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 Terres étrangères à l’horizon| Event Août 2015 – Mission V [Scott]

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 1157
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Miles Köerta
Mer 12 Aoû 2015, 14:06

Terres étrangères à l’horizon
« Survivre ou périr… »

Pourtant, les désastres ne s’en finissaient plus.
Non loin, les hurlements de toute sorte – autant des suppliciés, des bourreaux et des vaisseaux – se percevaient jusqu’au pont de notre propre navire. Terrifiants, à l’augure de l’hécatombe auquel nous avions assisté et qui ne cessera de grandir dans les heures à suivre, ils nous rappelaient que les dangers, loin de s’être estompés, continuaient de mettre à rude épreuve toutes les forces qui nous restaient. Les hommes tombaient comme des mouches dans la gueule de ces monstres affamés, plusieurs se noyaient sous les assauts violents de ces étranges Sirènes aux iris dorés. Dans de telles circonstances, nous n’aurions pas dû réagir comme nous l’avions fait, et pourtant, sans que l’on ne puisse contrôler quoi que ce soit, des sourires étaient parvenus à apparaître sur nos visages fatigués, baignés dans l’eau que le ciel pleurait chaudement. Car malgré l’angoisse, la peur lancinante qui taraudait chaque esprit, qui rendait faible chaque corps, nous venions d’apercevoir une lueur d’espoir à l’horizon qui franchissait, de seconde en seconde, la ligne formée par les eaux troubles et les cieux de tempête.

« Enfin… » Chuchota un marin à nos côtés, son regard rivé sur la côte des Terres que nous pouvions voir à travers le déchaînement de l’Océan.

Le Continent Mystérieux. À la vue de ces Terres sécuritaires sur lesquelles nous pourrions enfin souffler, la plupart se permirent de verser des larmes de soulagement, bien contents de sortir de ce cauchemar infernal qui n’avait eu de cesse de nous suivre depuis les côtes du Continent Dévasté. Ma réaction, suite à celle de mes compagnons, ne fut pas bien différente de la leur, mes épaules se redressant soudainement, comme retirées du poids qui m’avait écrasé tout le long de ce périlleux et dangereux voyage. Nous y étions arrivés. Finalement, nous retrouverions la terre. Sains et saufs. Tous pensèrent à la même chose, relâchant leur vigilance pour contempler ce qui se profilait devant leurs yeux comme un appel à l’espoir qui ne les avait pas abandonnés.

Mais, sous le vaisseau, sans même que le capitaine lui-même ne perçoive le changement inquiétant qui s’opérait, un glissement sournois caressait le point le plus bas de la coque. Créant de légères vagues, le corps étranger amenait le navire à dériver lentement, mais sûrement, de son point d’arrivée. Une extension d’un être ou l’être vivant lui-même – rien ne pourrait le décrire clairement – mais une chose était sûre: quoi que cela fusse être, c’était énorme.

Énorme et dangereux.

C’est aux premières secousses que le soulagement qui perlait l’éclat violacé du capitaine disparut brusquement. Ces mains se refermèrent avec plus de force sur le gouvernail du navire, la nervosité reprenant d’assaut chaque cellule de son corps. Que se passait-il? Il essaya de garder le cap vers le Continent Mystérieux, tournant le gouvernail de manière à faire face aux Terres qui grandissaient à vue d’œil devant nous, ce qu’il parvint à faire sans trop de difficulté. Mais malgré le redressement, l’inquiétude gonfla de plus en plus au fond de lui.

Sa manœuvre n’échappa pas à son second, qui se rapprocha lentement de son capitaine pour lui murmurer ces trois mots à l’oreille:

« Tout va bien? »

Il aurait aimé hocher de la tête, affirmer que tout était sous contrôle, mais les vagues qu’il était en mesure de percevoir sur la coque de son navire l’angoissait. Sans lâcher la mer des yeux, ses mains presque ancrées sur les barres du gouvernail, il souffla légèrement à l’attention de son second:

« J’ai comme un mauvais pressentiment… »

Ce navire qu’il conduisait depuis quinze ans aujourd’hui était littéralement devenu une extension de son corps: ce que le vaisseau vivait, le capitaine était en mesure de le ressentir au plus profond de son être. Et là, comme une alarme qui se serait mise à sonner dans sa tête, son bateau l’avertissait d’un danger éminent, qui se cachait au fond des flots, invisible – pour l’instant – à leurs yeux. Devenus aveugles à cause de leur approche vers les terres du Continent Mystérieux, ils ne prêtaient, d’ailleurs, qu’un vague intérêt à ce qui pouvait bien agiter ainsi l’édifice flottant, croyant que c’était l’Océan qui criait encore, croyant que ce n’était que le reste des vagues poussés par les combats navals et la fureur des monstres qui revenaient à eux. Cependant, après quelques secondes, les secousses, si faibles au départ, devinrent des pratiquement des tremblements de terre. Tous réalisèrent sur le moment qu’ils n’étaient pas hors de danger maintenant que les terres étaient en vue.

« Qu’est-ce que c’est que ça?

- Il se passe quoi?

- Eh! Capitaine! Qu’est-ce que c’est que ces secousses? Qu’est-ce qui approche? »

Le capitaine ne pipait mot, concentré à conserver la trajectoire qu’il s’était fixée, mais l’angoisse gagnait de plus en plus de terrain, au point que l’on pouvait voir une sueur froide descendre de son front et glisser le long de sa joue.

« Les gars, nous sommes loin d’en avoir fini avec ces saletés… »

Et comme une confirmation de ses craintes, une nouvelle secousse fit trembler le vaisseau tout entier, comme si un corps gigantesque venait de le percuter de plein fouet. À cet assaut, le navire relâcha un terrible hurlement qui fit frissonner son équipage au grand complet. Lentement, je me tournais vers Scott, lui lançant un regard où se reflétait tout l’épuisement que je pouvais ressentir en moi. Étais-je prêt à me confronter à un nouveau combat? Je n’en savais pas grand-chose, mes forces m’ayant brutalement quitté lors de l’utilisation de ma Magie – qui était loin d’égaler celle de mon ami élémental. J’étais encore en mesure de me tenir debout, de m’accrocher désespérément à la rambarde du navire sans risquer de chuter maladroitement au sol, mais à l’intérieur, une fatigue sournoise s’étendait lentement dans tous les membres de mon corps. Me tenant fermement au bastingage, je finis par jeter un œil par-dessus le navire, cherchant à fouiller les eaux tumultueuses sur lesquelles nous naviguions désormais avec prudence. Et c’est là que je l’aperçus. Enfin, je ne l’avais pas vu, lui, en tant que tel.

Je ne voyais que l’ombre de ce monstre qui revenait à la charge, droit dans notre direction.

« Bordel! IL REVIENT VERS NOUS!! »

L’œil acéré du capitaine venait de le remarquer aussi et son cri finit rapidement par couvrir le mien.

« ACCROCHEZ-VOUS!! »

L’impact qui suivit fut si terrible que je crus que le vaisseau ne s’en sortirait pas indemne et pourtant, il tint bon malgré le hurlement du bois. Le capitaine se concentra aussitôt à la barre, redressant son navire pour ne pas que ce dernier chavire suite à cette attaque physique. Précipitamment, lui et son second se mirent à crier des ordres à l’équipage, mais le monstre qui s’acharnait n’avait pas dit son dernier mot.

« Il revient à la charge, capitaine!

- m*rde… Tenez bon! »

Nous fûmes de nouveau brutaliser sauvagement. Des hurlements de peur ne tardèrent pas à fuser de la bouche des réfugiés du bateau qui tremblaient de terreur. Sur le pont, tout le monde transpirait la panique, la peur de faire face une seconde fois à la mort. Combattant du mieux qu’il pouvait les assauts ininterrompus de la monstruosité marine qui nous assaillait, le capitaine fût forcé de changer de cap, sa trajectoire se décalant soudainement au point de nous éloigner des terres tant désirées qui continuaient à nous narguer à l’horizon. Peu à peu, les gens tenus sur le pont comprirent ce qui se passait exactement…

« Le monstre nous oblige à nous éloigner des côtes… »

La suite des événements ne fut que cris et secousses terrifiantes qui menaçaient, à chaque instant, de nous faire chavirer dans l’Enfer qu’était devenu l’Océan tant chéri par les marins. Cette étendue d’eau qui fascinait d’habitude était devenu notre pire ennemi, notre pire cauchemar, tandis que le Continent Mystérieux disparaissait de l’horizon au fur et à mesure que nous nous en éloignions. Le monstre ne nous offrait aucun répit, redoublant d’ardeur, d’ailleurs, lorsque nous furent suffisamment loin du rivage pour nous attaquer. Le capitaine faisait tout en œuvre pour garder une bonne distance entre lui et nous, mais la menace, loin de rester passive, nous poursuivait avec acharnement. C’était terrifiant. L’eau jetée par la pluie et les vagues ne nous aidait en rien, offrant seulement plus de difficulté au navire dans sa fuite. L’ombre du monstre ne nous lâchait plus, filant à toute allure dans la direction que nous avions choisis de prendre, puisque tout retour vers le Continent Mystérieux nous était impossible désormais.

