Quelle belle journée pour se rendre au cimetière! Le ciel était couvert de sales nuages gris, il pleuvait (pas assez pour inonder une vile, mais il y en avait suffisamment pour convaincre les gens de rester chez eux.). Dans mon cas, c’était une bonne nouvelle. Ça réduisait grandement mes chances de rencontrer des gens lorsque je sortirai. Je n’étais vraiment pas d’humeur à placoter avec des personnes et leur dire des conneries du genre : « Salut! Ça va?». Le fait d’y penser m’énervait encore plus tien! Et bon hein, il ne risquait pas d’avoir un chat avec un temps pareil dans un cimetière. D’ailleurs, pourquoi je m’y rends? Ça peut paraître assez con et bizarre de ne plus s’en souvenir mais j’ai oublié pourquoi je voulais y aller. Pour la paix? La solitude? Ahalala… J’avais besoin d’entraîner un peu ma mémoire. De toute façon, j’allais certainement m’en souvenir plus tard. Tant que je savais que je devais y aller, c’était OK. En plus, j’avais sérieusement le goût d’aller en ville. Cela faisait un méchant bout de temps que je n’y étais pas allé et personnellement, je commençais à étouffer solide dans cette maison en plein cœur des bois. Bon, en acceptant l’hospitalité d’une Elfe, il fallait quand même s’attendre à vivre dans un endroit au beau milieu de nulle part mais rester confiner ici durant plusieurs semaines me donnait la nausée. J’avais besoin de respirer un nouvel air et partir dans un autre lieu où les plus proches êtres vivants qui nous entourent ne sont pas des arbres. Sans vouloir m’attaquer directement à Oswana. Ce n’était pas sa faute si je ne lui parlais jamais de ce que je ressentais et en plus, être un Ange signifiait avoir un peu de reconnaissance et de gentillesse envers une personne qui m’avait aidé à me sortir d’un mauvais pas. Sérieusement, à force de la côtoyer, j’avais fini par l’apprécier à sa juste valeur même si je ne le criais pas à tous les toits. Elle prenait son propre temps pour m’entraîner avec mes pouvoirs de guérissons et au maniement de la faux qu’elle-même m’avait offert sans que je lui ai demandé quoi que ce soit. Grâce à elle, mes talents s’étaient améliorés a vue d’œil. Je lui devais bien quelque chose en retour! Oswana était debout avant même que le soleil se lève et elle n’avait même pas prit le temps de manger avant de partir. Autant lui faciliter la vie, car à son arrivée, elle aurait certainement faim. Je pris des fruits qui étaient dans sa réserve, les lava, pela ceux qui avaient besoin d’être peler et les plaçai tous dans un grand bol. Je pris un morceau de papier et écrivit un petit mot pour lui faire comprendre que j’étais partis et de ne pas s’inquiété de mon absence. Je pris ma faux qui traînait non loin de la cuisine (juste au cas où je devrais l’utiliser) et quitta la maison d’Oswana en direction de ce fameux cimetière. En y réfléchissant, j’avais oublié de penser au pourquoi de ma visite dans ce lieu réservé aux morts.

La marche jusqu’à la ville fut plus longue que prévue, en raison de cette sale boue qui avait pris place sur la route et la pluie qui s’était intensifier durant mon voyage, me trempant ainsi de la tête aux pieds. Pourtant, dès mon arrivée en ville, dans le quartier résidentiel, les nuages de pluie avaient complètement disparus pour laisser place au grand soleil. En levant les yeux vers le ciel, je pouvais sans difficulté voir la démarcation entre le ciel bleu et le ciel gris. Évidemment. J’avais été bête de croire que la pluie se poursuivrait même en ville. Avec la magie, il était facile de jouer avec la météo. Du coup, la place était bondée de gens en raison du beau temps. Je laissai échapper un soupir et me mit en route vers le cimetière. Avec un peu de chance, il n’y aurait personne. Enfin, j’espère. Je zigzaguais entre les rues secondaires, essayant par tous les moyens possibles de me rendre à la place des morts le plus vite possible en évitant le plus de gens possible. Durant ce moment où je me promenais ainsi, je me mis à réfléchir à la raison de ma venue et sans déconner, la réponse s’imposa d’elle-même dans ma tête. Comme ça, en moins de deux secondes. Je vous le jure. Généralement, ça me prend plus de temps que ça pour me souvenir de quelque chose en particulier, mais là, j’avais trouvé la raison de cet oubli. Enfin, ce n’était vraiment un oubli. Le terme exact était : « un déni ». Oui, c’était plus approprié. Je niai une vérité, je tentais de la modifier pour qu’elle soit meilleure à mes yeux et ne me fasse plus souffrir. J’étais venu ici pour me reposer sur la tombe de ma mère, sauvagement assassinée par des démons.

