Shiro était partie, nous n'avions plus de Reine… Moi qui m'étais jurée de toujours la servir avec loyauté, je me sentais perdue… Nous nous sentions tous plus ou moins dans cet état au Royaume, mais pour moi qui avais eu la chance de la rencontrer et de m'en faire une amie, sa disparition signifiait beaucoup… Est-ce que tous ce que j'avais réussis à construire ici au sein de mes Sœurs Ombres n'avait désormais plus aucun poids ? Qui allait prendre sa place ? Est-ce que les choses allaient changer pour nous ? Je craignais le changement, car il ne m'apportait jamais rien de bon sans m'être battue pour lui pendant quelques temps. Je repensais alors à l'époque où j'avais tant peiné à gagner ma place légitime de femme au côté de mon mari… Est-ce que mon rôle de Passeuse allait-il être remit en question une fois le nouveau souverain en place ? Trop de questions sans réponses se poussaient en moi, et je ne parvenais pas à rester au Royaume avec toute l'agitation qui y régnait ces derniers temps… Alors, plutôt que de tourner en rond tel un félin en cage, je m'étais décidé enfin à avancer dans un chemin qui avait toujours été là mais était envahit de mauvaises herbes… La recherche de la tête de ma sœur.

Depuis l'invasion des Rideres, la Coupe des Nations et ma nomination en tant que Passeuse, j'avais très clairement mit de côté cette quête de ma vie et n'avais pas non plus revue Melody depuis tout ce temps, hormis bien sûre chez Dinguo, mais je n'avais pas eu l'occasion d'échanger quelques mots avec elle. Il me fallait reprendre contact, percer cet abcès qui m'empoisonnait la vie, montrer à ma petite sœur que je n'étais plus aussi faible qu'avant et qu'elle n'avait plus autant d'effet sur moi qu'autrefois. Certes, le fait que je sois responsable de sa mort ne changeait pas, mais je ne culpabilisais plus de la même manière qu'avant. Aujourd'hui, ma culpabilité se faisait action et tant que les choses ne se seront pas stabilisées parmi les miens, je me concentrerais à la recherche de sa tête. Et c'est ainsi que je me suis retrouvée à lui envoyer une lettre pour lui donner rendez-vous… là où la Tour Inconnue était apparue. Je me sentais idiote de ne pas y avoir pensé avant… Quel endroit y avait-il de plus logique pour cacher un objet que l'on ne voulait surtout pas être retrouvé qu'une Tour qui apparaissait et disparaissait au grès de ses envies ?

Ce n'était qu'une hypothèse, mais je voulais la vérifier… revoir ma sœur et lui prouver que je n'oubliais pas ma promesse envers elle… Melody finira par redevenir entière et sera enfin totalement libre, ce à quoi elle aspirait tant. Je l'attendais au pied de la tour, prête à y pénétrer, prête à assumer pleinement mes responsabilités envers elle mais aussi à remettre notre relation en place, comme me l'avait conseillé ma Reine.

Une lettre… De ma sœur. Je n'arrivais pas à croire qu'après tout ce temps, cette traitresse me recontactais ! Elle avait, soi-disant, de bonnes nouvelles pour moi, semblait avoir une idée sur la localisation de ma tête. Il est vrai que c'était la mission que je lui avais confié mais aussi une promesse qu'elle m'avait faite. Si seulement elle apprenait que je ne la cherche même plus ! Un vieux sage m'avait conseillé d'attendre, que si je ne l'avais toujours pas récupérée après tant de temps, c'est qu'il y avait bien une raison à cela... Et faute de meilleure idée, j'avais choisis de l'écouter. Ma tête reviendra à sa place quand le temps sera venu. Mais cela ne changeait en rien ma volonté de faire payer Milady pour ce qu'elle m'avait fait ! C'est donc avec une joie non cachée que je me rendis à son lieu de rendez-vous, vers une sorte de grande tour magique que je ne connaissais que de nom et de réputation. Forte de mon enseignement auprès de Samael, j'avais hâte  de m'amuser avec elle… Et là voilà, petite idiote se tenant devant moi, immobile, un faux sourire flanqué sur le visage, que je copiais à mon tour… Ces retrouvailles promettaient d'être forts passionnants…

La revoir me fit l'effet d'une grande gifle sur le visage. Elle avait… changé. Je ne parvenais pas exactement à dire en quoi, mais elle n'était plus la même qu'avant, et cela bouscula le peu de confiance en moi que j'avais acquis. Je m'étais préparé à affronter l'ancienne Melody, l'impulsive, celle qui me lançait des piques mesquins sans réfléchir et à tout va. Pas celle qui se trouvait devant moi… Je tressaillis à l'idée de ne pas réussir à lui tenir tête, mais tint bon. Pour le moment, je me devais de rester neutre, de lui parler uniquement des faits présents et de rien d'autre. Pour la suite, j'aviserais en temps donné…

« Bonjour ma sœur. Si je t'ai donné rendez-vous ici, et tu le sais, c'est dans le but de remplir mon devoir auprès de toi. Cette tour que tu vois derrière moi apparaît et disparaît sans que personne ne sache trop pourquoi, et elle se déplace également. J'ai donc imaginé qu'elle serait une bonne cachette pour ta tête. Mais nous en parlerons à l'intérieur. Vient ! Quelqu'un nous servira avec un peu de chance de guide… »

Et je n'attendis pas de réponse de sa part. Il n'y en avait pas besoin ici. Poussant alors la lourde porte d'entrée, je pénétrais dans ce lieu chargé d'histoire et surtout de magie. C'était… impressionnant… Mais à peine la porte se refermait derrière nous qu'un vieil homme barbue et à la voix grisonnante s'approcha de nous, une lampe à huile dans une main et une canne de bois dans l'autre.

« Bienvenue à la Tour Inconnue mes petites dames ! Ça fait plaisir d'avoir des visiteurs ! Dites-moi, ça vous dirait que je vous fasse une petite visite de ce lieu fantastique ? »

« Saurais-tu me dire d'ou je viens ? ». Mircella se releva en sursaut, manquant presque de tomber du lit. Elle se raccrocha aux draps de toutes ses forces et poussa un long et grand soupir. Elle ne faisait pas énormément de cauchemars, et elle doutait que c'en soit un, mais cette voix résonnait dans sa tête depuis bien trop longtemps pour que ce soit normal. Une nuit sur deux, elle manquait de réveiller la jeune elfe dormant à ses côtés avec ses sursauts, mais ne pouvait pas les contenir. Elle entendait cette voix répéter toujours la même phrase, la harcelant au beau milieu d'un rêve, mais elle ne parvenait jamais à distinguer le visage de celle qui la prononçait. C'était une voix de femme, à n'en point douter. Une voix de petite fille, même. Elle la connaissait, mais sans doute l'entendait-elle trop peu souvent pour l'associer à son cauchemar. La Haute Elfe remonta la couette jusqu'à elle, s'y emmitouflant quelques secondes pour récupérer un semblant de chaleur, tandis que le soleil tapait contre ses volets. Après un long moment passé à regarder le plafond en cherchant de qui pouvait bien provenir cette voix, elle décida de se lever.

Précautionneusement, elle quitta le lit et s'approcha des fenêtres qu'elle n'ouvrit pas en grand. Elle ne devait pas réveiller Lumi, et surtout pas aussi brutalement. La blonde des bois l'observa un instant, et la vision de ce charmant petit ange dans les bras de Morphée la fit sourire. Elle semblait si innocente, si pure.. Et ce petit être qui sommeillait en elle ne tarderait pas tant que ça à pointer le bout de son nez. La jeune femme prit quelques habits dans sa commode, s'habilla d'une tunique verte descendant jusqu'à ses genoux finissant par de la dentelle avant d'aller ouvrir la porte qui menait à un endroit bien singulier. La Dullahan se leva presque instantanément, quittant les bras étouffants du démon qui la serrait contre elle. « Non mais j'te jure quel chiant celui là, c'est censé être un gros démon tout puissant et il a besoin d'un doudou pour dormir, j'irais bien raconter ça à ses potes de l'Enfer, ce serait marrant ! ». Elle s'en détacha donc sans peur de le réveiller. De toute façon, qu'il se réveille ou non, il l'agaçait tout autant. Elle coiffa ses longs cheveux immaculés rapidement, avant de comprendre dans le regard de sa maîtresse que quelque chose ne tournait pas rond.

« Eh ma grande, t'as pas l'air dans ton assiette, t'as bouffé un truc avarié ? ». Mircella ne l'entendait pas, trop occupée à réfléchir. Elle faillit d'ailleurs se prendre les pieds dans les pinceaux de la jeune ange encore endormie, mais Julia la sonna encore un coup. « Oh, j'te parle ! Tu sais très bien que j'aime pas répéter, et la j'ai la gentillesse de te demander ce qui va pas alors tu ferais mieux d'en profiter au lieu de m'ignorer ! ». Reprenant tout à coup conscience de l'endroit ou elle se trouvait, l'Elfe secoua la tête. « Excuse-moi, Julia. J'étais perdue dans mes pensées. ». Si quelque chose n'allait pas.. « Ce n'est pas que quelque chose ne va pas, loin de là.. Pour tout te dire, dans tous mes rêves, depuis un bon bout de temps, j'entends la même voix me demander si je saurais dire d'ou elle vient. Je connais cette voix, mais impossible de mettre un visage sur cette dernière. Alors ce n'est pas un gros problème mais ça m'angoisse un peu. Ne t'en fais pas, ça devrait passer aussi vite que c'est arrivé. » Car ce n'était pas la première fois qu'elle parvenait à mettre de côté quelque chose qui l'intriguait. A force, elle avait compris que tout n'avait pas forcément d'explication rationnelle et qu'en chercher une la rendrait folle à lier.

« Il ne faut pas t'en faire, Mircella. Tu trouveras bien qui est cette personne là. ». Et ce fut le choc. La Haute Elfe fut comme pétrifiée sur place. Cette voix… C'était celle de l'ange. Celle qui vivait avec eux depuis qu'ils l'avaient récupérée à la Tour Inconnue. Elle la voyait tous les jours mais elle parlait si peu qu'elle n'avait pas réussi à associer sa voix avec son visage. « Ben tu vois, on l'as trouvé bien plus vite qu'on pensait. D'ou tu viens hein, tête de nœuds ? Ben d'la tour inconnue. Mimie t'as récupéré alors que tu priais j'sais pas quoi toute seule. T'as vraiment des loisirs bizarres, ça en plus de la peinture. ». La jeune femme avala sa salive, attrapant la main de la jeune Dullahan qu'elle entraîna à sa suite. Ils allaient découvrir d'où la petite rouquine venait, car après tout, ils ne s'étaient jamais vraiment posé la question. « Non mais t'es une grosse tarée toi. Je dois te rappeler ce qui s'est passé la dernière fois qu'on a mis les pieds dans cette foutue tour ? On a été attaqué par une grosse ombre qui jouait du piano ! ». Dit comme ça, ça pouvait paraître drôle. Mais croyez moi que ce ne l'était pas. Mircella poussa un soupir, plaçant sa main sur l'épaule de sa jeune amie. « Ecoute. Je peux concevoir que tu n'aies pas envie d'y retourner. Mais j'aurais besoin de savoir d'où elle vient et surtout, pourquoi elle ne me dit pas elle-même qu'elle veut le savoir alors que sa voix hante mes rêves. Si tu ne veux pas venir, je ne te force pas. Mais moi j'irais. Alors prends-soin de Lumi pendant mon absence. ».

Allant déposer un baiser sur le front de la jeune elfe encore endormie, elle attrapa la poignée de la porte pour la baisser quand elle entendit un soupir d'exaspération. « Ouais, c'est bon, j'viens avec toi, mais t'es chiante. Et moi je ferais rien pour l'aider c'te grognasse à la tignasse rouge. Elle a qu'a se débrouiller comme une grande, j'suis pas sa nounou et toi non plus. ». Elle n'osait pas le dire, mais elle l'appréciait. Cela aurait été une honte de l'admettre, même à elle-même. Le duo se dirigea alors vers la Tour Inconnue, sans grande conviction. Pendant le trajet, la Dullahan n'ouvrit pas la bouche. Elle se contentait d'avancer, les mains dans les poches de sa jolie robe à froufrous noire. Puis une fois qu'elles furent arrivées, ce qu'elle entendit lui arracha un bon vieux rire. « Mais aurais-je une camarade Dullahan dans le coin ? ». Trouver une tête, ce n'était pas si commun après tout. Elle s'approcha sans aucune gêne et se plaça aux côtés de sa congénère, qu'elle n'eut aucun mal à reconnaître, de par l'aura qu'elle dégageait sans doute. Cette odeur de mort lui était bien plus que familière. Mircella arriva en courant derrière elle, la priant de s'arrêter. Et le vieil homme reprit. « Oh, mais vous avez amené une amie ! Quelle bonne idée de faire une visite de la Tour tous ensemble ! Vous auriez du me dire tout de suite que c'était une excursion de groupe, j'aurais amené des amis moi aussi ! ». Gloups. Ce fut le seul son qui sortit de la bouche de l'Elfe, tandis que Julia se faisait déjà un plaisir d'avoir trouvé une semblable avec laquelle elle pourrait s'amuser.

« Bon..Bonsoir. ». Un peu nerveuse à l'idée de se retrouver entourée de deux Dullahan ou en tout cas deux êtres maléfiques - car Julia ne se prenait pas d'affection pour n'importe qui -, la Haute Elfe tendit sa main à la jeune inconnue. « Je m'appelle Mircella Rumblee. Je n'étais pas là pour une visite, mais si ma présence ne vous dérange pas trop... ». Incroyablement gênée. Et quand elle vit que la tête ne manquait pas sur l'épaule de la congénère de sa jeune amie, elle ne put s'empêcher de repenser à la manière dont la sienne avait été retrouvée, et de se demander s'il en existait beaucoup d'autres comme elle. Mais ce n'était pas le moment de se perdre à nouveau dans ses pensées. La jeune femme affichait un léger sourire, tentant de se faire bien voir. Qui sait, la personne en face d'elle pourrait prendre beaucoup plus d'importance qu'il n'y paraissait…

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A l'arrivée de l'inconnue, Melody et moi nous sommes retournés comme un seul homme. Et je ne pu m'empêcher de sourire malgré moi… Nous avions beau être dans une sorte de guerre froide, nous n'en restions pas moins des sœurs, qui plus est particulièrement proches à l'origine, bien que nos personnalités se sont radicalement opposés à notre mort. Quelque part, la revoir me faisait tout aussi peur que cela me rassurait. Elle était toujours bien vivante, n'avait pratiquement pas changé… alors il était encore temps que je remplisse mon rôle auprès d'elle et que je me libère des dernières chaînes de mon passé. Et peut-être même que ce jour fatidique de notre libération à toutes les deux était enfin venue… Du moins l'espérais-je au plus profond de moi. Mais en attendant cet instant fatidique, je reportais mon attention sur nos deux invités surprises. L'une d'entre elles fonça droit sur Melody, et se plaça à côté d'elle. Une connaissance passée ? Quand à la deuxième… sa façon de se comporter et de s'exprimer démontrait clairement une gêne. Je lui fis un petit sourire amicale, histoire de la rassurer. L'elfe blonde, Mircella, semblait avoir été prise au dépourvu, probablement à la fois par l'attitude de l'étrange jeune fille à la chevelure blanche mais également par la proposition toute naturelle que lui fit notre vieux guide. D'ailleurs, ce dernier semblait particulièrement enchanté de recevoir autant de monde, et ne se fit pas prier pour nous le faire savoir !

« Mais bien sûre que non jeune fille ! Comme le disait si bien ma défunte épouse, plus on est de fou, plus on rit ! Ah ! Comme c'est formidable d'avoir des visiteurs aussi jeunes que vous ! J'en ai ma sciatique qui se décoince ! Mais ne perdons pas de temps ! En route pour l'aventure ! Oh oh oh ! »

Et il partit ensuite, clopin-clopant, sans attendre nos réactions, apparemment beaucoup trop heureux pour s'en soucier. Cela me faisait toujours une sensation étrange de voir le bonheur des autres s'afficher sur leurs visages, moi qui n'étais plus capable de ressentir quoi que ce soit de bénéfique depuis un certain temps, maintenant. Et je ne cessais de repenser à ma rencontre avec Shiro… Elle qui m'avait semblé si… vivante… Deviendrais-je moi aussi beaucoup plus lumineuse que ténébreuse si je parvenais à devenir la Gardienne que j'espérais ? Ou bien étais-ce un privilège qui n'était réservé qu'à notre souverain ? Je me rendais compte à quel point je connaissais encore mal les hautes sphères de ma race, et cela malgré mon entrevue avec la Reine et mon nouveau grade de Passeuse. Les Ombres étaient décidément bien mystérieuses… Et tout cela soulevait en moi bien des questions et bien entendue, ma grande curiosité se manifestait d'autant plus. Maintenant que j'avais accepté celle que j'étais, je voulais… comprendre ce que je suis. Mais tandis que je me posais encore toutes ces questions intérieures, nous avions commencés la visite et grimpions peu à peu dans les couloirs de la tour. Quand à Melody…

Une Dullahan… Je n'en croyais pas mes yeux, alors que je reconnaissais parfaitement l'une de mes rares congénères… Et celle-là avait apparemment sa tête. Jalousie et curiosité s'alliaient souvenant, pour le meilleur et pour le pire. Mais je voyais surtout en cette rencontre imprévue l'occasion de poser des questions à celle qui était en avance sur moi. Connaissait-elle nos pouvoirs ? Qu'avait-elle ressentie en retrouvant sa tête ? Je voulais savoir et finalement, je devais bien avouer que répondre à l'appel de ma sœur était encore moins une mauvaise idée que ce que je m'étais déjà dit. Et le vieux avait commencé son discours, dont je me fichais éperdument, moi qui avais bien mieux à faire. Briser la glace ? Aucun problème, j'allais avoir tout mon temps pour obtenir ce que je désirais...

« Alors ? Ça fait quoi de retrouver sa tête ? Moi c'est Melody, et l'autre quiche, là, c'est ma sœur, Milady. Elle est persuadée de pouvoir retrouver la mienne ici et m'a trainée de force écouter ce vieux chnoque. Et toi ? Qu'est-ce que tu fais là ? »

Du franc parler, des questions directes… C'est tout ce qu'il me fallait pour entamer une discutions avec cette gamine aux cheveux blancs. Et avec un peu de chance, elle saura se montrer coopérative sans que j'ai pour autant besoin de me servir de ce que m'avait apprit mon maître en torture, Samael.

