-40%
Le deal à ne pas rater :
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + Casque filaire ...
29.99 € 49.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 La création du Cœur Bleu

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Mer 15 Oct 2014, 22:39

« Edwina... ». L'Ultimage leva les yeux de son ouvrage, fixant le point vers lequel le son semblait provenir. Il n'y avait rien. Elle était troublée et ce depuis qu'elle avait initié la cérémonie sur le lac. Il semblait que quelque chose lui échappait, état qu'elle mettait, sans se soucier du reste, sur le compte de ce qu'il s'était passé avec Adril. D'ailleurs, comme si ses obsessions ne pouvaient la lâcher, elle était justement en train de finaliser la description de l'Alfar, l'inscrivant dans l'encyclopédie qui serait l’œuvre littéraire de son règne, du moins, la première et la plus importante selon Nylmord. Elle doutait un peu de la finir un jour mais, pour le moment, elle s'y appliquait. C'était cela ou entendre de nouveau un Archimage quelconque lui parler pendant des heures des personnalités importantes des Terres du Yin et du Yang. Elle préférait découvrir, fouiner, interroger des individus, bien qu'elle ne soit pas des plus douées pour obtenir des informations de la bouche des personnes qu'elle croisait. Doucement, sa main se mouva vers le miroir à main qui se trouvait à ses côtés. « Montre moi Adril, s'il te plaît ». Elle revit la scène pour la énième fois, celle de leur dernier baiser. Elle soupira, finissant par enfouir sa tête dans ses bras, joue contre les pages de l'énorme livre. Elle voulait y trouver des signes qu'elle ne décelait pas. Quelque chose qui lui aurait prouvé qu'elle l'avait manipulé à cause de sa magie... quelque chose de concret. Dire qu'il avait une fille, une femme. Il parlait de cette dernière en des termes peu élogieux mais tout de même... Il n'aurait pas fait ça de sa volonté propre. Elle l'imaginait respectueux des traditions. Mais la question était surtout de savoir quelles étaient les traditions de son peuple concernant le mariage. Elle releva la tête, une forme s'imposant à sa vue quelques secondes, luxuriante de verdure, en forme ovale. Elle ferma les yeux un moment, se sentant étrange. C'était... Qu'avait-elle ? La jeune femme se rappela d'une vieille histoire que lui racontait son père sous l'océan. Il lui disait qu'elle ne devait pas embrasser les garçons, sinon elle aurait un bébé. Elle tiqua, prenant un air sérieux un moment. C'était faux, n'est-ce pas ? Elle inspira puis expira. Oui, c'était faux. Forcément. Il n'y avait qu'une façon de faire les enfants et elle n'avait pas pratiqué ce genre de « choses » avec l'Alfar. Enfin... pas dans ce temps, pas... Oh non, elle n'allait pas faire « ça » avec lui. Légèrement paniquée, elle ne sentit pas tout de suite l'herbe sous sa main, ayant poussé de nulle part. Elle sursauta, de l'herbe bleue. Elle regarda autour d'elle, fixant sur la table la plante que lui avait remis le roi des Rehlas, d'un bleu magnifique, tout comme l'était la magie des Mages Blancs. Elle sourit. Cet homme était gentil et sage. Elle l'aimait beaucoup, même si elle le connaissait peu.

