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 Au crépuscule.

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Jeu 20 Fév 2014, 22:36

Il était une fin précieuse et ridicule, que tout bon spectateur rêverait plein de beauté et de rebondissements mais il n’en fut rien ; une fin qui aurait pu tout chambouler, enivrer les mers d’un parfum de mort mais il n’en fut rien ; une fin peinte et contée, adorée puis regrettée, l’histoire toujours et jamais le personnage, on l’oublie, lui n’est qu’acteur détestable, délectable, mais il n’en fut rien. La fin annonce le silence et il nous étouffe. Qu’espérez-vous ? La vérité ? Vous n’y pensez pas. Un pas, un chuchotement courtois au royaume des abîmes, est-ce vrai ? Arrive-t-il vraiment ? Ce n’est pas une illusion ? Il a quitté les songes pour l’ombre ? Un aller simple à la distorsion parfaite du paradis et de l’enfer, le voilà, je l’entends, regardez-le, il ne fanfaronne plus là où il est, ce génie de pacotille. Où est son sourire cicatrisé que le pire n’arrive à dissiper ? Que reste-il de sa joie, son sadisme ? Il a donc tout perdu ? Qui l’a vaincu, qui ? Qui a été plus fort que le mirage ? Un instant, il n’est pas le passager mais le passeur. Comment est-ce possible ? Il a écrit chaque ligne de son histoire, le point final se devait d’être de sa plume, son encre embaume nos tréfonds, combien de temps va-t-il rester là ? Il me dérange, un peu de pitié également, il est perdu et ne sait où aller. Il n’a ni toit, ni famille, âme qui le pleure ou lumière qui le guide. Il n’était qu’un homme, simple et égoïste après tout. Un mortel arrêté dans le temps rattrapé un peu plus tard que les autres. Lui, l’ombre, où va-t-il à présent ?

Au crépuscule. Signat11

- Préludes -
« Après le beau temps, vient la pluie. »

Un univers si grand et si confiné, étais-je le bienvenue ? J’étais dans cette barque d’ébène sur ce fleuve que content les légendes de ceux qui ont vu mais force était de constater qu’aucun n’avait été capable d’en retranscrire la profondeur, le mystère qui s’en imprégnait. Rien ne me permettait de dire ce qu’il y avait sous ce bois trempé, des âmes qui glissaient le long et emportaient mon navire vers le déclin déterminé ou le simple courant des limbes qui se régule sans artifice ni magie, par la simple force de son existence ? Chacun interprétait ce lieu à sa convenance semblait-il, moi je voyais à l’horizon le monde entier s’étendre devant moi, c’était magnifique, je n’aurai su le qualifier autrement, c’était comme être l’espace d’un instant le dieu tout puissant qui contemple l’œuvre faite, je voyais les terres du Yin et du Yang entrain de plonger dans la nuit, le soleil couchant permettant le spectacle fabuleux du cycle perpétuel, ou était-ce moi qui sombrait vers les recoins les plus noirs ? C’était étrange, ce n’était pas comme ça la dernière fois. La dernière fois. Tout me semblait si léger, je repensai au triste et pourtant palpitant cheminement de ma vie, toutes ces inquiétudes, les ennemis, les dangers, les menaces d’apocalypse et les amours interdits ; comme tant d’autres avant moi, j’aurais pu regretter de ne pas avoir tout accompli, de laisser derrière moi bien des œuvres inachevées, mais il n’en était rien, tout me semblait si futile, je m’étonnais d’avoir pris à cœur l’éphémère. Mon père avait raison, le monde tournait avant nous, il tournerait donc après. Je soupirai, combien de temps allais-je encore voguer sans raison ni destination ? Sur le bout de ma barque, les jambes croisées, les coudes sur le bord à observer l’infini néant, j’allais enfin trouver réponse à la plus grande question de l’humanité, que se passe-t-il lorsque l’on meurt ? Allais-je perdre conscience, mon âme allait-elle s’éteindre au bout du fleuve dernier ? Oh, c’était mal connaître le destin, la fin est la chimère du faible et si je m’en abreuve, je ne peux m’y résoudre.

« Bonjour, mon ami. » chanta doucement une âme silencieuse qui s’était glissée dans ma barque. Une forme de vie sans contours, que les yeux ne pouvaient reconnaître mais qui ne pouvait tromper mon cœur. « Est-ce toi vieux grincheux ? » répondis-je sans croire que ma voix pouvait transpercer ce voile épais qui me rendait aphone, mais ici, parler n’était pas une évidence, ni même un besoin. « J’ai peu de temps, tu t’en doutes. Il arrive. » - « Comme à ton habitude, William. Tu me fais tes adieux ? Peux-tu au moins faire semblant d’être triste, histoire d’avoir la sensation d’être regretté au moins par un seul. » - « En réalité, non. J’ai une proposition à te faire. Es-tu prêt à l’écouter ? J’ai eu ce que tu peux considérer comme une vision. Un danger flou qui m’apparaît comme une ombre gangrenant nos terres. J’ai vu la mort omnisciente, le ciel en sang et une ombre tapie dans l’obscurité qui avançait vers la surface. Cet ennemi est différent, il vient d’en bas. Et nous sommes impuissants. Mais toi, tu es en bas, au fonds du gouffre béant des âmes maudites.» - « Ça ne me concerne plus. Là où je vais, il n’y a, je l’espère en tout cas, ni dieu, ni diable. » - « Tu faisais partie de cette vision, tu étais le pion, son arme. Je crains qu’il ne t’ais déjà trouvé et qu’il t’attende au bout du fleuve. » Ô je me mis à rire, agaçant les protecteurs du glas qui idolâtraient la symphonie du silence mais quel autre choix à ces mots qui résonnaient en moi comme le vieux démon qui refaisait surface. J’avais rêvé mon repos, avec une once de raison, j’allais refuser mais où était cette once ? « Je l’attends, le génie est mort mais l’ombre s’éveille. » La forme ténébreuse qu’il arborait se dissipa en d’épais fils de fumée, un murmure se fit pourtant requiem : « Je ne veux pas te voir partir ainsi, pas maintenant, pas comme ça. »
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Mar 15 Avr 2014, 23:34