Je finis par comprendre l'intérêt que lui avait immédiatement porté la jeune demoiselle au prénom inconnu. Deux Dullahan au même endroit… cela en était quelque peu effrayant, bien que pour ma part, je ne risquais pas grand chose de leurs effrayants pouvoirs… moi qui suis déjà morte. Mais ce n'était probablement pas le cas de la seule vivante et mortelle parmi nous. Je n'aimais pas ressentir le malaise des autres, d'autant plus que son âme n'était nullement vacillante et qu'elle n'était en aucun cas proche de la mort. Et puis… toujours dans mon optique de devenir plus sociable, la rassurer et faire connaissance avec elle pendant que les deux Dullahans complotaient ensembles ne me semblait pas une mauvaise idée. Je trouverais bien quelque chose qui attisera ma curiosité en elle à un moment.

« Bonjour ! Je suis Milady Eternam, mais je pense depuis la Coupe des Nations, plus personne n'ignore qui je suis… Moi qui aime l'anonymat, c'est plutôt un comble tu ne crois pas ? Et dis-moi… il semblerait que nos deux compagnes aient décidé de s'offrir une petite réunion de race… Mais, me tromperais-je en disant que tu n'es pas venue ici juste parce que ta protégée t'a échappé ? »

Je lui servis un sourire amicale et chaleureux, que je parvenais presque à feinter désormais sans pour autant avoir recours à mon pouvoir. Et il est vrai que depuis que j'étais arrivé à la troisième place du podium de l'Épreuve de Magie, beaucoup de ceux que je croisais semblaient vraiment me reconnaître… Ce qui me fit quelque peu regretter d'avoir concourue en tant que Sorcière. Désormais, tout le monde se montrait méfiant envers moi, voir effrayés. J'espérais qu'il n'en serait pas de même avec Mircella. Après tout, j'avais tout fait jusqu'ici pour la mettre en confiance, et j'étais plutôt bien placée pour savoir que tous les Sorciers n'était pas des être foncièrement mauvais… Et la visite se poursuivit, alors que malgré moi, je ne prêtais que peu d'attention aux paroles et agissement du vieil homme.

Mircella aurait voulu s'enfuir, prendre ses jambes à son cou mais elle ne le pouvait en aucune façon. Elle se trouvait là et rien ne pouvait la sauver. Entre deux Dullahan, devant une personne dont elle ignorait la provenance, qu'elle ne connaissait absolument pas. La Haute Elfe se tenait là, fière, ou tout du moins feintant de l'être. Car elle n'était pas en position de force du tout. Elle ne se voyait pas se montrer comme quelqu'un de respectable dés la première rencontre, et étant donné les circonstances de son arrivée, elle voulait plus se faire toute petite qu'autre chose. La jeune femme avala sa salive, avant de se détendre. Si elle ne connaissait pas la jeune fille en face d'elle, alors elle ne devait pas être importante, tout simplement. Et la joie du vieil homme finit par prendre le dessus sur toutes ses pensées. Il semblait si heureux de la voir qu'elle ne pût pas s'éclipser. Elle le blesserait, et si elle tentait de partir sans qu'il ne le remarque, le pauvre se croirait complètement fou, s'il ne l'était pas déjà. Alors elle se contenta de sourire, observant les deux jeunes filles se tenant à ses côtés.

La morte vivante affichait un splendide sourire macabre à la seule idée de retrouver une seule de ses congénères. Pour tout vous dire, c'était la première fois qu'une Dullahan se présentait à elle et celle-ci lui plaisait bien. Elle lui ressemblait, dans un sens. Sa manière de parler, ses petits tics de langage, les regards qu'elle lui jetait, même involontaires.. Elle se voyait en elle et si ce n'était pas par pure fierté ou égoïsme, elle ne se serait pas gênée pour le lui dire. Elle releva sa longue chevelure blanche avec élégance pour la replacer dans son dos, fixant son homologue aux cheveux roux. Elle sondait ses émotions dans son regard, si tout du moins elle en éprouvait. Personne ne vit la mort de la même façon, après tout. Son sourire s'élargit lentement, tandis qu'elle l'écoutait parler. Son regard se détourna d'elle pour tomber sur la jeune femme aux cheveux noirs de jais, mais qu'elle ne fixa pas bien longtemps. Elle s'en fichait, pour être plus clair. Elle s'en fichait complètement. Que ce soit sa sœur ou non, c'était une énergumène de plus à supporter dans son entourage. Mais Melody, elle, lui plaisait.

« On est venues ici pour trouver d'où vient la tête de nœuds qui vit chez nous. ». Elle s'arrêta un bref instant, avant de se rappeler qu'elle n'était pas présente et qu'elle se devait donc de rajouter quelques précisions à son sujet. « La tête de nœuds, c'est une ange pourrie qui fait chier l'monde. Elle parle en rimes comme si ce qu'elle disait c'était pas déjà assez inintéressant tu vois. ». Parler ainsi avec quelqu'un la rendait radieuse, mais dans un mauvais sens. C'est presque comme si l'on voyait flotter entre elle une aura de malfaisance, de machiavélisme profond. Comme si un lien se tissait entre elles. « Et comme on sait pas si elle sort du trou du cul du monde ou si c'est juste un hasard qu'elle se soit retrouvée bloquée comme une débile mentale dans cette foutue tour à la noix, bah on est venu ici. Sans elle hein, parce que sans la principale concernée c'est pas drôle. ». Ironie, quand tu nous tiens...

Mais la jeune fille eut un certain blocage quand on lui parla de sa tête. Une tête se trouvait bel et bien sur les épaules de sa congénère, alors la seule raison pour laquelle elle devait bien aborder le sujet, c'était que ce soit un changement d'apparence. Elle le savait, car elle l'utilisait également. Passant un doigt distrait sur la cicatrice qui entourait son cou, elle poussa un soupir. « Bah je te dirais bien que c'est chouette mais en fait tu finis lié à la personne qui l'as retrouvée. En gros, l'elfe qui s'tient là, oui tu sais la grande perche aux cheveux blonds, bah elle m'as demandée de devenir son amie donc j'vais lui coller au derch' toute ma.. vie, enfin je sais pas si on peut appeler ça une vie. C'est tout comme. J'mange, je bois, je dors. C'est pas chiant mais c'est pas l'paradis non plus, si tu te dis qu'il existe. » Elle sourit, encore. « T'as pas d'chance d'avoir une sœur qui te colle autant, ça a bien l'air de t'embêter. Fin remarque je suis pas mieux avec Mimi, pis elle est même pas d'ma famille. ».

Milady Eternam... Cela aurait été mentir de dire qu'elle n'en avait jamais entendu parler. C'était une de ses concurrentes à l'épreuve de magie après tout. Elle sourit. Cette compétition n'avait pour elle rien d'important et elle ne la considérait pas comme un tournant de sa vie. C'était un amusement, un loisir de fortune, bêtement. Elle se contenta de sourire, une nouvelle fois, faisant disparaître sa gêne derrière elle comme s'il ne s'agissait que d'un vague souvenir. Elle s'étira lentement, suivant le vieil homme sans l'ombre d'un doute sur sa capacité à les guider, même si elle trouvait étrange le fait d'avoir un  guide dans une tour qui change en fonction de ses envies mais soit. Peut-être possédait-il un pouvoir capable de déroger à cette fameuse règle, même si cela l'aurait fortement étonnée. « Tu ne te trompes pas. J'ai tendance à vite la perdre de vue et elle s'enfuit dés que je tourne la tête. ». Mircella savait parfaitement que Julia n'était pas son petit chien et ne la suivrait en aucune façon. « Je crois voir que ton amie... enfin, ta sœur, si j'ai bien entendu leur conversation, n'est pas vraiment du même avis que toi par rapport à cette visite non plus. »

Les deux Dullahan s'entendaient à merveille, tandis que l'Elfe peinait à créer une atmosphère apaisante entre elle et son interlocutrice. Elles avaient un point commun : les deux petites filles complètement folles qui les accompagnaient. Il ne leur suffisait qu'à en trouver d'autres. Le vieil homme haussa la voix. « Et la, vous voyez, c'est la salle ou ils se réunissaient le dimanche matin ! ». Cette visite était agréable, et légère. Si légère que bientôt, le vieillard ne dit plus rien et le silence aurait pu se faire si seulement les deux gamines ne s'éclataient pas derrière elles. « J'ai pas envie de me coltiner le vieux toute la journée moi, j'espère qu'on va trouver un moyen de lui éclater la tronche contre une porte quand il aura le dos tourné. Ca fera a bouffer pour les dragons à la maison, qu'il serve à quelque chose une fois dans sa pauvre vie l'mec là. ».

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Melody était aux anges et m'avait total oubliée. C'était comme si je n'étais même pas dans la même pièce qu'elle, dans la même tour, dans le même espace temps. Elle était complètement obnubilée par cette autre Dullahan, flottant dans un petit nuage de bonheur, trop heureuse d'avoir découvert une camarade qui lui ressemblait autant. Je me sentais… ignorée… comme si j'étais la seule à prendre en compte l'importance de cette mission. Cela ne ressemblait pas à ma sœur… en temps normal, elle m'aurait posé plus de questions, m'aurait insulté de ne pas y avoir pensé avant, ou encore de l'avoir fait se déplacer alors que mes informations ne sont que des suppositions… Mais rien… Quelque chose clochait… ou bien, encore plus invraisemblable, Melody avait… changé. Je ne cessais de jeter des coups d'œil inquiets vers elle, comme si sa gestuelle et ses mimiques pourraient d'elles-mêmes me donner les réponses à mes questions… Je peinais même à me concentrer sur ce que Mircella avait à me dire, tant Melo semblait… heureuse ? Elle souriait, riait, même si cela me faisait peur… elle n'avait plus ce regard haineux et dédaigneux pour les autres êtres vivants dont elle ne se séparait pourtant jamais depuis sa mort. L'énigme était entière pour moi, mais je devais tout de même faire un effort, écouter les paroles de notre vieux guide, continuer à faire la conversation avec l'elfe… Et peut-être que je finirais par trouver ce que je cherche… ou à comprendre ce qui a bien pu se passer dans la vie de ma sœur pour qu'elle me semble si changée à présent.

« Effectivement, difficile pour moi aussi de garder un œil sur elle… Nous avons beau être sœur, nos différents font que nous ne nous voyons que peu souvent. Elle est… trop libre et indépendante pour s'attacher à qui que ce soit, et elle a un fort et… mauvais caractère. ». Je laissais quelques secondes s'écouler, avant d'enchainer, peu sûre de ce que j'avançais désormais… « Et tu as sans doute raison, être ici ne lui plaît pas… Pourtant, je suis celle qui l'a invité, et notre but aujourd'hui est de savoir si sa tête est ou a pu être ici. C'est quelque chose d'important… mais elle semble… ne pas du tout s'en soucier… Et cela me préoccupe un peu, je dois te l'avouer… ».

Je tentais de paraître la plus agréable possible, mais même ma magie ne me suffisait plus à simuler toute émotion positive. Peu à peu, je repris une expression plus propre à ma race. La mine basse, le regard perdu, je réfléchissais à de sombres hypothèses… Quand il s'agissait de ma sœur, je pouvais m'attendre au pire, au plan le plus retord, à la torture la plus sadique… mais là, je ne voyais décidément pas ce qu'elle pouvait préparer contre moi. Je me perdais peu à peu dans mes ténèbres, perdais consistance et faillit traverser l'un des meubles de la pièce dans laquelle notre guide nous avait amené. C'était une sorte de chambre de velours, au grand lit à baldaquin tout de rouge vêtu. Tout était circulaire ici. Les étagères épousaient les lignes courbes des murs de pierres, sur lesquelles s'entassaient bon nombre de livres et de parchemins. Pour seul éclairage, une haute fenêtre de plusieurs mètres donnait sur l'extérieur, et un bougeoir dont la cire était encore chaude était posé sur une petite table de nuit entièrement marquetée. Cet endroit respirait la royauté et la richesse, mais aussi la connaissance. La chambre d'une jeune princesse qui aurait fuit son destin ici, nous apprit le vieil homme. Était-elle encore présente aujourd'hui ? La question me brûlait les lèvres, mais déjà, nous quittions le lieu pour repartir gravir le long escalier en colimaçon.

« Et tu te bouge juste pour ça ? Pour une gosse avec des ailes ? Elle doit avoir trop peur de se froisser un cheveu ou de se casser un ongle !  Ma pauvre, ça doit être un enfer de vivre avec une inutile pareil ! ». Et je riais de tout mon sarcasme. Cette fille me plaisait, avec son franc parlé, ses manières dépourvues d'éducation, sa liberté d'expression… Quelque part, j'avais le sentiment que nous nous ressemblions beaucoup… Lorsqu'elle m'offrit quelques précieuses informations sur ce qui m'attendait, je me retournais pour observer son elfe. Elle semblait tout aussi à l'aise que Milady… Deux grandes filles puissantes et pas fichu d'utiliser tout leur potentiel. Je m'en détournais vite. « Hum… c'est bien ce que je pensais… Je compte faire en sorte que ce soit ma sœur qui me rende ma tête. Elle est facile à manipuler et à soumettre… Mais contrairement à ce que tu penses, elle ne me colle pas trop et je l'ai suffisamment torturé mentalement pour qu'elle cherche plutôt à me fuir… Là, c'est la première fois que je la revois depuis que les machins bleues ne réduisent plus tout en cendre. Une trotte ! ». Je prenais une pause, à mon tour, tentant de voir si ce que le guide avait à dire pouvait se révéler intéressant… mais non… Rien de bien folichon qui pourrait éventuellement me servir. Je l'ignorais aussi à nouveau, gagnée petit à petit par l'ennui. « On va moisir ici si on continue à le suivre, t'as raison… Ça te dirait qu'on parte en exploration loin de cette chape d'ennuie mortel ? Peut-être qu'on trouvera quelque chose d'intéressant dans cette vieille bâtisse… ». Mais à peine avais-je prononcé ces mots que tout se mit à… trembler… gronder… siffler autour de nous…

« Mais qui a été assez idiot pour insulter la Tour Inconnue ?! Voilà, vous êtes contents ? Elle est en colère maintenant ! Là ma grande ! Elle ne voulait pas dire ce qu'elle a dit ! Elle ne le pensait pas ! Tu es encore une belle et grande tour toute jeunette ! Roh… C'est malin ! »

Melody avait encore frappé… Voir apparaître des catastrophes tout autour d'elle était devenue comme une habitude… Et maintenant, elle venait de nous mettre à dos l'intégralité de ce lieu que je n'avais même pas soupçonnée être magique… Je craignais le pire… D'autant plus que ce n'était pas la seule chose que je venais de remarquer… Les âmes étaient nombreux ici, à flotter dans les airs, perdues et apeurés… Quelque chose ne tournait pas rond… Mon visage prit une expression sérieuse, et je me tournais vers notre guide, en parlant fermement mais calmement. L'angoisse et la panique ne pouvaient être que des poisons dans notre situation, je le savais.

« Monsieur ! Il y a-t-il une solution pour calmer sa fureur ? ». Il parût réfléchir intensément, se grattant le menton. J'espérais qu'il ai une réponse, que nous ne soyons pas à nouveau obligé de nous lancer dans une course contre la montre – ou la tour – plus exactement. Mais ce qu'il me dit, avec un grand sourire flanqué sur les lèvres, me laissa pantoise… « Hum… Effectivement, il y a un moyen ! Un petit sacrifice et le tour sera joué ! ». Si j'avais pu devenir encore plus pâle, je l'aurais probablement déjà fait… Sacrifier ? Il en était absolument hors de question ! Nous pouvions trouver une autre solution… Je lançais alors un regard désespéré en direction de Mircella. Peut-être qu'elle saura quoi faire !

Un fort caractère, libre, complètement indépendante… Comment vous dire que le cœur de Mircella aurait pu manquer plusieurs battements juste à entendre cette annonce ? Sa jeune amie venait de trouver non pas son double parfait mais quelque chose de bien plus effrayant. Une camarade de jeu, avec laquelle elle s'amuserait à faire tourner tout le monde en bourrique, avec laquelle elle jouerait. Comme si une seule Dullahan ne suffisait pas peut-être, il fallait que deux d'entre elles se trouvent sur l'ensemble des terres du yin et du yang dans une tour qui porte bel et bien son nom d'Inconnue et qui s'amuse à les tourmenter. Leurs deux sourires mêlés ne laissaient rien présager de bon, absolument rien de bon. Le monde entier aurait pu trembler devant elles, sans aucun doute. Cependant, les remarques que fit la jeune femme détournèrent ses pensées de ce destin macabre qui les attendait sûrement au bout du chemin. Elle se préoccupait bien plus du sort de sa sœur qu'elle-même ne le faisait. Elle reconnaissait ce schéma, pour l'avoir vécu pendant bien longtemps. Depuis déjà bien des années, elle voyait Julia grandir sans elle, découvrir des fantômes de son passé, s'attrister, puis être soi-disant heureuse à nouveau sans pouvoir interagir avec elle, savoir ce qu'elle pensait vraiment.

« Je comprends ce que vous ressentez. ». Pouvait-elle vraiment comprendre de quoi il s'agissait ? Bien évidemment. Une personne n'ayant pas vécu leur calvaire ne pouvait pas savoir. Ne pouvait tout simplement pas se permettre de parler de telles choses. De la mort, tout simplement. « Julia est une petite fille très indépendante également. Je suppose que ça doit être plus facile pour moi à présent, ou tout du moins c'est que ce je laisse paraître. Je n'aime pas me dire que je ne suis pas parvenue à lui offrir une vie confortable, ou en tout cas une seconde existence qui lui plaise. Il n'y a que dans le macabre et les bêtises qu'elle s'épanouit, et je vous mentirais en disant que cela ne me désespère pas. ». Elle fit une légère pause, s'assurant que les deux mortes vivantes se tenaient relativement loin pour que leur conversation ne parviennent pas à leurs oreilles. « Je dois également lui demander de m'accompagner pour qu'elle bouge, sinon elle n'y trouve aucun intérêt. Ou devrais-je plutôt dire, aucun intérêt à me suivre. Aller là ou elle en a envie, elle ne s'en prive pas. Je ne veux pas exercer une quelconque pression sur elle, mais je la sens s'éloigner et tout comme vous, ça me gêne. ».

