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 Attrape-moi si tu peux| Event Juin 2015 – Mission IV [Scott]

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Mer 03 Juin 2015, 23:12

Attrape-moi si tu peux
« Invasion des pourris… »

Dehors, il me semblait que la Terre se déchaînait, que le monde s’effondrait. Je pouvais entendre l’agitation de l’extérieur, la milice Orisha s’activer comme elle l’avait rarement fait durant ces derniers mois. Du plus loin que je me souvenais, la dernière fois que j’avais pu être témoin d’une telle activité militaire, c’était à l’époque des Ridères. Sombre période de notre Histoire, qui venait s’additionner au reste des malheurs qui avaient frappé sur les Terres du Yin et du Yang. Pourtant, malgré la mort qui planait, les nombreux dangers qui se mettraient en travers de leur route, des hommes et des femmes de tout âge, de toute race confondue, s’unissaient pour s’opposer aux divers dangers. Les rumeurs voyageaient bien plus rapidement en ce temps de crise. Des tremblements de terre qui troublaient la tranquillité des petits villages aux abords des grandes cités aux cohortes d’étranges bestioles attaquant le peuple céleste, les malheurs qui s’abattaient aujourd’hui sur nos continents n’étaient pas à prendre à la légère.
Mais je m’en fichais.

Non, peut-être pas. Ces paroles étaient dures, mesquines, sans toutefois perdre de leur véracité. Je m’en faisais pour le monde qui combattait à l’extérieur. J’aimerais vraiment leur donner un coup de main, leur prêter ma force dans leur guerre contre ces bêtes monstrueuses ou pour les aider à sauver le peuple enseveli sous les gravats de leur toit. Mais les circonstances m’empêchaient d’accomplir quoi que ce soit. Je me sentais obligé de rester à ses côtés, de veiller sur lui, et cela, même si le monde au dehors s’effondrait sur ses fondations. Père était au plus mal et je ne savais pas quoi faire. Friedrick n’était pas en ville depuis quelques jours et Asche était parti, hier, s’occuper de ses affaires – évidemment. Mais vu les circonstances, j’étais certain qu’il était, à ce moment même, en train d’aider le peuple du mieux qu’il le pouvait. Je ne pouvais pas les contacter. Ils faisaient certainement de leur mieux contre la crise qui nous touchait. Et moi, terré comme un lièvre dans sa tanière, je n’osais pas bouger de ma place et devoir quitter des yeux mon père malade.

« Ne… Ne reste pas ici… Va les aider… »

Je secouais de la tête. Sa vie m’importait plus que le monde entier. Je ne pouvais pas faire ça. Je lui pris la main, plantant mon regard dans ses yeux, lui serrant bien fort chacun de ses doigts.

« Je reste, Père. Que tu le veuilles ou non. Je veillerais sur toi. »

Je savais qu’il n’était pas d’accord, que mes actions le frustraient plus qu’autre chose, mais c’était MA décision et il n’avait pas à y mettre son grain de sel.

Tout à coup, des cris à l’extérieur retentirent avec plus d’intensité et nous pouvions facilement entendre le pas des soldats frapper avec empressement les dalles de la route. Une nervosité nouvelle venait d’agiter la ville et, inquiet de ce qui s’y passait, je jetais un regard par la fenêtre de la chambre de Père. Tout ce que je voyais, c’était des hommes s’activer énergiquement dans la ville, s’armant de leur meilleure épée, de leur meilleur bouclier, tout en passant sur leurs épaules leur meilleure tenue de guerre.

« Qu’est-ce… Kof! Kof! Kof… Qu’est-ce qui se… se passe?

- Rien Père. Rien. »

Mais ce n’était pas rien. L’atmosphère qui se dégageait n’était plus pareil. Je ne saurais le dire exactement, mais l’expression des hommes avaient changé et, soudainement, je les aperçus attaquer. Quoi précisément? Je n’étais plus en mesure de les voir, caché dans un angle où mes yeux ne pouvaient les scruter. Qu’est-ce qui se passait? Je me levais lentement, relâchant la main de Père par la même occasion. Une femme en pleurs venait de passer en courant derrière la fenêtre. Elle criait et ses hurlements traversaient la structure en bois dans laquelle nous nous réfugions, Père et moi. Bien vite, elle disparut elle aussi. Mais un homme, au regard méprisable, lui courrait après, riant à gorge déployée et souriant de ses dents jaunies. Le sang se mit à bouillir dans mon corps et mes poings se contractèrent brusquement. Qui osait s’attaquer à notre ville? Des bandits? Ils profitaient de la zizanie dans la ville et ses abords ainsi que de la faible présence des soldats dans la Cité pour accomplir leurs sombres desseins?

« Père, je reviens. Ne fais rien d’inconsidéré, s’il-te-plait. »

Il me gratifia d’un sourire moqueur, et je filais à toute vitesse dans la maison pour attraper ma besace magique, qui contenait tout mon attirail de combat et bien plus encore, avant de me diriger vers la porte de mon entrée. J’allais tourner la poignée quand le battant s’ouvrit violemment, laissant passer un homme que je ne connaissais pas, qui respirait le voyou à plein nez, traverser le seuil de notre porte. Le mouvement, dangereux et soudain, me fit reculer d’un pas incohérent.

« Sortez, jeune homme!»

Mais qu’est-ce que…!

« Sortez! », dit-il avec plus d’impatience encore, dégainant sans avertissement l’arme qui reposait dans son fourreau.

La surprise passée, ce fut la colère qui l’enjamba, plus virulente que jamais. Qu’est-ce que c’était que cette histoire? Comme si j’allais le laisser imposer sa loi dans MA maison! Qui était-il de toute façon? Bah, peu importe après tout!

« Tu blagues, j’espère! C’est toi qui va foutre le camp de chez moi! »

Sans attendre, je pliais mes genoux pour lui foncer dessus. Un sourire s’était profilé sur les lèvres de l’importun. Sans arme, sans rien d’autre que son corps pour lui faire rempart, il était déjà certain de sa victoire. Mais il ne saisissait toujours pas l’inexplicable présence du rictus mauvais qui se dessinait sur mon visage. À un mètre, mon opposant leva son épée, dans l’intention d’embrocher l’imprudent requin qui lui fonçait dessus. Mais à la dernière seconde, je songeais à mon épée à double lame, dans ma besace magique. Cette dernière apparut soudainement dans ma main. L’homme face à moi écarquilla les yeux de surprise, tournant adroitement son poignet pour frapper ma lame. Mais j’avais prévu le coup. Laissant ma lame suivre le fil argenté de son épée, je fis pivoter mon arme dans ma main pour que la seconde lame meurtrisse le corps du bandit. Ce dernier sursauta, poussant un gémissement, avant de se laisser tomber à genoux. La blessure n’était pas profonde, et encore, sa vie n’était pas en danger, mais il souffrait. Et il le sentait.

« Ne t’avise plus jamais à remettre les pieds ici, ordure. »

Je lui collais un pied à la figure, foudroyant son être pathétique qui se lamentait de sa blessure. Après quoi, je relevais les yeux. Et mon expression changea soudainement.

« Scott! »

Le jeune garçon était essoufflé. Je regardais l’homme à mes pieds. Puis mon ami.

« Qu’est-ce que c’est que ce bordel? Est-ce que tu le poursuivais? »


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Ven 05 Juin 2015, 20:56


Courir, courir, courir… Ça ne finissait plus. Mes jambes me faisaient un mal de chien, mes bras m’élançaient avec une atrocité sans pareille et toute la patience que j’avais assemblée s’évaporait comme de l’eau au milieu du Désert. Devant mes iris rouge flamboyant de colère et de frustration, quatre silhouettes courraient au loin parmi le paysage désolé, piétinant le sol sans essayer de camoufler leur traces fraîchement étampées sur le sol par de grosses paires de bottes – volées sans l’ombre d’un doute – qui semblaient prendre route vers Mégido. Je ne les voyais pas comme des âmes suicidaires, prêts à se lancer dans les profondeurs de l’Antre des Damnées, refuge de monstre de tribus aussi dangereuses que l’environnement lui-même, rôdant en quête de chair à déchiqueter. Ils étaient des prisonniers en fuite, recherchant par tous les moyens possibles et existants d’échapper à la surveillance d’Aeden et d’obtenir à nouveau leur liberté. Quoi de mieux que d’essayer de trouver refuge en choisissant la ville des Orishas? Malgré tout, je ne comptais pas les laisser filer entre mes doigts. Je les rattraperais et les ramènerais de force en Aeden, là où ils croupiraient au cœur de cellules provisoires – la prison de la cité ayant été démoli par les tremblements de terre – en réponse à leurs actes en période de panique et de confusion. Les secousses qui avaient frappé la grande ville avaient été d’une puissance remarquable, plus grande encore que leurs violents prédécesseurs. L’ensemble de l’île était en panique, personne ne comprenait les causes ou les raisons qui justifiaient l’immense colère et la rage de la terre.