Elle se leva, laissant l'encyclopédie là, cachant le miroir à l'intérieur du tiroir de la table. Elle prit la plante. Un peu d'air lui ferait du bien. Ce fut d'ailleurs qu'en sortant du repaire qu'elle prit conscience qu'il faisait nuit. Elle avait trop songé à des choses qui ne devraient même pas hanter son esprit. Elle savait ce que Nylmord pensait de tout ceci. D'ailleurs, bien qu'elle ait pris le soin d'acheter une arme à son garde du corps, elle n'avait toujours pas trouvé la force de le revoir pour la lui remettre. « Un lieu à façonner... après le chaos... ». Elle se retourna, sursautant une nouvelle fois. Il n'y avait rien, de nouveau. Elle commençait à s'inquiéter, hésitant à appeler à l'aide. Mais pourquoi devrait-il y avoir quelque chose ? Elle avait trop étudié la vie de l'Alfar, c'était tout. Elle s'approcha de l'eau, fixant la lune un moment, puis son reflet à la surface du Lac. Elle devrait créer Caelum, bientôt, même si les Archimages semblaient tout faire pour l'en dissuader pour le moment. Son projet était certes ambitieux mais elle ne pouvait pas laisser les siens vivre dans un zone agricole, villageoise. Pour elle, la grandeur d'un peuple s'appréciait surtout par ses infrastructures et son territoire... Mais est-ce que le sien avait besoin de grandeur ? Non... peut-être pas, peut-être était-elle sur la mauvaise voie. Elle plissa les yeux, le reflet de la lune sur le lac prenant une couleur bleutée qui se refléta dans ses yeux. Qu'est-ce que... ? Il devint un ovale, un fœtus semblant se trouver à l'intérieur... quelque chose de... magique... « Je... ».

760 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 15 Oct 2014, 23:43

Edwina sentit un vent chaud et agréable caresser sa peau, ses cheveux voletant doucement, d'abord quelques uns d'entre eux, puis quelques mèches. Elle ferma les yeux, la crainte s'estompant totalement. Elle se sentait, au contraire apaisée, comme si elle savait. Et, en réalité, ses souvenirs revenaient, doucement mais sûrement, au fur et à mesure que sa propre magie s'activait. « Suris... ». Ses lèvres avaient remué pour produire ce simple son, ce simple murmure, tel un secret qu'elle était seule à connaître. En réalité, c'était le cas, une vérité qui ne se modifierait pas tout de suite. Elle ouvrit les yeux, le bleu qui y régnait habituellement prenant une teinte fantastique, irréelle, magique. Elle se sentait bercée, en communion avec cette magie qu'elle n'avait pourtant jamais maîtrisé. L'Ultimage fit un pas, sur l'eau, son pied ne s'y enfonçant pas, comme si la surface du liquide était un solide, uniquement pour elle. Elle sentait comme une corde de violon vibrer, une corde qu'elle ferait vibrer. Une certitude de jouer cet air correctement, parfaitement. L'eau s'illumina, emplie de la magie des Mages Blancs qui avaient traversé les ères, emplie de la magie de ceux qui étaient morts, leur corps calciné à la surface stoïque. Pourtant, là où elle posait ses pieds, des cercles se formaient, s'étirant à la surface du Lac. Un point de contact, de grandes conséquences. Elle était seule, un simple grain de sable dans l'étendue du monde. Pourtant ses décisions pouvaient avoir des répercussions s'appliquant à l'ensemble de celui-ci. La tempête créée par le battement d'ailes d'un papillon éphémère. Le temps semblait s'étirer, lent, trop lent, jusqu'à ce qu'elle atteigne le centre, la plante toujours à ses côtés. Elle savait ce qu'elle avait à faire et si elle débuta son ouvrage, ce fut dans un état étrange, un état d'apaisement certain, un état où son corps n'avait que peu d'importance. Il n'y avait que sa magie ainsi que les images reflétées par son esprit, ses pensées, ses obsessions. Ses pensées s'accélérèrent, elle vit un ponton, un chemin, tel un labyrinthe. Plus que de les voir, elle s'y retrouva bientôt, les imaginant comme s'ils avaient été devant elle, comme si elle pouvait sentir l'odeur des plantes, l'odeur du bois des cerfs qui y régnaient en maîtres. Elle sentait leur majesté, elle se rappelait de l'animal sur lequel l'Alfar l'avait mise, juste devant lui, au sein même de ses bras, comme un cocon. Les arbres, les plantes, les fleurs, tout ceci rappelait l'odeur de leur escapade. Mais ses frayeurs devenaient aussi des créations. Son regard dur, ses paroles sèches... des ronces, l'interdit, le danger. Pourtant, il y avait eu cette luciole, au creux de ses doigts, retrouvant sa liberté. Un miracle, un mystère, un trésor. Et puis, leur baiser, incroyable, si inattendu qu'il frôlait l'irréel, le conte, ces histoires de princesse et de prince que l'on contait aux enfants le soir pour s'endormir. Il n'avait rien d'un prince, elle n'avait rien d'une princesse, tout ceci n'était qu'illusion, que fantasme, qu'un chant qui pouvait émouvoir quelques secondes avant d'être destiné à l'oubli. Elle s'interdisait de plonger de nouveau dans cette folie, par respect pour lui sans doute, l'ancien Seigneur du Tout. Elle était emprisonnée malgré elle, retenue dans un endroit duquel elle ne pouvait sortir. Sans portes, sans fenêtres et, pourtant, elle savait que lorsque le moment serait venue, elle serait libre. Un jour. La contemplation d'un monde s'imposa à elle, du haut d'un arbre, attachée par ses lianes, ses pieds flottant doucement dans le vide. Elle dansait dans cet espace, les lianes s'entremêlant avec celles d'autres individus. Elle croisa son regard, à elle, Lynn. Cette femme avait été un labyrinthe pour elle. Elle ne l'avait pas compris, elle avait disparu, laissant le Lac aux mains des sorciers. Sa royauté avait fait la force des Archimages mais sa façon de gouverner avait plongé les Magiciens dans une fébrilité, dans une peur, dans différents chemins, tragiques ou merveilleux. Le chemin se créa, direct ou courbé, une artère immanquable reliant l'endroit au pôle de la royauté, d'autres plus petites, des veines, perdant le voyageur dans les mondes tout droit sortis de ses songes. Et pourtant, ici, chacun possédait une place importante, un tout qui formait un équilibre, un équilibre visant à protéger quelques secrets, quelques mystères, dont le plus important d'entre eux : Suris. Le tout se forma, s'imbriqua, se créa, sous le Lac, accessible que par un chemin particulier.

