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 ~ Coupe des Nations : Épreuve de Charisme ~

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Dim 02 Nov 2014, 23:58

Charisme

~ Coupe des Nations : Épreuve de Charisme ~ 916899imagevanille

« Bienvenue aux îles Meryln. » soufflait en choeur les voix douces et chaudes de quelques jolies femmes brunes à l'accent exotique. Souriantes, elles acceuillaient avec une pointe de timidité la noblesse, l'aristocratie et la bourgeoisie des Terres du Yin et du Yang, venues festoyer et danser sur l'archipel sauvage au rythme battant des mélodies saccadées de cet ailleurs idyllique. Les territoires des tributs locales n'étaient pas bien vastes, mais suffisament étendus pour que les différents clans se partagent la moindre parcelle de sable et se déchirent sur les frontières imaginaires des uns et des autres. En cet instant, les différends et les rancoeurs étaient oubliés au profit d'un évènement qu'on ne pouvait ignorer : la Coupe des Nations. Les îles Meryln, perdues au large des côtés du Continent Dévasté, baignaient dans les eaux froides des mers, loin de tout, loin de tous. Elles furent choisies pour acceuillir l'une des épreuves. « Bonsoir. » murmura une demoiselle dont l'apparence détonnait du décor. Grande et fine, ses cheveux noirs étaient coupés courts et les pointes encadraient son visage blanc. Nul n'aurait pu la reconnaitre, car encore aurait-il fallu la connaitre. On ne pouvait que présumer de sa personne, que se douter de ce qu'elle était, qu'à cause de la puissance affolante qu'elle dégageait par delà la grâce d'un petit sourire en coin. Ailydis aimait changer de forme. Déesse des flots caprieux, elle était les vagues mêmes, changeantes, tantôt calmes et bienfaitrices, tantôt furies et cruelles. « C'est à la pâle lueur de la Lune et aux flambeaux brûlants des torches enflammées que nous vivrons cette soirée. Hommes et femme venus de toute part, bienvenues aux îles Meryln. Merci aux tributs de l'archipel d'accepté de nous recevoir. » Elle joignit doucement les mains. « Chaque clan abritera sur ses terres des festivités différentes. N'hésitez pas à voyager de l'une à l'autre. Pour ma part, je suis votre hôte en cette soirée, je serai présente sur chaque île pour donner les instructions aux participants du tournoi des nations. » Elle leva les bras. La musique débuta.

Sur les plages de sable blanc valsaient les invités, qui riaient et buvaient. Il ne faisait pas encore tout à fait nuit, le soleil se couchait. A la clarté flamboyante du crépuscule rouge, les eaux prenaient des teintes sublimes qui charmaient les regards. Dans le cadre charmant d'une réception nocturne, petit bal dansant, prenait place l'une des épreuves du charisme. Ailydis attendait que l'on l'approche pour susurrer les consignes. « Les plus riches et les plus pointilleux ont décidé de passer leur soirée ici. Vous devez choisir un produit de la petite hutte nichée près des arbres derrière vous et convaincre la foule de sa qualité, de son caractère exceptionnel. Vous devez tout faire pour qu'il devienne le produit dont on ne saurait se passer, que tout le monde doit vouloir avoir, gouter, posséder. Sachez que tout ce qui est entreposé a une saveur immonde à tel point que des chiens n'en voudraient pas. Faites tous pour qu'ils oublient ce parfum. » Il y avait de tout : surtout à boire et à manger, ainsi que quelques parfums. L'odeur qui se dégageait de la hutte en disait déjà long sur son contenu.

Un  peu plus loin se déroulait un défilé. Fascinée, la foule contemplait la démarche élégante des models et l'igéniosité des tenues de créateurs. Le milieu de la haute couture était aussi rude que sévère. Quelques grands noms étaient présents, à jauger d'un oeil expert tout ce qui se passait. « Cet homme se nomme Oliver Holly. C'est un Alfar. » disait alors l'Aidylis des parages. Grand et musclé, l'intéressé dégageait une prestance sans pareille qui découlait du soin qu'il portait à sa personne. Les yeux bleus, les cheveux bruns, il n'avait pas l'air très sympathique. Il errait, ombre inquiétante, non loin de l'estrade, quelques assistants apeurés sur ses talons. « Il est un couturier de génie, un incontournable que les grands s'arrachent. Néanmoins, il est froid, distant, arrogant, imbu de lui même et très macho. Vous devez le convaincre de vous engager pour son défilé qui ne saurait tarder. Seulement, les hommes doivent se présenter à lui en femme, et les femmes doivent se présenter à lui en homme. Cela le dégoutera jusque dans ses idéaux. A vous de jouer; de faire en sorte d'imposer ce style décalé à cet être insolent. » Les femmes qui l'entouraient étaient belles. Il aimait que son univers tourne rond. Le faire changer d'avis ne serait pas aisé.

Sur les dernières îles se déroulaient une réception plus philosophique. Penseurs et écrivains sirotaient un verre en écoutant un confrère parler avant de débattre ensemble quelques instants. Intellectuels et scientifiques s'affrontaient à travers de grandes idées et une éloquence sans pareille. Ailydis attendait, un brin amusée, ceux qui tomberaient sur cette contrée pour réaliser l'épreuve. « Vous devez vous méler à cette belle foule et monter sur l'estrade afin de prendre la parole. Faites vous respecter parmi ces gens bien particuliers. Vous pouvez choisir de parler du thème qu'il vous plaira : de politique, d'économie, de droit ou de justice, de conflits raciaux. Ce que vous voulez, pourvu qu'il s'agisse d'un sujet apprécié de ces hommes et de ces femmes. Seulement, vous n'avez pas le droit d'être vétu face à eux. Vous devez vous fabriquer une tenue à partir de ce que vous trouverez, avant d'imposer votre point de vue. » Produits de la nature ou débris, tout était permis pourvu que rien ne soit dérobé.

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Sam 15 Nov 2014, 23:17



Autrui et nous même.

Je regarde la lettre qui m'est adressée. Moi, choisie pour une épreuve? Mais quelle épreuve ? Et pour quoi faire ? Puis qui donc m’a choisi ? Rien de tout cela ne m’emballe réellement. Je sens presque qu’il y a une arnaque là dessous. Je soupire et regarde ce qui est inscrit sur ma lettre. « L’épreuve ». Franchement, qu’elle est encore cette blague qui, ma foi, ne m’amuse pas du to…

Je suis où là ? Je regarde le paysage autour de moi. Un long soupire s'échappe de mes lèvres. Bien, je suppose donc que c'est une île au vu du paysage se détachant. Décor idyllique, jolies femmes, invités qui semblent en pleine conversation. Je laisse un nouveau soupire s'échapper de mes lèvres entre-ouvertes.  Je tourne la tête vers les autres personnes présentes à mes côtés, car fait étrange : je ne suis pas seule. Une chevelure blanche se détache du petit groupe, et je manque de m'étouffer en m'apercevant que c'est bien ma femme, et qu'elle est nue, tentant désespérément de garder une once de pudeur. Par un reflex naturel et anxieux, je regarde mon propre corps pour m'apercevoir de ma propre nudité. Un large sourire vient alors se poser sur mes lèvres. Finalement, leur jeu risque de m'amuser. Une femme brune vient alors nous parler, je ne sais pas qui elle est réellement, mais il se dégage en elle quelque chose qui me plairais d'atteindre un jour. Elle nous explique que c'est notre hôte pour la soirée et un de mes sourcils vient se lever. Elle a une manière ma foi des plus originale pour accueillir les gens, sauf si c’est une tradition ‘’normale’’ d’accueillir les gens à moitiés nus chez soi. Je passe une main désinvolte dans mes cheveux. La nudité ne m'a jamais dérangée, et devoir parler devant des vieux grincheux ne m'a pas l'air d'être un problème. Je regarde le reste des candidat, composés presque que de femmes, tenter de se cacher ou de trouver de quoi s'habiller d'une façon des plus décentes. Et bien non, pas moi. Je suis autant à l'aise nue, qu'habillée. Je souris et fais glisser ma langue sur mes canines supérieures. Nous devons alors leur parler d'un sujet qui les passionne ? Et nous habiller d’objets de récupération ? J'ai l'impression que plus que la nudité, c'est ce qui va être le plus dur. Leur parler j’entends. Cependant, alors que je pense cela, une idée vient se placer dans ma tête, refusant de s'en déloger. Très bien. Tous ce gens de la haute pensée veulent du spectacle moral ? Ils l'auront. Le visuel aussi. Je laisse un petit rire sortir de ma gorge. Je pose un regard sur les lieux m’entourant. C’est une barque qui semble échouée qui risque de faire mon bonheur ce soir. En effet, je me détache du groupe et constate qu’il y a à l’intérieur quelques objets sympathiques. Plongeant mes mains dans la barque, j’en sors un long filet de pêche, et quelques cordes. Très bien. Enroulant sur lui même le filet, je m’en sers comme bustier pour cacher un minimum ma poitrine. Je laisse alors mon regard tomber sur ce qui ressemble à un vieux sac en coton, ou en une autre de ces vieilles matières artisanales. Il sent la marée à plein nez, mais tant pis. Le pliant de façon à le positionner entre mes cuisses sans qu’il me dérange de trop, je l’attache autour de ma taille avec la corde trouvée précédemment. On dirait une sorte de grosse couche, sauf que j’ai quarante ans. Tandis que je vois les autres chercher à se faire un peu oublier de par leur condition physique, je m'avance alors vers le groupe, d'une démarche qui leur dit « Regardez moi. »