Je m’étais posé plusieurs questions, j’avais tenté de construire de plausibles explications avant l’effondrement des murs de notre prison. Cependant, aujourd’hui, tandis que je courrais vers Mégido, le souffle coupé, les muscles du corps élancés et meurtris, sur les traces d’un minuscule groupe de fugitifs, c’était bien ma dernière préoccupation, un problème qui me semblait être si loin sur l’enchaînement des ennuis qui nous touchaient. Mon unique objectif, c’était de les rattraper, d’aider au mieux mon peuple qui était sous l’emprise de l’incompréhension et du désarroi. Si, pour accomplir mon but, je devais dépenser toute l’énergie de mon corps, pousser mes muscles à leurs dernier retranchement, je le ferais sans nourrir une seule hésitation. J’accélérai le pas, les poings serrées, la mâchoire crispée, faisant passer en boucle la mission qui m’avait été donné et l’entêtement qui me poussait à poursuivre ma course, sans lâcher les cibles que je m’étais attribué depuis mon départ d’Aeden, la traversée de son immense portail magique ainsi que mon engagement irréfléchi au centre d’un territoire hostile, plus dangereux encore que les criminels que je traquais sans relâche. Tout ceci, pour le bien des Elémentals. Je souris, moi-même impressionné par ma volonté patriotique, sachant que ce jour était le jour idéal pour commencer à faire mes preuves et prouver, une bonne fois pour toute, que ma valeur dépassait celle d’un enfant abandonné par le Destin mais, rejoignait indéniablement celle d’un vrai Elémental à part entière.

~~~

Une fois le pied posé dans l’enceinte de Mégido, les quatre fugitifs se séparèrent, empruntant chacun un virage différent dans les quartiers modestes. Je proférai un juron en Erek, sans cesser de courir pour autant, et poursuivis l’homme ayant bifurqué vers les commerces, frustré par la situation qui m’échappait. Cependant, je ne renoncerais pas. Perdu de vue ou non, je retrouverais ses trois compagnons, peu importait le temps qu’il me prendrait. Soudain, le criminel poussa une jeune femme derrière lui, bouscula chaque personne qu’il croisait, renversait tous les obstacles qui lui tombaient sous la main. Je trébuchai contre un tonneau qui avait roulé dans ma direction, percuta un jeune homme qu’il avait projeté vers moi, manquai de tomber sur le sol à cause du choc de la collision. Les cris de protestation de la foule ne tardèrent pas à s’élever dans un grondement collectif. La population commençait à s’agiter. Je ne percevais plus la silhouette svelte du fugitif parmi la foule. Je commençais légèrement à paniquer, à laisser une colère plus sourde m’envahir. Où est-il, bon sang? Où il est? Je remarquai brièvement son manteau de fourrure disparaître au coin d’une intersection, abandonnant la zone commerciale pour s’engager vers une section plus résidentielle. J’étais à bout de souffle et mes jambes tremblaient sous mon poids mais, malgré les souffrances, piquai une autre course – d’intensité modérée cette fois-ci – et bondis en direction de la rue secondaire, sans me soucier plus que nécessaire des gens que je bousculais, marmonnant quelques plates excuses à ceux qui me retenait par le bras, les yeux brillant d’exaspération, d’impatience et de colère.

Je finis par rejoindre les quartiers, cessant abruptement ma course pour marcher. Silence. Mon souffle saccadé et sifflant était l’unique son que j’entendais : aucun bruit de course. Je me tournai vers l’arrière mais, il n’était pas là. Je levai la tête en direction des toits – après tout, j’avais moi-même réussi à piéger des hommes du haut de ces habitations, l’idée avait pu traverser la tête du criminel – cependant, il n’y avait rien. Je serrai les dents. Est-ce que je l’avais définitivement perdu? Non, j’étais certain de l’avoir vu se précipiter par… Un hurlement résonna dans le silence du coin. Mon corps réagit au dixième de seconde près : je fonçai immédiatement comme un dégénéré vers la source du cri, songeant également à l’arc léger contenu dans ma besace magique. Une seconde plus tard, je tenais l’arme entre mes doigts et quelques minutes après, je traversais le seuil de l’unique porte large ouverte d’une maison, d’où je percevais des bruissements de lame se fracassant l’une contre l’autre. Une fois entré à l’intérieur de l’habitation, j’aperçus le fugitif crier, étendu sur le sol, la main appuyée contre sa blessure – pourtant pas mortelle – sans comprendre les causes qui justifiaient sa situation. À vrai dire, je ne tentai même pas de saisir de quelconques explications : je m’avançai vers lui, arc tendu dans sa direction. Ma respiration était encore plus irrégulière, ma vision ne cessait de se troubler. Cependant, je trouvai la force nécessaire pour sourire narquoisement devant le criminel, appuyant mon pied contre son ventre pour empêcher toute fuite.

« Je… t’ai… enfin… eu… » À mes côtés, une voix s’éleva, surprise et étonnée. « Scott! » Je me tournai brusquement. Mon esprit revenait peu à peu au cœur de la réalité : je commençais à distinguer mes alentours, à observer l’intérieur de la maison, les yeux plissés pour calmer mes maux de cœurs lié à ces impressions que le monde tournait en rond alors que je demeurais immobile. « Que…? » C’était la maison de Miles. L’Orisha était ici et il me fixait, les yeux écarquillés. J’ouvris la bouche mais aucun mot n’en sortit. J’étais confus, perdu. Mes iris voyageaient entre lui et l’homme à terre, notant l’épée à double lame du jeune homme, laissant un silence embarrassant gorgé l’air tandis que l’Orisha attendait une réponse. Mais je ne savais simplement pas quoi lui dire pour justifier tout… ça. « Hé, Miles… ça fait… longtemps! » Mon cœur tambourinait si fort contre ma cage thoracique : l’épuisement et la fatigue embrouillaient toutes mes pensées, tous mes raisonnements. « Je cours… après lui… et ses copains depuis… Aeden. » Mes mains tremblaient contre l’arc, mon corps penchait dangereusement. « Désolé de débarquer… comme ça… mais je n’ai… pas le choix de… les arrêter… coûte que coûte. L-Les tremblement de… terre… font… paniquer la population et notre… milice en… a plein… sur les bras… » C’était une version abrégée des faits, très floue et imprécise. « C’est… un prisonnier… et ses amis… aussi. T-T’aurais… pas de la… corde p-pour que je… puisse l’a-attacher? » Les événements s’enchaînaient sans doute trop vite pour lui – et moi également. Mais, en toute honnêteté, je m’en fichais un peu. Le bordel avait déjà assez bien commencé… « Hum… je suppose… que je dérange non? J-Je dois… aller… attraper l-les… autres. E-Encore… désolé… » Mais est-ce que ça m’excusait vraiment? J’avais amplement le droit de réfléchir sur la question. Mon corps bascula vers l’avant et je m’effondrai sur le prisonnier. « B-Besoin d’eau… » Ainsi que de repos. Car je ne risquais pas d’aller bien loin dans un état aussi déplorable que celui-là.

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Miles Köerta
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Miles Köerta
Dim 07 Juin 2015, 13:17

Attrape-moi si tu peux
« Invasion des pourris… »

Je ne savais pas à quoi je devais mon choc: au fait que Scott ait couru depuis Aeden pour rattraper ce pourri et ses acolytes ou qu’il ait encore la force de parler après toute cette trotte? Il se partageait entre les deux, l’un m’étant tout aussi surprenant que l’autre, tandis que je considérais rapidement la situation. D’abord, je devais m’occuper de mon ami, ensuite de l’évadé. Oui, ce dernier allait en deuxième, niveau urgence; et de toute façon, où comptait-il aller en pleurant comme le pauvre pleutre qu’il était et sous le corps, quoi que léger, mais solide, du jeune Élémental? Enfin, il ne fallait pas que je baisse ma garde pour autant. Il pouvait tout aussi bien feindre la douleur pour nous filer entre les doigts et causer encore plus de bordel qu’il en avait fait dans la ville et ses environs. Déjà que la population essayait de son mieux de survivre à la colère déchainée de la Terre, se coffrant entre les quatre murs de leur maison, priant les Aetheri de faire cesser cette peur, elle n’avait pas besoin qu’une vague de brigands, de violeurs et de tueurs vienne s’ajouter aux nombres, déjà fortement importants, des truands qui pullulaient à travers la Cité comme la peste. Pour l’instant, tout ce qu’elle désirait, c’était de taire cette angoisse lancinante qui lui meurtrissait le ventre. Plus d’une fois, elle avait connu ce genre de catastrophes, et le redressement après la chute était toujours rempli de misère et d’embûches: il était toujours plus facile de faire tomber une Cité dans l’oubli que de la rebâtir à partir des croquis de nos esprits. Enfin, je me perdais en réflexions inutiles. Si ma nation était en danger, je me devais de la protéger. L’envie, plus forte que tout, battait follement dans mes veines, comme si mon cœur, au lieu de pomper du sang, pompait de la motivation à l’état brut. Et pourtant, j’étais aussi muselé qu’un chien, aussi aveugle qu’un cheval portant des œillères, aussi hésitant qu’une balance entre la plume et la pierre.

