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 Détruire les illusions [Cemilia]

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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Miles Köerta
Sam 03 Jan 2015, 22:03

Détruire les illusions
Draug Köerta -
« Being a prisoner of its own chains »

Ne vous méprenez pas sur son caractère et ses sourires qui se voulaient rassurants. Il restait fort, c’est vrai, mais la réalité ne tardait jamais à nous montrer la véritable apparence de son calvaire. Le caramel de sa peau avait perdu de son éclat, comme si à force de fièvre, de manque flagrant de soleil, cette douce couleur s’en était allée, pâlissant ses traits, son épiderme. Lui qui avait vécu la moitié de sa vie à l’extérieur, jouissant des bienfaits que pouvait procurer une magnifique journée ensoleillée, supportait avec difficulté la situation qui était sienne aujourd’hui. Il était forcé de rester au lit, forcé d’observer le monde qui se mettait à bouger, de l’autre côté des fenêtres, alors que l’unique chose qu’il désirait, c’était participer à ce mouvement et ne pas laisser sa maladie contrecarrer ses plans. Mais il avait beau faire preuve d’une immense volonté, elle restait toujours là, plus forte, persistante qu’elle ne l’a jamais été. Et bordel, oui, ça le faisait chier. N’ayons pas peur des mots, car cette vie n’était pas du tout celle à laquelle il avait rêvé lors de son asservissement. Coincé, prisonnier, tout ce qu’il avait toujours voulu, c’était une vie de Liberté, à explorer les milles et un horizons qu’offraient l’immensité des Terres. Il désirait découvrir les frontières de ce monde, ne jamais s’arrêter sur les grandes routes des voyageurs. Ça, ça c’était la vie qu’il avait toujours convoité.
Et il l’avait eu… Durant un temps.
Mais une fois qu’on a goûté à ce bonheur, à cette Liberté galvanisante, qui nous poussait toujours à aller plus haut, plus loin, il est toujours difficile de songer à la quitter. Seulement, depuis que Célia, sa femme, l’avait quitté pour un monde, pour le moins, plus heureux que celui-ci, les malheurs n’ont pas arrêté de s’abattre sur sa vie. Et cette maladie, cette foutue maladie qui l’enchaînait dans sa propre maison, il n’en avait plus qu’assez de la ressentir dans ses veines, au plus profond de ses tripes, détruire chacune des cellules de son corps. Il la rendait faible, aussi faible qu’un enfant devant affronter les misères et les vices de ce monde. C’était écœurant. Et il ne voulait surtout pas s’abaisser à de telles limitations, même si cela voulait dire aggraver son état, déjà alarmant. On ne pourra jamais comprendre un tel entêtement, mais venant de la part d’un Orisha, à qui la Liberté a autant d’importance que sa propre vie, alors peut-être qu’il ne fallait tout simplement pas essayer de saisir le fond d’un tel raisonnement.
C’est pourquoi, n’écoutant que son besoin de Liberté, il choisit d’ouvrir la porte de sa chaumière et sortir dans ce monde dans lequel il désirait bouger, vivre bordel, oui, vivre comme il l’avait toujours voulu.

Dehors, le soleil se situait bien haut dans le ciel, illuminant si intensément le sol d’en bas, recouvert de neige, qu’il en aveuglait chaque piéton qui progressait sur les routes enneigées. L’éblouissement soudain de l’extérieur le força à plisser des yeux et il apporta l’une de ses mains en visière pour le protéger de l’aveuglement du soleil. Malgré le froid, le petit vent mordant qui nous incitait à remonter le foulard que nous portions autour du cou, cette journée restait magnifique. Encore, notre sapin de Noël trônait fièrement au milieu de la ville, au-dessus de tout, de nous, comme pour nous rappeler que l’esprit des fêtes qui, malheureusement, se terminerait prochainement, ne disparaîtrait pas pour autant. Il sourit à ce constat, nostalgique, réfléchissant sûrement aux prochaines fêtes qu’il allait manquer, aux prochains anniversaires qu’il ne pourra plus animer, par sa seule présence. Un soupir franchit ses lèvres et il se mit à contempler le ciel, songeur. Il s’inquiétait pour le futur de Miles. Obsédé par cette idée de le sauver, son fils en était venu à négliger sa propre vie, s’emprisonnant dans une Liberté illusoire. Pour tout le reste, mais surtout pour ça, il détestait cette maladie. Parce que sans elle, Miles n’aurait jamais été obligé de s’occuper de lui comme il le faisait, il aurait pu se consacrer à des choses que tous les enfants de son âge faisaient, et il n’aurait jamais rencontré ce fourbe Magicien menteur.

Sa mâchoire se contracta et la prise qu’il exerçait sur le pommeau de sa canne se raffermit. À la seule pensée de cet escroc, il avait envie de tout casser, même s’il risquait, dans son état, de se péter les jointures. Qui était ce Ardwick de toute façon? Que voulait-il réellement? Il était peut-être malade, quelques fois délirant, mais ça ne le rendait pas con pour autant. Miles pouvait dire ce qu’il voulait à propos de cet homme, de ces bonnes intentions, mais il ne pouvait tout simplement pas y croire. Après tous les médecins qu’il avait pu consulter, les spécialistes qu’il avait rencontré, le verdict avait toujours resté le même: cette maladie est incurable, inguérissable, insoignable, ce que vous voudrez, et c’est sûr qu’après un bout de temps, ç’a avait commencé à le faire chier. Mais lui, avait compris qu’il n’était plus possible de faire marche arrière. Il ne pouvait pas être sauvé. Mais ça, c’était bien ce que Miles ne voulait pas comprendre.

« Tsk… »

C’est alors que, sans le vouloir, sa canne frappa la jambe de quelqu’un. Aussitôt, il se tourna en direction de l’étranger, qui se révélait être une femme à la longue chevelure de flamme, qu’il venait de cogner de la sorte et s’excusa rapidement. Ses yeux vairons s’arrêtèrent sur le visage de la jeune femme, la détaillant avec plus d’intérêt qu’il en était nécessaire. En se redressant légèrement, ses sourcils relevés, il tapota sur le pommeau de sa canne, interrogatif.

« J’ai l’impression de vous connaître… »

Il réfléchit quelques secondes, s’attardant plus sur ses cheveux qu’autre chose. Un sourire s’étira sur ses lèvres, forçant ses joues creuses à s’écarter de son passage lorsqu’il reconnut le nouveau personnage. Il y a quelques années, elle n’avait pas encore gagné ce visage de femme…

« Bon sang! Cemilia? La petite Cemilia? C’est bien toi? »



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Dim 04 Jan 2015, 21:18

Cemilia s’étira et bâilla longuement.
-Bonjour, mon gros, marmonna-t-elle à l’intention d’Asmaël, qui dormait à ses pieds.
Le touncarn leva sa grosse tête et lui jeta un regard endormi, avant de refermer ses paupières sur son œil givré et de replonger dans le monde des rêves.
Cemilia laissa son regard vagabonder quelques instants dans le pelage épais et brillant de son ami quadrupède, immobile. Elle était encore un peu engourdie de sommeil, elle aussi, et ses pensées peinaient à se rassembler dans son esprit.
Finalement, elle parvint à se ressaisir et dégagea la couverture de son corps, avant de balancer ses jambes par-dessus le lit. Elle se dirigea vers la fenêtre de sa chambre, et ouvrit les rideaux. Une lumière vive se déversa avec abondance dans la pièce, éblouissant l’Orisha.
Une fois accoutumée au changement d’environnement, Cemilia aperçut le soleil déjà haut dans le ciel et réalisa soudain que la journée était bien entamée. Comme électrifiée, elle s’habilla en vitesse et quitta la chambre, claquant la porte derrière elle.
Une fois l’étroit escalier de la maison dévalé, la jeune femme déboucha sur la pièce commune qui emplissait tout l’espace du rez-de-chaussée. Dans un coin qui faisait office de cuisine, Arden, cheveux noués en une queue de cheval qui lui battait les épaules, s’affairait déjà autour des fourneaux. Une odeur alléchante se dégageait de la poêle qu’il manipulait habilement.
-Bonjour, Cemilia, lança-t-il avec un sourire en voyant son amie arriver, le visage encore pétri de sommeil. Bien dormi ?
-Tu aurais pu me réveiller plus tôt, lança l’intéressée sur un ton de reproche. Si je me mets à me lever à des heures pareilles, je ne vais plus jamais réussir à faire quoi que ce soit de ma vie.
-Tu avais pourtant l’air si paisible dans ton sommeil, fit remarquer le jeune Élémental, goguenard.
Il attrapa le manche de la poêle et la posa d’un geste expert sur la petite table en bois brut qui trônait au milieu de la pièce.
-Parce que tu as osé pénétrer dans ma chambre pendant mon sommeil ? s’offusqua Cemilia. Tu es un homme déshonoré !
Arden rit, inconscient du danger qui planait au-dessus de sa tête.
-C’est bien la première fois que j’entends Cemilia An’Thyr parler d’honneur ! Aïe !
Le solide jeune homme porta une main à son crâne, qui venait d’être la cible d’une Orisha furibonde. Cette dernière décida d’ignorer Arden, et s’assit à la table, très digne. Elle semblait décidée à se montrer de glace, mais dès qu’elle porta sa cuillère à la bouche, son indignement factice fondit comme la neige au soleil, et son visage s’illumina d’une expression d’intense délectation.
-C’est délicieux, Arden ! s’exclama-t-elle, la bouche pleine. Tu ferais une excellente femme au foyer !
-Je me contenterai d’accepter le compliment, grimaça son interlocuteur en retour.
Tous deux éclatèrent de rire.

