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 [Event Partie IV - Mission n°5] Avec Adril <3 - Retrouvailles sèches

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Mer 03 Sep 2014, 23:29

Edwina s'appuya un instant contre un arbre, respirant lentement. Ce n'était sans doute pas la meilleure chose à faire dans cette forêt mais elle voulait bien prendre le risque, aussi parce que ces arbres la connaissaient, quelque part. Elle ferma les yeux avant de sentir l'une des branches s'enrouler lentement autour de son poignet. Elle le retira, s'écartant, fixant l'arbre en face, entrant dans un autre qui se plut à gifler sa joue d'une de ses plus fines branches. Elle saignait mais elle était bien trop perturbée pour s'en préoccuper. Les esprits de ses ancêtres se trouvaient là, la fixant, à moitié cachés par les troncs. Pourtant, celle qui la guidait le plus souvent n'était pas ici. Maria Syrkell, la première d'une longue lignée, celle la même qui avait été la tutrice secrète de Mitsuko Aria Taiji, l'élevant parmi les femmes puissantes quand ses précepteurs osaient s'accaparer son pouvoir. Néanmoins, la magicienne ignorait, pour le moment, tout de cela. Elle voyait juste que les esprits essayaient de la guider de façon plus ou moins discrète. Edwina pouvait les voir, non les entendre. Elle soupira, les suivant. Elle savait parfaitement où ils l'emmenaient. Peut-être aurait-il mieux valu les ignorer mais elle était seule, loin du lac de la transparence et perdue. En plus de cela, elle ne pouvait décemment leur tourner le dos. Ces femmes avaient été torturées, battues, esclavagées. Ce n'était peut-être qu'un juste revers de médaille mais elles faisaient partie de sa famille. Elles ne lui feraient rien de mal. Les fantômes n'avaient aucun don et quand bien même ils auraient pu essayer de la convaincre de les venger, sans qu'elle ne puisse entendre aucun argument, même la plus naïve des femmes n'aurait pu se laisser convaincre.

La magie était revenue. Cela ne changeait rien pour elle mais elle le sentait, le monde vivait de nouveau, il ne faisait plus que survivre. Elle soupira une deuxième fois. Les Archimages allaient la tuer, c'était sûr, peut-être que les plus expéditifs d'entre eux avaient même commencé à préparer ses funérailles. Elle espérait que tout se passait bien au lac néanmoins. Elle était fatiguée, ses vêtements ne ressemblant plus à rien, troués de toute part. On aurait dit une esclave qui venait d'échapper à ses ravisseurs.

Edwina s'arrêta, décrochant le pendentif qui disparaissait habituellement dans le décolleté jamais prononcé de ses vêtements. Elle le passa dans un infime petit trou, une encoche faite dans un arbre. Et à peine l'objet placé que le château Syrkell apparut de nulle part, gommant les arbres pour se faire une place de choix. Elle se dirigea vers la porte de la demeure depuis longtemps abandonnée, hantée que par les fantômes qui avaient un jour foulé les dalles de marbres de l'endroit. Elle aurait pu le reprendre, le faire restaurer, prendre son héritage, mais il y avait tant de choses qu'elle préférait garder enfouies. Elle n'était pas maléfique, hériter signifiait reprendre l'empire, devenir sorcière, sacrifier des innocents. Ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle entra, ses yeux s'agrandissant doucement lorsqu'elle aperçut une étincelle allumer la cheminée. Devant elle, il y avait une femme, une femme qui semblait l'attendre.

[Event Partie IV - Mission n°5] Avec Adril <3 - Retrouvailles sèches 995742Maria

« Bienvenue chez toi, Lana. ». La femme se retourna, souriant d'un air entendu qui ne rassura pas la magicienne. Ce prénom, il devait rester secret, imprononçable. « Oh ne t'en fais pas, nous ne sommes que toutes les deux ici. ». Elle sourit, changeant de sujet. « C'est amusant n'est ce pas ? Je n'étais plus qu'un esprit rôdant sur ces Terres et me voilà en vie. Cela signe une nouvelle ère, pour ce monde et... pour notre clan. ». Elle avança, doucement, fixant les vêtements de sa descendante comme s'il ne s'agissait que de vulgaires fripes. Maria claqua des doigts, une robe rouge venant épouser les formes de la jeune femme qu'elle souhaitait convaincre. Edwina s'en trouva mal à l'aise, ce n'était pas dans ses habitudes. L'ouverture qui montait jusqu'à sa cuisse, ce décolleté provoquant, c'était... trop. Déjà qu'elle n'assumait pas sa poitrine, la maintenant dans des bandes de tissus serrées, alors à présent, elle ne ressentait qu'une sensation d'étouffement, de mal aise, comme si cette femme allait la forcer à marcher dans ses pas. Pourtant, quelque chose vint troubler les plans de Maria, un bruit. Elle murmura. « Nous reconsidérerons la question plus tard. Débarrasse toi de cet homme, aucun d'eux n'est assez digne pour fouler le sol de cette maison. Ils ne sont que des pantins, ne l'oublie jamais, sinon, tu te feras abuser. ». Le ton était ferme, sec et les mots résonnaient encore dans l'esprit d'Edwina bien après la disparition de Maria, le feu s'éteignant avec elle, ne laissant qu'un tas de cendres. En haut des marches, la magicienne se retourna vers la porte principale. Le domaine était encore poussiéreux, les meubles recouverts d'épais tissus devenus gris, à moitié rongés par les mites. Qui pouvait l'avoir suivi jusqu'ici ? En admettant qu'on la suive. Peut-être n'était-ce qu'un marcheur qui avait vu le château et avait décidé de s'y réfugier, après tout, elle n'avait pas enlevé le pendentif du tronc d'arbre. Elle devait avoir l'air maline, habillée telle une... chose, alors que d'autres mourraient de faim dehors.

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Lun 08 Sep 2014, 00:29

L’air froid, chargé d’une vague humidité glisse sous forme de brume entre les futs noirs de la forêt des murmures. J’aiguise mon regard : à travers la pénombre vont de grossières silhouettes aux contours indéfinis. Le souffle presque inaudible de la nature résonne. Je l’entends à nouveau m’inviter à rejoindre ses sentiers interminables. Chaque pas fait s’élever des fragrances de terre, de mousse et d’eau. Chaque craquement de branche, lugubre hululement, marche furtive, évoque toute la vie qui s’y déploie. Sa sombre atmosphère est une caresse au prédateur, un don à la proie. Le mérite du plus fort est sa loi. Forêt d’ébène, la mère des elfes noirs à la beauté enchanteresse : son étreinte vénéneuse m’avait manqué.
Je m’y aventure tout conscient des risques que cela fait peser sur mes épaules. Drosera est l’écrin de la rumeur, le recueil des secrets de tous. Mes rêves d’indépendance sont donc très certainement connus des hautes sphères de ma race : inévitable. J’ai volontairement déserté les rangs de ceux qui m’enrôlèrent autrefois comme l’un des leurs. L’abandon de ma terre natale me semblait un prix dérisoire à verser au tribut de la liberté à l’époque… Mais le regret qui me saisit aujourd’hui est si vif que j’en viens à contempler ce familier décor d’un œil partagé entre bonheur et mélancolie. Le risque que j’encoure doit il presser mon pas ?

Mon entreprise du jour est hasardeuse et aucun plaisir ne la motive. La reine, l’ultimage : ma carte maîtresse, manque à son peuple. Le chaos qui s’est emparé du monde l’a fait disparaître, mais sa fin ne l’a pas rendu aux siens. Elle manque toujours à l’appel. Point de traces, ni indices : volatilisée simplement… définitivement peut être. L’ordre brisé a pris plus de vies qu’aucune guerre. Les anciens ennemis se sont alliés dans l’adversité, quand d’autres érigèrent des barrières autour de leur domaine. Aucun code, aucune loi ne subsista, tant et si bien que la perte d’une puissante aurait pu passer tout à fait inaperçu.
Là était mon objectif : la retrouver. Les archimages me chargèrent de cette mission dès mon retour des terres arides. Sur l’instant, il m’apparut qu’une tension toute particulière régnait entre eux, ambiance que je ne connais que trop bien. Et si l’objet véritable de tout ceci m’est encore inconnu, je suis prêt à parier qu’un dénouement abject se profilera bientôt. L’ultimage est naïve, ses vassaux trop ambitieux. La chose politique m’est familière et je sais reconnaitre l’odeur sulfureuse de la trahison et du complot. Thèse fragile, mais que ma charge m’oblige à considérer. Mon intérêt réside dans la survie de la reine. Son entourage est une menace potentielle comme les autres.

Retrouver sa piste fut un vrai défi. Mais il semblerait que l’ange auquel mon épouse décida de se lier la croisa il y a de cela quelques jours. Luthien n’eut guère de mal à m’obtenir l’information en fouillant dans les correspondances de ma chère, tendre et indigne femme. Pour le reste, je fis jouer mes relations. Les tribus de la forêt des murmures épient le moindre mouvement. De son orée à Lain’Dur, rien ne leur échappe. Mon nom pèse encore à leurs yeux et même si cela implique de risquer quelques fuites, dont les conséquences sur ma personne pourraient s’avérer regrettables, le résultat contente toutes mes attentes.
Me voila donc à fouiller les bois comme on traque une biche. L’ultimage est une proie rare : le jeu m’amuse. Je l’ais cherché des jours durant : le dénouement approche enfin. Déjà, son odeur me parvient aussi suave que dans mon souvenir. Elle se mêle aux effluves naturelles, la terre, la peur : j’en viens à penser que sa quête impliqua quelque sacrifice. Une humaine… qu’est ce qui la motiva à pénétrer au sein de la forêt des murmures ? Contre la nature toute magie est vaine. Elle n’avait que cela.
Mes doigts saisissent une fine branche. L’écorce lisse révèle un indice plus flagrant que les autres : son sang. Elle n’est pas loin. La trace de ses pas est encore visible entre les feuilles et les racines. Le bois s’est abstenu d’effacer sa piste. Quelques pas encore et je découvre l’inattendu. Au milieu de ces lieux à mes yeux familiers se dresse un vaste édifice. Je suppose qu’il s’agit de son œuvre, quoique cela n’ait guère d’importance.

Elle se tient la. Un rubis dans un écrin de poussière et de toile d’araignée, fièrement exhibée du haut d’un imposant escalier. J’avance au centre du hall. L’espace m’oppresse du passé vibrant encore au cœur des murs. Un endroit chargé d’histoire, opulent par le passé, me dicte l’observation de l’architecture. Plus encore, il est une odeur de femme qui n’appartient pas à celle que je cherche et qui flotte dans l’atmosphère, la cendre... Je suppose, j’entrecroise quelques hypothèses. De ma place, la reine des mages blancs s’offre à la contemplation. Circonspect, je laisse planer le silence un moment encore.
« Le peuple vous réclame.
Finis je par lancer pour la forme, tout en avançant vers elle. Marche après marche, la distance qui nous sépare s’amoindrit. Elle est à portée. Enfin, mon regard se trouve à même de la scruter en détail. La robe qu’elle porte contraste de l’ordinaire au point qu’on jurerait qu’il ne s’agit pas d’elle. Rouge, aguicheuse : elle en devient presque désirable. Je la contourne, la regarde encore, jusqu’à ce que mon œil trouve la source de l’odeur… l’autre odeur. Du vide, rien que du vide et de la solitude. Tout ceci n’a pas de sens.
« Que faisiez vous la ?
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Lun 08 Sep 2014, 13:38