Mais mon cerveau ne chercha pas plus longtemps, et je m’activais presque aussitôt, laissant définitivement tous mes doutes de côtés pour me consacrer aux deux hommes qui se trouvaient littéralement à mes pieds. D’abord, je courus dans la cuisine et versa dans un verre une eau limpide et claire, que je déposais par la suite sur la table pour courir de l’autre côté de la maison, à la recherche d’une attache solide pour empêcher tout mouvement à l’intrus. Dénichant une vieille corde usée, je me dépêchais de retourner dans la cuisine pour attraper le verre et me diriger vers mon ami.

« Crève pas, mec! J’viens te filer un coup de main. »

L’esprit en ébullition, je soulevais Scott pour l’éloigner du corps sale du criminel pour, ensuite, venir l’adosser à l’un des murs. Je lui tendis l’eau, remplie à ras-bord, lui prenant le poignet pour que ses doigts puissent serrer la surface de glace du verre. Voyant qu’il tremblait beaucoup trop et que son corps peinait à lui répondre convenablement, je l’aidais à avaler ses premières gorgées, jusqu’à ce qu’il soit capable, de lui-même, de satisfaire sa soif.

« Tu retrouves tes couleurs, c’est bien. Et maintenant, je m’occupe de lui… », dis-je en tournant ma tête vers la silhouette du bandit, qui tremblait encore de douleur.

Je me relevais soudainement, m’approchant de lui avant d’écraser mon pied dans son dos et de le forcer à porter ses bras vers l’arrière. Il grimaça de douleur, tournant imperceptiblement sa tête dans ma direction pour me jeter un regard noir de mépris, que je lui rendis avec une satisfaction certaine. Le fait qu’il est entré en tornade dans ma maison, revendiquant sa propriété en voulant me jeter dehors, me restait encore coincé dans le gosier. J’attachais solidement le criminel, le fouillant sommairement pour voir s’il ne possédait pas une autre arme que son épée. Couteaux, canifs et même un kit d’outils pour déverrouiller les portes: je les lui enlevais avec un sourire avant de le prendre par le bras pour le forcer à se lever. Il grimaça en plus de gémir, sa blessure déversant un autre flot de sang. Génial… Et je n’avais rien sur moi pour arrêter le saignement. Je me tournais vers Scott assis au sol, et je lui fis signe de me suivre. Je savais que je lui en demandais beaucoup, surtout dans son état, mais je ne pouvais pas faire tout cela seul.

« Nous devons trouver des soldats qui s’occuperont de son cas. »

Sans m’en rendre réellement compte, l’esprit d’entraide venait de prendre le dessus sur l’inquiétude que je ressentais à l’égard de Père. Toutefois, lorsque je sortis de chez moi en compagnie du jeune garçon et du prisonnier, après avoir fourré tout son matériel dans ma besace magique ainsi que mon épée, je pris grand soin de fermer la porte derrière moi, du mieux que je le pouvais, sachant que durant mon absence, Père restait aussi vulnérable qu’un enfant. J’espérais qu’il n’y ait pas un dérangé mental comme celui que j’avais entravé qui irait défoncer notre porte à nouveau. Même si l’inquiétude masquait mes traits, je m’éloignais rapidement de ma chaumière pour tenter de trouver une patrouille à qui confier le criminel.

Il ne nous fallut pas beaucoup de temps avant de tomber sur un duo de militaires, qui courrait dans les rues, justement prêts à défendre leur cité de la soudaine invasion des prisonniers évadés. Nous leur confions le bandit, leur précisant qu’il aurait besoin de soin pour la blessure à son torse. Puis, après leur avoir confié le matériel du prisonnier, ils partirent rapidement en direction de l’Eorishaze, nous confiant que si nous trouvions d’autres criminels, qu’il faudrait les emmener là-bas. D’un même mouvement, Scott et moi-même acquiesçons.

« Tu disais qu’ils étaient quatre, non? Essayons de trouver les trois autres », m’exclamais-je à l’intention de mon ami, remarquant qu’il soufflait encore énormément.

Mais un coup d’œil à la ville m’apprit qu’il serait encore plus aisé de trouver une aiguille dans une botte de foin que de débusquer trois criminels dans une cité aussi grande que Médigo. En plus, avec les derniers événements, l’atmosphère de la ville restait tendue. Les tremblements de terre, et maintenant l’arrivée de bandits évadés, n’amélioraient en aucun cas l’ambiance de la ville. La population paniquait et les soldats de la milice faisaient en sorte de garder un certain contrôle, demandant du soutien à tous ceux qui auraient le courage de les aider dans cette quête. Si, au départ, je n’avais pas répondu à l’appel, bien trop concentré à veiller sur l’état de Père, maintenant, je n’attendais plus que ça: aider mon peuple à se sortir de cette nouvelle crise. Faisant un signe de la tête à Scott, je le guidais vers les quartiers pauvres de la ville, lui expliquant globalement que s’il cherchait des criminels en cavale, c’était l’endroit rêvé.


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Jeu 11 Juin 2015, 01:43


Mes doigts tremblaient contre la surface du verre, mes oreilles bourdonnaient avec une force nouvelle : j’entendais à intervalles irrégulières les mots de Miles tonner contre mes tympans, incompréhensibles, et mes yeux peinaient à distinguer les contours du verre, si flous, si imprécis que j’allais jusqu’à me demander si je le tenais réellement. L’Orisha m’aida à avaler les premières gorgées du liquide tiède, coulant sur les extrémités de mes lèvres, mouillant mes vêtements peu épais. Je sentais l’eau me coller à la peau – un contact aussi désagréable que les souffrances qui me lancinaient les jambes et les bras, le rythme effréné de mon cœur qui battait à tout rompre contre mon torse.  Je ressentais une vive douleur lorsque je déglutissais. Au commencement, ce fut l’une des pires expériences que mon corps traversa – l’idée de recracher le liquide me passa par la tête à de multiples occasions sans que j’ose passer à l’acte – pris en étau entre le bien-être et la douleur, procuré par l’écoulement de l’eau contre ma gorge. Mais, au fil que les secondes s’écoulaient, que mon cœur reprenait son rythme habituel, boire n’eut jamais été un si grand soulagement. Mes yeux pouvaient désormais apercevoir le dos de Miles penché au-dessus du voleur, l’attachant à l’aide d’une vieille corde usée. Il lui retira toutes les armes, tous les outils accrochés à sa ceinture pour les ranger dans sa propre besace avec un sourire lui étirant les traits du visage. La blessure du criminel ne cessait de couler, de répandre le sang sur le parquet de la maison. Ses cris s’étaient tus mais, malgré les quelques troubles que j’éprouvais à bien le dévisager, je pouvais distinguer la grimace qui lui défigurait le faciès.

L’Orisha albinos nous guida à l’extérieur, agrippant le prisonnier par le chandail d’une main et me soutenant de l’autre.  J’avais eu un peu de temps pour récupérer une partie de l’énergie que j’avais dépensé en courant cependant, ma démarche demeurait précaire, chancelante. Je rencontrais encore des difficultés à marcher par moi-même. Ainsi, je me laissai guider par le jeune homme dans les rues de Mégido, ouvrant les yeux peu à peu à la panique qui régissait en ville. Lors de mon arrivée brusque et précipitée, je n’avais pas réellement porté attention à mes environs, à l’inquiétude et l’incertitude de ces habitants. Je poussai un léger soupir. Les tremblements de terre n’épargnaient personne sur l’ensemble du Continent. Que ce soit ici ou bien en Aeden, la population se terrait dans la peur et les craintes les plus noires et les plus sombres, guettant les nouveaux séismes qui frapperaient leurs villes, priant pour que les malheurs cessent enfin de leur tomber au visage. Des maisons s’étaient écroulées, des boutiques de marchands tenaient sur leurs fondations dans un équilibre pouvant être remis en question. La misère se voyait là où mes iris se posaient, dans toutes les directions. C’était un spectacle horrible à regarder. Ça n’avait plus rien à voir avec la Cité que je connaissais. « C’est déplorable… », murmurai-je, sans m’adresser à quelqu’un en particulier. Au détour d’une bifurcation perpendiculaire, nous croisâmes deux membres de la milice, s’activant avec ferveur pour attraper la vague de criminels qui se déversait ici. Miles leur confia l’homme blessé, sans oublier de préciser l’urgence de ses soins, avec les objets qu’il avait eu en sa possession. Pris entre les bras des soldats, le bandit proféra plusieurs jurons que tous ignorèrent, tandis que les militaires nous demandaient – au cas où nous mettrions la main sur d’autres criminels de la sorte – de les emmener directement à l’Eorishaze.