Edwina n'avait pas quitté sa place, flottant doucement à la surface de l'eau, perdue dans des images, dans des mirages, pour finir par entendre aussi distinctement que possible « Considérez également le fait que me demander des faveurs sexuelles, au regard des convenances et dans la mesure où je suis à vos ordres, est une insulte. ». Elle s'en trouva déstabilisée, prise dans un retour à la réalité difficile qui lui fit perdre le fil, la corde vibrante du violon, son équilibre. Ses pieds glissèrent et l'Ultimage se retrouva dans l'eau, trempée de la tête aux pieds. Pourtant, fruit de son labeur, un nouveau ponton venait d'apparaître, bleu clair, s'avançant vers le temple de Suris sans pour autant l'atteindre, comme un prémisse à une aventure, nouvelle. La plante du souverain des Rehlas avait disparu, contaminant la végétation du Cœur Bleu, reflet du cœur de la reine, détentrice de la magie bleue, comme la couleur de celle de son père, comme la couleur de l'océan où elle grandit jadis.

904 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Jeu 23 Oct 2014, 00:20

« Mais enfin, tout ceci est grave ! Le repaire des magiciens a été totalement déstructuré, il aurait pu y avoir des morts ! ». « Mais il n'y en a pas eu. Calmez-vous, voyons. ». Nylmord essayait de détendre un Archimage qui était encore dans tous ses états. Il regarda la jeune reine qui se trouvait assise sur une chaise qui avait échappé au chaos qui avait fait rage cette nuit là au Lac de la Transparence. Les yeux fixés vers le sol, elle n'avait rien dit depuis qu'ils l'avaient repêché, trempée de la tête aux pieds. Sirigon fit claquer sa langue. Cela arrangeait ses affaires, du moins, croyait-il. « Je pense que le mieux est de tous retourner dormir, nous verrons cela demain matin à tête reposée. ». « Dormir ? Mais où voulez-vous dormir ! Nous n'avons plus d'appartements ! ». « Je me demande si la potion que vous donnez à notre reine est efficace, Nylmord, j'aimerai bien jeter un coup d’œil à sa composition si cela ne vous dérange pas. Sans mettre en doute vos talents de confectionneur de potions, bien entendu. ». L'Archimage fit tout les efforts du monde pour ne pas montrer son agacement. « Bien, je vous en donnerai un flacon demain si cela peut vous faire plaisir Sirigon. En attendant, nous dormirons chez les villageois qui voudront nous accueillir. Je pense que nous ne manqueront pas de toits. ». « Sinon vous pouvez toujours sauter du ponton bleu... ». La voix d'Edwina venait tout juste de s'élever pour la première fois depuis le début de la conversation houleuse qui durait depuis maintenant plusieurs bonnes minutes. Sirigon voulut dire quelque chose mais Nylmord leva une main en signe de silence. « Sauter du ponton ? ». « Oui. Une fois dans le Cœur Bleu, il vous suffira d'aller tout droit en suivant le chemin de Lynn pour vous rendre à vos appartements. Juste tout droit, nulle part ailleurs. ». La nuit fut longue car les Archimages officiels passèrent un temps considérable à se demander s'ils devaient écouter les dires de la reine qui semblait plus sonnée qu'autre chose. Nylmord fut le premier à fouler la terre du Cœur Bleu, impressionné par la structure, l'architecture. Le repaire des magiciens était certes plutôt fondu dans le décor jadis mais, à présent, c'était un véritable labyrinthe. Il se demande ce que les différents tunnels pouvaient bien cacher mais décida qu'il était bien plus sage d'écouter la créatrice. Il était bien placé pour savoir que le cœur de la reine grouillait de secrets qu'il valait parfois mieux ne pas découvrir. Néanmoins, il devrait lui parler de la scène dont il avait été spectateur au bal d'or, à un moment ou à un autre. Le moment semblait mal choisi.