Puis, il finit par nous rattraper et les choses allèrent de mal en pire.
Avec les vagues et la mer qui se déchaînaient, le navire ne put résister longtemps aux attaques du monstre. Nous étions jetés d’un bord et de l’autre, le capitaine à la barre mettant toute son expertise pour nous empêcher de couler. Il hurlait, à présent, sur son équipage lorsqu’il donnait ses ordres et même la pluie, le vent, l’Océan ne pouvaient bloquer sa voix. Mais dans sa précipitation, le capitaine fit une erreur, ne prêtant pas suffisamment attention aux paysages qui se changeaient soudainement devant nous: nous nous rapprochions dangereusement de récifs. Et ce fut le choc.


Il eut des cris encore plus effrayants, il eut des morts, sans aucun doute, mais lorsque j’ouvris les yeux, nous nous trouvions sur la terre ferme, sur une plage de sable blanc. Je regardais autour de moi, voir si Scott se trouvait non loin, mais au lieu de ça, ce fut le second qui capta mon attention. Il s’était redressé, complètement détrempé – comme nous tous d’ailleurs – et observait le visage sévère du capitaine.

« Où sommes-nous, capitaine? »

L’homme aux yeux violets ne parla pas immédiatement, concentré à scruter la jungle qui s’étendait sur des kilomètres devant nous. Je me retournais lentement, douloureusement, pour voir ce qui se profilait sur ces étranges terres, car après tout, nous ne nous retrouvions pas sur le Continent Mystérieux…

Finalement, un mot sortit d’entre les lèvres pincées du capitaine.

« Tælora… »

Ce simple mot annonçait que des soucis.


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Jeu 13 Aoû 2015, 22:58

« Ta…Taelora? » - « C-C’est impossible… » - « Qu’est-ce qu’on va faire!? » Comme une traînée de poudre ou une étincelle sur le bois sec, les plaintes craintives nourries par le mot seul du capitaine commençaient à fuir les lèvres tremblantes de ceux qui avaient survis. Propageant ces sueurs glacées, effrayantes, qui coulaient sur l’échine de leur dos, la vérité éclatait telle une bombe destructrice parmi les assemblés au sein de la rive au sable doux, empoisonnant leurs veines du plus dangereux poison : la peur. Aussi clair et pur que l’eau de roche, les événements glissaient entre les ouvertures étroites de la paume de cet homme – figure de l’autorité parmi ce groupe lié par les malchances – entendant déjà les cris et soupirs de ceux qui ne pouvaient en tenir plus, brisés par une absence concrète de force mentale, implorant maints Aetheri de les baignés de leurs bonnes grâces. Lentement, j’ouvris un œil qui m’offrit des formes floues, indistinctes, comme plusieurs corps fantomatiques qui se mouvaient, tandis que je guidai, doucement, mes mains sur mon front qui, voyager par une douleur aiguë, me figeait sur place. Mes pensées s’égaraient – non, elles étaient déjà éparpillées – mes oreilles bourdonnaient jusqu’au point où ces sons me rendaient presque sourd, délaissant leur signification et mes yeux me reportaient des images sans le moindre sens qui embrouillait une tête qui me faisait si mal… Je grimaçai légèrement, plantant avec fermeté mes dents sur ma lèvre inférieure alors que je ressentais un haut-le-cœur me torde l’estomac. Mais je n’étais plus capable de vomir.

Je serrai les poings en essayant de passer par-dessus les douleurs de ces serrements au ventre et peu à peu, je redressai mon corps aux vêtements imbibés d’eau de mer. Je basculais sur mes côtés en recherchant un point où mon équilibre serait stabilisé et pourtant, ce fut en traînant mollement mes pieds sur le sable que je finis par approcher le secteur en effervescence. Ici, les hurlements dépassaient aisément le seuil de l’insupportable, faisant germer les graines d’un mal de crâne encore plus grand. « S’il vous plaît, veuillez garder votre calme… » - « À quoi bon! Nous sommes tous condamnés! » - « Vous êtes cinglé? J’veux pas crever ici moi! » - « Pareil comme l’autre gars! » Le capitaine était à son bout. Une irritation doublée par une pointe de désespoir se lisait clairement en lui. « Écoutez-moi ! Tous! » Personne ne lui accorda son attention, tous tourné au sein de leur univers qui, soudainement, commençait à s’effondrer sous la plante de leurs pieds. Qui irait écouter les quelques mots d’un homme – certes, voulant les aider – mais qui était complètement dépassé? Les plaintes faisaient à nouveau feu, plus fortes qu’à leurs précédentes secondes, créer par l’abandon de survie, forgées par toutes ces superstitions qui les convainquaient à songer que tout c’était terminé dès que le navire eut fait naufrage sur le nouveau Continent. Plus que le noir ou l’étourdissement, la colère s’immisçait parmi mon esprit maintenu en garde par cette rage et les restes du mal de mer qui m’insupportaient au cours du temps.

Je ne voulais pas crier – ça ne m’arrangerait pas tant que ça si j’y pensais – mais lorsque les hommes perdaient toute la volonté de se battre, le mieux était toujours de raviver la flamme éteinte, peu importe le moyen à prendre. Sinon, on n’en aura pas fini avant trente ans… Je le savais, c’était l’unique option, la meilleure façon de faire pour étendre ces bénéfices pour la cause qui satisferait la majorité : car, malgré le pessimisme, malgré le désespoir, c’était dans la nature des hommes de vouloir échapper à la faux de la mort et vivre, encore et encore, sans arrêt. « Au final, cette traversée n’aura été qu’une mauvaise idée… » - « Pourquoi? Pourquoi doit-on mourir ici? » Un claquement de doigt puis, un éclair fracassa le sol. Il ne toucha personne, mais le grondement qui résonna à son passage imposa le silence de tous. Déjà, plusieurs paires d’yeux se rivèrent sur son créateur : autrement dit, moi. Immédiatement, je tirai mon avantage de la surprise collective et du choc après que leurs hurlements  de peur de ces gens eurent tonnés, et haussai la voix avant de les laisser reprendre leurs esprits. « À quoi bon parler de « mort » là, tout de suite? Que je sache, on l’est pas encore. » Pour certains d’entre nous en tout cas… Le silence se poursuivit, offrant la parfaite opportunité pour le capitaine. « Rien n’est encore perdu! Le navire, il peut toujours être réparé! » De son regard acéré, ils nous toisaient sans une seule exception. Dès qu’il avait fait, dès qu’il avait eu la possibilité d’enchaîné deux mots à la suite, il avait déjà repris toute l’attention qu’il avait perdu, témoignant de ses qualités en tant que chef qui lui avaient offert un charisme conséquent au fond de sa voix – le principal atout qu’il détenait. Parallèlement, je l’avais aidé à reprendre les rênes du contrôle en immisçant indirectement la petite pensée qui avait fait son chemin : la probabilité qu’une porte de sortie nous entrouvrait ses portes. … Au final, ça les arrangeait bien, non? « Malgré les dommages importants qu’il a subi, nous sommes plusieurs assemblés ici. J’aurai besoin de tous les bras disponibles, j’aurai besoin de la force à chacun pour faire rapidement avancer les travaux. » Il marqua une pause. « Que ceux qui le veulent, que ceux qui désirent survivre, pensez à cette proposition! Nous aurons également besoin de soutien pour aider les blessés et trouver le maximum de provisions dans les restes du navire. Réfléchissez à ça! » Il fut aussitôt accueillis par quelques murmures approbateurs qui lui redonna le sourire – un maigre sourire. Dès lors, le groupe se scinda en trois, suivant les choix qui nous avait été donné : aider à la réparation du navire, fouiller à l’intérieur pour trouver de la nourriture ou soigner les blessés du naufrage. Avec une seule interdiction : « Ne vous approchez pas de cette jungle, quelque soit la raison. », avait dit le capitaine et pourtant, n’était-ce pas les restrictions qui animaient les esprits curieux?