(la tenue):

Je ferme un instant les paupières, essayant de me dire que tous les regards lubriques des personnes autour de moi ne sont pas braqués sur ma poitrine blanche aux seins ronds à peine dissimulée sous les mailles du filet de pêche, sur mes hanches légèrement prononcées ni sur la tenue couvrant mon intimité du mieux que j’ai pu. Prenant une grande inspiration, j'ouvre alors les yeux. Ma voix lorsque je parle est claire, bien que tremblant un peu.
« Bonsoir à tous messieurs, et mesdames. » Au fond de moi, je me sens déjà agacée de devoir faire preuve d'autant de politesse et de modestie. J’attends un instant que les voix autour de moi se taisent, et que les murmures s’apaisent. Bien, je dois les brancher sur un sujet ? Très bien, choisissant on un de conséquence. Je l’aide mes pas me guider vers l’estrade, et me place face à l’assemblée, une main sur les hanches, l’autre bras badant joyeusement dans le vide. Je me répète alors.

Messieurs, mesdames. Quelle idée me diriez vous, de venir ainsi vous parler. Non pas que cela soit déplaisant pour vos yeux, puisque chacun de nous a une attirance à la nudité. Mais tout simplement, cela peut choquer au vu du contexte. Effectivement, qui dans une assemblée de penseurs viendrait ainsi vêtu ? Eh bien moi j’ose. Et voilà de quoi je vous parlerais ce soir, si vous le voulez bien. Du regard d’autrui, et de l’impact qu’il a sur nous.
Je marque un temps de pause, observant tous les visages ainsi tournés vers moi. Je retiens à grande peine ma main non prise par ma hanche de venir se passer non-chalement dans mes cheveux.
En effet, regardez moi, qui pourrait se dire que le regard d’autrui m’importe et me freine lorsque l’on me voit ainsi vêtue face à vous ? Personne, je vous l’accorde. Et pourtant. Le regard d’autrui nous blesse, nous touche, sans lui, nous ne sommes cependant rien. Car si ce dernier est dur à assumer, le manque de celui là nous met face à un manque de reconnaissance. Or notre reconnaissance passe par l’opinion que les autres se font auprès de nous. Il y a plusieurs types de reconnaissance. La reconnaissance spirituelle pour notre valeur par exemples.
Je regarde mes spectateurs, me demandant un instant si parmi eux il y en a des hauts placés dans leur hiérarchie raciale.
Mais je m’égare.
Je laisse un petit soupir s’échapper de mes lèvres.
Le regard d’autrui je disais donc. Ne pensez vous pas que, craindre ce dernier se rapporte à nous craindre nous même ? Ne pensez vous pas chers amis, ce mot m’écorche la bouche, que le regard porté sur nous par les autres ne peut que nous rendre plus fort ? De mon humble avis, je pencherais pour cette hypothèse comme quoi sans les autres, nous ne sommes personne. En effet, nous nous construisons pour les autres, et les autres nous construisent.
Etes vous en train de nous supposer que nous avons tous besoin les uns des autres ?
Je braque mon regard sur l’homme qui venait de parler. Un vieil homme grisonnant. Au regard aigu.

Oui, c’est effectivement une idée que je suis en train de soulever. Prenez exemple de nos races. Sans les humains, les anges n’auraient pas de travail, et sans les anges, il n’y aurait pas de démons. Sans la magie, mages blancs et noirs n’auraient aucune raisons de se chercher. C’est cela que je cherche à vous prouver. Nous avons besoin des autres pour exister.
L’homme fronce ses sourcils, et un autre, plus jeune, prend la parole. J’en avais complètement oublié ma tenue, j’étais maintenant prise totalement dans ma réflexion, réussissant à m’oublier moi-même.
Si j’en crois votre hypothèse, le regard qu’autrui porte sur nous est une force. Alors pourquoi certains le prennent-ils comme une faiblesse ? Il toussota. Ce que je veux dire, c’est que si le regard des autres nous rends fort, il nous blesse aussi n’est-ce pas ? Sinon, pourquoi certains s’abaisseraient-ils à se vêtir come vous par exemple ?
Une vague de rire monte dans l’assemblée, et je ne sais pas comment le rouge aurait pu se retenir de me monter aux joues.
Je prends le fait que vous parlez de ma tenue comme un compliment, puisqu’il sous-entends que vous m’avez regardé, et donc, apprécié ce que vous avez vu.
Je passe ma langue sur mes canines.
Et pourquoi certain le prennent-ils comme une faiblesse d’être jugé par autrui, je ne peux vous répondre. Tout simplement ces personnes là sont faibles, et ne peuvent se suffire à elles même. Ainsi le regard que porte les autres sur elle leur est essentiel et c’est ce qui les attire vers le bas.
Je vous conclurais ceci simplement : si vous voulez être fort et respectez, faites le pour qui vous êtes. Non pour ce que les autres attendent de vous.


Je tourne alors les talons, sous les commentaires appréciateurs de certains et désapprobateurs des autres. Je ne sais pas si j’aurais eu leur respect, mais cela faisait toujours du bien de s’exprimer pour défendre nos idéaux, n’est-ce pas ? Haussant non-chalement mes épaules, je me dirigea vers mon humaine, pour lui poser un discret baiser sur la joue, avant de décider de m’éclipser le plus discrètement possible.

(c) Code par Nartiifiice.



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Mer 26 Nov 2014, 20:22

« L’épreuve. »
C’était tout. Rien de plus.
Cemilia tenait la lettre à la main et tentait de déchiffrer ce que pouvait bien vouloir signifier cette étrange missive, lorsque cette dernière s’illumina soudain dans ses mains – un bout de papier pouvait-il vraiment s’illuminer ? – et la jeune femme se sentit basculer en avant contre sa volonté.