Le lendemain et le surlendemain, le Cœur Bleu attira l'attention des Magiciens qui s'y rendirent, les uns après les autres, afin de découvrir ces nouvelles terres qui étaient siennes. A vrai dire, peu regrettaient le repaire face à la magnificence de cette création. Certains se risquèrent même à enfreindre les ordres des Archimages, découvrant toute la féerie de l'endroit. La seule que l'on ne vit pas fut la reine, qui préféra rester un peu en retrait. Malgré cette création, elle avait une autre mission, et non des moindre : retrouver Suris et le placer dans un endroit tel que nul ne pourrait le trouver et ce dans le plus grand secret. Nylmord finit tout de même par la trouver, sachant pertinemment qu'il ne pouvait attendre pour la questionner sur certains sujets. Les Archimages voulaient des réponses et elle seule pouvait les lui fournir. « Pourquoi avez-vous créé ceci ? ». Elle sursauta, ne l'ayant pas senti approcher. « C'était une obligation mais je ne sais pas exactement pourquoi. ». Elle mentait, bien sûr, mais le vœu qu'elle avait formulé au génie le lui permettait aisément. Elle ne pouvait pas trahir la confiance de Suris. Si Nylmord devait voir l’œuf, alors cela se ferait. Mais ce n'était pas à elle de le lui montrer. « Bien. Et pour votre garde du corps ? Sachez que je ne veux pas interférer dans votre vie privée majesté, mais votre fiancé a été retrouvé éventré il y a quelques jours et vous n'êtes même pas encore allé le voir... ». « Éventré ? ». Les yeux de la reine s'agrandirent, celle-ci éprouvée. « On ne vous en a pas informé ? ». « Je... ». Nylmord passa une main sur son front, visiblement las des omissions fréquentes de ses pairs. « Adril aurait pu vouloir... effacer la concurrence, vous ne pensez pas ? ». « Oh non... ce n'est pas... enfin, il ne ferait pas ça, jamais ! ». « Êtes vous sûre de cela ? ». Nylmord, en réalité, savait pertinemment qu'un homme amoureux pouvait être capable de folies, néanmoins, Adril était un homme marié et les probabilités pour qu'il tombe sous le charme d'Edwina était trop faible pour qu'il y croit. Non, ce qu'il cherchait à tester étaient les émotions de la jeune femme à l'égard de l'Alfar, d'une façon détournée. Il avait peur qu'elle s'amourache d'un homme qui ne chercherait qu'à prendre du bon temps entre ses bras. Il était hors de question que ce genre de choses se produisent, déjà parce qu'elle était fiancée – même si l'homme en question était détestable au possible – ensuite parce que son statut ne lui permettait pas ce genre de fantaisie, enfin parce qu'il n'avait aucune envie qu'elle en souffre. « Oui, j'en suis certaine ! ». « Hum... ». Nylmord avait bien peur qu'elle ne l'aime. Il soupira. Maintenant, il devrait parler à l'Alfar, savoir ce qu'il en était de son côté exactement, bien qu'il imaginait déjà la réponse. En réalité, Edwina n'était pas sûre de cela. Il lui avait proposé de le tuer. Le doute germa en son esprit. Elle ne l'avait vu que tardivement et il ne lui avait pas dit ce qu'il faisait là exactement. Il ne pouvait pas avoir essayé de tuer Gaston sans le lui dire... Elle devrait les interroger, l'un et l'autre, mais le plus important était de trouver l’œuf. « Je dois me rendre en Avalon afin de rencontrer le Dædalus. Je vais y aller seule, je pense que... m'éloigner un peu d'Adril serait... bénéfique. ». Ce n'était pas faux. Elle ne savait pas quoi faire à son sujet. Elle ne savait pas ce qu'elle lui dirait la prochaine fois que leurs chemins se croiseraient, et il était certain que cela se produirait bientôt en vue de son statut. « Bien. Je vous laisse y aller. Mais ne traînez pas et envoyez moi une missive dès que vous êtes arrivée. ». « Je n'y manquerai pas. ».