La petite fille aux longs cheveux immaculés les balança en arrière, nonchalante. « J'ai pas l'choix de me bouger pour ça, t'es mignonne toi ! La grande perche elle aime pas que j'me balade seule, alors que je suis plus vieille qu'elle. Tout ça à cause d'une apparence de gamine, j'te jure, y'en a qui voient pas plus loin que le bout de leur nez. ». Elle souriait, aimait la répartie et les manières de sa congénère. « C'est pire qu'un enfer, je te raconte pas. Déjà elle a ramené une ange venue de nulle part, pis ensuite une autre humaine qu'elle a convaincu par je sais pas quel moyen de devenir une elfe. Donc je vis avec deux grandes perches qui bavent sur les arbres toute la journée, t'y crois ça ? ». Julia se moquait bien que Mircella l'entende. En présence de quelqu'un avec lequel elle pouvait se lâcher, elle se permettait tout et n'importe quoi, ne s'octroyant aucune pause dans ses paroles acerbes. Elle sourit, à l'évocation de la tête qui lui manquait manifestement. « Quand j'ai voulu retrouver ma tête, c'était pas mal marrant aussi. Je te cache pas que j'ai pris le choix de facilité, elle était encore jeune quand je lui ai demandé de le faire. Je l'ai séquestrée si on peut appeler ça comme ça et l'ait forcée à retrouver mon membre manquant avant de la lâcher. ». Elle poussa un soupir. « Fin. J'te souhaite quand même que ce soit pas elle qui retrouve ta tête, parce que si elle sait que tu dois faire tout ce qu'elle veut, tu vas en ch*er ma pauvre. C'est à cause de ça que je dois la suivre n'importe ou, l'autre blondasse. ».

Si elle avait pu, Julia aurait désiré garder sa liberté plutôt que de la céder au prix de sa tête. C'était une des dures lois régissant leur peuple et personne ne pouvait s'en détacher. Pourquoi n'avait-elle pas pu tout simplement mourir ? Oh, elle exagérait. Elle ne vivait pas si mal après tout. Quand Melody eut fini de parler, les murs se mirent à trembler de toutes parts. « La tour à la noix elle est pas contente qu'on l'ait insultée ? Mais m'fais pas rire ! Si elle peut se changer en tout ce qu'elle veut, alors pourquoi elle ne prend pas une apparence plus attrayante ? C'est même pas une injure qu'elle vient de balancer, c'est la stricte vérité. Après tout, y'a que la vérité qui blesse ! ». Elle prit la main de sa jeune amie, l'entraînant vers le vieillard qui hurlait comme un fou et, sans crier gare, assomma le vieux qui commençait sérieusement à lui prendre la tête. « Il voulait un sacrifice, ben voilà on en a un, pourquoi chercher loin quand le butin est juste devant nous. ». Puis les tremblements cessèrent un instant, tandis que le vieil homme se réveillait. « J'ai pas tapé fort, j'voulais juste qu'il se la ferme. ».

Mircella laissa sa propre main s'aplatir sur son visage, doucement, en signe de désespoir. Que pouvait-elle donc bien faire pour stopper cette spirale chaotique qui semblait s'amuser à les prendre au piège quand elle le désirait ? Les deux gamines devenaient infernales une fois leur puissance et leur mesquinerie combinée. Cependant, quand elle se retourna, elles venaient d'être séparées, entre deux murs. Ce dernier venait d'apparaître devant leurs yeux, et l'on entendait la petite Julia éclater de rire derrière la façade. « On est enfin débarassées de ces débiles, j'attendais que ça ! ». L'elfe tendit la main vers le mur, puis lâcha un long soupir, se retournant vers Milady. « On dirait qu'on est séparées d'elles pour un moment. On peut essayer de les retrouver, mais ça me semble un peu compromis dans cette tour. Vous avez une idée de comment sortir d'ici monsi... ». Et elle s'aperçut que le vieil homme ne se trouvait pas avec elles, mais bien avec les deux petites filles, dont le cri confirmait ses suppositions. « Oh non, on se coltine le cramoisi qui sait pas se taire quand il faut... ». Et bingo.

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Le pire scénario catastrophe que je pouvais imaginer venait à l'instant de se produire. Melody et Julia venaient d'être séparés de notre groupe… et qui plus est avec ce pauvre guide innocent… Je n'osais pas un seul instant penser à ce que ces deux démones seraient capables de lui faire subir, juste pour s'amuser ou pire encore, s'en débarrasser. Je comprenais les inquiétudes qui animaient Mircella vis à vis de sa compagne, puisqu'elles étaient sensiblement les mêmes. Parfois, et surtout depuis que les Aetheri me permettaient à nouveau de rêver, je sombrais dans un cauchemar de sang, de destruction mêlé de cris d'agonie, dans lequel la Dullahan avait conquit tout un continent et y faisait régner sa loi, pour son bon plaisir et son goût du chaos. A chaque fois, je me réveillais en sursaut, la tête chancelante, ce pouvoir étant à double tranchant, qui accentuait mes sentiments de mal être par rapport à ma sœur de sang… Je compris alors en les écoutant, que si Melody se lançait effectivement un jour à la conquête de notre monde, alors cette Julia pourrait bien être de la partie. Je touchais un instant la parois de pierre… Je les entendais pester de l'autre côté... Inutile de s'égosiller à tenter de communiquer avec elles…

« Je n'aime pas les savoir seule. Tu as du surement remarquer tout comme moi leur complicité à faire pâlir de peur un vampire… Et je plains sincèrement ce pauvre guide… J'espère que son moral est tout aussi solide que sa tête. »

Pourtant, je pouvais très bien choisir la solution de facilité, disparaître à travers les ombres afin de les retrouver… mais je doutais que l'elfe possédait un pouvoir semblable au mien… et je ne pouvais décemment pas me permettre de la laissé livrée à elle-même dans cette tour vivante qui n'en faisait qu'à sa tête et se trouvait susceptible de surcroit. Je la soupçonnais d'ailleurs de nous avoir volontairement séparé selon cette configuration de groupe… Et je craignais le pire quand à sa vengeance contre les deux Dullahans. Mais peut-être qu'avec un peu de chance, elles tireront une leçon bénéfique de tout ceci… Je pouvais tout du moins l'espérer… Mais en attendant de nous retrouver à nouveau réunis, je comptais bien profiter de ce temps de calme pour explorer plus en profondeur la tour et qui sait, mettre la main sur ce que je recherchais depuis le début. Et sans Melody pour m'interrompre de ses sarcasmes, mon efficacité ne pouvait que s'en trouver qu'augmenté.

« A moins que tu possèdes un moyen traverser les murs tout comme moi, nous allons devoir découvrir notre propre chemin pour sortir d'ici ou bien tenter de les rejoindre. Mais, si tu le permets, j'aimerais en profiter pour continuer mes recherches de sa tête… »

J'attendais sa réponse, les yeux toujours rivés sur ce mur de pierre qui nous avait séparé. Les voix des deux Dullahans me parvenaient toujours, bien qu'elles semblaient s'éloigner de plus en plus. Comme il fallait s'y attendre, elles n'avaient pas cherché à nous contacter… et probablement qu'elles n'essayeront pas plus de nous retrouver… Je savais ma sœur forte et débrouillarde… et pourtant, face à une architecture magique de cette envergure, je ne pouvais m'empêcher de craindre le pire pour elle. Mais seuls les Aetheri pourront décider de son sort…

« Oh la barbe ! Pourquoi est-ce qu'il a fallut que tu viennes avec nous, toi ! ». La joie de me retrouvée seule avec Julia avait rapidement fait place à la l'agacement lorsque le vioque qui radote se rajouta à l'équation. Avec lui dans les pattes, la partie d'échec allait être beaucoup moins marante… Surtout qu'il commençait déjà à nous rabâcher les oreilles sans s'arrêter. Ce n'était pas ma faute si cette fichue tour était susceptible comme une vieille chatte ! « Vous n'avez pas honte ! Agresser comme ça un pauvre vieil homme ! Insulte comme ça une Tour magistrale plus puissante que vos insignifiants pouvoirs réunis ! Les jeunes de nos jours n'ont plus aucun respect pour leurs ainés ! Ah ! Mesdemoiselles ! Vous allez m'entendre ! Vous pouvez me croire ! ». Et à nouveau, cette fureur qui m'emportait bien trop souvent commençait à monter en moi, tel l'eau d'un puits en plein déluge. Cette force que je ne pouvais contrôler vint irradier tout mon corps… Et j'explosais. Hurlant sur le vieux en appuyant mes paroles de grands gestes des mains. « Mais y va se la fermer le vieux fossile ! J'en ai rien à foutre de ta Tour ! J'en ai plus rien à foutre de retrouver ma put*i* de tête ! C'est trop demander qu'on me foute la paix et me laisse m'amuser ?! Je n'ai pas d'ordres à recevoir de toi. Alors maintenant, si tu continues à l'ouvrir, je te cogne. Et crois moi, t'auras du mal à te relever après ça. ». Il me fixait, d'abord d'un regard surpris puis… ces yeux prirent une expression froide… glaciale… Et l'espace d'un instant, je me mis instinctivement à le craindre… « Vous commettez la une grave erreur, petite idiote. La Tour ne vous aime pas. ». Et alors ? Qu'est ce que j'en ai à faire qu'elle ne me porte pas dans son cœur de pierre ? J'étais libre. Maintenant séparé de Milady, ce n'était pas un crouton qui allait pouvoir me dicter ma conduite. Je lui lançais un "pff" dédaigneux, puis me retournais alors vers Julia. « Viens, on s'arrache. Manquerait plus que ma sœur décide de laisser ta blondasse et de nous rejoindre. Elle peut traverser les murs cette andouille. Je suis sûre qu'on peut trouver de quoi s'éclater ici ! ». Et je n'écoutais pas les recommandations de l'ancien, lorsqu'il me dit "de ne pas aller par là". Pourtant, j'aurais du. Car l'instant d'après, le sol se déroba sous mes pieds… et j’eus juste le temps de crier durant ma chute, avant de perdre connaissance.

Je réfléchissais encore beaucoup trop, et était probablement en train de perdre un temps précieux de recherche… Mais je m'étais rendue compte que plus les temps s'écoulaient, plus ma perception de celui-ci s'en trouvait modifier. Récemment, je m'étais même surprise à ne plus remarquer jusqu'à parfois que des journées entières venaient de se passer. Et je ne pouvais parfois pas m'empêcher de me demander ce que cela faisait d'être une divinité, immortelle, toute puissante, à observer les habitants de notre monde si vivants. Cela devait donner probablement le même effet que lorsque l'on observe une fourmilière… Passionnant au début… puis… ennuyant… Un cri. Je me redressais d'un coup, comme si tout mon être avait été secoué par une forte décharge électrique ! Et un long hurlement fit suite à cette vague d'angoisse qui me submergea. Il venait d'arriver quelque chose à Melody, j'en étais quasiment certaine ! Et pour m'assurer que ce n'était pas qu'une mauvaise farce de la tour, je me retournais, le visage rongé par l'inquiétude, vers Mircella.

« Dis-moi que tu n'as pas entendue la même chose que moi ! Il est arrivé quelque chose aux filles ! J'en suis presque sûre ! Tu es déjà venue ici non ? Alors qu'est-ce qu'elles risquent exactement ? J'ai besoin de savoir ! »

Comme si mon corps se rappelait de ce qu'il avait ressentit en apprenant que Melody allait mourir, ma fausse respiration se fit plus accélérée et je me mis à trembler sans pouvoir m'arrêter. Moi qui avais tant cherché à la fuir, pour tout ce qu'elle m'avait fait subir, je comprenais à présent, alors qu'elle était en danger, que je tenais à elle peut-être encore plus qu'au temps de notre mariage. Qu'il lui arrive quelque chose alors que je suis assez proche et forte pour agir ? Non, il en était absolument hors de question. Je ne voulais pas me sentir à nouveau responsable de l'une de ses sources de souffrances. Plus jamais revivre sa mort. Plus jamais ça.

Séparée de Julia, Mircella se trouvait dans une impasse. Elle ne comptait pas sur elle autant qu'on aurait pu le croire, non. Mais cela la dérangeait fortement de la savoir non pas seule, mais en compagnie d'une de ses congénères aussi morbide qu'elle. Elle tritura ses mains nerveusement un instant, posant une main sur le mur qui les séparait à présent de leurs jeunes compagnes. Milady semblait tout aussi angoissée qu'elles mais pourtant… pourtant, quelque chose clochait. Pourquoi les avoir séparées, là, maintenant ? Les volontés de la tour étaient plus qu'inhabituelles, et presque prises au hasard. Le vieillard ne survivrait pas, elles le savaient, et l'idée même que les deux petites puissent en être à l'origine leur faisait froid dans le dos. Elle poussa un long soupir, se détachant du mur lentement, revenant vers son interlocutrice, une mine avachie sur le visage. Les gamines s'amuseraient bien toutes les deux, à n'en point douter, mais quant à la nature de ce qui les ferait rire… elle ne préférait pas l'imaginer et secoua la tête afin d'en sortir toutes ses mauvaises pensées. Peut-être que la morte vivante agirait de façon responsable cette fois.. Non, elle délirait complètement. « Je n'apprécie pas non plus de les savoir seule, mais je crains qu'il n'y ait aucune façon pour nous de les rejoindre et surtout de les arrêter. ».

Car elles pouvaient bouger, bien sûr, trouver un moyen de traverser ces murs. Mais leur faire entendre raison était une toute autre chose que la Haute Elfe n'avait jamais réussi à faire avec la petite qui vivait sous son toit, alors quand elle se trouvait avec une autre, sa puissance et sa force d'esprit s'en retrouvait plus que décuplée. L'état du guide l'inquiétait également. « Je ne connais pas ta compagne aussi bien que toi, mais je connais on ne peut mieux la mienne. Elle est imprévisible, et l'idée qu'elle soit avec quelqu'un du même genre qu'elle ne peut que m'inquiéter. ». Elle s'arrêta, puis reprit, un très léger sourire sur le visage. « Ne crois pas que je sois en train de dénigrer ta sœur, loin de là. ». Les propos étaient toujours libres d'interprétation, alors elle préférait préciser sa pensée avant que la situation ne tourne au vinaigre entre elles. Cependant, elles se trouvaient toutes deux calmes et posées, exactement le contraire de leurs homologues riant comme des folles de l'autre côté. Alors peut-être trouveraient-elles plus que les Dullahan comme terrain d'entente…

La jeune femme pouvait traverser les murs… Mircella se sentit quelque peu gênée. Elle la bloquait dans son avancée, car elle ne possédait pas de tels pouvoirs. Elle s'inclina très légèrement. « Je suis désolée, mais je ne peux pas traverser les murs comme tu peux le faire. Je n'ai pas de tels pouvoirs, malheureusement. ». Elle fit une pause, pour lâcher un soupir. Ces pouvoirs ne la guideraient pas, mais son intelligence et sa vivacité d'esprit, si. Son cerveau carburait depuis déjà quelques minutes, à la recherche d'un moyen de les retrouver et quand il finit par s'éclairer, elle sourit à nouveau. « Je ne sais pas si nous la trouverons ici. Cependant, je ne suis pas contre l'idée que tu la recherches et si tu la permets, je voudrais même t'aider. Je l'ai vécu, cela a été très long, alors je sais ce que c'est et je pense qu'à nous deux, nous irons plus vite. ». Elle voulut poser sa main sur son épaule mais se retint, se disant qu'un contact aussi rapide la ferait plus fuir qu'autre chose. « Et si elle ne se trouve pas ici, ne perds pas espoir de la retrouver un jour. Il m'as fallu énormément de temps pour retrouver celle de Julia  et ce ne fut pas une partie de plaisir, loin de là. ».

Cherchait-elle à la rassurer ? Sans doute. Mais plus à l'encourager qu'autre chose. Il s'agissait d'une quête parfois sans fin, et elle se rappelait, de quelques années auparavant, passées à courir dans l'étendue des terres du yin et du yang pour retrouver une aiguille dans une botte de foin et même pire, une tête dans un monde ou la loi du plus fort règne, ou ces dernières se font régulièrement couper pour une bête histoire sans aucun sens. Et comment la reconnaître ? Milady avait connu sa sœur de son vivant, et ne pouvait émettre aucun doute dés lors qu'elle la reconnaîtrait. Mais l'Elfe, elle, s'était faite séquestrée par un corps sans visage, sans cou, sans aucune idée de quel nom poser sur cette entité qui lui parlait sans même avoir de quoi le faire. Elle ignorait à quoi ressemblait la petite, et pourtant elle avait atteint son objectif. Pour le meilleur et pour le pire dirons-nous. Surtout le pire, aurait ajouté la Dullahan. Mais cette dernière était déjà loin, très loin…

« Mais tu fous quoi avec nous toi, sérieux, bouge de là gros sac ! ». Après que sa congénère ait pété une durite, elle poussa le vieux sur le côté, le laissant tomber. « J'ai pas envie d'te buter mais j'te jure que si tu me gonfles ou si t'emm*rdes encore une fois ma pote, je t'en ferais voir de toutes les couleurs et c'est pas qu'une expression. ». Elle observa ensuite la tour, rapidement. « C'est la même galère que la première fois qu'j'suis venue avec cette tour pourrie qui change le chemin quand elle en a envie. » Une grave erreur… « Toi c'est ta mère qu'as fait une erreur en te mettant au monde, mon vieux. ». Elle saisit ensuite la main de sa semblable, l'entraînant plus loin, ignorant à son tour les conseils de l'ancien qui leur hurlait de se diriger dans une autre direction. Elle eut juste le temps de l'insulter une dernière fois avant que le sol ne se dérobe sous leurs pieds, et que dans un cri, elle tombe en compagnie de l'autre Dullahan. Une… deux… trois… Trois minutes passèrent sans qu'un seul bruit ne sorte de l'endroit ou elles étaient tombées. Il y faisait complètement noir. « J'vois rien. T'es ou Melody ? M'dis pas que tu t'es barrée en m'lâchant comme ça, pour le coup ça me plairait vraiment pas ! ». Elle retrouva un contact familier et quand elle leva la tête vers le plafond, celui-ci projetait une certaine lueur dans la pièce, suivi de rires macabres et effrayants. Et là ou n'importe qui aurait hurlé de peur et se serait enfui, la petite lâcha un bon rire franc. « Non mais t'as vraiment cru que t'allais m'avoir avec des trucs pareils ! Retourne chez ta grand-mère, c'est la seule à croire à ta petite comédie mon pauv' gars. ». Elle attira sa compagne vers la lumière, pour être sûre qu'il s'agissait bien d'elle.

« Bon euh. On peut essayer d'sortir d'ici, je suppose que la dalle au dessus de nous peut encore bouger et j'arriverais à l'atteindre en volant. Seulement, y'a p'tête des galeries et des trucs plus drôles à faire dans ce sous-sol. Alors, ça te dit d'explorer un peu ? Pis les grognasses risquent pas de nous retrouver ici au moins. ». Et alors qu'elle s'apprêtait à reprendre la route par un chemin éclairé d'on ne sait quelle manière, la voix du vieillard résonna. « Je vous l'avais bien dit, mesdemoiselles ! Il vous faut traiter la tour avec respect ! ». Il fut coupé par la réponse aiguë de la petite fille. « Oh mais tu veux pas nous lâcher toi c'est pas vrai, on tombe dans un trou et le gars il nous lâche pas la grappe ! On t'as rien demandé, vas mourir dans un coin, de toute façon tu vas pas tarder à crever. ». La montre du destin, encore une fois, lui servait énormément. Allez savoir si elle mentait ou non, si elle s'amusait à lui faire croire que sa fin était proche ou si même elle la provoquerait elle-même. Et dans un bref élan de sympathie, elle engagea à nouveau la conversation avec l'autre morte vivante. « J'comprends ce que tu ressens. Moi non plus, j'avais pas plus envie que ça qu'on retrouve ma tête. Heureusement, l'elfe est pas aussi chiante qu'elle y paraît, on s'y fait au bout de plusieurs années. Toi comme c'est ta sœur ça doit direct être plus galère. ».