Les pieds de Cemilia heurtèrent le sol, et elle trébucha légèrement avant de se redresser et de cligner des yeux d’un air abasourdi. Une odeur iodée picota l’intérieur de ses narines, le cri un peu éraillé d’une mouette résonna dans son tympan. Et en bruit de fond, le roulis infini de la mer.
La mer ?
Cemilia battit plus vigoureusement des paupières. Quelque chose de trop étrange venait de se passer en l’espace de quelques secondes pour qu’elle ait le temps de comprendre, ou même de réaliser, ce qui venait de se passer.
Pour commencer, elle avait visiblement été téléportée, sur une île de surcroît.
Il était raisonnablement probable que la lettre qui lui était littéralement tombée dans les mains deux ou trois minutes plus tôt était la raison de cette téléportation.
Ce qui n’expliquait toujours pas ce qu’elle faisait ici.
Trop étonné par la bizarrerie de la situation, le cerveau de la jeune femme semblait être resté aux alentours de la Rivière Éternité, là où son corps s’était lui aussi trouvé il y a peu. Impossible d’actionner la moindre de ses méninges pour tirer au clair ce phénomène de magie pure – et les Aetheri savaient à quel point la magie demeurait une science obscure aux yeux de Cemilia.
C’est alors que cette dernière discerna soudain une rumeur qui se détachait du va-et-vient de l’eau – des voix. Des dizaines et des dizaines de voix, dont certaines montaient dans les aigus sous l’effet d’une excitation palpable.
Cemilia n’était pas seule sur l’île. Et les gens qui étaient ici s’y étaient rendus pour une raison précise, la même qui les plongeait dans cet état d’euphorie traduit dans leurs voix lointaines.
S’arrachant à l’immobilité qu’avait généré sa surprise, Cemilia se mit en marche vers la source des voix. À présent, l’incrédulité avait laissé place à de la curiosité pour cet événement si particulier, et elle repensa à ce qui était inscrit sur la missive qu’elle avait reçue, avant que celle-ci ne se transforme en portail de téléportation.
L’épreuve.
Voilà qui avait de quoi éclairer l’Orisha.
-La coupe des nations, marmonna-t-elle, tandis qu’un sourire se dessinait sur son visage.
Elle avait entendu ce nom dans toutes les bouches, des semaines durant, peu importait l’endroit où elle se posait pour la nuit : dans les villes, les villages, et même sur les routes, tout le monde était au courant de cette convention extraordinaire, ce tournoi géant organisé entre toutes les races, cette mise à l’épreuve des moindres ressources des chaque participant.
Évidemment, Cemilia s’était promis de se rendre dès que possible à Avalon, la capitale des Déchus et hôte de la coupe des nations. Elle ne pouvait laisser passer cette occasion en or d’assister à un tel événement, sans parler de la ville d’Avalon elle-même, qui valait sans nul doute d’être admirée.
Mais elle ne s’attendait pas à être projetée sur une île perdue en pleine mer pour célébrer l’événement. Il lui semblait qu’une partie de l’affaire demeurait dans un pan d’ombre dans son esprit.
Cemilia franchit une butte rocailleuse qui lui masquait la vue sur la côte ouest de l’île, et soudain, elle découvrit d’où provenait toute l’agitation qui l’avait guidée jusqu’ici. Elle resta bouche bée.
C’était un rassemblement impressionnant d’hommes et de femmes qui discutaient par groupes, disséminés aux quatre coins de l’île. Tous étaient élégamment vêtus et se comportaient de manière distinguée ; ils paraissaient étrangement déplacés dans le décor minéral et sauvage de l’île.
Au centre du terre-plein se dressait une estrade tout en longueur, qui rappela à Cemilia le concours auquel elle avait participé, une vie plus tôt, le « Miss Yin&Yang » - maintenant encore elle se demandait comment elle avait pu accepter de prendre part à une telle expérience. Plus loin, sur la gauche, bordée d’arbres maigrichons, était bâtie une demi-douzaine de hutte en toit de chaume. L’Orisha se demanda vaguement ce qu’elles pouvaient bien abriter, mais son regard avait déjà glissé vers le côté opposé : là-bas, une seconde estrade, plus petite que la première, et carrée, attirait les visiteurs bien habillés.
Cemilia comprit qu’elle se trouvait manifestement sur les lieux mêmes de l’une des épreuves de la coupe des nations. Mais chacun des invités se faisait-il amener ici par téléportation à travers un bout de papier ?
Malgré les premiers doutes qui commençaient à creuser son esprit, la jeune femme s’approcha des convives. Sur son chemin, elle surprit soudain une conversation qui aiguilla son attention : une femme était en train d’exposer à un auditoire attentif et déterminé les consignes précises de l’épreuve – l’épreuve de charisme, comme ne tarda pas à l’apprendre Cemilia. Les interlocuteurs de la femme étaient, quant à eux, visiblement des candidats à la coupe des nations. Ce qui inquiéta considérablement la jeune femme lorsqu’elle constata que l’organisatrice de l’épreuve s’était à présent tournée vers elle et lui adressait tout autant qu’aux autres les consignes de l’épreuve.
Un déclic se fit dans l’esprit de Cemilia.
Elle avait été choisie pour concourir à la coupe des nations.
Sa première réaction fut de paniquer. Certes, elle avait voulu regarder les épreuves, mais y prendre part ? Jamais cela ne lui avait traversé l’esprit.
Mais le sentiment s’estompa vite pour laisser place à un certain défi. Après tout, elle n’avait rien à perdre à se lancer dans une telle entreprise. Et tout à gagner.
Tu montes sur tes grands chevaux, ma grande, songea-t-elle avec ironie.
Son esprit soudain en ébullition, elle suivit les règles édictées par l’organisatrice de l’épreuve et se dirigea d’un pas décidé vers les huttes qu’elle avait avisées plus tôt. Elles étaient, paraît-il, remplies d’aliments au goût abject ; le but était d’arguer en leur faveur auprès du public pour les convaincre de passer outre la saveur pour en faire le meilleur produit.
La hutte n’était éclairée que par la lumière diffuse qui entrait par la porte, et Cemilia se pencha aussitôt sur son contenu, aligné sur trois longues tables. La jeune femme fronça le nez. Le goût de ces aliments n’était pas le seul repoussoir, l’odeur était également insoutenable.
Comment faire pour transformer ces horreurs en incontournables par le simple pouvoir de la parole ?
Le regard de Cemilia fouilla l’amas de produits, distinguant algues, crustacés, poissons – elle préférait ne pas savoir de quand dataient ces cadavres – et bien d’autres produits de la mer.
Après quelques minutes d’hésitation, elle finit par s’emparer d’un tas d’algues brunâtres, enduites d’une substance gélatineuse qui lui colla aux doigts. Réprimant le frisson de dégoût qui courait le long de son dos, elle sortit de la cabane pour rejoindre la petite estrade que lui avait désigné l’organisatrice tantôt.
C’était là qu’elle devrait faire ses preuves devant tout ce beau monde.
Se contraignant à ne pas afficher une grimace dégoûtée, Cemilia ferma les yeux et inspira profondément. Elle devait jouer un rôle. Elle devait devenir une femme convaincue par les bienfaits de ces algues, elle devait adorer ce produit maritime. Elle devait devenir ce rôle à part entière.
Rouvrant les yeux, elle s’empara de son fardeau comme s’il s’agissait d’un trésor inestimable. Les yeux rivés sur les feuilles brillantes de gélatine, elle s’avança d’un pas lent vers l’estrade. Les premiers invités la remarquèrent, et quelques chuchotements s’élevèrent sur son passage. Mais elle n’y faisait pas attention. Rien n’était plus précieux, en cet instant, que cette algue qu’elle tenait entre ses mains.
Pas à pas, elle escalada l’escalier qui la menait sur l’estrade. Une fois en haut, elle leva pour la première fois le regard vers l’assemblée qui la dévisageait à présent avec attention. La jeune femme sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine, mais elle ne laissa rien paraître. Son visage exprimait un calme et une assurance absolus.
-Honoré public, bonjour, déclara-t-elle d’une voix claire. Je suis aujourd’hui ici pour vous présenter cette algue que j’ai entre mes mains.
Il y eut de nouveaux murmures dans la foule, appuyés de quelques rires. Cemilia poursuivit :
-Je voudrais vous offrir une image. Fermez vos yeux, ouvrez vos cœurs.
L’hésitation et le mépris se lut sur les visages, mais l’Orisha ferma elle-même les yeux, et les premiers spectateurs finirent par consentir à suivre son exemple. Cemilia se mit à raconter :
-Vous êtes dans la mer. Vous sentez le roulis des vagues, la berceuse du courant. Vous voguez au rythme des marées. Le silence est total, l’harmonie vous enveloppe dans un cocon de quiétude. De temps à autres, un rayon de soleil vient percer les flots et vous caresse d’un souvenir de chaleur. Vous êtes partie intégrante d’un tout, d’un univers entier. Vous êtes plus que simplement dans la mer : vous êtes la mer. Ses organes, ses bras végétaux, la vie qui l’anime. Paysages aquatiques, emplis de couleurs et d’ombres, de mouvances et d’immobilité, vous vous y fondez. Les poissons bariolés vous frôlent le temps d’un soupir, les créatures des profondeurs remontent le temps de vous surveiller du coin de l’œil. Vous êtes la vie de la mer. Vous êtes infini.
La voix de Cemilia s’éteignit, et un grand silence tomba sur l’assemblée. La jeune femme gardait les yeux fermés. Elle souriait.
-C’est bon ? reprit-elle après un instant de silence. Pouvez-vous voir l’image ? Bien. À présent, imaginez-vous que ce que vous voyez dans votre tête, cette existence magnifique, a la chance de se retrouver dans votre assiette. Profitez de chaque bouchée de cette algue, de chaque particule de la vie de la mer.
Nouvelle pause, bien plus courte cette fois.
-Vous pouvez ouvrir les yeux.
Elle-même décolla ses paupières l’une de l’autre, et osa regarder l’assistance. Tous avaient leur regard tourné vers elle, les yeux pleins des derniers restes de la lumière que ses mots avaient su allumer en eux.
Et soudain, il y eut le premier applaudissement. D’autres s’y joignirent, et bientôt le public entier frappait avec conviction dans ses mains.
Le sourire aux lèvres, Cemilia s’inclina et quitta la scène.
Dès qu’elle fut hors de vue, elle jeta l’algue au loin et s’essuya les mains sur sa veste d’un air dégoûté.

1 724 mots.
J'espère que tout est en ordre !
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Rosée du Matin
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Rosée du Matin
Mer 26 Nov 2014, 22:36



Dans son jardin, la petite fée se reposait après une rude journée à discuter avec ses plantes de ses dernières aventures et à féliciter son buisson pour l'ouverture de ses récentes fleurs. Ce fut Fruits des Bois qui la réveilla en grinçant des dents à proximité de son oreille droite pour lui montrer un étonnant arrivage. Sur l'un des rochers qui parsemait son jardin, trônait la magnifique peluche en forme d'araignée qu'elle avait un jour reçue pour une raison inconnue. Elle l'avait conservé et lui avait offert une place de choix au centre de ses fleurs pour pouvoir l'admirer, peu important l'endroit où elle se trouvait. Aussi, il ne lui fallut guère longtemps pour apercevoir l'étrange papier coincé entre ses pattes. La petite fée arqua un sourcil interrogateur, se plaignant déjà de cette pollution chez elle. Qui donc avait osé souiller son araignée poilue avec un bout de parchemin rugueux? Cependant, Rosée remarqua très vite qu'un mot était écrit dessus. La calligraphie fine et ondulée ainsi que la couleur chatoyante de l'encre utilisée la rendit curieuse. Un petit mot gentil pour elle? Elle fut toutefois rapidement déçue par l'unique mot.