~~~

« Deux d’entre eux  sont des jumeaux – deux Elémentals de Glace – ayant un goût particulier pour le meurtre et l’assassinat. Ça me fait mal de l’admettre mais, ils sont assez doués. Cheveux blancs, yeux bleus, ils adorent laissé leur « marque » sur leur passage. Ils seront plus faciles à trouver. » Je marquai une légère pause pour reprendre mon souffle. « Pour ce qui est du dernier, c’est un Sorcier comme nous en retrouvons partout : il n’y a rien qui le distingue d’une personne ordinaire. Il n’est pas très agile dans le domaine de la course mais pour ce qui est de la tromperie… » Je serrai les dents. « Il n’y a pas meilleur. Le défi sera là, il n’y a aucun doute. » Ici, au cœur des quartiers pauvre de Mégido, les dommages laissés par le sillage des tremblements de terre  étaient plus impressionnants : c’était une totale désolation. Des pierres et de la briques jonchaient le sol, la poussière laissée par les gravats emplissait chaque bulle d’air. Je toussai légèrement, frottant mes yeux du revers de la main pour essuyer les larmes qui perlaient en-dessous de mes paupières. Les gens blessés étaient plus nombreux mais, les soldats Orishas, encore moins présents. Des cris, des pleurs et des hurlements résonnaient de toutes les directions à la fois, transformant l’ambiance de cette partie de la Cité en cacophonie chaotique. Je levai les yeux vers Miles après m’avoir arrêté près d’une femme au visage baigné de crasse et de poussière, couverte de larme qui suppliait tous ceux qui passaient devant elle de lui offrir une pièce d’or ou d’argent. Du bout du pied, je frappai une pierre qui trainait sur le chemin, dégoûté. « C’est carrément le bordel ici. » J’aperçus un homme s’enfuir dans une ruelle avec un immense sac sur le dos, poursuivit par deux soldats au visage rougi par les efforts qu’ils déployaient. Je lâchai un soupir. « Mais je ne peux pas dire que c’est mieux en Aeden. » Le membre de la milice Orisha bondit sur le voleur en cavale, le clouant avec brusquerie contre les pavés de la rue. « Allons-y. »

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« Invasion des pourris… »

Juste aux souvenirs de ma petite expédition à Sceptelinôst, en compagnie d’Asche, j’aurais pu, sans difficulté aucune, m’imaginer l’état dans lequel se trouvait ma ville désormais. Au cœur de la grande Cité qui ne dort jamais, les gens dans les rues affichaient un air misérable qui en disait long sur les souffrances et les malheurs qu’ils vivaient; plus rien à voir avec l’expression de fête, d’amusement et de plaisir certains. L’état physique des chemins dallés, envahis par les citoyens démunis, la boue, la saleté, l’odeur immonde d’une population aux limites du désespoir, piquait les yeux autant par l’environnement désastreux que par l’odeur qui s’y dégageait: mélange de poussière, de sueurs mêlées à la crasse qui s’encrassait dans les lignes creuses de leur visage. Pourtant, lorsque j’avais posé mes yeux sur cette misère à Sceptelinôst, à en crever le cœur, la désolation qui y régnait faisait naître en moi une pitié sans nom, certes, mais voir cette même hécatombe immigrer dans ma ville, dans ma cité, mon chez-moi, accentuait mon mal, qui en devenait pratiquement un haut-le-cœur. Voir tous ces citoyens forcés de vivre dans les rues, faute de posséder un logement adéquat ou de ne plus en posséder du tout, après les tremblements de terre puissants qui avaient sévi sur le continent. Si, par miracle, en raison des fortifications tout de même stables, quelques édifices tenaient, précaires, debout, la plupart des maisons s’étaient effondrés. Gravats et pierre, entassés en monticule, des fois des corps, des fois des membres. J’avais envie de vomir. À l’intérieur du quartier, les soldats qui s’afféraient à la tâche semblaient être débordés. Entre les pauvres gens qui pleuraient leur misère, les voyous qui choisissaient bien leur heure pour s’adonner à leurs sombres desseins, ils en avaient plein les bras. D’ailleurs, juste devant nos yeux, un jeune homme, à peine plus âgé que nous, venait de se faire maîtriser par un duo de fantassins qui le clouèrent au sol. C’était la zizanie. Des pleurs, des cris, des vols, des poursuites, des silences comme des prières: nous entendions de tout.
Comme l’avait si bien dit Scott: c’était carrément le bordel.

« Si tes informations s’avèrent exactes, alors nous devrions sûrement trouver le Sorcier quelque part dans les environs. Il a couru, tout comme toi, depuis Aeden et vu ses capacités physiques… Je pense qu’il s’est trouvé un petit coin tranquille pour reprendre des forces. »

J’émettais une simple hypothèse, mais je me fiais à mon instinct. Le Sorcier, peut-être comparativement aux jumeaux élémentals, ne s’était sûrement pas rendu trop loin. Peut-être était-il parvenu à enjôler une petite famille pour qu’elle puisse l’héberger? Peut-être s’était-il caché dans une maison abandonnée – et ô combien savait qu’il en y avait depuis le début des catastrophes, les gens, malgré leur attachement à la ville, préféraient partir pour éviter une quelconque menace de plus. Mais pour l’instant, c’était peut-être la meilleure piste que nous avions, alors, d’un hochement de la tête, Scott acquiesça et nous nous mîmes en route, à la recherche des trois fameux criminels d’Aeden.