Dès que Cemilia eut avalé sa dernière bouchée, elle se leva d’un bond et attrapa son manteau de fourrure, accroché à un harnais sur le mur près de la porte d’entrée.
-Où vas-tu ? demanda Arden.
Cemilia haussa les épaules.
-J’ai besoin de bouger, répondit-elle simplement.
L’Élémental avait l’habitude de cette réponse vague, aussi se contenta-t-il d'acquiescer.
-Asmaël dort en haut, dit la jeune femme en ouvrant la porte. Rae doit être en vadrouille quelque part, et le chat dans la maison.
Comme s’il avait compris que l’on parlait de lui, un petit chat tigré fit son apparition et vint se frotter contre la jambe d’Arden. C’était un animal en peluche, rendu vivant par une quelconque magie, que Cemilia avait récupérée au marché de Dhitys, une éternité plus tôt. Elle l’avait déposé dans sa maison de Megido, avant de disparaître dans les Montagnes de l’Edelweiss Enneigé. Le chat n’avait jamais quitté son poste, et depuis le retour de sa maîtresse, il ne la quittait plus, à l’instar d’Arden.
Cemilia se retrouva dans la rue, déjà assaillie par le froid glacial de l’hiver. Remontant le col de son vêtement jusqu’au milieu du visage, elle s’engagea dans le flot de personnes qui s’activaient avec animation. Le soleil, haut dans le ciel, ne parvenait pas à faire fondre les plaques de neige et de verglas qui s’étaient ancrées dans le sol, et il était fréquent de voir des personnes déraper en pleine marche, avant de se rattraper in extremis.
Cemilia inspira profondément. Contrairement à ce qu’elle avait craint à un moment donné, l’ambiance de la ville ne lui pesait pas. Au contraire, elle retrouvait avec une certaine émotion les coins qui lui avaient, à un moment donné, été familiers. Certaines choses avaient changé, plongeant sa mémoire dans le trouble, mais la plupart des choses étaient demeurées à leur place et trouvaient un écho dans les images de son enfance. Amère enfance, sombre enfance, qui se parait tout de même de quelques éclaircies lorsque la jeune femme parcourait à nouveau ces rues, foulait à nouveau ces placettes. Un jour, peut-être, rendrait-elle visite à ses parents ; et alors, peut-être le passé trouverait-il également sa juste place dans son existence.
Cemilia en était à là de ses pensées lorsqu’elle se fit soudainement percuter. Elle retint une exclamation de surprise et de douleur mêlées – sa jambe se retrouverait très certainement ornée d’un beau bleu d’ici quelques heures – et elle tourna instinctivement la tête vers celui qui lui était rentré dedans.
La voix qui s’éleva lui parut vaguement familière, si ce n’était que le timbre semblait laminé par les années. Cemilia était en train de se dire que cela ne devait être là qu’un effet de son imagination, mais soudain, l’inconnu poussa une exclamation, et prononça son nom. La jeune femme, quelque peu déconcertée, dévisagea avec plus d’attention l’homme qui se tenait devant elle, et soudain, un souvenir vint effleurer l’aune de sa mémoire.
Il fallait revenir cinq ans en arrière, lors de l’un de ses voyages perdus sur la carte du monde… L’homme était Orisha, à n’en pas douter, et elle l’avait rencontré bien loin de Megido. Comment s’appelait-il ?
Cemilia répondit enfin au sourire de l’homme et s’exclama :
-Draug, n’est-ce pas ? C’est bien moi, avec quelques années de plus. Que fais-tu ici ?
Elle se mit à rire, heureuse de cette rencontre inattendue. Elle avait spontanément tutoyé l’homme, et ne se souvenait plus si c’était déjà le cas cinq années plus tôt. Mais peu importait…
À l’évocation des années passées, Cemilia nota soudain que ces dernières semblaient avoir eu un effet particulièrement frappant sur Draug. Venant rayer l’image de sa jeunesse, le visage de l’homme s’était fripé, la peau avait pâli ; ses yeux vairons semblaient éteints, comme si la flamme de la Liberté qui brillait joyeusement dans le regard de tout Orisha s’était essoufflée. D’une manière générale, Draug semblait plus tassé, plus fragile, plus… épuisé.
Cemilia, légèrement perturbée par ce radical changement, se garda néanmoins de faire le moindre commentaire à ce propos. Elle préféra feindre la simple joie de retrouver sa connaissance de longue date, et lança avec un grand sourire :
-Comment va ta femme ? Et tu as un fils, non ? Ne me dis pas son nom, je vais m’en souvenir… Miles, c’est ça ?
Décidément, Megido se montrait toujours pleine de surprises pour l’enfant qui revenait au foyer.

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Miles Köerta
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Miles Köerta
Lun 05 Jan 2015, 03:02

Détruire les illusions
Draug Köerta -
« Being a prisoner of its own chains »

Vous comprendrez, un jour, l’importance qu’il accordait à la Liberté, lorsque cette dernière se présentera à vous. Les rencontres sont si diverses sur ses routes multiples qu’elles ne peuvent pas ne pas être enrichissantes. C’est en foulant le chemin de ces grandes aventures qu’il a connu ses plus belles expériences, qu’il a croisé, lors de ces voyages, les gens qui l’ont créé comme il est aujourd’hui. Bien sûr, plusieurs pourraient penser qu’il aurait pu être corrompu par ces années d’esclavagisme, mais il n’en était rien. Depuis le tout début, il s’était promis de ne jamais laissé sa captivité sombrer son existence, car il avait toujours su qu’une lueur d’espoir brillait quelque part au bout de ce long tunnel et que, malgré les années à avoir tenté de la rejoindre, sans succès, il parviendrait à déboucher de l’autre côté. Cette réflexion n’en était plus une: de jours en jours, elle se changeait en idée, puis en certitude. Cette dernière, ainsi formée, ne pouvait être plus claire et solide dans son esprit. Il avait la foi, la volonté; jamais il n’avait abandonné cette conviction farouche que, de l’autre côté de ce long et tumultueux couloir, un monde rempli d’histoires, de personnages variés, l’attendait.

Et pour sûr, il n’avait pas été déçu. Dès lors qu’il avait mis les pieds dans cet univers, les histoires, il en mangeait quatre avant chaque petit-déjeuner; de nouveaux personnages, il en rencontrait dix avant même que le soleil n’est atteint son zénith. Les routes de l’exploration l’ont fait découvrir tant de choses, lui ont fait comprendre tant de misères à certaines occasions, que malgré toutes les mauvaises décisions qu’il avait pu prendre dans sa vie, il ne pourrait les regretter complètement. Rien n’était fait au hasard et le cours du destin désirait, à plusieurs reprises, nous mettre des obstacles sur notre route. Pas pour nous arrêter; seuls les plus faibles le faisaient. Pas pour nous provoquer; seuls les plus bouchés s’obstinaient. Ils étaient présents sur notre route pour nous donner une leçon; et seuls les plus grands mûrissaient alors. Quelques barrages, effectivement, étaient plus difficiles à opposer que d’autres, mais l’Homme, fait et créé de la main des Aethers, pouvaient se placer devant et face à tout.

Enfin, c’était sur l’une de ces routes qu’il avait rencontré cette jeune enfant, devenue femme à présent. Lors d’une de ses nombreuses journées vagabondes, en compagnie de sa femme et de Miles, qui abandonnait peu à peu l’enfance à cette époque, ils s’étaient vus pour la première fois au croisement de cette avenue. Seule - ou en présence d’une autre âme, il ne s’en souvenait plus très bien - elle lui avait paru si jeune pour s’embarquer dans une telle expédition que son souvenir, malgré les ans, ne s’était pas totalement effacé. Oui, bien sûr, à part les cheveux de Célia, qui eux-mêmes se tendaient plus vers un rouge incandescent que vers le roux, la chevelure de Cemilia était l’une des plus embrasée qu’il n’ait jamais vu. Peut-être que cette couleur était également l’une des raisons que Draug se souvienne - jusqu’à son nom tout de même! - la jeune demoiselle.

« Quelques années en plus, c’est certain. Regarde-toi, t’es devenue une vraie femme maintenant! Les hommes doivent te courir après », dit-il avec un rire qui, malgré la moquerie contenue dans celui-ci, résidait une profonde joie de la voir à nouveau.

Il était également très ravi qu’elle se rappelle de lui. Il ne cachait pas qu’avec son physique actuel, il n’aurait pas été étonné qu’elle ne se souvienne plus vraiment de lui. Près de cinq ans avaient passé. Et en cinq ans, bien des choses s’étaient déroulées, plus qu’il n’aurait voulu, c’est sûr, mais qui était-il pour revenir sur un choix du destin? La vie l’avait emmerdé, mais la combattre maintenant ne servait plus vraiment à grand-chose. Regarder où il en était. Se battre, c’était bien au-dessus de ses forces à présent. Malgré tout, il continua de sourire, surtout lorsque Cemilia lui posa des questions sur sa femme, qui éveilla en lui une profonde douleur, qu’il tut néanmoins. Il avait fait son deuil, mais l’intégralité de sa souffrance ne pourrait jamais le quitter. Tout bonnement, comme s’il répondait à toutes ces questions à la fois, il se contenta d’acquiescer d’un hochement de la tête avant de prendre la parole:

« Bonne mémoire! Ça me surprend que tu te souviennes même de son nom. Il était tellement jeune… C’est triste que la vie nous les fasse grandir. J’aurais aimé le garder encore quelques années aussi petit qu’il l’était. Il n’aurait pas commencé à me traiter comme un vieux. »

Mine de rien, cela devait être, quelque part au fond d’eux-mêmes, le souhait de tous les parents. Toutefois, il savait qu’il n’en était absolument rien pour certains. Enfin, il n’était qu’un parmi tant d’autres et il ne pouvait pas tous les juger.

« Et pour ce qui est de ma femme… »

Draug soupira, ses doigts s’animant de plus en plus activement sur le pommeau de sa canne. C’était bien là le seul signe de son trouble.

« Elle est morte. Il y a cinq ans. »

Immédiatement, il maquilla son visage d’un grand sourire franc et sincère, s’attendant à des excuses, c’était plus que sûr. C’est ainsi que les gens réagissaient lorsque la mort venait à toucher autrui. Mais il ne voulait surtout pas s’embarquer dans cette période. Ce n’était pas… enfin, ais-je vraiment besoin de vous faire un dessin? D’un geste rapide de la main, désirant changer de sujet, il planta son regard dans les yeux vairons de Cemilia, y faisant ressortir un intérêt qui n’était pas feint: oui, il voulait changer de sujet, mais non, il n’allait pas écouter Cemilia uniquement pour se changer les idées. Il voulait vraiment savoir comment cette petite princesse allait, comment elle s’en était sortie entre les mailles de la grande chaine de la vie.

« Mais sinon, comment une jeune femme, comme toi, se porte-t-elle? Explores-tu encore le monde, comme tu me l’as dit à l’époque? Il est vaste, pas vrai? Je me demande si tu es parvenue à marcher plus de lieux que moi, à ce jour, même si j'en doute. »



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Ven 09 Jan 2015, 21:04

Draug semblait aussi surpris, et réjoui, qu’elle à la constatation que leurs mémoires respectives avaient ancré l’image de l’autre en elles. Cemilia, alors qu’elle parlait, ne pouvait s’empêcher de laisser son regard vagabonder de haut en bas sur le corps de l’homme, remarquant toujours plus l’effet incroyable qu’avaient eu les dents transparentes du temps sur lui. Comment pouvait-on se retrouver aussi rongé, aussi rabougri, en si peu de temps ? Cela n’était pas possible. Il devait il y avoir une explication autre que les simples années qui s’étaient écoulées depuis leur dernière rencontre. L’image du Draug de l’époque, fort, droit et libre, frémit une nouvelle fois devant ses yeux.
Et soudain, un pan de lumière se fit sur ce phénomène inexplicable. Dans la bouche de Draug s’associèrent les mots « femme » et « mort », et aussitôt Cemilia ressentit la douleur aiguë qu’éprouvait son semblable au ravivement du souvenir de son âme sœur. L’empathie de l’Orisha, qui se manifestait toujours dans les moments les plus inattendus, fit le lien entre le vieil homme et la jeune femme, et cette dernière sentit soudain sa gorge se nouer. Elle n’aurait pas dû évoquer la femme de Draug.
Celui-ci, cependant, feignit l’indifférence quant à la tempête d’émotions qui se déferlait manifestement en lui. Il afficha un sourire serein, éluda le sujet et le recentra sur Cemilia elle-même. Seuls ses yeux dissemblables laissaient transparaître les sentiments qu’avait éveillés la jeune femme contre son gré.
Suivant l’exemple de son aîné, Cemilia ne revint pas sur le sujet du décès de sa femme. Elle se contenta d’un sobre :
-Mes condoléances.
La mort était imprévisible, elle pouvait frapper à n’importe quel instant, à n’importe quelle porte. Il n’y avait rien à ajouter à ce sujet.
Cemilia afficha un sourire qui l’avait quittée à l’évocation de la funeste nouvelle, et répondit d’un ton désinvolte aux questions de Draug :
-À qui le dis-tu ! Je ne tiens pas en place.
Elle rit brièvement.
-Le fait que je sois à Megido en ce moment tient du miracle. Habituellement, je dors à la belle étoile, perdue quelque part dans les Terres. Il y a tant à explorer que je ne sais pas où donner de la tête !
Elle rit derechef, mais n’en dit pas plus, considérant que s’épancher dans moult détails sur sa vie alors que Draug lui-même s’était montré si bref pour la sienne serait déplacé de sa part. Elle avait surtout envie d’en savoir plus sur son interlocuteur, sans parler du sujet de sa métamorphose flagrante qui lui titillait l’esprit depuis le début. Si elle y parvenait, elle tenterait d’amener la question dans la discussion, le plus délicatement possible.
-Parle-moi de Miles, déclara-t-elle d’un ton enthousiaste. Il doit avoir beaucoup changé depuis la dernière fois que je l’ai vu ! Je m’en souviens, ce n’était qu’un gamin qui m’arrivait à peine à l’épaule…
Elle fit un geste pour montrer la taille du garçon de ses souvenirs, avant de poursuivre :
-Quel âge a-t-il maintenant ? Quinze ans ? Ou un peu plus ? Il doit avoir tant changé !
Elle marqua une courte pause, avant de faire remarquer d’un air innocent :
-Toi aussi, tu as beaucoup changé. À tel point que j’ai eu du mal à te reconnaître, au premier abord ! Que s’est-il passé pour que tu te transformes d’une telle manière ?
Cemilia se demanda un instant si elle n’y était pas allée un peu fort. Mais le désir d’en savoir plus dominait, sans parler du fait qu’elle devinait que Draug n’était pas de ceux qui se refermaient hermétiquement dès que l’on tentait d’aborder avec eux des sujets un peu plus sensibles. Après tout, il n’avait pas rechigné à évoquer la mort de sa femme. Cemilia pria intérieurement pour que l’homme n’ait pas une autre tragédie à lui annoncer. En effet, comme elle le constatait non sans une certaine inquiétude, la vie de sa vieille connaissance avait été bien moins facile et heureuse qu’elle l’aurait espéré, et qu’il le laissait paraître avec ses sourires et ses questions attentionnées.