« L'épreuve?» répéta-t-elle à haute voix, comme si cela eut pu changer la nature même de l'écrit.

Fruits des Bois ne put lui fournir une réponse, car il disparut en même temps que la petite fée; téléportés sur une île méconnue. Rosée regarda autour d'elle, étonnée et incrédule. Ce n'était pas la première fois qu'une pareille chose lui arrivait ─ un arbre l'avait un jour conduite dans un étrange endroit ─ mais elle ne s'y habituait toujours pas! Quelques femmes les accueillirent avec le sourire, leur offrant en même temps le nom de l'endroit: les îles Meryln. La fée ouvrit la bouche pour laisser s'échapper un cri d'admiration non feinte. Le paysage était magnifique et la petite Rosée en oublia la manière dont elle s'était retrouvée en ce lieu. Elle ne pensa même pas à la façon dont elle retournerait chez elle... Cela n'avait pas d'importance pour le moment.

Rosée du Matin écouta le discours de la jeune femme à la beauté gracieuse, virevoltant au-dessus des têtes pour mieux l'observer. Elle parla d'un dénommé Oliver Holly, pas très sympathique au vu de la description faite du personnage. Il fallait apparemment défilé pour lui, en s'habillant en homme pour les femmes et inversement pour les hommes. Le but était tout simplement d'embêter le grand couturier. La petite fée hocha rapidement la tête; jouer des tours aux humains, cela lui plaisait drôlement. Elle n'avait pas souvent l'occasion de s'adonner à cet art. La petite fée remonta des manches invisibles, bien décidé à participer au défilé. Il restait juste à se déguiser en monsieur… Elle regarda un instant son ami qui battait des ailes à ses côtés.

« Tu veux aussi participer ?
Crunch crunch, fit-il en hochant la tête de bas en haut
Faut que tu te déguises en souris alors.
Crunch ?
Je sais bien que tu es une souris… je veux dire en souris femelle, puisque t’es un mâle »

Intrigué, le souriceau pencha tout de même la tête pour vérifier sa nature masculine. Après avoir écarté quelques poils, cela ne faisait plus aucun doute. Aussi, avec son amie fée, il se mit à réfléchir sur les vêtements à porter pour changer leur sexe respectif. Il fut le premier à trouver une idée et tendit ses petites pattes vers les longs cheveux roux de Rosée pour amener quelques mèches sous son nez. La petite fée pencha la tête un instant avant de comprendre.

« Oh, mais ça me fait une moustache !» s’exclama-t-elle alors en rigolant devant sa nouvelle allure.

Cela l’inspira et les deux petites créatures filèrent près du sol pour ramasser ce dont ils avaient besoin pour leur métamorphose. Avec un ruban rose, Rosée fit un joli nœud au bout de la queue de son ami Fruits des Bois, puis, avec des pétales de fleurs, elle lui fabriqua une jolie jupe bariolée, presque psychédélique, au vu du nombre de couleurs différentes. Elle attacha ensuite quelques plumes ensemble et les déposa autour du cou de la petite souris qui fit un bond, ravi par sa nouvelle tenue. Rosée éprouva plus de difficulté à mettre au point sa transformation, notamment à cause de ses longs cheveux. Elle piqua ci et là des brindilles pour les maintenir aplatis au maximum et recouvra le tout d’une longue feuille verte à laquelle elle donna la forme d’un chapeau, proche de ceux portés par les corsaires. Elle avait gardé deux longues mèches pour les nouer sous son nez et les avait tressées pour rendre sa moustache plus jolie. Pour son vêtement, elle opta également pour de longues feuilles vertes et tenta d’imiter un costume traditionnel d’homme. Pour rajouter de la couleur, elle attacha ci et là des petits grains de blé dorés et mit une cordelle de chanvre autour de son cou pour imiter un accessoire de mode porté par quelques hommes dont elle avait pu croiser le chemin. Elle fit un tour sur elle-même pour contempler son travail, puis, satisfaite, s’approcha de l’alfar à l’air très hautain. Rosée regarda son ami, soudainement inquiète par la prestance de l’homme.

« J’crois que je n’oserai pas lui demander de défiler pour lui… Regarde, j’ai déjà les ailes qui tremblent»

Le souriceau la rassura en la tapotant amicalement avec le bout de son museau, l’invitant à aller se présenter à l’homme. Après tout, ils étaient là pour s’amuser et il était certain que la fée saurait se montrer convaincante. N’étaient-ils pas les plus beaux ? La fée hocha la tête et fit pianoter ses doigts délicats sur l’épaule du dénommé Oliver pour attirer son attention

« Nom d’un Aether ! s’exclama-t-il horrifié. Que sont donc ces horreurs ?!
Moi c’est Rosée du Matin et lui, c’est Fruits des Bois. Nous aimerions défiler…
Défiler? Vous deux ? la coupa-t-il immédiatement. Vous vous êtes vus ! C’est quoi cette moustache ? fit-il en se plissant les yeux pour mieux observer la fée. Des cheveux ? Vous avez mis vos cheveux sous votre nez pour faire une moustache ! Et ça, c’est quoi ? Une souris… avec des ailes et un nœud rose à la queue? Il est hors de question que vous défilez vêtus comme… comme… Il n’y a pas de mot pour décrire ces immondes accoutrements. Fichez-moi le camp immédiatement !
Mais mais mais…»

La petite fée était malheureusement aussi charismatique qu’un pleurote et ces efforts pour convaincre le couturier à plusieurs reprises furent vains. Agacé par Rosée, il finit par l’envoyer balader d’une pichenette, la considérant comme une vulgaire mouche au bourdonnement dérangeant qui mériterait d’être écrasée. La fée en larme vit rouge devant ses paroles et éleva le ton, se moquant de la prestance de l’homme.

« Vous êtes méchant ! Les mouches, ça ne s’écrase pas ! Je vais demander à un moustique de vous piquer le bout du nez et il sera tout gros tout moche pour votre défilé, na !» s’écria-t-elle avant de tourner des ailes, déçue.
Woh poppopo ! Où tu t’en vas comme ça ? lui demanda-t-il en l’attrapant dans sa main.
Je vais chercher un moustique, un avec une grosse trompe, vous aurez un très vilain nez pas beau du tout.
Je pourrais t’écraser, là, maintenant, entre mes deux mains.
Vous ne feriez pas ça? demanda-t-elle d’une voix timide et incertaine… si ?»

L’homme arqua un sourire sadique avant de refermer sa main. Fruits des Bois, horrifié par le geste, fonça droit sur les fesses de l’ignoble Alfar, dents pointues en avant. En même temps qui lui mordait l’arrière train, la fée avait sorti son épine de rose et l’avait plantée dans la paume d’Oliver qui hurla sous la douleur.

« Ah ! Je suis défiguré et mon séant est humilié à jamais par une vulgaire souris horriblement vêtue !
Attends, tu vas voir quand mes amis vont venir s’occuper de ton nez. Vilain !
Vous ne me faites pas peur toi et ton… ta… , l’homme regarda Fruits des Bois, indécis sur le terme qui convenait pour le nommer, puis, il se contenta de lui retirer le bout de tissu qui était resté entre ses dents. Rends-moi ça, c’est du tissu de qualité, ça vaut une fortune ! Maintenant hors de ma vue… »




Cependant, lorsqu’arriva l’heure du défilé, les convives présents eurent la surprise de voir déambuler une fée avec une moustache rousse et une souris avec un nœud rose au bout de la queue. Et encore, déambuler était un terme faible, puisque les deux petites créatures ravies de leur participation, ondulèrent dans les airs pour se montrer sous leur meilleur jour. Afin de se venger de l’Alfar qui l’avait serrée dans ses mains peu accueillantes, elle s’était mise à chatonner, entourer de quelques insectes qui virevoltaient autour du duo. Elle se permit même de lui faire un petit signe de la main, mi amusé et mi taquin. Le célèbre Oliver Holly rentra un peu plus la tête dans ses épaules, cherchant à imiter les tortues. L’un de ses assistants se tourna vers lui pour l’interroger sur cette désastreuse présence lorsqu’il remarqua un détail étonnant et pointa aussitôt du doigt le visage que l’Alfar tentait de cacher derrière de amples foulards.