1 032 mots.
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Miles Köerta
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Miles Köerta
Lun 17 Aoû 2015, 17:50

Terres étrangères à l’horizon
« Survivre ou périr… »

La foudre avait jaillit si soudainement d’entre les entrelacs du ciel que la majorité des hommes présents sur la plage échappèrent des cris de terreur, en plus de ceux des femmes. Secoués par tant de désastres à la chaîne – et qui ne semblaient pas être sur le point de se terminer – savoir qu’ils se trouvaient à présent sur l’étrange continent de Tælora aurait dû réjouir ces gens, de peuples et de communautés différentes, qui s’étaient réunis pour fuir les dangers de leur région. Au contraire, cette nouvelle les effrayait plus que tout. Tælora… Depuis notre voyage, il est vrai que j’avais moi-même entendu certaines rumeurs comme quoi on aurait découvert un nouveau continent sur l’Océan. Des expéditions avaient été organisées pour connaître le fond même de ces terres. Malheureusement, puisque je ne portais véritablement pas attention à ces ragots, à présent, je n’étais pas en mesure de pouvoir dire quoi que ce soit d’autre sur cette mystérieuse apparition – ce qui était pour le moins assez frustrant, compte tenu du fait que je me trouvais sur ce continent présentement et que je n’avais aucune idée de ce qui allait m’attendre. Mais, savoir qu’un continent si singulier pouvait générer une telle émotion rien qu’à son nom, animait la curiosité en moi et je voulais en connaître un peu plus sur Tælora. Cependant, le capitaine s’adressait au groupe, tentant d’apaiser les peurs et de raviver la flamme du courage dans le cœur des gens, alors je m’abstenais de tout commentaire et de questions qui pourraient mettre à néant ses efforts. Le silence tant espéré par le capitaine était le fruit de ce fameux éclair que je décrivais plus tôt, et en quelques secondes, les regards se détachèrent peu à peu de l’instigateur de cette prouesse magique. Dans mon cas, mes yeux continuaient d’observer fixement Scott non loin de moi. Il avait si habilement envoyé la balle pour le capitaine que je dû admettre qu’il savait se faire remarquer lorsque l’envie lui prenait. Me traînant jusqu’à mon ami, j’écoutais la voix puissante du capitaine qui poursuivait son discours, avec la flamme vive de la détermination qui brillait au plus profond de ses pupilles.

« Malgré les dommages importants qu’il a subi, nous sommes plusieurs assemblés ici. J’aurai besoin de tous les bras disponibles, j’aurai besoin de la force à chacun pour faire rapidement avancer les travaux. »

Machinalement, les regards balayaient la place, comptant déjà combien de survivants étaient parvenus à se rendre jusqu’ici sains et saufs. Malheureusement, si la plupart se tenait debout, ayant eu plus de peur que de mal suite à cette expérience en mer, plusieurs étaient indisponibles pour nous donner un coup de main dans les réparations que prévoyaient le capitaine à cause de blessures. Également, quelques-uns semblaient être tétanisés par la peur, le choc psychologique étant, semble-t-il, plus important que les chocs physiques que leur corps a subis. Je déglutis en portant mon regard sur l’Élémental.

« Loin de moi l’idée de me montrer pessimiste, mais toutes ces réparations vont prendre des jours! »

Sans que je le veuille, ce commentaire parvint toutefois aux oreilles du capitaine qui se tourna vers moi.

« Avec ce qu’il y a de bois à l’orée de cette jungle, je suis sûr que nous parviendrons à remettre à flot notre navire et à réparer les dommages les plus importants en moins de quatre jours. Nous n’avons pas à réparer tout le navire, rien que le nécessaire pour nous permettre de naviguer et d’aller au Continent Mystérieux. Si nous nous n’aventurons pas plus loin dans cette jungle, nous devrions nous sortir rapidement de cette galère. »

Cette idée plut énormément à la majorité des hommes, qui s’affairaient déjà à créer des groupes pour les prochains jours que nous allions passer. Je consultais mon ami du regard. N’ayant aucune affinité avec la médecine et la magie de soin, je décidais de prêter ma force et mon agilité aux hommes qui s’étaient portés garant de la réparation du navire. Plus nous avions de mains, plus nous avancerions vite. Et c’est ainsi que commença notre séjour à Tælora.

Cernés par la mer qui se faisait calme – pour l’heure – et cette jungle épaisse, laquelle qui nous était formellement interdite d’entrée depuis notre arrivée sur le continent, nous n’avions qu’une zone minuscule pour nos opérations. Outre les grands arbres qui nous servaient de bois pour les planches du navire, la mousse que nous devions fouler pour nous y approcher et le sable blanc sur lequel nous nous étions échoués, le continent de Tælora nous réservait toujours autant de mystère qu’au départ. Quelques fois, alors que je transportais le bois jusqu’à la plage, où nous avions monté notre camp temporaire, je jetais un regard par-dessus mon épaule pour observer la jungle tout en me demandant ce que cette dernière pouvait nous cacher de trésors, de dangers, de secrets qui nous était impossible de découvrir à l’heure actuelle. Je soupirais alors, accélérant le pas pour rejoindre les gars qui s’occupaient de la finition du bois. Combien de temps allions-nous continuer ainsi ce train de vie? Si l’impatience ne s’était pas encore fait sentir parmi notre troupe, il était clair que les gens avaient hâte de partir de cette place. Et ce fut, après trois jours sans incident, qu’un l’esprit d’un entêté mis le désordre dans nos rangs.

Les travaux n’allaient pas à très bon rythme. Couper le bois demandait extrêmement de temps et de force, et malgré l’arrivée tant attendu de blessés, qui avait fini leurs jours de convalescence, les réparations allaient très lentement. Déjà, nous avions dû nous fabriquer des matériaux avec le peu de ressources que nous avions pour nous permettre d’avoir le nécessaire pour la suite des réparations, ensuite, si ce n’était pas nos propres forces qui nous faisait défaut, c’était le climat. Changeant comme l’humeur, il nous réservait averse et torrent une journée pour s’apaiser et nous offrir un soleil de plomb le lendemain. C’était insupportable, de plus que l’humidité environnant nous aidait en rien. Mais le pire, je crois et nous l’avions tous remarqué, était nos réserves de nourriture qui s’épuisaient rapidement. Même si nous faisions attention, les dernières cales de nourriture se vidaient en raison du nombre conséquent de personnes présentes et en voyant l’avancée des travaux, plusieurs commencèrent à craindre que nous ne pourrions avoir de nourriture dans la semaine à venir. Évidemment, le capitaine réfléchit à une solution et proposa que nous commencions à pêcher à l’aide de la barque de sauvetage du navire. Seulement, à cause des troubles de l’Océan que nous connaissions tous, les prises étaient rares et maigres et ce n’était plus étonnant de revoir les pêcheurs revenir sur la plage, bredouilles. Le temps nous manquait et il nous fallait trouver une solution le plus vite possible. Nous continuâmes la pêche, car malgré les échecs fréquents, elle restait notre principale source de nourriture à présent. Quelques-uns proposèrent la chasse et la cueillette au capitaine, mais ce dernier hésitait à laisser partir des hommes dans cette jungle inconnue. Cependant, nous comprenions le doute qui subsistait dans l’esprit du capitaine, mais un téméraire préféra ne rien écouter et se jeter tout seul dans l’aventure sans demander l’avis de qui que ce soit. C’est seulement lorsqu’un collègue de ce dernier remarqua son absence que nous commencions à nous poser des questions.

« Est-ce que vous auriez aperçu Lee par hasard? Nous demanda le fameux collègue aux gars et à moi, alors que nous empilions les billots de bois sur nos dos.

- Non, pourquoi?

- Ça fait plus d’une heure que nous le recherchons. J’ai peur qu’il… »

Un cri, alors, perça l’air et tous, de la plage, nous entendions ce hurlement de douleur qui nous écorcha les oreilles. Le capitaine, en deux trois mouvements, se dirigeaient dans notre direction, flanqué de son second, et il voulut aussitôt des explications.

« Qu’est-ce qui se passe?!

- Bon sang! Cet enfoiré de Lee est parti tout seul!

- QUOI?! »

Le jeune homme raconta alors au capitaine le caractère de Lee et son désir à vouloir nous chercher de la nourriture dans la jungle, puisque nous n’en avions plus en main. Plus tôt, il avait voulu rallier certaines personnes à son idée, mais tout le monde refusa, de peur de s’aventurer dans cette jungle inconnue qu’ils ne connaissaient pas. Pas lui. Après quoi, il avait tout simplement disparut.

« Cet imbécile! Fulminait le capitaine en se tournant vers les différents groupes qui nous rejoignaient à l’orée de la jungle. Un des nôtres est parti dans la jungle! Nous ne pouvons pas le laisser là-bas! Il nous faut des volontaires pour aller le chercher! »

En quelques minutes, seulement, cinq mains se levèrent. Le capitaine nous jaugea du regard, satisfait, avant de faire signe à son second, qui gardait la main levée.

« Tu dirigeras l’expédition de sauvetage! Préparez-vous à partir! »

Je regardais autour de moi en abaissant ma propre main. Nous étions cinq à partir chercher le disparu: le second du capitaine, une jeune femme qui me semblait être une guérisseuse, l’ami de Lee, Scott et moi. Je regardais mon ami dans les yeux, lui faisant un signe de tête. C’était parti pour une nouvelle aventure.