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Miles Köerta
Sam 10 Jan 2015, 01:36

Détruire les illusions
Draug Köerta -
« Being a prisoner of its own chains »

Malgré les années qui s’étaient écoulées, aujourd’hui ressemblait à hier, et sous les yeux attentifs de l’Orisha, Cemilia n’avait pas changé d’un iota. Toujours aussi fébrile à la simple réflexion de l’aventure, le reflet de la gamine qu’il avait rencontré se superposait au visage illuminé de la jeune femme qu’elle était devenue. Des pépites d’or se faisaient découvrir au fond de son regard, qu’il n’aurait jamais suspecté la présence s’il n’avait pas été témoin de la chose, et cela lui plaisait plus qu’il ne pouvait le croire. Il l’écoutait parler avec attention, sans jamais la couper, trop concentré à se plonger, lui-même, dans ses propres aventures passées. Dormir à la belle étoile… Combien de temps n’avait-il pas fait cela? Trop longtemps: sans quoi, ça ne l’aurait pas autant manqué. Avez-vous déjà senti la fraîcheur de la nuit caresser votre peau? Avez-vous simplement déjà entendu les chants de la nature, ceux qui nous aident à nous assoupir, ceux qui nous bercent pour nous faire rêver? Eh bien, si ce n’était pas le cas, il - et moi-même - vous conseillons de tenter l’expérience. La déception ne pourra être dans votre vocabulaire cette nuit-là, lorsque vous fermeriez les yeux sous le ciel étoilé…

Mais il s’égare - et moi aussi par le fait même. Au fond de lui, en songeant aux paroles de Cemilia, il se sentait jaloux. Quelque part, l’envie de lui demander s’il pouvait l’accompagner lui brûlait les lèvres, car il en rêvait, à chaque jour, de ces pleines journées où il foulait le chemin de l’aventure par ses propres pieds. Perdu dans ses pensées, le jeune père - car, malgré les apparences, il n’avait que trente-neuf ans - fut lentement ramené à la réalité par le changement de ton de sa jeune interlocutrice. Cillant des paupières, son regard vairon finit par se poser de nouveau sur le visage de la jeune femme aux cheveux de flamme, et il sourit lorsqu’il comprit qu’elle s’intéressait à son fils. Changé? Par Antarès! Il avait bien plus que changé! Avant, c’était à peine s’il parvenait à atteindre les épaules de ses aînés. Mais bon, à cet âge-là, surtout après la puberté, les jeunes hommes grandissaient à une de ces vitesses, qu’ils nous étaient, souvent, très difficile de savoir quand tout cela avait commencé exactement. Du jour au lendemain, tout bonnement, ils ne rentraient plus dans les trous de leurs chandails, il leur fallait de nouvelle paire de chaussures, des pantalons plus grands, et la nourriture: ils mangeaient pour dix!

Draug écoutait Cemilia parler, et après quelques secondes, se mit à rire doucement, ne voulant pas trop forcer sur sa gorge, sèche depuis quelques temps. Les quintes de toux arrivaient si violemment à certains de ces fous rires qu’il préférait faire attention.

« Il a dix-sept ans maintenant, mais ça m’étonnerait que tu le reconnaisses. Il doit faire ta grandeur aujourd’hui… »

Tout en réfléchissant sur la question, il se balança sur ses pieds, allégeant quelque peu le poids qu’il avait posé sur sa canne. C’est à cet instant qu’il nota que Cemilia progressait sur un autre terrain. Lui jetant un regard à la dérobée, Draug conserva une expression neutre sur son facial, sans relever un quelconque sourire sur cette dernière remarque. Oui, effectivement, lui aussi avait changé. Comme tout le monde. Au fil des saisons, suivant les caprices du temps. Seulement, si la vie avait réservé des aventures pour certains, des enfants pour d’autres, des malheurs pour plusieurs, dans son cas, cette dernière lui avait offert une chaîne et un boulet.
Il soupira, adressant à la jeune femme un bref sourire avant de se décider à nourrir sa curiosité.

« La maladie, répondit-il avec toute la simplicité du monde, comme s’il lui parlait de la température qui faisait à l’extérieur. C’est la maladie qui m’a transformé de cette façon. »

Il n’avait aucun problème pour en parler. Il s’était, depuis longtemps, habitué à sa situation.

Tendant les bras dans les airs, jusqu’à faire une croix, il se positionna face à la jeune femme, comme pour lui montrer l’étendue de son mal. Pourtant, malgré la pâleur de sa peau, la maigreur de certains de ses membres et la courbe visible que dessinait son dos, il continuait de sourire, de garder ces airs désinvoltes, qui auraient pu la berner sans aucune difficulté si son état n’était pas aussi alarmant.

« Je vais sûrement mourir suite à ce mal qui me ronge. »

Il baissa lentement ses bras, s’appuyant de nouveau contre sa canne.

« Avant même d’avoir atteint la cinquantaine, tu t’imagines? Il y a tellement d’endroit que j’aurais aimé visiter… Mais bon, je ne peux rien contre le destin. »

Son regard ne pouvait plus se détacher des yeux vairons de Cemilia. Anticipait-il sa réaction? Cherchait-il à savoir ce qui pouvait se cacher à l’intérieur de ces iris verts et bleus? Pourtant, malgré les questionnements qui fourmillaient dans son esprit, il reprit plutôt sur le même ton:

« Je peux te poser une question? Si un être qui t’es cher souffrait d’une maladie, incurable comme la mienne, que ferais-tu pour l’aider? Serais-tu prête à abandonner jusqu’à ta Liberté pour tenter de trouver un moyen de le sauver? Ou, que ferais-tu, plutôt, si c’était toi qui souffrais d’un tel mal? Serais-tu prête à laisser quelqu’un d’autre abandonner sa Liberté? »

Eh! Listen! (Non, je ne joue pas à The legend of Zelda x'D):



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Dim 25 Jan 2015, 17:44

Il est dit que la chance tourne. Tel le Soleil vu depuis les Terres, elle se montre tantôt à l’un, tantôt à l’autre. Mais celui qui se trouvera dans des régions australes ne verra jamais luire les rayons de l’astre au moment où l’Homme du Nord en sera arrosé. De même, la chance ne se montre jamais à la même personne, ni sous le même aspect. Cependant, à la différence du jour et de la nuit, la chance se loge chez les gens pour une durée indéterminée. Parfois des semaines, parfois des jours, parfois des années. Il peut s’écouler une vie entière sans que la chance ne décide de rendre visite à certains.
Et alors, tous les malheurs du monde pouvaient s’abattre sur le malheureux, comme s’il était plongé à jamais dans une nuit sans fin.
Cette étrange comparaison entre le Soleil et la chance effleura l’esprit de Cemilia alors qu’elle écoutait Draug raconter son malheur personnel de sa voix éraillée. Les yeux de la jeune femme semblaient perdus dans le vide, égarés sur la silhouette décharnée de l’homme. Alors qu’elle apprenait la vérité, l’Orisha voyait cet être diminué se parer de l’ombre tenace de la maladie. Partout, la maladie. Dans les gestes de Draug, dans sa façon de se tenir, un peu voûté, un peu écrasé sous le poids de sa peine. Dans son regard voilé, dans la flamme de la Liberté qui semblait n’être réduite qu’à une mince étincelle dans son cœur.
Le ton de Draug n’avait rien d’amer, ni de révolté. Il semblait avoir accepté la maladie, comme une vieille compagne, acariâtre et méchante, mais que l’on était obligé de supporter. Néanmoins, malgré le détachement de façade de l’homme, Cemilia distinguait nettement la nuance de regret dans sa voix, la détresse de l’espoir face à la réalité.
Brutalement, la gorge de la jeune femme se noua, et elle battit vigoureusement des paupières. La maladie était la pire des punitions pour un Orisha. C’était comme arracher les ailes à un oiseau, ou couper les branches d’un arbre. On survivait, mais on ne vivait pas. On devait faire sans la Liberté.
Perturbée par cette perspective, Cemilia lutta quelques instants pour ne pas se laisser submerger par ce sentiment de terreur impuissante qu’elle ressentait à l’idée même qu’elle n’était, elle non plus, pas à l’abri d’un tel malheur. Elle inspira profondément, écartant les images accablantes qui s’étaient mises à défiler dans son esprit, et murmura à l’intention de Draug, les yeux embués :
-Je suis si désolée…
Elle inspira derechef, se calmant un peu. D’une voix plus claire, elle ajouta avec un faible sourire :
-Je t’emmènerai au sommet de l’Edelweiss, un jour. S’il y a une chose que tu dois faire avant ta mort, c’est bien ça.
Ce ne fut que lorsqu’elle fut parvenue à évacuer toute l’émotion qui était montée en elle comme une grande marée qu’elle réalisa enfin que Draug lui avait posé un certain nombre de questions. L’intensité du ton et du regard de l’homme alerta la jeune femme, qui comprit que ces interrogations ne venaient sans doute pas de nulle part.
Que faire si un proche était aussi malade que Draug lui-même ? Cemilia, elle, que ferait-elle ?
La jeune femme, non sans réticence, tâcha de s’imaginer une telle situation. Si Arden venait à tomber gravement malade, sans espoir de guérison, comment agirait-elle ? Ou s’il s’agissait de Lestat ?
À cette pensée, Cemilia ne put s’empêcher de ressentir un pincement au cœur. Au fur et à mesure que le temps s’écoulait depuis leur dernière rencontre, penser à son amant devenait une action qui se parait d’une étrange amertume. D’où venait cette triste sensation ? Lestat et elle s’étaient quittés sur de bons termes – si ce n’était excellents – et le Lien du Destin, qui avait mêlé un peu de leurs âmes respectives, semblait toujours présent, quelque part dans le cœur de Cemilia. Cependant, c’était sur ce point que la jeune femme commençait à ressentir les choses différemment. Il lui semblait que le Lien, encore fragile, devenait plus ténu à chaque fois qu’elle y pensait. Était-ce là un effet de son imagination ? Ou un réel éloignement ?
Cemilia préféra ne pas se pencher sur la question pour le moment, et se concentra sur les interrogations de Draug. L’image de l’un de ses proches, Lestat, Arden ou même le bien-nommé Radis, à l’agonie s’imposa à son esprit. Évidemment, songea la jeune femme, son premier réflexe dans une telle situation serait de tenter de guérir l’intéressé, et de réfuter l’évidence de la mort inévitable. Comment supporter de vivre avec la certitude qu’un être aimé disparaîtrait dans un futur proche ? Comment accepter de voir un ami agoniser, s’éteindre de jour en jour ?
Mais c’était se montrer égoïste. La vie était précieuse, mais on ne réalisait cela que lorsque l’on savait que l’on allait bientôt la perdre. Il fallait donc faire de ses derniers instants un trésor, un concentré de joie et de bonheur.
Cemilia répondit enfin à Draug, une certaine émotion dans la voix :
-Je crois que je tenterais de rendre la vie de mon ami la plus belle possible avant… avant qu’elle ne se termine.
Elle s’extirpa peu à peu de son illusion et ajouta, la voix plus ferme :
-Mais jamais je ne laisserais ma Liberté être entravée. La maladie et la mort sont des événements inéluctables, il est inutile de sacrifier son être entier pour une cause perdue.
La jeune femme hésita un instant.
-Je me montre sans doute égoïste, reprit-elle encore, mais c’est ainsi que sont les Orishas. La Liberté leur est ce qu’est l’oxygène à tout Homme.
Elle marqua une nouvelle pause. La discussion était intense, elle nécessitait des instants de silence, des plages de calme, pour ne pas déborder comme de l’eau en ébullition.
-Rassure-moi, s’enquit-elle enfin, un pli soucieux barrant son front, tu n’es pas confronté à cette situation, si ?
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Miles Köerta
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Miles Köerta
Sam 14 Fév 2015, 03:46