Elle lui tapota l'épaule, en signe de compassion, se comportant envers elle comme envers une grande amie de toujours qu'elle n'avait jamais eu. « On va profiter d'ce moment à faire des c*nn*ries toutes le deux, on s'en tape des grandes perches. Elles sont pas là d'toute façon. Et c'est pas un gros tas d'briques qui va faire sa loi ici. ». Et elles disparurent à nouveau, s'enfonçant dans les galeries illuminées de la Tour, ne craignant pas son courroux qui, pour elle, de toute évidence, n'existait absolument pas et n'était qu'une légende inventée par le vieux fou qui les poursuivait, de beaucoup plus haut qu'elles n'auraient pu l'imaginer.

Le cri parvint jusqu'aux oreilles fuselées de la jeune Elfe, qui se retourna instantanément. Que venait-il d'arriver aux petites ? Elle s'inquiétait, mais ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il s'agissait encore d'une de leurs petites farces. Fronçant les sourcils, elle se détendit bien vite en s'apercevant de l'état dans lequel se mettait la jeune fille en face d'elle, tremblante, en pleine hyperventilation. Elle l'approcha bien vite, posant ses deux mains sur ses épaules. Elle se fichait bien, à présent, de se faire trop tactile, et chercha à l'apaiser. « Ne t'en fais pas. Je suis déjà venue ici, mais malheureusement, toutes les fois ou je suis venue ne m'ont jamais aidées à m'y repérer. Cette tour change les couloirs dés lors qu'elle en ressent l'envie. Ce n'est pas un bâtiment, c'est une entité à elle toute seule et il nous est impossible de la contrôler ou de prévoir ce qu'elle va faire. ». Elle sentit la jeune femme défaillir encore plus sous ses mots et s'empressa de poursuivre. « Mais ça ne veut pas dire que nous ne retrouverons pas les filles. Elles sont grandes et fortes. Elles sauront se débrouiller, et au moins, nous pouvons être sûres qu'elles ne mourront pas. N'as-tu pas ne serait-ce qu'une once de confiance en elle ? ».

Sa main caressa l'arrondi de l'épaule de Milady, parlant de plus en plus doucement, voulant qu'elle imite son propre rythme cardiaque afin d'en retrouver un convenable. « Nous allons suivre l'origine des cris. C'est tout ce que nous pouvons faire. Je vais essayer de les localiser, je devrais pouvoir y arriver, connaissant l'aura de Julia. Elle ne se séparera pas de Melody, je pense qu'elle préférerait mourir une seconde fois que de la quitter. ». Mine de rien, elle les voyaient déjà proches. Tellement proches qu'elle sentait l'apocalypse les regarder de loin, un large sourire narquois sur le visage. Prenant la main de la jeune femme dans la sienne, elle se concentra un bref instant et un chemin uniquement visible par elle se dessina devant ses yeux, prenant plusieurs virages. Elles tourneraient peut-être en rond, mais au moins elles iraient quelque part et ne resteraient pas bloquées à un endroit, tremblante de peur, craignant que les enfants ne soient plus de ce monde. Mircella avançait, sans peur, mais non sans un stress constant. Elle croyait en la petite fille, en sa force. Mais ne pouvait s'empêcher de penser aux volontés de la Tour, qui les rendraient vite folles. Il fallait faire vite, très vite.

1 915mots
disoulée <3

Dire que je me sentais mieux aurait été une antiphrase, mais toutefois, les paroles de l'elfe eurent le don de parvenir à apaiser quelque peu ma peur, que je trouvais alors bien dérisoire. Pourquoi m'inquiéter pour une jeune femme qui me haïssais et qui, de surcroit, était morte depuis plusieurs dizaines de cycles lunaires? Je ne pouvais pas revivre sa mort, c'était impossible. Au mieux, ce sera à sa renaissance que j'assisterais, une fois que j'aurais bel et bien retrouvé sa tête. Je ne pouvais pas me permettre de perdre du temps à m'inquiéter de sa santé, quand le véritable danger résidais dans les quatre cent coups qu'elle sera en mesure de réaliser, en compagnie de sa collègue de même race. Mircella avait raison, elles seront se débrouiller seule, et j'avais pleinement confiance en les capacités de Melody. Après tout, elle avait bien survécu à la précédente grande catastrophe sans mon aide… Bien que dans ce cas précis, le danger provienne d'une Tour ancienne à la magie illimitée, et bien déterminée à punir les deux jeunes filles de l'affront qu'elles leur ont fait. J'espérais alors que la magie de l'elfe nous permette de les retrouver rapidement… Autant pour leur bien que pour celui de l'humanité…

« Tu as raison, Melody parcourt le monde seule depuis très longtemps, elle est capable de s'en sortir seule… Mais je préfèrerais quand même que nous les retrouvions le plus rapidement possible… Moins de temps ces deux là passeront ensembles et plus nous pourrons éloigner d'elles le chaos qu'elles sont capable de créer. »

Quand aux informations qu'elle venait de m'apporter sur cette tour et sa précédente visite, je ne pus m'empêcher de me demander si la tour n'avait pas finalement plusieurs agencements précis… et chronométrables… Si tel était le cas, alors nous serions peut-être en mesure de prévoir grossièrement à l'avance ses mouvements. Après tout, la nature était faite de logique et d'équilibre, que seul les humanoïdes parvenaient à perturber, égoïstes qu'ils sont. Dans tous les cas, je n'allais certainement pas attendre que ma compagne nous trouve une voie à suivre et profitais de ce temps précieux de calme pour effectuer de petits testes rapides…

La chute fut rude et je me réveillais avec un sérieux mal de tête – quelle ironie – alors que Julia semblait me chercher. Et je me sentis soudain tirée vers la lumière, qui m'aveugla l'espace d'un instant. « T'as vraiment crus que je te laisserais ici t'amuser sans moi ? Pas question ! ». Et je levais les yeux un peu plus haut, me rendant compte du grand saut que nous avions fait. J'aurais presque pu parier que ce foutue vieillard y était pour quelque chose, si nous n'étions pas dans une satanée tour magique, pas susceptible pour trois sous ! « Moi aussi je pourrais décoller, mais t'as raison, il y a surement mieux à faire dans ces galeries sombres… Tu n'as pas peur du noir dis-moi ? ». Cette petite pique était bien entendue bien plus pour la taquiner que pour vraiment me moquer d'elle. J'avais réussis à cerner Julia, qui me ressemblait énormément, et j'en avais déduit que ce n'est pas parce qu'elle porte des habits de poupée qu'elle est pour autant une fille fragile. Et ça me plaisait beaucoup comme ça. Mais le vieux coupa court à mes réjouissances mentales, alors que je m'imaginais déjà détruire le monde aux côtés de ma consœur… qu'elle remballa également. Et le bougre, lui, ne se laissait pas démonter, même si l'annonce de sa prochaine mort avait rendue un peu plus muet. Et comme par hasard, puisque monsieur avait fait ami-ami avec la tour, il se vit offrir un magnifique petit escalier directement depuis le plafond… qui disparut totalement une fois ce dernier arriver en bas. Génial… « Si vous croyez que je vais vous laisser saccager cet endroit sans surveillance, vous vous mettez le doigt dans l'œil, mesdemoiselles ! » Je soupirais, autant d'agacement que de lassitude… Le monde allait-il encore et toujours s'acharner sur moi à chaque fois que je passe un bon moment ? Oh et après tout, avec ou sans le vieux, on allait quand même pouvoir s'amuser ! Ce n'était pas avec sa force de mouche acariâtre qu'il allait pouvoir nous arrêter. « Et tu crois que tu peux faire quoi contre nous ? Nous lancer des cailloux ? ». Je me relevais, m'appuyant sur l'épaule de Julia et m'apprêtant à répondre avec grand plaisir à sa proposition… Quand le destin décida de s'acharner contre nous. « Précisément ! ». Et j'eus juste le temps de le voir frapper un coup sec de sa canne sur le sol… avant que le plafond ne commence à tomber sur nous…

D'un réflexe animal, j'attrapais la main de ma nouvelle camarade de jeu et la tirais derrière moi, courant le plus vite possible afin d'éviter qu'une des pierres de l'éboulement ne nous atteigne. Je ne sais même pas combien de temps notre fuite a duré, mais je ne m'arrêtais qu'une fois que tout bruit de chute s'estompa derrière nous. La poussière avait totalement envahis le couloir et je me bénissais de ne pas avoir besoin de respirer pour survivre… Étais-ce le cas de Julia ? Je posais ma main sur son épaule, inquiète… « Tout va bien ? ». Soit elle allait me tomber dans les bras, soit elle allait se mettre à hurler des menaces de mort à l'encontre du guide – qui ne me semblait plus tant l'être que cela – et je préférais nettement la deuxième possibilité à la première… « Sérieux Julia, on a réussis à s'en débarrasser, me lâche pas maintenant qu'on peut s'amuser ! ». Et une question totalement idiote me traversa l'esprit… elle m'avait bien dit pouvoir à nouveau manger, dormir et compagnie… cela signifierait-il qu'une Dullahan redevient vivante une fois sa tête retrouvée ? Si tel était le cas, j'espérais que les conséquences de cet éboulement ne la conduiront pas à sa prochaine mort… Pour une fois que je trouve quelqu'un avec qui m'amuser !

Traverser une entité magique, je ne l'avais jamais fait et craignait quelque peu des effets indésirables que cela pourrait produire sur mon organisme… mais ma curiosité, ma soif de découvrir et de comprendre, eurent raison de ma sagesse et de mes craintes… Alors, je laissais pour le moment seulement ma main devenir ombre… et la passait à travers les interstices des pierres, dans ce fameux mur qui nous avait séparé des filles… Et le résultat fut tout simplement stupéfiant ! Je retirais bien vite ma main et la matérialisait à nouveau, non sans avoir poussé un petit cri de surprise, confuse.

« Mircella ! C'est… incroyable ! Tous les murs sont chargés de magie ! J'ai passé mon bras dans ce mur et… la sensation est incroyable… J'ai l'impression de me retrouver avec la même puissance que m'avaient donné ces oiseaux à la Coupe des Nations ! La Tour est bien plus puissante que ce que j'avais imaginé ! Mais mieux encore… Elle parle. »

Je la regardais, de ces yeux pétillants que prennent les chercheurs lorsqu'ils viennent de révolutionner les lois du monde. Et si je ne savais pas la femme aux oreilles pointues aussi intelligente que moi, jamais je n'aurais prononcé de telles paroles, que l'on pouvait facilement assimiler à celles d'un fou. Et pourtant… lorsque ma main entra en contact direct avec la magie de la Tour, j'avais clairement reconnue un murmure roque, qui me demandais de cesser mon geste, de nettoyer les toiles d'araignées qui la touche, de faire sortir d'ici les deux malpolies et encore une foule de chose à la fois que j'ai eu un mal incommensurable à déchiffrer. Et ma magie… Que dire de ma magie… Je me sentais puissante, entière, capable de bâtir des villes par la seule force de mon imagination ! Et j'avais la nette impression que la Tour venait de m'offrir une infime partie de sa puissance – ou que je venais de la lui voler, il était bien difficile de la comprendre – mais dans tous les cas, il n'était pas question que je garde trop longtemps cette énergie en moi… Je ne savais que trop bien à quel point la surcharge magique était dangereuse… Alors, comme certains rois passés ont pu le dire… "Il faut diviser pour mieux régner" et je créais donc plusieurs clones à partir de mon pouvoir d'illusion, que j'envoyais directement parcourir le labyrinthe qui s'offrait à nous… Et avec un peu de chance, ils nous permettront à la fois de retrouver les filles et la tête de Melody…

« Voilà. Autant que ce trop plein de magie nous serve efficacement ! Mais au fait, je ne t'ai pas remercié pour ta proposition… C'est très aimable de ta part de vouloir m'aider, et je me demandais si je ne peux pas à mon tour de soutenir dans ta recherche. J'ai cru entendre de la bouche de Julia que tu es là pour le passé d'une de tes amies ? Tu pourrais m'en dire d'avantage, pendant que tu nous guide à travers ces dédales ? »

Et je me décidais alors à la prendre par le bras, afin de lui emboîter le pas. Je savais pertinemment que nous n'étions pas là pour une promenade de santé, mais quitte à passer du temps à une inconnue, autant essayer de la rendre moins étrangère à sois que possible. D'autant plus que notre route risquait d'être longue…

La blonde des bois tentait tant bien que mal de rassurer la jeune femme qui se tenait à ses côtés. En effet, elle même s'inquiétait, mais ne pouvait décemment pas se laisser aller à la panique. De plus, Julia voyageait depuis bien plus longtemps qu'elle et même si les temps avaient changés, elle ne pouvait qu'admettre que sa puissance et sa détermination ne cessait d'augmenter. Sans compter que depuis l'apparition du Démon, elle n'avait de cesse de devenir plus indépendante que jamais, détestant rester à ses côtés ne serait ce que quelques instants. Elle sortait souvent, se baladait à Avalon, et sans doute y vivrait-elle un jour si la présence d'autres êtres plus ou moins bénéfiques l'insupportait trop. Ainsi, elle ne craint pas pour sa vie, pour son existence, ni pour sa manière de régler les choses. Elle angoissait plus pour le vieillard qui, bloqué avec elles, en verrait probablement de toutes les couleurs et ne reviendrait que plus fou et plus sénile qu'il ne l'était déjà en entrant dans cette tour. Déjà, pour y proposer une visite, il fallait avoir un sérieux problème, étant qu'aucun chemin ne s'y dessine et qu'elle change toutes les demi-secondes. Il n'était pas logique, et tout comme la Dullahan l'était, il s'avérait extrêmement difficile de prévoir les actions des autres quand eux-même ignorent ce qu'ils vont faire. « Nous les retrouverons vite, ne t'en fais pas. S'il leur arrive quelque chose, nous le saurons bien assez tôt, et je pense que si elles nous voyaient nous inquiéter, elles riraient plus de nous qu'autre chose. ».

Elle ne pouvait s'empêcher de s'imaginer ce qu'elles pouvaient bien créer ensemble, ce qui se passerait si elles venaient à se fréquenter de plus en plus souvent, si elles devenaient… Amies ? Mais ne l'étaient-elles pas déjà ? Mircella voyait mal sa compagne s'enticher de quelqu'un qu'elle n'appréciait pas, et ces deux folles pourraient devenir beaucoup plus puissantes qu'elles ne l'étaient déjà si elles traînaient ensemble trop longtemps. Deux amies, deux mortes, deux présages funestes qui ne sauraient que perturber l'équilibre du monde et de ces terres, que perturber l'avancée de l'univers. Elles deviendraient une menace qui grandirait, et grandirait encore, sans que personne ne puisse l'arrêter ou la ralentir. Leur croissance serait forte et inébranlable. Elle se permit de lâcher un très léger soupir, le cachant ainsi à Milady, de peur de lui inspirer à nouveau un certain désespoir. Elle savait déjà qu'elle récupérerait une morte vivante enivrée de meurtres et d'idioties en tout genre, qui ne voudrait s'arrêter sans aucun prétexte, et cela l'épuisait avant même que cela ne commence. Cependant, quand son interlocutrice se retourna vers elle, elle se contenta de la gratifier d'un sourire. Autant cacher ce qui peut encore l'être...

Peur du noir… Julia du retenir un pouffement de rire. Elle vivait dans les ténèbres depuis déjà bien longtemps, et ne fréquentait que la noirceur la plus profonde des bas-lieux de ce monde et s'y plaisait ironiquement énormément. « Comme si j'allais te laisser partir, tu risquerais de te perdre ma pauvre. ». Elles riaient ensemble de leur propre catastrophe, de ce qui les mènerait à leur perte. Le vieillard descendit ensuite par un escalier créé spécialement pour lui. « Mais regarde moi ce débile mental, il est tellement assisté qu'il a besoin de l'aide de la tour pour bouger... ». Elle haussa brutalement la voix. « Eh, du c*n, tu veux pas te barrer ? Non parce que sérieux tu nous fais grave ch*er, et on a pas besoin de toi ici ! ». C'était d'une évidence à couper le souffle. Elle se fichait bien de l'état du vieux, et s'il pouvait crever, alors ça l'arrangerait beaucoup plus que cela la peinerait. Qu'est-ce qui pouvait bien la rendre triste d'ailleurs ? Elle se le demandait bien. Depuis qu'elle vivait avec l'Elfe, jamais elle n'avait connu la tristesse. L'ennui, lui, était son meilleur ami et elle le cotoyait régulièrement, beaucoup plus qu'elle ne l'aurait souhaité d'ailleurs, mais ne pouvait décemment y échapper. Mais tout ce qui était peur, tristesse, angoisse… Elle haussa les épaules, brièvement, avant de tourner la tête vers celle qui l'accompagnait depuis un moment. Serait-elle triste si elle venait à disparaître de sa vie ? Elle qui ne connaissait plus le désespoir, pourrait-elle le ressentir à nouveau ? Elle ne l'espérait pas. Tout simplement car les émotions négatives ne faisaient plus parti de son panel de sentiments possibles, mais également car elle priait secrètement pour que sa congénère reste à ses côtés. Elle s'amusait, et cela n'était pas arrivé depuis bien des années. Alors personne ne pourrait se permettre de gâcher ce moment qui, pour elle, était bien plus que magique et n'aurait été comparable à rien d'autre dans ce monde pourri jusqu'à l'os.