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Mar 18 Aoû 2015, 22:54

« On est mal. À ce train-là, la nourriture va finir par manquer. » C’étaient les mots qui avaient franchis la bouche d’un dénommé Lee, hier encore aux heures du soir, parmi le groupe qui récupère et compte les réserves auquel je faisais partie. Les gens autour de moi s’étaient immédiatement figés dès qu’il les avait articulés, en se lançant des regards gorgés d’un malaise perceptible tout en redressant la tête comme un seul homme. « Nous savons bien mais… » - « Qu’as-tu à proposer Lee? On est dans une impasse là! On a pas trop de choix : on va devoir se contenter de ce qu’on a. » Si certains avaient préféré s’aveugler en toute condescendance grâce à un voile de peur et de crainte, d’autres étaient parvenus à déchiffrer les sous-entendus cachés entre les lignes plutôt rapidement et pourtant, tous avait su qu’il n’y avait qu’une réponse évidente qui demeurait, ne souhaitant qu’être prononcée des lèvres de quelqu’un. D’un grand geste théâtral de la main, Lee avait pointé la jungle aux airs de lieu d’horreur – et ce n’étaient pas que des images, croyez-le – qui, sous les rayons faiblissants du soleil qui s’était couché à l’horizon, avait semblé plus menaçante, dangereuse, à en faire trembler d’effroi ceux qui avaient suivi des yeux ce mouvement brusque. La suite n’avait plus qu’attendu à se faire formuler par l’intéressé qui avait attiré toute l’attention. « Est-ce que vous comprenez? On a plus de choix! Il va falloir aller là-dedans pour trouver de quoi manger! » Il avait implanté un silence aussi lourd, pesant, que l’humidité de l’environnement, s’abreuvant aux mêmes secondes des regards choqués et terrifiés qui l’avaient toisé comme un fou. D’ailleurs, le premier homme qui avait réussi à s’extirper de sa torpeur ne s’était gêné pour  faire la remarque qui s’était pendue aux lèvres de tous, hurlant ces pensées en s’accompagnant de gestes brutaux. « Lee, on comprend tous le problème mais ta proposition est impossible à réaliser. », avait continué l’un des survivants. « As-tu entendu ce que l’on raconte de ces terres!? » - « À propos des bêtes sauvages qui vivent dans cette jungle ou des plantes meurtrières? » - « Si tu connais déjà les dangers, à quoi bon vouloir s’y rendre? Tu es tant décidé à crever?! »

« Mais si on fout rien, c’est ce qui va nous arriver par la grâce de Phoebe! On peut plus se permettre de couper davantage dans les portions de chacun! On a tous faim et soif, bon sang! Tu penses que la décision me fait plaisir? J’ai pas envie de crever non plus, mais c’est la seule solution qui s’offre à nous! » - « Mais les ordres du capitaine sont clairs. Vous comptez lui désobéir? » - « On fait exactement ce qu’il demande depuis deux jours et ça n’a toujours pas fait apparaître plus de nourriture sur nos assiettes. » Ainsi, il avait gagné un point valide, plus conséquent que tout. « Et puis, au train où vont les travaux, on sera déjà tous morts avant d’avoir réussi à terminer les réparations et ça, je ne peux pas le permettre. Le cas des réserves devient de plus en plus crucial, quoi qu’il en dise! » Ce Lee avait un certain charisme, une sorte d’aura convaincante qui m’avait moi-même poussé à me questionner et peser les risques contre les bénéfices que nous apporteraient un tel choix : et la réponse que j’avais eu en retour était arrivée bien assez vite. Les autres aussi avaient ressenti cette envie de tout remettre en question, chuchotant au creux des oreilles voisines leurs pensées qui s’étaient soudainement mises à changer, modifiées par les paroles d’un homme qui avait, timidement, esquissé un pauvre sourire sur ses traits. « … J’commence à penser que tu as bien raison mon gars. » - « Ouais… » Les avis s’étaient, peu à peu, tournés vers un raisonnement semblable au sien, mais les hésitations qui étaient nourries par les fruits de la peur étaient demeurés présents chez quelques un des gens assemblés, en particulier son ami et une femme qui avaient continué à s’opposer à ses idées. « Avez-vous tous perdu la tête? C-C’est complètement stupide! » - « Pas plus que de rester là à rien faire en attendant de crever! » Les décisions avaient divergé, y emmenant doucement et très lentement les vents d’une dispute prochaine qui avait fini par séparer le groupe en deux camps distincts : l’un ayant peur de la mort qui les attendrait s’ils ne faisaient rien ou d’hommes à l’esprit animé par la bienveillance commune et l’autre, tétanisé par les dangers invisibles et inconnus que recelaient cette jungle, obnubilés par la prudence ou la lâcheté. Dans ces deux cas-là, ils avaient tous eu raison à leur manière, chose que je n’avais pas pu nier, mais j’avais continué à me taire, les yeux plongés dans le vide.  « Lee, tu joues à un jeu dangereux. Il n’y a pas que ta vie qui sera en péril si tu entres là-dedans, mais tu pourrais également compliquer les choses pour ceux qui resteront ici. Imagine si tu attires l’attention d’une bête et qu’elle parvient jusqu’ici. » Les hommes qui s’étaient rangés du côté de l’intéressé avaient hésité, comme si l’idée de soutenir Lee n’avait plus eu de sens. Ils avaient fini par l’abandonner. « Mais… » - « Ça suffit, le sujet est clos. Tu n’iras pas, point. Nous sommes tous fatigués de cette situation alors en ajoutes pas, OK? » Il ne lui avait laissé aucun autre choix.