La respiration d'Edwina se coupa après une inspiration un peu trop prononcée quand elle reconnut l'homme qui foulait le sol de la demeure Syrkell. Ses yeux le quittèrent un instant, comme pour s'assurer que Maria n'était réellement plus là avant de se plonger de nouveau sur la silhouette de l'Alfar. Ses lèvres s'entrouvrirent de surprise, légèrement, sans pour autant qu'aucun mot n'en sorte. Que pouvait-elle lui dire après tout ? Ne vous avais-je pas congédié ? Qu'est ce que vous faites ici ? Adril ? Vous devez sortir, tout de suite ! Il y avait tellement de possibilités, trop pour qu'elle ne puisse prendre une décision avant que l'homme ne s'adresse à elle. Le peuple ? Était-ce lui qui l'envoyait ? Elle en doutait un peu. Les Magiciens devaient être bien occupés et, surtout, ils étaient protégés. A moins que la barrière qu'elle avait créé ait connu des dommages ? C'était possible. Sa magie était instable. Aussi, en pensant cela, une vague d'inquiétude traversa son regard. Peut-être que son peuple était à l'agonie à l'heure qu'il était. Elle n'en savait rien, cela la troublait, même si l'Alfar ne semblait pas particulièrement pressé. Il... respirait normalement et... il la fixait avec une certaine... Que faisait-il au juste ? Elle se sentit mal, ne le quittant pourtant pas des yeux alors qu'il tournait autour d'elle. Ses avant bras vinrent sur sa poitrine, comme un réflexe visant à dissimuler ce que la robe découvrait bien trop à son goût. Les mains juste sous son menton elle porta l'un de ses doigts à sa bouche, tordant son ongle avec ses dents machinalement. Il la mettait mal à l'aise, surtout que... Oh non, elle ne devait pas penser à ce qu'elle avait vu au lac, c'était... « Hum. ». Elle finit par le lâcher des yeux, fixant la porte comme pour oublier sa présence et les tracas qu'il lui infligeait. Et puis, il y eut cette question, la question qu'elle n'attendait pas. Que faisait-elle là ? Il ne devait pas savoir. Ses bras retombèrent le long de son corps. Elle serra doucement ses poings, essayant d'inventer une excuse qui ne vint pas. « Je... en fait... ça ne vous regarde pas ! ». Elle l'avait dit avec un peu trop de cœur mais, finalement, peu importait, ça ne le regardait pas, c'était la vérité. « Partons maintenant. Je... je visitais. J'ai l'intention d'acheter cette maison. ». Elle mentait très mal et aurait dû s'en tenir à un « ça ne vous regarde pas » ferme. Sans rien ajouter, elle commença à descendre les marches pour regagner la porte, s'arrêtant au milieu de son trajet pour se retourner, jetant un coup d’œil à l'Alfar. Elle soupira. « Je suis contente de voir que vous allez bien, même si vous n'auriez pas dû venir me chercher. ».

En fait, c'était une bonne chose dans un sens, du moins, qu'il l'ai retrouvé. Le lieu ne convenait cependant pas car il devait rester secret. Néanmoins, puisqu'elle était perdue de base, il pourrait la guider vers le lac ou vers un tout autre endroit. Elle se questionnait. Le peuple avait besoin d'elle ? Pourquoi ? Que devait-elle faire ? « Qu'attendez-vous de moi au juste ? ». Elle était un peu irritée, il parlait tout le temps de façon à ce qu'elle ne puisse comprendre le fin mot de l'histoire. Ses phrases étaient courtes, énigmatiques, et elle pouvait les interpréter de tellement de façons qu'il était au final impossible d'en détenir le sens. Elle remonta les marches, pointant son index sur le torse de l'homme, les sourcils légèrement froncés. Elle allait dire quelque chose mais son regard remonta vers son visage et vers l'une de ses oreilles. La fermeté de son bras s'affaissa, son doigt glissant doucement pour rejoindre le tissu de sa robe. « Euh... je... Déjà, il aurait été bien de me saluer. Ça se fait chez vous, non ? ». On aurait dit une leçon de moral sans la moindre conviction, les joues de la reine empourprées à cause des courbes parfaites de l'oreille qu'elle avait aperçu. « Et ensuite... je... ». Elle était embrouillée, son regard passant de l’œil d'Adril à son oreille sans qu'elle ne puisse s'en empêcher. Elle avait envie de la toucher. Elle se racla la gorge avant de conclure comme elle pouvait. « J'attends que vous me guidiez et que vous m'expliquiez. En route. ». Elle tourna les talons, descendant cette fois les marches d'une traite en se maudissant intérieurement de son incapacité grandissante à faire face à cet homme. Il l'énervait, un peu.  

Une fois arrivée à la porte, elle mit un pied dehors, sentant un étrange phénomène se produire. Elle baissa les yeux, constatant avec horreur que les zones de son corps hors du manoir n'étaient plus couvertes par le tissu rouge qu'avait fait apparaître son ancêtre. Elle cligna des yeux plusieurs fois avant de faire un pas en arrière. La magie de Maria était inefficace à l'extérieur ? Ce qui voulait dire que... elle allait se retrouver nue comme un ver si elle sortait de la propriété. On n'aurait pu faire plus rouge. Edwina aurait pu s'évanouir de honte en réalité. Elle se retourna, veillant à rester dans le manoir. Elle fixa Adril et une idée lui vint. C'était ce qu'il y avait de mieux à faire après tout. Il était plus résistant, pas aussi pudique... « Adril... déshabillez-vous... ». Edwina et sa logique. Elle aurait pu expliquer la situation si elle avait pensé à le faire. Mais non, tout coulait de source dans son esprit.

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Lun 08 Sep 2014, 17:39

Elle élude ma question. Je constate sa gêne. Ma présence l’importune, l’impressionne. Son mensonge, en réponse à cela, est grotesque. Elle cherche à m’extraire des lieux : sans doute ais je interrompu quelque chose. Une discussion avec le porteur de cette autre odeur… peut être. Mais cela n’a aucune importance en vérité : cette petite sotte n’a visiblement pas compris que ses affaires ne m’intéressent pas. Elle est à même de me refuser ce genre d’information : en tant que chef d’état cela n’attend aucune justification. L’évidence la classe aux côtés des fillettes plus que des monarques. Elle en a toutes les habitudes, les défauts.  
« Barad firieth…*
Fais je dans un grognement incompréhensible, tandis qu’elle s’éloigne. Un pas, puis deux, elle se retourne et soupire. Je la suis, déjà lassé de ses extravagances, tandis qu’elle s’évertue à me faire des reproches.
« Vous m’avez engagé pour cela.
Lui fais-je remarquer d’un ton fade. Mon regard se pose sur sa joue coupée. Je me rappelle de la branche et ajoute.
« Un luxe dont vous n’être visiblement pas à même de vous passer…
Combien de fois devrais-je lui sauver la vie, la sortir d’affaire ? Elle possède en elle plus de puissance que sa propre armée. Malgré cela elle demeure incapable de veiller sur elle-même. Ma fille à deux ans risquerait moins sa vie entre les pattes d’un basilic qu’elle dans un lit de ouate. Il est plus que temps pour elle d’ouvrir les yeux sur la réalité du monde qui l’entoure, sur la réalité des gens qui composent sa cours, sur la réalité du grand jeu.
Depuis une marche inférieure, elle me questionne. Je perçois à l’intonation de sa voix un reste d’agacement : un reproche. L’ultimage me prend visiblement pour un sévère percepteur, comme si il m’incombait de lui dicter ses choix... Voila qui illustre fort bien sa façon de vivre le monde : une ravissante femelle soumise aux volontés masculines. Elle oubli que la structure de l’état des mages blanc lui permet d’asseoir sa volonté… un fait regrettable, mais qui n’attend pas à être discuté.
Je l’observe toujours, en silence, se débattre avec elle-même, tandis qu’elle remonte en ma direction. Elle entreprend alors un vague on ne sait quoi, se focalise sur mes oreilles, tente de revenir à son propos, se distrait : j’esquisse un rictus exaspéré, attendant simplement qu’elle termine pour aborder les questions d’état. Après une courte minute d’improvisation, qu’il serait bon de rapprocher à la noyade d’une mouche dans un dé à coudre, l’ultimage décide enfin de quitter les lieux. Je la laisse prendre les devants.

Brève hésitation : elle n’ose pas franchir la porte. J’approche et m’immobilise alors qu’elle se retourne. Sa demande… je laisse échapper un rire acide, tout en réduisant dangereusement la distance qui nous sépare.
« Naturellement… après quoi je pourrais arracher cette robe et venir jouer avec votre petit abricot. Mon ton se fait plus dur. Vous écoutez-vous parler Milady ?
Jamais il ne m’a été donné à voir une femme de haut rang aussi idiote. Je me détourne, partagé entre l’envie de l’abandonner à sa masure poussiéreuse et de lui donner une fessée : puisqu’elle aime à afficher un comportement puéril, cela serait bien à propos.
« Vous voulez savoir ce que l’on attend de vous ? L’agressivité de mon timbre est évidente. Que vous assumiez votre fonction. Je ne devrais pas avoir à vous l’expliquer.
Le tracé de mes pas me place dos à elle. Je soupire, calme mes humeurs et fais volte face.
« Écoutez, ce qui vient de ravager le monde a porté atteinte à la dignité de tous les souverains. Les alliances ont été balayées, la famine et la guerre ont éprouvé le peuple. Vous devez rappeler au monde la légitimité de votre place. Je laisse s’égrener quelques secondes, cherchant à décrypter l’expression de ses prunelles. Partez à la rencontre du peuple, contactez vos alliés… assurez vous que la paix est acquise et que les vôtres ont ce dont ils ont besoin.
Nouveau silence. Ma main glisse le long du cadre de la porte, je m’engage à l’extérieur, attendant le dernier moment pour la décrocher de mon regard.
« Les humains de votre espèce ne sont pas les plus à plaindre… C’est une tâche à votre portée.
Fais-je en guise de conclusion. La pénombre de la forêt succède à celle du hall. Je respire son atmosphère, sens alertes, heureux de quitter le confinement de la demeure. Attention en éveil : nous ne sommes pas en sécurité. Pressé par l’urgence, j’adresse un regard à l’ultimage, restée en arrière.
« Hé bien ?
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*maudite femme
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Lun 08 Sep 2014, 20:31

« Mon abr... ? ». Edwina s'interrompit, comprenant à quoi il faisait référence exactement. Il pensait que... ? Elle en était choquée, complètement bouleversée. Au début elle avait cru qu'il voudrait bien, tout comme quand elle lui avait demandé de lui servir de modèle pour ses créations masculines. Seulement, elle comprenait maintenant qu'il se plaisait à lui faire de fausses joies, tournant en plus ses propos en dérision. A croire qu'il avait oublié pour qui il travaillait. Pourtant, elle était incapable de lui avouer ce qu'elle pensait. Peut-être qu'il en serait blessé et il avait beau être l'homme le plus désagréable de ces terres, elle ne voulait pas lui faire de la peine. C'est ce qu'elle pensait, du moins, avant qu'il l'attaque sur des sujets concernant les magiciens. Il était agressif, tellement que ça l'impressionnait autant que ça l'irritait. Pour qui se prenait-il ? Lui avait-elle déjà dit qu'il n'avait rien à faire parmi les magiciens ? Qu'il ressemblait à une fée avec ses oreilles ? Ou encore qu'il ferait mieux de se détendre au lieu de prendre cet air coincé du matin au soir ? Elle croisa les bras, sentant la fureur monter en elle en même temps qu'une tristesse prononcée saupoudrée d'un soupçon de frustration. Elle se sentait mal, elle allait pleurer s'il continuait, et lui en coller une. Il se permettait des propos qu'elle n'osait pas lui lancer par peur de le heurter ou peut-être pour une autre raison mais, quoi qu'il en soit, il avait raison, elle était reine et lui il n'était que... Elle soupira, décroisant les bras pour les replacer le long de son corps. Elle inspira, expira, essayant au mieux d'appliquer les conseils de Nylmord pour se maîtriser. Elle savait ce qu'il allait se passer si elle ne se calmait pas. Edwina serra les dents, prononçant doucement mais distinctement en le regardant. « Nous ne sommes pas des humains ; pas plus que vous êtes une fée. Mais si vous continuez, c'est ainsi que je vous nommerai. ». Elle expira, détournant les yeux pour les ancrer sur un point au hasard. « Oui, allons rencontrer mon peuple. Ils seront heureux de... voir à quel point vous... ne comprenez rien. ». Elle sentait son cœur battre dans sa poitrine, l'adrénaline provoquée par la confrontation la rendant faible. Elle avait l'impression qu'elle allait s'écrouler d'une seconde à l'autre, ses mains tremblant légèrement, entre la fureur, la frustration et la peur. Elle essayait de se maîtriser mais la chose était difficile. Elle finit par avancer, sortant de la propriété, la tête haute malgré l'embarra. Elle ne devait pas y penser, elle devait lui faire comprendre à quel point il était stupide. Au bord du gouffre elle finit par lui dire d'un ton dédaigneux : « Vous ne jouerez jamais avec... ». Elle se pinça la lèvre, clignant plusieurs fois des yeux. C'était une véritable corvée de le dire. Elle inspira. « … mon abricot. ». Puis, elle se mit à marcher, sans un mot de plus, avançant vite comme si elle avait envie de le semer ; ce qui était loin d'être faux. Elle passa près de l'arbre, reprenant le médaillon. Le manoir disparut au fur et à mesure qu'elle s'enfonçait dans la forêt, s'écorchant plus ou moins les pieds sur le sol sans pour autant vouloir s'arrêter. Elle le détestait, elle n'avait plus envie de le voir. Curieusement, les arbres restaient en retrait. Par contre, derrière elle s'étaient formées à des épaisseurs impressionnantes, d'énormes toiles d'araignées, gluantes et mères protectrices de bêtes noires et velues qui, visiblement, ne souhaitaient pas que l'Alfar suive la jeune femme.