1221 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Jeu 23 Oct 2014, 14:03

Cela faisait des heures qu'Edwina marchait. Elle se pensait perdue de temps en temps mais le pressentiment qui guidait ses pas revenait la hanter à chaque fois qu'elle commençait à penser qu'il vaudrait mieux rebrousser chemin. Elle avait mal aux pieds et ses vêtements avaient subi quelques soucis durant le trajet, notamment quand elle avait traversé une forêt aux arbres sanguinaires et au sol fait de pierres. Il faisait presque nuit et son inquiétude croissait en fur et à mesure que les bruits nocturnes s'élevaient ici et là. Elle finit par voir une grotte, un endroit qui lui semblait sûr pour passer la nuit. La présence d'Adril lui manquait. Elle mit cela sur le compte du savoir faire de l'Alfar. Il aurait su faire un feu, il aurait su comment manger. Elle soupira, les cheveux légèrement ébouriffés, sa fatigue marquant ses traits. Observant un moment l'endroit en silence, elle finit par entrer dans la cavité, totalement noire. Elle avançait à l'aveuglette et finit par marcher sur quelque chose qui la fit pousser un cri, quelque chose de ni dur ni mou, quelque chose de vivant. Un grognement s'en suivit. Elle recula, tombant sur les fesses. Elle ferma les yeux, comme si ce simple fait pouvait faire fuir le danger. Une lumière jaillit de nulle part, un feu fut allumé. L'homme qui dormait jusqu'ici paisiblement pencha la tête légèrement sur le côté, fixant cette « chose ». Il pencha un peu plus, son cou craqua. « Hé ! ». « S'il vous plaît ne me mangez pas ! ». Après tout, si un individu vivait ici, il ne pouvait s'agir que d'un vampire ou d'un démon aux intentions maléfiques. « Vous manger ? Je ne suis même pas sûr que vous puissiez être comestible... ». Il se gratta les cheveux, un petit sourire sur les lèvres. « Et puis, si j'avais voulu vous manger, vu votre magnifique façon de faire face à l'ennemi, ce serait déjà fait. ». Edwina ouvrit les yeux, redressant la tête. « … Vous... vous... ». « Je suis Cocain. ». Elle se recula. « Je... mais... enfin... ». Il se leva, prenant garde d'attacher sa couverture autour de ses hanches. Il avança. Elle recula. Il soupira. « Allons, je suis un ange, je ne vais pas vous faire de mal. ». La reine préférait regarder ailleurs. « Vous... vous pouvez vous habiller ? S'il vous plaît. ». Il s'arrêta. « Oh, je vois. Vous ne devez pas avoir l'habitude de côtoyer des hommes. Ça se fait beaucoup dans la région. ». « … de quoi ? ». « Les parents qui préfèrent garder leurs filles à la maison, loin des tentations. Mais je comprend, en tant qu'ange je prêche la vertu. ». Il recula, enfilant une chemise en coton et un pantalon de la même matière à moitié déchiré aux genoux. Il laissa choir la couverture au sol, regardant le feu qu'il avait créé un moment avant de tourner les yeux vers la jeune femme. « C'est mieux comme ça ? ». Elle le regarda. « Hum... oui. ». Il s'approcha, lui tendant la main. Elle hésita mais finit par la prendre, se sentant tirer vers le haut aussi facilement que si elle avait été un chaton. Face à face, il l'observa un moment. « Je comprend pourquoi on vous enferme. Vous êtes jolie pour une fille de paysan. ». Elle baissa les yeux, se disant qu'elle ferait mieux de partir le plus vite possible. « Je suis un ange, vous vous rappelez ? Ce que je dis est sans arrière pensée. ». « Ah oui... ». Il lâcha sa main, se reculant vers le feu de bois pour s'asseoir sur... l’œuf. Edwina n'en croyait pas ses yeux. Cet homme prenait l’œuf de Suris pour un siège. Toute tentative de fuite était à présent impossible. Elle devait trouver un moyen de lui prendre ce bien. « Bon, que les choses soient claires. Si vous avez fugué, je vais devoir vous ramener chez vous. Je ne sais pas ce que vous ont fait vos parents mais quoi qu'il en soit, autant vous dire que ça ne doit être qu'une crise passagère. Vous serez mieux avec eux qu'ici à vivre dans une grotte. ». « Mais euh... vous vivez dans cette grotte, non ? ». Il y avait amassé là tout un tas d'objets qui démontraient qu'il habitait ici depuis un certain temps déjà. « Moi c'est différent... Des histoires d'ange que vous ne pourriez pas comprendre. ». « N'est-ce pas de l'orgueil ? ». « Pardon ? ». « Je ne peux pas comprendre donc vous êtes supérieur, n'est ce pas ? C'est de l'orgueil. ». Il rit. « Vous en êtes sûre ? ». « Euh... non... enfin, c'est qu'il me semble que... ». « Si c'était de l'orgueil, mes ailes deviendraient noires, vous ne pensez pas ? ». « Euh... si, sans doute... ». « Voilà. ». Elle se tut, se demandant si elle arriverait un jour à récupérer cet œuf. Comment faire ?