Le lendemain, il avait disparu.

~~~

Si l’humidité que j’avais ressentie à la plage de sable blanc m’avait semblé insupportable, ici, au cœur de cette jungle dense, elle devenait plus accablante que tout, pesant sur nos épaules comme des poids supplémentaires, gorgeant l’air au point que j’en avais des difficultés à respirer. La sueur qui se collait à ma peau ne paraissait plus vouloir en terminer de couler tandis que j’haletais sous l’impact des efforts que je déployais pour continuer à avancer parmi les épaisses lianes qui se plaçaient au travers de mon chemin malgré les coups répétitifs du second, placé en tête de ligne, qui, de son sabre affuté, tranchait le moindre obstacle qui se posait devant nous, le visage si rouge... et pourtant, il ne se plaignait jamais, poursuivant son chemin, plongé dans un silence remarquable pour quelqu’un de sa condition. D’ailleurs, il n’était pas le seul à ne jamais piper un mot : nous le faisions tous. Par crainte d’attiser les attentions d’un prédateur caché, par peur que nos voix couvrent le son des pas furtifs de bêtes qui approchent, par terreur que nous finissions par être distraits et que nous perdions de vue les dangers qui recelaient cette jungle. Je n’étais pas du genre à croire à toutes les rumeurs qui atteignaient mes oreilles, prononcées de la bouche du premier homme que je croise, mais une fois que l’on se retrouve pile à voyager au sein de ces mêmes terres craintes qui en faisaient trembler plus d’un, comment pouvions-nous oublier tous ces racontars?

Soudainement, la femme poussa un cri si strident qu’il en pétrifia l’ensemble du groupe. Lentement, je me retournai vers la principale concernée qui, les larmes aux yeux et la main posée sur sa bouche pour s’empêcher de hurler à nouveau, pointait quelque chose qui traînait au sol, le corps secoué par d’interminables secousses. Immédiatement, le second fit demi-tour, s’avançant jusqu’à elle en essayant vainement de la calmer tout en suivant des yeux la pointe de son doigt, avant de se figer à son tour, déglutissant avec difficulté sa salive. Il se pencha doucement, ramassant entre ses mains qui tremblaient elles aussi la chose par terre, tandis que de mon côté, en compagnie de l’Orisha albinos, nous nous rapprochâmes d’eux. L’ami de Lee en fit tout autant, marmonnant entre ses dents serrées : « Qu’est-ce qu’il y a? » C’était la question que je me posais également, tentant de regarder par-dessus l’épaule de la jeune femme sans pouvoir voir quoi que ce soit. Je reculai, frustré alors que l’homme, n’ayant obtenu aucune réponse de la part des deux, secouait les épaules du second qui sursauta brutalement. « Qu’est-ce que vous avez trouvé, hein? Dis-le-moi! » L’homme baissa les yeux, ouvrant et refermant la bouche sans qu’aucun mot ne parvienne à franchir ses lèvres. Dans son impatience, l’ami du disparu tira férocement ce qu’il tenait dans ses mains, avant d’écarquiller les yeux, surpris et à la fois choqué par la vision que ses yeux lui renvoyaient.

Entre ses doigts était coincé un bras humain couvert de sang.

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Miles Köerta
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Miles Köerta
Mer 19 Aoû 2015, 01:04

Terres étrangères à l’horizon
« Survivre ou périr… »

« Ce… Ne me dit pas que ce bras appartient à Lee? » Murmurais-je, choqué, à l’intention de l’homme qui se prétendait être son ami.

Ce dernier ne parlait plus. Tout signe de frustration venait subitement de disparaître de ses traits tandis qu’il observait avec horreur le membre mutilé qu’il tenait dans sa main.

« C’est… c’est… »

Il bégayait maintenant, incapable de placer plus de trois mots pour former une phrase. Puis, soudainement, il lâcha le bras avant de reculer de quelques pas. Tombant au sol dans un bruit étouffé, le bras roula quelques secondes avant de s’arrêter contre la botte du marin, qui l’éloigna de lui d’un coup de pied. Personne ne bougeait, ne parlait, ne respirait même. Nos yeux exprimaient tout l’effroi que cette découverte avait engendré en nous.

Le bras n’avait pas seulement été tout grossièrement coupé par des crocs et arraché par la mâchoire robuste d’une bête sauvage. Autrement, je crois que nous nous serions rapidement remis du choc pour reprendre notre expédition de sauvetage. Après toutes les horreurs que nous avions vues durant notre voyage, en comparaison, ce bras mutilé n’était qu’une infime vision des atrocités auxquelles nous avions été témoin. Pourtant, en cet instant, c’était quelque chose de complètement différent que nous pouvions apercevoir sur ce bras et qui faisait monter le dégoût dans nos esprits et la bile dans nos gorges.

« Qu’est-ce que c’est que ces choses répugnantes, à la fin?! »

Machinalement, le second se tourna vers la jeune femme qui, avec son apparence de guérisseuse, devait sûrement connaître la réponse. Mais cette dernière restait muette de surprise et d’effroi, incapable de prononcer quoi que ce soit, autre que des monosyllabes sans queue ni tête. Voyant que personne ne bougeait, j’avais songé à m’approcher du bras pour le reprendre et l’analyser de plus près, mais avant même d’avoir esquissé un pas pour le récupérer, j’aperçus le regard scrutateur de Scott sur le membre mutilé. Lorsqu’il fronçait les sourcils de la sorte, c’est qu’il fallait s’inquiéter et rester prudent sur la suite des opérations. Je déglutis, choisissant finalement de ne pas m’avancer davantage dans cette direction. Alors, durant une minute, voire plus, nous observions simplement le bras de ce pauvre Lee se faire dévorer par ce qui semblait être des larves. Leurs dents étaient minuscules et pourtant, nous étions parfaitement en mesure de distinguer le tranchant de leur gueule, qui s’affairait, avec une rapidité inouïe, à engloutir la chair et les muscles, à boire le sang et à ronger les os du bras de notre coéquipier disparu.

Hébétés et scandalisés par tant d’appétit pour de si petites bêtes, nous n’aurions peut-être jamais bougé de nos positions si Scott ne nous aurait pas sorti de notre macabre contemplation en pointant du doigt des traces de sang qui tâchaient le sol. Ce sang devait certainement appartenir à Lee. De plus, si nous prêtions un minimum d’attention au paysage qui nous entourait, nous aurions été en mesure de noter que dans une direction particulière, le sol et les feuilles s’étaient faits salement agités, comme si un corps, que l’on traînait derrière soi, s’était débattu de toutes ses forces. Une chance, en tout cas, que l’attention de Scott ne s’était pas ramolli face à la vision de ce bras, car il nous l’indiqua sur-le-champ. En nous poussant à reprendre notre route, il réveilla la propre vigilance du second qui se remit aussitôt en chemin, son sabre à la main, pour nous frayer un passage à travers la densité des feuillages de la jungle. Évidemment, nous contournions l’emplacement du bras de Lee, qui se faisait déchiqueter avec le plus grand des plaisirs sauvages.

« C’est inquiétant, chuchota la jeune guérisseuse en tirant nerveusement sur une mèche de ses cheveux, qui s’était échappée de son chignon. Est-ce que tous les organismes vivants de ces Terres possèdent une telle faim? »

Nous ne pouvions le savoir, malheureusement, mais notre silence était une réponse en soit: nous ne l’espérions pas.

Suivant les marques qu’avaient laissé Lee et la chose dans leur sillage, nous progressions à grande vitesse, pressés d’en terminer avec cette exploration de la jungle de Tælora. Elle n’avait rien d’accueillante avec ces lianes, qui nous empêchaient souvent de continuer notre chemin, avec ces plantes que nous sentions frôler notre épiderme, comme si des langues s’amusaient à nous lécher pour connaître le goût de notre chair. Puis, si ce n’était que ça, encore, je crois que j’aurais seulement eu quelques frissons à la vue des végétaux. Mais là, avec les grognements que nous entendions, de prédateurs cachés dans les fourrés, avec les mouvements des hautes herbes qui bougeaient suite à la disparition d’une créature, j’avais de quoi sentir quelques sueurs froides couler le long de ma colonne vertébrale. Mon esprit, du plus loin que je me souvienne, ne s’était jamais autant aiguisé qu’en ce jour, alors que nos pas foulaient une terre qui était envahie par les bêtes. De la plus petite fourmi au plus grand arbre de cette jungle, tout était synonyme de danger. Néanmoins, la peur ne nous empêchait pas d’avancer, de continuer alors que nous savions pertinemment que des créatures attendaient leur heure pour nous sauter à la gorge.

Asthon – le second du capitaine, qui s’était présenté un peu plus tôt après l’épisode du bras mutilé – poursuivait les mouvements de moulinet qu’il effectuait à l’aide de ses bras, jetant des regards à la dérobé pour ne pas perdre la piste de Lee dans la nature sauvage qui nous dominait. En deuxième venait Charles, l’ami du disparu, qui assurerait l’offensive à la moindre alerte d’Asthon. En troisième, il y avait Thalia, la jeune guérisseuse, et l’encadrant de manière à ce qu’elle ne puisse être touchée par aucune attaque latérale, il y avait Scott et moi-même, qui assurions également les arrières de notre petit groupe. C’était la meilleure formation qu’Asthon avait pu nous fournir sur le moment, et pour l’instant, tout allait passablement bien. Sans nous attaquer directement, nous avions tout de même croiser d’étranges bestioles sur notre passage et celles qui s’approchaient trop de notre position, nous l’éloignions en gesticulant ou en les menaçant de nos armes. Maintenant, je ne lâchais plus mon épée à double lame – merci, Antarès, de ne pas m’avoir séparé de ma besace magique – et les autres serraient fortement le manche de leur propre arme de défense. Nous étions prêts, nous étions armés et prêts à affronter les pires dangers, mais la peur, elle, ne nous quittait guère.

