Chasse au trésor, chasse à l'homme, combat, destruction et durs souvenirs... Il avait l'impression à la fois d'avoir tournée une lourde page de son passé et d'en avoir écrit une encore plus importante. L'avenir lui dirait si à tort ou à raison cette idée lui traversait l'esprit. Retour à Mégido, cette ville qu'il connait par coeur à force de s'y promener au quotidien lorsqu'il cherche à occuper ses journées. Après tout n'est-ce pas la ville de son peuple, lieu où il se sent en sécurité et où l'atmosphère y est bénéfique.

Ces changements qu'il avait l'impression de ressentir, cette énergie nouvelle qui coule dans ses veines, était-ce là le vent de la puissance qui aide à grandir et monter les échelons de sa race ? Une sensation tout aussi agréable que le jour où il avait fièrement regardé les gardes de son ancien maître pour leur dire qu'il était libre. Ce jour là il avait changé... il était devenu une autre personne, un homme en quête d'aventure et de richesse, trouvant l'amour sur sa route des années plus tard. Une femme au coeur d'or pour ceux qu'elle aime et un coeur de pierre pour le reste, froide et cruelle pour semer la mort où bon ses pas la guide. Elle était tout pour lui et comptait bien tout faire pour défendre sa vie à ses côtés, peu importe ce qu'il arrive.

Peu à peu ils avaient cheminé ensemble, se complétant dans de nombreuses situations, chimie parfaite de leurs êtres par le lien auquel il les avait uni dans un lieu magnifique. Voyages, missions, vacances, festivités, leurs vies se parsemaient d'expérience toutes plus enrichissantes les unes que les autres. La maison dans laquelle ils mettaient tout deux les pieds ce soir là était l'une des récompenses de leur travail combiné, lieu bien à eux que personne ne pourrait leur enlever ou détruire, appréciant étrangement la présence de cette sécurité dehors, deux gardes. Bien sûr, ceux-ci ne le gardait prisonnier entre ces murs mais en assuraient sa tranquillité, sensation parfois étrange que d'avoir droit à ce traitement mais il ne s'en plaignait pas.

Épuisé physiquement et moralement, l'orisha avait rejoint sa chambre en compagnie de son soleil, y passant tout deux leurs journée, prenant leurs repas au lit du matin au soir, ne voulant être perturbés par rien du tout. Les messages s'accumulaient sur le meuble à l'entrée de la pièce, ni un ni l'autre ne voulait en prendre connaissance pour le moment. L'heure était à la détente et le duo avait d'excellentes méthodes pour se sentir léger et ressentir une intense énergie les parcourir tout entier. Une semaine, voilà ce qu'ils étaient parvenu à gagner en temps bien à eux avec un peu de chance. Sans savoir que la chance était soudain partie prendre un verre alors qu'un pli au sceau de l'Armée glissa sous la porte de la chambre, sûrement l'orine qui se dévouait un peu trop à la tâche.  «Je m'y ferais jamais... »

Souhaitant débuter cette journée ensoleillé avec le sourire, il offrit à sa merveilleuse le genre de moment qui ne fait aucun doute sur l'amour qui les unie. Se levant ensuite à regret pour attraper la lettre et l'ouvrir afin de savoir ce dont il en retourne. Plus il lisait, moins il comprenait...  « Pourquoi moi ?» Il déposa le papier sur le bureau et retourna au près de sa compagne.

- L'armée demande ma présence et je n'ai pas le choix... ils m'auraient vu faire preuve d'agilité quelques part. Un commandant veut donc de moi pour une mission. J'espère que ce ne sera pas trop long.

Après un petit délai euphorique, il se prépara en enfilant un vêtement juste au corps pour le haut et un pantalon de lin, à la fois léger et résistant, permettant de bouger sans gêne. Il prit quelques trucs à manger dans un sac qu'il passa dans son dos, ne comptant pas y perdre des jours. «Je reviens dès que je peux...»  Il passa la porte du manoir et jeta un oeil à la fenêtre, lui envoyant la main et un baiser volant. «Je t'aime.» Ethan disparaissant au bout de la rue au pas de course pour ne pas être en retard à la caserne qu'il atteignit en peu de temps, se faufilant à travers rues et ruelles de Mégido. Arrêté devant le bâtiment, l'orisha se disait qu'il n'en savait que peu sur cet aspect de la vie. Militaire, politique, jamais il n'avait vraiment fait attention à tout cela. Les relations diplomatiques, les rangs hiérarchiques. Certes il savait que l'Orishala dirigeait les Orishas, de vagues informations sur les Eshus, il ne s'en cacherait pas si on lui pose des question et son manque de connaissance sur le propos se devait assurément d'être rectifié.

