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 [LDM] ~ Le Choix des Dragons ~ [Mai/Juin]

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Lun 16 Juin 2014, 17:08


Mon esprit se retourne entièrement, et de ce fait, oblige mon être tout entier à basculer dans le doute de ses intenses réflexions. Tout ça par un simple bout de papier. Enfin pas seulement, mais je préfère extraire de ma tête le reste, qui ne fait que m'embrouiller. Il faut que je parle à quelqu'un. Cette femme-là, m'était venue comme première idée. Je montais les marches qui se dressaient devant moi, arpentant le lieu qu'on nommait Draguial et qui semblait très animé aujourd'hui. Je ne pouvais pas vraiment dire vu que je n'y avais jamais mis les pieds. Mais je savais que c'était elle qui tenait l'endroit, qui était à l'origine de sa création même il me semblait bien. Perdue au milieu de tous ces gens qui semblaient l'être tout autant que moi mais avec l'angoisse en moins, je cherchais quiconque pouvant m'aider à trouver celle que je cherchais. Quand enfin, je vis un homme s'occuper d'un dragon de manière si habile que je le pensais comme un habitué du lieu, l'espoir vint à renaître en moi. Momentanément seulement. Une fois à sa hauteur, je lui adressais ses quelques mots :

« Bien le bonjour, excusez-moi de vous déranger, j'aimerais savoir si vous pouviez m'indiquer où je puis trouver Alyska ? Enfin, si ce nom vous dit quelq... »

« Elle est absente. »

Son ton était sec et à peine eut-il fini de déglutir sa phrase qu'il détourna les talons. Je demeurais un peu interloquée, de par sa froideur et sa façon d'être direct. Puis vint la déception de ne pas trouver ce que je venais chercher, évidemment. Je restais là bêtement, sans bouger. Des cris d'une foule me sortirent de ma rêverie passagère et attisèrent ma curiosité jusqu'à faire que je vins jusqu'à eux pour voir ce qui se passait. Là, un peu partout en fait, des dragons jouaient avec des êtres de toute espèce. Je restais un peu à l'écart du troupeau, sans pour autant louper le spectacle. Mais bien vite, tandis que machinalement je glissais mes mains dans mes poches, la mélancolie revient en sentant le papier sous mes doigts. Je baissais les yeux, faisant quelques pas en arrière pour m'éloigner un peu plus , la tête basse, résolument silencieuse.

Le sentiment d'être perdue se faisait d'autant plus persistant qu'aucun de mes compagnons n'était venu avec moi. Enfin, c'est ce que j'ai cru jusqu'à entendre une voix familière dans mon dos. Andy venait d'apparaître en haut des marches et était venu se blottir contre ma jambe. Je l'avais pris dans mes bras, heureuse de le voir ici.

« Comment es-tu arrivé là ? Tu n'es pas venu tout seul rassures-moi ? »

Il secoua la tête sans apporter de réponse précise à ma question. Maintenant que j'étais là, en compagnie de mon fils... Je ne voyais pas trop quoi faire. Mais il s'avérait que mon destin aimait trop jouer de malchance pour me laisser m'ennuyer. Je vis le sourire de Andy disparaître en entendant derrière nous un grognement singulier, et bien plus animal qu'humanoïde, ça c'est sûr. Je reposais le petit Vampire au sol, me retournant pour faire face à ce qui avait émis ce son inquiétant. Là, à quelques mètres de nous, un dragon aux écailles sombres, et aux yeux jaune or, qui nous dévisageaient de manière malveillante. Il n'était pas aussi grand que tous ceux qu'on pouvait trouver ici et après une rapide estimation, je dirais que dressé sur ses pattes arrières, il n'atteignait même pas deux fois la taille moyenne d'un être humain. Ça n'empêchait en rien le fait qu'il soit effrayant.

« Recules Andy ! »

En position d'offensive, il semblait réellement prêt à nous attaquer. Je ne bougeais pas d'un pouce, demeurant devant le petit Vampire de manière à la protéger. La main sur le sabre par précaution, et je pensais bien que la bestiole le sentait et c'est ce qui semblait la mettre encore un peu plus en rogne. Testant sa réaction en éloignant puis en rapprochant mes doigts du fourreau, je remarquais bien que ses nerfs semblaient à plus rude épreuve quand j'effleurais mon arme. Je restais perdue dans le regard doré de ce monstre à écailles, me demandant si je ne retournais pas un peu à l'état sauvage dans cette joute de regards et de positions. Je fis signe à Andy de reculer encore, tandis que je fis un pas en avant, me courbant légèrement, crispant mes poings en fixant la bête. Je vis du coin de l’œil mon fils faire le tour, se dressant sur une pierre pour regarder au-dessus du dragon. Ou plutôt une bestiole, car je ne saurais dire pourquoi, elle me semblait étrangement féminine si je puis dire, bien que cet adjectif me semble très peu approprié pour qualifier ce genre d'animal.

« Il y en a beaucoup d'autres là-bas que la foule entoure ! Celui-là a dû s'écarter. »

Concentrée, je pris pourtant le temps de lui répondre, gardant un ton neutre pour que la bête ne profite pas d'une faille dans ce duel elle avait choisi de faire avec moi.

« Je sens son tempérament rebelle d'ici. Malheureusement pour toi sac à puces ou à écailles, comme tu veux, ce n'est pas toi la plus récalcitrante ici. Et si tu veux que je te le prouve, et bien approches ! »

Comme si elle m'avait compris, elle lâcha un grognement lourd avant de montrer ses dents. Aiguisées ma foi, je doute que si elle me prenait pour dîner, elle n'aurait pas de mal à me mettre en pièces pour se faire des amuse-gueules. Elle remua sa queue épineuse comme signe de son énervement et de sa perte de patience, faisant quelques pas en avant. L'envie était prenante de reculer mais quelque chose me poussait à rester face à face avec elle, et de ne pas me laisser malmener.

« Tu crois qu'une simple monture d'écurie bien sagement dressée va me faire peur ? Tu te goures ! »

Oh j'aurais dû la fermer dans l'immédiat. Sans crier gare, elle se jeta sur moi, et sans avoir aucun réflexe, elle aurait pu me croquer en l'état. Mais sa patte griffue agrippa ma jambe et elle s'envola sans prévenir. Je vis Andy s'affoler tandis que le sol s'éloignait et que j'étais secouée dans tous les sens. Il descendait les marches à toute vitesse, le nez en l'air pour ne pas nous perdre de vue. J'en eus bien vite assez de me faire trimbaler comme un vulgaire sac de marchandises, et cherchais un moyen de descendre. Même si je doute que toutes les solutions que je trouverais me donneraient un atterrissage en douceur et tout à fait contrôlé. Nous survolions une forêt et je ne voyais plus mon fils. Lasse de ces bêtises, j'eus pour seul idée d'illuminer ma main de feu et la poser sur ses écailles. Elle émit un cri exprimant toute sa souffrance, perdant une trajectoire fixe de vol tandis qu'elle lâcha prise sur ma jambe. Je me sentis tomber bien entendu, et après avoir traversé divers feuillages et m'être tapée sur la route plusieurs branchages, je parvins enfin au sol, mais pas sans quelques douleurs à plusieurs endroits de mon anatomie. Ça avait été rude comme chute, comme je l'avais pensé. Pourtant, le bruit d'ailes battant l'air et un grognement caractéristique me fit comprendre qu'elle était rancunière.

Andy était là derrière moi, caché par un tronc d'arbre qui faisait au moins deux fois son diamètre. Mais je me devais de porter plus d'attention à mon adversaire que j'avais très légèrement sous-estimé. Ou avais-je plutôt surestimé ma capacité à encaisser les récents événements sans que ces derniers n'influent sur mes aptitudes ? Un détail me fit tiquer quand elle vint se poser face à moi. Là sous son abdomen, posé sur l'herbe un papier. Un simple toucher de ma main sur ma veste me fit comprendre qu'il était tombé. Il y en avait encore des deux mais comment savoir laquelle était-ce ? Qu'importe de toutes manières, les deux étaient extrêmement importantes. J'aurais dû regarder moins fixement ce détail car la bestiole sembla s'en apercevoir et se préparer à s'en servir comme un atout. Qu'elle m'entaille tout le dos si elle veule, mais je ne laisserais pas ça par terre. Même si ce n'est qu'un foutu parchemin usé par quatre longs siècles. Je vis bien qu'elle avait remarqué mon angoisse, et mon regard fut glacial à son égard quand je me relevais, m'exprimant à son égard en pensant qu'elle avait la capacité de me comprendre.

