-50%
Le deal à ne pas rater :
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
69.99 € 139.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 ¤ Tournoi des nations : Épreuve de magie ¤

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Mitsu
♚ Fondatrice ♔

◈ Parchemins usagés : 36409
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2005
Mitsu
Dim 15 Déc 2013, 14:27

¤ Tournoi des nations : Épreuve de magie ¤ 538844Sanstitre1

Les îles suspendues. Un homme attendait là, entièrement de noir vêtu. Son œil bleu contrastait parfaitement avec le tout et cela était fait exprès sans doute. Son corps était une œuvre d'art car il était une création de ce monde, la création d'une toile de maître magnifique. Et c'était justement pour l'art qu'il était là ou, plutôt, pour les représentations. Vous savez, il paraît que personne ne voit le monde de la même manière, que les représentations mentales que chaque être s'en fait sont toutes différentes, subjectives. Peut-être que seuls les Aetheri pouvaient voir les choses telles quelles, de manière objective. Et encore, qui pouvait le prouver ? Comment être sûr hormis en atteignant le stade ultime, celui de Sympan ? Néanmoins, lui aimait voir ce que les Mortels pouvaient voir, pouvoir représenter. L'épreuve de magie ne serait sans doute pas compliquée en soi, ou alors, peut-être que la simplicité serait complexe ? Après tout, il s'agissait de gagner et comme la validité de l'art dépendait de l'intérêt des juges pour l'œuvre, l'épreuve ne consistait pas simplement à représenter pour soi mais à représenter aussi pour autrui. Là était tout le mal-être des artistes incompris.

L'Aether avait aménagé l'île sur laquelle allait se dérouler l'épreuve, faisant en sorte qu'il y ait beaucoup de matières. Aussi, il y avait de l'argile, du tissu, des gouaches, tout ce que la nature pouvait fournir et qui pourrait servir à l'art. Il y avait également des modèles, des hommes et des femmes sur qui pourrait être modelé l'art. En réalité, il suffisait de demander pour avoir de la matière. Le seul soucis était que cette épreuve était une épreuve de magie, non une épreuve de savoirs créatifs. Les candidats ne pouvaient se contenter de peindre une toile. Il fallait qu'elle ait quelque chose de plus, quelque chose d'unique, qui représenterait la race tout en étant dans le thème. Aussi, ici, il accueillerait les candidats un à un, leur laissant le temps, seul, de réfléchir à leur création ainsi qu'à la construire.

Le dieu tint à peu près le même discours à chaque champion, son seul œil bleu fixant ces derniers. Il ne fallait pas le croire borgne car, de toute façon, même en fermant les yeux, un Aether voyait quand même. Sa voix était étonnement douce.

« Je suis heureux de vous rencontrer pour cette épreuve de magie du tournoi des nations. L'épreuve consiste à créer une représentation de l'hiver qui puisse tout de même marquer votre appartenance raciale. Les créations seront exposés dans l'un des territoires annexés par votre souverain. Vous disposez bien entendu de tous les matériaux que vous souhaitez. Néanmoins, n'oubliez pas qu'il s'agit d'une épreuve de magie, où celle-ci doit s'opérer et se ressentir également dans votre œuvre. ». Il sourit. « Quant à votre représentation, ne cherchez pas forcément la météo. L'hiver ne peut avoir qu'un sens, il peut être une métaphore, il peut représenter bien d'autres choses que la neige et les arbres nus. ».

A chaque fois, il disparaissait, laissant aux artistes usant de magie, tout le loisir de créer quelque chose qui resterait dans les mémoires. A la fin de l'épreuve, l'Aether ramenait le Mortel sur la terre ferme et l'œuvre apparaissait aux festivités de la coupe des nations, pouvant être admirée par tous.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Sam 11 Jan 2014, 00:48

[font=georgia]Tu te retrouves devant un dilemme que jamais tu n'aurais cru te voir un jour imposé. Ce que tu dois réaliser te semble impossible, comme si tu n'étais qu'une mauvaise herbe retrouvée dans un magnifique par-terre de plantes éclatantes. Tu hésites, tu regardes autour de toi. C'est beau. Le monde est merveilleux et tu ne sais pas si tu es à la hauteur de la tâche que t'a été confiée. Représenter l'hiver quand on ne l'a jamais ressenti, représenter sa race quand on ne l'a jamais côtoyé, voici une épreuve bien délicate. Pourtant, tu es ici, sans doute parce que le souverain de ce peuple dont tu ignores beaucoup de choses a trouvé en toi une étincelle. Alors tu réfléchis. L'hiver. Qu'est-ce que l'hiver ? L'homme s'approche de toi, te regarde et te susurre lentement.

« L'hiver est une période de froid pendant laquelle la plupart des plantes meurent. Mais, il peut représenter tellement de choses. ».

Il disparaît, regagnant sa place et tu te demandes comment une telle chose est possible. Tu es allée dans la forêt des murmures, tu as vu ces arbres dégarnis mais ils n'ont jamais été laids pour toi. Tout est beau en ce monde, les êtres, leur voix qui ont des tonalités différentes, chaque plante, chaque animal. Plus tu découvres et plus tu aimes cet univers. Peut-être es-tu naïve ? Peut-être n'as-tu pas encore croisé le véritable fléau, celui qui te fera courber le dos sous les maux, celui qui ébranlera cette conception parfaite à laquelle tu adhères ? Mais finalement, on ne peut que te souhaiter de le croiser le plus tardivement possible. Changeras-tu seulement, ou trouveras-tu le mal magnifique lui aussi ? Comment le savoir quand on voit que ton esprit est encore si jeune, si pure ? Et puis, au fond de toi, tu le sais, l'hiver ne doit être qu'une période, qu'un stade pour annoncer autre chose, un renouvellement. Tu regardes la montagne qui s'élève un peu plus loin, recouverte d'une matière que tu n'as jamais observé auparavant, cette chose qui semble ouatée, qui semble bonne à manger. La neige, tu ne la connais pas, tu ne sais pas qu'elle est froide. Tu fixes le paysage, les îles suspendues sont si hautes. Tu songes, réfléchis, penses à ce qui pourrait représenter l'hiver. Tu imagines encore que l'hiver est quelque chose qui ne peut durer. Tu es loin d'imaginer que des lieux ne connaissent jamais de périodes plus douces, tu es loin d'imaginer que des lieux sont en perpétuelle sécheresse. Le monde pour toi ne s'arrête qu'à la forêt enchanteresse, qu'au sous-bois maudit, qu'au château des cavaliers sans têtes, qu'aux îles suspendues. Tu es limitée, tellement limitée.