••••••••••••••••

Tout ne se passa pas comme prévu.
Il y avait trop de chamboulements dans la ville. C’était le chaos absolu. Durant nos recherches, un nouveau séisme fit gronder la terre, effrayant une grande majorité de la population de Médigo, qui se mit à s’agiter follement aux premières secousses. La panique gagna rapidement les citoyens, qui se mirent à aller de tout bord et de tout côté, la milice augmentant leur force pour calmer les foules aveuglées par l’angoisse. Entre temps, plusieurs criminels croisaient notre chemin: un premier avait littéralement jeté une vieille dame dans la rue, cette dernière se faisant piétiné par les citoyens incontrôlables. Aussitôt, nous bondisses à la rescousse de l’aînée, la relevant doucement tout en pénétrant dans sa maison, qui se faisait dévalisée par le criminel. On entendait la vaisselle se briser, des jurons qui nous démontraient bien l’impatience et la frustration du bandit vis-à-vis de la situation. Nous nous sommes occupés de son cas, à cet agresseur de vieilles femmes, et nous sommes parvenus à l’assommer bien comme il le fallait, malgré la blessure que j’eue à l’épaule ainsi que l’énorme coup de poing qui me brisa le nez. Toutefois, j’étais toujours en mesure de continuer les recherches aux côtés de l’Élémental.

« Est-ce que c’est la même chose qui se passe à Aeden? », demandais-je au jeune garçon aux cheveux d’ébène à un moment, alors que nous reprenions notre souffle après avoir coursé deux abominations qui s’en prenaient à une jeune fille d’à peine douze ans.

Ceux-là, j’aurais bien failli les tuer. Un en particulier, qui avait opté pour la provocation plutôt que de faire face silencieusement aux deux jeunes hommes que nous étions, avait goûté comme il le fallait. J'avais beau avoir un mal de chien à l'épaule, le nez douloureux, je n'avais pas retenu mes coups, de telle sorte qu'après l'affrontement, un mal encore plus intense traversa l'intégralité de mes membres. J'avais grimacé, mais j'étais content. Si Scott ne m'aurait pas empêché de lui coller une autre vague de coups de poings, à cet espèce de pédophile dégueulasse, je crois que je n'aurais pas hésité à le buter. Je pris une grande respiration, observant les alentours, l’air grave. C’était la première fois que je voyais Médigo dans une telle effervescence - de terreur. Les scélérats se permettaient de tout, la milice ne pouvait pas s’occuper de l’ensemble de la ville, au nombre qu’ils étaient: la cause semblait désespérée. Et pour rajouter encore plus de fantaisie à la chose, il fallait, en plus, que des criminels, originaires des quatre coins du continent, aient décidé de faire un tour à Médigo pour foutre le bordel comme j’en avais rarement vu. J’avais envie qu’ils crèvent. Tous autant qu’ils pouvaient être.

« Ça m’enrage de voir tous ces criminels mettre sens dessus dessous notre ville. Bordel! »

Comment pouvions-nous nous défaire de tous ces brigands, tueurs, voleurs, qui avaient décidé de camper dans Médigo?! Cité de la Liberté, oui, mais il ne fallait pas abuser non plus! La liberté des uns s’arrêtait là où la liberté des autres commençait, et leur liberté à eux avait largement dépassé nos limites, vous pouvez le croire. Et ils allaient rapidement le comprendre si je les prenais au collet. Il y avait eu suffisamment de morts, de dégâts, de perte, de foutoir…

« Ils vont morfler, ces chacals… »

Un grand cri nous fit alors sursauter et aussitôt, nous redressâmes la tête d’un même mouvement, tournant notre regard vers la direction où nous avions perçu le soudain tapage.

« Encore... »

Je me mis à courir à travers la rue, suivi de Scott et accompagné de trois soldats qui avaient été, eux aussi, attiré par le hurlement. Plus on se rapprochait, plus les cris s’intensifiaient, gonflaient pour devenir une véritable cacophonie. Nous empruntâmes un tournant pour tomber nez à nez avec une scène des plus macabres. Du sang partout, et des corps, mutilés à plusieurs endroits, jetés par terre comme de vulgaires déchets. Je faillis vomir en voyant cela, mais finalement, mon mal se remplaça rapidement en colère sourde et froide, à la vue des deux silhouettes aux larges épaules qui se tenaient au-dessus des corps. L’une d’entre elles, d’ailleurs, détenait à l’intérieur de sa grosse poigne, la chevelure cuivrée d’une femme qui criait pitié et grâce en pleurant et en s’agitant dans tous les sens. Lorsqu’ils nous aperçurent, les cris désespérés de la femme redoublèrent d’intensité et les deux assassins, comme un seul homme, tournèrent leurs yeux de glace dans notre direction. Des yeux bleus. Des cheveux immaculés, en parfait contraste à la souillure qui maculait leurs vêtements, et puis leurs jambes, et puis leur torse… Alors que les trois soldats orishas se mettaient en position pour attaquer les deux criminels, je glissais à l’oreille de mon ami ces quelques mots:

« Et de deux: voici tes jumeaux. »


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Dim 14 Juin 2015, 18:08


« Est-ce que c’est la même chose qui se passe à Aeden? » Je n’avais pas pris la peine de regarder nos alentours avant de lui répondre : le chaos et la dépression du peuple étaient semblables, tel un tableau que l’on avait calqué sur chacun de ces paysages. Deux villes  magnifiques aux architectures à la fois uniques et merveilleuses, avaient été perturbées par ces secousses qui les avaient détruites, anéanties comme des vulgaires châteaux de cartes. Désormais, à tous les pas que nous faisions pour progresser dans les profondeurs de Mégido, c’était les débris que nous voyions, la misère que nous côtoyions. Plusieurs bâtiments s’étaient effondrés sur ceux qui trônaient à leurs côtés ou ils étaient tombés contre les pavés des rues. Des bras, des jambes, parfois juste des têtes ressortaient du bordel. Des mares de sang avaient giclé sur les pierres, sur la poussière. Les nuages créés par la poudre de ces débris se coloraient d’un discret rouge pâle, presque rose. Une odeur immonde flottait, plus forte que celle métallique du sang, insoutenable. La crasse recouvrait la population comme une seconde peau. Leurs regards cernés, ayant perdu toute brillance, étaient aussi gros que des assiettes, voyageant vers le ciel pour murmurer quelques prières aux Aetheri ou vers le sol, par crainte de sentir une nouvelle secousse bouger sous leurs pieds. Les cris tonnaient, les hurlements fusaient à chaque recoin de la cité, à chaque endroit où nous posions le pied. Les criminels affluaient entre les maisons écroulées et les gens qui respiraient le désespoir, affaiblis par la crise, par les maux qui continuaient de s’abattre contre eux. Vols, assassinats, viols… Tous ces actes qui s’étaient toujours déroulés dans le noir, cachés des yeux de la plèbe, se reproduisaient désormais à la vue de tous, choquaient sans qu’il n’y ait une quelconque manifestation du dégoût qui tenaillait la majorité.

Cependant, qui avait envie de se battre contre les injustices alors qu’ils peinaient à se lever sur leurs jambes, ne songeant qu’à survivre dans le chaos? Les soldats arrêtaient seulement une partie de ces scélérats, débordés par la succession accélérée des malheurs qui leur glissait inlassablement entre les doigts. Le monde bougeait plus vite que leurs pas de course leur permettaient. La ville de la Liberté encaissait difficilement les coups portés par la soudaine hausse de criminalité dans ses rues, croulait sous le poids de leurs méfaits. « Ouais, pareil. », finis-je par lancer en écartant une mèche rebelle. « Je ne saurai même pas te dire laquelle de ces villes est tombée  le plus bas. » L’ensemble du Contient Dévasté subissait ces chocs et ces dommages. « Mais quand c’est le bordel partout où on va, ça fait pas vraiment de différence. » À combien de reprises étions-nous tombés sur ces cons, avions régler leur cas à l’aide nos poings et de la magie sans essayer de comprendre? Mais, d’un autre sens, y avait-il réellement quelque chose à comprendre? Non. Absolument rien. Nous leurs foncions dessus sans réfléchir, laissant provisoirement de côté les trois fugitifs d’Aeden que je poursuivais. « On se sent l’âme d’un justicier? », murmurai-je calmement. « Essaie de ne pas trop perdre la tête avec ça. » Je n’étais pas indifférent aux problèmes qui grugeaient Mégido. Ce n’était qu’un simple conseil lié à mes propres expériences – d’une certaine façon – que je vivais encore aujourd’hui. Simplement, je me gardai de lui avouer ceci en pleine figure.