« Tu sais très bien ce que j'ai vu, ce que je veux. Je te conseille de ne pas essayer de t'en servir comme tu le sens pour m'avoir à ta botte. À moins de vouloir finir en descente de lit. »

Comme moqueuse, après lui avoir découvert sa rancune et sa vivacité d'esprit, elle posa la patte sur le papier. Surprenant d'ailleurs qu'elle fit ça délicatement pour juste le cacher sans l'abîmer. Comme si... Oui, elle se foutait littéralement de ma gueule, c'était clair comme de l'eau de roche. Je me mis à grogner à mon tour, m'éloignant presque de mon humanité pour me rapprocher de la chose que j'avais conservé de cette époque. Plongeant mes prunelles dans les siennes.

« Ça t'amuse hein ? Moi pas et ça se voit non ? Je serais toi, je ne jouerais pas avec mes nerfs. Même ceux d'une apparemment frêle et gentille blondinette. À tes risques et périls sale bête. »

J'ai cru à ce moment-même qu'elle était si humanoïde par son comportement qu'elle m'avait presque ri au nez. Je m'emportais légèrement et je savais que se jeter sans réfléchir sous les pattes puissants et griffues de ce genre d'animal était tout bonnement du pur suicide. Mais pourtant... Je pouvais risquer ma vie pour ce papier à la noix. Enfin surtout pour celui qui l'avait écrit. Mon regard se fit encore plus dur et je me croyais pourtant parvenue aux extrémités. À quoi bon ? J'avais perdu toute humanité depuis la sombre période d'il y a bientôt cent ans, j'allais pas la récupérer maintenant et... Je n'avais plus rien à perdre. Sinon que ce papier si je continuais ainsi. Je fis un pas en avant, et elle fit de même de sa patte qui ne détenait pas le premier parchemin pour tenter de me dissuader. Mais je ne m'arrêtais pas avançant jusqu'à elle. Je pus venir jusqu'à quelques centimètres de sa gueule, tandis qu'elle me dévisageait minutieusement. Soufflant sèchement entre mes dents :

« Vas-y, mets moi un coup et gardes ce papier, et je te promets que tu compteras le restant de tes jours à vivre en simples heures voire des minutes. »

Elle grogna d'un ton plus bas que tout à l'heure, mais toujours avec une sorte de mépris grondant. Mes poings se serraient, tandis que je me penchais sur elle. Je pus presque coller mon front à l'arête de son museau.

« Tu ne me fais pas peur. J'en ai vu des bien plus effrayants, qui, avec les aubaines que tu as eu de me tuer, m'auraient déchiqueté il y a de cela longtemps. Alors arrêtes ta comédie le lézard et donnes moi ça. »

J'entendis un bruit caractéristique, quelque chose qu'on chiffonne, tandis que mon regard se baissa vers sa patte et que toute mon anatomie se décrispait. Je pus me dire qu'à cet instant précis, ma rage n'était que passagère et que non, je n'avais aucunement surmonté les récents événements. Les larmes me montaient aux yeux, tandis je restais fixée sur sa patte qui cachait la précieuse chose qui m'avait échappé des mains. Si j'avais su... Que je ploierais ainsi à la menace. Déjà le coin de mes yeux étaient bordés de perles d'eau salée, que mes genoux me laissèrent m'échouer au sol, bégayant entre mes sanglots un simple et étouffé :

« S'il te plaît... »

Mes mains vinrent cacher mon visage,  tandis que je sentais l'ombre menaçante de la bête se soulever au-dessus de moi. Je ne bougeais pas, sinon que quelques tremblements qui me secouaient de temps à autre. Je me sentais... Si faible, si en proie à mes émotions à cet instant précis. Incapable de faire quoi que ce soit, démontrant encore que j'étais plus forte que quiconque. Tout s'était enchaîné... Sans me laisser le temps de réfléchir réellement à tout ça. Ruby... Thetys, puis Narcisse... Était venu les doutes avec Eddie, la soi-disant disparition de la magie, le conseil des chefs s'avérant désastreux... Tant de choses qui s'étaient amassées dans le temps à un même endroit pour ne faire que plus m'embrouiller. J'avais vu pire, et je ne t'étais pas foutue de faire la part des choses.

Bonne figure devant ceux qui pouvaient m'aider. C'était purement et simplement stupide. Et voilà que j'allais me faire manger par un dragon miniature, comme une imbécile. Fantastique. Que je ne saurais jamais où irait notre monde, à sa perte ou vers ses glorieux jours, que je n'irais pas où m'indiquait cette lettre, tant de choses que je ne vivrais jamais, tant de gens que j'ai perdu... Et comme toujours, on regrette, un peu tard. Je sens la souffle du dragon derrière moi, prêt à me sauter dessus. Andy s'est approché mais reste quand même à une distance raisonnable. Je lui souris, tandis qu'il tremble. Puis je sens des écailles se frotter dans mon dos, sans aucune violence, dans un geste même plutôt affectueux. Hésitante, je me tourne, tandis que l'animal se recule après avoir gentiment  tapé mon bras de sa tête, retirant sa patte du papier. Je la fixe longuement, m'attendant à une feinte ou un piège, comme si quand j'allais sauter dessus, je me ferais manger toute crue. Mais elle ne bronche pas, alors j'approche doucement du parchemin, m'en saisit sans quitter la bête des yeux, avant de me rasseoir. Puis de lui lancer un regard un peu vague.

« Merci. »

Andy semblait comprendre que l'animal avait fini de jouer, et que c'était bien quelque chose d'amusant et non une véritable joute. Je sèche mes larmes, me sentant soudainement très bête, en serrant le papier contre moi. Mon fils vient m'aider à me relever, engageant la conversation parlant du contenu du précieux objet que j'ai enfin récupéré.

« Tu comptes y aller ? »

Je souris un instant, faiblement pourtant. Venant caresser affectueusement ses cheveux d'une teinte chocolat au lait, répondant d'une voix qui se veut douce, où on ne décèle plus de peur, juste une persistance mélancolie :

« L'aventure ne sera peut-être pas si périlleuse. Sans doute a t-elle déjà commencé. »

Il sourit, finissant à ma place ma phrase qui était pourtant terminée.

« Et tu as pour habitude de ne jamais rien laisser qui n'est pas achevé convenablement. C'est pour ça qu'il y a des siècles, quand tu l'as perdu de vue, tu as préféré faire semblant de l'oublier hein ? »

Je baisse la tête, un peu honteuse avant de la relever vers le ciel. On s'est déjà trop attardés, il est grand temps de rentrer. Je lui tends la main, et il ferme ses doigts sur ma paume. Je fixe la bête face à nous, lui adressant un signe de la main avant de prendre le chemin du retour. Pensant à cette après-midi tumultueuse. Cette bestiole a un petit bout de chemin commun avec moi, j'en ai bien l'impression. Je me retourne, et me surprends à la voir à nous suivre discrètement. Et on dirait même qu'elle veut continuer ce destin que nous partageons avec son équivalent humanoïde. Je fais complètement volte-face, accueillant la bête à bras ouverts, tandis que Andy sourit de cette scène aussi amusante qu'émotionnelle. Au lieu de se frotter à moi, elle me souleva de ses pattes, me posant sur son dos et prenant également Andy. Avant de s'envoler d'un battement d'ailes.