Il faisait chaud, sans conteste, et la nervosité nous gagnait de plus en plus, maintenant que nous avions franchi près de cinq kilomètres. Toujours aucune trace de Lee. Certes, il y avait le sang et la terre follement retournée qui nous indiquait dans quelle direction la créature l’amenait, mais sinon, aucun autre indice ne se trouvait sur le chemin, à notre grande frustration.

« Pourquoi l’emmener aussi loin de son attaque?! Qu’est-ce que la créature cherche à faire? »

Lorsque ces quelques mots sortirent de la bouche de Charles, je relevais brièvement la tête pour observer son dos. Mes sourcils, signe de réflexion, s’arquèrent brutalement au-dessus de mes paupières. Me tournant vers Scott, je lui glissais d’une voix sceptique:  

« Maintenant qu’il le dit, c’est vrai que ça fait un peu loin pour une créature qui vient d’attraper sa proie. Au lieu de traîner un poids qui n’arrête pas de gesticuler, le plus facile aurait été de manger Lee sur la place où elle l’a attaqué, non? Pourquoi elle se donne autant de mal pour l’emporter aussi loin? Qu’est-ce que ça signifie? »

Dans mon angle, j’aperçus Thalia nous lancer un regard: elle réfléchissait elle aussi à la question.

« Quoi qu’il en soit… »

Asthon se mura dans un silence si brusque que nous nous figions aussitôt.

« Que se passe-t-il?

- Chut… Écoutez… »

Nous nous taisions et tendions l’oreille, tentant de ne pas prêter attention aux plantes, à nos côtés, qui tendaient leur cou dans notre direction. Au moins, nous étions suffisamment éloignés d’elles pour ne pas qu’elles nous attrapent, ces vipères. Enfin, au loin, j’entendis finalement quelque chose.

« On aurait dit… des supplications?

- Oh non! C’est Lee!

- Vite! Dépêchons! »

Nos enjambées se firent plus longues et le tranchant du sabre d’Asthon rencontrait les lianes avec plus de vigueur et de rapidité. Nous n’étions plus très loin de Lee à présent, et nous avions déjà une bonne idée en tête du comment nous allions le tirer de ce mauvais pas. Prendre la créature par surprise, l’attaquer de tous les côtés, pendant que Thalia tirerait le blessé pour le mener hors de la portée de la bête.

« Nous approchons! Rester vigilants! »

Effectivement, les supplications se muèrent en lamentations, puis en cris qui nous firent tous frissonner de la tête jusqu’aux pieds. Et au moment où les hurlements de détresse étaient les plus forts, Asthon nous arrêta subitement pour nous empêcher de nous jeter sur l’animal. Lui, avait une bonne vision de l’ensemble de la place, mais nous, qui se trouvaient à l’arrière, peinions à comprendre pourquoi il avait fait un si brusque arrêt.

« C’est une blague, j’espère!

- Quoi? Qu’est-ce qu’il y a? Demandais-je en prétendant faire un pas, mais, à ma grande surprise, Charles m’intimida de rester à ma place.

- On… On ne peut pas y aller… C-C’est beaucoup trop dangereux…

- Par tous les Dieux! Que se passe-t-il?! »

Thalia se fraya elle-même un passage pour se poster à côté d’Asthon et ses yeux s’agrandirent, horrifiés. Dans un même mouvement, Scott et moi avancions également jusqu’à eux et la scène à laquelle nous faisions face nous laissa muets de stupeur.

Là, juste devant nous, à quelques mètres à peine, une meute entière de bêtes, mi-loup mi-gorille, s’amusaient à écarteler le pauvre Lee, qui hurlait la mort. À la manière du chevalet, cette machine de torture sur laquelle les tortionnaires attachaient les bras et les pieds de leurs victimes avant de tourner la roue pour tirer et arracher leurs membres, les créatures hurlaient, quant à elles, de plaisir, visiblement affamées de terminer cette séance pour enfin pouvoir goûter à leur repas tant attendu dans une mare de sang rouge...


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Terres étrangères à l’horizon| Event Août 2015 – Mission V [Scott] Signat16
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Dim 23 Aoû 2015, 19:36

« … On a pas de temps de perdre. » Entre nous cinq, j’étais le seul à m’être échappé de la torpeur et du choc qui, m’affectant moindrement, me donnait la lucidité dont j’avais besoin pour articuler ces mots. Je ne savais pas vraiment pourquoi je réussissais à rester aussi calme ni comment je faisais pour garder mon sang-froid face aux horreurs que nous avions observé jusqu’ici, mais le fait était que je demeurais le mieux placé pour briser cet envoûtement tordu qui n’inspirait qu’un dégoût profond, une peur pétrifiante, qui immobilisaient les autres sur place. Pourtant, malgré la clarté actuelle de mon esprit, plongé dans ses pensées à propos de l’état présent des événements qui s’enclenchaient à la suite, il y avait bel et bien eu un instant où une brèche s’était imposée sous ce masque de contrôle. Dès que mes yeux avaient croisé le bras mutilé, la terreur m’avait complètement paralysé par la force de l’impact que la vision me renvoyait pendant une branche de plusieurs secondes – ou de minutes, je n’en étais pas trop sûr – qui m’avait paru interminable à ce moment. Mes jambes s’étaient frappées l’une contre l’autre au cœur du bal de la peur, des sueurs glacées m’avaient glissé au dos, engendrant ces frissons désagréables qui avaient fait trembler mon corps et des nausées m’avaient également assailli, faisant grimper ce goût écœurant au fond de ma gorge qui avait manqué de près de me faire vomir, tout juste arrêté par les remous de ma colère et de ma frustration qui avait commencé à engloutir tous les autres sentiments qui avaient enchaîné mon esprit, causés entre autre par notre lenteur et notre impuissance à réagir face à la situation qui nous dépassait tout bonnement. Et à chaque fois que je levais les yeux vers la direction de ce membre broyé par toutes ces mâchoires affamées d’insectes charognards à l’appétit creux, cette peur que j’avais repoussé dans les coins les plus reculés de ma tête revenait au galop à une vitesse vertigineuse. Ça expliquait aussi pourquoi je gardais inlassablement mon regard planté dans les yeux de Miles lorsque j’avais enfin réussi à parler après ce long mutisme, de tel sorte que je n’avais plus besoin de revoir le bras déchiqueté par la gourmandise de la jungle.

Quoi qu’il en soit, j’avais la nette impression que mes paroles n’avaient fait que violemment cogner un mur de roc en atteignant leur oreille pour mieux ressortir de l’autre si je notais le manque de réaction effrayant, même de la part de l’Orisha. Mais comment étais-je supposé leur en vouloir d’être terrifiés, abasourdis et paniqués lorsque l’image de ce qu’ils observaient tous se collait aussi dans ma tête? Même de mon côté, si je ne fermais pas les poings jusqu’à en blanchir mes jointures et ne serrais pas les dents au point que mes lèvres en saignent légèrement,  les tremblements qui avaient secoué mon corps reprendraient de plus de bel, réduisant à l’état de poussière la lucidité que je me démenais à conserver alors que je savais que plus le temps à rester ici, sans bouger, défilait, plus mon esprit tranquille se fissurait en y emmenant une pointe d’anxiété et d’incertitude – comme un véritable préambule à une peur démentielle – qui s’infiltraient dans mes veines, tel un poison qui émanait des pores de ceux qui m’entourait, contagieux. Nous avions déjà passé trop de temps à l’intérieur de l’environnement de Taelora : si les insectes qui vivaient en périphérie de la jungle avaient réussi à dévorer un bras humain en entier à une vitesse monstrueuse, qui savait ce qui guettait plus loin?  Mon regard s’assombrit. Je me passerai bien de retrouver ce gars en pièces détachées. Sans compter qu’il nous manquait plusieurs endroits à explorer. Je déglutis, avalant rapidement un haut-le-cœur dégueulasse qui m’avait traversé la gorge. Par la suite, pour oublier définitivement l’image de Lee réduit en miettes, j’élevai de nouveau la voix pour attirer l’attention du groupe. « Hé, ça sert à rien de rester planter là. On doit encore le retrouver! » Si l’on jugeait par mon ton, je ne paraissais pas si confiant et sûr de moi tout d’un coup, mais au moins, je parvins à atteindre mon but: leurs regards se détournèrent du bras – qui, je le devinais facilement, ne devait plus ressembler à quelque chose de concret – sans qu’ils ne murmurent un mot.

Ainsi, je pus profiter de leur mutisme collectif pour continuer ma lancée en les invitant à baisser les yeux au sol. « Ce sont des traces de sang. » Ça m’avait paru presque inutile d’avoir eu à prononcer ces mots. Ils devaient l’avoir deviné, je n’avais aucun doute là-dessus. « Elles mènent toutes dans la même direction. Suivons-les. » Voyant l’hésitation et la perte d’espoir dans certains regards, je me permis d’ajouter quelques mots en y insistant beaucoup sur la confiance qui devait transparaître au sein de ma voix : « Il peut-être encore en vie. » De plus, avec la blessure qu’il avait reçu, il n’avait pas pu aller bien loin… Toutefois, rien n’était en mesure de nous certifier, indéniablement, qu’il soit en vie. Mais à part conserver ce maigre espoir de le voir plus ou moins en bon état, que restait-il? Malgré tout, je n’étais pas si optimiste quant aux chances que ça se produise. Après tout, je me souvenais parfaitement de ce que de simples insectes pouvaient accomplir ici… Sinon, autre que le sang que l’on notait avec une clarté déconcertante tant il envahissait l’endroit, les feuilles, les lianes ainsi que la terre étaient toutes retournées, comme si un individu s’était débattu à l’image même d’un Démon tout en se faisant traîner derrière par… quelque chose de gros. Évidemment, je n’oubliai pas non plus de mentionner ces autres éléments au groupe, ce qui, d’une façon ou d’une autre, éveilla l’attention éteinte du second qui, avant de dégainer habilement son sabre, créa la meilleure formation stratégique qu’il pouvait obtenir de nous cinq, ignorant – comme nous tous – la question de la femme guérisseuse par crainte d’avoir à prononcer à voix haute les doutes de chacun. Par la suite, il reprit les rênes et nous guida sur les traces de Lee en accélérant, consciemment, le rythme de notre progression pour en finir le plus rapidement possible avec Taelora et son environnement primitif qui ne nous donnait aucun cadeau. Entre la végétation dense qui pouvait bloquer un sentier en entier, les hurlements bestiaux de créatures invisibles qui résonnaient – près ou loin – de notre emplacement et les mouvements des plantes sur nos jambes ou nos bras qui nous offrirent à tous des frissons qui n’avaient rien d’agréables, il y avait tout pour nous convaincre à se calquer au rythme de marche d’Asthon, malgré les difficultés que rencontraient certains à suivre, animés par l’adrénaline qui coulait à flots dans nos veines.