Alors tu te mets à créer, t'aidant de Natura. Tu crées une sorte de sapin qui mute, qui se transforme selon ton idée. Tu crois en cette représentation de ce que le dieu a appelé hiver, mais tu ne peux laisser les choses ainsi, tu ne peux laisser la mort prendre le dessus. Ton sapin prend l'apparence d'un homme, les détails peinent à venir mais les heures passées payent. Il ressemble à un humanoïde, sans doute à celui que tu as rencontré précédemment car tu n'as pas beaucoup de références. Tu es loin de te douter que dans un lieu comme la rue commerçante, il y a des centaines d'individus. Pour toi, ils sont rares, éparpillés aux quatre coins du globe. Tu ne sais pas, tu ne comprends pas, tu ignores. Mais tu continues cette représentation de l'hiver, la tienne. Cet homme d'épines regarde au loin, il semble attiré par l'avenir. Néanmoins, ses pieds sont ancrés dans le sol, il est incapable de bouger. L'hiver le retient mais la sagesse de son regard, un regard que tu as mis tant de temps à façonner, comble la curiosité du spectateur. Tu sais qu'il arrivera à bouger, à sortir de cet état d'endormissement qu'est l'hiver. Tu le sais car ses yeux le murmurent. Et puis, autour de lui, quelques fleurs ont poussé, annonçant la renaissance. Tu ne connais pas cette période que le dieu a appelé l'hiver, mais tu es une elfe, tu sais, c'est instinctif, quelque chose au fond de ton cœur qui te dicte que la nature doit revivre, reprendre ses droits après avoir dormi, après s'être ressourcée. Tu souris, satisfaite des détails de ton sapin qui n'a rien d'un arbre basique. De loin, il ressemble réellement à un homme, de près, la sensibilité qui s'en échappe semble parfaite. C'est ainsi que tu vois l'hiver, une étape merveilleuse, un moment qui permet de se poser afin de regarder vers l'avenir, afin de se questionner sur les choses essentielles.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 13 Jan 2014, 20:33


Eh bien... Peindre un tableau alors ? Était-ce cela que tu devais accomplir pour ton épreuve ? Curieux... Je ne pensais pas qu’on tomberait sur une tâche pareille... Des champions, prodiges symbolisant d’un air hautain la race à laquelle ils se voient enchaînés et qui à travers maintes épreuves démontrent les mœurs et les aptitudes dont ils se voient dotés… Enfin ! C’était assez original je dois dire ce genre de concept ! Alors mon petit Kohei... On te sommait de peindre sur le thème de l’hiver et d’y inclure des éléments qui montrent ton appartenance à cette race... Tout va bien. Toute confiance vaine mise à part, nous pourrons nous exprimer sans trop de problèmes surement ! Les alfars et l’hiver... Voilà un couple bien complet !

Si je ne m’abuse, le mérite en revenait surtout à l’imagination. Je te voyais venir, avec ton goût pour les forêts hivernales, les milliers de flocons légers, glacés s’amassant au sol comme des pétales de cerisier au printemps, pluie rosée que tu adorais observer d’antan... Bon… Peut-être pas enneigées non plus, mais aux arbres dépourvus de feuilles... Des arbres nus... Et cela n’est pas très original. Ma foi, je te connais mieux que personne, je suis une autre partie de toi après tout, je me cache dans ton ombre pour me manifester quand tu t’y attends le moins, pour te venir en aide dans les moments les plus désespérés. Je te sens tout à fait capable de ce manque d’imagination. Toi et ton esprit fermé teinté par les couleurs de ceux à vouloir te corrompre et que j’ai gardé d’y parvenir... Enfin... Il s’agissait de notre d’esprit ! Mais ta personnalité ne le laissait jamais s’épanouir... Alors que moi, je voyais les choses bien différemment...

Ça y est ! Tu t’y mettais enfin ! Et comme à chaque fois que tu peignais, tu te sentais obligé d’esquisser au crayon pour les formes... Tu représentais des troncs qui avaient l’air de pousser d’une façon totalement anarchique mais dans lequel on pouvait discerner toutefois une certaine harmonie... Tu disposais les branches de façon à ce qu’on sente le vent souffler et qu’on comprenne sa force de par ces bouts de bois pliés sous ses rafales... Un vent glacé : tu dessinais du givre pendant aux branches... Vraiment... Tu es trop prévisible Kohei... Tu allais vraiment dessiner une forêt alors...

Si tu savais à quel point je voulais prendre ta place juste le temps de l’épreuve pour te faire t’épanouir comme tu devrais... J’avais envie d’ajouter une petite touche de folie à ton tableau... Le tien était bien trop... Calme... Bon je suis d’accord... Il n’y a rien de calme dans le vent qui souffle à en briser des branches, mais pour moi ce n’était pas suffisant... Ha... Mais je m’emballe pour une simple épreuve moi... Je m’en contre fiche. Tu faisais ce qu’il te plaisait et cela avait toujours été le cas, ignorant toutes mes consignes et bravant mille dangers pour finir inutilement blessé...

Tu démarrais aussi vite la peinture ? Pourtant ton esquisse manquait cruellement de détails ! Et une partie de ta toile n’était même pas représentée ! Et pourtant tu prenais ton pinceau moyen, et tu commençais déjà à colorer les troncs.... Et dans la foulée, tu dessinais une ou deux feuilles d’arbres défraîchis tentant désespérément de rester accrochées aux branches. Tu allais trop vite à mon goût. Enfin... Je te laissais faire, j’ai dit que je m’en fichais. Oh... Je comprends mieux ce vide... Un ruisseau ? Et une plante à côté ? C’est vrai que tu n’avais jamais besoin d’esquisser ce genre de choses... Ha... Kohei... Je pouvais ? Je te voyais ajouter à cette étendue une eau trop limpide... Cela ne me plaisait absolument pas ! Je prenais possession de ton petit corps. Ah ! Ton corps si confortable ! Bouger tes membres... Laisser tranquillement mes expressions se lire sur ton visage d’habitude si indolent ! J’en profitais ! Enfin... pour peindre. J’y instaurais du feu sombre... Du feu glacial, mordant... Je mourrais d’envie d’ajouter cette touche de désespoir... Ce froid de néant... Ce froid vide comme la mort... Ma touche de folie ? Hé hé... C’était assez excitant finalement d’intervenir dans une œuvre de ce cher Kohei pour une compétition... Je n’arrivais absolument pas à effacer ce rictus de ton visage et je voulais le voir se déformer davantage sous mes coups de pinceau répétitifs dont tu voulais t'accaparer. Ce ruisseau est plus joli et bien plus attrayant maintenant... Non ?