2642 mots, je prendrais un dragon avec le pouvoir de voler.
Concernant le code j'ai bêtement perdu l'original et je continue à me dire que l'actuel est pas pratique donc je vais me débrouiller pour une nouvelle fiche \o/
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Sam 28 Juin 2014, 01:35


Ses pas l'avaient mené ici. Ou plutôt, sa magie l'avait mené ici. Pourtant fluctuants, ses pouvoirs semblaient, par des hasards incongrus, le mener vers des endroits qu'il désirait secrètement revoir, alors qu'il s'était enfermé dans une certaine morosité depuis qu'il avait quitté le Repère des Magiciens, au terme de la bataille catastrophique qui avait opposé les Mages blancs aux âmes insatisfaites de ce monde désirant trouver un coupable à tous les malheurs de ces terres – en particulier celui du déclin de la magie. Depuis la bataille, le jeune 'homme' n'avait guère échangé plus de deux mots avec qui que ce soit, qu'il s'agisse de ses parents, ses clients ou même son tabouret, auquel il avait pourtant l'habitude de parler lorsqu'il élaborait des nouveaux joyaux. D'ailleurs, pour ce qui était des joyaux, ceux-ci demeuraient en travaux, et il n'y avait guère touché depuis son retour des terres des Magiciens. Comme s'il avait laissé une part de son être et son inspiration là-bas. Un jour sur deux, il se rendait au sommet de la Montagne de l'Edelweiss enneigé, là où il avait choisi de renoncer à ses aspirations guerrières pour se consacrer à l'art de la joaillerie, celui-ci ayant tout autant de valeur que le reste. La preuve, ses créations commençaient à être appréciées dans le milieu, et nombre de clients venaient le solliciter malgré son caractère excentrique et ses demandes de paiement parfois un peu farfelues – non, il ne lui arrivait jamais de demander des sommes extravagantes, mais plutôt des objets ou des faveurs incongrues, comme des paires de chaussettes pour ne citer que l'une des plus 'communes'.

Pourtant, celle qui lui avait donné l'inspiration n'était plus là. Elle s'était jetée à corps perdue dans une bataille qui ne la concernait pas, alors qu'elle n'avait jamais été du genre stupide au point de se sacrifier pour autrui. Pourquoi, mais pourquoi donc ? Telle était la question que se posait l'Elémental lorsqu'il posait les yeux sur la mer de nuages encerclant ce pic rocheux sur lequel il se rendait à présent aussi souvent qu'il changeait de chemise. Peiné, sa mère n'avait une fois de plus rien osé lui dire, ayant deviné la nature du mal qui affectait son 'fils', mais cette fois-ci, elle ne doutait pas que celui-ci serait capable de sortir de lui-même de ce pas, sans qu'elle n'ait à demander à une Magicienne impertinente haut comme deux pommes de le sortir d'un cataclysme psychologique. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais parfois – souvent, même – ses intuitions de génitrices étaient plutôt bonnes, et elle préférait s'y fier. Probablement avait-elle eu raison, comme si ses pensées avaient été à l'origine de l'étrange phénomène qui avait amené Ercan à se téléporter non pas au sommet d'une montagne, mais devant les portes d'un édifice qu'il avait visité dans ce qui lui semblait être un autre temps, celui où il ne se voyait guère comme Elémental habité de magie, mais comme un Humain victime d'un mauvais sort. En ce temps-là, lorsqu'il avait franchi les portes surmontées du D de Draguial, il n'avait guère compris qu'il vivait avec un Elément, qu'il ne lui fallait guère combattre, mais accepter.

Son regard vermeil détailla les deux dragons de pierre encadrant la lettre indiquant au visiteur qu'il se trouvait bel et bien dans cet établissement renommé pour l'élevage et l'entretien des dragons. Rien ne semblait avoir changé par ici, et pourtant, il avait cru comprendre au détour d'une quelconque conversation que la propriétaire des lieux n'était plus Luane Mirsalaak, sœur de l'actuelle Impératrice du Tout, mais celle qui avait été son apprentie. Alyska, ou quelque chose de ce goût-là, qu'il avait brièvement rencontrée sur les berges du Lac de la Transparence au cours de la Célébration de la Magie bleue. Esprit Elémentaire de la Foudre et compagnie. Le jeune 'homme' se renfrogna quelque peu en songeant à ce souvenir : il n'avait nul envie de jouer au chien obéissant avec quelqu'un qui se proclamait presque totem de tous ceux qui vivaient quotidiennement avec la Foudre capricieuse. Certes, elle n'avait jamais fait preuve d'un tel orgueil, mais par principe, probablement, le joaillier avait bien du mal à encadrer les hommes et les femmes proches de la royauté, quelle que soit la royauté en question – mais quelque part, il avait encore plus de mal avec la hiérarchie élémentale qu'avec celle des autres races.

Toujours était-il qu'il était là, et qu'il ne se sentait guère le courage de se téléporter à nouveau, surtout pour foirer à nouveau son coup – vu l'immensité de son échec, il y avait fort à parier que toutes les tentatives de la journée seraient similaires, pour le principe du mauvais karma. Aussi, remarquant l'inhabituelle agitation des lieux – après tout, cela ne faisait que la troisième fois qu'on manquait de lui rentrer dedans étant donné qu'il s'était arrêté au beau milieu comme un gland – le jeune 'homme' décida de suivre le mouvement par solution de facilité et pénétra dans l'enceinte du château. Et, laissant son oreille se balader à droite et à gauche, le jeune 'homme' apprit rapidement que quelque chose du genre 'choix des dragons' avait lieu, et que les plus nobles, les plus grands, les plus prétentieux, les plus ennuyés des terres du Yin et du Yang venaient tenter leur chance pour repartir avec un compagnon draconique, comme s'il s'agissait d'un immense loto susceptible de gonfler l'ego des heureux élus. Car, certes, il n'était pas que question de hasard.

Et ce fut bien plus par curiosité que par véritable envie de voir une créature écailleuse l'élire que le jeune 'homme' suivit les hommes et femmes venus tenter leur chance, sentant pour la première fois depuis quelques jours quelque chose éveiller son intérêt. Il s'était d'ores et déjà senti intrigué par les créatures draconiques en ce temps reculé où il avait pour la première fois mis les pieds en ce lieu, ces bêtes légendaires l'ayant fasciné par leur indépendance, leur majesté et quelque chose d'autre encore qu'il ne parvenait pas à définir. Et à présent que son regard se posait à nouveau sur ses créatures de légende, cet intérêt se retrouvait à nouveau éveillé, comme s'il n'avait jamais disparu, mais qu'il était simplement passé au second plan dans son esprit incapable de se concentrer sur plus de trois choses à la fois. S'il avait par le passé envisagé d'acquérir un œuf de dragon, il s'était sur le moment résigné à repartir les mains vides de l'endroit, décidant finalement que s'occuper d'un dragon enfant serait bien trop prenant, quand bien même la propriétaire des lieux lui avait assuré que ces bêtes légendaires n'étaient guère très exigeantes, même en étant jeunes. Saute d'humeur difficilement explicable – peut-être était-ce dû à la présence de cet idiot aux cheveux bleus qui n'avait pas arrêté de lui chercher des noises que le jeune 'homme' aux cheveux argent ne s'était guère attardé en ces lieux.