Edwina passa le dos de sa main sur ses joues, essuyant ses larmes. Elle ne chouinait pas, non, c'était... des larmes de ce qui restait des sentiments qu'elle avait ressenti plus tôt. Elle se sentait coupable et, d'un autre côté, elle trouvait ses paroles justifiées. Et puis, il l'avait vu nue. Rien que cette pensée consolidait son trouble. Il aurait pu comprendre. A moins qu'elle soit en tord ? Comment aurait-elle réagi s'il lui avait demandé la même chose sans plus d'explications ? Pas comme lui ! Ah ça non ! Elle lui en aurait demandé, elle l'aurait questionné. Elle n'aurait pas joué les madames je sais tout comme il venait de le faire. Et puis, qu'y connaissait-il en politique finalement ? Il n'était même pas fidèle à... à qui d'ailleurs ? Edwina se rappelait l'annonce du suicide de Svana mais depuis, elle n'avait pas entendu parler d'un quelconque souverain Alfar. En même temps... avec ce chaos. Elle soupira, peu importe. Elle allait rentrer, rassurer son peuple, contacter ses alliés et tout rentrerait dans l'ordre. Ses alliés. Elle n'en avait pas réellement. Son peuple était pacifique, aidait ceux qui en avaient besoin à condition que les relations passées aient été satisfaisantes. Elle soupira une nouvelle fois, soupire qui fut dérangé par un bruit un peu plus loin. Elle fixa l'endroit d'où il venait, reculant d'un pas. « Non non non ! On ne bouge pas. ». Lui, encore. « Vous n'êtes pas si facile que ça à tracer... ». Le chasseur, puisqu'elle ne connaissait pas son nom, se tenait un peu plus loin, un arc à la main, une flèche pointée sur elle. Il la fixa, longuement, avant de sourire puis de rire. « La dernière fois vous étiez habillée. Mais tant mieux, le travail sera moindre pour vous arracher le cœur. ». Cet homme était si étrange. Pas rustre, non, il semblait s'amuser de la situation, jouant avec ses nerfs en lui parlant de sa future mort d'un air détendu. Elle n'arrivait pas à agir. Elle aurait pu fuir mais elle était partagée entre une envie violente de lui dire de la fermer, et une autre de lui demander d'aller tuer Adril avant de lui arracher le cœur et compagnie. Sa colère n'était pas retombée, toujours présente bien qu'occupée à donner du fil à retordre à l'Alfar, où qu'il se trouve, colère armée de sa magie. « Je vois que vous n'êtes pas très bavarde. Cela aurait été bien d'avoir une proie peu coopérative, pour l'amour de la chasse, mais dans les deux cas, le résultat sera le même. Adieu princesse. ». Il banda un peu plus, prêt à tirer.

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Jeu 11 Sep 2014, 00:03

La nature se mit à murmurer plus fort. Les voix glissaient dans l’ombre, faisaient écho aux pensées secrètes de la flore et tout cela résonnait à mis voix, jusqu’aux frondaisons. Tapis dans mon élément, je scrute la scène. Observateur parmi les autres. Invisible, entre les prunelles végétales braquées. Le chasseur, persuadé de son succès, bande son arc en souriant déjà, comme il anticipe sa victoire. Il ne remarque pas la sombre racine d’un élément du bosquet décharné se faufiler entre les feuilles, à la manière d’un serpent noir. Autour de la cheville de l’ultimage, elle s’enroule et serre, serre et tire. La flèche est décochée : sifflement. Elle frôle le visage blanc de la reine, qui l’évite dans sa chute. Un cerf à la ramure fleurie bondit soudain au milieu de la scène, bouscule l’humain du poids de sa carrure épaisse et agile, puis disparait. Je profite de l’ouverture pour m’inviter, à mon tour, entre les acteurs de ce jeu. Un coup d’épée rend, à celui qui convoitait un cœur, le brutal revers de l’ironie. Un sang d’encre jailli de la plaie, comme il disparait en un million de fragments de papier, qui s’envolent à la manière d’un nuage de papillons. Cette chose n’était pas humaine, mais quoi qu’elle fût, elle n’est plus. Tout est finit.
Je me tourne vers l’ultimage, fixe son regard et seulement son regard. Elle avait osé. Elle avait osé se montrer nue devant moi. Elle, cette femme tellement pudique… Presque honteuse de ce que la nature lui a offert de la féminité... Que s’est il passé dans son esprit pour que naisse semblable idée ? La dignité ne lui évoque donc rien ? L’image d’une dirigeante prête à exhiber ainsi son corps à la vue d’un autre homme que son mari est répugnante. Un tel geste la place aux côté des catins et filles de petite vertu. A-t-elle simplement perdu la raison ? Je ne la comprends pas. Je ne la comprendrai jamais. Elle ne peut être cette femme… ce serait une déception trop amère.
Un soupir quasi inaudible s’échappe d’entre mes lèvres. Je quitte ses yeux, observe la forêt. Tout semble calme… un peu trop peut être. Un mauvais pressentiment me gagne : nous devons partir… mais elle, l’ultimage. Je me place dos à elle, détache les boucles de mon armure de cuir, ôte la maille, jaque et chemise. Silencieux toujours, je fais volte face et lui lance le dernier de mes vêtements. N’ayant rien de mieux à lui offrir, elle devra s’en contenter. Et que cela lui plaise ou non, je n’ais pas l’intention de voyager en compagnie d’une femme nue. Une minute de plus s’égraine, animée seulement par les bruits de la forêt et moi, m’affairant à remettre mon équipement.

Quelque chose se tend soudain dans l’air. Craquement vague, silence des plantes… L’intuition initiale s’accroit. Je relève la tête, sens aux aguets : trop tard. Trois alfars, arc au poing, prêts à décocher une flèche apparaissent. Athlétiques, aux couleurs de la cité noire : leur allégeance ne fait aucun doute. Je ferme brièvement mon œil unique, comme pour mieux exprimer l’ampleur de mon dépit. Ma crainte en franchissant l’orée de la forêt s’est finalement matérialisée. Pire : nous étions deux prit dans ce traquenard. Ouvrant à nouveau les paupières, je laisse mon regard osciller entre eux. L’un hoche furtivement la tête : j’obtempère à son geste implicite en levant doucement les mains, loin de mes armes. Un quatrième apparaît alors. Son apparence évoque la noblesse drosérienne. Il se déplace jusqu’à moi avec toute l’élégance qu’exige son statut, ignorant tout à fait la jeune femme à demi nue derrière.  
« Adril Helaren ?
J’acquiesce.
« Vous êtes recherché par l’état, nous avons… quelques questions à vous poser.
- De quoi m’accuse-t-on ?
-Cela reste à déterminer. S’amuse-t-il. Vos… alliances nouvelles, appelons les ainsi, ne nous ont pas échappé et, vu votre passif, il est inutile de dire que cela ne plaît pas aux plateaux supérieurs.  
L’un des hommes en arme se tourne vers l’ultimage. Je vois qu’il la scrute sans retenue : sans doute la prend t’il pour une simple humaine. Son apparence, loin d’évoquer une souveraine, rappelle tout juste une fille de ferme. Il ne la reconnaît pas.
« La fille est avec lui, qu’en fait on ?
-Que voulez vous en faire ? Réplique le supérieur. Tuez-la.
-Je n’essaierais pas si j’étais vous.
Fais-je alors, un mince rictus sur les lèvres.
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Jeu 11 Sep 2014, 01:59

Des craquellements, ces sons vicieux et lents s'emparèrent de la silhouette de l'Alfar tout doucement, doucement mais sûrement. L'Ultimage était debout, immobile. Elle fixait le vide, absente. Pourtant, sa chevelure, elle, était animée de petits serpents, gueules ouvertes, têtes dirigées vers leur proie : un homme à présent de marbre, scellé dans la pierre. Un fin ruban bleu clair s'enroula autour de la statue, semblant vouloir la décorer. Mais il n'en fut rien, l'objet la serrant, un peu plus, encore, jusqu'à la faire éclater en mille morceaux, ces mêmes morceaux venant se répandre sur le sol de la forêt des murmures. Le silence retomba, les secondes passèrent mais les trois autres Alfars apparaissaient comme pris dans un labyrinthe temporel. Leurs gestes ne semblaient vouloir s'effectuer. Ils n'étaient pas figés, non, mais leurs secondes s'étaient transformées en minutes. N'importe qui aurait eu le temps de les tuer cent fois avant qu'ils n'effectuent un simple pas. Au fur et à mesure, la raison apparut de nouveau dans les prunelles de la Magicienne. Elle était perdue, vacilla mais réussit à se stabiliser. Elle se rappelait.

Elle voyait le chasseur et se remémorait cette chose qui l'avait attiré au sol. Seulement, elle ne faisait pas le lien entre cette chute et le manquement de la flèche. Cette racine sortit de nulle part, elle en est certaine, était le fait d'Adril, de lui seul. Et cet autre homme, le chasseur, disparu en mille feuilles de papiers, qu'était-il advenu de lui au juste ? Edwina avait un mauvais pressentiment le concernant, comme si ce qui ne pouvait être détruit, ce qui ne pouvait saigner, ne pouvait non plus disparaître tout à fait, être annihilé. Et puis, elle l'avait vu, son garde du corps, comme aspiré par ses yeux, comme si la simple vue de son corps nu aurait pu le maudire à jamais, aurait pu lui donner la nausée. Oui elle en est certaine, il avait cherché à l'humilier en refusant de lui prêter ses vêtements. L'humilier pour ensuite consentir ? Il se prenait pour qui ? C'était à ce moment là qu'elle avait commencé à s'enfoncer dans les méandres de son esprit, refusant de le regarder, ses épaules, son dos. Plutôt être brûlée vive... Peut-être était-ce là ce que son esprit troublé avait pensé à ce moment précis. Pourtant, elle se souvenait de ses épaules, puis du vêtement lancé. Elle l'avait enfilé mais le reste... le reste paraissait flou. Elle n'avait rien compris au discours des Alfars. Elle essayait de s'en rappeler. Qu'avait fait Adril au juste ? Cela ne l'étonnait pas vraiment qu'il ait causé du tord au peuple parmi lequel il vivait avant de venir à elle. Il était si malpoli que de nombreuses plaintes avaient dû germer à son égard. Pourtant... pourtant elle ne l'avait jamais questionné. Était-elle en tord ? Oui, sans doute. Néanmoins, quand l'Alfar qui se tenait le plus proche de lui avait parlé de la tuer, elle avait compris que le manque de civilité d'Adril n'était pas une exception parmi les siens. Elle ne savait rien d'eux, hormis qu'ils étaient élitistes, mais s'ils vivaient enfouis dans la cité de Drosera, loin du monde, ce n'était certainement pas pour rien. Elle en avait été convaincue au moment où tout avait basculé. Ils avaient voulu la tuer, ils étaient maintenant prisonniers de sa magie, un mort, les trois autres encore en sursis. Pourtant, ce n'était pas avec eux qu'elle souhaitait en découdre, la colère remontant. Adril. Il était seul responsable de cette situation.