Pourquoi t’énervais-tu contre moi... ? Enfin... Tu ne le montrais pas... Tu ne montres jamais rien... Mais cela se voyait à ta réaction discrète que je dois dire amusante. Oui ! Tu suivais tout de même la cadence ! Il faisait nuit alors, dans ton paysage... Mais tu représentais quelque rares faisceau lunaires en direction de la seule et unique plante encore verte. Tu avais tout de même envie d’un peu de contraste entre la vie et la mort ? La fin de l’hiver et le début du printemps ? Mais tu n’aimais pas le printemps. D'où pouvait bien venir un tel changement ? Qui l'avait occasionné ? Moi-même, faisant partie de ton engeance et de ton anatomie, l'ignorait tout bonnement...

Oh... Je vois... Tu te débrouillais pour que le feu vienne lentement s’attaquer à la plante... Tout comme les alfars qui rejetaient en quelque sorte les elfes et qui essayent de se prononcer comme un peuple puissant, non pas une représentation vivante de la déchéance et la malice... Finalement, c’était de là que venait le contraste... Et c’était là l’utilité que tu voulais donner à notre magie ? Mais n’aimais-tu pas les elfes ? Bien sûr qu’il n’était pas question de ça ! En réalité, tu ne savais juste pas quoi représenter... C’est infâme comme tu manquais d’imagination... Tu me sentais m’emballer tout à l’intérieur de toi, hein ? Tu te sentais obligé de me délivrer le fond de ta pensé ! Et merci, je ne supportais pas de ne pas comprendre ta peinture. Tu te forçais à faire quelque chose d’inhabituel ? Je détestais ça... quand tu t’appliquais pour quelque chose... J’interprétais de trop ta peinture, j’allais sûrement trop loin. En somme, tu voulais représenter de l’eau parce qu’il s’agissait de l’élément rattaché à cette saison... Et l’astre Lunaire, car c’est de cet élément que l’élément tire son pouvoir... Et en réalité, la plante démontrait simplement à quel point l’hiver est ravageur, et le feu sombre était là tout aussi simplement pour que l’on ressente le froid et la dureté de l’hiver à travers la magie...

Tch. Tu aurais dû m’en avoir fait part plus tôt. Je n’aime pas rester dans l’ignorance. Certes, je fais partie intégrante de ton être, mais tes idées m’échappent bien trop souvent... Finalement, derrière ce stéréotype dont fait preuve ta peinture se cachait tout de même un semblant de destruction dont fait preuve l’hiver... Chose que l’on ressentait grâce à la magie que nous avions instaurée... Les alfars sont vraiment sombres... De plus, tu ne l’avais même pas fait exprès que d’instaurer tous ces symboles. Sans moi, tu étais vraisemblablement bien plus limité au niveau de la recherche.

Toute la peinture qui s’était étalée au sol... On ne pourra pas dire que tu n’avais pas le pinceau vif. C’était bien quelque chose qui t’inspirait le dessin. Pas d’imagination, mais beaucoup de représentation. Tu avais même développé plusieurs techniques... Par exemple, tu avais peint ta Lune en jaune, et pourtant on pouvait y voir des touches de violet, couleurs complémentaires. C’est bien pour cela que le contraste nous offrait un bon rendu surréaliste ! Et ce ciel... Plein de couleur... Du brun, du rouge, du bleu... Pourtant, le rendu était formel, c’était un firmament d’un gris très sombre. Tu maniais drôlement bien les effets de couleur. Et ces mélanges... Pour avoir un brun correct, tu n’avais pas préparé le mélange à partir de ta palette, mais directement en peignant ! Un vert colorant le tronc, couvert par un rouge fortement dilué. Cela avait créé une couche coloré transparente qui avait filtré la couleur du dessous... Et là encore, on retrouvait des effets de teinte.

C’était un tableau coloré... Pourtant il y régnait un ensemble terne, ce qui assombrissait le tout et rendait l’œuvre pour le moins sinistre et chaotique... Je l’aimais bien finalement ton œuvre. Et j’étais assez heureux de lui avoir ajouté cette petite touche de démence. Tous deux on ne peut plus satisfaits, nous observions cette réplique de notre âme en quelque sorte. Il en va bien de notre personne de nous appliquer fièrement à nos œuvres…

Info !:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mar 14 Jan 2014, 01:09


L'hiver. Le froid, la glace, la neige. Cette morsure effroyable, cette chose qui vous ronge à peine vous êtes-vous exposés devant elle. L'hiver, ce temps de diète et de privation, cette saison où les pousses se font rares, où la terre gelée ne donne rien d'autre que de la pierre et des branches mortes. Cette période effroyable durant laquelle meurent encore les plus faibles, où la faim ravage les estomacs, où la chaleur se fait rare.

L'hiver. Effroyable saison que l'hiver pour ceux qui la craignent, pour ceux qui succombent sous ses assauts impitoyables.

Mais l'hiver. L'hiver, c'était également cette saison durant laquelle riaient les enfants devant la blancheur de la neige, sautant comme des cabris sur cette étendue immaculée pour y graver leurs empreintes, marquant fugacement le monde de leur présence. C'était cette saison durant laquelle se réunissaient les pauvres gens qui n'avaient que leur corps pour se réchauffer, partageant les joies d'un frugal repas, ou le plaisir d'une couche commune. C'était cette saison durant laquelle les petites gens se serraient les coudes pour parvenir, ensemble, à triompher du froid et de la faim.

L'hiver, peine et joie. Festivité austère. Deux facettes opposées se côtoyant au sein d'un même concept. N'était-ce pas également le cas des Réprouvés ? Des êtres hébergeant tout et son contraire, pouvant passer de la joie à la peine en quelques instants, fragiles existences pouvant être brisées aussi bien par la réalité cruelle que par leur propre personne qui les déniait. Xena en était consciente. Aussi vivait-elle pour prouver son existence aux yeux du monde, aussi était-elle cette joie qui côtoie ces ténèbres destructrices qui ne voulaient que la mort. Comment est-ce qu'un tel être pouvait créer quelque chose, faire naître de sa magie une œuvre, alors que l'être en lui-même n'était qu'une construction instable, menaçant de s'écrouler à tout moment ?

Une question à laquelle décida de répondre la Réprouvée aux cheveux poivre et sel, alors qu'elle n'avait pas une once de sens artistique, pas un poil de jugeote. Seul son instinct et son imagination singulière allaient lui rendre service, pour le meilleur comme pour le pire. De la manière la plus réprouvée qui soit, en somme. Un sourire aux lèvres, la jeune femme posa son regard sur les matériaux qui avaient mis à disposition, avant de dénier le tout, se détournant pour ne compter que sur elle-même et ses ressources magiques. En plus d'être une piètre artiste, elle n'était également pas des plus douées du domaine, mais le défi l'avait emporté sur la raison, comme à son habitude. Elle ne venait pas avec la fleur au fusil... mais presque.

