« Pourquoi ne te hisserais-tu pas au sommet de ton peuple si tu trouves la hiérarchie si incompétente ? ». Cela faisait quelques jours qu'Erza avait invité sa grand-mère à venir passer quelques temps au château Malkavian à ses côtés. Elle avait trouvé l'idée bonne puisque cette dernière se montrait sympathique envers elle. Plus que cela, la Magicienne semblait l'accepter telle qu'elle était, bien que son discours lui hérisse quelque peu le poil. Ainsi, depuis quelques heures, où la Réprouvée essayait de lui expliquer à quel point elle détestait les membres de sa race et leur représentant, la Magicienne trouvait toujours une parade logique qui justifierait un investissement de sa part ou qui marquait son inculture totale. Erza essayait de garder son calme malgré les circonstances. Bien que semblant étonnement jeune, le petit bout de femme que représentait Illythia était fragile physiquement, à l'inverse de son verbe qui marquait clairement une supériorité affichée. Et puis, quoi que la Réprouvée puisse en penser ou essayer de faire, elle se frottait à une constatation simple : son ascendante avait raison. Et de cette constatation renaissaient des souvenirs quant aux seuls regards que sa mère avait posé sur elle, des regards marquant clairement sa désolation de voir ce qu'elle était ainsi devenue. Erza lui rejetait la faute, à elle et à son père. Ses parents lui avaient presque promis une vie à leurs côtés avant de faire voler en éclat une représentation familiale qu'elle avait désiré. L'avait-elle seulement désiré ou n'était-ce qu'un fantasme qui lui aurait déplu après réalisation ? Elle soupira, regardant l'anneau que lui avait offert Lucain. Elle ne le quittait plus, bien qu'elle se questionnait encore sur le bien fait de le mettre autour de son doigt. Elle devait l'enlever à chaque fois qu'elle se battait et ses adversaires n'étaient pas toujours compréhensifs lorsqu'elle leur demandait un instant, histoire de mettre son précieux à l'abri.  « J'ai entendu dire que Lucain était haut gradé dans la hiérarchie de sa race. Il doit s'intéresser à la politique de celle-ci, n'est ce pas ? T'en parle-t-il de temps à autre? ». Le ton du commentaire était léger, sur celui de la conversation. Pourtant il s'agissait bien d'un argument que la Magicienne espérait convaincant. De son point de vue, Erza avait besoin de canaliser sa force dans quelque chose, sinon, elle finirait par se détruire. Les individus puissants, sans objectifs, se perdaient forcément un jour. La Réprouvée n'avait jamais eu de cadres, pourtant, elle n'était pas idiote, juste irréfléchie, parce qu'elle ne prenait pas le temps de le faire, avançant de façon trop rapide, telle un boulet jeté à toute vitesse vers une cible indéfinie. Pourtant, la jeune femme voyait le potentiel de sa petite fille. Elle voulait l'exploiter, certes, mais ne souhaitait pas non plus aller contre ses volontés. Après tout, elle non plus n'avait pas gravi les échelons de sa race, ou, du moins, s'était arrêtée avant le trône, préférant vivre heureuse avec son mari et sa fille. Cette dernière avait fait un autre choix. Erza finit par abattre son poing sur la table, restant un instant ensuite sans rien dire. Elle comprenait qu'elle avait généralisé les défauts de son père à l'ensemble du peuple qu'il avait gouverné. Elle ne connaissait pas spécialement les autres Réprouvés, parce qu'elle n'avait pas cherché à les comprendre, parce qu'elle avait peur de les comprendre. « De toute façon, même si je m'intéressais à eux, je ne pourrai pas être reine. ». Illythia s'approcha doucement d'elle, posant une main légère sur l'épaule musclée de la jeune femme. « Et pourquoi donc ? Tu ne t'en sens pas capable ? Tu devrais demander à Amadäus de te donner un peu de son panache. Lui se voit parfaitement en souverain. ». « Plus maintenant grand-mère. ». Le jeune homme se tenait à la porte, un petit sourire supérieur aux lèvres. Il l'avait longtemps envisagé mais, finalement, la reine lui convenait. Il se hisserait à son côté, la servirait tant qu'elle continuerait à lui plaire. « Oh excusez-moi messire Amadäus, vous ne vous voyez qu'en conseiller de la reine, un titre très loin de la royauté ! ». La jeune femme avait mimé l'air du vampire qui finit par faire la grimace. Celle-ci fit rire Erza. « C'est vrai que t'es un peu mal barré ! ». « Au moins je ne reste pas ici à pester toute la journée comme une enfant gâtée. ». La Réprouvée se leva, semblant subitement en colère. « C'est qui l'enfant gâtée ? ». Elle releva sa manche, semblant prête à se battre. Le vampire disparut par l'embrasure de la porte, riant, moqueur. Elle resta là un moment avant de repartir sur le sujet principal. « Bon d'accord, j'irai à Sceptelinôst. Détruire le Circus Brothel ne doit pas être bien compliqué t'façon. Mon père n'y est plus depuis belle lurette. Les mecs là dedans sont tous des lavettes à peine capable de frapper les catins désobéissantes. Je vais leur montrer qui c'est le patron. Et puisque mon père n'est pas là, c'est moi le patron. ». Illythia s'amusa du commentaire avant de rappeler, tout de même : « N'oublie pas qu'il y a un de tes frères dans le Circus... ». « Ouais ben je sais pas quelle tête il a moi. S'il ressemble à Amadäus je risque de le tuer tellement sa tête me reviendra pas ! ».

