Oubliez tout ce que vous croyez connaître. Oubliez tout ce que vous croyez savoir. Méfiez-vous des apparences. Méfiez-vous de ce que vous pensez être la réalité. La vérité n’est qu’un instrument au service de celui qui peut la tordre, la modeler à sa guise, la plier et la soumettre. La vérité n’est qu’une vague notion dont il peut disposer selon son bon plaisir. Il n’est qu’un souffle, qu’un bruit que l’on s’évertue à comprendre. Il suscite le doute, car dans le moindre de ses discours, la véracité et l’imposture se mêlent, s’entremêlent, pour ne former qu’un tout indissociable dont on ne peut tirer aucune conclusion certaine. Eoghan n’est qu’un mirage mais n’est-ce pas tout ce que l’on peut attendre de la part de l’Æther des Illusions ? Défini comme une entité neutre, il n’est pas dépourvu pour autant de penchants maléfiques et est assimilé à des concepts de stratégies malveillantes, de perversion et de vices. Il est un Dieu dont on sait peu de choses et qui ne permet pas les certitudes. Son culte appelle à la prudence, à la défiance, à un esprit critique, car il est le Maître dans l’art des faux-semblants et ses fidèles ne doivent pas être des crédules. Néanmoins, tous s’accordent à dire que son symbole est le serpent, reconnaissable à ses yeux rouges. Les représentations d’Eoghan se contredisent les unes des autres, faisant de lui un être tantôt chimérique, tantôt monstrueux. Une peinture intitulée « Le Conte de la Vérité », réalisée il y a des siècles par un artiste qui n’a pas signé la toile, offre cependant une version imagée de l’Æther , reprise dans bien des cultes du Dieu. Eoghan est esquissé sous les traits d’un homme séduisant aux cheveux blancs et au regard froid et glacé, le corps couvert de marques et de cicatrices. Accroupi près d’une flaque d’eau dans le décor pavé d’une Cité qui ne parait exister nulle part sur les Terres du Yin et du Yang, son reflet offre une autre vision de sa personne, celle d’un homme à la peau maquillée de peinture, le sourire tordu et déformé, les cheveux noirs et les prunelles sanglantes. Dans les anciens récits, il est dit « fait de brume et de noir, de fumée et de rien », la silhouette vaguement humaine tandis que ses orbes rougeâtres semblent vous dévisager, et vous envisager comme la victime d’un forfait à venir. Son Grand Temple se trouve au cœur de l’Antre des Damnés mais il possède de nombreux sanctuaires dans les grandes Cités. Il est présent dans les religions des Sorciers, des Ondins, des Génies, des Alfars, ainsi que des Béluas et des Chamans dans une autre mesure. Le miroir semble être un élément primordial de son culte et ses Temples le prouvent avec des allures de Palais des Glaces, de labyrinthes où l’on est confronté à soi et à l’autre, à la vérité et à ce qui ne l’est pas. Il est adoré par de nombreuses Sectes, qui lui dédient une vénération sans frontière. Les mythologies lui prêtent une fascination pour Kennocha, l’Illusion voulait approcher l’Art pour exprimer une forme inédite.