« Le dernier coup que tu t’es pris t’a quand même coûté ton  nez. Fais juste gaffe à ne pas crever la prochaine fois. » Je serrai mon poing jusqu’à faire blanchir mes jointures. « Même si je comprends ce que tu ressens… », terminai-je dans un murmure. L’état d’Aeden, la destruction de sa prison… Tous ces événements m’enrageaient. Parfois, je me questionnais sur le choix que j’avais fait, si c’était une bonne idée de leur avoir couru sur les talons, si je n’avais pas mieux fait de rester sur l’île et régler les cas là-bas. Cependant, en ayant eu une vue toute particulière de la situation générale, de la misère qui collait à la peau de tous, de ces connards qui ravageaient Mégido en croyant posséder tous les droits, mes penses avaient eu tendances à changer, évoluer par le désir de sauver un ensemble plutôt qu’un groupe. Un hurlement suraigu tonna dans une ruelle plus éloignée. « Ça ne finira jamais… »  Avant que nous nous élancions en direction de sa source, talonnés par trois membres de la milice. Nous bifurquâmes à gauche, puis à droite, guidés par les cris d’un être en panique qui ne faisaient que se rapprocher, prendre en intensité. Nous tombâmes en plein cœur d’une scène macabre, où deux hommes se dressaient au-dessus d’une pile de corps, l’un agrippant avec force la chevelure d’une jeune femme et l’autre détroussant un cadavre pour s’approprier ces biens.

Les trois Orishas de la milice se positionnèrent autour du duo, armes aux poings. Miles n’aurait pas eu besoin de se fatiguer à me murmurer l’identité de ces assassins sans scrupule, lorsqu’ils s’étaient retournés, pour que je puisse les reconnaître. Car je les avais identifiés au premier coup d’œil. Comment aurais-je pu oublier le visage de ces deux hommes que j’avais poursuivis, qui avaient manqué de me tuer à plusieurs reprises à l’aide de leur magie élémentaire de glace? En guise de toute réponse, je chuchotai : « Je sais. » Avant que mon corps s’enflamme, sans hésitation. Les jumeaux se regardèrent quelques secondes, faisant des messes basses en Erek, déformant leur visage avec des sourires macabres, sadiques. Leurs épées imbibées de sang se dégainèrent et, esquissant un habile moulinet avec son poignet, celui qui gardait l’emprise sur la femme avança sa lame vers sa gorge tandis que son frère se lança aveuglément sur l’un des Orishas. Le premier frère fut arrêté in extremis par de lourdes chaînes qui se lièrent autour de son bras, l’immobilisant en milieu de son geste. « Seth! », lança-t-il en toute simplicité. Son frère n’eut pas besoin de se le faire dire deux fois : il bifurqua agilement vers la gauche, la lame de son épée pointée sur le cœur du soldat qui emprisonnait son jumeau.

Un Orisha se précipita en face de son camarade et contra rapidement le coup d’estoc de l’adversaire, le forçant à s’éloigner. L’Elémental de Glace essaya à plusieurs reprises de percer la défense du milicien, sans rencontrer le moindre succès.

« je n y arrive pas mon frere »


Le concerné lâcha un soupir, agacé.

« debrouilles toi pour trouver un moyen de les destabiliser »


Son regard se porta soudainement sur nous. Son sourire s’élargit.

« ceux la laisses ces soldats et tues ces gosses a la place »


Le second Elémental semblait un peu hésitant.

« et toi »


« je saurai m en sortir »


Ses doigts touchèrent les chaînes, laissant la glace se répandre sur ses liens. Ainsi transformé en glace, le métal ne fut plus en mesure de le retenir. D’un brusque mouvement des bras, il brisa ses entraves, bousculant sans ménagement la femme qui se trouvait encore devant lui. « Que la fête commence! », hurla-t-il sauvagement avant de sauter sur le soldat le plus près qui, surpris, se fit entailler profondément les côtes, poussant un cri de souffrance qui résonna dans la rue. Son frère, quant à lui, s’élançait déjà sur nous. Je lançai immédiatement un projectile de feu dans sa direction, l’obligeant à s’arrêter à mi-chemin et contourner les flammes qui dansaient. Je souris. Peu importait la sauvagerie ou la force de ces hommes : ils n'en demeuraient pas moins encore des Elémentals de Glace, craintifs face au feu. « Les choses sérieuses commencent. », lançai-je rapidement à Miles. « Si tu as quelque chose qui brûle, ne te gêne pas. Ils n’aiment pas la chaleur. » Je jetai une seconde boule enflammée qui frôla la manche du tueur, laissant une mince colonne de fumée s’élever de son chandail. Il recula encore, les yeux furibonds. « Il est sur la défensive, profitons-en! » C’était notre unique chance.

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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Miles Köerta
Mar 16 Juin 2015, 13:25

Attrape-moi si tu peux
« Invasion des pourris… »

Se sentir l’âme d’un justicier… C’est ce que m’avait dit Scott, un peu plus tôt, alors que la rage m’aveuglait, me faisait trembler et me contraignait à des réactions intensément violentes. Je ne désirais pas mourir, pas maintenant, l’heure était trop tôt, évidemment. Mais en même temps, je ne pouvais m’empêcher de vouloir me jeter vers le danger dans l’unique satisfaction de voir mes ennemis souffrir comme mon peuple souffrait actuellement. Ils avaient récolté ce qu’ils avaient semé. Œil pour œil, dent pour dent. Je ne pouvais tout simplement pas les laisser agir aussi impunément. Si Médigo tombait, je ne souhaitais pas me retrouver à l’autre bout du continent pour le voir de mes propres yeux ou bien encore au-delà de l’Océan: je préférais tomber avec ma ville, sûr dans mon idée d’avoir tout essayé pour la maintenir debout. Sait-on jamais. À ce qu’on disait souvent, une seule présence pouvait faire toute la différence. Alors un justicier; je ne croyais pas en être un. Je qualifierais plutôt ceci comme étant mon devoir. Mon devoir en tant qu’Orisha, de protéger ceux et celles se trouvant au sein de notre Cité. Rien de plus. Pourtant, juste en regardant l’œil vif de mon camarade, je sus que je n’avais aucune raison de me justifier pour lui expliquer mes raisons: il comprenait. Il me comprenait, même si la portée de mes actes le rendait perplexe vis-à-vis de mes méthodes. Parce que Scott le vivait également, voire peut-être avec plus d’anxiété encore que je pouvais en ressentir présentement. Il se trouvait bien loin des siens et il s’inquiétait. En apparence, cela n’y paraissait pas vraiment, et pourtant, il suffisait simplement de nous plonger dans les flammes qui dansaient dans ses yeux pour saisir, comme en plein vol, la tranquille, mais certaine, colère qui sommeillait en lui. De la même manière qu’un volcan qui recrachait sa fureur à grandes giclées de lave, il attendait son heure avant de tout faire exploser. Ce qui était bien avec l’Élémental. Contrairement à moi, qui se laissait entraîner bien plus souvent par le fil de mes émotions que par celui de la raison, Scott prenait le temps de réfléchir assidûment, faisant abstraction, dans certains cas, des différents sentiments qui étaient susceptibles de le rendre hésitant – faible. Pour tout ça, je l’admirais beaucoup. Car il semblait avoir compris une matière que je n’étais pas encore certain d’avoir tout saisi des mécanismes. Il avait mûri; et malgré mon impulsivité, j’espérais le rejoindre rapidement et cesser d’être le gamin imprudent que j’étais. J’y arriverai un jour, j’en étais convaincu, mais pour aujourd’hui, je ne voyais pas encore le début de tant accomplissement.

Il me restait un long chemin à faire. Mais pas impossible à franchir. Il me fallait tout simplement suivre le jeune Élémental et apprendre à ses côtés. Ironique, n’est-ce pas, lorsqu’on savait qu’il était mon cadet de deux ans environ. Enfin, trêve de bavardage. Nous avions un Élémental de Glace à mettre hors état de nuire. Évitant avec agilité les projectiles enflammés de Scott, il se rapprochait de nous à une vitesse ahurissante, mais il fut rapidement freiné dans son élan par une nouvelle pique de feu qui l’atteignit partiellement. Il se mit à grogner, comme une bête sauvage. La bestialité au fond de son regard était intense. Tout comme celle contenue dans les yeux de son frère jumeau, dans son dos, qui continuait son combat acharné face aux deux soldats qui se tenaient toujours debout. Prêts à protéger leur frère d’arme qui tentait de se soigner sa blessure ensanglantée avec les moyens du bord, ils repoussaient avec force les assauts de l’assaillant étranger.