Suivre les autres invités – peut-être non invités – le mena jusqu'au parc de l'élevage, au sein duquel les dragons cherchant un maître adéquat étaient rassemblés. Enfin, rassemblés était un bien grand mot... L'espace était suffisamment grand pour que nul ne marche sur les pieds de l'autre, qu'il soit humain ou draconique. Dispersés dans le parc, les dragons semblaient pouvoir se balader librement entre les visiteurs, et vice-versa, comme si chacun évaluait l'autre, quand bien même au final, la décision revenait aux dragons. D'ailleurs, le jeune 'homme' aux prunelles vermeil ne manqua pas de remarquer les hurlements de frustration, les haussements de sourcils agacés, les pas vexés de ceux qui croyaient être à la hauteur, mais qui ne convenaient guère aux créatures à écailles, dont les critères demeuraient pour le moins mystérieux. Décidant au hasard de s'approcher d'un dragon de taille moyenne aux écailles aussi tranchantes que le métal, le joaillier remarqua bien vite que sa présence n'était guère la bienvenue auprès de ces dragons qui semblaient être affiliés à un Elément qui craignait celui qui cohabitait avec Ercan, si bien que le jeune 'homme' n'insista pas et passa son chemin. S'approchant par la suite de dragons blancs comme neige, il s'en désintéressa bien vite lorsque ceux-ci ne semblèrent même pas remarquer sa présence. Il s'arrêta en revanche un peu plus longuement auprès de dragons dits lunaires, le jeune 'homme' observant longuement une jeune femme issue d'un milieu plutôt modeste toucher du bout des doigts le museau écailleux de l'une des créatures, étrangement docile au contact de la demoiselle. D'abord timide, le contact se fit plus complice lorsque le dragon fourra sa tête dans le creux de l'épaule de la jeune femme, qui émit un petit rire sous le regard agacé d'un homme visiblement noble, qui semblait accompagner la demoiselle – ou plutôt, l'inverse, mais au vu des préférences du dragon, ce genre de considérations allait probablement changer, sinon disparaître. Ce ne fut que lorsque la jeune femme osa, timidement, monter sur le dos de la créature que le noble laissa exploser sa frustration et tourna ostensiblement les talons, rouspétant dans sa barbe. Avec un sourire narquois, le jeune 'homme' aux cheveux argent s'éloigna, puisqu'il ne pas que les dragons du coin semblaient être d'humeur à approcher un autre humanoïde que celui qu'ils auraient choisi pour maître.

L'Elémental passa encore quelques temps à errer sans but précis entre humains et dragons, observant à droite et à gauche les réactions des différents acteurs, sans pour autant tenter de prendre les devants. Être élu ou non par l'une des créatures légendaires n'était au final qu'un problème secondaire. Le jeune 'homme' finit néanmoins par se figer lorsque son regard croisa celui d'un Bélua, qui lui était étrangement familier. Ou plutôt, dont les chaussettes lui étaient étrangement familières. Avisant l'Elémental, l'homme dont il ne se souvenait plus vraiment le nom – s'il l'avait su un jour – s'approcha de lui, un sourire affable aux lèvres.

« Maître joaillier ! s'exclama-t-il doucement. Quelle surprise de vous voir ici. J'ignorais que vous aimiez ce genre de créature. Quoique un certain nombre de vos créations s'en inspiraient, la dernière fois que je vous ai vu à l'oeuvre. »

L'Elémental demeura silencieux, cherchant à mettre un nom sur le faciès de celui qui lui faisait face, surmonté de deux jolies cornes de gazelle. Il se souvenait effectivement du Bélua lui rendant visite à son atelier pendant qu'il était en train de créer nombre de joyaux destinés à être emmenés et vendus à la Célébration de la magie bleue – d'où le nombre important de dragons dans ses créations à ce moment-là – mais il ne parvenait toujours pas à déterminer le nom de l'homme. Quoique, au final, c'était secondaire, superflu.

« J'ignorais qu'vous étiez adepte de c'genre de chaussettes, répliqua-t-il, de but en blanc, avec la plus grande honnêteté. »

Les sourcils de l'homme se levèrent, la stupéfaction se peignant sur son visage. Il reprit néanmoins rapidement contenance, se rappelant sûrement qu'il avait affaire à l'un des individus les plus excentriques du coin.

« Hum, toussota-t-il, un poil gêné. En effet. Au fait, je ne vois pas votre associée... Xena, c'était bien cela ? »

Tentative de changement de sujet, qui eut un effet autre que celui escompté. L'homme poursuivit son propos, mais le jeune 'homme' ne l'entendit pas, son esprit replongeant dans cette spirale de pensées qu'il avait quittée à partir du moment où il avait pénétré l'enceinte de Draguial. Xena... Xena Fer'yul, son associée. Qui n'était plus de ce monde. Une multitude d'éclairs passa dans les prunelles vermeil du jeune 'homme', mais son interlocuteur ne sembla pas se rendre compte. Car si ses yeux s'écarquillèrent au point de devenir gros comme des soucoupes, ce fut plutôt à cause de la créature qui, approchant Ercan par derrière, surplomba les deux humanoïdes de toute sa hauteur. Mais même cela ne suffit pas à faire sortir l'Elémental de ses pensées.

Probablement un poil frustré, le dragon baissa sa grosse tête écailleuse vers l'Elémental, qui ne broncha pas, alors que le Bélua gazelle hésitait entre l'étonnement, la panique et la jalousie – car il devenait évident que le dragon à écailles noires ne s'intéressait guère à son cas. Et,sans plus de cérémonie, il le bouscula du museau, si bien que le jeune 'homme', brutalement tiré de son état second, poussé en avant, se rattrapa à la première chose qui lui passa sous la main, autrement dit, les épaules du Bélua. Qui, également surpris, n'eut pas la présence d'esprit de réceptionner l'Elémental, si bien qu'il se vautra selon la méthode domino inversé dans un mélange subtil de pieds et de bras. Nonobstant le corps présent sous le sien, le jeune 'homme' se retourna et braqua ses prunelles vermeil sur le dragon au regard céruléen.

« J'suis pas un domino, maugréa-t-il. »

La curiosité étincelait cependant dans le regard du joaillier. Se retournant, sans prêter attention au Bélua gazelle, il tendit impulsivement ses doigts vers le grand museau écailleux du dragon, qui se laissa faire. Mais lorsque les doigts de l'Elémental entrèrent en contact avec les écailles sombres, la langue du lézard géant franchit sa gueule en un éclair pour venir couvrir de bave le bras entier du joaillier, qui planta, quelque peu stupéfait, son regard dans celui du dragon.

« Sacré sens de l'humour pour un lézard... commenta-t-il, indécis. »

Ce ne fut que lorsqu'il entendit la – environ – treizième protestation du Bélua qu'il se rendit compte qu'il lui écrasait l'abdomen et la cage thoracique tant il s'était étalé sur lui. Il le considéra un instant... avant de l'oublier à nouveau, sans prendre la peine de bouger d'un poil, son regard se rivant de nouveau sur celui du dragon. Un dragon qui lui était à la fois étranger et familier... comme s'il avait quelque chose en commun avec lui. Le jeune Eren finit par se lever, non grâce aux protestations de la gazelle humanoïde, mais suivant l'invitation du dragon, faite d'un geste de son énorme tête. La main du jeune 'homme' se posa de nouveau sur les écailles de la créature, descendant le long de son cou pour venir jusqu'au flanc.

Un nouveau signe de la tête de la part du dragon et le jeune 'homme' bondit, se juchant sur le dos de l'immense créature, s'aidant de son contrôle de l'Air pour s'élever jusqu'à une telle hauteur. Une fois installé, son regard croisa à nouveau celui du dragon. Et y décela un sentiment, une peine qui lui était familière.

« Toi aussi il te manque quelque chose... ? murmura l'Elémental. »

Bien évidemment, le dragon ne répondit pas. Mais prit son envol, battant plusieurs fois des ailes avant de parvenir à soulever son énorme masse. Et avant que le jeune 'homme' ne s'en rende compte, voilà que lui et le dragon se trouvaient dans les airs, volant en direction d'une vallée encadrée par deux montagnes. Le dragon ne s'y arrêta toutefois pas, se contentant de survoler une falaise sur laquelle étaient juchés nombre de ses semblables, le vent fouettant son visage, mais semblant porter un nom :

Viima.

Une dragonne. Ce n'était pas un dragon, mais une dragonne. Même si, dans le fond, peu importait. Elle était comme lui, et l'avait choisi pour cela. Il n'y avait rien de plus à savoir. Un sourire flottant sur ses lèvres, le jeune 'homme' s'envola vers d'autres cieux, porté par les ailes de la créature légendaire.