Il y a peu, un Magicien lui avait conféré le pouvoir de manipuler la neige à souhait. Alors, pourquoi s'en priver ? Sifflotant, la jeune femme aux cheveux poivre et sel tendit les mains devant elle, paumes vers le ciel, et libéra sa magie avant de lui donner une forme précise, créant ainsi de la neige, qu'elle ne tarda pas à manipuler avec gaieté pour construire, peu à peu, un bonhomme de neige. Loin d'être une œuvre d'art, la création avait toutefois le mérite de ressembler à quelque chose d'à peu près humanoïde, mesurant deux bons mètres. Et pour couronner le tout, Xena prit tout de même la peine de ramasser quelques cailloux afin de placer les yeux de sa création, avant de se placer fièrement devant, les jambes et bras écartés.

« Tadaaaa ! s'exclama-t-elle. »

Et le bonhomme de neige, créé presque entièrement par magie, ne tarda pas à être finalisé, deux ailes de neige ne tardant guère à lui être rajoutées dans le dos, maintenues uniquement par les miracles de la magie.  Fredonnant cette fois-ci l'air de La Bière Royale, la jeune femme se positionna à quelques pas de sa première création et entreprit à nouveau d'invoquer de la neige, créant ainsi petit à petit un second bonhomme, de conception quasiment identique au premier – après tout, elle n'était pas artiste, ni copieuse au flocon de neige près de bonhomme de neige, même avec l'aide de la magie. Observant d'un œil critique sa seconde création, elle prit également le soin de lui rajouter des cailloux en guise d'yeux, avant de solliciter une nouvelle fois sa magie pour ajouter une paire d'ailes à ce second bonhomme de neige. Une paire d'ailes qui, cette fois-ci, bien qu'également constituée de neige, était à l'image de celles des Démons, dénuées de plumes. Et même si tout n'était que neige dans les créations de la jeune femme – mis à part les cailloux constituant les yeux de ses deux bonhommes – il n'était pas difficile d'imaginer que l'on avait, face à face, la représentation des deux ascendances des Réprouvés.

Se plaçant à mi-distance entre les deux bonhommes de neige, la jeune femme s'inclina, exécutant une révérence exagérée, et présentant son œuvre, toujours avec enthousiasme :

« Mesdames et m'sieurs, j'vous présente le Réprouvé dans toute sa splendeur, avec une p'tite touche hivernale ! »

Se redressant, elle ferma les yeux et se concentra, usant de toutes ses ressources magiques – qui n'étaient guère mirobolantes – pour achever son œuvre. La neige, animée par la magie de la Réprouvée, ne tarda pas à se mouvoir, chacun des bonhommes levant un bras pour se lancer mutuellement une boule de neige. Puis derechef, la neige se mouva de nouveau, pour que pleuvent les projectiles, les créations de la Réprouvée se détruisant mutuellement à coups de boules de neige, jusqu'à ce que ni l'un ni l'autre ne ressemblent plus à grand chose.

Et lorsque ce fut le cas, Xena relâcha toute sa concentration. Les deux bonhommes s'effondrèrent, basculant en avant pour se percuter et ne former plus qu'un vulgaire tas de neige. Sous lequel se retrouva ensevelie la Réprouvée, qui éclata d'un rire tonitruant avant de perdre connaissance.

Construire. Pour détruire. Être Réprouvée.

Mots:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 15 Jan 2014, 14:49

Lully arriva aux îles suspendues. Elle admira un moment le paysage, mais elle s'en détourna bien vite. Elle était concentrée sur autre chose; une chose bien plus importante. C'était sur la Coupe des nations, à laquelle elle allait participer aujourd'hui-même. En arrivant, un homme l'accueillit et ne tarda pas à lui expliquer les règles de l'épreuve : elle consisterait en une oeuvre d'art. Quand Lully entendit ça, elle faillit sauter de joie. Voilà qu'elle était partie pour une création mêlant magie et art… que pouvait-elle rêver de mieux ?! Bon, le seul point qui mériterait réflexion, ce serait la façon d'aborder le thème de l'hiver. A l'évocation de ce mot, la sirène avait énormément d'images en tête : la neige, le froid, la glace, la tristesse et les arbres effeuillés. Mais c'était bien trop… cliché. Visible.

En pleine réflexion, Lully alla s'installer à la place qui lui était prévue. Toutes les conditions étaient réunies pour que la sirène fasse de son mieux; le paysage était magnifique, le domaine était calme et l'on disposait de tout ce qu'on voulait pour réaliser notre œuvre. Ah, si elle pouvait peindre tous les jours dans des lieux comme ça... la sirène n'avait plus qu'à laisser son imagination et ses pouvoirs parler. Pendant dix minutes, elle réfléchit à des symboles de sa race mélangés à ceux de l'hiver. Elle ne voulait pas faire trop cliché, ni trop banal. Mais il ne fallait pas non plus faire quelque chose de trop incompréhensible... et puis, il fallait qu'elle se serve de sa magie... oh, elle en avait des choses, pour rendre ses peintures magnifiques... mais il y avait des choses qu'elle n'avait encore jamais expérimenté. En serait-il temps aujourd'hui ?

D'abord, Lully s'accorda sur une ambiance. Elle voulait un tableau déchirant, horrible, poignant. Elle voulait aussi qu'il soit marin, bien évidemment. Et puis, elle pensa à des périodes de sa vie. Elle réfléchit à des périodes où elle avait été dans une situation poignante. Et enfin, Lully trouva : son choix s'arrêta à la représentation de sa première montée à la Surface. En s'entourant de cette idée, des détails s'y attachèrent petit à petit, et en quelques minutes, Lully eut l'idée parfaite de son tableau. Inspirée par cela, elle s'attela à la tâche immédiatement. La sirène appela une femme pour modèle et prépara tous les matériaux dont elle pensait se servir. Pendant une heure, elle dut batailler avec la modèle, qui devait poser dans une position plutôt inconfortable et qui se plaignait, limite. Non mais, elle en avait du toupet, celle-là... pourquoi elle s'était portée volontaire pour jouer la modèle si c'était pour râler après ?! Au final, Lully finit par la renvoyer et peignit une sirène par sa seule imagination.