Détruire les illusions
Draug Köerta -
« Being a prisoner of its own chains »

Le mouvement de leurs pensées tournait autour de la notion de Liberté.
Pourtant, Miles n’était pas une anomalie. Il était peut-être plus pâle que ses semblables et ne possédait pas de yeux vairons, signes explicites de son appartenance à la race Orisha, mais il faisait tout de même parti des leurs. Cependant, sa manière de réfléchir échappait clairement au raisonnement de Draug. Miles n’était pas un imbécile, on pourrait même facilement dire qu’il était quelqu’un de particulièrement rusé, quoi qu’un peu tête en l’air et casse-cou, mais sa vivacité d’esprit n’était plus à démentir.

Malgré tout, il s’était attaché à une illusion: il n’était pas capable de discerner la vraie Liberté, celle qui les contraignait de rien, de celle qu’il s’était créé et dans laquelle il progressait désormais, mains et poings liés aux décisions de ce Magicien.
Inconsciemment, la poigne de Draug sur le pommeau de sa canne se raffermit. Songer à lui, au marché qu’il avait fait avec son fils, et le regard de l’Orisha s’obscurcissait instantanément.

Le jeune homme ne constatait pas qu’il s’enchaînait par lui-même, alors qu’il était toujours le premier à se mettre en colère à la seule vue de chaînes. Il s’enfermait alors qu’il était supposé vivre comme étant un être sans barrière. Ce besoin de vivre dans la Liberté était inscrit dans leurs gênes – dans ses gênes à lui aussi – au même titre que le besoin de respirer pour un homme voulant exister.

Cependant, même en étant l’un d’eux, Miles allait à l’encontre de tous ces principes qui dictaient leur existence. Et ce problème torturait l’esprit du jeune père depuis un moment déjà, trop longtemps pour qu’il conçoit à garder encore ses doutes pour lui. Parce qu’il souhaitait réellement comprendre son fils, quitte à se demander, à plusieurs reprises, s’il n’était pas celui en faute dans toute cette histoire.
Est-ce que c’était lui qui se montrait ouvertement égoïste envers son fils ou ce dernier ne comprenait décidément rien à ce que la vraie Liberté impliquait? Souvent, ce questionnement lui revenait à l’esprit et il n’y trouvait jamais de réponses. Du moins, pas de réponses satisfaisantes.
Car son but principal n’était pas de faire culpabiliser son fils: tout ce qu’il souhaitait, c’était qu’il ouvre les yeux. Qu’il comprenne qu’il était trop tard pour son vieux père.

Pas trop tard, néanmoins, pour remettre leurs pas sur le chemin de l’aventure, se joignant aux joyeux voyageurs qui parcouraient l’immensité de ce monde. Pas trop tard, néanmoins, pour se créer de nouveaux souvenirs, de nouveaux liens, au lieu de rester cloîtrer dans l’obscurité de cette maison.
Pas trop tard pour continuer de vivre, jusqu’à ce que l’histoire se termine. D’ailleurs, l’engagement fait par Cemilia, un peu plus tôt, ne put qu’étirer les lèvres sèches de l’Orisha, alors que la perspective de pouvoir atteindre le sommet de l’Edelweiss imprégnait peu à peu ses pensées d’une insoutenable fébrilité. Son corps de vieillard, malgré son jeune âge, répondait avec ferveur à l’enthousiasme qui habitait désormais son esprit. Effectivement, tout Orisha se doit d’accomplir cette ascension au moins une fois dans sa vie, songea-t-il, penseur, alors que ses réflexions se dirigèrent, bien contre son gré, vers le souvenir de son propre père. Mais il le repoussa rapidement, ne voulant pas s’enfoncer dans les méandres du passé. Ce temps était révolu. Il avait déjà suffisamment du présent à s’occuper sans avoir besoin de faire remonter tous ces souvenirs qui appartenaient à une autre époque…

Il ferma les yeux, redressant le menton et prit une grande respiration. Quelques secondes après, il perçut la voix claire de Cemilia s’élever dans l’air.  

« Oui… C’est bien ce que je crois aussi… », acquiesça-t-il en hochant gravement de la tête, lorsqu’elle eut terminé, ouvrant finalement les yeux pour les poser sur une Cemilia débordante, dont le regard reflétait l’intensité de ses propos.

Mais rapidement, elle se calma, pour reprendre la parole d’une voix plus posée. Draug l’observa avec un regard absent, avant de soupirer de plus belle. Elle avait mis dans le mille.

« On peut dire ça… »

Cherchant une approche pour lui expliquer la situation, il se mit à gratter son menton, devenu piquant par une barbe de quelques jours.

« Écoute, il se passe quelque chose de pas très clair avec Miles. Je ne sais même pas s’il s’en rend compte… »

Il réfléchit encore quelques secondes, et reprit d’une voix plus basse et lente, comme s’il craignait que des oreilles indiscrètes viennent à entendre le fil de leur conversation.

« Tu sais, depuis la mort de sa mère, nous nous sommes beaucoup rapprochés lui et moi. Il est ma seule famille à ce jour et je suis la seule famille qui lui reste. Mais… »

Il marqua une pause, affreuse, tandis que ses pensées rentraient en collisions les unes des autres, sans répit. Puis, d’une seule traite, il expliqua la situation à Cemilia. Ardwick était apparu comme une bénédiction aux yeux de Miles, mais Draug, qui avait déjà scellé son sort, n’avait rien cru de sa comédie. Pourquoi ce Magicien parviendrait à trouver un remède à une maladie que tous les spécialistes de ce monde décrivaient comme incurable? Désolé, mais ce n’était pas avec une petite baguette magique qu’il allait parvenir à faire sortir cette Indésirable de son corps, ce n’était pas avec une petite baguette magique qu’il parviendrait à lui redonner sa force et son énergie d’antan. Tout ce qui restait de l’Orisha? Son ombre. Et il s’en était accommodé, même si l’idée de baisser les bras aussi facilement le frustrait plus que tout.

« … Il s’est mis dans la tête de me sauver, qu’il pourrait y parvenir. Il se fout des sacrifices, de sa vie qu’il est en train d’envoyer en l’air! Je n’arrête pas de lui expliquer qu’il est trop tard pour faire quoi que ce soit: dans mon état, même si je guérissais, rien ne pourrait vraiment me soigner complètement. Je suis un cadavre qui respire. »

Il marqua une pause, remarquant qu’il avait, sans le vouloir, hausser le ton. Rapidement, il s’excusa auprès de la jeune rouquine, soupirant, las.

« Pardon… C’est juste que le voir faire me frustre tellement! Bien plus que cette maladie! Et ce Magicien, bon sang! J’aimerais savoir ce qu’il lui a mis dans le crâne pour le rendre aussi obstiné et… et docile! Monsieur le convoque, Miles file directement chez lui! Et pourquoi? Pour l’envoyer en mission chercher ses ingrédients perdus on-ne-sait-trop-où? Bordel! Ça fait près d’un an que mon fils travaille comme un forcené pour ce crétin, dans l’espoir d’y voir un avancement quelconque… Mais rien. Rien depuis près d’un an entier… »

Ses paroles coulaient à flot, comme un flux qu’on aurait trop longtemps arrêté.

« Crois-moi, ce Ardwick… Il porte un masque, mais pour cacher quoi exactement? »

Il se plongeait dans ses pensées, conservant son regard sur le visage de la jeune Orisha aux cheveux de flamme. Quand il dit soudain:

« Cemilia, voudrais-tu me faire une faveur? »

Il se racla la gorge, ses doigts jouant énergiquement contre le pommeau de sa canne. Mais son regard, déterminé, ne lâchait plus les yeux de la jeune femme.

« Peut-être est-ce trop te demander, surtout que tu dois avoir bien des choses à faire de ton côté, mais… Pourrais-tu, pour moi, enquêter sur ce Magicien, Ardwick? Je ne lui fais aucunement confiance et… je veux protéger mon fils du mieux que je peux… »

Il fit alors de petits signes avec sa main, comme pour signifier qu’il avait plus à dire.