Après plusieurs rencontres avec des bêtes – toutes aussi étranges les unes que les autres – plus personne n’avait la confiance nécessaire pour lâcher le manche de nos armes respectives que nous tenions jusqu’à blanchir nos doigts, les agitant au moindre bruissement de feuilles ou de grognements qui faisaient vibrer nos tympans, aussi vifs que les attaques de ces créatures hostiles qui refusaient d’abandonner la traque. C’était l’odeur de notre peur qui les attiraient et le fait que nous étions en groupe n’arrangerait pas vraiment notre condition : ces prédateurs devaient, dans l’état où se déroulaient les choses, être capable de nous repérer avec une facilité effrayante au milieu de leur environnement naturel qui, contrairement à la majorité des membres du groupe – je m’excluais du compte car en tant qu’Élémental de Feu, je m’habituais rapidement à la chaleur – étaient habitués à vivre dans ce milieu humide et chaud. Ça faisait presque une demi-heure que nous marchions à travers la jungle de Taelora et toujours aucune trace de Lee en y excluant les lignes de sang qui ne cessaient de s’épaissir au cours des mètres que nous parcourions et les empreintes de pas imprimées qui se dessinaient avec une clarté de plus en plus concrète. Au final, Charles, l’ami du disparu, craqua le premier en posant à voix haute la question qui, flottant au-dessus des têtes à tous, n’avait jamais osé être demandée. À côté de moi, Miles pencha la tête pour me faire part en chuchotant des contradictions des actes de la bête, qui, étant un prédateur, se serait épargnée bien des troubles en dévorant le disparu sur place plutôt que de l’amener je-ne-sais où à travers la jungle. J’haussai mollement des épaules, sourcils froncés, après avoir croisé le regard pensif de Thalia et reporter mes yeux dans ceux de l’albinos. « Je ne sais pas trop… Ça ressemble beaucoup au… » - « Chut… écoutez… », me coupa soudainement Asthon. Immédiatement, je me tus comme le reste du groupe, prêtant une oreille attentive aux bruits de l’environnement.

Au début, le son des insectes et les cris des oiseaux m’empêchèrent de distinguer clairement ces hurlements, mais à force de tendre l’oreille, je finis par les entendre couvrir l’ambiance naturelle des lieux. C’était des… cris de supplication?  Miles eut la même pensée, prononçant ses doutes à tous, qui firent réagir Charles au quart de tour. Reconnaissant la voix de son ami, le marin prit instantanément le contrôle des opérations, se précipitant à grande vitesse vers la source des supplications qui, au courant de notre parcours fou, se métamorphosèrent en cris à glacer le sang, tandis que nous le suivions tous au talon – quoique la végétation ne nous offre pas la possibilité de courir au rythme que nous le voulions. Lorsqu’Asthon nous demanda que nous gardions une certaine vigilance, il s’arrêta si brusquement qu’il ne put empêcher une collision entre lui et Charles à sa suite, jusqu’au point de se solidifier comme une statue de pierre, marmonnant quelques mots entre ses lèvres pincées.  L’Orisha tenta de s’avancer, mais il fut automatiquement arrêté par l’ami du disparu qui commença à chuchoter en bégayant. Thalia, qui ne reçut aucune réponse à sa question, décida de suivre le mouvement des deux hommes en avant par elle-même en se forçant un chemin, se paralysa aussitôt. En notant une telle réaction, j’agrippai solidement le bras de Miles avant qu’il ne fasse un pas de plus tout en glissant rapidement quelques mots à l’oreille sur ce que je n’avais pas eu le temps de terminer un peu plus tôt. « Si le comportement de ce truc t’a paru suspect, c’est peut-être parce que tu as pas pensé à la possibilité qu’il ait d’autres compagnons à nourrir. » Pourtant, lorsque l’albinos m’entraîna dans son sillage, je ne lui offris aucune résistance. Ainsi, je pus également assister au spectacle macabre qui se déroula sous mes yeux, ne pouvant même pas détourner les yeux quand ces créatures mi loup et mi gorille finirent par arracher le bras et les deux jambes du pauvre Lee dans une explosion de sang qui parvint à nous atteindre aussi, avant de se jeter sur les restes de l’homme, dévorant avec un appétit démesuré sa chair et ses organes, maculant leur fourrure noire de sang rouge.

Charles vomit derrière un bosquet : nous l’entendions très distinctement haleter, cracher et ensuite recommencer le processus. Thalia, ayant une main placée devant sa bouche pour s’empêcher de hurler, était tombée en larmes. Elle tremblait et sa respiration n’était plus qu’un sifflement saccadé. Dans la confusion et le dégoût, Asthon avait arraché une manche de son chandail maculé de sang et l’avait violement piétinée. Contrairement à la guérisseuse, il ne versait aucune larme, mais ses traits déformés en disaient long sur son état actuel. De mon côté, j’étais partagé entre la rage bestiale, sauvage, de sauter parmi cette meute et les brûler jusqu’à ce qu’il ne reste que des cendres et le bon sens qui me dictait de partir sur-le-champ alors que ces créatures étaient si obnubilés par la chair de Lee qu’elles en avaient oublié notre existence. C’était la chance parfaite qui s’offrait à nous. Sans me contraindre de douceur, je poussai avec violence Miles pour qu’il puisse reprendre ses esprits, répétant ce scénario avec les trois autres jusqu’à ce que le groupe entier se retrouve à sprinter au cœur de la jungle de Taelora, ne leur ayant dit que cinq mots pour qu’ils comprennent le signal : « On s’en va, maintenant. » Avant que les créatures ne se lassent de la chair de Lee pour se mettre sur nos traces, l’objectif n’étant pas de sortir de la jungle, mais de garder assez de distance entre eux et nous dès qu’ils reprendront la chasse.  

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Miles Köerta
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Miles Köerta
Ven 28 Aoû 2015, 14:36

Terres étrangères à l’horizon
« Survivre ou périr… »

L’explosion de sang… La chair déchirée si sauvagement, avec un appétit bestial qui n’avait absolument rien de… Non, pas d’humain. Ce n’était pas des hommes après tout. Ce n’était que des monstres, assoiffés de sang, affamés de chair, friands des derniers hurlements de leur repas. Ce dernier, agonisant et souffrant, se perdait peu à peu dans le brouillard de sa souffrance, tentant désespérément de crier grâce, de chercher de l’aide vers les Dieux, de mettre toute la foi qu’il pouvait aspirer dans ces dernières et murmurantes prières. Mais personne ne lui répondit, qu’importe l’oreille dans laquelle ses lamentations s’étaient fait entendre. Ni le ciel, ni les Dieux, ni même ses sauveurs, cachés par la végétation dense des lieux, ne levèrent le petit doigt pour le soustraire de ces bêtes sauvages. Le paysage environnant nous offrait un très bon camouflage et nous cachait des regards indésirables, mais elle ne nous empêchait pas d’être les spectateurs impuissants de la mort de Lee…

« On s’en va, maintenant. »

La voix tranchante de Scott me parvint comme un couteau acérée dans les oreilles et pourtant, j’étais incapable de bouger. Je n’avais même pas conscience que ma respiration s’était abruptement coupée devant la scène. Je restais dans une torpeur qui se situait entre l’ébahissement et l’horreur, incapable de m’en soustraire tandis que les battements de mon cœur montaient jusqu’à mes tympans. Endiablés, ils frappaient mon crâne au point que je n’entende que ça, mon regard observant avec horreur le corps de Lee se faire déchiqueter par les crocs démesurément grands de ces carnivores affamés.

Une première secousse me bouscula. Une seconde m’entraîna et m’obligea à détacher mon regard du spectacle macabre auquel nous assistions. Comme au ralenti, comme pour prendre conscience que le monde ne s’arrêtait pas à cet horrible spectacle, je déposais mon regard sur la personne qui m’agitait de la sorte, comme un bananier duquel nous voulions faire tomber les fruits. Et mes yeux tombèrent dans le rouge incandescent du regard de l’Élemental. Scott. En voyant que j’étais revenu à moi, il m’abandonna bien vite pour départir la peur qui clouait les autres sur place. Peu à peu, je reprenais conscience de mon environnement, ne voyant plus les griffes et les crocs arracher avec appétit les organes du pauvre homme. J’entendais parfaitement les haut-le-cœur  de Charles, plié en deux au-dessus d’un bosquet alors que son ventre vide se déversait en flot gargouillant au sol. Mon attention pivota bientôt jusqu’à la jeune guérisseuse, à proximité, qui fermait les yeux, en pleurs, incapable de se soustraire des tremblements violents qui secouait son corps. Elle pleurait, pleurait de peur, en mourrait peut-être. Je regardais rapidement Asthon, qui ne disait rien, ne versait aucune larme, mais dont le dégoût que lui inspirait une telle violence sauvage n’était point difficile à percevoir à travers ses traits défigurés par l’horreur.