Gain:
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Dim 29 Juin 2014, 00:29

« Pourquoi j't'ai suivi déjà ? »

Le rouquin se retourna, jetant un regard désabusé au blondinet qui le suivait effectivement depuis quelques temps – c'était là un euphémisme. Steel, juché sur l'épaule du Tiregan, suivit le regard flamboyant de ce dernier, scrutant également le visage androgyne de l'An'Sarna, dont la moue renfrognée traduisait bien mieux que n'importe quels mots l'ennui dont il était victime. Enfin, victime était un bien grand mot puisque personne n'avait obligé le blondinet à suivre qui que ce soit où que ce soit. Peut-être avait-il cru que l'expédition de Feyd serait un chouïa plus guillerette qu'elle ne l'était réellement, les jours précédents n'ayant été qu'une galère sans nom entre les herbes hautes l'eau stagnante, dissimulant toutes sortes de créatures peu sympathiques, qui, plus d'une fois, avaient attenté à la vie des deux voyageurs.

« Va savoir, répliqua sèchement le Tiregan. »

Si cela n'avait tenu qu'à lui, il aurait renvoyé dare-dare l'engeance démoniaque qui le suivait depuis quelques jours déjà, mais par égard pour Enzel et ses choix, il n'en avait rien fait. Il ignorait exactement quelles étaient les circonstances dans lesquelles s'étaient rencontrés l'Illuminae et l'An'Sarna, mais toujours était-il qu'il semblait exister entre eux un accord tacite que le Tiregan ne souhaitait pas compromettre. D'autant plus que le blondinet semblait posséder quelques circonstances atténuantes malgré son passé plus que douteux et son appartenance raciale des plus incertaines. Si Enzel avait effectué quelques recherches sur les An'Sarna afin de savoir exactement ce à quoi il avait affaire, ce n'était pas le cas de Feyd, qui avait déjà fort à faire avec les normalités de ce temps. Il n'avait même pas encore découvert toutes les races communes de ces terres, inutile d'en rajouter plus...

« Pas pour ton amabilité, en tout cas, rétorqua le blondinet, mauvais. »

Le rouquin laissa échapper un soupir avant de poursuivre son chemin, n'ayant guère l'envie de se prendre le chou avec un type qui passait son temps à provoquer tout ce qui lui passait sous la main – à croire que la notion de sociabilité lui était étrangère... et venant d'un Tiregan, la critique n'en était qu'encore plus conséquente. Quand bien même le jeune 'homme' semblait prendre un malin plaisir à râler sur les raisons de sa présence, celles-ci n'étaient guère aussi obscures qu'il voulait le faire croire, autant à ses yeux qu'à ceux de Feyd. Tous deux savaient que l'Illuminae qui se portait habituellement garant de leur survie était porté disparu, et ce depuis sa participation à la bataille d'Eärudien, qui s'était tristement soldée par la destruction de la cité des Elfes. Ni Lian ni Feyd ne voulaient croire le Gardien du Jardin Secret mort, mais toujours était-il qu'il ne semblait guère être capable de leur donner une quelconque nouvelle qui soit, soit par la gravité de sa situation, soit à cause de problèmes purement techniques. Peut-être était-il revenu en territoire féerique mais que la situation était tellement ingérable qu'il n'avait guère eu le loisir de contacter ses deux 'fidèles' compagnons... Depuis que la situation politique des Fées avait dégénéré, ni le Tiregan ni l'An'Sarna n'avaient mis leur nez dans les affaires du peuple féerique afin d'éviter de mettre davantage les Gardiennes du Jardin Secret restantes en difficulté, ce qui avait amené à la création d'une certaine distance entre eux et l'Illuminae. Qui échangeait cependant habituellement souvent des missives au moins avec Feyd, qui logeait encore au Sanctuaire pour que nulle inquiétude ne se fasse. Cependant, depuis Eärudien, aucune missive ne lui était parvenue.

Lian, qui gardait des nouvelles de l'Illuminae par ses propres moyens ne paraissait pas en savoir davantage. Au contraire, et c'était la raison pour laquelle il suivait à présent à la trace le Tiregan, à même de lui prêter main-forte si jamais la situation le demandait. Les multiples attaques qu'avaient subi les diverses cités des terres du Yin et du Yang témoignaient de la nervosité des habitants de ce monde... et de leur propension à taper sur le premier passant dont la tronche ne leur revenait guère. Et avec sa tronche bâtarde de presque Démon, il fallait avouer que Lian n'avait guère une situation des plus enviables. Feyd n'avait aucune obligation à le protéger... mais il fallait croire qu'il était suffisamment sensible aux malheurs des amis de ses amis pour ne pas laisser le blondinet dans la panade. A condition qu'ils ne lui cassent pas trop les pieds, ce que faisait actuellement l'An'Sarna, qu'il avait hésité plus d'une fois à abandonner sur le bord de la route. Chassant ces pensées de son esprit afin de préserver son sang-froid, le rouquin leva les yeux vers la silhouette de l'édifice qui se découpait au loin, qu'il avait d'ores et déjà visité par le passé – raison pour laquelle le voyage avait été cette fois-ci beaucoup moins laborieux que lors de sa première venue.

Au bout d'une quarantaine de minutes de marche plus tard – ponctuées de quelques pauses à cause de l'endurance peu remarquable des deux voyageurs – le rouquin et le blondinet purent poser leur regard sur l'immense porte d'entrée de Draguial, surmontée de deux dragons en pierre sculptée la première lettre du nom du lieu. Les portes, grandes ouvertes, étaient sujettes à de multiples allées et venues, comme si un événement remarquable avait été organisé en ce lieu, quand bien même la mine grave de certains individus ne permettait pas d'oublier la menace qui pesait sur ces terres, de même que les catastrophes qui les avait touchées, orchestrées par la plupart par les habitants mêmes de ce monde.

« Jour de joie, jour de fête, commenta ironiquement le blondinet. C'est quoi ce Choix des dragons dont ils parlent tous ? 
- Comme son nom l'indique, soupira laconiquement le Tiregan. »

Sans prendre la peine de se perdre dans des explications plus longues, le jeune homme roux pénétra dans l'enceinte de l'établissement, suivant ceux qui étaient également venus pour l'occasion. Depuis qu'il avait mis les pieds dans cet endroit pour soigner une affection dont Steel avait été victime, le Tiregan s'était pris d'une certaine affection pour les créatures draconiques, si bien qu'il s'était plus d'une fois demandé s'il pourrait un jour remettre les pieds dans cet endroit. Bien entendu, il n'avait guère osé voyager de nouveau jusque-là sans motif valable – sinon celui de revoir ces créatures qui l'intriguaient tant – mais le Choix des dragons avait été pour lui une opportunité parfaite pour revoir ces murs et ces bêtes qui l'avaient tant fasciné. Il avait certes déjà un dragon sous la main en la créature de Steel mais... cela ne le satisfaisait qu'à moitié. Le mini-dragon était une créature des plus indépendantes qui partageait surtout un lien avec Enzel, et s'il semblait s'être pris d'affinité pour le Tiregan depuis que celui-ci avait rejoint l'Illuminae, il demeurait une relation exclusive entre ce dernier et la petite créature. Peut-être qu'au fil du temps, les choses changeraient, mais Feyd ne parvenait pas vraiment à le souhaiter, respectant les sentiments qui existaient entre le Fé et le mini-dragon. Et s'il n'était guère certain d'avoir l'honneur d'être choisi par un dragon en ce jour, il aurait au moins le plaisir de côtoyer de nouveau ces créatures, sinon au moins les revoir.