« Vous avez quoi sur le nez ?
Rien! »

L’assistant n’insista pas plus, comprenant au ton sec et brutal de la voix du couturier qu’il risquait de perdre sa place s’il cherchait à en savoir plus. Il n’osa même pas demander pourquoi une fée et une souris étrangement vêtus défilaient de manière incongrue. Il était des questions qu’il ne fallait pas poser…

Mots et résumé:



♪ Chante ♫
~ Coupe des Nations : Épreuve de Charisme ~ YjFKpln

Merci  Kaahl  nastae
:◄♥►:

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Mer 17 Déc 2014, 15:12


Agenouillée près de la petite hutte, l'esprit égaré entre quelques pensées évasives, Lily-Lune avisait ses choix avec un infini soin. Voilà quelques minutes déjà qu'elle avait rejoint les plages de sable blanc des îles Meryln, bercées par le doux ronronnement des vagues et des vents. Elle se trouvait encore au Palais de Maëlith, sur le départ pour Avalon, lorsqu'elle remarqua l'enveloppe, délicatement posée sur l'un des meubles du hall, contre un antique vase aux fleurs colorées. Tracé à l'encre noir, l'unique mot laissait présager quelques informations sur la prestigieuse Coupe des Nations qui se déroulait aux quatre coin des Terres. Intriguée, elle s'en approcha sans malice. La lettre lui rendit bien cette innocence. A peine avait-elle effleuré l'épais papier qu'en un battement de cils, elle quitta le climat doux et tempéré des plaines d'émeraude pour la chaleur exotique des îles sauvages et oubliées du grand large. L'épreuve avait bel et bien débuté, d'une manière assez imprévue et inattendue. Le maître de cérémonie, une mystique jeune femme brune dont la puissance obscène faisait douter de sa prétendue mortalité, avait soufflé quelques explications et consignes. L'objectif était simple et ne prêtait guère à interprétation : il suffisait de convaincre une foule raffinée de la qualité d'un immonde produit. Le chemin pour y parvenir était bien moins certain. Il paraissait primordial à la Vénus d'accorder une attention particulière au produit dont elle ferait la promotion. Son regard rêveur s'attarda sur une montagne de chocolats. Du bout des doigts, elle en attrapa un pour en croquer un morceau, avec une évidente appréhension qui se trouvait bien vite justifiée. Il fallait bien savoir à quoi s'attendre. Son visage de lys se tordit brièvement en une grimace dégoûtée. Il était vraiment ignoble : parfait, en somme. Une idée était née. Sans hésiter la moindre seconde, l'Orine sacrifia sa longue robe pour en faire quelque chose de nouveau, une nouvelle tenue qu'elle espérait attractive et alléchante.

Quelques curieux se tournèrent à l'arrivée de la belle étrangère, attirés par la grâce qu'elle dégageait, surpris par son allure. Son élégante silhouette était enfermée dans une longue robe fourreau, dont le bas s'évasait. Le haut corseté soulignait sa ligne tandis que le vertigineux dos nu offrait une vue imprenable sur la chute de ses reins. Ses longs cheveux noirs étaient relevés en une coiffure travaillée, piquée de broches, qui laissait les pointes lâches et torsadées le long d'un de ses bras. L'originalité de la tenue résidait en ce que Lily-Lune en avait fait. Plus que porter un plateau de chocolats à offrir en dégustation, elle avait pris le temps de travailler la confiserie, selon les formes et les couleurs, pour qu'elle devienne partie intégrante du vêtement. Ainsi, une ribambelle de friandises venait s'ajouter aux tons chauds de la robe, dentelles de douceurs pralinées. Certaines s'érigeaient même comme un bijou à la pointe des broches qui maintenaient ses cheveux en place. En deux temps trois mouvements, elle s'était fabriqué avec un petit chocolat rond et bombé une petite bague qui ornait l'un de ses doigts. Aujourd'hui plus que jamais, on pouvait dire de Lily-Lune ; cette femme belle à en faire peur, considérée par beaucoup comme la plus désirable des mortelles ; qu'elle était tout simplement délicieuse. D'un pas doux et léger, elle s'approcha d'un petit groupe. Elle qui abhorrait user de ses charmes tâchait d'offrir une vision plus sensuelle et gourmande que jamais. Un sourire ravageur quoique timide se dessinait sur ses lèvres rouges, conférant à l'Ange des airs tendres. « Bonsoir. » murmura-t-elle tout bas d'une voix douce. « Puis-je vous proposer de goûter à quelques spécialités des mers et des océans ? Les Sirènes ont fait de l'univers du chocolat un véritable chef d'oeuvre. » Curieux, on la dévisagea quelques instants, très certainement déconcerté par son apparence.

« Je ... » commença un jeune homme qui semblait avoir entre trente et quarante ans. Il n'était guère aisé de savoir s'il s'agissait des mets ou de l'Orine qui l'intéressaient. « Je n'ai jamais eu l'occasion d'en prendre un. » Lily-Lune sourit. « Peut-être est-ce l'occasion, Ser. Les saveurs sont assez inhabituelles pour les non initiés mais l'explosion de parfum est un véritable régal qui saura satisfaire les palets distingués. » Elle tendit le plateau au Déchu qui parut captivé par la proposition. Hésitant, il finit par jeter son dévolu par un petit rocher de chocolat noir dont le goût devait être tout à fait horrible. Il mâcha très lentement. Pourtant, il hocha la tête en signe d'approbation. Ses amis voulurent eux aussi un chocolat. C'est ainsi qu'il devint à la mode d'aimer la friandise, quand bien même elle était d'une réalisation médiocre, bien loin du savoir faire des Sirènes. Certains connaisseurs durent se rendre compte de la supercherie, de la qualité lamentable du chocolat. Cependant, alors que l'engouement prenait de l'ampleur, il aurait sembler déplacé d'aller à l'encontre de l'avis unanime. Tout cela parce qu'un Déchu voulait avoir une chance après d'une belle Orine. En parfaite serveuse attentionnée, cette dernière déambulait à travers la foule afin de proposer ses chocolats. Aux femmes, elle vantait les mérites et les vertus des fèves de cacao, faisant passer les petites douceurs pour le plus efficaces des soins. A ses messieurs les plus réticents, elle avait trouvé de quoi les faire changer d'avis. Ils étaient peu à refuser de croquer directement un chocoat sur la robe de Lily-Lune. Plusieurs fois, la Vénus dût retourner à la hutte pour reprendre de ce chocolat si fade et raté. Elle retoucha même sa robe pour refaire les rangs de friandises.

« Moi, je n'aime pas le chocolat. » affirmait haut et fort un homme grand et sévère d'une quelconque aristocratie, qui tentait son allure de cet air pincé et supérieur. Se baladant un verre à la main, il arguait à qui voulait l'entendre son dégoût pour tout ce qui était à base de cacao. « Réellement, Ser ? Vous ne vous laisserez donc pas tenter ? » souffla la voix de Lily-Lune. Il se retourna, étonné, puis jugea la Vénus, le regard écarquillé. « C'est à dire que ... » - « Peut-être avez-vous eu de mauvaises expériences dans le passé ? Il serait cependant sot de se priver de ces savoureux chocolats. » - « Oui, j'imagine ... » La Vénus s'approcha de lui. Déposant le plateau sur la première table venue, elle n'en prit qu'un seul entre ses doigts fins. D'un sourire, elle le porta aux lèvres de l'Alfar. Prisonnier de ses grands yeux noirs, elle ne lui laissait guère le loisir de réfléchir par lui même. Sans même y penser, il ouvrit la bouche. « Vous aviez raison. » articula-t-il machinalement quand bien même l'un de ses yeux avait tiqué en avalant l'horreur. Petit à petit, la foule fut conquise par la saveur pour le moins inimitable des chocolats et nougatines que proposaient la jeune femme. Certains en dévorèrent même à l'excès. Nul doute qui regretterait le lendemain, lorsque leur ventre se manifesterait.
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Lun 22 Déc 2014, 11:32



Du courrier... Tiens, c'était assez rare ces derniers temps. Je n'étais pas le genre à avoir beaucoup de relations longues distances. Je faisais tourner la lettre dans mes mains. Une fois, deux puis trois. Soudain, une voix me fit sursauter. Je la lâchais d'un coup, la faisant tomber sur le bureau.

« Bon, tu l'ouvres aujourd'hui ou demain ?! »


J'eus un éclat de rire tonitruant avant de ramasser le papier, et de me tourner légèrement.