Mais Scott, habité – nous pouvions le distinguer aux flammes chaudes qui dansaient au fond de ses pupilles – par la rage, nous éveillait peu à peu, nous poussant de toutes ses forces à fuir cet endroit maudit. Notre chance nous tendait les bras: nous ne pouvions pas la laisser nous filer entre les doigts. Alors, nous nous mîmes à courir. À courir, à courir, autant que nous le pouvions dans ce cas où notre vie était en danger. Nous devions rejoindre les autres, sur la plage de sable blanc, leur rapporter la nouvelle et leur interdire, à tous, l’accès à cette jungle inconnue. Car ni les animaux, ni les plantes qui en composaient la communauté ne nous inspiraient confiance. Alors, tout ce que nous faisions, c’était courir. Courir sans nous retourner; courir sans écouter; courir sans regarder. Il y en a qui courrait en pleurant, d’autres en trébuchant, d’autres en silence, d’autres en bouillonnant. Personne ne courrait sans sentiment, ces derniers se cognant, se fracassant à l’intérieur de notre tête, dans un foutoir des plus bordel.

Les branches nous écorchait, vif, la peau. Nous nous mîmes à saigner, à petit quantité, mais le sang coulait et dégringolait sur nos bras, nos visages ou bien nos jambes. L’environnement hostile des lieux ne nous aidait guère dans notre progression, souvent ralentie par la nature, bien trop dense à cette zone de la forêt. Elle ne nous blessait pas seulement; elle ne nous freinait pas toujours, mais ce qui était le plus perturbant, c’était les cris, dans notre dos, sur notre droite, sur notre gauche, qui s’élevaient d’entre les arbres et qui nous causaient frissons terribles. Un mauvais pressentiment nous prit, nous obligea à accélérer la cadence, mais malheur était de constater, plus tard, que notre accélération n’avait point donné l’effet escompté.

Car quelques minutes à peine, l’une de ces bêtes noires et grandes, aux longues canines tranchantes, aux yeux jaunes, presque doré, vint nous arrêter. Brusquement, nous nous arrêtâmes, prêts à partir sur leur de nos flancs, mais une seconde bête apparut sur la droite, sortant de la végétation pour nous bloquer le chemin. Nous essayâmes de partir sur notre droite, mais cette fois-ci, DEUX monstres firent leur apparition entre deux arbres. Un peu plus éloignés, ceux-ci se rapprochaient néanmoins, comme en mesurant chacun de leur geste pour se faire encore plus menaçant à notre égard. Nous reculions, déglutissant avec misère et peur, jusqu’à ce que nous entendions des grognements dans notre dos. Aussitôt, nous nous resserrèrent.

Nous étions complètement encerclés par une partie de la meute.

Cette fois, Asthon réagit au quart de tour, dégainant son arme pour menacer les deux bêtes sur notre flanc droit. Il nous cria aussitôt ses instructions.

« Les gars! Armez-vous immédiatement! Occupez-vous chacun d’un flanc! Je m’occuperais de ces deux-là avec Thalia en soutien! Si quelqu’un tue sa bête, qu’il aille aider celui ou celle en plus grande difficulté! »

Il regarda rapidement la jeune femme, qui s’essuyait les larmes, avant de relever la tête et de s’avancer jusqu’à lui, déterminée.

« Parfait! Avançons-nous maintenant… Et tuons ces monstres. »


986 mots



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Lun 14 Sep 2015, 00:52

N’hésitant pas sur les paroles du marin, je m’élançai sur la créature me faisant face, invoquant des flammes au creux de mes mains. D’un mouvement brusque du bras, je les projetai contre l’animal, interrompant soudainement son hurlement guttural, pour esquiver la gerbe de feu en bondissant vers l’arrière, le regard fou, alors que je créais la deuxième boule de flamme qui surgit sur sa gauche, manquant de le brûler au flanc. Abandonnant à son chemin une odeur âcre et nauséeuse de poil brûlé au travers du passage de la magie élémentaire,  l’hybride loup-gorille recula encore de plusieurs de pas, poussant des grondements de sourd qui symbolisaient sa frustration grandissante, retournant la terre de ses énormes mains agitées. Mais je refusais de lui accorder le moindre temps pour s’accommoder à ces actes d’instincts. Je poursuivais le bombardement sans flancher sous le poids de ses yeux, sans me soucier de l’étincelle de rage qui s’y pointait, insistant fermement à coincer ce monstre dans les obstacles naturels que la jungle donnaient et la brûler, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien, autre que des cendres noires et fumantes à l’odeur écœurante, mais la créature ne s’y laissait pas faire si aisément. Elle réussissait toujours à se trouver une sortie, un moyen d’échapper au feu qui ne finissait plus de virevolter autour d’elle, se lançant dans le même jeu sans hésiter.

Frustré, je devins rapidement incontrôlable, manipulé par ce souhait silencieux de survivre avec n’importe quelle possibilité qui s’offrirait et d’en terminer le plus rapidement possible. Inconsciemment, je m’étais détaché de la réalité, détaché du monde qui m’entourait pour ne plus que me consacrer à l’extermination de cette bête qui esquivait habilement, étant la seule représentation du danger qui enchaînait mon cœur dans la peur à l’origine de toute cette adrénaline qui se mouvait au fond de mes veines, fusionnée à même mon sang. Je ne voyais plus rien, je n’entendais plus rien autre que les sons qui se créaient en combattant et pourtant… j’avais l’impression que je m’en fichais complètement. Que je sois sourd, aveugle ou les deux, je m’étais entièrement laissé dominer par un esprit bestial, étranger, dont j’avais accepté la présence sans plus me poser de question, bougeant bras et jambes lorsqu’il me l’ordonnait. Mes flammes grondaient furieusement, délectant sans vergogne ces moments intenses qui se propageaient lors d’affrontements semblables, envahissant mes pupilles pour ne former que deux puits de feu sauvages qui étincelaient sous cette soif primitive. J’aurais aimé pouvoir apaiser ces pulsions qui me rendaient imprudent à chaque geste que j’esquissais, mais à vrai dire, je n’en étais même pas inconscient.

Je poursuivais mon élan sans que le doute ne vienne s’obstruer dans mes actes et pensées – dans un état pareil, je ne pouvais plus réfléchir – me souciant à grand peine de mon environnement et de ses avantages que je pourrais exploiter. Non, ça n’avait plus d’importance, plus rien n’avait d’importance autre que la mort que l’animal qui, imperceptible, reprenait l’avantage qu’il avait perdu dès que la bataille avait commencé. La jungle, illuminée par les lueurs rougeâtres de mon élément, créait l’illusion de se faire manger par le feu, alors que les flammes ne faisaient que danser avec folie, librement, autour de mon corps dans une tentative aveugle pouvant presque être comparée avec le désespoir, de position tactique de défense et d’attaque, me croyant intouchable parmi ces folies dévastatrices et dangereuses que je m’amusais à former. La créature jonglait entre l’esquive et quelques rares essais d’offensive en emmenant son immense poing, si proche de moi que l’on pourrait penser que son coup à bel et bien porté, avant de se résigner à vouloir affronter les morsures de feu qui passaient trop près, en s’éloignant rapidement. Elle répéta ce sordide ballet à plusieurs reprises, inlassable, gesticulant auprès de sa meute qu’on lui offre de l’aide alors que les autres bêtes s’éventraient à tuer les rescapés présents qui, mêlant coups d’épée divers avec de la magie, avaient clairement l’avantage, malgré les blessures qu’ils portaient. Ces animaux, avides de chair et de sang, exploitaient les moindres ouvertures quand ils décelaient la faiblesse qui se présentait généreusement à eux, se jetant dessus par automatisme.


Je m’épuisais beaucoup en mouvements inutiles et en utilisation d’une trop grande quantité de magie, qui, dépeignant peu à peu sur mon agilité et mes vitesses de réactions, me ralentissait considérablement. Ainsi, les marques de griffures, les écoulements de sang et la douleur ne patientèrent pas avant de commencer à se manifester sur mon corps et mon esprit, alors que j’accumulais la fatigue et les maladresses au fil des minutes qui s’écoulaient. Peut-être que je me fis consciemment sourd à ces signes pour ne pas admettre que j’exagérais, mais la créature, elle, y vit immédiatement une chance de pouvoir renverser les rôles et refermer sa mâchoire sur sa proie. Arquant ses genoux, elle bondit soudainement dans les airs en tendant ses grandes mains de gorille larges ouvertes pointés sur ma gorge tandis que son épaisse silhouette masquait la lumière au-dessus de ma tête. Je levai la tête, regardant l’animal se rapprocher dangereusement de moi dans son élan et aussitôt, je reculai. À la fois paniqué et épuisé, je n’y réfléchis pas à deux avant de faire gonfler le feu de mes mains par geste instinctif malgré ma fatigue et de le lancer sur le monstre, frappant directement son visage qui se tordit en une affreuse grimace de douleur. L’odeur de brûlé se répandit rapidement, ainsi que les hurlements de la bête qui doublèrent en force et pourtant, je continuais sans même hésiter à vider entièrement mes réserves de magie pour la carboniser, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle s’écrase au sol, dépourvue de sa fourrure et la chair calcinant. Morte. Je demeurai debout, un moment seulement, avant que je sente mes jambes trembler. Je tentais tout pour rester encore dans ma position, mais la fatigue eut raison de mon entêtement et je m’effondrai à la suite de la créature. C’était enfin terminé – du moins, ça le fut presque – avant que mon attention se fige sur Charles, qui, observant tour à tour les cadavres des animaux, proposa une idée qui nous figeâmes tous place : « Vous pensez que la chair de ces choses est comestible? » Silence. « …Tu plaisantes? » - « Non. »

Personne n’osa s’opposer à sa décision…

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