« Je te donnerais de l’argent si tu le veux. N’importe quoi, mais je veux simplement que ce mec sorte de nos vies. »

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Jeu 26 Fév 2015, 15:22

Confirmant le désagréable pressentiment de Cemilia, Draug évoqua soudain Miles, son fils. Il exposa petit à petit à la jeune femme de plus en plus épouvantée les différents points d’une situation qui avait tout l’air de n’être qu’une manipulation en bonne et due forme. Tandis que Draug narrait ses soupçons à Cemilia, son masque d’indifférence se brisait petit à petit sous la pression d’une colère bouillonnante. Colère contre le nommé Magicien qui s’en prenait à son fils unique. Colère contre lui-même, impuissant face à la menace. Colère contre la maladie, qui le paralysait dans une telle situation. Cemilia, simple spectatrice de cette éruption intérieure, ne pouvait ressentir qu’une certaine inquiétude, et une poignante pitié pour cet homme qui avait, jadis, été si fort et épris de Liberté – mais jamais elle n’aurait montré cette pitié, dont Draug ne voulait assurément pas.
Les pensées de la jeune femme dérivèrent brièvement vers Miles, le fils de son ami. Elle se souvenait encore du garçon, encore petit alors, qui courait joyeusement autour de ses parents, espiègle et joueur. Lors de son bref séjour auprès de la petite famille, il était arrivé souvent à Cemilia de s’occuper de Miles. À la réflexion, c’était même à son contact qu’elle s’était découvert cette affection spontanée qu’elle éprouvait envers les enfants.
Qu’était devenu ce garçon aux yeux remplis d’étoiles ? L’adolescence était une période de changements, d’immenses changements, et il était fort probable que Miles ne reconnaisse plus Cemilia s’il la voyait à présent – comme cela serait sans doute vrai dans le cas inverse également.
Et cette affaire impliquant ce Magicien – Ardwick, qui n’était pas des moindres. Aux yeux de la jeune femme, cette histoire qui provoquait une telle inquiétude auprès de Draug ne pouvait être fondamentalement bénéfique. Ce fut ce dont elle fit part à l’Orisha :
-Évidemment, il serait envisageable que ce fameux Ardwick soit lui-même persuadé que le Kurbus est une maladie dont on peut guérir… Néanmoins, j’ai beau ne pas connaître les Magiciens très bien, j’ai entendu suffisamment de choses sur eux pour savoir qu’ils sont réputés pour étudier beaucoup. Nul doute donc qu’une maladie résistante à tout soin telle que la tienne aura su être l’objet de toutes sortes de travaux de leur part. Je serais très étonnée que notre homme ignore ce que tout le monde sait à propos du Kurbus.
La jeune femme marqua un arrêt. Elle réfléchissait au fur et à mesure de sa tirade.
-Sans parler du fait que, s’il est véritablement concerné par ton cas, reprit-elle enfin, il serait venu te voir en premier, et ne serait pas passé par Miles. Quel intérêt, sinon se servir de ta maladie comme un simple prétexte ?
Cemilia s’interrompit brusquement. Elle venait de réaliser que ses réflexions à haute voix avaient été très crues à entendre, et qu’il était probable que Draug ait été blessé par ses paroles à propos de sa maladie.
-Excuse-moi, se reprit-elle, je ne voulais en aucun cas banaliser ta situation.
Mais sans qu’elle s’en soit rendu compte, elle était à nouveau plongée dans ses considérations à propos du Magicien et de Miles. La situation du jeune homme la concernait plus qu’elle ne l’aurait attendu – c’était là son côté altruiste qui s’unissait avec son empathie commune à tous les Orishas, la poussant à tirer son semblable de la triste affaire dans laquelle il s’était plongé.
Néanmoins, à l’entente de la requête de Draug, Cemilia marqua une hésitation. L’homme lui demandait de s’impliquer dans l’histoire de Miles, filer le Magicien, l’espionner peut-être. Cette demande semblait tomber du ciel, prenant la jeune femme au dépourvu. Elle entrouvrit la bouche sous le coup de la surprise, mais ne répondit pas pour autant.
Elle fut tout d’abord tentée de refuser. Elle ne voulait pas prendre le risque de mettre le pied dans une affaire qui lui était, en fait, totalement étrangère. Sans parler de la spontanéité de la chose : ce matin, elle s’était levée pour aller simplement se promener dans les rues de Megido, et à présent, elle s’apprêtait à mener une enquête sur un homme qui avait probablement un certain nombre de choses à se reprocher. Le jeu en valait-il la chandelle ?
Puis Cemilia remarqua les mains de Draug, sillonnées des veines qui en ressortaient comme des mains de vieillard ; elles étaient crispées sur sa canne, comme lorsque l’on se raccroche à une bouée de sauvetage en pleine mer. L’Orisha ne pouvait rien faire pour aider son fils ; et pourtant, il le voyait souffrir de loin, se détruire petit à petit, se refermer sur lui-même. Cemilia s’imagina un instant à la place de son ami, et la perspective lui coupa le souffle.
Elle ne pouvait simplement se détourner de Draug. Elle ne pouvait laisser des membres de sa propre race, des amis, dans le besoin.
D’un geste impatient, Cemilia balaya les arguments de Draug.
-Je n’ai pas besoin d’argent, crois-moi, assura-t-elle.
Ce qui était un mensonge éhonté, Arden et elle étaient loin de rouler sur l’or. Mais qui aurait-elle été, si elle avait exigé de l’argent en retour d’un service rendu de plein gré ?
-Dis-moi simplement tout ce que tu sais sur cet Ardwick, déclara-t-elle fermement. Je ferai mon possible pour… le sortir de vos vies.
La vision d’un corps désarticulé passa brièvement devant ses yeux, comme le fantôme du soleil qui restait imprimé dans la rétine lorsqu’on le fixait trop longtemps.
Évidemment, il n’était pas nécessaire de préciser que sortir ce Magicien des vies de Draug et Miles signifiait, peut-être, le sortir de la vie tout court.
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Miles Köerta
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Miles Köerta
Ven 27 Fév 2015, 07:34

Détruire les illusions
Draug Köerta -
« Being a prisoner of its own chains »

La détresse? Le désespoir? Le dégoût face à l’impuissance? Il y avait de tout, dans le ton de sa voix, qui créait, par le fait même, une note étrange, tremblante et presque suppliante aux paroles qui franchissaient les pans de ses lèvres. Pourtant, aussi fort, émotionnellement, pouvait être cet homme, il éprouvait d’énormes difficultés à contenir ces élans sentimentaux, mais on pourrait le comprendre, au vue de la situation. N’importe qui, dans des circonstances quasiment similaires, ne parviendraient pas à freiner l’avancée de sa colère contre l’incapacité à agir. Tu vois cette personne que tu chéris tant se détruire, petit par petit, à cause des mots et des gestes d’un autre. Tu vois cette personne que tu chéris tant s’effacer graduellement pour devenir la poupée d’un marionnettiste qui a choisis de la ligoter à ses fils. Tu vois cette personne que tu chéris tant disparaître, alors qu’une vie pleine d’aventures n’attend qu’elle! Tu vois cette personne que tu chéris tant, et pourtant, tu ne peux rien faire. Parce que trop faible.

N’est-ce pas répugnant? Un tableau révulsant?

Dans son cas, en songeant sans cesse à ce scénario, il n’avait qu’une envie: frapper l’image jusqu’à ce qu’elle éclate, jusqu’à ce qu’elle devienne milles miettes, jusqu’à ce qu’elle soit si petite, minuscule, atomique, qu’elle disparaisse. Mais la réalité n’était pas un miroir qu’on pouvait briser à tout instant, aussi facilement qu’on fracasserait notre poing contre le verre. Sa surface n’était point lisse, mais plutôt tranchante: à chaque coup, elle te laissait des marques sur la peau. Et alors?, pensa Draug, son regard toujours tourné en direction de la rouquine. Il était prêt à se blesser, à recouvrir son corps des pires blessures, pour aider son fils à reprendre sa vie en main. Parce que cette dernière ne se trouvait plus entre les siennes, mais entre celles de cet étranger qui se clamait être un Magicien. Foutaises… Vils mensonges… Ce put*i* de Magicien… Son esprit répétait ces mots tandis qu’il écoutait d’une oreille attentive les observations de Cemilia. Rien ne clochait dans ses propos. Tout concordait parfaitement à ses propres doutes. Ce qui l’inquiétait doublement.

Ses doigts se mirent à tripoter de plus en plus nerveusement le pommeau de sa canne. Ils se crispaient sur la poignée avec toute la force qu’il pouvait y mettre, tandis que l’attente de la réponse de Cemilia se prolongeait encore et toujours plus, suite à sa demande quelque peu inattendue. C’était comme s’il pouvait entendre les secondes s’égrainer au loin. Lentement, cela dit. Trop lentement. Son cœur, pourtant, accélérait de plus en plus, à un point tel que sa respiration aussi prit le rythme de celui-ci. Comme ça, au premier coup d’œil, il n’y paraissait pas vraiment. Son corps restait stable, droit à l’aide du support apporté par la canne. Mais plus on s’approchait de son visage, plus on pouvait percevoir le bruit sourd, rapide, sifflant puis-je dire, du souffle du jeune père. Il commençait à avoir chaud, sans véritablement comprendre pourquoi, et préféra rester stoïque devant la petite Cemilia. Tout ce qu’il fit, se fut de passer rapidement sa main contre son front, devenu suant. Il apporta ses doigts devant ses yeux et ces derniers s’écarquillèrent à la vue de sa paume. Un, deux, trois mains dansaient devant ses yeux. Qu’est-ce qui m’arrive? Il tanguait maintenant. Comme un bateau s’acharnant à combattre la violence des eaux. Puis de nouveau, l’équilibre, la stabilité des couleurs, de l’environnement. Pour revenir à un état de profonde précarité.

« Qu’est-ce que… », murmura-t-il, essuyant sans cesse son front brûlant, humide par la sueur qu’il ne pouvait retenir de ses doigts noueux.

Sa voix faible se perdit dans les paroles, remplies de conviction, de la jeune femme, lorsqu’elle eut finalement choisit de fournir une réponse. Malgré le fait que c’est ce qu’il attendait, la nervosité nouant son ventre, il perçut à peine les mots de la rouquine, tous ses sens tournés vers une recherche d’explications à son état subit. Un malaise? La chaleur? La tension? La colère? Qu’est-ce qui le rendait aussi soudainement malade?
N’importe quoi pouvait faire chavirer le cœur d’un vieillard – même si, théoriquement, il n’en était pas un – mais jamais il n’avait pensé que ce trop gros rassemblement d’émotions aurait pu lui nuire au point de le rendre affreusement fiévreux, pour ne pas dire nauséeux.

« Ma petite Cem… »

Sa voix n’était plus qu’un faible et pratiquement inaudible chuchotement dans les bruits de Médigo.

« Je…ne me… sens pas… très bi… »

Et sans crier gare, il s’effondra.

Dormir, c’est tout ce que je demandais. Mais Ardwick avait encore eu besoin de moi, tôt ce matin, alors je n’avais eu d’autre choix que de m’extirper de mes draps pour aller voir ce qu’il me demandait. Traînant de la patte comme un clébard malade, je m’étais lentement, sans empressement, diriger jusqu’à son laboratoire, où il m’accueillit les bras grands ouverts, un sourire défigurant son visage habituellement sérieux et dur.

« Te voilà enfin! Qu’est-ce qui t’as pris autant de temps? »

Je lui montrais ma face. Était-ce suffisant comme réponse? Ça doit, car aussitôt, il me tapota vaguement l’épaule avant de me faire rentrer, surexcité. Je rentrais à sa suite, fatigué, mais quand même suffisamment réveillé pour remarquer le changement chez Ardwick. Qu’est-ce qu’il mijotait?

« Vous avez quelque chose pour moi?

- Oui! Et cela devrait te faire grandement plaisir! Je crois l’avoir trouvé, Miles! Tu peux y croire? »

Aussitôt, mon souffle se bloqua et je le regardais avec des yeux ronds, plus ronds que ceux des poissons.

« Par… Pardon?

- Tu as bien compris! J’ai trouvé un antidote! »

Ma mâchoire allait se décrocher si je continuais à ouvrir la bouche comme ça. Mais la nouvelle était telle que j’en restais ballant, paralysé par un mélange de surprise, d’excitation, de soulagement et de joie inimaginable.

« Vous… Vous êtes…

- Si je suis sûr? À quatre-vingt pour cent, je le regrette, mais c’est déjà mieux que la dernière fois, non?