Debout devant la tombe de ma mère, je regardais devant moi, les yeux remplis de rage. Envers ma propre faiblesse lorsque la tragédie est survenue, envers les démons qui nous avaient attaqués… Penser à ses souvenirs douloureux nourrissait mon sentiment de vengeance et sans trop m’en rendre compte, je pris ma faux dans mes mains et commençai à gratter la terre avec sa lame. Ce n’était pas le geste le plus approprié dans un cimetière, mais de un, ça m’aidait à me calmer et de deux, les images de ce jour tragiques disparaissaient au fur et à mesure que je traçai une ligne dans le sol. Je continuai ce geste encore et encore jusqu’à ce que je ressente une présence derrière mon dos. Je m’arrêtai brusquement et me tournai d’une traite vers une fille qui se tenait là. Pour ne pas avoir l’air d’un malade qui veut assassiner une personne, je replaçai ma faux derrière mon dos et sans savoir pourquoi, je m’excusai à la femme devant moi :

- Désolé, je ne savais pas que vous étiez-là. Je ne voulais pas pointer ma faux sur vous.

Je trouvai mes paroles un peu débiles mais j’avoue que sur le coup, j’avais vraiment cru que c’était la meilleure chose à dire. Je ne voulais pas qu’elle croit que je la menaçais mais en même temps, je me sentais un peu stupide de lui présenter des excuses. Enfin, j’espère qu’elle ne dira aucun commentaire désobligeant et qu’elle les acceptera sans poser de questions

La fille ne répondit pas tout de suite à mes excuses, préférant me regarder minutieusement le corps en entier, prenant amplement son temps. Sérieux, elle n’avait pas autre chose à faire que de me fixer de cette façon? J’étais déjà assez gêné comme ça, elle n’avait pas besoin d’en mettre une autre couche! Au moment où j’allais baisser les yeux pour éviter tout contact visuel avec elle, la fille esquissa un sourire amical mais discret, dont l’effet fut immédiat sur moi. Un je-ne-sais-quoi dans son geste me mit plus en confiance avec elle, éliminant presque toute la gêne que je ressentais il y a quoi? Deux secondes? La seule conclusion que je parvins à trouver là-dedans fut qu’elle n’était certainement pas une simple humaine. Son «aura» avait quelque chose de bénéfique, un peu comme les anges qui dégageaient en permanence un sentiment de bienveillance, qui affectaient tout le monde, mis à part les démons. Certainement en confiance sur son effet, la jeune fille se décida finalement à parler :

- C'est moi qui m'excuse... Ça ne se fait pas trop de surgir dans le dos des personne en recueil...

Mouais, c’était déjà mieux que rien comme réponse. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle me demande de lui pardonner mais bon, je n’allais pas me plaindre de ses intentions. Je supposai que c’était le moment idéal de lui dire de s’en aller gentiment mais je fus interrompu par un bruit venant de derrière. Je me tournai d’un coup sec, ma main placé sur le manche de ma faux, plus part habitude que part prudence et quelle surprise! Juste devant mes yeux se trouvait une autre jeune fille! Qui allait dans notre direction en plus! Je retirai immédiatement ma main de la faux et je me redressai pour avoir une allure plus accueillante. La nouvelle venue semblait hésitante à venir vers nous mais elle continua tout de même d’avancer en nous adressant la parole :

- Hum... Excuser de vous déranger mais je me suis un peu perdue. Savez-vous vers où je dois me diriger afin de trouver le parc?

Bien tiens donc! C’était sérieux sa question? Elle ne se croyait quand même pas devant des guides touristiques non? Une chance que j’étais doué pour éviter de passer mes commentaires et cacher ce que je pensais réellement sinon je crois bien que je l’aurais envoyé promener ou je lui aurais envoyé un regard qui lui expliquerait bien ce que je pensais. Mais énervé ou non, je restais toujours un ange et tout ange digne de ce nom ne refuserait pas d’aider une personne qui s’était perdu. Je détendis mon visage pour afficher une expression plus douce et répondit à sa question d’une voix calme et chaleureuse (enfin, le plus que je pouvais faire) :

- Désolé, mais je n’habite pas dans le coin. Je ne sais pas où se trouve ce parc.

D’ailleurs, ce n’était pas un peu bizarre une fille qui cherchait un parc dans un cimetière? Quand même, il y avait une grande différence entre un par cet un cimetière!

- Sans vouloir me montrer impoli, comment avez-vous fait pour attérir dans ce cimetière si vous étiez à la recherche d’un parc?

Une question qui méritait d’obtenir sa réponse selon moi. Enfin bon, peut-être que la première fille pouvait répondre à sa question et la guider, ainsi je serais enfin seul. J’espérais vraiment que ce soit le cas…