- Halte orisha, qui es-tu et que viens tu faire ici ?
- Je suis Ethan, j'ai été convoqué par le commandant Ash. Voici la lettre.

Il tendit le papier au sceau brisé que le garde survola rapidement pour en vérifier l'authenticité puis ouvrit la porte pour le laisser entrer en lui donnant quelques indications. Il eu tôt fait de rejoindre la cour intérieure du bâtiment où de nombreux autres hommes de sa race discutait face à un homme visiblement important. Ce dernier se retourna à son approche et lui fit signe de s'approcher.

- Voilà le jeune Ethan que nous attendions, dernier élément nécessaire à notre groupe pour cette mission.
- Bonjour !
Faut enthousiasme de celui-ci, n'était pas le plus sociable des orishas, il aurait à s'y faire.
- Messieurs, vous êtes tous ici car vous avez été choisi par mes soins pour votre agilité sur le terrain. Ne demandez pas où ni quand, mais je vous ai vu à l'oeuvre en diverses circonstances et cette petite expédition a pour but de vous apprendre à être encore plus efficace. Des aptitudes bénéfiques à votre évolution, accélérer vos déplacements, profiter au maximum des lois de l'équilibre, voilà ce qui vous attends. Des questions ?

«Mieux vaut dire non et voir ou avoir l'air d'un crétin qui pige rien... tant pis, qui vivra verra après tout.» Tout les hommes firent non de la tête dans un silence marquant l'ordre et le respect. Jamais Ethan n'avait songé à ce retrouver dans un groupe appartenant à l'armée de son peuple, non pas qu'il ne sache se battre mais ce n'était pas du tout à son programme personnel. Les dernières consignes données, tous montèrent à cheval pour se rendre à destination au galop. Première épreuve sans vraiment l'être... car un homme dû abandonner avant même le début, la monture avait été plus forte que le cavalier, résultant une jambe cassé. Deux soldats accompagnant le groupe l'escortant à la maison. Pourtant le lieu de rendez-vous n'était qu'à trois lieues à l'ouest de Mégido.

- Devant vous un village fabriquée de toute pièce pour cet entrainement. Maisons, rues, commerces, arbres, véhicule, escaliers. Tout ce qu'il y a de plus normal mais dont vous devrez apprendre à profiter du moindre centimètre pour un tirer le plus grand profit de mouvement. N'oubliez pas qu'une vie se perd en une seconde, c'est tout ce qui vous sépare de la mort. Gagnez cette seconde en déplacement peut sauver des vies.

Ash fit signe de regarder et ce mit à courir vers un bâtiment pour y sauter sur le toit du portique puis celui de la maison pour passer en peu de temps à la construction suivante. Aucune hésitation, fluidité totale de ces gestes, il était dur à suivre tellement sa vitesse était grande quand soudain tous le cherchait. Une voix résonna
- Où suis-je messieurs ?
Le groupe se dispersa vers le dernier point aperçu mais Ethan se dirigea à l'opposé, montant sans attendre au sommet du bar situé de l'autre côté de la rue. Y trouvant le commandant dont il s'approcha.
- Monsieur.
Ce dernier se retourna, sourire aux lèvres. Voyant tout les autres chercher dans la mauvaise direction.
- Félicitation, votre réputation n'est pas que parole en l'air.
- Ma réputation monsieur ?
- Oui, je vous ai fait suivre quelques fois lors de certaines missions que nous demandons au peuple et dont vous avez répondu à l'appel. Vous avez parfois éclipsez mes hommes dans la brume et peut y sont arrivé.
- Merci monsieur.
- Comment avez-vous su que j'étais ici.
- Il ne faut pas que regarder avec les yeux, il faut écouter et sentir. Je ne sais comment mais c'est à croire que vous vous êtes téléportez d'un côté à l'autre, ne créant qu'un déplacement d'air que j'ai perçu avec succès visiblement.
- Bravo, nous sommes ici pour que vous appreniez vous aussi. Approchez du bord et donnez moi un instant