« Quelle est votre nom ? ». La question la fit sursauter. Elle était en train d'élaborer un plan afin de lui prendre l’œuf. Elle ne le regardait plus depuis quelques minutes alors que lui l'observait, tout de même intrigué. « Euh... ». « Euh ? Ce n'est pas un nom ça. ». « Parce que Cocain c'est un nom peut-être ? ». Elle se rendit compte de ses paroles, baissant les yeux en rougissant. Il rit. « Mes parents ne sont malheureusement plus de ce monde pour qu'ils puissent entendre vos plaintes. ». « Oh... pardon. Ce n'est pas ce que je voulais dire. C'est juste très... surprenant. ». Il ne la quittait pas des yeux. « Je pense que le mieux serait de dormir. Nous reprendrons cette conversation demain et je vous ramènerai chez vous. Prenez mon lit, j'irai dormir un peu plus loin. ». Elle regarda la couche qui, même si elle était à même le sol, avait l'air confortable grâce aux épaisses couches de fourrure. « Hum... Peut-être que... Vous êtes un ange alors vous pouvez dormir avec moi... c'est un peu comme si je dormais avec un enfant ou... quelque chose comme ça. ». La réplique lui arracha un sourire. « J'espère que vous ne croyez pas que les anges n'ont pas de sentiments. Trop de gens nous pensent asexués ou incapable de réactions physiologiques montrant notre désir. ». « Non non pas du tout ! Je ne veux pas vous offenser mais vous n'allez pas... enfin, je ne sais pas... c'est que bon... en fait... vous ne risquez pas de me faire des... « trucs » dans mon sommeil. ». « Ah ça non, même si je n'étais pas un ange, vous ne me donnez pas du tout envie de vous faire des « trucs ». Mais j'espère que c'est réciproque. ». « Quoi ? Oh moi ? Non je.. je ne fais pas des... « trucs » aux gens moi... ». Elle était décidément comique. Cocain sourit, s'interdisant de se moquer plus d'elle, même s'il avait bien envie de voir jusqu'où il pourrait l'amener comme ça. « Allez, au lit. ». « O...oui. ».