« Il est sur la défensive, profitons-en! »

Je reposais mon attention sur notre adversaire, qui hésitait à poursuivre, craintif – comme l’avait si bien précisément mon partenaire – au feu de Scott. Un sourire arrogant s’esquissa contre mes lèvres, alors que je tendis le bras devant moi, paume tournée vers le visage de l’Élémental de Glace. Ce dernier, loin d’être stupide, compris rapidement ce que je tentais de faire, et sauta sur le côté en évitant la soudaine vague de chaînes et de maillons qui sortit de mes mains. Mes dents grincèrent entre elles, alors que mon poing se referma instantanément sur les chaînes du Lien.

« m*rde... »

Il reprit sa course, sa lame traînant négligemment au sol, frottant le pavé dans un son strident. Sans réfléchir, je m’élançais à mon tour, ramenant les chaînes à moi pour les tourner comme des espèces de lasso. Je les lançais vers la gauche, puis vers la droite, mais l’assassin les évitait toutes, avec un sourire fier défigurant ses traits. Il leva son arme pour me frapper avec le plat de son épée et me déséquilibrer en route, mais je parvins à éviter le choc de justesse, perdant quelques mèches au passage fulgurant et en puissance de la lame à quelques centimètres de mon visage. Je grognais et il se mit à rire, mais une boule de feu vint frapper son dos avec violence et il poussa un cri de souffrance, se laissant tomber au sol.

« Frère! »

Ça avait attiré l’attention de l’autre… Je l’entendis crier comme un sauvage, délaissant les soldats pour me sauter dessus étant donné que j’étais le plus près de sa position. Je me retournais vivement, faisant tournoyer mes chaînes au-dessus de ma tête avant de frapper mon assaillant avec toute ma force. Je parvins à le toucher aux côtes, ce qui l’obligea à se plier en deux. Ensuite, je le frappais au visage, ce qui décupla sa rage.

« Attachez-le pendant qu’il est sonné! », ordonna l’un des deux soldats, qui tendit aussitôt ses mains pour faire sortir les chaînes du Lien.

Obéissant, son compagnon et moi-même faisions de même, ligotant solidement l’assassin élémental. Ce dernier, revenu rapidement de sa surprise, voulu se défaire des entraves qui le maintenaient au sol, mais il y en avait trop pour que sa magie, à elle seule, puisse le défaire de ses chaînes.

« Seth!

- Bien. Il ne tentera plus quoi que ce soit, je présume », murmura l’Orisha de la milice, sourd aux appels de l’Élémental de Glace.

J’acquiesçais, tout en laissant tomber mon regard sur le visage de l’homme aux cheveux blancs. Étrangement, il souriait. Qu’est-ce que…

« merci mon frere… »


- Quoi?, m’exclamais-je sans comprendre, pourtant, une alarme résonnait dans ma tête.

- Derrière toi! »

Je me figeais, transpercé par un effroyable sentiment.
Le brûlé, le fameux Seth, l’abominable jumeau de l’autre enchaîné, s’était redressé lentement, oublié de notre vigilance. Nous croyions que le feu sauvage et dévorant de Scott l’avait évanoui.

Mais ce ne fut pas le cas. Et la lance, qu’il avait habilement créée grâce aux soins de sa Magie élémentaire, fonça droit sur moi, comme la Faux de la Mort. J’écarquillais les yeux et perdu, durant un instant, le souffle de ma respiration. La pointe de glace s’enfonça profondément dans ma chair, avant d’être arrêtée par l’une de mes côtes. Elle aurait poursuivi son chemin, elle l’aurait poursuivi, sans aucun doute, si un puissant rayon ne s’était pas mis à crier, à frictionner l’air, sortant de la zone où j’étais touché pour s’étendre et courir sur tout le corps de l’Élémental et l’électrocuter. Le cri que ce dernier poussa s’accorda au mien, alors que nos deux corps tombèrent au sol, que mes chaînes du Lien s’effondrèrent en poussière, que le sang de mon corps se vida sans répit...

••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••

Ce qui suivit, je ne pourrais le décrire avec soucis et détails. Je m’étais certainement évanoui, mon esprit ne pouvant supporter choc aussi brutal et violent. Mais ce que je pouvais vous dire, c’est qu’à mon réveil, je me trouvais dans un lieu étrangement familier. L’univers qui m’entourait tanguait comme le bateau sur les vagues et j’eus un léger moment de tournis, alors que mon regard tentait de se poser sur quelque chose qui serait enfin fixe, stable… Et finalement, je tombais sur un visage.
Inconnu.

« Il est réveillé », entendis-je une femme s’exclamer.

Le monde s’équilibra enfin, et je pus tourner la tête sans trop de mal pour apercevoir, à l’entrebâillement d’une porte, la silhouette de Scott. J’eus un sourire, alors que la religieuse qui m’avait veillé prenait rapidement congé. Mon ami rentra dans ma chambre – j’étais tout de même en mesure de reconnaître ma propre chambre tout de même – et je me redressais doucement, notant un instant les bandages qui entourait tout mon torse. Une grimace assombrit mon expression.

« Ça va… Mais, je vais vraiment finir par croire que tu me portes la poisse. »

Maintenant que j’y réfléchissais, toutes les fois où nous nous étions croisés, quelque chose devait me tomber sur la poire ou je devais me faire blesser: c’était une situation quasiment incontournable. Néanmoins, je décidais de prendre la situation avec humour, affichant un nouveau sourire.

« Comment ils vont, tes deux copains? J’espère qu’ils ont apprécié l’accueil chaleureux que leur réservait Médigo. »

Je me permis de lâcher un rire, avant de poser des yeux brillants de malice en direction de mon ami. Cependant, celui-ci s’éteignit doucement en constatant l’expression, sombre et nerveuse, de Scott. Je clignais des yeux, croyant voir dans le fond de ses yeux un malaise que je ne pouvais pas interpréter comme il le fallait.

« T’es inquiet parce qu’on n’a pas coincé le Sorcier? »

Il ne répondait pas; il réfléchissait.

« Bah, c’est pas plus grave. Dès que j’aurais retrouvé la forme, on ira le traquer! »

Rien. Encore. Mais qu’est-ce qui lui arrivait?

« Scott? Tu m’écoutes au moins? Qu’est-ce qu’il y a? »



1 602 mots

Traduction de l’Erek:
- « Merci, mon frère »



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Sam 20 Juin 2015, 20:26


Je m’avançai à pas de félin dans l’obscurité ambiante de la pièce, malgré la lumière qui essayait de traverser les rideaux. Je voyais son corps étendu sur le lit. Un silence avait envahi la chambre : seule sa respiration saccadée, rauque, brisait ce voile de sérénité. Je m’appuyais contre le cadre de la porte, les bras croisés sur le torse, comme en attente d’un événement, un geste que seul lui pouvait accomplir alors qu’il n’en était rien. Je le dévisageais, observais sa peau blême, aussi livide qu’un fantôme. C’était un véritable contraste face au teint basané qu’il avait abordé lorsque nous nous étions vus la dernière fois. La maladie l’avait rongé, l’avait transformé en ombre – l’ombre de lui-même, aussi méconnaissable que la Cité des Libérés. Je poussai un soupir, sans toutefois oser m’approcher. Je savais qu’il était en vie, je savais que le Kurbus ne l’avait pas encore emporté, à l’instar que sa condition pouvait le faire croire. Je ne savais pas qu’il pouvait communiquer avec moi, j’ignorais également s’il s’était aperçu de ma venue à ses côtés. Malgré tout, je concrétais que les bruits crées par la brusquerie de notre arrivée ne l’avaient pas entièrement échappé ainsi que le corps de son fils, transporté par les mains des soldats, guidé par mes soins et accompagner par la guérisseuse jusqu’à sa chambre, n’avait pas pu passer en toute discrétion. Des explications nécessitaient d’être dites pour apaiser ses inquiétudes, qu’il comprenne que l’Orisha albinos allait s’en tirer grâce à l’aide bénéfique de la religieuse.