Chapitre 1 : Le magnétisme hypnotique

Réécrire un journal n’a de sens que pour soi, il n’a de rationnel  que l’encre et la papier car pour le reste, c’est doucement plus confus. Est-ce pour se persuader qu’on ne rêve pas ? Il y a de ça quelque part, je ne peux le nier, parfois lorsque j’y repense, je songe la folle hypothèse d’avoir inventé tout ce qui m’entoure, comme si mon subconscient s’était raccroché à une bride de vie, s’y était accroché de toutes ses forces, et avait créé tout un monde pour ne pas risquer que la supercherie soit mise à nue. Cruel dilemme que de croire que rien n’est vrai, je suis dans cette bulle, enfermée par la mort, à ne croiser aucun souvenir ni âme du passé suspendue sur ma route. Est-ce une autre réalité ou un cauchemar de plus ? Je traverse ce labyrinthe chimérique sans l’espoir d’en retrouver un jour la sortie, et qu’est devenue mon Ariane déchue que les dieux m’ont volé il y a si longtemps ? Aujourd’hui, la brume me lacère les tripes mais demain, qui m’emportera ?

J’avais eu vent, tant de fois, des légendes fabuleuses sur ce qu’il adviendrait de notre égoïste nombril après la mort, des légendes alimentées par le fanatisme morbide de tous ceux qui fabulaient à son propos, la mort, cette douce ironie. Vous savez ce qu’on dit, on ne croit que ce que l’on voit, je voulais voir, au-delà de la ligne qui trace le paysage, c’était quelque part mon talent, à tout moment, au lieu de montrer son jeu, tout balancer et battre à nouveau les cartes. Il y avait certes ce sentiment de regret, on en vie jamais assez même lorsqu’on se lasse de tous les couchers de soleil, si on demeure sans se risquer, alors quelque part, nous sommes déjà tous morts.

Je n’avais pas peur de la mort mais une chose était certaine, inéluctable : je ne voulais pas disparaître de la surface de ce monde. Non, trop tôt, trop tard, jamais en avance, après tout, j’étais le maître du temps, de l’histoire que je contais. La fin me déplaisait, quel bien fou de déchirer la dernière page du roman de ma vie, un sourire léger au coin. Étais-je mort ? Oui mais j’étais loin de m’arrêter, j’avais encore beaucoup à faire, à vivre, c’était comme si une nouvelle facette de ma personne se réveillait, une de mes nombreuses images endormies jusqu’à lors que la mort, quel comble, venait de s’éveiller. Je n’allais pas m’arrêter là, je me le jurai de toutes mes forces, Naram-Sin était une histoire ayant touché à sa fin, mais Ismérie était là, avant Naram et après, il n’avait aucune raison de pâlir de jalousie face à ce dernier, Ismérie avait inspiré le génie ou peut-être était-ce l’inverse.

Au loin, je dévisageai les ombres, combien de temps allais-je voguer ainsi ? Retrouverai-je un jour les malheureux sentiments égarés ? Et quand sera-t-il de ceux que j’ai abandonnés, sans mot, pour rejoindre l’obscurité si tentante, si méprisante, excitante, la maladie ou mélodie de l’adrénaline, je ne savais plus vraiment mais il y avait une renaissance qui n’attendait que moi. Débarrassé de mes chaines de génie, j’étais enfin libre, libre mais mort.

Ceci est le premier chapitre de mon journal, celui d'un nouveau combat, de nouvelles extases, car c'est bien connu, la mort n'est que le commencement : je suis de retour.
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Sam 26 Avr 2014, 23:37

Chapitre 2 : Mon corps est une cage, et mon âme, une simple ballade

L’ombre du cœur, ce recoin caché qui annihilait l’espoir et la bonté, il se refermait sur moi, je le sentais, m’oppressai, je voyais au loin les dunes de sable d’ébène s’effondrer et le ciel se recouvrir d’un épais voile de fumée, c’était le jour dernier de ma triste vie et je le passai à courir, à fuir ce que j’ignorai. Un pas devant l’autre, dans la détresse d’un espace confiné et d’un temps déréglé, le seul salut serait dans la chute.

C’est alors que je la vis, la sirène des enfers, assise sur son rocher à m’épier, balançant ses pieds nus comme si, alors que le monde s’engouffrait dans le néant, tout l’indifférait, ce serait à jamais, l’image que je retiendrais d’elle, l’intemporelle, l’impossible. Je courrai la rejoindre, peut-être savait-elle comment survivre ici ? Essoufflé, je me courbai devant elle alors que je voyais le ciel se déchirer sous mes yeux tristes et mourants : « Aidez-moi, je vous en supplie ! » mais elle ricana d’une voix fluette presque enfantine, se moquant de la situation qui était la mienne. « Toi, Naram-Sin, ô pardon, Ismérie, tu réclames mon aide ? Mais je ne peux rien à ton destin, les génies ne meurent pas, ils disparaissent, tu as beau t’enfuir jusqu’à l’ombre du cœur, la mort te rattrape, tu es damné, voué à être anéanti par le puissant torrent, aucun divin, aucun souhait à ton secours, les anges et les ombres ne se penchent pour observer, tu fais partie du passé. »