Puis, une pluie de cailloux s'abattit sur elle, et tandis qu'elles avançaient, tirées par la force de Melody, Julia ne put s'empêcher de lâcher une insulte en route. « Les cailloux envoient des cailloux ! Sois pas trop frustré mon vioc ! ». Et elle rit un bon coup, avant de se concentrer sur sa semblable, qui courait dans tous les sens, cherchant à échapper aux éboulements. Elles auraient pu voler, mais se seraient sans doute cognées. Et surtout, elle ne tenait pas à perdre de vue la jeune femme. Se retrouver seule ne la dérangerait pas, bien entendu, mais sans elle, tout était différent. Elle sentit une main se poser sur son épaule, amicale, tandis que leur mascarade s'arrêtait brutalement. Et, en réponse, son sourire déforma son visage. « T'es marrante toi. J'vais pas mourir maintenant. De toute façon j'suis déjà morte. ». Elle se mit à rire, doucement. « Et pis j'aurais vraiment la honte de crever d'un caillou sur la tronche à cause d'un débile de vieux qui tient à ce gros tas de caillou. ». Faisant allusion à la tour sans peur, elle retira la main de sa compagne sur elle, la lui prenant à nouveau dans la sienne. « C'est sympa d'avoir voulu m'sauver. Merci. ». Elle n'aimait pas faire des remerciements, et n'était manifestement pas douée du tout pour ça. Mais c'était toujours mieux que rien, se disait-elle, naïvement. Elle observa alors les alentours, s’apercevant qu'elles venaient d'atterrir dans une immense salle souterraine ou aucune autre sortie ne se profilait. Un autel se tenait au milieu, et elle ramassa une hache sur le sol. « S'tu veux mon avis, ce lieu c'est pas l'endroit ou on viendrait boire le thé. Même si j'déteste ça d'ailleurs, c'est vraiment dégueulasse. ». Elle qui pouvait manger à nouveau ressentait le goût, et même si cela s'avérait plutôt agréable, cela signifiait qu'elle se retrouvait également obligée de subir les goûts gastronomiques de sa maîtresse.

Une salle de torture… et quand le pied de la petite alla se trouver dans une flaque de sang, elle ne put s'empêcher de rire. « Il croit vraiment que ça va nous faire peur, dis-moi ? J'pense plutôt que si le vieillard arrivait jusque là, c'est lui qui se pisserait dessus ! ». C'était calme, trop calme pour que rien ne se profile à l'horizon, pour qu'un événement ne vienne pas les bouleverser. Et, comme par magie, comme s'il l'avait entendu, le vieux apparut, sortant d'une galerie qui auparavant n'existait pas. « Mais tu vas pas nous lâcher c'est pas possible mon gros ! T'as rien d'autre à foutre de ta vie ou comment ça se passe ? Vas crever ! ». Et, dans un élan de colère non contrôlé, elle se précipita vers lui pour lui asséner un coup avec l'arme qu'elle venait de ramasser, mais elle le traversa complètement, comme s'il ne s'agissait que d'une illusion. Elle posa la hache dans son dos, l'air complètement blasée. « Et en plus il s'amuse avec sa petite magie stupide le débile mental. Viens Melody, on a pas d'temps à perdre. Et si il continue, j'vais vraiment le crever. ». Elle la tira alors vers elle doucement, s'enfonçant dans la galerie qui venait d'apparaître, avant d'entendre des voix juste au dessus de leurs têtes. Elle reconnut celle de Mircella, et ne put s'empêcher de rire. « Elles sont juste là les deux demeurées. Elles doivent bien paniquer à mon avis, j'regrette un peu de pas voir ça. Au fait, t'as envie de retrouver ta tête toi, ou c'est juste ta sœur qui te saoule avec ces c*nn*ries ? C'est pas la fête tous les jours de la retrouver, mais j'te mentirais sans doute en te disant que c'est moins cool de pouvoir bouffer et dormir à nouveau. ». Elle avançait, doucement, fuyant presque la présence de leurs deux compagnes juste au dessus. « Après, j'comprends parfaitement ce que tu ressens. Perso', j'ai pas eu le choix. Mais elle pense vraiment qu'on va retrouver ta tête dans un endroit pareil ? Fin remarque, on a trouvé un ange au beau milieu de ce bazar, alors bon, j'suppose que tout peut s'y trouver... ».

Des murs chargés de magie… L'être sylvestre fronça les yeux, son regard devenant plus dur. Ce n'était absolument pas contre la jeune femme qui se tenait à ses côtés, mais plutôt par inquiétude. Elles allaient se retrouver bel et bien bloquées si elle.. parlait ? Ses yeux s'écarquillèrent. « Elle parle ? Tu peux l'entendre ? ». Un soupçon d'excitation la gagna, qu'elle ne put réprimer. Si elle acceptait de s'ouvrir à elle, alors peut-être en saurait-elle plus sur la jeune ange qu'elle eut récupéré dans ce même endroit. Et elle réagit enfin à ses paroles. « J'ai également participé à cette épreuve et je sais de quoi tu parles, même si je ne sais pas comment cela peut être possible que cette sensation soit comparable à ce que nous y avons vécu. ». Elle posa une main sur une des parois, légèrement hésitante, puis la retira doucement, dans un sourire réconfortant, et surtout, confiant. Elle allait en apprendre plus, et rien que cette idée la rendait hystérique. Fort heureusement, elle savait se contenir. Elle observa ensuite les clones de Milady s'en aller pour fouiller les alentours, croisant les bras. « Tu as des capacités réellement intéressantes, tu sais. ». Et enfin, elle sut qu'elle allait devoir s'expliquer sur les raisons de sa venue ici. Joignant ses mains, elle poursuivit son chemin avec son interlocutrice, dans un monologue presque solennel qui lui tenait à coeur.

« Je suis venue ici pour savoir d'où vient une de mes amies. En fait, c'est une jeune ange. Elle est minuscule, c'est encore une enfant. Quand je me suis aventurée dans cet endroit pour la première fois, il m'as fait tourner en bourrique pendant des heures et des heures, avant de m'ouvrir une porte, une immense salle. Et à l'intérieur se trouvait cette petite fille à la longue chevelure de feu, qui priait comme si sa vie en dépendait. ». Elle se stoppa, tout à coup nostalgique. « Elle ne parlait pas, et quand je suis parvenue à lui arracher quelques mots, quelques informations, ses paroles rimaient. Je ne sais pas d'où elle vient, ni pourquoi elle a été enfermée ici pendant des années, ou pourquoi elle s'y serait exilée. Depuis quelques jours, je rêve, j'entends sa voix me le demander. Et je ne peux pas résister à l'idée d'enfin avoir ma soif de savoir satisfaite. ». Elle paraissait quelque peu embarassée d'agir de la sorte, pour son propre intérêt. « Bien entendu, je tiens également à en savoir plus sur elle. C'est pour cela que je suis venue à la tour inconnue. Alors, je doute de réussir à retrouver la salle qui m'as été ouverte sur sa présence, mais on ne sait jamais. Et ça m'as permis de faire une rencontre ! ». Elle souriait, toujours autant. « Désolée de t'embêter avec ça. Je sais que tu recherches la tête de Melody, et je te comprends parfaitement. Retrouver celle de Julia a été très éprouvant, et j'étais encore relativement jeune lorsque j'ai du le faire. Maintenant, j'ai une autre amie dont je dois découvrir l'origine, et peut-être le destin. ». Leur amitié irait peut-être beaucoup plus loin qu'elles pouvaient se l'imaginer, et quand elle observa les clones de la jeune femme, elle ne put s'empêcher de se demander ce qu'elles pourraient faire ensemble, ce qu'elles feraient dans l'avenir, car en tout cas, elle ne se voyait pas la quitter de sitôt.

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Apprendre qu'elle avait aussi participé à la Coupe était une surprise de taille, et je ne pu m'empêcher de ressentir un petit pincement au cœur à l'idée qu'elle puisse se souvenir de ma prestation mais encore plus de la race pour laquelle je concourais. Mais ces sombres pensées furent vites balayés par tout autre chose. « Je ne t'ai pas encore vu à l’œuvre, mais je suis certaine que tes capacités sont aussi grandes que les miennes ! » Si j’avais pu rougir après son compliment, mes joues seraient actuellement colorés d’une jolie teinte rosie. Malheureusement, il était presque impossible que ma peau se voit parsemée de couleurs, autrement que grâce à mon pouvoir de création d’illusions. Pourtant, dire sans mentir que le compliment, que venait de m’offrir Mircella, ne m’atteignait pas aurait été un mensonge des plus éhontés… Car bien que je ne puisse ressentir de plaisir, la gêne m’était en revanche tout a fait accessible, d’autant plus que je n’avais pris conscience de tout le potentiel de ma puissance, ainsi que de sa croissance, que depuis la Coupe des Nations. Alors entendre de la bouche d’une autre personne, qui me semblait également sympathique, que mes compétences étaient “intéressantes” me perturbait plus que je ne l’aurais souhaité. Il me semblait même bien que ce fut la toute première fois que quelqu’un prenait le soin de m’observer pour celle que j’étais réellement. Bien sûre, ceux connaissant mon histoire pourrait me contredire en me disant que Romulus a posé ses pupilles sur moi bien avant l’elfe, mais à ceux là je répondrais que leurs regards ne sont pas comparable. le Sorcier, et il ne fallait pas croire que j’étais assez sotte ou naïve pour l’avoir compris, ne me voyait ni plus ni moins que comme un outil comme un autre dont il pourrait se servir pour arriver à ses fins. Il ne s’intéresse pas à celle que je suis mais à ce que je peux lui peux lui apporter, là est toute la différence, pensais-je.

Pour ma part, j’écoutais attentivement les dires de ma nouvelle compagne et peut-être future amie. Découvrir une ange en cet endroit, seule et en pleine prière ? Cette petite devait avoir une histoire extraordinaire… ou bien tragique. J’allais demander à l’elfe si la jeune fille lui avait fournit quelques informations, mais si Mircella semblait avoir eu du mal à lui estoquer quelques paroles, il va s’en dire que l’être ailé ne devait, soit ne pas se souvenir de son passé, soit être beaucoup trop terrorisée par celui-ci pour oser simplement se le remémorer ou encore en parler. Un passé inconnue, voilà quelque chose qui me parlait énormément, moi dont la mémoire n’était composée que de mots d’encre sur du papier. « Au fond, nos deux quêtes sont similaires ! Tu recherche le passé de cette enfant tout autant que je souhaite retrouver ce qui manque à ma petite sœur. A la différence que tu ne te sens probablement pas coupable de son état… Ce ne doit pas être une surprise pour toi si je t’annonce que mes relations avec Melody sont on ne peut plus conflictuelles… » Peut-être étais-je entrain de trop en dire… mais je lui faisais curieusement confiance, et je croyais en la force et la justesse de mon instinct. Peut-être même que je pourrais lui avouer mon pêché… Être un membre imminent de la race la plus secrète des terres du Yin et du Yang était parfois un fardeau encore plus lourd à porter que la malédiction… Le Silence est d’or mais personne n’a spécifié que le métal était empoisonné.

La voir vivante et en pleine forme me… rassurait ? C’était indéniable, et je me fichais éperduement qu’elle voit mon expression de soulagement sur mon visage. Je n’avais rien à lui cacher, je le sentais. Et sa vague tentative de remerciement eut même le don de me faire sourire, alors que j’avais joins mes rires aux siens, plutôt nerveux pour une fois. Elle alla ensuite ramasser une hache au sol, alors que j’optais plutôt pour une colichemarde, une épée dont le nom m’avait toujours amusé pour sa similarité avec le mot “cauchemar”. « Pas de quoi ! Je me serais ennuyée ici sans toi. » J’observais la pièce dans laquelle nous venions d'atterrir. Une salle de torture… Comme c’était touchant ! On aurait dit que la tour nous envoyait un message très direct. Elle voulait notre mort ? Nous punir ? Qu’elle essaye, seulement ! « Oh moi si y a bien un truc qui ne me manque pas, c’est bien de ne plus avoir à boire, manger et dormir ! je passe mon temps sur les routes et t’imagine pas le temps que je perdrais si je devais m’arrêter ! Et puis, la dernière fois que je me suis arrêtée dans une taverne, j’ai fais un concours de beuverie avec un débile. Ce con n’a même pas vu que l’alcool ne me faisait rien ! J’te laisse imaginer la suite ! »

La suite des évènements se passa assez rapidement. Julia marcha dans une flaque de sang, l’illusion du vieux se pointa, elle l’attaqua, il disparu, et elle m'entraîna dans les couloirs sombres. Seulement, quelque chose n’allait pas, ou plutôt allait de moins en moins bien. Et savoir que Mircella et Mili’ étaient au dessus de nous ne me disait rien de bon. D’abord, on trouve des armes, puis du sang répandue au sol… « On s’en fou des deux gamines, tant qu’elles nous foutent la paix ! Et ouais, ma sotte de sœur est persuadée qu’elle va retrouvée ma tête ici. Faut pas lui en vouloir, elle a sûrement été bercée trop près du mur quand on était petite. »  Venais-je vraiment d’entendre un grognement ? Ou même plusieurs en même temps ? Venais-je vraiment de sentir ce courant d’air frais qui m’avait apporté cette odeur de pourriture ? Venais-je vraiment de ressentir tout cela… ou n’étais-ce que des illusions de la Tour ? J’espérais sincèrement que cette solution soit la bonne… « Dis-moi Julia ? Est-ce que tu as sentis la même chose que moi ? »  Nous étions arrivés dans une autre salle, encore plus vaste que la première. Je m’arrêtais, forçant également ma camarade à s’arrêter. Je détestais les chiens. Ils étaient stupides, baveux, nauséabonds… Et il avait fallut que cette maudite tour nous serve en pâté à un cannidé… à trois têtes qui plus est. « Yeark… Il est affreux… Mais je crois qu’on a enfin notre divertissement. »

Le vioc apparut ensuite au dessus de nous, posé sur une dalle de pierre suspendue dans les airs. Ils nous regardait, le regard dure et réprobateur. Je me mis à rire aux éclats, tant la situation en devenait grotesque. Tout ça pour une remarque ! « Mais tu vas nous lâcher vieux débris ! D’abord la chute, puis les cailloux et maintenant ton toutou ! Et tu crois que tu vas nous mater avec ça !? » Et je repartis de plus belle, mes esclaffassions résonnants contre les parois de pierres magiques, tandis que le molosse en question s’était mit à grogner, sa bave tombant en de grosses goûtes de la taille de Julia, s’écrasant au sol. « La Tour aura le dernier mots jeunes filles ! Croyez-moi ! » Et il disparu par une trappe qui s’était ouverte au plafond, probablement en route pour rejoindre les filles, nous laissant seules avec nous amis à poils. Il était gigantesque, ses têtes touchant presque le plafond… et c’était à notre avantage, ses mouvements seront plus lents… Je brandissais alors mon épée devant moi, trop heureuse de pouvoir la tester sur un adversaire de ce calibre. Si elle ne se brise pas, je la garde !, me promis-je. « Et Julia ? La première qui l’abat a gagné ! »

Mes illusions allaient et venaient, me rapportant des informations toujours et uniquement négatives, mais néanmoins intéressantes. Beaucoup de salles, toutes très différentes, parfois des portes closes, d’autres ne donnant sur rien d’autre que le néant… J’en profitais pour leur donner la consigne de me signaler si par chance, elles tombaient sur la pièce d’origine de l’ange. C’était toujours cela de prit. « Tu sais, moi aussi j’ai quelques soucis de mémoire. La mienne ne m’a longtemps été accessible que grâce à mon journal intime, que je tenais strictement à jour - et fort heureusement - avant mon… accident. » Je faillis, oh seuls les Aetheri peuvent savoir à quel point je faillis de nouveau mentionner le fait que j’étais également morte. Il était trop tôt. Même si Mircella côtoyait tous les jours une Dullahan, la condition des Ombres était bien trop différente… Qui sait comment elle réagirait en apprenant que je ne ressent absolument rien de positif si ce n’est lorsque je fais appel à l’Illusion d’Edel ? Ma peur de la voir s’éloigner de moi trop tôt grandissait au fur et à mesure que le temps que nous passions ensemble croissait… Ses questions finiraient par venir, mais j’espérais sincèrement pouvoir lui apporter les bonnes réponses quand le moment sera venue.

L’angoisse montait en moi à chaque nouvelle question que je l’imaginais me poser, si bien que je peinais à ne rien laisser transparaître dans ma gestuelle ou sur mon visage. Fort heureusement, un évènement vint perturber la suite de mes pensées. Le vieil homme venait de sortir par une trappe du sol, qui se referma et disparut juste après son passage. La Tour devait beaucoup l’apprécier pour lui faciliter ces déplacements à ce point… Mais ce qui était encore plus surprenant était le fait qu’il ait réussit à se survivre aux deux Dullahans… Le voir me rassurait, bien que la faible lueur qui émanait de son âme ne me permettait pas de penser qu’il était désormais saint et sauf… « Alors mesdemoiselles ? On se promène ? Pardonnez moi de vous avoir laissé seul, les voies de la Tour sont impénétrables, vous savez ! » Et je ne pouvais qu’en conclure qu’il l’avait déjà entendue parler… et peut-être même parvenait-il à communiquer avec elle… J’aurais aimé lui poser d’avantages de questions sur le champ, mais il me fallut réfréner ma curiosité. « Bien ! Maintenant que nos deux perturbatrices sont sur le chemin de la rédemption, veuillez me suivre afin que nous continuons notre petite visite ! »

Mais ce fut la phrase de trop. Sur le chemin de la rédemption ? Julia et Melody ? Impossible ! Ma peur qu’il ne leur soit arrivé quelque chose s’exprima à travers moi. « Pardonnez-moi de vous interrompre mais… qu’est-il arrivé à ma soeur et son amie ? » Il se retourna vers moi, me souriant de toutes ses dents jaunes et noires, avec une expression qui me fit froid dans le dos. « Oh rien de spécial ! Disons qu’elles ont simplement fait la rencontre d’un chien qui a du gens ! Ou quelque chose de cette forme là… Ne vous préoccupez pas d’elle ! » Sa réponse n’avait rien de cohérent et le simple fait qu’il me demande de ne pas m’inquiéter d’avantage pour elles eut tout l’effet inverse… Je lançais des regards inquiets vers Mircella avant de discrètement lui chuchoter quelques mots à l’oreille… « Je ne sais pas toi, mais je n’aime pas cela… Qu’est ce que tu préfère ? On part à la recherche des filles ou on le suit ? Je sens qu’elles sont en grand danger... » Je priais pour qu’elle soit de mon avis, qu’elle me demande de me servir de mes pouvoirs pour les retrouver… « A votre place, je continuerai à suivre le seul guide qui pourra vous sortir d’ici, jeunes filles ! » Comment avait-il pu m’entendre à son âge et à ce volume sonore ? Je le fixais de mes yeux ronds, ma confiance en lui diminuant au fil des secondes. Mais déjà, tout avait changé autour de nous sans que je le remarque, et il me semblait que nous étions bien loin de l’endroit où il nous apparut… Il ne me restait plus qu’à prier et croire. Prier les Aetheri pour que nous nous en sortions toutes vivantes, croire en ma soeur et Julia pour qu’elles parviennent à surmonter leurs épreuves, quelles qu’elles soient...