Elle se redressa un peu plus, marchant vers celui qui avait normalement pour objectif de la protéger. Sur son passage, le tissu des habits du supérieur Alfar qui bloquait sa route fit un caprice, éjectant  l'homme sur le côté pour laisser champ libre à la reine. Elle ne contrôlait rien, les choses découlaient d'elles-mêmes. Elle fut proche de l'homme en quelques secondes, ancrant son regard dans le sien, les serpents de ses cheveux semblant vouloir agresser son interlocuteur sans pour autant faire preuve d'actes véritables à son égard. Peut-être étaient-ils comme elle au fond ? Les cadavres dansaient dans la forêt, ombres se rapprochant d'eux. Pourquoi à chaque fois qu'ils étaient ensembles, les événements se répétaient-ils sans cesse, comme une malédiction les emprisonnant tous deux dans une danse macabre ? Elle frappa de son poing sur le pectoral gauche de l'homme, l'accablant de reproches. « Vous êtes sensés me protéger ! Pas m'embarquer dans des histoires impossibles ! Vous êtes mal élevé et grossier ! Je vous ai demandé de me prêter vos vêtements et vous avez usé de sarcasmes en pensant que je souhaitais... raa ! ». Elle avait relevé son poing, n'arrivant pas, même sous le coup d'émotions presque malveillantes, à parler de ça. « Vous refusez, je vous fuis et vous me suivez ? Je ne vous ai rien demandé ! Vous êtes borné et têtu ! Dois-je vous rappeler que je vous avais congédié ? Pourquoi êtes vous là ? Est-ce vraiment pour me ramener ou est-ce que votre objectif est de me faire tuer ? Vous arrivez et vous me faites tomber en utilisant vos racines ! Je me suis fait mal ! Et cet homme qui était avec moi, hein ? Où est-il ? Vous ne savez même pas de qui il s'agit ! C'est quoi votre problème à la fin ? ». Son poing s'abattit de nouveau sur lui, avec le peu de force qu'elle avait, les Alfars toujours hors d'état de nuire bien que le temps qui guidait leur mouvement semblait plus rapide. « Et c'est quoi le soucis avec ces gens qui semblent aussi désagréables que vous ? Je ne les connais pas ; je ne connaissais même pas votre nom de famille ! ». Elle ne savait rien de lui, hormis qu'elle l'avait placé sous sa protection royale. Ses yeux bleus auraient volontiers lancé des éclairs s'ils l'avaient pu. « Vous ne développez jamais ce que vous pensez, vous n'expliquer jamais rien sans qu'on vous le demande, vous exhibez vos oreilles en ma présence et pour couronner le tout, vous vous déshabillez, comme ça, sans même me prévenir, comme si c'était naturel, avant de me balancer votre chemise sans rien dire ! Vous voulez que je me comporte comme une reine ? Hein ? Alors commencez par vous comporter envers moi comme si j'en étais une, et pas comme un sauvage ! ». Elle avait finis, essoufflée, ses joues rosées, regrettant presque instantanément tout ce qu'elle venait de lui lancer au visage en même temps que les effets négatifs de sa magie s'estompaient petit à petit, redonnant force et capacité de mouvement aux Alfars qui jusqu'ici n'étaient plus des menaces. Le poing encore sur l'armure d'Adril, elle se crispa, le retirant rapidement, ne sachant quoi faire pour arranger les choses. Elle se sentait idiote, les serpents qui jusqu'ici menaçaient de mordre se fondant de nouveau à ses cheveux noirs. Elle regrettait. Malgré tout, il était l'homme le plus proche d'elle en ce moment. Nylmord également mais ce n'était pas pareil. Lui il... il avait cet odeur particulière et cette présence qu'elle appréciait dans les rares moments où ils tombaient d'accords. Certes, il n'y en avait guère eu beaucoup, peut-être un seul, mais c'était déjà ça. Il était différent des gens qu'elle côtoyait... ça l'intriguait. Elle soupira, n'ayant que faire des autres, elle les avait déjà oublié en vérité, écartant le danger qu'ils représentaient de nouveau. Elle se sentait lasse, fatiguée, elle avait faim et souhaitait dormir. Mais ils ne pouvaient pas, perdus en plein milieu d'une forêt dont elle ne connaissait ni le commencement ni la fin. Elle finit par se rappeler de son dos. Elle avait regardé, même si ce souvenir la mettait mal à l'aise. Elle murmura alors, troublée : « Et ces marques sur votre peau... ».

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Dim 14 Sep 2014, 00:32

L'horloge omet de décompter les secondes. Les silhouettes se figent, l'action temporisée éteint toute urgence. Plus un son, plus un murmure, si ce n'est la cassure inexorable de la victime figée. Brisé, à la manière d'une roche friable, il ne reste plus rien du représentant de la loi droserienne. Je comprends, bercé par une vague intuition, l'origine de tout ceci. J'avais déjà vu cela: fallait il que l'histoire se joue à nouveau?
Mon regard l'évite tant que je sais son pouvoir à l’œuvre. Elle, dont je dois préserver la vie, parvient malgré tout à sauver la mienne. Cette fois-ci est différente. Je l'ais placé moi-même dans cette périlleuse situation, de part la chaîne faite d'un passé trop lourd qui m'entrave les chevilles. Ma présence seule en ce lieux suffit à la menacer. Mais aucun obstacle ne la bride lorsque se déploie sa magie. Tout se soumet, tout s'unifie à sa volonté. L'ultimage ne fait pas, elle ressent : ce qui est en elle vit à son service. Je me rappelle.

La douleur, les sens torturés, la menace imbécile : elle entre les mains d'un imprudent. Elle m'avait encerclé de ses mains et arraché à une mort certaine. Humaine, faible : elle n'a pas besoin de moi en vérité. Car dès que mes compétences trouvent une limite, dès que mes forces s'amenuisent, elle est la. Et si je m’évertue à demeurer l'homme qui lui maintient la tête hors de l'eau, elle le fait volontiers pour moi lorsque mon souffle vient à manquer. Je doute, incertain de vouloir poursuivre cette sinistre mécanique dont l'issue ne peut être que l'épuisement et le trépas. Je lui fais du mal, elle me dépasse en retour, me pousse dans des retranchements qui me déplaisent. Nous ne sommes pas fait pour nous comprendre. Et il se peut qu'un jour, je la gratifie d'une blessure incurable. Les cicatrices de l'esprit sont moins laides que celles du corps, mais demeurent infiniment comme des bourreaux de l'âme. J'ai été brisé et tout ce qui me reste désormais, c'est la possibilité de détruire en retour. Je déteste sa légèreté comme je déteste mon aigreur. La haine ronge. La haine est un poison contagieux.

La reine se redresse enfin. Elle avance : rien ne s'y oppose. La magie écarte tout obstacle tant que le monde se soumet à ses lois. Je décèle cette chose si particulière en elle. Un trait d'ombre, une tâche obscure. Tout se brouille : je ne peux oublier cela. Je ne peux oublier son ambivalence. Elle n'est pas plus belle âme que tous les humains de sa sorte. Sa race tient de la médiocrité. Et s'il me prend quelque amertume à son endroit, ce ne peut être que le fruit d'une juste considération de son espèce. Humains à pouvoir, insignifiants esprits : le cancer du monde.
Les serpents de sa chevelure feintent un désir de morsure. Il me semble déceler, dans l'ombre du sous bois, la menace de ceux qui furent. Cette passion macabre qu'elle entretient, toute fascinée, ajoute encore à l'aspect malsain de sa personne. Je la laisse exprimer sa colère, sous la forme d'un poing faiblement projeté contre le cuir de mon armure. Les reproches pleuvent. Je ne suis pas certain de devoir y prêter grande attention. Sa logique est dénuée de bon sens. Elle n'exprime que la frustration d'une enfant à qui l'on aurait interdit quelque chose, une enfant qui ne comprend pas... Une enfant dont les mains peuvent anéantir ou pallier à ces frustrations. Malgré cela, je lui ais fait mal.

Elle conclu ses diatribes par un souffle. Je la regarde sans un mot. Autour de nous, la réalité reprend ses droits. Nous ne sommes que des êtres ordinaires, soumis aux lois de la nature. Aucun état d'âme ne peut défier la grande horloge du monde. Et toute la peine ne suffit pas à justifier que l'on suspende le cours des choses. J’entends son murmure, sa question. Tout cela n'a plus d'importance. L'instant se saisit de moi, le danger danse autour de nous.
« Plus tard.
Fais je dans un souffle, comme ma prunelle oscille d'un milicien à l'autre. Sifflement. Ma main saisit la taille de l'ultimage. Je l'attire à moi et l'y maintiens fermement. Talcalina jailli de l'ombre. L'instant suivant, je me trouve sur son dos, la précieuse reine entre les bras. L'animal trace à travers les chemins de bête, aussi vivement qu'un nuage de brume brune. Quelques flèches nous accompagnent, mais jamais ne nous touchent. Puis, ne reste que l'obscurité rassurante, la torpeur, les conciliabules végétaux, les silhouettes indistinctes. La chevauchée est longue jusqu'aux frontières de la forêt des murmures : l'urgence me la fait évaluer en secondes.

Le soleil agresse ma vue. Une brise chargée des parfums des terres d'émeraude me parvient. Le paysage donne à voir un horizon plat, lointain. Nous sommes hors de danger.
J'arrête la course de mon cerf que la présence d'une étrangère agite. A terre, je dépose l'ultimage et rend à sa liberté ma monture, qui s'éloigne à bonne distance. Bercé entre amertume, colère et on ne sait quoi, je la détaille un moment, incapable toutefois de demeurer parfaitement immobile. L'évidence me donne à constater qu'il est temps de répondre à ses interrogations.
« Vous voulez savoir pourquoi je suis la? Simplement parce que c'est ce pourquoi vous m'avez engagé! Je suis la pour vous protéger Milady, que vous le vouliez ou non. Quand à ce qui vient de se produire, c'est l'expression directe de ce pourquoi je vous ais proposé mes services.
N'était ce pas évident?
« Dois je vous rappeler que le jour de notre première entrevue, je vous ais clairement exposé mes conditions? Vous deviez m'aider à me détacher de la hiérarchie des alfars, savez vous ce que cela signifie, ou dois je aussi vous l'expliquer?
Le ton monte.
« Ne vous ais je pas explicitement invité à me questionner? Des questions que vous n'avez jamais daigné me poser et que vous me reprochez d'avoir occulté! Vous avez décidé de ne rien connaître de ma personne! N'ayez pas le culot de m'en faire le reproche aujourd'hui.  
J'oublie de surveiller la forme de mon langage... tout ceci me semble insignifiant et pourtant.  
« Quand à cet homme, dont le sort semble vous tenir tant à cœur, et au cas où cela vous aurais également échappé : il a essayé de vous tuer. Je n'ai fais que vous protéger une fois de plus! Mais je suppose que la chute aurait été moins douloureuse si vous aviez présenté une tenue décente.
Immobile enfin, face à elle, je poursuis dans le registre de la colère. Colère que j'ai toujours soigneusement veillé à dissimuler jusqu'à présent... mais cela n'avait plus guère d'importance.
« Et pour ce qui est de mes manières, il va falloir vous y faire Milady, car, que cela vous plaise ou non, je n'en ais pas d'autres! Ces marques, enfin...
J'avorte mon discours. La colère retombe comme je me fige. L'instant se dissout, je ne suis plus sûr. Tout ceci me semble soudain très lointain. Brèves images, amorce de souvenir, résidu de sensation... Je sens trembler ma main et cela me ramène à la réalité. Ce dialogue n'a pas lieu d'être. L'échange est stérile. Mon regard la quitte alors, balaye brièvement le panorama. Les priorités sont ailleurs. Nous perdons du temps, je conclu donc d'un ton tout à fait calme.  
« Allons y.
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Dim 14 Sep 2014, 02:53