« Je pense qu'Adril peut avoir essayé de tuer Gaston... Je ne vais pas à Avalon... ».

Edwina ouvrit les yeux doucement. Elle était seule mais une odeur excellente venait de l'extérieur. L’œuf. Elle se leva rapidement, espérant profiter du fait que l'homme n'était pas ici pour prendre l’œuf et partir. Seulement, le petit problème c'est qu'elle eut beau essayer de le soulever, rien ne se produisit. « Oh, vous êtes réveillée ? ». Pliée en deux contre l’œuf, elle leva les yeux vers lui. Il la fixait d'un air étrange, comme s'il assistait à un rite d'une tribu chamanique. « Qu'est ce que vous faites avec mon siège ? ». Elle se redressa, se touchant un moment les mains, entremêlant ses doigts. « C'est que... ce n'est pas votre siège mais mon... porte bonheur ! ». Il leva un sourcil. « Votre porte bonheur ? ». « Oui. Je l'avais égaré et je suis venue le récupérer. ». « Vous avez égaré mon siège dans cette caverne ? ». « Ah non... en fait, il était quelque part et il a disparu subitement. ». « Mon siège a disparu ? ». « Mon porte bonheur... en fait. ». Elle réfléchit. « Mais si vous me rendez celui-là, je vous en trouverai un autre. ». Il sourit. « Oh allez-y, prenez le. ». Il savait parfaitement qu'elle ne pourrait pas le bouger de là. Cette femme avait des bras aussi musclé que ceux d'un bébé venant tout juste de sortir du ventre de sa mère. « Je vous ai préparé du poisson. ». « Oh... ». « Vous n'aimez pas le poisson ? ». « Si mais c'est que j'en ai côtoyé beaucoup il y a quelques... temps. ». « Ah ! Vous êtes une sirène ! C'est pour cela que votre connaissance du monde est limité et que vous vous cramponnez à ce rocher ! ». Cet homme était infernal mais ce commentaire tombait plutôt bien. « Hum... oui, voilà, c'est ça... une sirène. Et je dois aller au lac de la transparence avec mon porte bonheur pour plonger dans l'eau et atteindre de nouveau l'océan. ». Le sourire de Cocain disparut de son visage un court instant. « Au Lac ? ». Elle le suivit jusqu'à l'extérieur de la caverne, prenant tout de même l'un des poissons grillé à la broche. « Oui. Pourquoi ? ». « Non, je ne fais pas confiance à certains magiciens. ». Elle faillit s'étouffer. « Pardon ? ». « Vous savez, la limite entre magicien et sorcier est très fine. Je crois que certains membres du gouvernement sont passés du côté obscure depuis un bon nombre d'années. ». « La royauté s'en serait aperçue, vous ne pensez pas ? ». « Et comment voulez-vous que cela se voit ? A part la magie, qu'est ce qui différencie un magicien d'un sorcier ? ». « Ah oui... Mais je pense que vous avez tord. ». Il haussa un sourcil. « Et qu'y connaissez-vous donc en magicien ? ». « Je pourrai vous retourner la même question... ». Il pencha la tête. « Je m'intéresse à un grand nombre de choses, voilà tout. ». « Moi de même. ». Silence.

« Je vais vous accompagner là bas. De toute façon, vous ne pourrez pas porter ce rocher toute seule. ». « Hum... mais du coup, je préférerai qu'on ne nous voit pas. Je pense que les magiciens sont bons mais, du coup, j'aimerai éviter de vérifier votre hypothèse. ». « Vous faites bien. D'ailleurs, est-ce que vous savez qui gouverne en ce moment ? ». « Hum... ». Tout ceci était compliqué. « Nyl quelque chose... Nylmord, non ? ». « Nylmord, je vois. C'est plutôt une bonne chose. Il est puissant. ». Elle le trouvait de plus en plus étrange mais le sentiment était partagé du côté du jeune homme. Elle lui semblait louche.