Je reculai d’un pas, abasourdi, ça ne pouvait pas se terminer comme ça. « Vous ne seriez pas là pour le seul plaisir de me voir mourir. Je ne veux pas que l’histoire cesse d’être écrite, j’ai encore tant à faire. Sortez-moi de cet enfer, je ne suis pas prêt pour le trépas. » - « Tu ne le seras jamais. Tu te moques de la mort mais à chaque fois qu’elle t’attrape, tu ne sais que te débattre et supplier qu’elle te laisse un répit supplémentaire, pauvre crétin, crois-tu qu’on puisse ainsi méconnaître toute règle ? » Pris de panique, je saisissais son kimono de soi par la poitrine pour la soulever de son rocher et pouvais admirer sans le vouloir que celui-ci contait par ses peintures un instant figé dans le temps, mon propre personnage fuyant les ombres, saisissant la demoiselle, à la manière des poupées russes, le tout se répétait à plus petite échelle. C’était comme si tout était écrit, je n’étais que le pantin. « Qui es-tu démone ? »

Sans montrer quelconque crainte, elle répliquait « Je ne suis qu’une messagère. Nomme-moi Iris. Tu voudrais duper la mort, une nouvelle fois ? Ce ne sera pas sans conséquence. Toutefois, je veux bien t’accorder ce souhait à une condition, que ton destin m’appartienne. Je ne suis ni des démons, ni des génies, mais le brasier ardent qui brûle en toi m’appelle et me hante. Tu veux vivre ? Il n’y a pas besoin d’être en vie pour ça, le monde est devenu fou, les continents dérivent et les êtres qui grouillent sont tous cinglés, aveuglés, ils n’y comprennent plus rien, et toi tu es là à désirer y retourner ? Le désires-tu réellement ? Qu’es-tu prêt à abandonner pour cela ? Es-tu prêt à servir nos intérêts, à accomplir nos desseins, sans pitié, sans état d’âme, renoncer à la vie pour l’embrasser ? Un paradoxe comme tu ne peux que les aimer ! Accepte et meurt, et pour sceller ton serment, embrasse la messagère que je suis ! »

Les secondes furent autant de tambours dans mon esprit saccadé, le néant était à mes pieds, un instant volé et je n’étais plus rien alors une existence fébrile serait plus que rien et serait toujours mieux. Dans quoi je m’embarquai, était-ce l’ennemi dans l’ombre dont parlai William, qu’avais-je à perdre alors que le fonds du gouffre ouvrait sa gueule béante. J’étais déjà damné. « J’accepte et signe pour l'éternel. Je veux revoir les étoiles. » et je l'embrassai pour que mes lèvres, jamais plus, ne soient rouges.
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Dim 27 Avr 2014, 20:52

Chapitre 3 : Le monde nous a reniés.

Fixant le ciel, j’étais ravi de pouvoir admirer ce spectacle immobile, anodin, l’explosion statique de l’univers en des mondes que je ne découvrirai jamais, ma mort avait tout remis en question, le temps était une donnée que je n’avais jamais pris en compte, persuadé que je pourrai tout voir, tout accomplir, tout subir. Aujourd’hui, je ne suis plus que l’insecte qui échappe à son prédateur, la faucheuse qui me poursuit. Les rues d’Utopia étaient pleines à craquer en ce qui semblait être l’un des premiers soirs du printemps. Tous les habitants avaient laissé leur fenêtre ouverte pour aérer leur demeure, sorti leurs draps et on voyait les têtes des enfants excités et frustrés de devoir aller s’endormir alors que tant allaient fêter le retour des fleurs. Les tavernes se remplissaient peu à peu à mesure que le soleil se dissipait alors qu’à tout coin de rue, les dames avaient enfilé leur plus belle robe à l’invitation d’hommes qui se sentaient d’humeur printanière, l’expression était légitime. A la fontaine où j’étais assis, quelques musiciens en groupe animaient le quartier en reprenant une mélodie qui flottait dans les airs avec des accords légers qui donnaient envie de danser à des jeunes orines un peu perdues qui passaient par là. Le monde continuait de tourner. Je ne comprenais pas pourquoi Iris m’avait emmené là, j’aurai préféré mille endroits à celui-ci pour mon retour. Tout était encore confus, mon corps était semi-inexistant, je me sentais si mal, un mal de chien, je manquai d’aisance, comme gêné par ce que j’étais, mal dans ma peau sans pouvoir contrôler cette sensation, c’était comme si j’étais là sans l’être réellement.