*

La peinture était presque entièrement faite à l'aquarelle : les couleurs étaient douces, mais sombres. Pour l'instant, elle était figée, mais Lully avait encore des touches de magie à y mettre. Il s'agissait d'une tempête de neige dans la nuit; à travers les flocons, on voyait à peine la lune qui trônait dans le ciel. D'ailleurs, c'était elle que la sirène avait mis plus de temps à peindre. Et sous cette tempête, il y avait une sirène, toute petite, presque enfantine; et elle était figée dans la glace, là où l'eau lui avait permis de sortir la moitié de son corps, mais qui avait été remplacée par de la glace, une glace meurtrière qui la coinçait à moitié à la Surface. La sirène avait des larmes glacées sur les joues, tendant un bras qui semblait vouloir toucher la lune, et l'autre qui repoussait en vain la glace. Dans cette peinture, on avait l'impression qu'il n'y avait plus aucun espoir pour elle.

Et dans la peinture, on voyait aussi l'autre moitié de son corps qui était dans l'eau : c'était sa queue de sirène, qui ne serait jamais remplacée par une paire de jambes humaines. Elle était bleue, elle aussi, et elle scintillait légèrement, autant qu'elle le pouvait grâce au reflet de la glace illuminée par la lune. Lully ajouta d'abord des mouvements à l'eau; on pouvait deviner son courant et ses remous au-dessous de la glace, grâce à son contrôle de l'eau. Par son contrôle de l'illusion, elle y insinua aussi un coquillage blanc qui était figé dans la glace; et si on le frôlait, on entendait un air de violoncelle et de piano, que Lully avait confectionné avec son contrôle de la musique. Ce n'étaient peut-être pas les instruments de musique les plus appropriés, mais son amour pour eux était trop grand pour qu'elle ne les y mette pas. Et enfin, grâce à son pouvoir de trompe l'oeil, Lully avait pu corriger facilement toutes les fautes de style qu'elle avait pu y insinuer. Vraiment, pour elle, ce tableau semblait parfait. Il symbolisait exactement dans l'état où la sirène avait eu l'impression de se trouver quand elle s'était échouée à la Surface, quand elle avait vu ses jambes, et quand elle avait senti le vent, aussi agressif que des lames pour elle.

C'était un éveil de la sirène, et une mort tout autant. Comme pour Lully.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 15 Jan 2014, 18:52

« Non, je refuse ! ». « Oh mais quelle petite impertinente ! Et ça se croit reine ! ». « Justement, je suis votre reine, c'est à moi de décider si oui ou non j'ai envie de participer à la coupe des nations ! Vous êtes complètement fous si vous pensez que la magie me correspond ! ». Je me pris une claque magistrale, l'archimage Nylmord n'ayant plus aucune patience avec moi. Mes dragons s'affolèrent alors qu’Émilie s'écartait. Ma zombie sentait quand les choses allaient mal tourner, elle savait qu'il ne fallait pas rester ici. Cette claque, ce fut l'une des plus grosses erreurs commises par ce mage et il le sut quand il vit mes cheveux voleter autour de mon visage, doucement, mes yeux le fusillant. Sa peau devint cramoisie, il perdit du poids à une vitesse affolante, malade, courant tout droit à l'article de la mort, l'article de la fin. Autour de moi s'était créées des silhouettes effrayantes qui ne cillèrent même pas lorsque celui qui répondait au titre de Nylmord tomba sur le sol, me suppliant presque d'arrêter. Il croyait que c'était facile ? Facile d'arrêter une magie qui me dépassait ? J'avais beau lutter de toute mes forces, je le détestais d'avoir osé me toucher, je le détestais pour l'atteinte qu'il m'avait faite. En temps normal ma magie ne répondait jamais à mes attentes, je ne voulais jamais ce qu'il se produisait mais, cette fois, cette unique fois, j'étais d'accord, il m'avait bien trop torturé pour que je ne lui fasse pas payer ses remontrances. Toute magie cessa alors, sans que je ne le veuille, encore une fois. Je ne contrôlais jamais rien, jamais. Je le fixai « C'est moi, la reine. ». Je l'avais dit lentement, me rendant compte du ton que j'avais employé quelques secondes après que mes mots soient sortis de ma bouche. Alors forcément, après ça, j'étais redevenue moi-même, aidant l'archimage à se relever, m'excusant platement, totalement paniquée, au bord de la crise d'angoisse, ce qui n'aurait certainement pas arrangé les choses. Nylmord prit partie de me faire une tisane pour me détendre et même s'il reprit contenance, je vis bien dans son regard que quelque chose avait changé. Pas qu'il me respecte plus, simplement qu'il me craignait légèrement. Étais-je un monstre ? Cette idée m'avait traversé l'esprit plusieurs fois déjà mais qu'importe, elle s'envola quand l'archimage prit la parole. « Écoutez, même si votre royauté est encore tenue secrète, il est de votre devoir de vous rendre à cette épreuve. Si vous faites confiance à votre magie, elle devrait répondre à cette confiance. ». Il ne me comprenait pas, il ne savait pas. Néanmoins, je lui étais redevable donc, après un long soupire, je finis par murmurer : « Bien, d'accord. ».

Les îles suspendues. J'étais ici depuis des heures et rien ne sortait, rien ne voulait venir. L'Aether avait même pris partie de rester là pour m'observer, comme s'il était lui même incrédule. Bien sûr, je savais que ce n'était pas le cas, mais c'est ce que je me plaisais à imaginer pour éviter d'être troublée encore plus par sa présence. J'avais déjà une idée en tête, une idée de création, mais le problème c'est que pour créer, j'avais besoin de ma magie, magie totalement absente à l'appel, envolée. En réalité, j'avais l'intention de créer une statue du dragon Suris puisqu'il était le symbole de notre peuple. Mais comment faire une statue qui en plus de cela devait avoir un tantinet de magie, si je n'étais moi-même pas capable d'en faire ? Je soupirai, fixant un instant l’œil bleu du dieu. Je n'en avais jamais vu avant et j'étais curieuse, bien que désespéré de lui montrer à quel point j'étais nulle. C'est ça, j'étais nulle, bonne à rien, incapable de faire quoi que ce soit et encore plus inapte à la royauté. Pourquoi moi ? Je regrettais amèrement de m'être engagée. Je n'étais même pas reconnue comme reine, les archimages avaient trop honte de mon manque de culture, de mon manque de magie. J'étais juste un fruit véreux, pourri. Et, en attendant, ma création n'avançait pas. Comment faire ? Anxieuse, j'entortillais mon chemisier entre mes doigts jusqu'à bloquer le sang qui circulait dedans. Et là, j'eus une idée, une idée fantastique. Ma magie fonctionnait uniquement dans deux cas : lorsque j'étais en danger ou en colère et lorsque je cousais ! C'était ça la solution, je ferai un dragon en tissu pour activer ma magie et une fois celle-ci lancée, je n'aurai qu'à continuer dans cette voie.