Lorsqu'ils arrivèrent au Lac de la Transparence, la nuit était tombée. Le trajet avait servi la cause du silence car, lorsqu'ils avaient commencé à parler de nouveau des magiciens, chacun avait pris conscience que l'autre en savait un peu trop. De ce fait, le dialogue s'était rompu, Edwina préférant arrêter de lutter avec cet ange qui n'y connaissait rien et Cocain préférant garder son statut d'ange intact dans l'esprit de son interlocutrice. Ils avaient tous les deux des choses à cacher et se taire était le meilleur moyen de les préserver. « Le décor a changé... c'est étrange... ». « Ah bon ? ». Edwina n'aimait pas jouer l'idiote mais cela lui semblait nécessaire. « Venez, il faut passer par le ponton... ». Arrivée au bout, elle se tourna vers lui. « Vous pouvez me laisser là si vous voulez. Je m'en sortirai très bien toute seule à partir de maintenant. ». Les yeux de l'homme se plissèrent. « Que me cachez-vous ? ». « Moi ? Mais... rien. Je... ». Il émit un rire très bref. « Vous ne verrez donc aucun inconvénient à ce que je plonge avec vous ? ». « Non. ».

« D'accord... ». Cocain fixait le chemin de Lynn avec une expression étrange. « Et vous saviez qu'il y avait ceci ici ? ». « … oui. ». « Vous n'êtes pas une sirène ? ». « Non. ». « Une fille de paysan ? ». « Non... ». « Je vois. ». Il regarda l’œuf qu'il portait à bout de bras. « Et ça, c'est quoi ? ». « Un œuf de dragon. ». « D'accord, donc, récapitulons. Vous m'avez menti depuis le début et tout ça pour que je porte pour vous un œuf de dragon dans ce lieu sorti de nulle part ? ». « Je n'ai pas menti... ou un peu. Mais c'est vous qui vous êtes emballé à me penser paysanne et sirène. Je ne vous avais rien dit à la base. ». L'œuf, comme pour briser le conflit courtois qui s'était installé progressivement depuis la veille se mit à léviter, avançant dans le chemin de Lynn pour disparaître dans un chemin plus petit. « Vous savez quoi ? Je ne veux même pas essayer de comprendre. ». « Il n'y a rien à comprendre. ». « Comment on sort d'ici ? ». « Euh... c'est que... ». Bonne question. « Vous ne savez pas comment on sort ? ». Il ferma les yeux. Calme, il devait rester calme. Il inspira puis expira, soudain plus disposé. Il ne pouvait la critiquer. Il lui mentait également depuis un certain temps et, contrairement à elle, il ne lui avait pas avoué ses mensonges et ne comptait pas le faire. Certaines personnes qu'il avait côtoyé dans son périple avaient tout de suite deviner qu'il n'était pas un ange, mais elle semblait incapable de remettre en question ses paroles. Cette femme devait avoir un objectif pour mentir de la sorte. Elle ne semblait pas mauvaise, bien qu'assez naïve. « Quel est votre prénom ? ». Car, après tout, elle n'avait pas répondu. « Ed..a. ». « Enchanté. Maintenant, Eda, il va falloir que nous trouvions un moyen de sortir d'ici. Vous pouvez utiliser votre magie non ? ». « Je ne peux pas. ». Voilà qui s'annonçait réjouissant. Un Magicien qui ne pouvait utiliser sa magie sans rompre sa confidentialité et une Magicienne qui ne savait pas utiliser la sienne. « Au fait, qui sont Adril et Gaston ? ». Car oui, il avait eu du mal à trouver le sommeil.

2448 mots
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

La création du Cœur Bleu

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» | Description du Cœur Bleu |
» [LDC MAGICIENS] - La découverte du Cœur Bleu
» Je me ronge le cœur de ce cœur que j'écoute (Laëth)
» [Q] - Son cri du cœur | Solo
» [A] - Le cœur a ses raisons
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Terres du Lac Bleu :: Cœur Bleu-