Iris me fit la surprise de son apparition à mes côtés quoi que de dos, un dos nu et tatoué d’encres aux teintes chaudes dont je ne vis l’ensemble car coupée par son draps couleur de pluie, dont elle retenait les bouts à la poitrine par sa main alors que de l’autre, elle peignait sa longue chevelure qui semblait ne plus finir de s’écouler sur ses hanches. Pourquoi ne me regardait-elle pas ? « J’ai toujours été fascinée par Utopia. Son nom est idéalement choisi. On y vit comme dans le plus beau roman de notre imagination et certains jours, je me plais à imaginer que j’y passerai le reste de ma vie à l’abri de tout. J’aime particulièrement ce quartier. Si tu te retournes, tu constateras que nous sommes sur la place « Djinneïs » où se trouve, à mon sens, la plus belle fontaine de toute la ville, son architecture est complexe et mystérieuse, œuvre d’une reine disparue en l’honneur d’un ami qui, un jour, a cru en elle. Son portrait est gravé sous l’eau car la reine eut un jour l’audace de croire qu’il finirait par revenir à Utopia, et que les traits de son visage se mêleraient à ceux du portrait lorsqu’il voudrait regarder son reflet dans l’eau de la fontaine. Une belle poésie. J’aime la poésie, pas toi ? » Je me levai aussi tôt, admirant la place d’un quartier que j’avais méconnu. « Ô, je me dis que sous un même ciel, tout est mirage. Je suis parti depuis combien de temps Iris ? », sans voir son visage, je sentais qu’elle se crispait. « Tu connais mieux que moi le temps qui passe en l’ombre du cœur. Même si tu es resté bien moins longtemps que la dernière fois, c’est assez pour que le monde préfère te renier. Tout est à la fois semblable et différent. Les acteurs changent mais la comédie demeure. Je t’ai amené ici avant toute chose pour que tu comprennes que tu n’es plus rien, Naram n’est plus qu’un souvenir pour ceux qui sont encore en vie, et ils ne sont pas nombreux. Le monde a tourné sans toi et ton nom n’est plus qu’un écho dans le vide que ne murmurent plus que les tombes des gens que tu as aimé. Violette est l’un d’eux. Tu ne peux que t’en remettre à moi car peu importe où tu iras, ce ne sera plus que les ruines de ta splendeur passée. Somnium lui-même n’est plus qu’une île abandonnée où la nature a repris ses droits, une bulle où les rêves explosent et renaissent sans arrêt sans qu’un rêveur n’ait le cran d’y mettre fin, c’est un peu ton propre tombeau qui vole au-dessus de nos têtes. Comprends que tu as disparu du jour au lendemain. Te souviens-tu au moins de ce qu’il s’est passé ? »

J’étais si pensif à tout ce que disait Iris, je ne savais ce qu’il fallait dire ou bien croire, je ne voulais pas admettre ma futilité. Si persuadé que ma présence avait eu un impact sur le monde, que sans moi, il n’y aurait pas eu Mitsuko telle que nous la connaissons, que Jun aurait gagné sa grande bataille et que la première Taiji régnerait sur le chaos. J’aimais croire que j’avais été quelqu’un par le passé, que mon absence aurait était néfaste mais force était de constater qu’un fou de moins sur cette planète n’était une goutte d’eau dans un océan de larmes.
« Je… Je ne m’en souviens pas, désolé. » Iris n’en dit rien, elle savait tout comme moi qu’il n’était pas rare pour une ombre de ne pas se souvenir de sa mort, que ce traumatisme était parfois bloqué dans notre esprit et que seul un élément déclencheur permettrait de libérer les blessures enfuies. « Je ne me souviens que d’un visage, celui d’une veille connaissance. » un visage qui me hantait, celui de Maxence Vanitas, un visage forgé par la haine. « J’avais si peur, je me souviens juste être mort, seul. Mais si je suis une ombre, cela signifie que je me suis donné la mort et non que Vanitas m’a tué ? Que suis-je exactement ? Un monstre ? »
Elle ne répondit à nouveau rien, il semblait que ce secret gêne la messagère de la mort. « Tout est si confus. Tu as raison, ce monde est devenu fou, si je ne suis qu’un souvenir, cela me rend d’autant plus redoutable. Personne ne peut attendre mon retour, je ne suis plus qu’un portrait gravé au fonds d’une fontaine d’une cité, d’un continent, d’un monde si vaste. Qui m’attrapera ? Qui m’arrêtera maintenant que je ne suis plus qu’un fantôme ? »

Iris se leva à son tour, me dévisageant d’un regard étrange et curieux, elle caressa de sa paume mon visage, m’obligeant à fermer les yeux pour en savourer la teneur, elle n'était elle aussi qu'un mirage que quiconque ne pouvait enlacer. « Je suis ravie de te l’entendre dire. Tu n’es pas là par hasard, le destin t’a mené à moi, simple messagère. Je méconnais le bien et le mal, la vérité et le mensonge, je ne suis qu’une fumée que seuls tes yeux océaniques discernent dans le noir. Je t’accompagnerai où que tu ailles et je tracerai ton chemin pour celui qui ne veut révéler son identité mais qui m’a confié la tâche de te guider. Tu es une ombre, soit en fier. Tu me détesteras bien plus que tu ne m’aimeras mais je te serai indispensable. Une nouvelle ère approche, nous sommes au point culminant, à un tournant de l’histoire, le temps et l’espace s’engouffrent dans des brèches ouvertes après la guerre du chaos de Jun, nous sentons cette énergie mystérieuse qui s’élève, tu prendras part que tu le veuilles ou non à des spectacles que tu aurais préféré ne jamais vivre. Tu regretteras peut être même de ne pas t’être éteint dans les limbes. Tu n’es pas une ombre conventionnelle, tu as bravé la mort, et la magie régalienne pour se défendre a élevé des sceaux sur ton âme. Mais vois le bon côté des choses, tu vis, Ismérie, tu vis, pour le meilleur et pour le pire d’un monde en déclin. »
Au crépuscule. Gfhjkl10


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Dim 27 Avr 2014, 23:25

Chapitre 4 : un présent incertain

Au temple des esprits se trouvait un homme vieux, si vieux, cerné par ses nuits sans saveur, essoufflé, à genoux sur le carrelage froid et millénaire de son temple, il voulait hurler, il aurait tant désiré exprimer sa rage, tout ce qu’il contenait depuis si longtemps en lui mais il devait garder sa prestance, son sang-froid comme on le dit souvent, un calme olympien qui faisait sa réputation. Il le sentait, tout lui échappait depuis l’intervention remarquée des maîtres du temps, depuis que le monde avait failli sombrer dans le chaos, une épreuve que tout le monde semblait déjà oublier. Il commençait à désespérer : « Ce monde cessera-t-il un jour de chuter ? » ce à quoi répondit une femme derrière lui qui mit sa main sur l’épaule de l’homme anéanti : « La perpétuelle évolution du monde n’a de sens que dans sa globalité, seul un aether est capable de le comprendre. Il y aura toujours des fous pour tout compromettre et des garde-fous pour les empêcher de commettre l’irréparable. Depuis cette histoire de fausse-couche de l’aether de la justice, tu n’es plus le même, que se passe-t-il mon vieil ami ? » Mais son interlocuteur semblait peu loquace, ses vieux démons le hantait.