« Quelle impatience Jinna ! Je n'ose y croire ! »


Je finis par l'ouvrir avec le coupe papier. Avant de la lâcher précipitamment, le courant magique qui l'avait traversé m'avais surpris. Je clignais des yeux, avant de frissonner. Avant de la lâcher précipitamment, le courant magique qui l'avait traversé m'avait surpris. Arrivant dans un endroit bien loin de ma petite maisonnette. La première chose qui me vint à l'esprit... Ce fut que Jinna devait être en train de faire les cent pas dans toute la maison, et de s'arracher les cheveux. D'après le peu que j'avais pus lire, j'avais été sélectionné pour participer à l'épreuve de charisme de la coupe des nations. Un jeu légendaire. Mon torse était gonflé de fierté alors que je sentis une présence, non loin de moi. Une caresse, puis un murmure pour m'expliquer en quoi consistait le « jeu » en question. C'était une voix que je ne connaissais pas. Elle était aussi douce que du miel. Dans une tente, là-bas, se trouvait des produits, tous sans exceptions étaient immondes. Et je devais persuader les nobles qui se trouvaient dans une autre tente que ces produits étaient le comble de la mode... Pas facile donc... Loin de là même. Je plissais les yeux, avant de me retourner. Mais je ne vis personne. Je pris donc le chemin de la dite tente pour regarder ce qui s'offrait à moi. Des fruits... Des parfums... J'en sentis d'ailleurs quelques-uns. L'un était trop sucré, il donnait le tournis. L'autre trop fort... Et un dernier puait carrément... Je laissais donc tomber les cosmétiques... Ce n'était même pas la peine ! Je tournais, furetais, fouillais. Avant de finalement dénicher des fruits. Ils étaient magnifiques, mais la peau était trop dure pour y goûter. Je sortis un couteau de ma poche pour couper la cosse. Mais cette dernière s'échappa de mes mains pour venir atterrir dans la cheminée qui se trouvait non loin de là. Je dus aller la chercher du bout de mon petit joujou. La cosse était partie, et le fruit était donc libéré de sa prison. Il était chaud, je le regardais dans tous les angles. L'intérieur n'était pas bien beau. Tout racornis, ridé, je croquais quand même dedans. La chaleur rendait le fruit un peu plus digeste. J'eus alors une idée. Elle me percuta de tout son poids. Un grand sourire rempli de défis s'étira alors sur mes lèvres. Je me saisis de ces fruits, ainsi que d'autres, les épluchant et les posant sur des piques. Des brochettes... Ce n'était pas forcément glamour, mais le mélange papillonnant de couleur était saisissant. Il y en avait même que je n'avais... Jamais vues. C'était étrange. Mais plaisant à regarder. Je posais le tout sur un plat d'argent. Bon... Il fallait aussi soigner ma personne. On avait beau dire qu'on était tous égaux, le regard changeait selon qu'on soit beau ou laid, qu'on soit bien habillés ou vêtus d'un sac. J'allais donc chercher de quoi m'habiller. Je trouvais ça bien vite... Enfilant une chemise bleue en soie, à col mao que j'enfilais. Des dragons bleus étaient cousus sur le tissu. Les boutons étaient dorés, et ressortaient. Je fermais le tout, avant d'enfiler un pantalon noir, à coupe droite. Ainsi que mes bottes en cuir de mouton. Elles étaient d'un brun foncé, je me tournais, me retournais devant le miroir, cherchant la présence du moindre petit défaut. Satisfait, je baissais alors les yeux sur mes bagues. Deux bagues de phalange. Représentant des ailes. Je pouvais les garder. Ça ne faisait pas vulgaire. Je me munis donc du fameux plateau de brochette. Marchant avec grâce, la tête bien haute. La démarche était aussi très importante. Je le savais très bien. Les faire manger ces fruits... C'était un peu une forme de séduction. Alors il ne fallait montrer que la perfection. Il fallait leur donner envie. J'entrais alors qu'ils étaient en train de discuter de choses et d'autres entre eux. Je leur fis une belle révérence, tout en les saluant.
« Bonjours mesdames, messieurs. »
Je leur offris donc mon plus beau sourire. Ce dernier était mielleux, et purement commercial. Il fallait se montrer serviable et sympathique. Ce que je fis. J'avais déjà remarqué que je dégageais quelque chose qui inspirait la confiance. Ça marchait... Sur certains, pas sur tous. Je leur apportais mon plateau.

« Ce sont des fruits de mon pays. Souhaitez-vous y goûter ? Chez nous... Il se dit que ces fruits ont la particularité d'adoucir la peau et est un puissant anti-ride. De plus, ne trouvez-vous pas leur couleur tout bonnement incroyable ? »

Certains hochèrent la tête, tandis que d'autres levaient les yeux au ciel. Comme si un gringalet comme moi pouvait dire la vérité. J'avais imbibé d'alcool les brochettes, et je n'eus qu'à les plonger une fois dans le feu, pour ressortir les fruits auréolés d'une douce flamme bleue. Rien que ce tour de passe passe les impressionna. Je leur tendis les brochettes. Leur expliquant qu'il suffisait de souffler dessus pour que le feu s'en aille, et que les brochettes étaient prêtes à être dégustées. Certains se prêtèrent au jeu. Avalant la totalité de la brochette. J'eus même droit à des « « quelles saveurs exquises, tellement exotiques ! ». Impossible de savoir s'ils trouvaient vraiment bon le goût de ces fruits. Personnellement, je ne les aurais même pas données à Jinna. Pourtant, notre jeu favori consistait à piéger les plats que nous nous préparions. Certes, il y eut des incorruptibles, qu'il me fut impossible de convaincre, ils en avaient goûté un, et refusait de plonger leurs quenottes dans les autres. Mais la plupart furent néanmoins conquis. Je pensais que l'anti-ride avait dû être le principal facteur. Les gens courraient toute leur vie après leur beauté, ce n'était pas mon cas bien sûr. Je n'aurais jamais ce problème. Mais j'avais réussi à insuffler la confiance chez certains. C'était fou comme les gens étaient influençable. Je devais être comme ça... Moi aussi. Cette constatation me percuta. Il suffisait de leur dire ce qu'ils voulaient entendre, pour qu'ils nous croient, pour qu'ils s'abreuvent de nos mots. Il était temps de partir... Je leur offris une courbette polie. Avant de prendre congé.

« En espérant que ces brochettes vous aient plu. Je vous souhaite une bonne journée. »

Avais-je été bon ? Je n'en étais pas si sûr. Après la « représentation » je n'étais pas des plus convaincu. Mais au moins... La plupart avaient gobé mes fruits. C'était déjà ça. Hé bien... Si je me retrouvais sans travail, je n'aurais qu'à me reconvertir en commerçant. Cette aventure était amusante. Même si c'était assez stressant. Un grand sourire naquit sur mes lèvres. Au final... Mentir n'était pas si dur... Jinna allait me tirer les oreilles quand je lui raconterais ça. Elle passait son temps à dire que je me laissais tirer vers le bas par mes démons. C'était faux. Je faisais... Comme tout le monde sur cette terre. Je n'étais pas sûr que ce soit la bonne voie... Mais cela voulait-il dire que j'empruntais le chemin du mal ? Ma famille m'aurait sans doute crier que oui. Mais de toute façon... Pour eux, je n'avais été qu'un vilain petit canard toute ma vie. C'était mon grand frère, la fierté de la famille. Et j'en tirais une certaine amertume. Être comparé à un autre toute sa vie... Il n'y a rien de plus douloureux. Je m'éloignais, la tête haute. Ma bouche, ma grâce, voilà mes armes. J'avais l'impression, malgré tout, d'avoir changé. De ne plus être le même. Mais ce n'était pas la peine de m'arracher les cheveux là-dessus. Pas maintenant. C'était mon moment de gloire. J'espérais que mes parents sauraient que j'y avais participé, qu'ils sauraient que même « la créature répugnante » que je suis devenue est capable de faire parler de lui. Ils ne seront jamais fiers de moi. Ça jamais, j'ai été répudié. Mais qu'importe, puisque je suis moi-même fier de ce que je suis devenu. De la liberté que m'offre la chute de ces carcans de pureté. Les anges ? Ils m'étaient un peu moins sympathique qu'avant. Leur façon de nous regarder de haut... J'en frissonnais un instant. Non... Je ne les aimais pas. Mais qu'importe. Je baissais les yeux vers l'ultime brochette qui me restait dans les mains, j'étais curieux de voir si c'était si « délicieux » que ça. J'en pris une bouchée... Avant de la recracher, tout en toussant. C'était... Spécial. Le fruit était sucré, amer et pâteux. Les gens étaient vraiment... Manipulables.

