La nuit était en train de tomber. Je marchais sur le port sans vraiment faire attention à ce qui m'entourait, réfléchissants à ce que j'étais venue faire ici. Il c'était passé de nombreuses choses depuis la fin des événements ayant perturbé notre monde et pourtant tout cela ne m'intéressait pas vraiment. Le seul changement que je voyais et qui m’intéressait était en moi et même s'il n'était pas encore vraiment visible je le sentais. Plusieurs semaines s'étaient écoulée depuis cette nuit, plusieurs  semaines que j'essayais de me persuader que tout cela était une erreur et que la source de mes inquiétude était tout autre. Posant ma main sur mon ventre je fermais les yeux en souriant timidement. Cette nuit avec lui était peut-être une erreur mais ce que je ressentais ne pouvait pas en être une. Un soupir triste franchit mes lèvres alors que je levais les yeux vers le ciel et la fraîcheur de la nuit. J'allais devoir retourner la voir et lui parler mais j'avais peur de sa réflexion. Les premières gouttes de pluie vinrent s'écraser sur mon visage, ruisselante telle des larmes. Depuis cette nuit avec lui la situation m'échappait totalement et jour après jour j'avais peur de voir comment elle allait évoluer. Un battement d'aile me fit revenir à moi et baisser les yeux. Sheva volait autour de moi et à voir sa manière de chercher une endroit sec il n'appréciait pas du tout l'averse qui était en train de abattre sur nous. Souriant je tendis le bras et malgré la pluie il vint se poser sur mon épaule, poussant un petit croassement de mécontentement. Le caressant rapidement je me mis en marche vers la rue commerçante.

Passant devant le magasin de tatouage je ralentis légèrement, portant ma main à l'endroit qu'elle avait marqué quelques jours plus tôt. Je savais que si je l'avais souhaité j'aurais pu passer la nuit chez elle cependant j'avais besoin de rester un peu seule. Avec de la chance passer quelques jours seule me permettrai de faire le tri dans mes pensées et de trouver une solution.

La pluie tombait de plus en plus forte et bien que la nuit ne soit pas encore totalement tombée les rues étaient vide. De nouveau je me mis à regarder le ciel, souriante. J'avais toujours beaucoup aimé la pluie et aujourd'hui j'avais l'impression qu'elle me permettait de me nettoyer de tous mes soucis. Tendant les bras et me mettant à tourner sur moi même je me mis à rigoler. Je venais de retrouver quelque chose que j'avais oublié de faire ces derniers temps. J'avais oublié de penser à moi et de prendre des décisions pour moi et non pour les autres. Certes je ne pouvait pas me permettre de prendre les risques que je prenait au par avant mais je ne devais pas me laisser enchaîner par cela non plus. Après quelques secondes j’arrêtais de tourner, regardant une dernière fois le ciel, et je me mis en marche vers l'auberge. Je ne savais toujours pas ce que j'allais faire durant les prochains jours néanmoins je savais maintenant que je n'allais pas les gâcher à attendre inutilement une quelconque réponse à mon problème.

Après quelques minutes de marche j'arrivais devant l'entrée de l'auberge. Il pleuvait à flot et j'étais trempée. Mes vêtements dégoulinaient et mes cheveux étaient ramené en une sorte de masse informe dans mon dos. Mon triste reflet dans une glace à l'entrée de l'auberge me tira un petit rire surpris. À voir l'état dans lequel j'étais les chances qu'ils m'acceptent à l'intérieur comme cliente était assez faibles. Haussant nonchalamment les épaules en réponse à cette réfléxion je pénétrais dans l'enceinte du bâtiment.

Alors que je m'attendais à être accueilli dans le hall, ou simplement voir un homme se tenir à la réception près à accueillir les quelques derniers clients tardif je fus simplement confronté à une immense pièce vide. Je restai un instant immobile, ne sachant pas quoi faire. Lentement je sentis le froid me pénétrer et me geler les os. Après quelques secondes de plus sans voir ou entendre aucun signe de vie je fis volte-face, décidé à trouver un autre endroit ou passer la nuit. Néanmoins alors que je tournais les talons je manquai de justesse de percuter un nouvel arrivant. « Oh. Heu excusez moi je ne vous avez pas... » Je n'eus pas le temps de finir ma phrase que j’éternuais, me sentir rougir légèrement en réponse à cette action.