Ses pas le menèrent jusqu'au parc de l'établissement, vaste étendue où étaient réunis hommes et reptiles ailés, les uns et les autres déambulant en évaluant du regard l'autre, quand bien même un seul parti avait son mot à dire au final dans la relation qui s'établirait entre homme et dragon. Sentant plus que ne voyant Lian se figer derrière lui, probablement sous le coup de la fascination, le Tiregan poursuivit son chemin, entreprenant de déambuler à son tour entre les créatures légendaires et les hommes, un sourire flottant sur ses lèvres. Il fut rapidement rejoint par l'An'Sarna, qui ne manqua pas l'occasion d'émettre un commentaire sarcastique :

« Tu penses être assez bien pour eux ? »

Visiblement, il avait fini par comprendre ce qui se jouait subtilement en ces lieux. Le rouquin haussa les épaules, indifférent à la pique presque blessante du blondinet, préférant laisser couler. S'énerver contre l'An'Sarna était tout aussi utile que de prier l'Aether des chaussettes trouées – quand bien même il n'avait jamais essayé ce genre de culte. En vérité, il n'était pas de ces nobles venus se pavaner devant les reptiles légendaires, bouffis d'orgueil, ni de ces guerriers émérites qui voyaient là l'occasion d'acquérir un partenaire de qualité et de confiance, mais seulement pour éprouver à nouveau les sensations de l'endroit et la présence des dragons qui ne cessaient de le fasciner, peu important le nombre de fois où il posait son regard sur leur silhouette majestueuse, peu important la réputation macabre qui leur était parfois faite. Son expérience passée en compagnie de Tinuviel lui avait fait découvrir quelque chose qui était en passe de devenir une passion, quand bien même ce concept était étranger à un homme comme lui issu d'un autre temps où le loisir et même le dévouement n'existaient que dans les rares livres du temps passé ayant survécu à la domination du porteur du cristal maître.

« Pourquoi on est là alors ? grommela à nouveau l'An'Sarna, qui n'avait visiblement aucun espoir d'être choisi par l'une des créatures légendaires.
- Et pourquoi pas ? soupira le rouquin. Cet endroit en vaut un autre. Tu peux retourner au Sanctuaire si ça n'te convient pas.
- Et m'occuper d'une horde de blessés et d'réfugiés, avec ma tronche de Démon ? J'bouffe pas encore des arcs-en-ciel, pour ma part...
- Pas encore... releva le Tiregan, cynique. »

Qui sait, peut-être que cela arriverait un jour ? Enfin, les poules auraient des dents avant que Lian ne se décide à faire partie des Protecteurs du Bonheur. Mais ce n'était pas vraiment le problème du Tiregan, qui avait bien d'autres chats à fouetter qu'un blondinet qui ne savait pas quoi faire de sa vie sinon embêter le monde qui l'entourait. S'approchant d'un dragon aux écailles d'un rouge écarlate, le rouquin s'arrêta à une dizaine de mètres de la créature, qui ne sembla guère enchanté par sa présence, sa bouche s'ouvrant pour dévoiler une multitude de crocs dans une sorte de sourire carnassier.

« Evite quand même de t'faire bouffer, commenta le blondinet. Ca m'ennuirait d'avoir à t'enterrer.
- M'incinérer, corrigea distraitement le Tiregan, dont le regard embrassait la silhouette majestueuse du dragon sanguinaire. »

Il ne s'approcha toutefois pas davantage et s'apprêta à passer son chemin lorsqu'une jeune femme, sûre d'elle s'approcha de la créature. Celle-ci émit un grondement sourd qui incita vivement le Tiregan et l'An'Sarna à reculer, mais la demoiselle ne se démonta pas et s'approcha davantage de la bête aux écailles écarlates.

« Elle a des tendances suicidaires, murmura le blondinet. »

Visiblement mécontent de l'orgueil de la jeune femme, le dragon sanguinaire déploya ses ailes, menaçant, avant de ruer en avant, ses griffes se plantant dans le sol à quelques centimètres des pieds de la jeune femme, sa gueule menaçante s'ouvrant sous les yeux de l'orgueilleuse. Celle-ci ne tarda pas à perdre son sang-froid et fuit sans demander son reste, les larmes lui montant aux yeux. Honte ou peur, ni le Tiregan ni l'An'Sarna ne surent le dire, mais c'était là le cadet de leur souci : le dragon, à présent bien trop proche, semblait river sur eux un regard des plus mauvais. Du coin de l'oeil, le rouquin vit un jeune homme aux cheveux ébène se précipiter vers eux, mais avant même qu'il ne soit parvenu à leur hauteur, le blondinet et le rouquin virent deux ailes majestueuses, fines membranes bleutées ornées de motifs élégants, s'interposer entre eux et le dragon sanguinaire, les enveloppant d'un cocon protecteur.

Comme un seul homme, Lian et Feyd se retournèrent, rivant leur regard sur la tête argentée d'un dragon moins imposant que celui aux écailles rouge, dont le regard céruléen était rivé, dans une expression de défi, sur celui du dragon sanguinaire. Lequel émit un nouveau grondement avant de se détourner et de s'envoler vers d'autres cieux – peut-être reviendrait-il plus tard, ou qu'il avait jugé que son choix n'aurait guère lieu ce jour. Le dragon aux écailles argentées replia quant à lui ses ailes, libérant le rouquin et le blondinet, sans toutefois s'éloigner. Curieux, le Tiregan tendit la main vers le cou de la créature... à l'instar de l'An'Sarna, qui devait avoir la même pensée à l'esprit. Mais le dragon ne se retira pas, laissant l'un et l'autre caresser les écailles de son cou qu'elle vint baisser à leur hauteur.

« Elle vous aime bien, commenta le jeune homme aux cheveux ébène qui avait accouru devant la fureur du dragon sanguinaire. Vous deux, ajouta-t-il avec un sourire mi-figue mi-raisin. Enfin, Sayna a toujours été un peu particulière... »

Lian et Feyd se retournèrent avant d'échanger un regard. Match nul. On ne saurait guère, pour le moment, quelle était la préférence de la dragonne.

« J'vous l'fais pas dire... Pour aimer un gus pareil, commenta le blondinet en désignant Feyd.
- C'est la poêle qui s'fout du chaudron, répliqua le Tiregan avec un sourire narquois. »

La dragonne émit un petit son étrange, comme pour signifier sa satisfaction, tandis que le jeune homme aux cheveux ébène jugea plutôt prudent de ne pas s'immiscer dans la conversation pour le moins sarcastique entre ses deux interlocuteurs.

« Sayna est une dragonne lunaire, précisa-t-il. Elle est encore jeune malgré sa taille, elle a donc encore beaucoup à apprendre. N'hésitez pas à nous demander des conseils et à revenir par la suite, même si les dragons savent apprendre d'eux-mêmes.
- Attendez... fit Lian, haussant un sourcil stupéfait. Vous voulez dire... qu'on peut partir avec elle ?
- C'est un peu l'principe... commenta Feyd, un poil désespéré. Enfin, il a pas vraiment tort d'poser la question. Elle nous a vraiment choisis ? »

Non pas qu'il doutait du bon sens d'un dragon... En fait, si. Pour choisir un duo d'incapables aussi parfait qu'ils formaient tous deux, il fallait vraiment avoir un grain. Ou la foi. Car si Feyd trouvait qu'il y avait sujet à désespérer à propos de Lian, il ne se tenait lui-même pas en meilleure estime – avoir manqué de se faire trucider par de multiples choses ces derniers temps ne l'aidait pas à avoir confiance en ses capacités, à vrai dire.

« Demandez-le lui à elle, pas à moi... Mais celui-là vous apprécie déjà, pourquoi pas elle ? ajouta-t-il en désignant Steel, toujours campé sur l'épaule du rouquin.
- C'est pas tout à fait la même envergure... commenta l'An'Sarna, ironique. »

Pour autant, ladite Sayna ne sembla pas encline à se dérober au dernier instant. Au contraire, elle vint poser doucement sa tête sur le sol, aux pieds des deux hommes, marquant ainsi son assentiment. Ce qui ne manqua pas d'embarrasser ces derniers, qui n'avaient vraiment pas l'habitude de voir s'incliner ainsi devant eux une créature aussi majestueuse...

« Pas d'ça avec moi... maugréa Lian, gêné. Un peu d'fierté, diable. »

Feyd ne dit rien, mais il n'en pensait pas moins. Et à leur grande surprise, la dragonne se redressa et, levant sa tête vers le ciel, laissa échapper ce qui ressemblait étrangement à un rire. Un sourire se dessinant sur les lèvres du jeune homme aux cheveux ébène, celui-ci ne tarda pas à expliquer aux deux hommes quelques notions de vie en compagnie d'un dragon, leur donnant quelques conseils avant qu'ils ne quittent les lieux en bonne compagnie.