Elle ne l'avait pas encore vue à l'oeuvre, et même si elle se taisait, Mircella priait pour que jamais ce ne soit le cas. Car si elle en venait à lui montrer toute l'étendue de ses pouvoirs, alors cela voudrait dire qu'elles seraient dans une situation ou la diplomatie ne pourrait plus rien. Le regard de l'Elfe se teint alors d'une certaine tristesse qu'elle chercha cependant à masquer. Elle n'était pas sotte et n'ignorait rien des tourments de ce monde. Seulement, aussi naïf que cela puisse paraître, elle voulait toujours essayer de régler les problèmes sans violence au premier abord, croyant que dans chaque race, un soupçon de raisonnement se cache. Et même chez les Démons, ou les Anges Déchus, qui s'adonnaient régulièrement à plonger la tête baissée dans leur pêché, elle voyait une possibilité de discuter d'un quelconque moyen de s'entendre. Après toutes les destructions d'Earudien, elle ne se voyait pas se faire des ennemis et s'attendait plus à attirer des amis qui pourraient l'aider en cas de problème. L'être sylvestre ne dépendait de personne, mais si l'on peut être en compagnie plutôt que seul, alors seul un fou aurait refusé. Elle ne lutterait plus dans une solitude profonde, mais avec des personnes qui mériteraient son attention et qui se montreraient présents pour elle. Un faible soupir sortit de sa bouche, quand elle releva la tête vers Milady. La coupe des nations ne lui rappelait pas de mauvais souvenirs, mais Ciel, elle n'avait pas besoin d'un événement précis pour qu'ils reviennent la harceler. Elle baissait sa garde une ou deux secondes, et c'était terminé. Elle aurait beau hurler pour que la torture s'arrête, elle ne ferait que s'accentuer. Secouant la tête, elle vira ses pensées de son esprit, afin de reprendre son sourire habituel. Ce n'était pas l'heure de sombrer dans la mélancolie.

Héliana devait encore dormir à la maison, en compagnie de Lumi. Elles devaient sommeiller paisiblement, somnoler peut-être. Ou alors s'était-elle levée pour peindre une nouvelle fois ? Elle l'ignorait, mais ça l'amusait de l'imaginer, parfois. D'où elle venait était un mystère complet sur lequel pesait un voile que l'Elfe tentait de soulever tant bien que mal. Et elle n'était pas seule dans cette quête, sans parler de Julia qui s'amusait bien plus que l'on aurait pu le croire dans les sous-sols. Non. Elle parlait de la jeune femme qu'elle venait à peine de rencontrer et qu'elle considérait pourtant comme quelqu'un d'important à ses yeux. Son sourire s'étira très légèrement, avant de disparaître à nouveau. Son interlocutrice se murait dans une culpabilité certaine, qu'elle n'avouait pas mais qu'elle ne pouvait pas nier. La main de l'Elfe alla se poser sur l'épaule de la jeune fille. « Je vais t'aider à retrouver sa tête. C'est une quête sans fin, que j'ai réussi, et je suis prête à la recommencer. ». Elle lui accordait son aide, mais aussi toute sa confiance. Elle s'en remettait à elle dans cette tour qui n'en faisait qu'à sa tête, et c'était une approche bien réciproque qui lui fut accordée. « Mes relations avec Julia ne sont pas roses non plus. Si je devais mettre une couleur sur ces dernières, je dirais qu'elles s'accordent à du Noir corbeau. Elle veut voler de ses propres ailes, mais les déchire chaque fois qu'elle tente de décoller. ». Son emprise sembla se resserrer très doucement sur l'épaule de la jeune femme, sans qu'elle ne s'en aperçoive. « Il ne faut pas que tu baisses les bras, car je ne les baisserais pas non plus. Elles sont toutes deux étranges, singulières, ne tiennent pas en place, s'agitent dés lors que l'ombre d'une bêtise se dessine devant elle. ». Elle s'arrêta pour lui sourire, avalant sa salive. « Mais si cela ne nous a pas arrêté après tout ce temps, pourquoi cela nous arrêterait maintenant ? ».

Le sourire présent sur le visage de la petite Dullahan ne tarda pas à se tordre. Elle ne ressentait plus le goût de l'alcool.. Ô tristesse. La petite s'en était passée pendant tellement longtemps que retrouver cette saveur lui aurait presque procuré du bonheur. Elle, du bonheur. Elle, heureuse. Cette association aurait fait rire n'importe qui la connaissant. Pourtant, en cette compagnie sordide, elle se sentait mieux qu'elle ne s'était jamais sentie. C'était sa première rencontre avec une autre Dullahan et pour l'instant, elle se montrait délicieuse et pleine de surprise, tellement qu'elle ne l'aurait regrettée pour rien au monde. L'idée qu'elle ne puisse plus sentir le goût exquis des liqueurs proposées en taverne la fit frémir. Ainsi, elle ne boirait jamais avec elle, à moins qu'elle ne retrouve sa tête. C'était un vague rêve qui s'envolait, à nouveau. Elle se contenta de hausser les épaules. Pourquoi faire des plans d'avenir ? Elle verrait bien ce que ce dernier lui réservait, après sa Mort. « Ben remarque, Mimi m'as jamais dit ou elle avait retrouvé ma tête, j'l'ai jamais su et j'sais pas vraiment si j'ai envie de le savoir un jour. Je m'en fous un peu en fait. Tant que je l'ai, c'est pas trop mon problème, c'est elle qui s'est cassée le cul, pas moi. ». Son sourire déforma son visage, avant qu'une odeur ne vienne la déranger, et qu'elle se mette à renifler de manière presque bruyante. « 'Tain ça schlingue ici, c'est pas possible, le vioc a lâché une caisse ou quoi ? ».

Et en face d'elle se tenait un énorme chien, une grosse boule de poils… A trois têtes. Cette chose, qui aurait fait bondir de peur l'Elfe et sans doute donné l'envie de s'enfuir en courant tira un éclat de rire à la petite morte vivante, qui se tint le ventre tellement elle s'esclaffait. « Non mais il va m'tuer de rire ce vieux je te jure ! Eh, si t'as besoin d'un chien pour te défendre tu crains mon gars ! ». Elle leva les yeux pour voir sa vie, et celle-ci sembla s'écourter rapidement. Âgé, mais surtout en compagnie des deux mortes, il ne survivrait pas bien longtemps. « Mais t'as raison Melo', il est dégueulasse. Qui se ressemble s'assemble j'ai envie d'dire. ». Elle observait les gouttes de bave tomber sur le sol, formant une immense flaque immonde, s'en éloignant doucement pour ne pas s'en prendre une sur la tête. « Et en plus il bave, si tu sais pas éduquer un chien j'me demande à quoi ressemblent tes enfants. Enfin, si une nana a accepté de toi dans son lit, ce s'rait déjà un miracle ! ». Et il disparut, dans un bruit sourd, les laissant seules face au molosse. Ce dernier mit un temps considérable à bouger, et Julia croisa les bras, avant de sortir son cimeterre en métal indestructible. Enfin, indestructible.. C'est ce qu'on lui avait dit après tout. C'était le moment de la tester, et de voir si on lui mentait ou non. Et si c'était le cas, elle ne se priverait pas de massacrer le marchand à coup de haches, oubliant qu'il s'agissait d'un cadeau de Galick.

L'idée de l'abbattre fit ensuite sourire la petite qui, sans attendre d'approbation de sa compagne, se jeta sur l'immense chien, lui assénant plusieurs coups à la suite qui ne le firent pas sourciller. « Tu t'fous de moi, clébard ? ». Elle planta son cimeterre dans sa patte, lui arrachant enfin un puissant gémissement de douleur. « Ben enfin ! ». Et un coup de patte vola juste au dessus de sa tête, la frôlant de peu, détruisant une partie de la salle au passage. Ce dernier se mit à reculer dangereusement, comme s'il allait charger. Reculant à son tour, Julia attrapa la main de Melody. « Euh.. J'veux pas être rabat-joie mais... ». Il fonça à toute allure, prête à les dévorer ou à les écraser sur son passage dés lors qu'il en aurait l'occasion. « DEPÊCHE ! ». Elle la saisit alors, la portant et s'envolant avec elle pour atterir finalement sur le dos de la bête, protégeant sa compagne avec ses immenses ailes noires du mieux qu'elle le pouvait, les sous-sols s'effondrant derrière elles. Le vacarme devait être des plus beaux, l'on ne devait entendre qu'elles, et cela ne pouvait continuer. « Il commence sérieux à m'les péter ! ». Et, sans réfléchir et sans regarder ou elle frappait, elle alla enfoncer sa lame dans un des yeux de l'immense bête, qui s'arrêta presque automatiquement. Dans un rire nerveux, Julia se tourna vers son amie. « Ahahahah... ». Ça allait être drôle.

Un accident… Mircella plissa les yeux, repassant les paroles de son interlocutrice en boucle dans sa tête. Un accident, un accident… Parlait-elle de Melody, de la perte de sa tête ? Y était-elle liée ? Un journal intime.. Jamais elle n'oserait mettre le nez dedans, et pourtant il l'intriguait énormément. Elle contint sa curiosité une nouvelle fois, celle-ci devenant rapidement incontrôlable dés lors qu'elle ne lui posait pas une limite. « Je n'arrive pas à imaginer ce que cela fait de ne pas se souvenir de qui l'on était auparavant. ». Elle était bien sûre, curieuse de savoir qui était la Milady d'avant mais encore plus celle de maintenant. Elle tenait à la découvrir de plus en plus, de se faire à sa présence qui lui apportait bien plus de calme qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Elle ne voulut pas plus développer sur ce dit accident, remarquant immédiatemment la gêne que cela provoquait chez la jeune femme. Il y a de ces choses dont on ne peut, ou pire, ne veut pas parler, et Mircella se serait mal vue lui confier son ancienne peur des Elfes ou quoi que ce soit de ce genre. Elle respectait ce qui devait rester personnel, tant que l'on entrait pas sans permission dans son intimité à elle. Puis, elle sourit, cherchant à détendre l'atmosphère une fois de plus quand le vieillard leur apparut, sorti de nulle part. La Tour l'aidait manifestement à se mouvoir, le considérant comme un véritable ami, et rien que cela provoqua une certaine méfiance chez la jeune femme, qui se vit presque reculer de quelques pas. Cette Tour, qui emprisonnait une Ange, qui l'empêchait de s'enfuir, permettait à un vieillard de se servir d'elle ? Non, ça n'avait pas de sens. Si elle voulait n'en faire qu'à sa tête, elle le pouvait. Elle modifiait les couloirs et les portes comme bon lui semblait alors.. pourquoi ?

Le chemin de la rédemption… La main de l'Elfe se serra sur sa faux, qu'elle venait de saisir. C'était louche. Beaucoup trop louche. Et même s'il ne s'agissait que d'un vieillard banal, il n'avait tout simplement pas le droit de faire du mal à la Dullahan. Elle lui en ferait voir de toutes les couleurs, certes, mais ne mourrait pas. Pas encore une fois. S'approchant d'un pas assuré vers le vieillard, elle s'arrêta à peine à quelques millimètres de son visage. « Oh voyons mademoiselle, je suis bien trop âgé pour vous, est-ce que vous vous rendez compte de ce que vous faites ! ». Il semblait gêné, rougissant à vue d'oeil, et pourtant il comprit rapidement que le regard que lui lançait l'être Sylvestre n'avait jamais rien eu de charmeur. « Vous vous dites guide, mais vous vous laissez berner par cette tour. Il n'y a aucun chemin à suivre, ainsi, vous ne pouvez nous guider. Vous êtes vous aussi perdu depuis bien des années, mais disons que vous vous y êtes habitué. ». Elle serra encore une fois son arme, des petites lianes en sortant doucement, tandis qu'elle avançait, le poussant presque contre le mur qui, sans surprise, s'écarta pour les laisser passer. « Soit vous êtes complice de cette tour et dans ce cas, vous ne nous montrerez jamais la sortie, soit vous êtes tout aussi perdu que nous. Mais dans tous les cas, si vous avez touché à ne serait-ce qu'un cheveu de Julia, je vous promets que vous ne ressortirez pas d'ici non plus. ». Elle se montrait terriblement menaçante, tout en restant d'un calme imperturbable, et relativement effrayant. Le paysage venait de changer, mais Mircella ne s'en préoccupait pas plus que cela. « Jouez encore une fois avec vos nerfs, et je vous promets que la petite ne jouera pas qu'avec ça chez vous. Amenez-nous où elles se trouvent, suis-je bien claire ? ».

Le vieillard s'écarta d'elle, quelque peu tremblant. Il sentait la puissance de l'Elfe et semblait la craindre, quand tout à coup il se reprit. « Vos petites ont mérité ce que je leur ai réservé ! Elles ont insulté la Tour, se sont permises de la traiter de vieux tas de cailloux et ne cessent d'y mettre le bazar ! ». La Haute Elfe fit un pas de plus, se retrouvant à nouveau près de lui. « C'est elles qui mettent le bazar ? Alors que vous leur envoyez un chien à leur poursuite ? Ne me faites pas rire. Retournez d'où vous venez, disparaissez, allez vous cacher dans un coin, tout ce que vous voulez. Justice sera faite, vous pouvez me croire. ». L'autorité naturelle de la jeune femme prenait le contrôle de tout son corps, la faisait se mouvoir, et si elle paraissait prendre de l'assurance et si elle se montrait ferme, elle n'agissait jamais en ignorant les conséquences de ses actes. Le vieux deviendrait peut-être encore plus fou, ou se soumettrait. Elle était prête à affronter toutes les éventualités, mais elle ne laisserait jamais la Dullahan seule. Quand bien même on la torturerait pendant des jours, on la menacerait de mort ou on la bloquerait à jamais dans cette tour, elle n'abandonnerait pas. Et, dans un regard doux et tendre, entre toutes ces paroles acerbes, qu'elle adressa à Milady, elle lui transmit toute cette motivation qui la poussait manifestement à aller de l'avant. Pour elles. Pour Elles.

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Si je devais choisir quelques mots afin de définir ce que m'inspirait l'elfe, ce serait probablement "sagesse, gentillesse et réflexion". C'était bien l'une des rares fois où je me retrouvais en présence d'une personne qui me semblait si proche de celle que je suis, d'une personne qui me ressemblait autant dans ma façon d'être que de penser, et cela était agréablement positif. Mais encore une fois, comme toutes mes émotions bénéfiques me sont interdites, je ne pouvais que souffrir de ne pas me sentir bien à ses côtés. Mais à mes yeux, c'était déjà une situation bien meilleure que toutes celles dans lesquels je m'étais retrouvée en interagissant avec les autres. Que lui répondre lorsqu'elle me propose de m'aider à retrouver la tête de ma sœur qu'un simple "oui" ? Je ne pouvais refuser son offre, sa main tendue bénévolement, tant il m'était maintenant apparu comme évident que j'en avais grandement besoin. Des amis, voilà ce qu'il manquait à mon existence. Entre Ombres, la fraternité existait, le soutiens, même, lorsque les âmes ou notre peuple était en danger, mais il était bien rare qu'une véritable amitié naisse entre deux individus du Royaume. Mais peut-être en était-il mieux ainsi, après tout. Nous étions là pour travailler, pour effectuer nos diverses tâches du mieux que nous le pouvons, pas pour discuter de longues heures de nos souffrances personnelles. De toutes les façons, les discussions finiraient par toutes devenir les mêmes… Côtoyer quelqu'un de vivant avait vraiment des avantages et nous rappelait sans cesse les comportements qu'il nous fallait adopter en communauté… tout comme cela nous faisait souffrir de rester en contact avec ce que l'on avait perdue et que l'on ne retrouverait jamais… La joie, le goût, un cœur qui bat… La vie, tout simplement. C'était un bien pour un mal, et je n'avais pas l'impression en me liant à Mircella d'aller à l'encontre de nos lois.

«  Je te remercie… Sincèrement. J'avoue que je désespère de plus en plus d'arriver à mes fins. Peut-être que grâce à ton expérience et ton aide, je remplierai mon devoir de grande sœur auprès de Melody plus rapidement. » Et ainsi, elle sera de nouveau totalement libre, comme ce qu'elle tenait à me répéter sans cesse quand elle cherchait à me faire culpabiliser. Il lui arrivait même parfois de m'appeler son bourreau… moi qui avait toujours cherché à la protéger. «  Le souci majeure que j'ai avec Melody, c'est qu'elle me jure que je suis responsable de sa mort… Hors, rien n'est écrit dans mon journal à la date de ce jour fatidique, et rien ne mentionne non plus le fait qu'elle ait subis un procès… que mon ancien mari lui aurait donné. Je ne sais décidément pas quoi penser et je culpabilise. Elle n'aurait pas pu inventer cela toute seule tout de même… j'aimerais un jour pouvoir connaître la vérité dans toute cette histoire. Mais je me refuse de me présenter devant celui qui a partagé ma vie après ce qu'il c'est passé. » Et je me mordis à ce moment la langue. J'en avais trop dit. Parler de mon mari, cela amenait forcément mon interlocuteur à se poser des questions. Comment annoncer à l'elfe que si je ne pouvais pas le voir, c'est parce qu'il me croyait bel et bien morte ? Impossible… Je devais me préparer à lui répondre quelque chose de cohérent. Mais Mircella avait un don, celui de me rassurer, de me redonner confiance… Et de me faire croire en elle et en notre pouvoir commun. «  Mais tu as raison. Je ne peux pas abandonner et je n'ai pas vécue si longtemps pour l'abandonner maintenant. Si tu me dis qu'à deux, nous pouvons réussir à lui rendre ce qui lui appartient, alors je te crois et je croirais en nous jusqu'à la fin. Merci. » Et je lui attrapais cette main chaleureuse qu'elle avait posé sur mon épaule, pour mieux la serrer entre les miennes en guise de lien de cette promesse muette que nous venions de nous faire.

Décidément, je haïssais les chiens, et encore plus celui-ci. Cette espèce de gros molosse immonde, stupide et baveux avait bien faillit nous avoir, alors que la salle dans laquelle nous nous trouvions partait petit à petit en morceaux. Il avait chargé, ce demeuré, et sans l'intervention de Julia, je me serais faite aplatir comme une crêpe. A mon tour, j'étendis mes ailes, afin de la soulager de mon poids. Elle était forte, mais je devais bien avouer que mon corps plus grand que le sien n'avait rien de léger. D'autant plus que la colère m'emportait peu à peu et que j'avais grand besoin d'extérioriser toute cette frustration en moi. Et quoi de mieux pour cela que les injures et les gestes violents ? « Nan mais ils se fout de nous ce tarer ! Y en a marre à la fin ! J'vais lui planter mon couteau dans le gras d'son bide et on verra qui va se vider de son sang ! Quel enfoiré, sérieux ! Tout ça pour que dalle en plus ! Pour une tour magique à la con ! J'vais lui péter les rotules, moi, à ce timbré ! » Julia avait eut beau tester plusieurs attaques, avant qu'il essaye de nous planter dans le décors, mais il avait l'air d'avoir la peau solide. Et ce n'était certainement pas avec ma colichemarde que j'allais vraiment lui faire de l'effet non plus. Il fallait trouver son point faible, le trancher, le découper en rondelle, et partir poutrer le fion du vioc !

