialement le choix. Mais je ne tenais pas particulièrement à rentrer à la Cité nue ou toute mouillée. Alors je pris le temps de me déshabiller et de cacher mes affaires avant de sauter à mon tour. Cela ne me plaisait guère, mais j'étais le prototype de la sirène mijaurée. Avec ma longue chevelure blonde, mes yeux bleus et ma queue de poisson aux écailles d'un rose pâle, j'avais une allure douce d'ondine craquante mais charmante. Au loin, je percevais la silhouette élancée de mon adversaire. Elle n'avait guère les mêmes airs que moi. Elle faisait plus sauvage, parfaite illustration des créatures maritimes des contes d'autrefois. Avec ces cheveux courts et sa taille fine, sa queue de poisson bien plus longue que la mienne d'un bleu sombre, elle semblait dangereuse. Oui, elle l'était. Silencieuse, je la dévisageais, laissant mes yeux glisser sur ses écailles, les lèvres pincées. « Je me disais bien qu'on était du même peuple.» - « Je dirais même que ça allait de soit, non ?» Avec une pointe d'énervement, elle me contempla. « Ton nom.» - « Tu dois partir.» En effet, la conversation avait un aspect très unilatéral. « Tu es une Deslyce, c'est ça !» cracha-t-elle.

Mon sang ne fit qu'un tour. Et je compris ce qu'elle avait vu. Nos écailles étaient semblables, car nous étions issus de la même mère. « Nausicaa.» - « La fille de Caliel.» Dans sa voix résonnait un sarcasme évident. « Ton nom.» Elle hésita un peu. « Mélodie.» - « Oh.» Les choses se compliquaient un peu. J'étais face à une enfant de l'inceste. Ma mère était vraiment sans limite, et pour mieux manipuler son frère, elle n'avait pas hésiter à coucher. Et Mélodie était née. Mon oncle l'avait toujours caché, éloigné de Vanille. Je ne savais pas qu'elle était à tendance maléfique. Doucement, je secouais la tête. « Je suis navrée, mais ça ne change rien. Tu dois partir. Tes actes encombrent la royauté.» Elle rit, cynique. « Désolée de quoi ? Et que je ne plais guère à la hiérarchie ne m'importe pas.» - « Mère ne sera pas contente.» - « Et pourquoi donc ? Je ne l'ai pas vu depuis des lustres !» - « C'est elle qui m'envoie.» - « Un gentil toutou à la solde de sa maman.» - « De la Reine.» - « Quoi ? Tu veux dire que cette garce est Reine ?»

Mélodie ne me laissa pas même le temps de répondre, tant c'était une évidence. Elle préféra me foncer dessus, contrôle de l'eau en action. Elle était puissante. Mais j'avais plus d'un tour dans mon sac. Si je ne valais pas sa force, j'avais cependant des dons troublants. Le temps s'écoulait comme au ralentit. Doucement, je tendis une paume en avant. Et une carte se matérialisa. Une de mon tarot maudit. L’arcane majeur qui apparut fut l'Impératrice. Un comble. La carte s'illumina, et elle me plongea moi et ma sœur dans un autre monde, le sien. « Quoi ?» Troublée, Mélodie contempla les alentours, ses petits mains sur ses jambes nus. Nous étions toutes deux sous notre forme humaine, et forcément peu vêtues. Rapidement, je passais en revu les parages. Nous semblions être dans une grande et luxueuse salle de trône, d'or et de diamant. Je pointais le doigts sur elle. « Reçois ton châtiment.» Des ombre inquiétantes sortirent de toute part. Je reculais de quelques pas, une main sur mes lèvres, gênée et peinée de devoir lui faire subir ça. Mais qu'importe. De toute évidence, elle avait beaucoup tué et le méritait amplement. Je détournais alors les yeux tandis qu'elle souffrait des maux qu'elle avait infliger.

De retour dans la réalité, je contemplais ma sœur évanouie. Et c'est avec quelques scrupules que j'appelais les gardes royales, pour qu'ils m'aident à la mener à ma mère.


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