Non, il ne pouvait pas s'arrêter comme ça, au beau milieu de sa phrase. Edwina fronça les sourcils une énième fois. Le faisait-il exprès ? Elle croisa les bras, le regardant avant de dire d'un ton ferme : « Non. Je ne bougerai pas tant que vous ne m'aurez pas dit la vérité ! ». Bien sûr, elle lui demandait quelque chose qu'elle-même était  incapable de lui donner. Elle ne lui avait pas parlé des Syrkell, ni de son lien de parenté avec l'ancien Mârid porté disparu, ni du chasseur avant qu'ils ne le croisent dans la forêt des murmures. En réalité, il l'avait surprise, par le ton de sa voix, par sa façon de gesticuler. Qu'avait-il, lui pourtant toujours implacablement calme ? Son ton se faisait colérique là où il se voulait normalement juste tranchant. Elle commençait à le connaître. Néanmoins, elle le trouvait culotté, assez pour que l'envie lui prenne de l'enfermer dans un placard et de l'y laisser jusqu'à ce qu'il se montre aimable. Si seulement elle avait su ce que sa pensée entraînerait... Elle fit un pas vers lui, reprenant le vif du sujet, un débat qui serait sans fin tant qu'un miracle ne les séparerait pas. En tout cas, elle n'avait pas l'intention d'en démordre. « Et puis, peut-être aurai-je eu une tenue plus décente si vous aviez bien voulu ôter votre pantalon pour me le donner ! Parce qu'au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, vous n'êtes pas beaucoup plus grand que moi. Votre chemise ne sert presque à rien ! Mais comment auriez-vous pu vous en rendre compte puisque tout ce que vous avez fixé depuis que j'ai perdu mes habits, c'est mon visage ! Ah oui, pardon, c'est vrai : vous avez agrippé ma taille... Cela aurait pu être pris pour un signe de vérification si vous ne m'aviez pas mise à califourchon sur cette chose, sans même prendre en compte mon accoutrement! ». En réalité, elle parlait surtout sur le coup des sentiments explosifs qu'il avait le chic de provoquer chez elle. Jamais face à un Archimage elle n'aurait pu tenir pareil discours, elle se serait écrasée pitoyablement. Mais lui, lui... il, raaa, il l'énervait. Elle lui reprochait ce qu'il n'avait pas fait mais s'il avait osé l'observer lorsqu'elle était nue, elle aurait trouvé le moyen de le blâmer tout autant, de même si son regard avait couru sur les extrémités basses de sa chemise. Seulement, tout ce qu'il faisait l'irritait, surtout ses paroles à son égard. Elle ne supportait pas cette manière qu'il avait de lui rappeler des choses évidentes sur le lien qui les unissait alors même qu'elle était déjà au courant. « Et si je n'ai pas osé poser des questions, c'est parce que vous n'y auriez pas répondu ! Arrêtez d'essayer de détourner le problème. Vous auriez probablement décrété que ce n'était pas le moment ou vous auriez changé de sujet, comme vous venez de le faire ! ». Elle s'arrêta, finissant par soupirer. Après un moment, elle reprit, voulant tout de même continuer à avancer, comme si sa résolution de ne pas bouger venait de s'effriter : « Bon, allons-y. ». L'homme devant elle l'empêchant de passer, elle voulut faire le tour mais sa silhouette rencontra un petit obstacle : un mur, tout invisible qu'il pouvait être, mais bien présent. Aussi, interloquée, elle voulut changer de sens, se rendant compte qu'elle était coincée. Elle chercha à reculer mais son talon heurta de nouveau une matière solide. A quelques centimètres d'Adril, elle se rapprocha pour toucher l'espace derrière lui, rencontrant, pareillement, un mur ; et quand elle voulut de nouveau reculer, elle réalisa que l'espace s'était réduit davantage. « Vous... ! ». Elle l'accusait, ne comprenant pas. En réalité c'était sa magie à elle qui avait façonné l'architecture juste après son vœu d'enfermer l'Alfar dans un placard. Sauf que ce que sa magie n'avait pas pris en compte, c'était qu'elle ne souhaitait pas s'y retrouver avec lui, du moins, pas consciemment en tout cas. « Qu'est ce que vous avez fait ? ». Sous le coup de la peur du confinement qui commençait à l'étreindre, Edwina poussa l'homme contre l'une des parois, une chose qui ne fut pas une bonne idée puisque la prison qui les entourait se mit à tanguer dangereusement. La magicienne eut alors une image déplacée en tête, celle de se retrouver sur lui. Reculant brutalement pour éviter que cela ne se produise, le geste fit basculer leur cage invisible de son côté à elle, inversant les positions dans un cri affolé d'Edwina, aussi surprise que gênée d'une situation qu'elle venait elle-même de provoquer.  

Plus loin, leur présence repérée sur la terre des Orines, un espion Réprouvé était apparu, reconnaissant une femme qui semblait être l'Ultimage en compagnie d'un homme qui lui sembla louche dès que les premières paroles cinglantes furent échangées entre les deux protagonistes. Il n'aurait guère porté attention à la reine des magiciens si son peuple n'avait pas érigé une barrière protectrice autour de Stenfek et de Bouton d'Or, mais les choses avaient récemment changé entre les deux peuples. Quoi qu'il en soit, puisque la situation lui paraissait des plus étranges, il s'empressa de se téléporter à la cité Réprouvée afin de prévenir son roi. Quelques minutes plus tard, un petit détachement de l'armée apparut pile poil après la chute de la prison de magie bleue qui, curieusement, disparut totalement. Les hommes, de puissants guerriers, s'approchèrent, l'un d'eux déclarant. « Nous sommes ici au nom du Seigneur des Deux Rives. Monsieur, veuillez vous retirer de sur l'Ultimage. Vous allez être conduit à Stenfek pour être interrogé sur votre comportement. ». Il tourna le regard vers la magicienne qui semblait avoir été victime de quelques attouchements pervers vu sa tête et son accoutrement. « Est-ce que tout va bien madame ? ». Les yeux d'Edwina allèrent d'Adril au groupe de Réprouvés. Pourquoi ? Mais pourquoi devaient-ils toujours rencontrer ce genre de soucis ? Le Réprouvé reprit, sachant très bien que la femme était à présent en sécurité. Si l'homme tentait quoi que ce soit, ils le maîtriseraient rapidement. « Notre Roi voudrait vous rencontrer afin de vous remercier convenablement de la protection qu'a fourni votre peuple au notre. ». Puis, il regarda l'Alfar. « Qui est cet homme ? ». Et là, elle ne sut pas pourquoi, mais l'Ultimage eut envie de bien faire et de mettre en pratique les cours que lui fournissait Nylmord depuis quelques temps, concernant les bases des langues existantes. « Euh... Nimaar... los... ahmul Io ? ». La réaction du Réprouvé ne se fit pas attendre, ce dernier tout de suite plus courtois. « Hum. Pardonnez nous monsieur, nous ignorions vos rapports avec la Reine. Nous avons cru à une agression, mais puisque les liens vous unissant justifient parfaitement un tel comportement, nous allons vous escorter tous les deux jusqu'à Bouton d'Or. Le roi vous y rejoindra d'ici quelques heures. ». Dire qu'Edwina pensait que les Réprouvés étaient des hommes rustres, celui-ci semblait connaître les bonnes manières, pas comme... lui. Son regard se fixa sur Adril, la jeune femme pensant encore qu'il était responsable de ce qu'il venait de se passer.

Plus tard, une fois que les soldats les eurent escorté à Bouton d'Or, celui qui leur avait adressé la parole monta les escaliers d'une auberge en leur compagnie, la plus luxueuse du village, bien qu'elle ne le soit pas réellement comparé à ce que l'on pouvait trouver dans d'autres villes. Ouvrant la porte, il les laissa entrer. Edwina qui jusqu'ici était des plus silencieuses, attendit que l'homme soit parti pour croiser de nouveau les bras, s'adressant à l'Alfar : « C'était quoi... ça ? ». Elle parlait de ce qui les avait maintenu l'un en face de l'autre quelques secondes, bien trop près. Elle y avait pensé pendant le trajet, à tous ces rapprochements qui s'étaient faits entre eux depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Son rêve éveillé au Lac, la fois où il l'avait sauvé, sur l'étrange créature qu'ils avaient monté, dans leur prison magique. C'était si... déstabilisant, tellement qu'elle sentit son cœur s'emballer. Elle avait chaud, trop chaud. Elle n'était pas habituée à ce genre de situations. Heureusement, la sortant de ses songes, la porte s'ouvrit sur une petite femme ronde qui tenait dans ses mains un plateau. Elle sourit, regardant tour à tour les deux protagonistes. « Bonjour, je m'appelle Iren ! Félicitation pour votre union, je ne savais pas que les mariages mixtes étaient autorisés chez les Magiciens ! Enfin, soit, ça ne me regarde pas. Je suis juste ici pour vous faire patienter un peu avant l'arrivée du roi. Vous pourrez dormir ici cette nuit si cela vous dit. C'est offert par notre seigneur, tout comme la tenue qui se trouve dans le placard ha ha ha ! ». Edwina avait pâli, vraiment, incapable de dire quoi que ce soit à la femme enjouée qui attendait une réaction qui ne vint pas. « Je vais vous laisser, vous devez être exténués ! Tout Bouton d'Or est au courant, alors, je vous préviens, vous risquez d'être chaudement félicités ! ». Elle sortit, la magicienne laissant échapper un bref : « Ahmik... c'était Ahmik le mot qu'il fallait... ». Elle n'osait plus regarder Adril, préférant s'intéresser au sol.

1458 mots
* Lui être mari moi = Nimaar los Ahmul io
** serviteur = Ahmik
J'ai supposé qu'Adril suivait pour les amener jusqu'à Bouton d'Or. Si ça ne va pas dis le moi =3
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Dim 14 Sep 2014, 16:39

L'ultimage n'est visiblement pas décidée à abandonner cette discussion. Malheureusement pour elle, ma patience a atteint sa limite. Je suis las de sa logique aberrante et de sa mauvaise foi chronique.
« Allez-vous donc vous taire?
Finis-je par aboyer, alors qu'elle se décide enfin à reprendre la route. Cette satané femelle se plaît à me rappeler combien mes manières sont grossières, mais elle, elle, est tout simplement insupportable. Une femme ravissante, dotée d'un pouvoir immense et couronnée: je sais maintenant pourquoi aucun homme n'occupe sa vie en dépit de tous ces atouts. Il est certain que si elle avait été du peuple des elfes, j'aurais préféré prendre la main d'une roturière plutôt que la sienne, quand bien même cela compromettrait la pureté du sang de ma descendance. Et je serais fort peu étonné qu'il en aille de même pour tous ceux que son statut intéresse. C'est une épine dans le pied, une épine qui veille à rendre chacune de vos actions pénibles... une poule écervelée qui jacasse plus qu'elle n'agit.