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Dim 29 Juin 2014, 14:33

Ombeline courait aussi vite qu'elle le pouvait, riant joyeusement en jetant de fréquents coups d'oeil derrière elle. Si elle continuait ainsi, peut-être pourrait-elle espérer remporter leur petite course. Cela serait tout de même une première ! Toute occupée à regarder dans son dos plutôt que là où elle allait, la petite humaine ne vit pas le panneau fait de bois situé juste devant elle. Manque de chance, elle ne se retourna pas et aucune bonne âme ne fut présente dans les environs pour la prévenir de la collision imminente. Ce fut donc pourquoi la jeune femme percuta le battant de bois de plein fouet et repartit directement en arrière. La rouquine tomba instantanément sur le derrière en grimaçant. Elle venait tout juste de se blesser d'une manière extrêmement stupide. Son amour propre venait tout de même d'en prendre un léger coup lui aussi. Et Nyx qui se moquait ouvertement d'elle parce qu'il trouvait tout ceci très amusant et qu'il avait par la même occasion remporté leur petite course journalière. Massant son épaule douloureuse, la jeune femme observa son compagnon et lui lança un regard noir bientôt remplacé par un sourire amusé. Ce chat la désespérait, il la regardait sans parvenir à cacher la lueur de moquerie présente dans son regard mais elle ne pouvait  toujours pas lui en vouloir.

-Maintenant que tu t'es copieusement payé ma tête, je pense que nous pouvons repartir. Lança t-elle sans perdre sa joie habituelle -quoi que légèrement entamée par le fait que son épaule et la moitié de son visage la fassent souffrir.

Juste avant que la petite humaine ne se relève, Nyx se précipita dans ses bras et frotta sa tête dans sa main en ronronnant. Il profita d'ailleurs de cette occasion pour lui transmettre une image. L'image la représentait, elle, quelques instants plus tôt en train de percuter le panneau de bois. Ombeline ne put retenir un fou rire qui continua même lorsque le chat fit se dissiper l'image. Non, on ne pouvait décidément pas faire plus ridicule, mais cela lui importait peu. Personne ne se trouvait dans les environs, seul son compagnon avait été témoin de la scène, ce qui n'était pas plus mal compte tenu de l'exploit qu'elle venait de fournir. La jeune femme se releva et s'épousseta un instant alors que le chat noir se frottait affectueusement à ses jambes. Elle en profita pour observer le panneau qu'elle venait de regarder d'un tantinet trop près à son goût. Apparemment le Draguial ouvrait ses portes pour que les visiteurs puissent voir les dragons. Il semblait toutefois s'agir d'un évènement particulier puisque ce ne seraient pas les visiteurs qui choisiraient les dragons mais l'inverse. N'y connaissant absolument rien en dragon, Ombeline était très curieuse d'en voir de près et en réalité. Les seuls dragons qu'elle avait pu admirer se trouvaient sous forme d'image dans les quelques livres que ses parents lui avaient montré lorsqu'elle était enfant. Surexcitée, la jeune femme souleva Nyx du sol et le tint à bout de bras tout en arborant son plus beau sourire.

-Nous allons voir des dragons, tu te rend compte ?! Pour de vrai, Nyx, pas des images !

Pour toute réponse, le chat l'observa d'un air interdit. Lui non plus n'avait jamais vu de dragons mais il n'en faisait pas tout un plat pour autant... Laissant l'humaine délirer de son côté, il gigota jusqu'à ce qu'elle le repose sur le plancher des vaches. La jeune femme s'empressa alors de retenir les indications notées sur la planche de bois qui les conduiraient jusqu'au draguial. Les deux compagnons de route repartirent finalement dans la joie et la bonne humeur en évitant toutefois de courir une nouvelle fois. Ombeline estimait que rentrer dans un panneau pendant la journée était amplement suffisant et elle ne comptait absolument pas réitérer l'expérience.
Au bout de quelques instants de marche, ils arrivèrent devant les grilles du châteaux, surplombées par deux dragons encadrant un grand "D". La jeune femme s'arrêta un instant et admira l'architecture, bouche bée. Vivre dans un tel endroit devait être absolument idyllique. Elle passa la gigantesque grille ouverte et s'arrêta une nouvelle fois, incapable de ne pas admirer les alentours. Un large sentier menait jusqu'à l'imposant château alors que des parcs, de la verdure et de petits ruisseaux s'étendaient à perte de vue aux alentours. Nyx en profita aussitôt pour fausser compagnie à l'humaine, bien trop préoccupé par le papillon s'étant posé sur son museau avant de s'envoler. Une voix aimable et serviable sortit la petite humaine de ses contemplations.

-Je peux peut-être vous aider ? Je me nomme Sierra et je fais partie de ceux qui gèrent le draguiall. Annonça t-elle pour résumer la situation et se présenter par la même occasion.

Ombeline se tourna et se retrouva face à une belle elfe aux traits doux. La jeune femme hocha la tête en souriant tout en continuant à observer son interlocutrice.

-Enchantée, je m’appelle Ombeline. Entama poliment la jeune humaine avant de poursuivre, de petites étoiles dans les yeux. J'ai...vu un panneau indiquant que le draguial ouvrait ses portes et que l'on pouvait voir de vrais dragons ! S'exclama t-elle finalement avec une joie enfantine.

L'elfe à la chevelure blonde ne put s'empêcher de rire en la voyant ainsi extasiée par le simple fait de pouvoir voir un véritable dragon. Sierra fit signe à son interlocutrice de la suivre et elles sortirent toutes deux du sentier en discutant joyeusement.

-Au vu de votre réaction je ne pense pas me tromper en supposant que vous n'avez jamais vu de dragons.

Ombeline répondit par hochement de tête jovial, observant toujours les environs d'un air absolument ravi. L'elfe esquissa un léger sourire amusé avant d'abandonner la visiteuse en lui expliquant qu'elle n'avait qu'à se promener et à admirer les majestueux animaux. Ce ne fut que lorsque son accompagnatrice la quitta que la jeune femme se rendit compte de l’absence de Nyx. Où pouvait-il donc bien être passé ? Sachant que le chat avait tendance à se montrer quelques fois distrait mais qu'il la retrouvait toujours, elle ne s'en formalisa pas et déambula alors dans le parc. Il y avait ici des représentants de toutes les races, venus admirer les dragons tout en espérant se faire élire par l'un d'entre eux. N'étant absolument pas en ce lieu dans cette optique, la jeune humaine se contenta d'observer ceux qu'elle était venue découvrir. Il y en avait pour tous les goûts ! Du plus petit aux écailles pâles jusqu'au gigantesque aux écailles sombres en passant par le moyen aux écailles multicolores. Avançant doucement dans cet univers de rêve, l'humaine veillait toutefois à laisser une distance honorable entre elle et les dragons de peur qu'ils s'enfuient en la voyant.
En effet, certains d'entre eux s'envolaient ou faisaient demi-tour dès que quelqu'un les approchait d'un peu trop près. Et puis il y avaient leurs opposés qui se précipitaient vers certaines personnes d'un air ravi pour s'amuser avec elles tout en observant les autres passants d'un air nettement moins bienveillant. Ombeline supposa qu'à l'instar de tout le monde, les dragons devaient posséder leur propre caractère. Ce qui expliquait surement pourquoi certains semblaient plus ou moins méfiants que d'autre. Ragaillardie par cette idée, la petite humaine se mit alors en tête d'approcher l'un des dragons.
Elle en repéra un, minuscule comparé un certains des géants qui l'entouraient, et se dirigea aussitôt vers lui. Approchant centimètre par centimètre, la jeune femme jubilait. Plus que quelques pas et elle pourrait le toucher ou simplement l'admirer de plus près. Mais le petit dragon fit voler en éclat tous ses espoirs lorsqu'il prit la fuite après lui avoir jeté un regard dédaigneux. La rouquine le suivit du regard et son visage se décomposa lorsqu'elle le vit s'approcher d'une femme et la laisser le toucher. Profondément déçue, l'humaine au yeux vert s'assit dans l'herbe d'un air quelque peu triste. Qu'est-ce qui n'allait pas chez elle ? Qu'est-ce qui repoussait les dragons ? Pourquoi ne pouvait-elle pas les approcher alors qu'elle ne leur voulait absolument aucun mal ?