Je commençai donc mon ouvrage, demandant du tissu bleu, aussi bleus qu'étaient mes cheveux quelques temps plus tôt. Alors que je taillais avec une grande paire de ciseaux, ma magie s'activa, prenant le relais. C'était tellement agréable, je n'avais plus qu'à penser pour que le dragon se façonne, le tissu se transformant en un métal solide, résistant. La transmutation était à l'œuvre, épatante. J'aimais ce sentiment, le sentiment de contrôler cette partie de mon être qui jamais ne me laissait la dompter. La magie, ma magie. Le dragon fut bientôt prêt, poli, brillant, parfait. La statue était immense, imposante et le corps de Suris devait au moins mesurer cinq mètres. Je la voyais déjà trôner magnifiquement sur l'une des îles du lac de la transparence. Aussi, je lui transférai un peu de ma magie, lui donnant le pouvoir de transmuter des petits objets. Chacun savait que la transmutation était le propre des magiciens et, pour représenter l'hiver, outre sa couleur glacée, je fis de ses yeux deux saphirs magnifiques, rappelant les flocons, sculptant de nouveau son corps dans une symphonie de dessins hivernaux, ses écailles semblant recouvertes d'une fine couche de givre. J'avais terminé, fière de moi, fière de ma magie car elle semblait ne jamais vouloir faire qu'un avec ma personne. J'étais rassurée, tellement rassurée, même si je savais qu'en rentrant, les archimages me feraient une leçon de moral. Je savais que ça ne leur irait pas, qu'ils me critiqueraient pour n'avoir pas fait quelque chose de plus intelligent, de plus perché. Mais je n'avais jamais menti à quiconque : je n'étais pas intelligente, j'étais simple d'esprit. Pour moi, l'hiver, c'était l'hiver, pas la métaphore du sens de l'existence que l'on avait rudement découvert après avoir passée une éternité au fond d'une grotte à manger des calamars. Voilà. Et s'ils n'étaient pas contents, ils n'avaient qu'à s'en prendre qu'à eux même car, après tout, moi, au début, je ne voulais pas participer.

Spoiler:

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 15 Jan 2014, 20:16


Univers aux contours évasifs, l’esprit et l'imagination étaient deux petits mondes d'une puissance insoupçonnée qui s’entremêlaient pour faire naître le meilleur comme le pire, le beau et l'artistique, le surprenant et le choquant. Paupières closes, Lily-Lune se laissait voguer dans les méandres de cet océan d'idées. Le thème de l'épreuve lui parlait. L'hiver était de loin sa période favorite, celle qu'elle préférait dépeindre et contempler, celle qui lui sciait le mieux, malgré l'éternel beau temps qui régnait à Maëlith. Il y a de ça quelques années, une enfant émerveillée l'avait appelé Reine des Glaces, non pas parce qu'elle la trouvait froide ou distante, mais parce que le givre et la neige semblaient faire partie de son être. Avec son teint de porcelaine et ses cheveux d'ébène, l'Orine était de glace et de nuit. Elle tâcherait de réaliser de son mieux une œuvre qui représenterait son peuple sans s'éloigner du sujet imposé ni se détacher de ce qu'elle était. Du bout des doigts, la jeune femme caressait la surface lisse et fraîche d'une petite pierre qu'elle tenait délicatement entre ses mains. C'était une Nyseira, une étrange pierre précieuse qu'on ne pouvait extraire que des sous-sols du village secret, et qui avait la particularité, même brute, d'être en forme de fleur. Elle avait choisis cette emblème de son peuple pour inspiration. Lentement, la Vénus rouvrit les yeux, un léger sourire sur ses lèvres ensanglantées. Elle savait ce qu'elle devait faire.

Durant quelques longues dizaine de minutes, la jeune femme se chargea de la base de sa sculpture, de ce qu'elle voulait comme socle. C'était un épais bloc qui semblait être fait de glace ou de cristal, il devait faire entre un mètre et demi de diamètre pour une cinquante de centimètres d'épaisseur. Tout son pourtour était décoré de douces arabesques gravées, discrètes. Cette étape fut facile. La suite serait bien plus complexe. Pensive, Lily laissa ses grands yeux noirs vagabonder sur les autres participants. Et ce fut une toute jeune fille qui retint son attention. Ce n'était qu'un adolescente, à l'allure timide. Elle ne semblait pas avoir plus de treize ans. Ses cheveux étaient de jais et sa peau d'un pâleur de craie. Elle était jolie, avec des traits assez typés. Mais la ressemblance n'était-elle pas frappante ? Troublée, la Vénus dévisagea durant d'éternelles secondes cette enfant. Elle aurait presque cru se voir dans un miroir du passé. Bien que déconcertée par cette étrange vision, Lily-Lune détourna le regard pour retrouver un semblant de raison. Elle ne pouvait décemment pas divaguer, pas en cet instant. Cependant, elle se promit d'enquêter sur cette affaire dès que son emploi du temps le permettrait.

« Deimu shizen.» murmura-t-elle tout bas. L’Invocation Céleste était un pouvoir qui marchait presque constamment pour la Vénus, pour mieux entretenir le lien étroit qu'elle avait avec Mère Nature. Cependant, la jeune Reine préférait user des rites pour mieux réussir son œuvre. Et sans bouger, elle laissa l'Esprit puiser dans sa force et sa magie. Et une plante sortit de terre, à la fois lentement et terriblement rapidement. La fleur était magnifique, fine et délicate. Ses pétales semblaient fragiles, soyeuses. D'un blanc éclatant, des reflets multicolores les illuminaient à chaque mouvement. C'était une Nyseira. Du moins, voilà à quoi ressemblerait la pierre si elle appartenait au règne de la flore. D'autres Nyseira poussèrent, pour former un bouquet sauvages qui culminaient à plusieurs mètres. Les fleurs reposaient sur le socle. Les racines, invisibles ou presque, parcourraient l'intérieur du socle.

La neige se mit à tomber, abondante. Mais elle ciblait les fleurs, qu'elle ne tarda pas à recouvrir d'une couche vaporeuse. Puis grâce à un artefact, la Vénus fit tomber une fine pluie. Puis encore de la neige. Lily-Lune serrait entre ses longs doigts blêmes une petite fiole contenant un liquide transparent, semblable à de l'eau. Mais il s'agissait une potion, qu'elle versa près des tiges. Les Nyseira semblèrent frissonner. Satisfaite, la jeune femme sourit. Elle avait réussit. Doucement, elle toucha les fleurs. Elles étaient douces et froides, comme entièrement faites de glaces. Mais elles conservaient la souplesse végétale, et tanguaient doucement au rythme du vent. Les couleurs aussi avaient été préservé. C'était la représentation hivernale d'une vieille légende du peuple des Orines, sur les origines de la race, mêlée aux contes sur les pierres et Dame Nature. Tout en bas, près du socle, là ou s'élevait les tiges glacées, on jurait voir de jeunes femmes danser. Les pétales des Nyseira, comme du tissu soyeux, voletaient délicatement, ondulaient comme des vagues.