- Ou… Ou… Oui… »

Mon cerveau essayait encore de comprendre la situation, présentement. Ardwick se détourna brièvement de moi, prenant un contenant de la taille de mon poing, qui se trouvait sur sa table, et me la tendit, fier.

« Donne ceci à ton père et reviens-moi avec les résultats prochainement, d’accord? »

Mon regard s’éclaircit brusquement, et un énorme sourire s’ébaucha sur mes lèvres. Je n’y croyais pas! Un antidote… On… On avait réussi… Je sentis comme de l’eau couler sur mes doigts et je remarquais soudainement que je pleurais, mes mains sur mon visage, n’y croyant toujours pas. Ardwick s’approcha alors et me prit dans ses bras. Je me laissais guider à l’intérieur, laissant les larmes couler, sans bruit. Tout ce que je ressentais, c’était l’excitation qui bouillonnait dans mon ventre.

« Je te l’avais dit que je parviendrais à des résultats. Très bientôt, je trouverais sûrement l’antidote au Kurbus! Maintenant, file! Dépêche-toi! »

J’hochais vigoureusement de la tête, essuyant maladroitement mes yeux à l’aide de mes mains avant d’attraper le flacon et de courir jusqu’à la porte. Mais avant de partir, je me tournais vers Ardwick, lui offrant un sourire rempli de confiance.

« Je ne sais pas ce que je serai devenu sans vous… Merci pour tout. »

Le Magicien lui envoya la main, en signe de salut, et le jeune homme claqua la porte en sortant, précipitamment. Puis, un sourire mauvais se dessina sur les traits du mage.

« En espérant que ton père apprécie ma potion «magique», sourit-il en ricanant.

•••••

Je courrais comme un fou poursuivi par des Démons. Complètement réveillé à présent, je n’hésitais pas à entrer en collision avec les gens aux alentours pour me frayer un passage rapide entre les piétons. Le miracle que j’attendais tant était-il sur le point de venir? Si oui, alors tous mes efforts seront finalement récompensés! Sinon… Je préférais encore ne pas songer à la déception qui s’abattrait sur moi advenant le cas…

Enfin! J’avais peut-être ma chance entre les doigts! Je devais rapidement l’offrir à Père pour qu’il la boive et qu’on puisse voir les résultats. Sur le chemin de la maison, courant toujours comme si des ailes venaient de me pousser dans le dos, j’aperçus alors deux silhouettes devant moi. Une, droite et grande, qui possédait – même de loin, nous pouvions le voir – une chevelure longue et flamboyante. Puis une seconde, plus petite, comme recourbée sur elle-même, qui se tenait à l’aide d’une canne. Je ralentis ma course, mes sourcils se fronçant soudainement à cette vue. Qu’est-ce que ça voulait dire?

Puis, sans crier gare, la silhouette recourbée chancela et chuta. Miles écarquilla les yeux lorsqu’il reconnut, alors, le visage de son paternel, brillant par la sueur.

« PÈRE!! »

Il se précipita vers son père, alors que la jeune femme se pressait déjà à connaître l’état du jeune homme.

« Qu’est-ce qui s’est passé?! Qu’est-ce qui est arrivé?! Pourquoi il est dehors?! Par Antarès! Vite! Il faut l’amener à la maison! »

Il s’adressait à la jeune femme, sans la regarder, son attention tournée entièrement vers Draug.

« Tiens bon! m*rde! »

Il se pencha pour attraper son père et passer l’un de ses bras sur ses épaules. Pour la première fois, il se tourna vers la rouquine, dont le visage lui disait vaguement quelque chose, mais il ne s’en préoccupa pas aux premiers instants. Tout ce qu’il fit, c’est lui demander, la détresse nouant sa gorge:

« Aidez-moi, s’il-vous-plaît! Il faut absolument que je le ramène à la maison! »


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Mer 18 Mar 2015, 12:03

Cemilia expira longuement. Cette soudaine décision qu’elle avait prise semblait soudain l’investir d’un rôle bien plus important qu’elle ne l’aurait présumé de prime abord. Elle avait le confus sentiment que, au-delà du simple service rendu à Draug, c’était un engagement qu’elle prenait auprès de tous les Orishas, un engagement dans la durée, l’engagement de se préoccuper d’eux et d’œuvrer à leur bien-être du mieux qu’elle le pourrait. Cette perspective étourdissait Cemilia, mais elle éprouvait dans le même temps une sensation extatique à l’idée de ce changement en elle.
Cependant, elle n’eut pas le loisir de s’étendre sur cette prise de conscience. Face à elle, Draug, semblant aux prises à de vives émotions, parut soudain éprouver une vive difficulté à respirer et, avant que Cemilia ait pu amorcer le moindre geste pour lui venir en aide, il s’effondra au sol, sa canne lui échappant de ses mains et venant rebondir sur les pavés de la rue.
-Draug ! s’écria Cemilia, alertée.
Au moment où elle se penchait vers lui, surgit une silhouette à ses côtés et, à renfort de cris angoissés, devança la jeune femme pour prendre l’Orisha souffrant dans ses bras.
Surprise, Cemilia leva le regard vers le nouvel arrivant. Jeune, mince, les cheveux et la peau pâles, il dévisageait Draug avec une grande inquiétude de ses yeux identiques. Il ne possédait aucune des caractéristiques physiques qui définissaient un Orisha, mais Cemilia reconnut immédiatement Miles – avec trente bons centimètres de plus que la dernière fois qu’ils s’étaient vus, et un regard bien plus sérieux.
-Miles, édit la jeune femme avec un grand calme face à la panique du jeune homme. Je ne vais te demander qu’une chose, c’est de retrouver ton sang-froid. Je vais t’aider à ramener ton père chez vous.
Ce disant, elle imita le jeune Orisha et passa son bras sous l’épaule de Draug et le souleva. Le malade avait la respiration rauque et hachée, et Cemilia s’étonna de son poids incroyablement léger. Draug semblait être une coquille vide et fragile.
Avec mille précautions, la jeune femme posa un pied devant l’autre, avançant lentement dans la rue où les passants indifférents ne faisaient que se retourner brièvement sur leur passage.
-Il va falloir que tu m’indiques la direction de ta maison, déclara Cemilia après un instant de silence.
Puis, après une courte pause :
-Ton père a-t-il déjà eu ce genre d’attaques par le passé ?
La jeune femme se tut, prenant soudain conscience qu’il n’était sans doute pas très délicat de sa part de poser tant de questions à Miles, qui semblait plongé en pleine détresse. Elle-même éprouvait une angoisse qui étreignait sa poitrine, mais elle tentait de la juguler par tous les moyens en se montrant de glace. Il lui arrivait souvent de se refermer comme une huître lors d’événements tragiques, car c’était le seul moyen pour elle de ne pas prendre toute la souffrance en plein fouet.
Mais au vu de la situation, la priorité, après la santé de Draug, était de rassurer Miles. Cemilia tâcha donc d’adoucir son ton, et elle finit par ajouter :
-Nous allons trouver un moyen de remettre ton père sur pieds. C’est un homme fort, il se battra.
La jeune femme n’était pas persuadée que cela suffirait pour calmer la panique de son jeune interlocuteur. Aucune parole n’était réellement appropriée dans cette situation, où seule la guérison de son père saurait soulager Miles. Un muscle se contracta dans la mâchoire de Cemilia. L’inquiétude croissait en elle, et une petite voix en elle lui rappelait que, plus le temps s’écoulait entre la chute de Draug et les soins qu’il recevrait, plus ses chances de s’en sortir s’amenuisaient.
Presque inconsciemment, la jeune femme allongea un peu le pas.

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Miles Köerta
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Miles Köerta
Mar 24 Mar 2015, 12:34

Détruire les illusions
« Being a prisoner of its own chains »

La notion de temps n’avait plus aucun sens à cet instant, alors que les secondes s’écoulaient aussi rapidement que l’eau entraînée par la chute, le fauchon qui pique du bec pour fondre sur sa proie en plein vol. Le temps se raccourcissait, sans que j’en prenne conscience: la nervosité m’embrouillait, la panique me stressait, et tenter de garder mon sang-froid ne frôla même pas mon esprit. En fait, aucune réflexion raisonnable n’habitait mes pensées. Tout ce qui l’envahissait, c’était les visions de mon père, inconscient, que je soutenais avec peine sur mes épaules. L’inertie de son corps m’agitait, et déjà, milles et uns scénarios se peignaient à l’intérieur de ma tête, n’épargnant d’aucune façon mon inquiétude qui croissait. Je craignais le pire, la catastrophe, sans même prendre conscience qu’il respirait encore dans mes bras, qu’une once de vie l’habitait toujours, croyant déjà avoir à faire au pire des scénarios…

Cela dit, je perçus parfaitement la voix de la jeune femme lorsque cette dernière m’interpella dans ma panique. Vivement, je me tournais dans sa direction. Je l’observais passer le second bras de mon paternel sur ses propres épaules et pendant qu’elle effectuait déjà un pas vers l’avant, je me pinçais vigoureusement la lèvre inférieure, suite à ces propos qui, dans cet état de confusion totale, ne m’apportait rien d’autre que de la frustration. Mais qu’est-ce qu’elle disait celle-là? Comment pouvais-je retrouver mon calme?! Père était… Draug allait…

Je constatais soudainement que la poitrine de Père se soulevait toujours. Peut-être pas régulièrement, peut-être pas de la même manière qu’un homme le devrait, mais il respirait encore. Instantanément, la folie du moment s’apaisa et la panique, sans retomber complètement, se réduisit toutefois en une légère angoisse, une inquiétude moins violente. Je baissais les yeux en direction de mon père, sans pour autant parvenir à trouver son visage sous sa tignasse épaisse et foncée.

Lointaine, la voix patiente et calme de la jeune femme rousse me parvint. Comme détachée de l’Univers dans lequel je m’étais enfermé, concentré à scruter les rares lignes faciales que je pouvais apercevoir de mon père, le voyage de sa voix, de sa bouche jusqu’à mes oreilles, pris un temps considérable à s’effectuer. Et lorsque ces quelques paroles furent finalement analysées par mon esprit agité, la réponse n’en fut que plus longue à se faire entendre, mon inquiétude pour l’état de santé de mon père n’y allant pas en diminuant et me bloquant sur tous les domaines, autant pour l’écoute, l’attention et la parole.

« Oui, il a déjà souffert de ce genre d’attaque… Une douleur au cœur, des maux de tête… Il… Il délire souvent aussi. Et il fait beaucoup de fièvre… »

J’énumérais les symptômes avec une lenteur effroyable, la peur pouvant se faire sentir dans chacune des syllabes, tant cette angoisse lancinante me taraudait l’esprit. Pourtant, il allait si bien ces derniers jours… C’est vrai. La dernière fois où je l’avais vu dans cet état, deux semaines avaient dû s’écouler depuis. Et voilà que ça recommençait, sans cesse, comme si la maladie se jouait de nous, à apparaître, disparaître, à réapparaître, comme pour tester les limites de notre patience, mise à rude épreuve.

« Mais, il ne se laissera pas abattre… Je sais qu’il se battra. Il s’est toujours battu », finis-je par croasser après plusieurs mètres parcourus entre les rues de Médigo.