Je la laisse progresser de son côté, trop agacé pour me préoccuper de son sort. Mais il apparaît bien vite qu'une force quelconque bloque toute avancée. Je me trouve cerné par une paroi invisible. Un mur qui semble nous cerner tout deux. L'espace se réduit encore, nous confinant l'un contre l'autre. Je soupire d'agacement. La saveur de cette situation était déjà détestable, voilà qu'elle devient tout à fait infecte. Et comme si cela ne suffisait pas, cette petite pie m'accuse encore de ce tour. A t-elle seulement idée de tout ce que je donnerais pour me trouver loin de sa personne? Faut il qu'elle prenne une fois de plus ses fantasmes pour mon fait propre? S'exhiber ne lui a donc pas suffit, voilà qu'elle éprouve la nécessité de refermer sur nous un piège magique...
« Calmez vous...
Fais je dans un grognement, alors qu'elle s'agite. La chose gagne en proportion. Elle est persuadé de la véracité de sa fable, panique. Je me retrouve projeté contre la paroi invisible. L'ensemble tangue, nous finissons par chuter de son côté. Je me retrouve finalement étendu sur elle, dans une posture des plus intime... d'autant plus qu'elle ne porte que ma chemise. Ses cuisses nues, ouvertes sur ma taille, laisseraient n'importe quel spectateur formel quand à la forme de tout ceci. Et puisque la fortune semble décidément me haïr, une troupe de soldat des humains à aile que l'on nomme réprouvé décida d'apparaître à cet instant précis. Je maudis le sort et cette femme hystérique de m’entraîner dans pareilles situations.  
L'un des soldats me somme de laisser l'ultimage, ce que je fais bien volontiers. Tout est clair à leurs yeux. Ils me prennent pour un homme de basse vertu aux intentions lubriques. A croire que ces terres ne sont peuplées que de simples d'esprits juste bons à se fier à une configuration douteuse. De quoi se mêlent il ? Silencieux j'écoute et comprend. La reine a porté secours aux ailés, plaçant son peuple dans une configuration avantageuse. A présent, le roi convie l'ultimage, mettant en marche la machine diplomatique... Un moment crucial en somme, que cette fichue perdrix s'empresse de gâcher avec une autre de ses initiatives idiotes. La réaction du soldat aux quelques mots qu'elle prononça ne me laissent guère de doute sur ce qu'elle inventa pour justifier ma posture. Hypothèse largement confirmée par la réaction de la femme, lorsque nous arrivons à l'auberge. Ainsi, le bas peuple nous pense marié. Voila qui vient apposer au sommet de l'imbécillité une magnifique cerise d'absurdité. Je tourne en rond, au centre de la pièce, partagé entre colère et amusement. Elle, visiblement honteuse, n'ose plus me regarder. Soupir, je me décide finalement à l'aborder.
« Ce que j'apprécie chez vous, Milady, c'est votre constance.
Dans la bêtise, cela allait sans dire. Mon regard détaille la chambre. Je me dirige jusqu'à la fenêtre, observe brièvement l'extérieur.
« Vous devez clarifier les choses dès à présent. Il serait dommage qu'une petite erreur de vocabulaire prenne des proportions désagréables. Mon ton est quelque peu sarcastique. Après tout, il s'agit de votre réputation, n'est ce pas?
Cette situation l’embarrasse bien plus que moi... Et tout bien réfléchi, il est assez plaisant de voir ses pitreries lui revenir ainsi au visage. Je reviens face à elle, réduisant la distance qui sépare nos visages à quelques centimètres.
« A moins que vous ne teniez à ce que je joue le rôle de votre époux?
L'ironie est ici flagrante. J'esquisse un rictus, prend sa main et y dépose un baiser.
« Je suis certain que toute la cours y croira.
A ces mots, je me détourne en riant. L'armoire ouverte, je découvre plusieurs piles de linge, ainsi que la tenue généreusement offerte par la royauté à la très gracieuse ultimage. L'étoffe et la coupe sont de bon goût : de quoi redonner à son allure quelque grâce. Quand à moi, je me contente de récupérer une chemise, avant de rejoindre la salle d'eau.
« Quand à « ça », Milady, c'était votre œuvre... et juste votre œuvre.
Fais-je, avant de disparaître dans la pièce à côté. On avait laissé à notre usage un baquet d'eau chaude. Ôtant mon bandana, je prend le temps de me nettoyer le visage et les mains, avant d'enfiler le vêtement. Le roi n'arriverait pas avant un moment.
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Dim 14 Sep 2014, 18:55

La main d'Edwina trembla lorsqu'il la prit, y déposant un baiser aussi déplaisant qu'il l'était à ce moment précis. Elle le fixa s'éloigner dans la salle d'eau, préférant ignorer ses dires. Jamais elle n'aurait provoqué tout ceci et, à vrai dire, l'image de cet homme sur son corps était la dernière chose qu'elle souhaitait se remémorer. Elle niait en bloc toute responsabilité, tout simplement parce qu'elle ne comprenait pas pourquoi sa magie aurait agi de la sorte. Il y avait des paramètres qui lui semblaient flous ou qu'elle ignorait sciemment afin d'éviter une prise de conscience trop brutale. Elle soupira, s'avançant à sa suite afin de se passer de l'eau sur le visage. Immobile, elle referma la porte derrière elle avant de s'avancer doucement à ses côtés. « De toute façon, vous feriez un bien piètre mari, même pour de faux. ». Ne le regardant toujours pas, elle trempa ses mains dans le liquide et une fois que celui-ci fut au creux de ces dernières, elle s'en aspergea le visage, expirant de bien-être. Ce fut à ce moment précis qu'une sorte d'idée germa dans son esprit, une idée non complète. Elle ne savait pas quoi en faire si ce n'était irriter un peu plus l'Alfar. Mais après tout, se gênait-il, lui, pour faire de même avec elle ? Elle essuya son visage, regroupant ses cheveux pour les coiffer avec un peigne mis à disposition. « En réalité, je pense que vous n'en seriez pas capable. ». Elle se rappela ses paroles lorsqu'elle avait souhaité le faire réagir. Lui demander de se taire. « En fait, je crois que vous ne pourriez être le mari d'aucune femme ayant un minimum d'amour propre. Votre comportement est... abjecte. ». Dire qu'elle ne connaissait pas ce mot quelques temps auparavant. Nylmord lui avait appris bien des choses, notamment à se calmer, entreprise qui s'avérait bien souvent infructueuse. « Vous ne feriez que lui demander de se taire quand elle essaye d'en savoir plus sur vous... ». Elle essayait de se maîtriser car, finalement, la colère était mêlée à une tristesse plus profonde. Adril était un mur pour elle, une chose inconnue qu'elle devait pourtant garder à ses côtés. Cela lui pesait car elle avait souvent été seule depuis qu'elle avait quitté l'océan. « Vous la regarderiez comme une inférieure, stupide... ». Elle finit par poser le peigne, tentant tant bien que mal de se tresser les cheveux, lui tournant le dos. « Je suis certaine que vous êtes incapable de gestes tendres ou même de vous confier. ». Elle en était incapable tout autant, mais pas pour les mêmes raisons, sans doute. « La preuve, je le répète, mais vous n'avez toujours pas répondu à ma question. ». Elle abandonna, ses mains démêlant les boucles qu'elle avait jusqu'ici formé d'une façon bien moins calme que ce qu'elle aurait souhaité. « Vous n'avez aucune idée de ce qu'aiment les femmes, à moins que celles de votre peuple aiment se faire ridiculiser du matin au soir ? Peut-être que je pourrai comprendre vos coutumes, je vous ai fait par de ce désir lors de notre première rencontre, mais vous seriez incapable de comprendre celles de mon peuple. Vous seriez incapable de jouer ce rôle, celui de mon époux. ». Puis sa voix se fit ferme. « Vous n'en avez ni les facultés ni les moyens. ». Elle se retourna, jouant cartes sur table. « Je vous avais dit qu'il vous faudrait un rôle à tenir à mes côtés pour éviter d'éveiller les soupçons ; Et même si je trouve cela ridicule à présent, encore plus de vous l'avouer, j'y avais pensé. Je n'osais pas vous demander. Mais maintenant je me dis que j'ai bien fait car je vous ai épargné le fait de vous ridiculiser aux yeux de tous, de par votre manque de manières à mon égard. Vous êtes incapable d'aimer ! ». Puis elle sortit sans un mot de plus, se glissant sous les draps du lit encore vêtue de la chemise de l'Alfar. Elle n'avait plus envie de discuter, se sentant étrangement vide. Elle ne voulait plus le voir et elle n'avait pas non plus l'intention de réparer son erreur, juste pour qu'il comprenne qu'elle n'était pas sous ses ordres. Après tout, qu'est ce que cela pouvait bien faire que les gens pensent qu'il était son mari ? Ils se rendraient bien vite compte de la vérité, rien qu'en les observant. Fermant les yeux pour ne pas avoir à soutenir son regard s'il entrait dans son champ visuel, elle se perdit dans ses pensées, maudissant cet homme, ses manières rustres, son langage non approprié, son ironie et ses oreilles, puis finit par s'endormir.

Lorsqu'elle se réveilla, deux bonnes heures après, elle se redressa, rencontrant le regard d'un homme qu'elle avait croisé précédemment au conseil des chefs. Il était assis à une table un peu plus loin, la regardant en attendant patiemment qu'elle se réveille. Il rit. « Vous dormiez si bien que je n'ai pas voulu vous réveiller. ». Il pointa la robe posée sur le bord du lit. « Si elle est encore sans propriétaire j'en conclus que vous étiez trop fatiguée pour l'enfiler. Vous pouvez sortir du lit, je ne regarderai pas. Allez vous habiller et nous parlerons ensuite. ». Elle s'exécuta, emportant le vêtement avec elle dans la salle d'eau afin de se changer. Puis, elle se rendit compte de l'absence d'Adril. Où était-il ? Elle soupira. Il avait dû repartir et la laisser seule ici. Garde du corps, bien sûr, quand ça l'arrangeait plutôt. Elle ferma les yeux. Il avait le chic pour faire naître l'énervement chez elle, où qu'il soit, quoi qu'il fasse. Pourquoi ? Telle était la question. Il ne pouvait pas se comporter normalement ? Elle s'habilla, ronchonnant contre lui, quelques bribes de phrase franchissant même le bout de ses lèvres. Puis, une fois qu'elle fut prête, elle rejoignit l'homme qui l'attendait dans la pièce voisine. Elle resta silencieuse un instant et il prit la parole, se levant. « Vous êtes... fascinante, Edwina. A vrai dire, vos prouesses au conseil des chefs m'ont beaucoup amusé. Peut-être est-ce parce que je suis Réprouvé que votre façon de statufier l'ancien Empereur Noir m'a plu, mais au delà de ce geste, j'ai pu entrevoir votre puissance et celle qui serait la notre si nous nous allions. ». Il sourit. « A vrai dire je pensais vous demander en mariage mais il se trouve qu'un autre a été plus rapide. ». Il rit, elle restant silencieuse, n'arrivant pas à déterminer s'il était sérieux ou non. Il reprit. « En réalité j'ai vérifié l'information auprès de l'un des Archimages qui m'a assuré que vous n'étiez pas encore mariée mais que le mariage aurait lieu bientôt. Il a également paru soulagé lorsque je lui ai annoncé que vous étiez en vie et étonné que vous soyez déjà informée de la nouvelle... ». Les yeux d'Edwina jusqu'ici dans le vague se fixèrent dans les prunelles de Volen, interdits. Qu'avait-il dit ? Qui allait se marier ? Le Réprouvé continua : « De ce fait, si cet homme a des difficultés à se tenir avant le mariage, n'hésitez pas à m'en faire part. Tout futur époux qu'il puisse être, je me doute que ce mariage est arrangé puisque votre consentement n'a apparemment pas été demandé au préalable... ». « Non ce n'est pas... Je... Où est Adril ? ». « Adril ? ». « Mon... mon futur époux... ». « Je ne sais pas, il n'était pas ici lorsque je suis rentré. ». Elle ne savait pas quoi faire. Fixant un instant le vide, elle finit par murmurer. « Excusez-moi, je dois le retrouver... ». Puis, elle tourna les talons, sortant de la chambre pour atteindre en vitesse la rue. Bouton d'Or était un village étendu, notamment par ses champs, mais elle devait trouver Adril. Il devait être au courant, en savoir plus que Volen puisqu'il était auparavant au Lac. Était-ce à lui qu'on la destinait? Il devait y avoir un quiproquo... quelque chose que le Seigneur des Deux Rives n'avait pas compris. Elle finit par prendre une direction, au hasard, courant comme elle le pouvait en fixant les passants dans l'espoir d'y trouver son garde du corps. Elle finit par se retrouver dans les champs, s'égarant un peu plus jusqu'à se stopper. Ça ne servait à rien de le chercher... il ne devait plus être là. Essoufflée elle finit par s'asseoir sur le sol, entre les blés qui repoussaient doucement. Elle cueillit une tige, soupirant. Elle était seule maintenant et elle n'avait aucune idée de ce qu'elle devait faire.