« Tu sais Fuzâil, je regrette les jours passés où tout était bien plus simple. Nous sommes l’omniscience mais cela justifie-t-il la capacité à tout endurer, las de voir la mort sur chaque visage que je croise ? » - « Je ne sais pas William. Nous vivons une période étrange où plus rien ne semble être à sa place, et nous n’échappons pas à ce doute. Nous devons avoir foi en l’équilibre et lui remettre notre destin. » - « Non, justement, non. Nous ne pouvons compter que sur nous. Naram le savait pertinemment, il le répétait sans cesse, que les aetheri ne devaient pas être que des spectateurs mais des régulateurs actifs, combien de fois lui ai-je demandé de subir l’impossible à notre place ? Il en est mort Fuzâil, ce génie prétentieux que l’on aimait pester, il ne reviendra plus pousser les portes du temple en hurlant à l’injustice. » La déesse s’agenouilla à son niveau, employant un sourire tendre, rempli de compassion : « Tu n’es pas responsable, il a fait de très mauvais choix, et savait pertinemment qu’un jour, cela le consumerait. Sans ou avec notre aval, il aurait commis les mêmes erreurs, endossé les mêmes responsabilités parce que ça lui plaisait, ça l’excitait et donnait un sens à sa vie. Il aimait danser avec le diable. » William souriait à son tour, il était vrai que le génie n’en faisait qu’à sa tête mais il regrettait la brutalité des événements, qu’il soit parti sans prévenir. Il repensait à leurs aventures et se demandait bien où il pouvait bien être maintenant. « Tu sais Fuzâil, sa mort a créé des mondes minuscules, comme des bulles de savon emprisonnés dans la porte des songes. J’essaye sans cesse de les percer, de les pénétrer, en vain. Penses-tu qu’il l’a fait consciemment ? » - « Evidemment, Naram ne faisait rien par hasard. S’il a senti sa mort venir, s’il a découvert quelque chose pour lequel sa mort était souhaitable et s’il voulait transmettre un message, quelle solution pouvait-il avoir ? » - « Des dizaines et des dizaines de chambres fortes faites de magie et de rêve, inviolables pour n’être découvertes que par les bonnes personnes. » - « Tu penses à Mitsuko ? » - « Qui d’autre ? Il se méfiait de tout le monde, même de moi, il n’avait confiance qu’en elle malgré la distance qui les séparait, jusqu’à son dernier souffle, il n’a cessé de penser à elle. Qu’avait-il bien pu découvrir que je n’aurai moi-même pas vu ? » - « Sur la fin de sa vie, le Mârid était enchaîné entre deux mondes, deux réalités, la nôtre et celle de Mitsuko première du nom. Et si, dans ce futur alternatif, il avait vu une chose qu’il savait pertinemment être un point fixe, quelque chose qu’il ne pourrait pas changer ? » - « Du moins tant qu’il serait un génie. »

William se releva, prenant la main de Fuzâil pour la soulever à son tour, un sourire éclatant sur son visage, il semblait reprendre des couleurs. « De nouveaux mystères, Naram m’a laissé un puzzle impossible à résoudre pour patienter et a fait en sorte que je ne puisse tricher en me servant de ma condition aether, vieux grincheux. » la déesse ne semblait pas comprendre : « Patienter ? Que faut-il attendre ? » William se mit à courir jusqu’à une fenêtre qui donnait sur le ciel étoilée d’une belle nuit de printemps : « La renaissance des roses et des anémones. Fuzâil, il va revenir. Il savait jouer aux échecs, il savait quand sacrifier son roi, en donner tout du moins l’apparence, il est un acteur, il aime faire croire à ses interlocuteurs le pire, et au fonds de lui, il sourit de notre idiotie. » - « Comment peux-tu à ce point en être sûr ? » - « Parce qu’il ne l’aurait pas abandonné, il aurait voulu lui dire au moins au revoir. Un final tout en beauté. Un acteur tire sa révérence avant de baisser le rideau ou alors c’est qu’il ne prévoit pas de se retirer. L’acte final approche et pour le retrouver, je dois percer le mystère des bulles de rêve. »
______________________
Pendant ce temps à Utopia, Ismérie et Iris observaient la nuit sans que les passants ne les voient, deux ombres imperceptibles. Et à la vue d’une étoile qui scintillait étrangement, il fut rassuré de constater que quelque part, enfin, son ami venait de comprendre une chose essentielle, il ne pouvait alors s’empêcher d’afficher un large sourire, et même de murmurer : « Et attends, tu n'as pas encore vu le plus beau là dedans. »
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Jeu 01 Mai 2014, 21:34