Erza était couverte de sang, de la tête au pied. Il faut dire que des adversaires, elle en avait eu et elle commençait sérieusement à avoir mal aux articulations. Elle était loin d'être rapide mais un seul coup de sa part suffisait la plupart du temps à mettre ses adversaires dans un état proche de la mort, s'il ne suffisait pas à faire venir cette dernière directement. Elle avait eu l'idée de mettre le feu à l'édifice que représentait jadis le Circus Brothel, renversant les bouteilles d'alcool avant de trouver de quoi allumer tout les bâtiments. L’Étoile Noire devait périr avec, bien qu'elle ne sache pas réellement ce dont il s'agissait vraiment. Une drogue puissante. Elle était mal lotie pour juger qui que ce soit puisqu'elle était elle-même légèrement dépendante à l'alcool, encore aujourd'hui, mais puisque cette substance était une création de son père, alors elle la tuerait comme les derniers souvenirs de cet homme. Le deuxième avantage qu'elle avait, c'était celui de la sobriété. Les hommes du Circus, des petits chefs qui avaient essayé de monter au sommet de la hiérarchie interne, n'étaient pas très frais, violents mais chancelants. Pendant les longues minutes où elle resta à l'intérieur des locaux, elle en tua plus d'un. Dans ce lieu fait de vices et de malhonnêteté, il n'y avait que deux possibilités : essayer d'agir avec douceur et mourir, ou tuer les autres avant qu'ils ne le fassent. Elle était le tigre qui s'emparait de ses proies sans la moindre trace de culpabilité. Elle détestait cet endroit, elle détestait ceux qui s'étaient érigés à la place de son père, elle détestait son père ; tellement de haine, haine qu'elle devait expulser d'une façon ou d'une autre. Elle finit par sortit après avoir trouvé son frère. Elle lui en avait collé une et le pauvre s'était évanoui après avoir commencé à prononcer son prénom. Elle le tenait à présent par les pieds, le pauvre démon traînant derrière elle, inconscient. Elle finit par s'arrêter, croisant le regard d'un individu qu'elle connaissait pour l'avoir déjà vu sur un autre champ de bataille : Volen. Ses yeux se plissèrent lentement. L'homme la fixa un moment, puis se détourna pour s'occuper d'autre chose. Sa grand-mère avait raison. Elle n'était pas le centre du monde et avec l'avènement de ce nouveau souverain qui faisait des choix intelligents, la grandeur de son père devenait qu'un souvenir, une légende. Elle serait rapidement oubliée, elle l'enfant du Dovahkiin et de l'Æther de la justice. Mais le voulait-elle seulement ?

Elle finit par lâcher les chevilles de son frère, laissé à l'abandon au milieu du chaos pour rejoindre le souverain actuel. Pourtant, une fois devant lui, après l'avoir forcé à se retourner à la force de sa main, elle se sentit cruellement petite et insignifiante. Cet homme avait bien plus de prestance qu'elle l'avait pensé jadis. Il la regarda un moment, de nouveau, comme s'il avait du mal à mettre un nom sur son visage. Pourtant, il savait très bien qui elle était. Il finit tout de même par s'adresser à elle. « Erza, n'est-ce pas ? Votre mère m'a dit que vous viendrez à moi au bout d'un moment. ». « Ma mère ? ». L'étonnement, la stupéfaction. Sa mère ne lui parlait pas, ne venait jamais la voir, mais elle évoquait son cas en présence d'individus qu'elle ne connaissait pas. Cet homme était son roi et, pourtant, il ne lui disait rien, il ne provoquait chez elle aucune admiration. Elle ne savait rien de lui si ce n'étaient les récents événements dont sa grand mère lui avait parlé. « Cela vous étonne que votre mère puisse se préoccuper de votre avenir ? ». « Non, pas du tout. Je suis juste venue pour détruire le Circus. Pas parce que tu l'as demandé, simplement parce que j'en avais envie. Pour moi tu n'es qu'un type parmi tant d'autres. Je ne vais pas te prêter allégeance, ni aujourd'hui, ni demain. ». Il attendit un instant puis se mit à rire. « Eh bien, je ne m'attendais pas à tant de véhémence. Puisque tu te permets de me tutoyer, laisse moi faire la même chose. ». Quelques secondes où il approcha son visage du sien. « Si tu ne veux pas me prêter allégeance, ma pauvre enfant, je te conseille vivement de quitter mes terres avant que je me charge de ton cas définitivement. Tu ne manqueras à personne et personne ne veut d'une gamine écervelée à ses côtés. ». La fureur, elle se sentit trembler, prête à le frapper. Volen leva la main, arrêtant par là même l'action d'une dizaine de Réprouvés prêts à le défendre contre cette sauvage. « Je ne vais pas le répéter. Essaye ne serait-ce que de m'attaquer comme tu as l'habitude de le faire avec ceux qui croisent ta route, et tu risques de souffrir pendant plusieurs jours. ». Il lui tourna le dos, Erza essaya de l'attaquer. Volen sourit, sachant pertinemment ce qu'il faisait malgré l'apparence dureté de sa sentence. Il se retourna, tendant une main vers la jeune femme de laquelle sortit une forte énergie magique qui la toucha de plein fouet, l'envoyant se heurter contre un mur qui s'effondra sous le choc. « On ne pourra pas dire que je n'avais pas prévenu. ».

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