Ash s'accoudant au toit et s'adressa au groupe toujours en recherche du commandant.
- Messieurs, vous avez échoué ce test. L'apprentissage sera long pour vous.
- Regardez, Ethan est avec lui !
- Oui, le seul a avoir compris la situation. J'ose espérer que ce sera tous votre cas après l'entrainement. Rendez-vous dans l'école au bout de la rue, nous y débuterons.
Le commandant fit de nouveau face au méritant.
- Serez-vous en mesure de me suivre jusque là ? Vous avez droit à une leçon privé. Chaque geste, chaque mouvement, vous devez le faire à la perfection. Si j'accélère vous devez aussi, ne trainez pas.
- Entendu Monsieur.
Le petit homme enjambant la corniche et sautant sans attendre, suivi de près par Ethan. Escaliers, murs, cloisons, fenêtres. Tout était propice a être un point d'impact qui aidait à propulser au suivant. Le corps n'arrêtait jamais. Il devait garder une longueur de retard pour voir ce qu'il devait faire, mémorisant la suivante tout en poursuivant d'avancer sans se tromper. Le rythme était de plus en plus intense et la fatigue se faisait sentir, effort qu'il n'avait pas l'habitude de faire.  Contrairement à ce qu'il pensait, il se sentit de plus en plus léger, plus efficace, plus rapide, comme emporté par sa tête et sa volonté plutôt que son corps. Rattrapant Ash pour parcourir à même hauteur que lui la suite du trajet. L'école était presque devant eux, dans la rue se trouvaient loin derrière le groupe.
- Bougez-vous bande de larves, je suis presque rendu !
Ils se mirent à courir, ne sachant d'où la voix venait mais savaient bien qu'ils avaient intérêts à être vite à l'intérieur. Devant le duo, un vide  immense aux yeux d'Ethan ! Ash se mit à courir, profitant de la longueur du toit et sauta, disparaissant de sa vue avant d'atterrir sur l'école. Sans comprendre pourquoi ni comment, il avait fait exactement la même chose. Sous lui le sol à plusieurs mètre, impression de flottement alors qu'il n'usait pas de sa lévitation, du moins c'est ce qu'il croyait. S'accrochant toutefois de justesse au bord du toit pour s'y hisser de ses bras.

- Félicitation Ethan. Vous avez vite appris. Je ne m'attendais pas à moins de vous.
- Mais comment ai-je fait cela ?
- Tout devient naturel quand l'on se déplace, il n'est plus question de penser à ce qui devrait être fait mais le faire. Vous êtes apte à léviter n'est-ce pas ?
- Certes.
- Voilà, votre esprit a pris le dessus sur le corps, usant de toute ses capacités pour accomplir ce qui était demandé. Vous êtes agiles, sans aucun doute. Vous avez réussi à me suivre dans cette course et peut le fond du premier coup. Ce saut à la fin ne fait pas partie de l'épreuve normalement.
- Je ne sais que dire.
- Ne dites rien, vous avez de quoi allez loin.

Sans parler plus longuement, le commandant descendit pour rejoindre le groupe qui arrivait, suivi de près par Ethan qui restait silencieux. La journée fut un enchaînement de théorie et de pratique sur de nombreux aspects de la l'agilité, la furtivité et la discrétion en tout lieu. Des citoyens avaient été appelés à ce promener dans les rues et observer afin de repérer, ou non, les hommes du groupe en pratique sur le terrain. Certains réussissent, certains échouent. Ash amenant à l'écart les perdants pour donner de nouveaux trucs, des consignes plus détaillées. Cet homme avait une grande patience et de nombreuses méthodes pour expliquer. Après tout chacun est différent et tous ne comprennent pas de la même façon.

Au bout de cette longue journée, tout les hommes avait réussi les épreuves après un ou plusieurs essais. Le commandant Ash avait prit des notes sur chacun d'eux, nul ne sachant si cette journée était simplement une offre de l'Armée pour faire de son peuple des gens plus aptes ou d'autres intentions s'y cachent. Dans tout les cas, Ethan avait trouvé la journée très enrichissante, appréciant avoir eu cet entraînement privé. Repousser ses limites, être plus rapide, plus discret encore. Les ennemis sur sa route n'aurait qu'à bien se tenir... Le retour fut sonné, il était temps de rentrer à la caserne pour y laisser les chevaux puis les hommes eurent leur congé. L'homme retourna sans attendre au manoir après un bref détour au marché pour une petite boîte de gourmandise...