Chapitre 5 : L’ombre et la justice

Nous avions quitté Utopia, sûrement le cœur un peu trop lourd, les questions me taraudaient, Je prenais doucement conscience de mon inexistence ; évidemment, ancien génie, j’étais habitué à l’immatériel, il aurait été hypocrite de jouer la carte du traumatisme auprès d’Iris qui n’avait pris aucun gant pour me faire comprendre toute l’étendue du problème, elle savait pertinemment que j’en prendrais vite conscience, que la mort, si elle avait une définition, aussi humble serait-elle alors, ne se cantonnerait guère à la simple perte de besoins vitaux. Il y avait en effet ce je ne sais quoi qui me manquait, me laissait si amer, ce mal de vivre, comme si je n’étais nulle part à ma place, comme si j’avais mal au plus profond de mon être sans pouvoir décrier la raison et y résoudre. J’étais transparent, invisible aux yeux de tous, je n’étais plus personne, je les voyais, entendais leurs maux, mais eux ne ressentez que le souffle de la brise là où, pourtant, je criais. On dit souvent que la liberté se savoure une fois que l’on nous en prive, c’était un peu cette idée, si du postulat que la vie n’apporte ni bien ni mal, son absence s’avère douloureuse, une sensation qu’on ne peut que vivre pour la comprendre, au moins en partie.

Dans un gouffre de roches, nous déambulions sur une route serpentée et étroite où il était nécessaire de se coller, dos au mur pour avancer, Iris quant à elle gambadait comme en prairie, se retournant  inconsciente et sans peur, glissant : « De quoi as-tu peur ? Tu es déjà mort ! » Toutefois, loin d’en ressentir tous les effets, je sentais pour ne citer que cela, les effets de la pesanteur sous mes pieds, la roche qui brûlait mon corps lorsqu’elle me frôlait. « Le cerveau est fascinant, toi qui est dans le déni, tu es persuadé que tu dois avoir mal car en temps normal, tu aurais eu mal. Comme quoi, tout n’est que pure maladie de notre conscience gangrenée, tu as mal parce que tu le crois, mais ton corps n’est d’aucune matière, tes mains et tes pieds sont représentés par le souvenir que tu en as mais il suffirait d’une glace pour que tu comprennes l’absurdité de ton être. » C’était si facile au ton sucré de ses paroles, mais quoi qu’on me répète, je ne contrôlais pas ce que je vivais, une situation que je détestai quelque part, n’être maître de plus rien.

« Tu te demandes sûrement où nous allons. » commença-t-elle alors que nous rentrions dans une caverne dérobée invisible du point de départ, cachée par des trompe-l’œil naturels  « Là où les dieux ne regardent pas. Nous sommes plutôt discrets. » Et sans cesse je me demandais, qui était ce « nous », elle y faisait tant référence mais ne donnait jamais de nom. « Je sais que tu me suis pour retrouver la vie mais il est temps que tu saches pourquoi la grande ombre t’a repêché du royaume dont-on-ne-revient-jamais ! »  Je supposais avoir droit alors à un long monologue.

« Cette question, tu te la poseras éternellement : pourquoi toi ? Tu étais à un fil des limbes, ton âme recyclée ou simplement oubliée, dans le cosmos et l’infini, ton nom n’aurait été qu’une légende comme une autre. Et même si je le voulais, je ne saurai te dire pourquoi. Disons que tu es un survivant, tu as eu raison de bien des époques, bien des ennemis. Tu as toujours su t’adapter et pour preuve, tu es là. Je te surveille depuis quelques temps. Tu as commis une erreur en décidant d’affronter le Mârid, tu étais un anonyme parmi tant d’autres mais tu as choisi de t’exposer, tu as détrôné le « lion » comme on l’appelait, n’est-ce pas ? Le plus vieux roi encore sur le trône à l’époque, par un coup d’état remarquable, où la race s’est soulevée contre son tyran. Et puis il y a eu une seconde erreur, sur les plaines aetheriennes à rechercher l’âme de Mitsuko transformée en pégase. Tu te souviens, toutes ces voix dans ta tête qui t’ont répété « tu ne devrais pas être là », ô j’en ai frissonné tu peux me croire. Seuls les aetheri peuvent se rendre sur ces plaines. Mais ta passion pour cette femme t’a poussé à renier toute loi, toute… impossibilité ? Tu as figé le temps et radié le futur pour ses yeux, sacrifié ta fierté pour sauvegarder tout ce qui te la rappelait, son reflet vampirique, sa fille, fruit d’un amour que tu as haï. Tu n’es pas qu’un tacticien Ismérie, tu es un passionné, un drogué de tout ce qui remet en question les acquis de ton éternité. Le monde t’a renié mais toi tu l’as aimé de toutes tes forces jusqu’à ce qu’il t’abandonne. Ton épopée a pris fin sur les rives de l’ombre du cœur, là où tout a commencé, là où la première d’une longue lignée a préféré la mort à toi. La seconde préféra l’élévation, c’est à peu de chose, la même, non ? Mon pauvre. Les Taiji t’ont maudit jusqu’à ton dernier souffle, tu ne crois pas ? »

« Es-tu la messagère du diable ou l’ange qui pèse les pours et contres de ma vie en la balance qui tranchera de mon accès au paradis ? Tu prétends tout savoir Iris mais entends-moi, je n’ai à justifier de mes actes devant personne. Chaque goutte de sang versée, chaque âme salie par ma perversité et corps torturé par ma folie, chaque décision prise était consciente, désirée, parfois arbitraire, souvent criminelle, mais comme tu te plais à le rappeler, je suis un homme passionné, et cela implique nécessairement d’aller au bout des choses, quitte à devenir un monstre. Je suis ce petit rien de l’enfer au creux de mes mains et je crée le paradis dans les poésies que j’invente, dans les contes des vies passées, je ne suis qu’un passant dans le temps, le risque exalte ceux qui n’ont jamais rien à perdre, je suis ce vagabond qui sur tous les continents, a aimé. Alors plaints-moi mais le bonheur était dans l’inaccessible, quelque part, il l’est toujours. »