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Lun 15 Sep 2014, 00:35

Du coin de l’œil je la regarde entrer. Mes doigts s'affairent à ajuster le col de ma chemise, tandis qu'elle se livre à quelques ablutions. Son commentaire me laisse de marbre. Elle se prend à développer, me décrivant comme l'homme le plus odieux que ces terres aient jamais porté. Elle ne sait rien, malgré cela, elle poursuit. Un rustre, incapable de tendresse, incapable de confidences : a t-elle seulement idée de la futilité de tout ceci dans le monde qui est le mien? Au sein de mon peuple, là où est sanctionnée la moindre faiblesse, on ne s'attarde pas sur ces affects de femme éperdues de romans à l'eau de rose et autres odes chevaleresques. Les humains raisonnent différemment des edhels. Ils accordent du crédit aux sentiments, estiment que la loi du cœur domine celle de l'esprit. La mécanique des passions seule les ébranle, quand nous privilégions nécessité et bon sens. La vie est une économie fragile, usée par la guerre, la faim et l'incertitude. Se perdre en exaltation coûte plus que cela  n'apporte.
Quand à mes manières à son endroit, elle oubli le fait inavouable de mon méprit. Sa race ne vaut rien à mes yeux et cela ne changera jamais. Je ne peux, toutefois, m'empêcher de songer à mon épouse. Les propos de l'ultimage résonnent en écho avec son dernier geste, mais il me semble que tout ceci tient d'une raison assez évidente. Car si mes principes demeurent intacts, les siens ont évolués sous l'influence de cet homme qu'elle accompagne. La loi des mithedhels :Tinuviel a oublié tout cela. Elle préfère suivre la logique humaine. Compatir sur le sort du faible, sacrifier sa propre force au bénéfice des âmes perdues. Elle ne se rappelle plus de notre vie, elle ne se rappelle plus de nos principes. Aujourd'hui, elle me voit de la même façon que l'ultimage : un homme insensible, brutal. Elle ne tient plus compte des raisons qui me poussent à être comme cela et c'est pour cette raison qu'elle est partie.
« Pensez ce que vous voulez.
Fais-je en la regardant sortir du coin de l’œil. Mon regard se dirige sur le peigne, avant de glisser jusqu'au reflet d'un miroir au rebord émaillé. Quelques secondes s'égrainent en silence, avant que je ne me décide à replacer, en travers de mon visage, mon bandeau cramoisi. Dans la chambre, l'immobilisme règne. L'ultimage a décidé de profiter du lit mit à disposition. Je choisi de sortir. Sa présence seule suffit à m'accaparer l'esprit. J'ai grand besoin de respirer un air libre de son odeur.

Au milieu des champs d'or est une silhouette drapée de vert. Elle porte une robe de lin des plus banale. Sa taille est cintrée d'une longue et fine ceinture de cuir que sa sveltesse autorise à cercler deux fois. Portée par la moindre brise, une chevelure d'or, agrémentée de quelques tresses discrètes encadre un doux profil. Deux yeux aux reflets smaragdin, une expression déterminée sur le visage : Luthien est à bouton d'or.
La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre : l'ultimage est en territoire réprouvé. La belle elfe sait ce que cela veut dire. Adril a prévenu le clan de son départ, de sa quête. Elle s'est contentée d'obéir en le regardant partir. Mais bien vite, l'envie de marcher sur ses pas s'est montrée plus forte que l'ordre de celui qu'elle pense être son époux. Tinuviel est indépendante : en bon double, Luthien l'est aussi. Le lien qu'elle entretient avec cet homme justifie son choix. Elle sait qu'il comprend cela. Dans sa logique, elle le sait, elle le croit. Et si la réalité est autre, alors elle ne l'a pas encore comprit.
Le voyage fut rapide. Un voyageur la déposa en chemin contre quelques pièces. A présent, ne lui reste plus qu'à retrouver Adril. Pourquoi le fait elle? Cela n'a aucune importance. Elle vit à l'intuition, à l'instinct. Et quelque chose lui dit que c'est nécessaire. Peut être se trompe t-elle... Mais cela aussi n'a aucune importance. Calme et gracieuse, la jeune femme fend les blés. Elle sent dans l'air des fragrances familières. Cela la guide inconsciemment... cette odeur qu'elle ne connaît que trop bien. Doucement, inlassablement, ses paumes caressent la mer d'or comme elle marche. Elle esquisse un sourire.
Ses prunelles émeraudes se posent alors sur la silhouette d'une femme assise au milieu de ce somptueux tableau. Elle : c'est elle qui porte l'odeur. Alors, doucement, l'elfe approche. Ses façons rappellent un animal trop prudent. Puis, après un moment, elle s'autorise à aller plus sincèrement à la rencontre de cette femme.
« Bonjour. Fait elle d'une voix de miel. Pardonnez moi, mais votre visage m'est familier...
Elle sourit doucement, s'accroupit face à la magicienne et encercle, de ses bras, ses jambes repliées. Quelques secondes s'écoulent : l'elfe observe son interlocutrice. Sa gestuelle est lente, presque apaisante.
« Je sais... vous êtes l'ultimage. J'ai vu votre portrait. Elle sourit. Quelle étonnante coïncidence...  C'est justement vous que je cherche.
Le visage de Luthien semble s'illuminer. Elle abaisse légèrement le menton, replace une mèche derrière son oreille délicatement pointue. Ses prunelles quittent brièvement les mires de la reine, distraites par le passage d'un papillon. Moment fugace, avant qu'elle ne retourne à cette dernière.
« Enfin, pour être tout à fait exacte, c'est mon mari que je cherche... votre garde du corps, Adril.
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Lun 15 Sep 2014, 19:51

Edwina leva la tête lorsqu'elle entendit le premier son, la salutation. La Magicienne était bien trop plongée dans ses pensées pour faire attention à ce qui l'entourait, perdue dans les déambulations de son esprit. Ses yeux rencontrèrent une jeune femme qu'elle trouva immédiatement jolie. Peut-être n'était-ce là que le reflet de ses manières douces, de son sourire, mais sa simple vision suffit à effacer les craintes de la reine. L'attention de la souveraine se focalisa sur elle, et sur elle seule, préférant oublier le reste. Son regard se posa un instant sur ses oreilles sans qu'elle ne comprenne le lien qui l'unissait à son garde du corps lorsqu'elle lui avoua la chercher. Elle en était heureuse jusqu'à ce que les mots qu'elle n'aurait jamais redouté d'entendre franchirent ses lèvres. Adril, son mari. « Oh... ». Elle resta un instant silencieuse, incapable de faire quoi que ce soit, presque inapte à respirer. La nouvelle lui fit l'effet qu'aurait produit une avalanche sur un petit village se trouvant sur sa trajectoire. L'Alfar ne lui avait jamais parlé de cette femme. Elle n'aurait jamais cru qu'il puisse en avoir une. C'était si... soudain. Soudain et déplaisant. Elle avala sa salive, lentement, avant qu'un petit sourire incertain naisse sur ses lèvres. Il n'y avait aucune raison que cette information la perturbe. Les mots qu'elle lui avait prononcé dans la salle d'eau avaient dû le faire rire, c'était même une certitude. Il devait penser qu'elle était idiote, bien plus que ce qu'elle avait compris de ses paroles. En réalité, il ne devait la supporter que parce qu'il était à son service. Elle serra une fraction de seconde les dents avant d'ouvrir la bouche. « Excusez-moi. J'ai appris une mauvaise nouvelle il y a peu et... ». Elle pinça ses lèvres un court instant avant de renforcer le sourire qui avait trôné sur ses traits et qui devraient continuer à y régner tant qu'elle n'aurait pas trouvé un moyen de fuir au plus vite cette femme. « Qu'importe. ». Elle continua. « Adril, oui, il... il m'a beaucoup parlé de vous. ». Elle cherchait un moyen de se tirer de là au plus vite, quelque chose, n'importe quoi. Elle avait menti mais cette femme l'aurait sans doute mal pris si elle lui avait avoué ignorer son existence, elle en aurait été affectée et elle ne le méritait pas. Edwina tourna la tige qu'elle avait cueilli un peu plus tôt entre  son pouce et son index. Nylmord le lui avait enseigné : le mensonge devait s'inspirer d'une part de vérité. Elle était très mauvaise menteuse, détestait le faire mais elle se sentait en danger. Ce n'était pas un danger réel, simplement ce qui s'éveillait au fond de son être et qui commençait à l'envahir, comme un ouragan qui ne pourrait la maintenir stable bien longtemps, qui emporterait tout sur son passage. Pourtant, sa voix était calme, ses yeux scrutant tour à tour son interlocutrice et le paysage. « Malheureusement, je ne sais pas exactement où est votre mari actuellement. Je l'ai congédié puisqu'une affaire concernant mon peuple uniquement doit être traitée par mes soins au plus vite. ». Elle cherchait... « Néanmoins, le Seigneur des Deux Rives m'a offert une chambre pour la nuit, Adril doit s'en doute s'y trouver. Je lui ai dit qu'il serait impoli de refuser le présent et qu'il pouvait y séjourner à ma place. Si vous l'y rejoignez... cela lui fera une surprise, j'en suis sûre. ». Elle sourit de plus belle avant de se lever. « Je vais m'en aller à présent, une escorte m'attend... Ravie de vous avoir rencontré... ».

Edwina se mit à marcher d'un pas ferme dans une direction inconnue. L'important était d'être sûr de soi. Elle marcha, marcha, longtemps, ne se retournant pas, essayant de contrôler sa respiration, la fréquence de ses cillements. Quand le soleil commença à se fondre dans l'horizon, elle s'arrêta, restant immobile quelques instants avant de tomber à genoux. Là, elle éclata en sanglot, les nuages couvrant le ciel avant qu'une pluie diluvienne ne s'abatte sur les terres d'émeraude. L'une de ses mains se posa sur le sol devenu boueux, l'autre cachant ses lèvres qui tremblaient, déformaient les traits de son visage. Pourquoi fallait-il qu'elle se mette dans une situation pareille ? Il n'y avait rien, rien qui le justifiait. Cet homme était insupportable et répugnant, il n'avait aucun savoir vivre. Pourtant, elle s'était rendue ridicule en lui tenant des propos incohérents sur des choses qu'elle ignorait. Pourquoi avait-il fallu qu'elle cherche à communiquer avec lui ? Ne l'avait-on pas prévenu ? Les hommes étaient des monstres, des inférieurs qui cherchaient par tous les moyens à prendre le dessus, elle ne devait pas leur faire confiance, jamais. Il n'était rien pour elle, qu'un simple garde du corps. Pourquoi n'avait-elle pas écouté ses aînées ? Pourquoi avait-il fallu qu'elle s'attache à lui ? Était-elle seulement attachée ? Non ! Elle ne l'était pas. Elle ne comprenait pas. Il n'avait rien pour lui. Elle pleurait parce qu'elle avait été ridicule, il s'agissait de la seule raison, de la seule qu'elle devrait croire. Il ne l'appréciait pas. Quand il la sauvait, il faisait son travail, un travail qui l'arrangeait lui puisqu'elle lui offrait la protection qu'il souhaitait. Il n'y avait rien de plus, rien de moins. Il avait été clair.

Les nuages devinrent glacés, la pluie se changeant en neige, une neige qui déferla sur Bouton d'Or, sur les Terres d'Emeraude entières. La saison ne s'y prêtait pas, si bien qu'un léger vent de panique sonna. Il fallait couvrir les plantations, les protéger par un moyen magique qui détournerait la neige. Edwina s'était relevée, avançant lentement mais sûrement vers un point inconnu, ses vêtements trempés la faisant trembler de froid. Mais le froid, elle ne le sentait pas sur son corps, elle le sentait dans son cœur. Elle était entourée de conseillers, d'un garde du corps mais, finalement, elle était seule, toujours seule. Personne ne la considérait autrement que comme la reine qu'elle devait être, personne ne la regarderait si elle ne l'était pas. Adril, aussi désagréable qu'il puisse être, avait une femme merveilleuse, sans doute des enfants aussi. Il était heureux, bien plus sans elle qu'avec. Dire qu'elle lui avait affirmé qu'il était incapable d'aimer. Ils devait se moquer d'elle à présent aux côtés de son épouse. Et bientôt elle en aurait un aussi, un époux. Un homme qu'elle ne connaissait pas. Elle rentrerait, se comporterait en reine, l'épouserait, rassurerait le peuple et pleurerait le soir venue en pensant que sa vie ne lui appartenait pas. Ses lèvres tremblaient de froid, de chagrin alors que les méandres de son esprit l'emportaient toujours un peu plus. Jamais elle ne voulait le revoir et, pourtant, il le faudrait. Il avait raison, elle ne le connaissait pas et c'était très bien ainsi. De même, il n'avait pas à la connaître. Elle devrait lui faire face, mais elle n'attendrait plus de lui ce qu'il ne pouvait lui donner. Il l'entraînerait, il resterait à ses côtés, mais elle ne le verrait que comme l'un des murs blancs du repaire des magiciens : présent, utile pour une seule fonction mais, au final, insignifiant.