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Dim 28 Déc 2014, 18:40


Il se dégageait des îles Meryln une ambiance délicate et raffinée. Des hommes et des femmes, dont l'allure hautaine et sophistiquée laissait présager de leur rang, discutaient tout bas autour d'une coupe de champagne. Les sourires sucrés et les rires pincés étaient autant de mélodies qui sonnaient faux aux oreilles de la discrète Shéhérazade. Dissimulée derrière le tronc fin et haut d'un arbre exotique, la douce Rehla contemplait les convives, ces gens qu'elle devrait convaincre des prétendues vertus d'un produit ignorable ou raté. L'angoisse grimpa sournoisement, vieux démon qui riait avec délice de tous les vices. La jeune femme avait l'habitude des foules. Son père, ce séduisant pirate qui n'était autre que le Capitaine du navire, usait souvent de ses charmes pour divertir marins et malfrats. Trop occupés à reluquer la jolie danseuse, ils ne voyaient même pas le leurre et finissaient détrousser, dans la meilleure hypothèse qu'il soit. Shaé n'était guère troublée du rôle qu'on lui attribuait. Cela ne la dérangeait que William abuse de son minois et de ses courbes pour parvenir à ses fins. Elle désirait tellement qu'il soit fier d'elle. Ce fut ce désir qui l'incita à s'inscrire à la Coupe des Nations. Son père voulait que le monde lorgne son plus précieux diament. Elle accepta de représenter son peuple lors de l'épreuve de charisme malgré son anxiété. Elle était une pirate, une artiste, pouvait avoir de l'éloquence mais était une femme froide et distante qui peinait à nouer des liens. Comment parviendrait-elle à persuader des étrangers qui l'envisageraient  comme une vipère acide ? Shéhérazade soupira. Le moment n'était plus propice aux longues réflexions. D'une démarche dansante et légère qui ne laissait rien transparaitre de la lourdeur de son âme, elle s'approcha de la petite hutte pour choisir ce qu'elle défendrait auprès de la noblesse et de l'aristocratie présente. Dans une grimace, elle couvrit son nez d'une main. L'odeur était insupportable. Malgré son envie de fuir prestement, elle prit le temps de fouiller à travers les cagots. Une petite bouteille de verre soufflée tomba presque entre ses mains. Songueuse, la Rehla se mordit les lèvres. Elle avait une idée.

Une brise légère soufflait sur les plages de sable blanc. Les vents marins s'engouffraient dans la soie aux nuances acidulées de la longue robe que portait la Rehla. Le drappé rose soulignait à merveille la silhouette menue de la demoiselle, dont la taille était marquée par une ceinture forgée, touche de sombre dans un tableau lumineux. Sa chevelure dorée descendait en cascades jusqu'à la chute de ses reins. Une couronne de tresses cerclait le sommet de sa tête, maintenue par une broche piquée d'une fleur blanche. Un brin nerveuse, elle tenait entre ses longs doigts la bouteille de parfum dont elle comptait faire la promotion en cette soirée. Elle avait respiré son arôme. Le moins que l'on puisse dire était que la fragrance ne ressemblait à nulle autre. Il devait exister mille et une façons de décrire la senteur, moyens détournés et euphémismes. Pour ne pas tourner autour de pot, mieux valait simplement dire que ce parfum puait. Shaé prit une grande inspiration, tentative dérisoire de se donner un peu de courage. Puis elle se mêla à la foule. « Bonsoir. » murmura-t-elle de sa petite voix chantante dans l'espoir d'interpeller un petit groupe de femmes qui gloussaient, la mine coincée. Les grandes dames tournèrent la tête avec dédain. De leur regards prétencieux, elles avisèrent la nouvelle venue, avant de murmurer un « oui » interrogatif, de mauvaise grâce. La Rehla inclina doucement la tête dans l'esquisse d'une révérence, comme une marque de soumission. Cela devrait plaire à ces femmes qui se pensaient supérieures et appréciaient le sentiment de puissance. « Je réprésente les produits locaux des îles Meryln et j'aimerai vous présenter les secrets de beauté des Meryliennes. » Un éclat d'intêret transperça les mires ternes des interlocutrices. Comment ne pas vouloir ressembler un tant soit peu aux belles brunes exotiques qui dansaient aux lueurs des torches enflammées et chantaient, la voix teintée du délicieux accent de leur contrées. Elles faisaient succomber les hommes comme les femmes. Shéhérazade savait qu'elle obtiendrait une certaine qualité d'écoute grâce à ce petit mensonge. Flegmatique comme elle était, il ne lui était guère difficile de mentir. « Voici la fragrance dont elles se parfument.  » ajouta-t-elle en mettant en avant la bouteille de parfum. « Qu'il y a-t-il dedans ? » demanda quelqu'un après l'émerveillement d'usage. « Du lait de coco et de la vanille, des agrumes et un ingrédient secret. » inventa-t-elle en s'aidant des paysages enchanteurs. « L'odeur est assez inhabituelle pour les nez comme les nôtres mais tout ceux qui l'ont essayé en rafolent à présent. »

Shéhérazade parfuma quelques femmes. Quelques hommes, curieux, s'approchèrent. « Ce parfum est ... curieux. » souffla une première, troublée par les senteurs. « Les idéaux de beauté diffèrent énormément d'une culture à l'autre. Prenez le temps de vous faire aux bouquets fruités et épicés. » répondit la Rehla, sûre d'elle. « C'est vrai que c'est plutôt agréable. » - « Je sens une touche de framboise, non ? » - « J'adore les fruits rouges ! » Il était si aisé d'implanter une idée dans les esprits manipulables. Une fois la pensée semée, elle grandissait seule. Shaé sourit. De temps à autre, elle allait à la rencontre de quelqu'un pour lui proposer le parfum. Elle n'était pas très souriante. Ce n'était pas grâve, elle ne comptait guère sur cela pour persuader l'entourage. Elle se contentait de regarder sa proie, de ses grands yeux bleus et clairs. Ses mires percantes et ensorcellantes étaient certainement son plus grand atout. Elle ne daignait délivrer les bourgeois que lorsqu'elle avait obtenu satisfaction. « Mademoiselle ! Mademoiselle ! » s'écria quelqu'un. Une jeune fille, accompagnée de ses amies, courrut vers la Rehla. « Est-ce que vous n'auriez pas quelques bouteilles de ce parfum ? On aimerait en rapporter, chez nous. » - « Tout à fait Mesdemoiselles. Je vous apporte ça dans un instant. » Il y avait des réticents, plutôt des clairvoyants ou des personnes dont le nez n'était pas bouchée, qui refusaient de prendre part à ce début de folie. Doucement, Shéhérazade se dirigea vers l'un de ses récalcitrants. « Bonsoir, sir. » - « Euh, bonsoir. » balbutia-t-il, perturbé par la jeune femme dont le comportement était surprenant. « J'ai cru vous entendre dire que vous n'aimiez pas le parfum ? » - « Ma femme le porte et je trouve son fumet excécrable. » - « Parfois, certains arômes ont du mal à accrocher à certaines peaux. Peut-être faudrait-il que vous les respiriez sur quelqu'un d'autres ?  » Elle glissa ses doigts dans ses longs cheveux blonds pour les écarter de sa gorge, lentement, sensuelle. « Qu'en dites-vous ? » murmura-t-elle sans décrocher son regard du jeune homme. Il ne répondit rien, se bornant à dévisager la Rehla. Il finit par se pencher auprès d'elle, moins charmée par le parfum qu'elle avait vaporisé à tout va que par l'odeur sucrée de ses cheveux. « Il est vrai que c'est ... » - « Charmant, n'est-ce pas ? » Cette fois-ci, elle sourit. Après tout, à force d'être entourée de l'immonde parfum, on finissait par s'y faire. Cela arrangeait bien les affaires de la Rehla.

1210 mots, plus ou moins.
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Mar 13 Jan 2015, 14:58