« Hum. Dans l’œil de la tempête, il sera toujours temps de confesser tes pêchers, je ne suis que curiosité et il y a tant de questions que je rêve de te poser, quitte à faire démonstration de mon impatience, sache que tu m’intrigues, tes décisions sont toujours irrationnelles, imprévisibles et tellement logiques à la fois. Le parfait psychopathe qui se fait passer pour l’épicurien un peu bohème, un peu poète. » - « Iris, je me contrefiche de tes intérêts. Pourquoi ces questions ? » - « Je m’assure que tu es prêt. Prêt à te venger. » Nous arrivions alors au bout du tunnel, me laissant la devancer, elle m’invita à observer le point de départ d’une longue aventure.
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Jeu 01 Mai 2014, 21:42

Chapitre 6 : Le grand cauchemar

Une immense caverne se profila devant mes yeux médusés par un arbre mort gigantesque, semblable à aucun autre, d’une taille rivalisant sans nul doute avec la montagne de l’edelweiss enneigé, aux branches s’étendant comme des arcs d’étoiles, et de l’écorce s’échappaient des brumes épaisses par filet comme si le diable crachait la fumée de ses narines. Le sol de braise s’illuminait par à-coup et m’aveuglait. J’étais étrangement attiré, comme si quelque chose m’appelait, dans ma tête battaient des tambours stridents et tout mon être semblait se recroqueviller sur lui-même, chaque cellule se crispant au possible, je suffoquai, mais quelque part, le bien que cela procurait était presque jouissif. « Tu réagis plutôt bien. Chacun réagit différemment à la vue du « grand cauchemar » comme j’aime le nommer. Certains sont devenus fous mais j’imagine que ton cas ne peut s’empirer. »  Elle semblait indifférente, comme accommodée à la chose. Sur le pourtour des branches en arborescence, des ombres tournoyaient sans cesse au grès d’une marée invisible qui les portait d’avant en amont, une énergie inconnue qui me laissait plus que perplexe sans que je puisse mettre un qualificatif sur ce que je ressentais.

« Alors vieux génie, tu penses toujours avoir tout vu ? Retiens cette image, saisit cette instant et imprime le dans ta mémoire de sorte que rien ni personne ne puisse brider ou exclure de ta petite cervelle cette sensation qui traverse ton âme et te transcende ! Ce bien fou qu’il procure aux gens comme toi et moi, est notre salut à tous face au fléau qui sommeille. Par curiosité, à quoi te fait penser d’emblée ce que tu vois ? »  J’hésitai un instant, j’étais forcément dans l’erreur, ma première pensée me suivait pourtant, m’obnubilait, mais ça ne pouvait être ça. « La porte des songes. J’ai déjà vécu ça, lorsque j’ai trouvé sa matérialisation et que je l’ai enfui sous les décombres pour qu’elle ne se retrouve jamais entre de mauvaises mains. C’est… si étrange, et différent, c’est comme si c’était… » - « Son Némésis ? N’est-ce pas fascinant ? Je ne me lasserai jamais de contempler tel mystère ! » - « Cette porte, sur quoi donne-t-elle ? » - « Une question évidente, je te parle d’une porte, tu veux savoir ce qu’elle renferme, c’est humain. Nous aimerions également savoir. Toutefois un homme comme toi sait que chaque porte possède sa clé et que sans elle, rien ne s’ouvre. » - « C’est effrayant, j’en tremble, et magnifique, j’en tremble de plus belle. » - « Je savais que ça te plairait. Je voulais piquer ta curiosité, que tu comprennes pourquoi tu devras faire ce que tu feras. Je te le jure Ismérie Mebahel, tu sauras ce qui se trouve derrière cette porte, tu seras le premier à le savoir.  Je comprends l'intérêt égoïste qui t'habite mais regarde, il y a bien plus grand que toi et moi ! A l’abri des dieux, le grand cauchemar est endormi depuis si longtemps que ni toi, ni moi, ni même les aetheri du temple ne pouvaient soupçonner son existence. De quoi remettre en question tout ce que tu pensais croire ! Je ressens ton excitation, elle est nôtre. Tu es parfait, façonné pour cette mission. » Je riais alors : « Tu as raison. J’aime les mystères, je n’ai vécu que pour ceux que je ne pouvais résoudre. Cessons de jouer tous les deux veux-tu ? Tu m’as convaincu. Je pourrai évidemment me questionner sur l’éventuel danger que pourrait représenter telle merveille et ce pendant des heures assurément. Mais il n’en est rien. Le monde m’a renié, je ne lui dois plus rien, nous sommes quitte depuis longtemps. Qu’attends-tu de moi Iris ? »
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Ven 02 Mai 2014, 00:28

Fin Livre Ier - Chapitre 7 : Le gardien des sceaux.

Après avoir descendu toutes les marches, je m’interrogeai sur le mystère du grand cauchemar, la chaleur étouffante et les briques de roches qui s’allumaient et s’éteignaient alternativement sous nos pieds laissaient peu de doute sur le lieu de la trouvaille, il était évident que nous nous trouvions dans un recoin oublié du grand volcan du continent dévasté, non loin de l’enfer et du repère des démons, sûrement le vieux Lucifer aurait pu nous renseigner mais sûrement était-il préférable de ne pas se rencontrer à nouveau. Iris m’avait demandé d’attendre ici et cela faisait plusieurs minutes que rien ne se passaient. Elle revint alors suivie par un cortège, que dis-je, une armée semblait-il, tous vêtus d’un manteau gris à capuche, recoupé au buste par une broche d’or repensant un phénix et finissant en cape. Tous me dévisagèrent alors que je ne distinguais que le néant que représentait leur visage.