Le ton de ma voix s’était fait pathétique, tremblant, tandis que j’observais le visage maigre de celui que j’admirais plus que tout au monde. La mort marquait plus que jamais l’ensemble de ses traits, malgré qu’il soit bien vivant, toujours parmi nous… Mais pour combien de temps, encore? Pour combien de temps ce corps de vieillard allait-il pouvoir tenir face à la voracité de cette maladie? La bataille, sous un angle objectif, pourrait vous semblez perdue d’avance – et elle l’avait toujours été selon les dires de plusieurs – mais je savais que l’espoir se trouvait au bout du tunnel. De toute façon, je n’étais pas du genre pessimisme, mais plutôt son parfait antonyme. J’y croyais et je croirais toujours en la guérison de Draug. Et si Père ne pouvait être suffisamment fort pour se battre, alors je l’y aiderais, coûte que coûte.

« Aller! Tiens bon, je t’en supplie… », marmonnais-je entre mes dents, pressé de voir apparaître le toit de notre maison.

Par la bonne Providence, la grâce divine, je ne sais quelle force encore, je pus enfin apercevoir ma chaumière apparaître dans le décor, tout au bout de la rue sur laquelle nous progressions présentement. Aussitôt, j’accélérais le pas, me rendant subitement compte que nous nous trouvions déjà à une vitesse raisonnable pour le pauvre homme que nous tentions de soutenir. Enfin, ce n’était pas très compliqué, de soutenir Père je veux dire, tant il avait maigri et que son corps avait perdu près de la moitié de sa masse corporelle. Mais cela ne restait pas un prétexte pour le malmener en faisant une marche un peu trop rapide.

Cela dit, nous approchions rapidement de la porte de notre entrée, que je poussais d’une main une fois que nous nous trouvions à la hauteur. Aussitôt que j’eus pénétré notre petite maisonnée de citoyens moyens, je délaissais doucement mes épaules du bras décharné de Draug pour courir dans notre minuscule cuisine.

« Sa chambre se trouve au fond du couloir! Je reviens rapidement! »

L’inquiétude aidant, j’en avais presque oublié que je m’adressais à une pure étrangère. Mais pour le moment, il y avait des choses bien plus importantes que j’avais à traiter que la présence d’une inconnue au sein de mon foyer. D’un mouvement rapide, j’attrapais l’un de nos verres qui trainait sur le comptoir de la cuisine avant de me précipiter jusqu’à la chambre de Père, en compagnie de cette grande rousse aux yeux vairons.

La fiole que m’avait donnée Ardwick dans une main, le verre dans l’autre, je débouchais le contenant de la fameuse mixture à l’aide de mes dents. Je versais ensuite la potion dans le verre avant de reposer la fiole sur la table de nuit de Père.

« Pouvez-vous m’aider s’il-vous-plait? Redressez-le un peu, pendant que je lui donne à boire. »

Ensuite, je lui ouvrais la bouche, versant avec précaution la mixture dans sa bouche, lui essuyant prestement les quelques gouttes qui s’échappaient. Après m’avoir assuré que Père avait avalé tout le contenu du verre, je déposais ce dernier à côté de la fiole avant d’exhaler un profond soupir.

« Il faut que ça marche. Ardwick… », murmurais-je avant de m’arrêter brusquement, en me souvenant de la présence de la jeune femme rousse.

En relevant la tête dans sa direction, je me forçais à lui adresser un sourire, en vain. Finalement, la seule chose que je pus faire dans mon état fut:

« Merci. »

Mieux que rien…

« Laissons-le se reposer un peu… »



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Jeu 02 Avr 2015, 12:51

Au son de la voix de Cemilia, Miles sembla enfin se ressaisir quelque peu et répondit d’un ton crispé à ses questionnements de tantôt. L’inquiétude de la jeune femme ne fit que croître à mesure du rapport du garçon : l’état de Draug semblait bien plus désastreux que celui-ci avait voulu le laisser croire devant elle, et ce déjà bien avant sa soudaine attaque.
Après d’insoutenables minutes passées à avancer lentement dans la rue, Miles fit finalement signe au trio de bifurquer en direction d’une chaumière modeste, qui était sans aucun doute son lieu de vie. Cemilia sentit une vague de soulagement s’élever contre la panique qui bouillonnait en elle, et elle s’empressa de franchir le pas de la porte, soutenant toujours de son mieux Draug.
L’esprit de la jeune femme était en ébullition. Elle tentait de son mieux d’actionner les rouages de son cerveau pour trouver une solution à l’état de son ami, mais son ignorance totale en matière de soins, au-delà des basiques remèdes contre les petits maux, ne lui était d’aucune aide. Pas de doute là-dessus : il leur faudrait l’avis d’un spécialiste. Mais où trouver un médecin ? Cemilia était de retour à Megido depuis trop peu de temps pour avoir repéré l’emplacement de tous les docteurs de la ville.
La jeune femme déposa avec d’infinies précautions le corps inerte de Draug sur le lit de sa chambre, après avoir traversé le couloir qui y menait comme le lui avait indiqué Miles. Ce dernier avait disparu dans la cuisine de la maison, et en revenait à présent, un verre d’eau à la main et une expression de profonde inquiétude sur le visage.
-Qu’est-ce là ? demanda Cemilia en désignant le verre.
Mais le garçon, totalement absorbé dans sa tâche, ne lui répondit pas et se contenta de demander à la jeune femme de soulever la tête de son père de quelques centimètres afin de lui administrer ce qui était manifestement un médicament.
Obéissant, Cemilia l’observa faire, et aussitôt, le souvenir du Magicien qu’avait évoqué Draug devant elle lui revint en mémoire. Ardwick, s’appelait-il, d’après ses souvenirs ; et l’Orisha lui avait confié ses terribles doutes à propos de cet homme qui semblait avoir entraîné Miles dans une affaire douteuse. Le trouble s’ajouta à l’inquiétude dans l’esprit de la jeune femme. Elle ouvrit la bouche dans l’intention de rapporter les paroles de son père à Miles, mais elle se ravisa aussitôt après ; le moment n’était sans doute pas très approprié pour remettre en doute les efforts que le garçon déployait pour Draug, et il aurait très insensible de la part de Cemilia de jouer les moralisatrices en cet instant dramatique.
Une fois le supposé remède administré à Draug, Miles enjoignit la jeune femme à le suivre hors de la chambre. Cette dernière acquiesça, jetant néanmoins un dernier regard inquiet à l’attention de son ami. Elle espérait vivement que le remède, s’il s’avérait que ce n’en était pas réellement un, serait uniquement inefficace, et n’aurait pas d’effets secondaires qui aggraveraient encore l’état de santé de Draug.
-Ce n’est rien, répondit-elle enfin aux remerciements de Miles, tandis qu’ils quittaient la chambre du malade. Draug est mon ami, je me devais de lui venir en aide.
Elle marqua une courte pause, observant le garçon avec une mine soucieuse. Son regard était un peu hagard, et il paraissait épuisé – sans parler de l’inquiétude qui rongeait ses traits. Ce fut à cet instant que la jeune femme réalisa qu’il ne l’avait pas appelée par son prénom depuis leur rencontre ; sans parler du fait qu’il l’avait vouvoyée. La reconnaissait-il seulement ?
-Tu ne te souviens peut-être pas de moi, lança-t-elle finalement. Je suis Cemilia, j’ai passé quelques temps avec toi et tes parents il y a quatre ou cinq années de cela.
Un sourire vint éclairer son visage, et elle ajouta d’un ton qui se voulait plus léger :
-À l'époque, tu m’arrivais à peine à l’épaule, et tu ne tenais jamais en place.
La jeune femme savait qu’une tentative de détendre l’atmosphère était assez maladroit de sa part, mais elle-même était trop agitée pour rassembler ses idées et garder un total sang-froid dans la situation. Elle maugréa intérieurement. Quelle piètre adulte elle faisait, incapable de réagir de manière adéquate à la situation, et encore moins de rassurer Miles. Elle ne s’était pas montrée très utile jusque-là, et se morigénait d’autant plus que Miles, pourtant nettement plus jeune qu’elle, s’était montré bien plus efficace qu’elle à gérer la situation.
Les deux compagnons franchirent l’encadrement de la cuisine, et Cemilia vint s’adosser à un mur en croisant les bras sur sa poitrine. Elle ne pouvait s’empêcher de dévisager Miles, alerte à la moindre de ses réactions. Quelque chose, dans son regard, la perturbait ; il semblait un peu éteint, un peu maladif. Pas à la manière de Draug, qui avait été détruit par la maladie. Non, la souffrance de son fils semblait provenir des maux de l’âme. Une fois de plus, Cemilia fut frappée par la fatigue qui se lisait sur le visage du garçon. Que faisait-il donc pour s’épuiser à ce point à son âge ?
-Miles, déclara-t-elle soudain dans le silence froid de la cuisine. Draug m’a parlé de ton travail auprès d’un Magicien nommé Ardwick. J’espère qu’il ne t’en demande pas trop.
Comment aborder un sujet si délicat que celui-ci ? La jeune femme ne connaissait pas assez Miles tel qu’il était aujourd’hui, et elle s’imaginait aisément que celui n’ouvrirait pas aisément son cœur à une personne dont il ne gardait aucun souvenir – elle-même aurait agi similairement à sa place. Mais elle se souvenait de la promesse faite à Draug juste avant qu’il ne soit pris de sa soudaine faiblesse, et elle se savait en devoir de s’aventurer coûte que coûte sur le terrain glissant qu’était le lien entre Ardwick et Miles.
Cemilia garda le silence, en attente de la réaction du jeune Orisha. Elle jugeait préférable de ne pas aborder le sujet de front, et jugeait qu’il était plus sage d’en venir progressivement au cœur du problème.
À condition que Miles la laisse y parvenir.

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Miles Köerta
Ven 03 Avr 2015, 10:22

Détruire les illusions
« Being a prisoner of its own chains »

Draug et elle se connaissait? En y réfléchissant plus attentivement, cela ne m’étonnait pas trop. Père avait énormément voyagé, une fois les chaînes de l’esclavagisme retirées de ses poignets. Mère et lui avaient, plusieurs fois, fait le tour du continent dévasté en plus de rencontré une panoplie de gens sur la route de l’aventure. Alors qu’une inconnue de ma connaissance m’affirme être l’ami de mon père ne me surprenait pas plus que ça. Mais, si je me souvenais bien, ne m’avait-elle pas appelé par mon prénom, juste avant que nous partions pour ma maison? Je ne savais plus très bien, la panique s’étant si bien installée en moi que je ne gardais que de vagues souvenirs entre le moment où j’avais aperçu Père s’effondrer et le moment présent, alors que nous longions le petit couloir qui séparait les chambres des cuisines d’un pas traînant. Enfin, c’était mon cas. L’œil fatigué, les traits crispés, je ne prenais même pas la peine de redresser la tête, mon esprit pensant et repensant à la mixture que j’avais fait boire à mon père. Est-ce que cela allait fonctionner? Est-ce nous aurions enfin des résultats concluants? Je croisais les doigts, je priais Antarès, les Aetheri en général, pour que cette fois soit la bonne.

Je me passais une main sur le visage, épuisé par ce déferlement de sentiments qui avaient secoué mon estomac, mais j’avais encore de l’espoir, alors je me forçais à bien paraître devant la jeune femme rousse. Qui sortit alors quelque chose qui me rendit perplexe. Si je me souvenais d’elle… Cemilia… Je lui jetais un bref regard par-dessus mon épaule. Oui, sa chevelure me disait bien quelque chose, mais sinon, le nom de Cemilia ne me revenait pas complètement à l’esprit. Alors, on s’était croisé, nous aussi, sur l’un des grands chemins de l’aventure? À ces souvenirs, je ne pus m’empêcher de laisser un sourire se dessiner sur mon visage.