Une main attrapa le poignet d'Edwina, l'arrachant à son précédent cavalier, un cavalier qui était bien peu aisé de danser avec la jeune femme qui n'avait, il fallait bien l'avouer, aucun talent dans cette discipline. « Il semblerait qu'un bruit court, celui de la participation de l'Ultimage à l'une des épreuves de la Coupe des Nations. » souffla doucement celui qui se faisait passer pour un Ange aux yeux de ceux qu'il côtoyait. Cocain fixait la jeune femme d'un air qu'elle n'aurait su analyser. Ils ne s'étaient pas revus depuis la forêt aux mille clochettes, là où Adril lui avait soufflé la vérité sur son compte. Le faux Ange ne semblait pas vouloir en discuter et, à vrai dire, qu'aurait-il bien pu dire ? Il avait cru se tenir aux côtés d'une paysanne pendant un temps certain et il s'était avéré qu'il s'agissait en réalité d'une reine. Devait-il changer pour autant en sa compagnie ? Non, quand bien même elle était sa souveraine légitime. Cocain avait réfléchi et il savait parfaitement que cette idiote ne tarderait pas à connaître la véritable nature des Archimages. Elle se ferait dévorer. Dans sa grotte, il avait ruminé mille et une raisons de ne pas se mêler de cela mais, le soucis était qu'il ne pouvait s'empêcher de porter intérêt à sa personne. Il était banni des terres du lac. Pas exactement puisqu'il était parti de son propre chef mais il doutait que quiconque souhaite à présent le voir de nouveau rôder dans les parages. « Vous n'êtes pas bien  bavarde. Auriez-vous quelques bassesses à confesser ? Comme le fait de mentir sur votre identité par exemple. ». « Je ne suis pas tenue d'avouer mon rang au premier homme des cavernes rencontré » dit-elle avec une pointe d'agacement. « C'est vrai. C'est pour cela que je ne vous en tiens pas rigueur. Ce n'était qu'une façon de vous faire ouvrir la bouche. ». Il sourit, conscient que sa présence à ses côtés en ce jour signifiait qu'il ne pourrait plus retourner dans sa grotte à l'avenir. Il avait pris la décision de l'aider, quoi qu'il lui en coûte. Elle était inexpérimentée, il en était certain, mais elle était fondamentalement bénéfique, contrairement à la moitié du gouvernement qui valsait dangereusement avec les frontières du mal. « Votre garde du corps n'est pas là me semble-t-il. C'est dommage, nous aurions pu mettre un peu d'ambiance dans cette soirée bien trop calme à mon goût. ». Il sourit de nouveau. Adril, il ne l'avait pas oublié et, malheureusement, s'il voulait se placer aux côtés de la reine, il faudrait qu'il supporte ce grossier personnage. « Je suppose que si vous vivez dans une grotte, c'est parce que l’Élue des cieux ne peut supporter vos manières. ». Cocain soupira. « Cet homme déteint trop sur votre personne. Cela dit, cessons de parler de lui. Je suppose que vous n'êtes pas ici de votre plein grès. Vos conseillers ont dû vous forcer la main en vous répétant des tirades sonnant comme Mais vous êtes reine ! Il vous faut y aller, c'est votre devoir ! Et, bien entendu, ils auront choisi l'épreuve lié aux traits charismatiques sachant que vous l'êtes autant qu'une moule. ». Elle stoppa la danse, de plus en plus agacée. Elle avait du mal à analyser ses paroles, s'il s'agissait d'insultes envers ses conseillers, envers elle ou si la part de vérité qui se dégageait de ses tirades n'était qu'une simple analyse objective de la situation. « Ne dîtes rien. La première fois que nous nous sommes rencontrés, vous avez tellement bégayé que j'ai cru que vous aviez une pathologie. S'il vous faut convaincre ce couturier de vous laisser monter sur l'estrade pour défiler, en plus habillée en homme, il vaut mieux commencer à prier les Ætheri tout de suite afin qu'ils réalisent un miracle. Ou alors... vous pouvez boire ce breuvage. ». Il fit apparaître une petite fiole dans sa main, contenant un liquide aussi bleu que ses yeux. Edwina ne savait ni quoi dire, ni quoi penser. « Ce serait... tricher, non ? ». « Tricher ? Non, bien sûr que non. Vous aurez le même charisme quoi qu'il vous arrive. Cette mixture a juste pour objectif de vous mettre un peu plus à l'aise... de libérer votre esprit du poids de vos peurs et de vos inhibitions. Rien de bien méchant, vous ressemblerez toujours à une moule ensuite, juste que vous serez une moule sûre d'elle. ». Il rit, faisant grimacer la jeune femme. Il ne voulait pas être méchant avec elle mais c'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour mettre suffisamment de distance entre eux, un choix dangereux puisqu'il savait très bien qu'il avait envie de se rapprocher un peu plus. Seulement, il lui semblait que s'il se permettait trop de familiarités, il ferait peur à la biche qu'elle était et s'attirerait les foudres de l'homme aux oreilles en pointe. Il soupira, finissant par sourire. « Buvez, vous verrez. ».

« Excusez-moi. ». Edwina fixa son regard dans les yeux du dénommé Olivier Holly. Bien entendu, elle le connaissait, mais elle n'était pas la seule dans ce cas. Elle aussi était une couturière de renom et bien que l'homme ne connaisse certainement pas son visage, elle avait l'intention de faire en sorte qu'il se rappelle d'elle. En attendant, il affichait une mine dégoûtée par rapport à son accoutrement, pas les habits en eux-mêmes mais bien le fait qu'une femme ose porter des vêtements d'hommes. Cela lui semblait irritant au plus haut point qu'une femelle se pare de la sorte sans que personne dans les environs ait envie de lui sauter sauvagement au visage pour la punir de l'affront. « Je me nomme Edwina Nilsson, j'aimerai défiler pour montrer aux individus présents un modèle de ma nouvelle collection. ». Il se racla la gorge, fixant les volutes avant de remonter son regard tranchant dans les yeux de l'insolente. Néanmoins, il ne pouvait user de ses stratégies habituelles afin de dégager cette gueuse de ses plates bandes. Non seulement il reconnaissait son talent, mais en plus, si les choses n'avaient pas changé, cette gourgandine n'était autre que l'Ultimage en personne. « Que diriez-vous de vêtir l'un de mes mannequins masculins de votre création ? ». « Non, je tiens à la présenter moi-même. ». « Vous comprendrez que je ne peux pas, à la dernière minute, changer ce qui a été planifié des semaines à l'avance. ». Un petit silence s'installa, pendant lequel elle fit claquer sa langue avant de sourire. « Et pourquoi cela ? Je pensais qu'un homme aussi talentueux et prestigieux que vous pouvez se permettre quelques petits caprices, surtout lorsque c'est une reine et une homologue qui le demande. Je pourrai mal prendre vos propos... les considérer comme un outrage envers moi et envers mon peuple tout entier. ». Les tissus qui faisaient la tenue qu'elle avait confectionné voletaient autour d'elle, changeant de forme, rappelant tantôt un dragon, tantôt une épée, tantôt une forme monstrueuse. Depuis qu'elle avait bu la potion, Edwina ne connaissait plus aucune hésitation et, comme par enchantement, sa magie s'était déliée, totalement contrôlée. Olivier serra les dents. Il ne pouvait pas s'avouer vaincu aussi facilement. « Un artisan couturier n'est pas un mannequin. Aussi, afin de me prouver que vous avez assez de prestance pour défiler, j'aimerai que vous obteniez le baiser d'un individu présent. ». Il sourit. La reine des magiciens était dite prude, elle n'accepterait jamais. « Bien. ». Son sourire s'effaça légèrement, avant qu'un silence ne s'installe, ponctué par un signe de main de l'Alfar. « Hé bien, dans ce cas, je vous regarde. ».


Tête haute, Edwina se fraya un chemin dans la foule, les individus s'écartant sur son passage alors que sa tenue se métamorphosait, tronquant son apparence masculine contre une apparence féminine. Le tissu en devenait immense, une longue traîne frôlant le sol derrière elle. Elle s'arrêta devant Cocain. « Embrassez-moi. ». Peu importe les conséquences, peu importe qu'il ressente le brasier du malus du vœux qu'elle avait formulé au génie, elle se devait de défiler. Il ne cessait de l'importuner et si elle était dans cet état, il en était le seul responsable. Il devait plier devant sa volonté et il le comprit, un petit sourire trônant sur son visage. D'un geste de la main, il créa une couronne qu'il posa au sommet de son crâne. « J'espère que votre futur époux ne m'en tiendra pas rigueur. ». Il n'était pas idiot, il savait que cela serait retransmis à Avalon et, pour tout avouer, il en ressentait un certain contentement. On ne pouvait pas rêver d'un meilleur retour sur le devant de la scène. Tous les Archimages sauraient qu'il était vivant, tous les Archimages sauraient qu'il côtoyait la reine et tous les Archimages qui pensaient à renverser le gouvernement le craindraient. Il s'approcha, saisissant ses lèvres, laissant s'écouler quelques secondes avant de se détacher d'elle. Elle resta un moment là, interdite, semblant réfléchir à quelque chose qui la troublait. Il ne semblait pas ressentir le moindre mal. Ce génie était un charlatant. Cependant... avec Adril, les choses étaient différentes, plus... piquantes. « Merci. ». Elle tourna les talons, passant devant le couturier, le fixant sans s'arrêter à ses côtés, ses vêtements reprenant une forme masculine. Elle avait gagné, il n'avait plus rien à dire. Elle monta les marches la menant à l'estrade. Le temps semblait s'arrêter. Edwina entendait sa respiration, son cœur battre dans sa poitrine. Elle se tourna vers la foule, faisant le premier pas.


« Adril, 

Sachez que je suis peinée de ne pas vous savoir présent à mes côtés en ce jour. Vous êtes mon garde du corps alors je pensais que vous viendrez, même si vous semblez davantage vouloir me taper sur les nerfs que me protéger. Cependant, j'ai quelques questions à vous poser. Voilà, il se trouve que j'ai embrassé un homme, l'ange de la forêt. Je ne sais pas si je vous en avais parlé mais quiconque me touche se voit contraint de quelques tourments, sauf si amour véritable il y a. Il aurait donc dû souffrir. Mais rien ne s'est passé, pas plus que lorsque vous m'avez embrassé. Alors je me demande si un génie peut rater les vœux qu'il exhausse ? Ensuite, il y a autre chose. C'est que... l'effet de ce baiser n'était pas vraiment le même que celui que nous avons échangé. Est-ce que les Anges embrassent d'une façon différente ? A moins que ce soit les Alfars ? Je me doute que vous avez plus d'expériences que moi en ce domaine, c'est pourquoi je vous interroge. Est-ce normal que le fait d'embrasser un homme procure plus de sensations qu'avec un autre ? Ou est-ce que Cocain n'était pas en forme ? Merci de répondre, c'est important. 

Edwina. »


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~ Coupe des Nations : Épreuve de Charisme ~

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