« Tu vois Ismérie, nous avons tous été reniés comme toi. Nous nous pensions à la dérive, seuls au trépas, perdu dans les limbes pour l’éternité, pleurant les jours perdus par notre folie. Comme toi, toutes ces personnes se confondent, tu ne les distingues pas les uns des autres car tous ont en commun avec toi à la fois leur rancœur pour la société et leur soif paradoxale de revenir dans ce monde. Tous ont pour rêve de retrouver la personne qu’ils enlaceront. Et toi, qui rêverais-tu de pouvoir enlacer à nouveau ? » Une question bien complexe qu’on me posait là dans une foule d’inconnus qui me semblait plus sectaire que fraternel quoi qu’on me dise. « Ceux que je rêve d’enlacer sont morts. » - « Et l’aether ? » - « Elevée. C’est à peu de chose, la même, n’est-il pas. » Reprenant volontairement sa propre expression. – « Alors pourquoi te bats-tu pour rester en vie Ismérie ? » - « Je ne sais pas. C’est là tout l’irrationnel de la question, je me raccroche à un rien féroce, je vais au contre-sens d’un courant inexistant, je suis là parce je ne sais pas où aller, je suis un homme perdu Iris. J’ai sans cesse l’impression d’avoir fait le tour de la question, de toutes les questions que l’on peut se poser et la réponse fait toujours aussi mal. »

Prenant une grande inspiration, le ton moins solennel de sa voix me fit trembler un instant : « Tu te trompes, nous sommes le fruit de l’injustice et la rétablissons. Tu t’es posé suffisamment de questions et bien trop réfléchi aux interrogations que soulèveraient leurs réponses. Ton statut d’ombre t’apportera ce que tu cherches, combien même tu l’ignores encore. Alors ne t’en va pas. Sois une ombre de ce tableau, une ombre qui gravite autour de l’arbre, qui fait corps avec ton âme. Et tu auras ta revanche, le bout de la terre à la portée de tes doigts. Ils payeront pour ce qu’ils t’ont fait, tous ceux qui t’ont blessé ! Au diable la sagesse des ignorants, la gloire des conquérants, Ismérie, ils t’ont tout pris, ta famille, tes amours, les dieux t’ont esclavagé et l’humanité t’a trahi, le drame, c’est qu’on a refusé de t’enterrer, toi qui as saigné et pleuré pour leurs yeux, tu t’es fait marcher dessus suffisamment de fois ! Trépassé, tu as survécu, tu reviens de loin et qui se préoccupe ? Qui est parti te rechercher, s’inquiéter de ta disparition ? Qui a supplié l’esprit de la mort ou le Mârid te succédant pour souhaiter qu’on épargne ton âme et la ramène auprès d’eux ? Pourquoi toujours faire appel à tes émotions alors que tu étais seul à la potence ? Avance jusqu’à l’hôtel et mêle ton âme aux nôtres, sois une ombre vengeresse parce que c’est la seule réalité acceptable. »

Alors qu’on s’écartait pour me laisser passer, je n’avais d’autres choix, ou du moins je préférai me le répéter, je n’avais jamais été capable de faire des choix, toujours dans l’indécis, l’irrésolu, tout était possible pour le génie et pourtant, plus rien ne se présentait à l’ombre. Comment pouvait-on chuter à ce point ? Je repensai aux jours passés et je constatai si tout le monde m’avait oublié, tous m’avaient laissé un souvenir douloureux. Iris avait raison, j’avais souffert dans l’injustice et étais mort dans la pensée d’un jour meilleur qui n’était jamais arrivé. Qui pouvait accepter ça ? Sûrement pas moi. J’avançai, pas à pas, dans le silence étouffant des ombres vengeresses, je ne pouvais plus reculer, si loin de chez moi, de mes rêves sécurisants, tout était détruit par des imbéciles et des fous dangereux qui ne croyaient qu’en la destruction.

« Aujourd’hui Ismérie, tu es une ombre. L’équilibre t’a considéré comme une menace et a désigné des élus en tant que gardiens de sceaux qui pèseront sur ton esprit. Tu détruiras ceux qui brideront ton ascension. Tu n’as plus d’enveloppe charnelle mais tu voleras celle des autres qui crieront vengeance à leur mort, tu accompliras leur dernière volonté, et lorsqu’ils seront apaisés, leur âme sera tienne, sera nôtre, sera sienne. » Désignant le grand cauchemar. «  Ils te pensent mort ou disparu, qu’importe, pour eux tu n’existes plus, tu es libre car débarrassé de toute contrainte culturelle et sociale, crache au visage du monde, il ne saura contre qui se retourner, tu vengeras ceux que les dieux ne daignent aider, tu te feras un nom, craindre, et ils t’invoqueront et une fois tous les sceaux levés, tu vivras à nouveau. Cette promesse nous te la faisons car jusqu’à ce jour, ton seul domicile sera ton antre, forgée par ton esprit, là où les âmes désirant que tu les venges se réfugieront. N’oublie jamais, leurs faiblesses seront tes forces. Tu ne seras jamais seul, un avatar créé par le grand cauchemar te sera désigné pour te protéger ! Le tien t’attend déjà, il t’a choisi ! Alors va, Ismérie, va à ta nouvelle destinée ! »

Et sans réfléchir, je me jetais dans ce tourbillon si attirant qui dissipa mon âme en tant de brides que je ne fus plus que composante d’une entité bien plus puissante que je ne le pensais. La mission était claire : nourrir le grand cauchemar par les âmes que je récolte et éliminer les élus des sceaux.

FIN
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Au crépuscule.

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