Représenter l'hiver. Durant près de 17 ans, les premières années de leur existence, les Orines ne faisaient que rêver cette saison qui n'existaient pas sur les Terres d’Émeraude. C'était peut-être pour cela que Lily-Lune était tellement attachée au froid et à la neige. Cette sculpture irait ornée une place à Maëlith. Le soleil ne pourrait rien contre ces fleurs givrées, et les petites pourraient s'évader sans même bouger.

820 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Jeu 16 Jan 2014, 00:07


Je n'étais pas à ma place parmi la populace. Je ne l'ai jamais été. Anxieux et mal à l'aise, je me contentais de scruter les environs avec une pointe d’appréhension dans l'ocre liquide de mes yeux. Peut-être n'aurais-je pas dû consentir à représenter les miens lors de l'une des épreuves de la Coupe des Nations. Sociable n'était pas le terme qui me définissait au mieux. De plus, je ne me sentais guère proche de mon peuple pour l'avoir longtemps fui. Pourtant, j'étais là, perché dans les hauteurs des îles suspendues, à contempler avec une certaine ironie ma fatalité personnelle. Hope était une belle personne. Je ne voulais pas la décevoir ou la couvrir de honte. Elle m'avait choisis pour illustrer la magie créative des Rehlas. Je devais faire de mon possible. Je sentis une légère pression sur ma paume, et mon regard glissa sur mes doigts entrelacés à ceux de ma bien-aimée. Elle me sourit, ses lèvres rouge comme le sang tordues en une expression tout à fait éblouissante. Son doux visage me réchauffa le cœur. « Tu ne t'avances pas jusqu'au bûcher, Caleb. Détends-toi.» Elle se mit très légèrement sur la pointe des pieds pour déposer un délicat baiser sur ma joue. Je devinais que l'ombre d'un sourire se traçait sur mes traits. Avant qu'elle se détourne de moi, ma main libre chatouilla sa nuque pour l'emprisonner, et je m'en allais réclamer une étreinte plus passionnée. C'est avec un léger rire qu'elle accueillit cette demande silencieuse. « Il est temps, l'épreuve va débuter.» murmura-t-elle, les lèvres quelque peu tremblantes, quand je lui laissais l'opportunité de prononcer deux ou trois mots. « Hum ? » Je relevais la tête et vis du coin de l’œil qu'un Aether atypique approchait en effet. « Bonne chance, ma Reine.» soufflais-je avant d'embrasser le haut de son front en glissant mes doigts dans sa chevelure sombre. Et elle s'éloigna.

Je n'étais qu'un vagabond qui errait sans prétention à travers les continents. Je vivais simplement en me bornant aux maigres plaisirs d'une vie sans lendemain. J'avais tout vu, et dirais-je même avais eu l'honneur de contempler des paysages en toute saison. L'hiver était un monde de beau. La nature était figée dans une transition givrée. J'avais déjà quelques idées sur la marche à suivre pour réaliser cette représentation de l'hiver mêlé aux folklore de ma race. C'est tout naturellement que j'allais m'installer sur un gros rocher, une grande toile face à moi sur un chevalet improvisé. Assis sur ma pierre, je contemplais la toile vierge, pensif et rêveur. Je ne pris pas le risque de me précipiter, car après tout, le temps n'était pas compté. Dans un coin de ma tête se construisait lentement mon projet. Mon esprit tournait à vive allure pour imaginer le résultat final que j'espérais. C'était une toile, que j'avais en face de moi. Mais ce n'était pas de la peinture que j'envisageais. Je commençais par choisir un magnifique tissu bleu au toucher soyeux pour l’agrafer et en faire mon fond. Et du bout des doigts, je débutais un léger tracé, délimitant les contours d'un labyrinthe de glace. J'avais ce pouvoir. En réaliser un petit ne me demandait guère de force. Cependant, je ne voulais utiliser cette capacité brute.

Concentré, j'usais plus profondément de ma magie pour rendre ce petit labyrinthe mouvant. Lentement, les différents pans se déplaçaient. Une once de fierté s'éveilla dans mon cœur en ruine. Je la chassais immédiatement, loin d'être assez méritant pour éprouver ce genre de sentiments. J'arrêtais le mouvement des murs du labyrinthe, pour me concentrer sur les finitions. Je pris la peine de sculpter chaque morceau. Les murs de glace devinrent des points. Du moins, c'est ce qu'on croyait de loin. Lorsque l'on approchait, on pouvait distinguer les silhouettes ou représentations que je me faisais des étoiles. Les petits astres merveilleux dansaient pour former tour à tour telle ou telle constellation. Je souris lorsque je reconnus la Plume, celle liée aux Anges, dont la pointe resplendissait par la brillance de Rêve. L'étoile gardait une place importante dans mon existence, depuis notre rencontre voilée. Réellement la rencontrer m'avait presque bouleversée et sa présence m'avait troublé. C'était une femme aussi magnifique qu'intelligente. Par bien des aspects, elle me rappelait ma tendre Lily. Durant un bref instant, j'avais faillis commettre l'hérésie de faire de Rêve le sujet de ma toile. Seulement, cela aurait pu m'attirer bon  nombre de problème, et m'éloigner du thème hivernal. Les étoiles de mon sujet étaient de glace, dans un ciel sombre, celui des longues nuits d'hiver.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Ven 17 Jan 2014, 23:58





« Oh ma douce souffrance...
Je remue le ciel, le jour la nuit,
Je danse avec, le vent, la pluie,
Un peu d'amour, un brin de miel,
Et je danse danse danse danse danse danse danse...
Et dans le bruit, je cours et j'ai peur,
Est-ce mon tour ? Vient la douleur... »