Et heureusement que je pouvais compter sur ma consœur pour réussir là où j'aurais peut-être mit trop de temps à trouver. Samael m'avait apprit à torturer une personne, en prenant son temps, pas à abattre un chien de trois mètres de haut et qui plus est à trois têtes ! Mais Julia avait frappé l'un de ses six yeux, et il s'était arrêté. Lui ôter la vue ? Bonne idée ! Mon rire de satisfaction se joint aux siens, tandis que je commençais à tourner autour de notre ennemi canin. « Ahahahah ! Bien joué ! On va voir si, une fois la lumière éteinte, il est encore plus stupide qu'avant ! Défonce lui les yeux Julia ! Qu'on rattrape vite cette enflure pour en finir une bonne fois pour toute ! Son cadran était tout petit et je ne raterais pour rien au monde sa pitoyable mort ! » Et sur ces belles paroles, j'attaquais notre proie.

Le bougre, d'ailleurs, se défendait bien  comme un beau diable ! Il secouait sa tête dans tous les sens, manquant de nous faire valdinguer à tout moment ! J'avais l'impression d'être un moustique particulièrement agaçant qui tournait autour de sa proie, et c'est fou ce que ce son pouvait faire mal. Déjà, l'une de ses têtes était finie, et se cognait aux autres en désharmonie. Difficile de contrôler trois cerveaux ? D'ailleurs… le coup de l'insecte me donna une idée… Qui rendrait notre jeu encore plus génial… Et je me mis à siffler, de toutes mes forces. L'effet fut radical et ça le rendit encore plus fou qu'avant ! J'avais même l'impression que la salle s'était agrandie pour éviter qu'il ne détruise toute une partie des fondations de la tour. Prévoyante, la bougresse ! Il grognait, faisait claquer ces mâchoires à l'aveuglette, aboyais pour couvrir mes sifflements… mais j'avais si tôt de me rapprocher de ces innocentes oreilles. Et ses têtes continuaient de s'entre choquer dans un vacarme assourdissant ! Il allait forcément finir par s'assommer tout seul, à ce train là. « Génial ! Plus que deux ! Faut lui faire mordre la poussière ! On zigzag entre ses têtes ! » Je m'amusais, comme rarement depuis ma dernière séance de torture, et je voulais que cela continue encore.

Mais… toutes les bonnes choses ont malheureusement une fin, et à force de se taper comme un débile sur lui même, mes prévisions se virent avérés vraies. Sa lourde masse, après un dernier cri de douleur qui aurait fait pleurer les amoureux des animaux, s'effondra sur le sol, envoyant en l'air un énorme nuage opaque de poussières mêlées de gouttes de bave et de sang. Un spectacle tout bonnement magnifique à mes yeux ! Splendide ! Je me posais sur sa tête, comme j'avais parfois vu des hommes le faire sur des lions ou des ours abattus, en peinture. Un impressionnant trophée de chasse qu'il me désolait de devoir laisser là. « C'était excellent ! Et la Tour ! T'as vu ce qu'on a fait à ton toutou ? Tu ne peux rien contre nous ! Fiche nous la paix ! T'arriveras à nous casser, t'as compris ? » Et pour toute réponse, je ne reçus qu'un nouveau tremblement, suivit de l'apparition d'un escalier, qui donnait sur le dessus. Je fis signe à Julia, lui demandant si elle voulait s'y rendre, tout en haussant les épaules en signe d'incertitude. Et si c'était un nouveau piège pour nous perdre ? Je n'en avais cure !  De toutes les façons, avec Julia à mes côtés, j'étais imbattable… Et je la suivrais partout où elle irait.

Mes illusions étaient toutes revenues, encore bredouilles. Elles aussi s'étaient perdues au milieu des dédales de cette tour inconnue. Je les avais alors rappelés, sentant mon énergie magique décroître quelque peu. «  Et bien, imagine que quelque tout le monde sait des choses sur toi que tu ignores. C'est comme parler à ses parents qui te racontent tes bêtises d'enfant et dont tu n'as pas le souvenir. C'est très troublant, et tu te mets à ne plus avoir confiance en toi. » Je regardais soudainement dans le vide, repensant à ma première rencontre avec Melody, quand elle m'écrivit noir sur blanc qu'elle étais ma sœur, et que je lui avais fait ça. Pendant plusieurs lunes, je m'étais considéré comme un monstre de la pire espèce, et cela jusqu'à ce que je mette la main sur mon journal intime, qui me rappela vraiment celle que j'étais avant ma transformation en Ombre. A l'époque, je n'avais sus quoi penser, me rappelant que Tatah disait toujours qu'il faut prêter attention à la façon dont les autres nous perçoivent afin de nous connaître entièrement et totalement.

Mais c'est à ce moment que le vieil homme arriva, nous intimant presque l'ordre de le suivre sans poser de question, tout en nous révélant que nos sœurs de cœur et de sang étaient en pleine "rédemption", comme il l'annonçait. Tout ceci ne me disait absolument rien de bon, et j'observais Mircella qui s'énervait contre le vieil homme, à juste titre. Il n'avait aucun droit de leur faire du mal pour si peu ! A un enfant, on lui demande de s'excuser, à un adulte, on cherche à comprendre son comportement et on privilégie la discussion, pas la punition ! Cet être n'était décidément pas normal. La Tour avait fait de lui son esclave, je ne voyais pas d'autres explication… Mais une fois encore, quelque chose clochait… Je ne l'avais pas trouvé particulièrement maléfique, en entrant en contact avec elle… Juste… Protectrice. Ses paroles ne collaient pas avec son attitude. Il me fallait réfléchir, et vite. «  Mircella ! La Tour n'est pas mauvaise ! Je l'ai sentis en l'entendant parler, elle veut seulement...  Se protéger ! C'est lui qui n'est pas normal ! Méfie-toi ! Les filles sont encore plus en danger que je ne le pensais ! » Mon ton était ferme, teinté d'angoisse. L'incompréhension était souvent ce qu'il y avait de pire à mes yeux et je détestais cela.

Mais l'homme semblait tout aussi fou que dangereux, à s'attacher corps et âmes à sa punition divine. Totalement fou allier. Mais l'autorité impressionnante qui se dégageait de l'elfe était encore plus impressionnante… Elle me rappelait en quelque sorte Agnus Dei, qui avait l'étoffe d'un véritable chef. Le vieillard s'était mit à trembler, mais il ne cédait pas, ne bougeait pas, fuyant simplement le regard de Mircella. Je devais agir, l'appuyer, l'aider à sauver les filles. Il devait avoir encore plus peur de nous, il nous fallait le terroriser, il nous fallait quelque chose de maléfique. Et à peine avais-je émis cette pensée que quelque chose me tordit de l'intérieur. Ma main… je ne la contrôlais plus. J'avais déjà vu cette scène et alors que je mettais genoux à terre, l'impensable se produisit. La peur se lisait dans mes yeux, et je lançais des regards d'appel à l'aide en direction de Mircella, incapable de prononcer le moindre mot. Mais il était déjà trop tard, cela je ne le savais pas… Ma main ressortait  devant mes yeux cette couronne noire qui provenait de l'antre des Sorciers. Je ne pouvais pas la contrôler, l'en empêcher, j'étais… possédée. Je voulais crier, hurler, lui dire de me lâcher, de s'en aller, mais rien n'y fit. Je restais muette. Alors, la main posa l'artefact magique sur ma tête… Et tout ce que je vis ensuite fut la poussière qui recouvrait les dalles de pierres au sol.

«  Quelqu'un a demandé un être maléfique ? Et bien… c'est moi ! Allez, allez, on applaudit tous la Grande Milady ! Sorcière de son état. » Non d'un petit bonhomme ce que cela pouvait faire du bien de contrôler ce corps. Bon, mise à part le contenue d'un estomac un peu trop vide que j'avais répandue au sol. Mes transformations étaient encore trop peu nombreuses pour me permettre d'apparaître sous mon meilleur jour… Et j'avais la tête qui tourne. Mais me voilà enfin sur le devant de la scène ! Oh joie ! «  Et bien, ne faites pas tous cette tête de mollusque ! Vous ne savez donc pas qui je suis ! Ahahah ! C'est évident. Tout à fait normal. Et bien… Vous ne tarderez pas à le savoir… » Et comme toute entrée mérite sa démonstration, je lâchais un petit Lux in Tenebris et Metum sur le vieux débris qui était là. Les vieilles personnes ont toujours des peurs extras ! Et il se mit à pleurer comme un bébé… devant… euh… Qu'est-ce que c'était que cette chose, au juste ?

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Le devoir de grande sœur.. Un pincement au cœur fit sourciller la blonde des bois. Elle aussi, avait une plus jeune sœur, la cadette de sa famille en fait. Sierlla, à ce qu'elle en savait, vivait toujours chez elle, en compagnie de son père et de sa mère. Cependant, en plusieurs années de vie, elle n'était jamais retournée les voir. Alors, pouvait-elle dire qu'elle aiderait sa jeune amie à remplir son devoir de grande sœur, si elle-même ne parvenait pas à respecter les responsabilités que lui donnait le sien ? La blonde des bois l'avait toujours ignoré, remis dans un coin, au plus profond de son esprit. Sa famille lui torturait le cœur, l'attrapait, l'explosait contre le sol et appuyait encore et encore sur la plaie jusqu'à ce qu'elle finisse par se détruire elle-même. Pourtant, à part lui envoyer milles et une lettres, elle ne se montrait pas trop envahissante sur sa vie, comprenant parfaitement ses choix. Et quelle famille aurait compris que la plus vieille, certes encore jeune, se permette de fuir des conditions de vie on ne peut plus agréable pour se jeter dans la gueule du loup, dans une existence des plus troubles, marquée notamment par l'arrivée soudaine d'une morte vivante car à peine elle eut mit le pied en dehors du territoire qui lui était accordé de parcourir, qu'elle lui était tombée dessus comme l'aurait fait un énorme marteau sur une tête. Comment pouvait-elle clamer respecter de telles valeurs alors qu'elle-même les fuyait ardemment, s'éloignant de ses devoirs dés lors qu'ils la rattrapaient pour lui rappeler qu'elle avait à faire, dans un autre endroit, avec d'autres personnes. Pourtant, elle n'eut nul doute qu'arriverait le moment ou elle ne pourrait plus faire machine arrière, et qu'elle devrait affronter ceux qu'elle eut abandonné pendant si longtemps. Ce serait dur, atrocement dur. Mais elle y survivrait. Elle survivrait pour elle, pour sa propre famille, pour ses amis, et cela incluait à présent Milady qui la fixait depuis un bon moment, se confiant librement, sans aucune peur de son jugement qu'après tout elle ne poserait jamais.

Responsable de sa Mort.. Et pourtant, rien ne le prouvait. La blonde connaissait ce sentiment de culpabilité, mais également de peur qui pouvait jusqu'à paralyser une personne, la faire courber l'échine devant toutes les difficultés. Et la jeune femme ployait devant sa plus jeune sœur, craignant que ses affirmations ne soient vraies. « Tu es peut-être responsable, Milady. ». Elle ne cherchait pas à la rendre plus faible ou plus malheureuse qu'elle ne l'était déjà, mais se devait d'explorer toutes les hypothèses possibles. Ainsi, elle se rattrapa. « Comme tu pourrais ne pas l'être. ». Un sourire naquit sur son visage, toujours aussi doux et réconfortant, comme elle voulait qu'il le soit. « J'ai vécu de longues années à me torturer l'esprit, me demandant si j'aurais pu faire quelque chose pour aider les autres, pour les empêcher de mourir ou juste de souffrir. Si j'avais pu revenir en arrière, il y aurait énormément de choses que j'aurais pu savoir, que j'aurais du savoir et que j'ai pourtant ignoré. ». Elle sembla rêver l'espace d'un instant avant de se reprendre doucement, reposant son attention sur sa jeune amie. « Je ne pense pas qu'il soit bon ou utile de penser et repenser à ce qui pourrait n'être jamais arrivé. Et si c'était arrivé, alors les dés en sont jetés. Ce qui est fait est fait, et même avec toute la volonté du monde, seul les Aetheris parviennent à changer le cours du temps. Nous, simples êtres vivants, ne pouvons concurrencer leur force en aucun cas. Et même si mon coeur hurle de pouvoir le faire, il devra se taire le temps que je parvienne à faire le deuil de mes actes. ».

Elle parlait comme si elle venait de commettre l'irréparable et pourtant une certaine sérénité s'affichait sur son visage, comme si elle eut déjà trouvé la paix avant même de la chercher. Milady avait été mariée.. Cette seule idée la fit quelque peu sourire. Le mariage pouvait avoir des allures de contes de fées et se transformer en cauchemar le jour d'après, mais c'était symbolique pour elle, et si un jour elle se mariait.. Oh, elle ne préférait pas y penser. Elle ne put s'empêcher de se dire qu'un jour, elle ne pourrait plus fuir la vérité, plus fuir son ancien mari. Elle se retrouverait devant lui sans pouvoir s'échapper, comme l'avait vécu la jeune Dullahan en ayant retrouvé Darren. Mais ce n'était pas pour maintenant, et tant mieux. Elle avait le temps, elles avaient toujours le temps. Rien ne les pressait, après tout. La confiance que lui accordait sa compagne était incomparable. Elle lui racontait tout, peut-être pas dans les moindres détails, mais elle se permettait de lui confier la raison pour laquelle elle et sa petite ne parvenaient pas à se comprendre et rien que cela lui procurait un sentiment de bonheur incomparable. Sa rencontre avec Julia n'avait certes rien de bien plus spectaculaire, mais elle ne se serait pas permise de la raconter ainsi. Elle ne concernait personne, tout d'abord, mais il lui aurait fallu une raison de le dire, car elle ne déblatérait pas ainsi sans raison des propos insensés. L'important, en ce moment-même, était Milady, et rien d'autre.

Bien joué ? La petite aux longs cheveux immaculés ne put s'empêcher de rire à la remarque de sa congénère. Se rendait-elle compte qu'elle venait de la féliciter pour quelque chose qu'elle n'avait, à la base, pas l'intention de faire et qui ne témoignait que de sa maladresse ? Oh, peu importe, ne dit-on pas toujours que c'est le résultat qui compte ? Le fait est qu'elle resta un long moment accrochée au molosse qui ne voyait plus d'un œil et dont les gémissements de douleur témoignaient de la réussite de l'assaut. Saisissant à nouveau sa petite dague, elle entreprit de lui crever chaque œil qui lui passerait devant. Le gros chien, bien trop préoccupé par les sifflements de sa congénère, perdait pied, ne semblait plus comprendre ce qui se passait en plus de ne plus rien voir. Les yeux valsaient dans la pièce dans un son purement dégoûtant, et le sang giclait sur le visage de la gamine qui riait aux éclats. « Je m'amuse comme une tarée tu peux pas imaginer ! ». Car si elle ne faisait de mal à personne – ou tout du moins dés lors qu'elle se trouvait aux cotés de la blonde – elle ne se privait pas de s'éclater un petit peu sur une grosse bête qui n'aurait fait d'elles que de la chair à pâté. Ainsi, si on lui demandait, il ne s'agissait que de légitime défense, même si pour rien au monde elle n'aurait caché d'avoir triomphé d'une bête pareille. C'était pas rien !

Au bout d'un certain moment, la Dullahan éprouva une certaine difficulté à rester en équilibre sur le dos de l'immense chose. Il commençait à sérieusement perdre patience et ses têtes se cognaient les unes contre les autres dans un son sourd, comme s'il n'était qu'une vague entité contrôlée par magie, et qu'aucun coeur ne battait en son sein. Que son maître, voyant la défaite approcher, eut fui bien loin d'ici, se promettant à lui-même de ne plus jamais défier les deux petites. Quand il se mit à aboyer, la gamine lui asséna un violent coup sur la gueule, transperçant son museau. « Non mais tu vas la fermer toi j'te jure ! ». Et quelques secondes après qu'elle l'eut percé, il s'effondra sur le sol, avec Elle, qui roula dans une maigre flaque de sang avant de se redresser, époussetant sa robe. « On peut dire qu'il était pas farouche comme bestiole. J'aurais espéré que ça dure un peu plus longtemps, faut croire que l'autre vioc nous prenait pas vraiment au sérieux. ». En voyant sa consœur assise sur son trophée de chasse, elle ne put s'empêcher de se dire que cela aurait fait une très belle peinture, qu'elle aurait accroché avec satisfaction chez elle, à Avalon. Car chez elle, ce n'était plus Earudien depuis un bon moment. Elle vivait seule, vivait sa propre vie à présent. Et ne se tacherait sûrement pas d'inviter Melody à la partager une énième fois. « T'as vraiment la classe comme ça. Pas comme c'te grosse bête qui git sur le sol, et regarde moi le bordel qu'elle a foutu dans le sous-terrain ! Si c'est le vieux qui le contrôlait, même lui va avoir des ennuis avec la Tour, elle doit pas trop aimer d'être dégueulassée comme ça ! ». Un bon vieux rire sortit de sa bouche, tandis qu'elle prenait la main de sa semblable, observant d'abord l'escalier qui se présentaient devant elles.

Un piège ? Ca serait bien trop évident. Alors soit la Tour les prenait vraiment pour des débiles mentales, soit elle abandonnait et se mettait à les aider une bonne fois pour toute, comprenant que le vieillard avait peut-être fait son temps et qu'il devrait mourir un de ces quatre. La petite jeta un coup d'oeil en arrière. La bête ne se réveillerait pas, et à moins qu'il soit apparut comme par magie, il n'y avait pas d'autres chemins disponibles. Alors c'est avec une certaine appréhension mais une confiance sans pareille qu'elle monta les marches. Une fois en haut, elle put apercevoir une sorte de fontaine, au détour d'un couloir. Elle partit rapidement se débarrasser du sang sur ses habits et ses cheveux d'une manière rapide et peu concluante, mais juste assez pour qu'elle ne se fasse pas réprimander après coup. « Tu la connais, la grande perche. Si elle me voit avec plein d'sang, elle va encore gueuler même si j'aurais fait ce qu'il fallait. Donc j'prends mes précautions. Parce qu'elle est bordel de ch*ante. » Elle laissa échapper un soupir, secouant ensuite son immense chevelure pour la faire sécher rapidement, puis haussa les épaules. Elle n'avait qu'à changer d'apparence après tout, ce serait plus rapide. Et enfin, elle se trouverait à la taille de sa jeune amie. Se concentrant quelques instants, elle prit l'apparence d'une belle jeune femme, fière, à la longue chevelure blanche partant en une natte sur le côté. « Ce sera bien plus pratique comme ça, tu penses pas ? ». Et elles se remirent à avancer, entendant un cri perçant venant d'on ne sait où. « Elles doivent bien s'amuser là haut, j'suis un peu jalouse ! Tu veux aller les rejoindre ou on s'éclate encore un peu toutes les deux ? Même si la Tour a l'air d'avoir compris la leçon maintenant. ».