Au commencement, lorsque ma bouche s’entrouvrit lentement, je fus incapable de faire sortir les mots. Ils restèrent coincés au fond de ma gorge. Je ne savais pas par où débuter. Je faisais carburer mon cerveau au maximum de ses capacités, sans parvenir à trouver les paroles que je cherchais. Je fermai les yeux, quelques secondes, pour calmer ma propre agitation. Et quand mes paupières s’ouvrirent, je fis face à son père, animé par une nouvelle confiance. Cet homme m’avait toujours intrigué, remit en cause les définitions d’une famille qui envahissaient mon esprit, comme des millions de parasites. Un sourire se dessina sur mes lèvres alors que j’osais enfin laisser les mots affluer au cœur du silence, aussi lourd que des chaînes de fer. « Désolé pour votre porte. », marmonnais-je en lançant un rapide regard dans le vide. « Si ça n’avait pas été de ce malade, elle serait restée intacte. Miles a su réglé le cas de ce débile alors que je lui ai couru après, à lui et ses potes, depuis Aeden sans jamais les coincer. Je n’aurais jamais cru que l’un de ces types puisse débarquer en bombe chez vous. » Je marque une courte pause. « Mais vous devez vous demander d’où provienne les blessures de votre fils, hein. » Ce n’était pas une question mais une affirmation. « Comme vous le savez, les tremblements de terre causent pas mal de problèmes, à commencer par la destruction de certaines prisons. Si j’suis ici, c’était pour rattraper quatre fugitifs, partis de ma ville pour se réfugier à Mégido. » Il eut un léger mouvement dans ses draps puis, plus rien.

« Nous en avons pogné trois : la bombe humaine qui a débarqué ici et deux jumeaux. Ça c’est un peu plus compliquer avec eux. »  J’expirai l’air que j’avais maintenu prisonnier dans mes poumons avant de continuer. « Beaucoup de choses se sont produites là-bas, quand nous les traquions dans les rues mais, la principale a été que nous nous sommes confrontés à des cinglés fou de sang. » Je serrai les poings. « Miles a été touché alors que nous nous y attendions le moins. L’un des frères que j’ai frappé avec ma magie… nous avons tous cru qu’il s’était évanoui. Il a poignardé votre fils avec une lame de glace avant de se faire lui-même électrocuté par Miles. » Je souris. « Le boucan que nous avons créé avec une patrouille Orisha pour s’occuper de ces deux-là en a attiré une autre, heureusement accompagnée par une guérisseuse. Ils ont aidés les soldats à emmener les captifs jusqu’à l’Eorishaze alors que deux d’entre eux, avec la religieuse médecin, m’ont aidé à porter Miles ici. » Je levai les yeux. « C’est assez surprenant que votre maison tienne encore. » Je lâchai un rire nerveux. « Cependant, je ne suis pas celui qui se plaindra le premier. » Je cessai soudain de parler, angoissé par quelque… chose. Les expirations bruyantes de Draüg avaient arrêté de résonner dans la pièce. Mes doigts se croisèrent, symbole d’un grand stress, d’une peur torride. Depuis combien de temps ces sons s’étaient-ils stoppés? « Hé, vous allez bien? » Aucune réponse. Je me précipitai à son chevet. Ses yeux étaient révulsés, exorbités. Je commençais à paniquer. « Clignez des yeux si vous m’entendez! » Rien.

Je n’hésitai pas deux secondes : je me lançai dans la chambre de l’Orisha albinos, ralentissant mes pas à l’entrée. Miles était toujours endormi. La jeune femme se tourna vers moi. « Pourquoi tant d’agitation jeune homme? Votre ami a besoin de…» - « Venez avec moi. » Elle haussa les sourcils. « Pardon? » - « Tout de suite. » Je l’entraînai par le bras, sans jamais prendre la peine de répondre à ses incessantes questions. Je la lançai quasiment dans les bras du père du blessé. Alertés par les cris d’indignation de la religieuse, les deux soldats, restés dans la salle principale pour remplir un rapport détaillé des événements, débarquèrent en trombe. « Que se passe-t-il? » Je les ignorai totalement. « Cet homme… Je crois qu’il est… est… » La femme comprit le message. Son index et son majeur se déposèrent contre le cou de l’Orisha. Sa tête se pencha pour écouter les battements de son cœur pour s’assurer davantage de sa condition. Elle demeura dans cette position pendant plusieurs minutes, les yeux plissés. « Il n’est pas encore décédé. », dit-elle doucement. « Mais ça ne saurait tarder. » - « Peut-on encore le sauver? », s’enquit un Orisha avec nervosité. « Tout dépend de sa maladie. » Un coup d’œil me fut rapidement adressé. « Vous savez quel est le mal qui l’envahit? » - « … Oui. » J’inspirai profondément. « C’est le… » - « Par la grâce d’Antarès, il ne respire plus! » Nous sursautâmes d’un même mouvement au cri de la femme médecin. Celle-ci commença d’ailleurs une technique de réanimation, travaillant avec courage, qui s’étendit sur une longue période d’une trentaine de minutes approximativement, plongée dans un silence  des plus angoissants, des plus lourds, entrecoupé par ses halètements. Elle s’épuisait au fil des minutes qui s’écoulaient.

Je ne savais plus quoi faire. J’aurais souhaité pouvoir accomplir quelque chose pour l’aider au mieux mais, je restais bloquer par ma propre impuissance, à la regarder se battre pour l’extirper des mains de la faucheuse, au nez et à la barbe de ma frustration, de mon angoisse. Elle finit par s’arrêter, contemplant avec tristesse et regrets le corps inerte de Draüg. « Pourquoi vous arrêtez-vous?! », hurlais-je à plein poumons. « Il est… » - « C’est terminé. » Mon corps s’enflamma sans que je puisse me contrôler. « Mais son fils ne s’est pas… » Ma voix se brisa comme du verre. La colère m’envahissait, me faisait perdre tout sens. La femme baissa les yeux. « Je suis désolée. » J’expirai l’air de mes poumons, essayais de calmer ma fureur. Les flammes perdirent leur intensité alors que la fatalité me percutait dans la figure. La religieuse ferma les paupières de Draüg et commença à marmonner quelques paroles en Arshalà, les yeux clos, les mains croisées entre elles – une prière. Les deux soldats se joignirent au mouvement, par respect. Je n’étais pas capable de le faire, d’accepter son décès. La voix de la femme résonna dans la pièce après la minute de silence qui s’était installée. « Tout à l’heure, vous étiez sur le point de me dire quelle fut sa maladie. » - « C’est le… » Je rectifiai mon tir. « … C’était le Kurbus. » Le mot fit frissonner les Orishas. « Je suis profondément désolée. Cet homme n’avait aucune chance de… » - « Je sais et pourtant, son fils l’a toujours renié. » Un silence, gorgé de malaise, s’incrusta. « Pauvre jeune homme. », chuchota la femme médecin. « Qui lui annoncera la nouvelle? », renchérit un soldat. Trois paires d’yeux pivotèrent vers moi. « Je le ferai. », dis-je à voix basse. « Je suis le mieux placé pour le faire. » Personne ne tenta de me contredire.

~~~

« Il est réveillé. » La voix de la femme fusa, tel un signal d’alarme aux minutes que je redoutais. Je cessai de faire les cent pas, m’arrêtant à l’extérieur, près de la porte qui menait à sa chambre. Le corps de l’Orisha se redressait. La jeune religieuse quitta la pièce à toute vitesse, sans oublier de me lancer un regard emplit de sous-entendus. Je m’appuyais contre le mur, sourd au flux de paroles qui s’échappait de sa bouche. J’inspirai, doucement, cherchant les mots appropriés pour lui annoncer. « Miles. », le coupais-je avec brusquerie. « Ton père… » Les mots refusaient de sortir. Je m’étouffais, je ne respirais plus. J’invoquai des flammes dans le creux de mes mains – sans doute inconsciemment – comme pour m’offrir le courage qui me manquait cruellement. Je les laissais s’exprimer à ma place, faire ce que j’étais incapable d’accomplir. Mes iris rouge, animés par un feu étrange, se plantèrent dans les siens. « Ton père est mort Miles. Le Kurbus l’a emporté… quand tu étais endormi. »

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