Le vent soufflait et donnait aux branches des arbres nus le rythme d'une danse effrénée. Une légère brume émanait du ruisseau, se propageant petit à petit aux pieds de la sorcière des Lunes. Le froid gouvernait les lieux, il s'acharnait sur le peu de fleurs qui y habitaient, les couvrant d'une fine pellicule de glace. Les cheveux de Naely volaient en compagnies de nombreuses feuilles brunes tandis que les frissons prenaient possession de son corps, la solitude était ici sa seule amie. Face à de nombreux outils, de nombreuses matières utiles à l'art, la jeune femme restait stoïque, comme paralysée par la peur.
« Et surtout, n'oubliez pas de vous donner en spectacle, vous êtes observée. » Ces derniers mots résonnaient au sein de l'esprit de la sorcière dans un écho infini. L'Aether sombre les lui avait murmuré à l'oreille avant de s'évaporer, laissant derrière lui une statue vivante, pétrifiée à l'idée d'être épiée. Malgré la pluie battante, un lourd silence pesait sur l'île suspendue.
Alors qu'elle observait le décors qui l'entourait, que le rythme de son souffle accélérait ; le cœur battant, elle s'imaginait différente. Dans l'univers qu'elle s'inventait, elle ressemblait à sa sœur et ne possédait pas cet œil rouge, recueil de toutes les atrocités qu'elle avait un jours commis. Elle était quelqu'un de bien qui n’anéantirais pas tout sur son passage. La race de sorcière lui était inconnue. « Je n'ai pas à avoir honte de la personne que je suis. » Une larme coula le long de la joue de la jeune femme des Lunes puis, un léger soupir s'échappa de ses lèvres charnues. « Que voulez vous de moi ?! Qu'attendez vous de cette épreuve ? » Naely hurlait à présent, le regard rivé vers le ciel, comme si les juges du tournoi se situaient au niveau des étoiles. « La magie m'a détruit, elle a fait de moi un monstre.. Comment voulez vous que je l'exprime pour faire honneur à un roi que je hais ?.. Je ne suis pas capable de lui rendre hommage.. » La voix à présent emplie de sanglots, se retourna vers la pile de matériel qui lui était proposé. « Je ne veux pas de cette vie. »

La sorcière ignorait pourquoi l'empereur noir l'avait choisi pour accomplir cette mission qu'elle se refusait d'effectuer seulement, elle savait que l'Aether vêtu de noir ne l'autoriserait pas à déclarer forfait. Elle se devait de réaliser une œuvre d'art que la magie gouvernerait, une œuvre qui serait exposée devant tous, une œuvre qui représenterait sa race autant qu'elle.
Le sourire aux lèvre, comme envahie d'un esprit rebelle, la jeune femme décida de ne pas utiliser ce que les touts puissants avaient mis à sa disposition et s'éloigna du centre de l'île sur laquelle on l'avait fait apparaître. Malgré les apparences, la faune et la flore de ce rocher suspendu était d'une importance phénoménale. Tout comme le cœur de Naely, ces lieux étaient noirs, détruits par la cupidité et la haine mais, de nombreuses merveilles s'y cachaient. De l'or pouvait vous glisser entre les doigts si vous les plongiez dans le ruisseau brumeux, les arbres se couvraient de fleurs multicolores dés lors que vous leur adressiez une chanson, les oiseaux s'éveillaient lorsqu'ils sentaient la joie d'une personne les entourer.
En suivant le ruisseau, la jeune femme mit quelques minutes avant de plonger dans la forêt dénudée de feuilles. Une lumière l'attirait surplombant un chemin de pierre abîmé. Lorsqu'elle l'atteignit, l'enfant Layves y découvrit des lucioles qui se jouaient du vent. Elles allaient et venaient sans être touchées par le froid qui les embrassait et brillaient de milles feux. Ces petites lumières naturelles se mirent à danser en compagnie de la chevelure blanche de Naely au rythme des bourrasques d'air puis, elle l'accompagnèrent jusqu'au trésor de l'île. Une grotte de glace s'était imposée dans cette atmosphère gelée. Éblouies par les lucioles colorées, les parois de cette crypte pure offraient un feu d'artifice de toute beauté à la jeune femme des Lunes qui resta pantoise quelques instants devant ce spectacle. Elle avait ainsi trouvé la matière qu'elle désirait travailler pour cette épreuve..

De nombreuses heures s'étaient écoulées depuis la fabuleuse découverte de Naely qui finissait calmement son œuvre. Les doigts rouges, brûlés par le froid de la glace, elle peinait à sculpter les détails de sa création.
Lorsqu'elle eut enfin terminé, la jeune femme recula afin d'admirer le résultat de sa dure labeur. Elle enchanta sa statue puis, se laissa bercer une dernière fois par le vent des lieux. « Adieu. » Ce dernier mot sonnait la fin de l'épreuve pour la sorcière qui gardait les yeux clos. Elle ne souhaitait pas voir le chemin que lui faisait emprunter l'Aether. Les bras levés, elle attendait d'entendre les nombreuses voix des festivités du tournoi avant de pouvoir enfin montrer aux yeux de tous ce qu'elle pensait de sa race.
« Naely, expliquez nous votre œuvre. » La jeune femme observa la foule avant de tourner les yeux vers la statue qu'elle avait sculpté. Une lune de glace, couverte de nuages et d'animaux éclatait de brillance à l'aide des petites lucioles qui ne l'avaient pas quitté. A ses pieds, une montre indiquait le temps qui s'écoulait, ramenant tous les spectateurs à la réalité.

« Pour moi, l'hiver n'est autre que le froid, le vent, la pluie et la glace. La beauté de ce dernier matériel m'a hypnotisé alors que j'étais sur cette île suspendue, c'est pourquoi, j'ai pris la décision de l'utiliser. Je voulais vous surprendre en vous donnant une belle apparence qui ne cache que la pourriture de vos âmes. Cette œuvre est ensorcelée, elle ne peut que révéler vos pires démons, vos côtés les plus sombres, ceux que vous refoulez le plus c'est pourquoi, dés lors que vous la toucherez, vous changerez. Ainsi, les hommes avares et curieux de connaître ma race qui les intrique tant ressentiront une extrême douleur en touchant cette statue de glace qui les fera littéralement pourrir, et, s'ils gardent trop longtemps leur main accrochée à cette Lune, ils mourront. Les femmes narcissiques et apeurées par le temps qui passe seront quant-à elle ne pourront s'empêcher d'admirer leurs reflets dans cette glace taillée mais n'y verront que vieillesse et abomination.
Tout comme les sorciers, cette œuvre est belle. Mais il faut toujours se méfier des apparences, elle ne vous apportera que malheur et immondice. Elle est trompeuse et malveillante, tout comme le roi que je me dois de servir.
 »
Naely hésita un instant puis elle finit par ces quelques mots.


« Horreur et désolation, là se trouve toute la beauté des sorciers. »



1156 mots !

Pour ceux qui désirent voir à quoi ressemblent la lune et la montre :p:
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

¤ Tournoi des nations : Épreuve de magie ¤

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» ¤ Tournoi des nations : Épreuve d'agilité ¤
» ¤ Tournoi des nations : Épreuve de force ¤
» ¤ Tournoi des nations : Épreuve d'intelligence ¤
» ¤ Tournoi des nations : Épreuve de charisme ¤
» ~ Coupe des Nations : Épreuve de magie ~
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Est :: Iles suspendues-