Perdue dans ses sombres pensées, elle ne vit pas Nyx courir dans sa direction d'un air affolé. Le petit chat noir se réfugia dans les bras de sa compagne, tremblant de tout son corps. Oubliant aussitôt ses petits soucis d'approche de dragons, la jeune femme tenta de calmer le félin. Mais celui-ci fixait un point au loin et semblait désespérément vouloir disparaître dans les bras d'Ombeline. Cette dernière releva la tête en entendant un grondement furieux provenant d'un peu plus loin. De nombreuses têtes se tournèrent également en direction du bruit aux allures quelque peu menaçantes. Que se passait-il donc ? La petite humaine se releva, portant toujours un Nyx affolé dans ses bras. Baissant ses grands yeux verts sur son compagnon, elle entreprit de lui parler d'une voix aussi douce et apaisante que possible.

-Que s'est-il passé ? Montre moi une image, je peux peut-être t'aider. Qu'est-ce qui t'as mis dans cet état ? Conclut-elle en faisant une moue légèrement contrariée.

En effet, la jeune femme n'appréciait pas énormément que l'on s'en prenne à son compagnon. C'est alors que la source de tout cet assourdissant vacarme fit son apparition. On vit tout d'abord apparaître de très grandes pattes griffues aux sublimes écailles grises. Ces dernières furent bientôt suivies d'un corps massif, imposant, gigantesque et...quelque peu effrayant, il fallait tout de même l'avouer. Le très -peut-être même trop au vu de la situation- grand dragon se dirigea sans la moindre hésitation dans la direction d'Ombeline et de son compagnon. La jeune femme s'adressa de nouveau au chat noir sans toutefois quitter le dragon, approchant bien trop rapidement à son goût, du regard. Nyx leva les yeux vers sa compagne et blottit sa toute petite tête dans le cou dénudé de la jeune femme, lui faisant passer une image par la même occasion. La petite humaine vit distinctement le minuscule félin grimper sur le gigantesque dragon. Au vu de la réaction de l'animal, cela avait du l'énerver plus que de raison. Alors que tout le monde s'écartait sur le passage du dragon, Ombeline ne bougeait pas d'un millimètre, ne pouvant détacher ses yeux de la potentielle menace qu'il représentait. Nyx, percevant la menace bien mieux que sa compagne, s'empressa de se libérer de l'étreinte de cette dernière pour se réfugier derrière ses jambes d'un air apeuré. Persuadée qu'à l'instar de tous les autres habitants du draguial, le dragon n'oserait pas l'approcher à plus de quelques mètres, la jeune humaine resta bien campée sur ses positions.

Toutefois, toutes les personnes présentes dans le parc hurlèrent à la jeune humaine de se pousser si elle ne voulait pas mourir écrasée. Une mort bien bête il fallait tout de même l'avouer. La jeune femme sentait les yeux du puissant animal rivé sur elle. Elle le dérangeait, elle l'empêchait d'atteindre sa cible. L'animal sembla, pendant un très court instant, sur le point de faire demi-tour. Mais quelque chose changea subitement dans son regard et dans son attitude et il fonça de plus belle en direction d'Ombeline qui commençait à se demander ce qu'elle venait de faire, ou de ne pas faire d'ailleurs. Dans ce genre de situation, quelle était la meilleure solution à adopter ? La dragon parut alors perdre troute trace d'intérêt pour Nyx qui s'en trouva quelque peu soulagé. En effet, il fixait désormais l'humaine, chargeant sans la moindre hésitation cette frêle petite silhouette. Le gigantesque animal arriva finalement à hauteur de sa proie et de nombreux cris retentirent parmi les visiteurs. Mais contrairement à toute attente, le dragon s'arrêta à quelques centimètres de l'humaine, sa large tête faisant face à celle de la jeune femme. Ombeline sentait son coeur battre frénétiquement dans sa poitrine, ne pas bouger d'un seul millimètre lui avait demandé un terrible effort. Comme tout être normalement constitué, la seule envie lui ayant traversé l'esprit avait été de se retourner et de fuir en courant. Mais elle ne l'aurait pas fait, pas si Nyx était menacé, or c'était le cas ici.

-Je ne te laisserai pas l'approcher. Souffla t-elle simplement avec beaucoup moins d'ardeur et d'assurance qu'elle ne l'avait espéré.

Le dragon la fixa un instant, l'air perplexe avant de la pousser en arrière d'un léger coup de tête. Mais si le coup fut un effort minime pour le dragon qui n'avait dut y mettre qu'un tout petit peu de force, Ombeline le ressentit bien plus violemment et finit sur les fesses pour la seconde fois de la journée. Levant ses grand yeux verts vers ceux, orageux, du dragon, la jeune femme tendit doucement la main en direction de l'animal qui ne broncha pas. Au contraire, il s'approcha un peu plus et posa tout doucement le bout de son museau sur la paume de l'humaine émerveillée. Un jeune homme s'approcha alors, dans le but d'aider la jeune femme mais le dragon se retourna aussitôt vers lui et se mit à gronder de façon menaçante. L'inconnu ne se le fit pas répéter deux fois et prit la poudre d'escampette sous le regard satisfait du dragon. La rouquine se remit sur ses pieds et attrapa Nyx dans ses bras, toujours aussi affolé, mais le gigantesque dragon ne parut pas s'en formaliser et ne porta pas la moindre attention au petit félin qui s'en trouva fort rasséréné. Sierra accourut dans leur direction, l'air préoccupé. Le dragon l'observa sans rien dire alors qu'elle commençait à s'adresser à Ombeline.

-Etes-vous blessée ? L'interpellée secoua la tête en esquissant un tout petit sourire, elle n'était pas blessée. C'est un dragon des tempêtes, il semblerait qu'il vous ait choisit. Déclara t-elle en souriant bien plus joyeusement qu'à son arrivée.

L'air perdu, Ombeline se creusa la cervelle un court instant. Choisit ? Elle se remémora alors le panneau dans lequel elle était rentrée de plein fouet. Les dragons choisiraient leurs compagnons humanoïdes et pas l'inverse. Levant les yeux vers l'animal avec une stupéfaction évidente, elle questionna aussitôt Sierra sur l'identité de son nouveau compagnon.

-Il se nomme Waëren et il peut contrôler la météorologie. Annonça t-elle dans un sourire alors que le sujet de la conversation faisait naître un petit zéphir autour d'eux pour le simple plaisir d'épater la galerie.

Technique qui fonctionna d'ailleurs à merveille sur Ombeline qui observait son nouveau compagnon, bouche bée tout en tenant Nyx dans ses bras. La jeune femme se retourna vers Sierra et la remercia un nombre incalculable de fois, ce qui fit d'ailleurs bien rire la belle elfe. Les trois compagnons s'en allèrent finalement, sortant du domaine draguial pour reprendre leur chemin vers une destination tout aussi inconnue qu'à l'aller. La jeune humaine était aux anges, elle avait un nouveau compagnon de voyage en plus de son très cher Nyx -qui semblait tout de même éprouver quelques méfiances à l'égard du nouveau venu- et il était un dragon. Un véritable dragon ! La jeune femme aux prunelles vertes n'en revenait pas. Bien...il lui faudrait tout de même se renseigner sur la façon dont il fallait s'occuper d'un dragon... S'arrêtant un instant, Ombeline fit faire demi-tour à toute la petite troupe et partit sans plus tarder à la recherche de Sierra. Il aurait été fort stupide de perdre son Waëren parce qu'elle ne savait pas s'en occuper.

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