« Oui, effectivement. On aurait pu croire que j’étais hyperactif à l’époque. »

Je me massais la nuque, doucement.

« Mais je dois t’avouer, Cemilia, que ta chevelure ne m’ait pas étrangère. Elle possède une couleur qui ne s’oublie pas. »

Une fois passé l’encadrement de la cuisine, je me laissais glisser sur l’une des chaises qui entouraient la table à manger, exhalant un profond soupir, me passant, une fois encore, les mains sur le visage. J’avais mal au ventre. Mal de voir mon père dans cet état, aussi impuissant contre ce qui l’attaquait. J’avais mal et était particulièrement épuisé aussi, comme si l’accumulation de mon stress et de mon manque de sommeil venait de me retomber dessus d’un seul coup. Mais je ne regrettais rien. La preuve, Ardwick avait peut-être mis la main sur quelque chose et si, comme il le disait, sa recette se faisait de plus en plus concluante, alors mes efforts n’auront pas été faits en vain. Alors je pouvais bien m’épuiser à la tâche, à la nervosité, si cela pouvait sauver Père, j’étais prêt à encaisser les contrecoups.

Cependant, je ne pensais pas paraître autant fatigué que cela quand, sortant de son mutisme, Cemilia reprit la parole. Par instinct, mes sourcils se froncèrent sous la perplexité. Pourquoi Père lui aurait-il parlé de ce sujet, lui qui se méfiait d’Ardwick au plus haut point? Je redressais la tête dans la direction de l’Orisha, plongeant mon regard dans le sien, essayant de comprendre ce qui pouvait bien se passer dans la tête de Cemilia. Prudent, je me mis, toutefois, à avancer dans son jeu.

« Il est quelques fois exigeant, mais ça va, je suis capable de tenir le coup. »

Une petite étincelle s’alluma alors dans mes yeux, tandis que je pensais au Magicien, tournant et retournant ses potions dans sa marmite. J’eus un sourire.

« Il est génial! Je sais que Père ne l’apprécie pas beaucoup, mais c’est qu’il ne le connait pas vraiment sinon, il ne penserait jamais ce qu’il pense de lui présentement… »

Je détournais le regard quelques secondes, l’une de mes mains se frottant à mon coude, tandis que mon attention glissa jusqu’au fond du couloir, là où nous avions laissé Draug se reposer tranquillement.

« Si Père t’a parlé d’Ardwick, il t’a sûrement dit à quel point il le déteste… Mais il ne sait pas tous… »

Tous les efforts qu’il déploie pour lui venir en aide, avais-je voulu ajouter, mais les mots se coincèrent dans ma gorge bien malgré moi. Doucement, je remis mon regard sur l’Orisha, la dévisageant attentivement.

« Toi aussi tu veux que Père guérisse, n’est-ce pas? Alors, crois-moi, Ardwick est bien le seul à pouvoir le sauver. Et j’ai confiance en lui. »

Car il est le seul à ne pas avoir abandonné, à ne pas avoir baissé les bras, même dans les moments les plus compliqués. Il ne m’avait pas lâché dans ma quête, comparativement à tous ces spécialistes qui nous avaient lâchement tournés le dos, prétextant qu’aucune autre alternative n’était possible pour Draug. Il n’avait pas essayé de me dissuader de sauver Père, comme l’avait fait quelques-uns de ses «amis»; oui, entre guillemets parce que de vrais amis ne laissaient pas tout tomber comme ils l’avaient fait. Ils n’avaient pas suffisamment de foi. Ils n’avaient pas suffisamment d’espoir. Et lorsque je regardais Cemilia, je me disais qu’elle était peut-être l’exception qui confirmait la règle. À voir à quel point elle s’était inquiété de la santé de mon père, je me disais qu’elle aussi serait prête à lui venir en aide.

« Tu sais… Tout le monde pense que je suis timbré. Que je courre derrière une utopie. Mais rien n’est impossible. Notre race en est un exemple. Avec un peu de motivation, beaucoup de volonté, on peut soulever des montagnes, renverser des rois. Avec cette même volonté, nous pouvons également se battre contre la maladie. Et la vaincre. »



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Miles Köerta
Sam 30 Mai 2015, 08:20

Détruire les illusions
« Being a prisoner of its own chains »

Aux dernières notes, aux derniers mots, ma voix n’avait pu s’empêcher de chavirer à la manière d’un bateau qui peinait à contrer la puissance des eaux, à résister à leurs assauts. Fuyant le regard de la jeune femme, je préférais encore observer la table qui se dressait devant moi. Je savais que mes paroles pouvaient sembler naïves de sens et de raison, pourtant, j’y croyais avec la plus grande des convictions. Comme quoi, pour un bout de rêve, l’homme était prêt à abandonner tout ce qu’il connaissait pour s’engager sur cette voie. J’étais dans ce cas-là, m’élançant avec empressement dans ce mur de béton qui, pour moi, me semblait n’être qu’une illusion qu’il suffisait de traverser, après s’être battu de toutes mes forces, d’avoir épuisé tout ce qui me restait de courage pour avancer. L’épreuve ne ressemblait à aucun autre défi que j’avais eu l’audace d’accomplir, et j’étais paré pour la bataille. Paré plus que jamais. Même si certains doutes persistaient à me noyer dans un trou noir insondable, rempli de déception, absent de tout encouragement, je battais des mains et des pieds pour me sortir la tête de cet étau. Avec moi, j’espérais emmener Père également, sur cette voie. Mais contrairement à l’optimisme qui m’animait, son esprit voyait le verre à moitié vide plutôt qu’à moitié plein. Avec moi, j’espérais faire comprendre à Draug qu’il n’était pas trop tard, qu’il ne fallait surtout pas baisser les bras. Certes, je pouvais avoir mes mots, ma volonté, mon énergie pour l’exprimer, mais Père était quelqu’un de tenace, de particulièrement têtu et de très terre-à-terre, ne croyant pas au miracle, suivant plutôt la voie qu’il s’est lui-même tracé, tout en croyant que les choses se déroulaient pour une bonne et excellente raison. Si, cette maladie, était la Mort qui l’appelait, alors il s’y contraindrait sans trop de riposte. Oui, il serait frustré. Oui, il regretterait la vie qu’il devra quitter. Comme tout le monde, comme nous tous. Mais jamais, ô grand jamais, nous pourrions le voir pleurer sur son sort, implorer les Aetheri de lui accorder clémence et vie éternelle… De toute façon, nous étions voués à mourir un jour ou l’autre. Demain ou aujourd’hui, quelle différence cela faisait-il? Il n’aurait pas la possibilité de voir tous les continents, de s’instruire sur tous les peuples, d’admirer toutes les constellations, de se créer d’autres souvenirs, mais au moins, il aurait eu la chance de voir une partie de toutes ces merveilles, qui peuplaient les Terres.

Assurément, à mon obstination, c’est ce qu’il m’aurait lancé, avec un sourire rêveur, comme lui seul pouvait en esquisser, avec des yeux qui brillaient de la même manière que les étoiles dans la voie lactée. Mais je ne pouvais me résoudre à me plier à ses désirs. Face à son expression, à ses rêves qui se brisaient juste devant mes yeux, je ne pouvais décemment pas lui retirer tout ce bonheur qu’il allait manquer. Et dans cette quête dans laquelle je m’étais jetée, j’espérais lui faire comprendre qu’il n’était pas obligé de vivre éternellement, qu’il n’était pas obligé de vivre jusqu’à cent cinquante ans, avec l’arthrite et l’Alzheimer, en proie à la vieillesse, à encore plus de douleurs, à encore plus de maladies. Tout ce que je lui demandais, c’était de rester un peu plus longtemps. Vous savez, histoire qu’il puisse accomplir certains de ses plus grands rêves, et qu’il puisse partir de cette vie, sans regret. Intérieurement, je l’admettais difficilement, je voulais également qu’il reste à mes côtés, sans quoi, je ne saurais pas comment m’en sortir…

Mais comme dit plus tôt, je pouvais bien avoir mes mots, ma volonté, mon énergie toute entière tournés vers cet objectif, Père était et resterait quelqu’un d’acharné. Sauf, peut-être, si une seconde personne choisissait de m’aider dans cette voie. Et cette femme aux longs cheveux roux, pourquoi pas? Ils se connaissaient, elle semblait tenir à lui, suffisamment pour prêter une oreille à la situation. J’étais certain de m’en faire une alliée, une qui me comprendrait enfin, une qui saisirait le fond de mes pensées, sans qu’elle ne me prenne pour un timbré ou un naïf – voire même les deux.

Alors, je remis mon attention sur elle, la gratifiant d’un petit sourire.

« Père est tout ce qu’il me reste. Sans lui, qu’est-ce que je pourrai devenir? »

C’était égoïste, je le savais. Mais en même temps, je n’en éprouvais aucune honte. C’était tout à fait normal de vouloir garder pour soi la chose à laquelle on tenait le plus. Sans nos convictions, sans les personnes que nous aimons, sans notre foi, sans nos rêves, à quoi pourrions-nous croire?

« Je l’entrave sûrement, mais je n’y peux rien. »

Je lui jetais un regard suppliant, effaçant le sourire qui s’était profilé sur le coin de mes lèvres.

« Aide-moi à le raisonner, à lui faire comprendre qu’Ardwick est son seul espoir pour éliminer son mal. De ma bouche, il ne croira rien, il n’entendra rien. Mais de toi… Tu es son amie, non? Il t’écoutera certainement. Plus, en tout cas, que son fils écervelé. »

Selon ses propres termes.
Je soupirais. Durant quelques secondes, Cemilia ne bougea pas. Elle réfléchissait, silencieuse, avant qu’elle acquiesce, néanmoins hésitante. Mais cette simple confirmation me libéra d’un poids monstrueux. Je m’écrasais alors sur la table à manger, content et soulagé. Juste avant de sombrer, aussitôt, dans un sommeil profond. La fatigue m’avait rattrapé au galop, et pire encore, j’avais l’impression de m’être fait assommer, tant elle s'était imposée avec puissance.

Tout près de moi, Cemilia avait été spectatrice de la scène, sans mot dire, analysant la situation. D’un côté, il y avait le jeune homme, rempli d’espérance pour son père, torturé dans cette idée de finir seul dans ce vaste monde; de l’autre, le père réaliste qui ne réclamait aucune marque de faveur, qui était prêt à passer les grilles, mais pas avant d’avoir sauvé son fils des griffes d’un soi-disant imposteur. Quoi faire? Que faire? Elle se décida rapidement, et conclut qu’elle tenterait de faire son possible pour aider son vieil ami malade. Fouillant un peu partout dans la maison, elle dénicha rapidement une plume et un encrier ainsi que de vieilles feuilles froissées, qu’elle s’activa à frotter vigoureusement contre le coin de la table pour enlever tous les plis. Puis, elle trempa le bout de la plume dans l’encre, et se mit à écrire, l’esprit en ébullition. Elle était prête à venir en aide au jeune père. Mais si ces propres recherches n’aboutissaient à rien, alors elle ne pourrait faire autrement que de lui souhaiter bonne chance...
Alors, elle partirait, comme à son habitude, vagabonde sans foyer, sans attache, excepté celle qui la reliait à sa race: la Liberté.

• END •



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Détruire les illusions [Cemilia]

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