Mircella ne le sentait définitivement pas. Un vieillard, de toute belle allure, paraissant parfaitement innocent, proposant une visite dans un lieu ou l'on ne peut de toute façon être guidé… Elle aurait du se méfier depuis le début. Elle avait été sotte de se laisser faire, d'essayer de stopper la Dullahan plutôt que de comprendre ce qui leur arrivait. Et les paroles de sa jeune amie ne firent que confirmer ses impressions. Lui, menaçait la Tour. Il la tenait dans ses griffes, ne désirant en sortir pour rien au monde. Etait-ce la solitude qui l'eut poussé à devenir aussi fou, aussi déglingué, aussi dément ? Elle l'ignorait, et pour tout vous dire, ne tenait sûrement pas tant que ça à le savoir. La blonde des bois se faisait ferme, autoritaire, pleine d'une volonté que rien ne semblait pouvoir ébranler. Dés lors qu'il s'agissait de faire régner la justice ou de remettre quelqu'un à sa place, elle était la personne qu'il fallait appeler, et le montrait sans vergogne. Attrapant d'une main le col du vieillard, elle se retint de le soulever du sol, préférant ses méthodes diplomatiques à la violence. Mais s'il tentait de résister une fois, une seule fois de plus, alors elle n'hésiterait pas à mettre sa dignité de côté. Car pour sa petite, rien n'était trop beau, et même si elle ne doutait pas que la gamine se serait délectée de pouvoir l'assassiner elle-même, ce serait peut-être l'oeuvre de l'Elfe qui, pour une fois, paraissait pouvoir dépasser les bornes. Cependant, alors qu'elle s'apprêtait à le coller contre le mur pour l'empêcher de fuir une nouvelle fois, la blonde sentit son amie vaciller juste derrière elle. « Si tu lui lances un sort je peux te promettre que tu finiras le reste de ta vie dans des cachots, sauf si la Tour préfère que tu trouves la Mort ici. Mais dans tous les cas, tu es fini, alors tu ferais mieux d'arrêter de lutter vainement. ». Si elle avait été une bête, elle se serait mise à grogner. Son instinct protecteur prenait le dessus, et elle ne comprenait pas l'état dans lequel se mettait sa compagne, sans pouvoir autant lâcher son emprise sur le vieux tant qu'il n'aurait pas parlé.

« Mais vous êtes complètement folle ! Oui d'accord je ne suis pas guide, mais je ne suis pas capable de jeter des sorts pareils ! Regardez-moi enfin ! Allez l'aider, vous allez la laisser mourir comme ça ? Quelle amie indigne ! ». Une gifle siffla dans l'air. Elle venait d'asséner un faible coup au vieillard, assez pour qu'il chancelle et se retrouve au sol. Mais quand elle se retourna, elle ne reconnaissait plus sa jeune amie. Une.. « Sorcière ? ». Mircella haïssait ce peuple. Ou plutôt, ceux qui eurent osé s'en prendre à Earudien, à sa propre famille, à la Dame des Abysses. Ceux qui détruisaient tout sur leur passage sans se préoccuper de qui que ce soit. La blonde sentit la magie arriver jusqu'au vieux qui leur jouait des tours depuis le début. Et même si elle se voyait ravie qu'il ait enfin ce qu'il mérite pour les avoir fait tourner en bourrique aussi longtemps, elle ne comprenait pas le soudain changement de Milady. « Milady ! Qu'est-ce qui t'arrive ? ». Elle ne dégageait plus la même aura. Ce n'était plus Elle. C'était quelqu'un d'autre. Elle voulut s'approcher de sa jeune amie, lui tendre la main, l'aider à s'en sortir, quand un immense rugissement se fit entendre. Un énorme dragon venait de prendre place juste devant elle, menaçant la vie du pauvre homme qui ne pouvait fuir, bloqué contre le mur. « Mais tu es complètement folle ! Qu'est-ce que tu lui as fait ! ». Si c'était une illusion, si c'était réel, la jeune Elfe l'ignorait. Mais elle ne pouvait décemment laisser une personne se faire terroriser ainsi sans pouvoir lutter. Alors, attrapant le corps du vieux avant que celui ne se fasse carboniser par le souffle de la Bête Légendaire, elle se jeta au sol puis se précipita vers la jeune femme. « Reprends-toi ! ». Elle posa ses deux mains sur ses épaules, sentant une puissance mauvaise affluer en elle. Puis, d'un geste rapide et concis, son pouvoir d'embrouille fit effet sur la Sorcière. Une fois cette dernière désarçonnée par le mélange de ses pensées et quelque peu incapable de bouger, elle l'attrapa dans ses bras et se mit à virevolter dans les airs, s'éloignant le plus possible du vieillard qui, malgré tout, devrait se débrouiller seul contre la tour. Puis, elle vint à percuter quelque chose. Mais ce que c'était, ça…

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La folie, la violence, les désirs de faire souffrir, de sentir la peur chez les autres, de rire de leur ignorance, de leur faiblesse, de leur incapacité à me faire face, à me stopper, moi, Milady, la sorcière ! Il voyait un dragon, un puissant reptile capable de le faire rôtir d'un simple éternuement ! C'était dément ! Je ne savais pas ce corps aussi puissant ! La magie… la meilleure arme qui soit au monde, et la peur était mon instrument le plus fidèle. Des années passées dans le Miroir d' Alyss, à ne pas comprendre ce qui vous entoure, à ne pas cerner le bien ou le mal, ça vous change. Je ne savais même pas si j'existais vraiment. Puis, il y eut des visites. Des gens d'un autre monde traversaient le miroir, la porte de notre monde, et ils semblaient si… infiniment vivants ! Comme ne pas être jalouse de leur existence !? C'était devenue mon obsession, mon ultime but ! Et je me fichais éperdument de devoir tuer, marcher sur mes semblables, haïr ceux qui se disaient mes amis. De toutes les façons, il n'y en a pas là bas ! C'est chacun pour soit ! Et que chacun soit fou. Ce monde n'avait pas de sens, et il n'en aura jamais. Alors j'observais l'autre côté, quand je le pouvais, sans jamais oser le traverser. Oh, j'ai bien poussé des imbéciles que j'avais piégés, mais ils ne revenaient jamais. Morts, peut-être. Alors je devais attendre. Attendre mon reflet ! Qu'il vienne ! Que je prenne sa place ! Sorcière moi ? Elle était différente, pas vivante. Pas comme moi. Et si faible ! Toujours triste. Même sa joie était triste. Je devais changer ça. Pas pour elle, pour moi. Devenir elle ! Mais comment faire ? Ah oui, la couronne noire. Et on l'a trouvé. Après, le reste est très simple, il suffit de la mettre. Et je deviens vivante. Maintenant, j'étais aux commandes, et elle ne les aurait plus ! Moi, la Grande Milady ! Mais c'est qu'elle avait un destin, la fille qui n'est pas moi et moi à la fois. Pas tout le temps à la contrôler, juste assez pour m'habituer. Et désormais, je peux. Je vis. Quoi, ça n'a pas de sens ? Rien n'a de sens là bas ! Je ne suis pas de là, n'était pas de là bas. D'où viens-je ? Je ne savais pas, et ne sais toujours pas. Ce n'était pas important. Toujours pas maintenant. Perdue ? Ma tête est pleine de choses, qui vont trop vite, qui me disloquent qui me tuent. Et je les tuerais tous avant de mourir. Je remplirais ma tête de leurs cris, de leurs pleurs, de leurs sangs. Et ils viendront avec moi, dans le Miroir. N'est taré que ce qui tarde à être expliqué. Décidément, trop de mots dans ma tête. Je ne savais même plus ce qu'il se passait, si j'étais ici ou là bas, dans le présent ou le passé. Et pourquoi pas le futur aussi. Et il y eut un boum. Partir. Plus de force, pas le moment. On verra ça plus tard. Et je tirais ma révérence. Fortiche la blonde grandes oreilles. On se rêvera. On se reverra. Au choix.

On avait terrassé d'un chien à trois têtes, survécu à un éboulement de couloir et avant ça à une chute. Et quel combat ! J'en frissonnais encore de plaisir et d'excitation. C'était la première fois que je me battais contre une chose aussi énorme et je devais bien avouer que me retrouver ainsi couverte de sang m'amusait beaucoup. Samael m'avait apprit à torturer des humanoïdes, à leur arracher des cris d'agonie tous plus excitants les uns que les autres. Mais l'action du combat, je n'avais que très rarement vécue ça… et cette découverte en compagnie de Julia était une évidence. J'adorais ça ! «  Merci ! J'aime bien ton nouveau style aussi ! Le rouge te va à ravir ! Et je crois que t'as raison, on devrait mieux filer d'ici avant qu'elle ne décide de tout nettoyer. J'ai pas envie de savoir où elle jette ses ordures. »  Ma nourrice voulait faire de moi quelqu'un de puissant ? Mais je l'étais déjà ! Pourquoi voudrais-je changer ? Je restais pensive un instant, car je connaissais parfaitement la réponse. Si je voulais changer, si je voulais suivre ce qu'elle me disait, c'était pour comprendre enfin celle que j'étais vraiment. La Melody qui s'amuse à tuer et à torturer n'était que la moitié de ce que j'étais. Je n'étais pas entière, pas libre. Pas ce que je voulais être. Il allait me falloir trouver du temps pour parler à Milady, il était temps. Mais pour le moment, je pouvais bien m'amuser encore un peu, non ?

Finalement, l'option de remonter par l'escalier fut voté à l'unanimité. Et nous avions bien fait, car à peine étions-nous sortis des sous-sol que ceux-ci furent… comme aspirés dans le néant, le cadavre du chien avec. Je ne sais pas si la Tour venait de nous aider mais ça y ressemblait fortement. Le vioc nous aurait mentis ? Pas étonnant. J'observais Julia s'affairer à une fontaine, pour finalement choisir de changer son apparence. C'était étrange de la voir adulte, mais elle était… Magnifique. Et je ne pus m'empêcher de pousser un sifflement d'admiration. «  Et bah ! T'es superbe comme ça ! Tu pourrais briser en deux le cœur de n'importe quel mec ! »  Je l'enviais. Elle était tout ce que je n'étais pas. Entière, attirante, forte. Ma magie surpassait peut-être la sienne, mais c'était bien là la seule et unique chose que j'avais de plus qu'elle. Même ma liberté me semblait dérisoire face à ce changement d'apparence dont elle était capable. Et l'amour commence souvent par de l'admiration… Je devais me montrer prudente face à mes sentiments, car je sentais monter en moi quelque chose de nouveau, que je n'avais pas ressentie depuis un temps incroyable. «  Moi j'aurais tout donné pour voir la tête des filles si elles nous avaient vu abattre le toutou du vioc ! »  Je ne sursautais pas en entendant un cris provenir de derrière nous. Les filles avaient leurs propres problèmes, et je n'étais pas particulièrement pressée de les retrouver. Il y avait tellement de chose à faire, d'endroit à explorer, maintenant que le vieux débris nous fichait enfin la paix ! Je ne voulais pas que notre exploration s'arrête, je ne voulais plus sortir d'ici, de ce lieu où la moitié de moi pouvait pleinement s'exprimer. «  Tu veux rire ? On ne va pas aller les retrouver maintenant qu'on a la paix !? J'ai bien envie d'explorer un peu plus son antre, histoire de voir si elle a bien compris qui nous sommes… Pas toi ? »  

Et je bifurquais instantanément dans un couloir, entrainant Julia avec moi. Mais bien mal m'en prit de me précipiter autant. Moi qui pensais avoir la paix, j'avais maintenant l'impression de me retrouver dans une énorme farce, dans un grand jeu grandeur nature, organisé par un tas de cailloux en manque d'attraction. «  Non mais c'est une blague ! »  Des zombies. Des centaines de zombies, tous agglutinés les uns contre les autres, s'entassaient dans le couloir que nous venions d'emprunter. Et comme si cela ne suffisait pas, les murs avaient bougés, nous enfermant avec eux. Une farce, c'était tout bonnement une bonne grosse blague. «  Bon bah… Après le toutou, on va taper du mort-vivant ! C'est partit ! »  Et je dégainais ma colichemarde, dont je n'étais pas prête de me séparer… Apparemment…

J'ouvrais à nouveau les yeux, alors qu'une nouvelle fois, j'avais l'impression que mon esprit était totalement embrumé. Je connaissais cette sensation étrange, qui ne me disait jamais rien de bon. Mircella me tenait fermement, et nous étions arrêtés devant… Une fillette dormait à même le sol. Elle avait une longue chevelure d'un bleu profond et souriait de ses petites dents pointues dans son sommeil. Mais le plus étrange n'était pas sa couleur de peau, grise comme la pierre, mais cet étrange lien rouge vif qui la rattachait à… la Tour ? Elle était emmitouflée dans une couverture, qui semblait la rendre invisible… Ma compagne ne bougeait plus. Je remuais légèrement, signifiant à l'elfe que j'étais consciente. Et j'avais peur, terriblement peur de ce qu'il s'était passé durant mon absence non désirée. «  Mircella ? Qu'est-ce qu'il se passe ? » Je remuais la tête… et la sentie. La couronne noire que j'avais dérobée aux sorciers, sous l'influence de je ne sais toujours pas quoi. Je présageais le pire… Le vieil homme n'était plus avec nous, il n'y avait toujours aucune trace des deux Dullahans… qu'avais-je fait ? Et je me sentais si… vivante ? Mon cœur cognait fort dans ma poitrine, et ma magie n'était pas la même qu'à l'ordinaire… Toute jeune Ombre aurait sauté de joie en se découvrant à nouveau entière… mais pas moi. Je me souvins alors de ce que j'avais découvert dans un très ancien livre des Parchemins du Temps. Un conte, qui parlait de puissants artefacts des rois passés… et une incantation. Je devais essayer… Tant que je ne savais rien de cet objet magique, je ne devais pas l'utiliser. Ce qui arrivait à chaque fois par sa faute était bien trop désastreux… sa force m'effrayait. «  Je mets fin à mon règne ! » Et cela fonctionna. La couronne tomba dans ma main, et je m'empressais de la cacher à l'intérieur de l'ombre de ma cape. «  Mircella, je t'en supplies… Dis moi que je n'ai rien fait de mal ! »  J'avais peur… Tellement peur d'avoir commis l'irréparable… Et je savais au fond de moi que quelque chose de grave s'était produit… Alors je fondis en larme. «  Pardonne-moi… Ce n'était pas moi… Je ne comprends pas ce qu'il s'est passé… Je ne voulais faire de mal à personne… Je suis désolée… »

Mais nous avions également une autre découverte sur les bras. La fillette remua légèrement. Après tout, nous venions de la bousculer sans ménagement… Puis elle ouvrit de grands yeux d'un rouge incroyablement intense. Une vampire, cela ne faisait pas l'ombre d'un doute maintenant. Elle s'éveilla, s'étirant tout en faisant tomber sa couverture invisible. Une foule de questions se bousculaient en moi, qui ne parvenais malheureusement pas à chasser la culpabilité immense que je ressentais. Et alors qu'elle se frottait les yeux, petite créature innocente qu'elle semblait être, sa voix cristalline, si pure, m'atteignit de pleins fouets. Mes larmes cessèrent d'elles-mêmes. Elle était puissante… Si puissante que chaque fibre magique de mon corps avait réagis. «  Bonjour ! Qui êtes-vous ? Pourquoi la Tour a mal ? Et que fait ce dragon dans les couloirs ? Ne me dites pas que ce vieux fou a encore mit la pagaille ? »  Elle s'assit à même le sol, en tailleur, et elle nous fixait intensément. Je n'avais de mémoire jamais rencontré une fillette aussi fascinante, et je ne savais que répondre, bouche bée. Pourtant, il fallait bien lui donner une réponse, parvenir à m'extraire de son aura irradiante ! Je me ressaisis, utilisant ma nature profonde pour me sortir de cet émerveillement qu'elle suscitait en moi. La lumière chasse les ténèbres, et cette enfant était tel un soleil à mes yeux. «  Je m'appelle Milady, voici Mircella, et je ne peux vous répondre quand à l'origine des maux de la Tour et celle de ce dragon, mais sachez que l'homme dont vous parlez nous a toutes deux amenés ici, et nous causes quelques soucis ennuyants… »  Elle soupira et son regard enfantin changea du tout au tout, me regardant avec une dureté qui aurait pu me tuer sur le coup. «  Tu mens. C'est toi qui a créé le dragon. Fait-le disparaître sur le champ. »  J'écarquillais les yeux un instant, me tournant vers Mircella, le regard implorant son pardon… Avant de remarquer qu'effectivement, une illusion extrêmement puissante dévastait une partir de la Tour. Sur le champ, je la révoquais, et ce fut la mine déconfite que je m'adressais à l'enfant. «  Je suis sincèrement désolée… Je ne sais comment cela est arrivé… Je… »  Elle me coupa d'un simple geste du doigt, perdant son expression agressive pour se montrer soudainement beaucoup plus… sage. «  Je sais tout ça. La Tour m'en a informé. Mais ce n'est pas le moment de parler de cela. Car j'ai un marché à vous proposer. »  Elle installa un silence, que seul perturbait quelques bruits lointains, que je soupçonnais provenir des deux Dullahans. Au moins, elles étaient toujours vivantes… «  Ce vieil homme blesse la Tour. Il est un parasite, qui m'a endormie pour mieux la contrôler. Débarrassez-vous en, et elle consentira peut-être à vous libérer. Mais faites-vite, son humeur est très changeante et elle aime jouer des tours à ceux qui la perturbent. Oh, et elle vient d'aider vos amies, si cela peut vous encourager. Enfin, je crois. »  Je me tournais une nouvelle fois vers Mircella, attendant son avis sur la question. La vampire semblait être une sorte de porte parole de l'architecture magique. Et je savais que cette dernière n'était pas foncièrement mauvaise… Alors que faire ? «  Mimi ? Que veux-tu faire ? Je pense que nous pouvons lui faire confiance… Et si arrêter ce parasite nous permet de sortir d'ici avec les filles…  Cela devient presque une obligation. »  Je restais immobile, un peu perdue, tandis que la fillette nous observais silencieusement. Décidément, cette escapade dans cet endroit se démontrait être bien plus complexe que ce à quoi je m'attendais…

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