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Mar 16 Sep 2014, 02:01

« Namarie Luthien.
Talcalina s’élance au milieu de la mer d’or battue par les vents, laissant dans son sillage la silhouette d’une elfe emmitouflée sous sa cape de laine. Son appel est dissout pas la pluie. Diluvienne, l’armée de goutte détrempe les sols, ternis la beauté de ces terres, charrie une vague saveur de chaos. Sur les terres d’émeraude, il ne pleut pas.

Luthien m’a suivi. Après avoir rencontré l’ultimage, elle m’a trouvé. Je ne l’attendais pas, jamais. Son apparition m’a prit au dépourvus et je déteste cela. Qu’y puis-je ? Cette petite sotte est aussi obstinée que son modèle d’origine. Elle n’est qu’une copie, une imitation. Pourtant, son être m’apparaît plus semblable à l’elfe que j’ai connu, que celle qui m’a été donné de rencontrer au repaire des magiciens il y a de cela quelque temps. Cette femme, mon épouse, qui décida de me laisser un souvenir de notre temps, avant de me quitter : maudite soit-elle. Mais peut être a-t-elle cru que cela me toucherait ? Peut être a-t-elle cru elle que cela m’amènerait à renoncer à elle ? Je dois à présent supporter cet outrage, contraint de garder pour moi la vérité de la chose, au risque de me couvrir de honte auprès des miens. Cette amère vision du passé, affable, que le devoir émeut : qu’elle périsse sous les flèches de ma justice. Je châtierais bien volontiers l’emblème du faussaire comme sa créatrice. Cela viendra bien assez tôt.
D’ici la, j’use de la copie en guise de messager. Luthien n’a effectivement pas fait le déplacement pour rien. Elle s’inquiète de voir mes mithedhels s’impatienter. Vivre confiné en territoire étranger est tout juste tolérable pour ces fils de la nature. A présent, la crise du monde est passée, la normalité revient quand, paradoxalement, un vent de changement ébranle les peuples. Nous y aurons droit à notre tour. Je lui ais donc commandé de s’en retourner la bas et de les guider jusqu’à notre terre promise. Lain dur : là ou germera une ère nouvelle pour les enfants des anciens edhels. Elle y consenti immédiatement. Le détail de tout ceci l’intéressait fort peu, conformément à ce qu’impliquèrent toujours, dans le méandre de ses souvenirs artificiels, nos rapports maritaux. Conformément, là est l’abject terme. Cette idée en devenait presque obsédante. Car Luthien me servait d’excellente manière. Ses qualités étaient délicieuses, ses façons irréprochables. Malgré cela, sa simple présence suffisait à susciter en moi le rejet. Cela dépassait la raison, la logique : c’en était physique. A mes yeux, elle était une insulte à mon nom.

L’imposant cerf, à la noble ascendance, glisse. Son tracé se fait moins régulier, plus laborieux. Il peine à réduire la distance qui me sépare de l’ultimage, freiné par la boue visqueuse que la pluie engendre encore. L’ultimage, unique responsable de tout ceci : j’en ais la ferme certitude. Personne en ces lieux n’est capable d’un tel prodige. Personne en ces lieux n’est capable d’un tel déchainement de passion anarchique et incontrôlé. Sa magie soumet l’environnement, comme une extension de ses états d’âme. J’ignore cependant ce qui la pousse à provoquer le déluge. Luthien est la dernière personne à lui avoir adressé la parole. Je sais ce qu’elle lui a dit et cela ne peut pas être lié. Non.
Talcalina souffre. Le rythme soutenu de la course l’épuise. Je le laisse donc, conscient du fait qu’elle n’est plus loin. La pluie a effacé toute trace de son odeur, mais demeure encore l’empreinte de ses pas. Je scrute l’horizon, une main devant le visage. La visibilité est nulle et le temps semble empirer encore. L’instant suivant, c’est une tempête de neige qui s’abat sur la plaine. Je persévère. Les minutes s’égrainent. Ma cape de laine se confond à présent avec le paysage blanchit. Rien ne se détache de la mer immaculée, rien… sauf un point. Une silhouette : elle. Accélérant encore, je fini par la rattraper.
Ma main se saisit de son bras, je la tire face à moi. Son visage : pâle comme la mort, lèvres bleues. Elle a pleuré. Interdit, je la scrute brièvement avant de l’attirer contre moi, tout en détachant ma cape, d’une main libre, afin de l’en couvrir. Son corps est frigorifié. Je l’encercle de mes bras, la réchauffe au mieux à force de frictions.
« Calmez-vous Milady. Fais-je, tout en essorant sa chevelure entre mes doigts. Et ce, quelle que soit la raison de votre peine.
Je souffle. L’atmosphère me gèle les os. Alentours n’est que la plaine. Les sonorités naturelles ponctuent un espace libre de toute trace humaine. Un temps trop long s’écoule sans témoin.
« La première fois que nous nous sommes rencontré vous avez fait jaillir des centaines d’araignées d’entre les brins d’herbe du lac de la transparence. Aujourd’hui vous couvrez les terres d’émeraude de pluie et de neige. Je me sais responsable de tout ceci et contrairement à ce que vous pensez, n’osez pas le nier, cela ne m’indiffère pas. Cependant, vous devez comprendre que ne peut rien vous apporter de plus que ce que je vous offre déjà. Je suis un homme abîmé Milady et à mon sujet, vous aviez raison. Je détruis tout ce que je touche. Gardez vous de m’approcher de trop près.
Elle devait renoncer à me connaître, renoncer à me comprendre, bâtir autour d’elle un mur afin d’ignorer cette nature, la mienne, qui semble tant la bouleverser. Trop fragile, trop douce, pour mes manières d’alfar. Je me détache d’elle, mains sur ses épaules et m’enquiers de son état d’un bref regard le long de ses traits blancs.
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Namarie = adieu
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Mar 16 Sep 2014, 18:28

Pourquoi ? Pourquoi était-il là ? Elle ne réagit pas tout de suite, allant même jusqu'à se demander s'il était réel. Sa magie lui jouait des tours parfois, créant des objets inexistants, des personnes inexistantes, du vent, seulement les représentations de sa volonté. Pourquoi serait-il venu la chercher ? Elle ne courait aucun danger. Elle avait même envoyé sa femme à sa rencontre. Sa femme. Il n'en parlait pas. Peut-être ne l'avait-il pas croisé ? Oui, cela devait être ça, il n'y avait pas d'autres explications possibles. Devait-elle l'avertir de sa venue ? Elle le regardait, un peu perdue, le laissant faire sans lui opposer la moindre résistance, prenant véritablement conscience de ce qu'elle avait provoqué. Elle avait froid, si froid. Pourquoi se découvrait-il pour elle ? Elle ne le comprenait pas. Elle préférait qu'il reste habillé car, après tout, tout ceci était de sa faute, à elle, et à elle seule. Pourquoi l'attirait-il à lui alors que tout contact l'avait toujours rebuté ? Non, il ne pouvait pas être inquiet, il faisait cela simplement pour la réchauffer, uniquement pour ne pas se retrouver sans protection. Il avait besoin d'elle. Edwina ferma les yeux un instant, laissant les mains de l'Alfar frictionner son corps glacé, posant sa tête contre son épaule. Pourquoi était-il là ? Comment avait-il fait pour la retrouver ? Et, surtout, pourquoi avait-il décidé de revenir ? Comment avait-il su ? Elle avait froid et se perdait dans des questions qui n'en finissaient pas. Elle devait simplement retenir que ses actes étaient intéressés, uniquement intéressés. Le reste n'avait pas d'importance, quoi qu'il puisse dire, quoi qu'il puisse faire, elle devait à jamais se le rappeler. Il se recula après des paroles qu'elle ne souhaitait pas entendre, qu'elle refusait de croire. Pourtant, quand ses yeux se levèrent vers le sien, elle fut perdue. Elle resta un moment là, à claquer des dents presque silencieusement. La neige s'était arrêtée, du moins, au dessus d'eux, la zone semblant s'étendre petit à petit, l'air se réchauffant à partir du minuscule point qu'ils représentaient sur les Terres d’Emeraude. Elle l'observait, la seule question persistant dans son esprit étant toujours ce « Pourquoi ? » qui en devenait presque obsédant. Lentement, elle avança l'une de ses mains vers son visage, la déplaçant jusqu'à l'oreille de l'homme qu'elle frôla du bout d'un seul doigt, de la pointe jusqu'au lobe, doucement. Elle ne disait toujours rien, perdue dans sa contemplation, les yeux légèrement plissés. Elle semblait concentrée, se rappelant sans cesse que cet homme était odieux, grossier, qu'il l'assassinerait sans hésitation si cela pouvait servir ses intérêts. Il ne l'appréciait pas, elle n'avait pas besoin de nier qu'elle l'indifférait, c'était une vérité. Elle avança l'autre main, la posant sur la joue abîmée d'Adril. La cicatrice ne partirait pas, jamais. Il avait raison, il lui avait fait peur lors de leur première rencontre. Les personnes autour d'elle étaient si... lisses, parfaites, recourant à la magie pour cacher leurs défauts. Mais lui, non. Elle descendit le chemin de la balafre jusqu'à ses lèvres à la frontière desquelles elle s'arrêta. Elle resta ainsi un moment, se demandant pourquoi il portait ce bandana. Il ne lui faisait plus peur, pas physiquement.  

Elle avait envie de le lui avouer. « Je... ». Je vais me marier. Adril, je vais me marier, épouser quelqu'un que je ne connais pas. Mais à quoi bon ? Il n'avait pas à le savoir avant son peuple. Elle en ferait l'annonce demain quand elle rentrerait puisque les Archimages ne lui en laissaient pas le choix. Elle ne pouvait refuser chose faite, chose conclue. Et puis, à quoi cela pouvait-il bien lui servir, à lui, de le savoir ? Il était marié aussi, l'époux d'une femme qu'il devait chérir, embrasser, à qui il devait se confier, qu'il devait caresser. Elle se mordit la joue. Il y avait toujours cette question, celle de savoir si elle devait lui parler de sa femme, cette elfe si douce et jolie qu'elle avait croisé dans le champ où elle avait trouvé refuge. « Je suis fatiguée. ». La température était de nouveau ambiante, le ciel dégagé, simplement habité par la couverture de la nuit, éclairée faiblement par la lune. Elle se sentait étrange, ses vêtements humides lui collant à la peau, le bas de sa robe boueux, ses chaussures perdues quelque part. Lentement elle ôta ses doigts du visage de l'homme, se reculant pour qu'il ne subsiste plus aucun contact entre eux. « Nous allons dormir quelque part et nous repartirons demain pour le Lac. ». Le strict minimum, voilà ce dont elle devrait se contenter. Il le lui avait dit, il ne pouvait lui offrir plus que ce qu'il lui donnait déjà : une protection, un apprentissage. Elle ne souhaitait rien de plus, ne souhaiterait rien de plus. Edwina ne le regardait plus, comme si son objectif était de faire de lui une silhouette comme une autre, se mouvant à ses côtés. Elle prenait sur elle, faisant quelques pas, semblant inspecter les lieux. Elle n'y connaissait rien en campement sauvage mais lui devait savoir faire. Il était hors de question qu'elle dorme dans une auberge, hors de question qu'ils rentrent cette nuit. Elle voulait la passer avec lui, juste lui. Demain, tout serait différent, tout devait déjà l'être, elle se l'était promis, mais... Elle soupira. Elle ne se comprenait pas. Aimait-elle souffrir ?

La Magicienne se retourna, le fixant. Non, elle devait se contenter de ce qu'elle avait décidé. « Je souhaite dormir à la belle étoile. Il faut faire sécher nos vêtements aussi, trouver un endroit sûr et... sec. Je pense que vous saurez faire cela mieux que moi... et... ». Elle s'arrêta un instant. « … venez reprendre votre cape... Ce n'était pas la peine de vous en séparer. Vous avez dû avoir froid. Cela n'entre pas dans vos fonctions mais je vous en remercie néanmoins. ». Elle resta immobile, n'enlevant pas le vêtement de sur son dos pour le lui tendre, se contentant de l'observer à la manière d'un chat qui ne saurait quoi faire entre passer son chemin et approcher. Demain, tout serait différent.

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