« J'aimerai pouvoir voler. Tu sais, visiter le ciel. J'aime l'Océan, mais je veux voir autre chose... Au final, les Anges sont chanceux... »

Nastaé sourit en regardant les étoiles, éclatées dans le ciel. Luka et lui venait de sortir de la fleur, heureux de s'être retrouvés et redécouverts.
La fête battait son plein, et il était difficile de se faire une place parmi la piste de danse. Les invités se déhanchaient ou, au contraire, se coller doucement l'un à l'autre, pour danser langoureusement au son d'une danse doucereuse. L'Ondin entraina Renfield sur la piste, pour s'élever dans les air, lors d'un rythme un peu plus endiablé. Profitant de lui, de sa présence et de son corps, il dansa avec lui pour une bonne partie de la nuit, avant de sortir de là exténué. Le petit matin allait arriver, et le jeune homme se serait volontiers jeter sur un bon lit moelleux, l'accueillant dans ses draps de soie. S'approchant du Rehla, il l'attira derrière la tige énorme d'une fleur géante, dont la coque se trouvait en hauteur et l'embrassa. Son souffle était fort, haletant, saccadé, mais il voulait ce baiser comme la chose la plus précieuse. Ayant pris son cou de ses bras, il finit par se décaler en riant, et dit :

« Si j'ai bonne mémoire, nous sommes proche d'Avalon... Il est temps pour toi d'aller manger, tu ne pense pas ? »

Fugacement, ses lèvres vinrent à nouveau effleurer celles de Luka, avant que son corps ne s'arrache de celui du vampire, pour s'éloigner un peu plus du cœur battant de la fête.

« Allons-y Luka... »

Sa voix était un murmure, un chuchotement dans la nuit qui finissait, voulant chanter pour Luka, l'hypnotiser, pour ne jamais le lâcher, ne jamais le perdre. Alors il glissa sa main le long de son bras, finissant par attraper sa main, tout en s'éloignant de lui à reculons, pour l'inciter à l'accompagner. Son prénom roula sur sa langue, pour s'évader de sa bouche, avec autant de sous-entendus qu'il en laissait paraitre.

Quand ils arrivèrent en ville, le soleil avait fini de se lever. Nastaé regarda les bâtiments, les murs se dresser devant lui, essayant de chasser ses pensées. Plus ils s'enfonçaient au centre de la cité, plus le Palais d'Oræ se faisait voir, ou entre-voir en fonction de la rue dans laquelle ils étaient. Anormalement, le pouls de l'Ondin s'accéléra, et il se gratta un bras, de manière anxieuse. Cependant, il resta silencieux.
Dès qu'ils sortirent d'une rue, pour déboucher sur la place où se trouvait le merveilleux bâtiment, Nastaé l'admira comme pour la première fois. Et alors qu'il pensait criser littéralement en se remémorant les derniers évènements qu'il avait vécu ici, il en fut tout le contraire.
Le bel éphèbe avait évolué depuis, il avait avancé, et tout avait changé. Mais tout ça ne l'empêchait pas de se voir, accompagné d'un si beau brun, sur les marches du Palais, avant de fondre dans ses bras, et sur ses lèvres. Baissant la tête, il émit une sorte de grognement, et posa le bout de son index sur son front avant de clore les paupières. Un Océan de pensées envahit son esprit, et il s'écarta complètement du monde, pour se projeter dans ses propres mémoires.

Cela faisait des jours et des semaines que tu ne coulais plus dans mes veines. Même dans les bras froids de l'Océan, je ne sentais plus ton aura faire partit de moi. Dès que ton coeur s'est arrêté, le mien a raté un battement, m interrompant dans ma tache, pour venir me gifler. Mon etre venait de perdre, définitivement une partie de son âme. Il n'y avait rien de plus douloureux que de se faire mutiler un organe aussi essentiel, que celui qui nous faisait vivre. Ta perte avait littéralement tranché mon coeur dans le vif, séparant une partie pour qu'elle se fane avec le temps. Seulement se fut l'entière entité qui se nécrosa sans que je ne puisse stopper la maladie.
Les bras, devenu froids, de l'Ocean m'accueuillirent a nouveau dans un silence de mort, partageant ma peine, partageant mes souvenirs, et compatissant a mon chagrin.
Sur mes lèvres, comme dans mon peuple sanguin, tu marchais comme les Dieux. Sur mes lèvres tu poursuis ton voyage où est resté un fragment de ton âme.
Perdu entre les vagues et l'écume, sur les récifs aux pieds des falaises abruptes, je chantais pour toi toutes les nuits. L'Echo de mon chant fut une délicieuse mélodie pour les gens en mer, et la Mort se chargea de les emmener jusqu'à moi, fracassant leurs bi-coques en massacrant leurs corps. Ce fut aussi meurtrié que le vide créé par ton abscence glaciale.
Alors sur mes lèvres Dieu se courbe enfin, avant que son fils ne me reprenne, pour m allonger sur le lit noir de ses Abysses. La lueur des profondeurs m attirent, les bras froids du tendre Ocean glace mon coeur, mais tu me rejoindras, coule avec moi et ne me retiens pas...

Un sourire envahit les lèvres de Nastaé. Doucement, il sortit de cette petite mort dans laquelle il avait failli se complaire, et qu'il enjamba avec bravoure et ferveur. Enroulant son bras autour de celui du vampire il lui dit avec un rictus mesquin :

« Viens, allons visiter. La dernière fois je suis passé à côté d'une pièce... La principale à mon sens. »

« Oui... Je vais bien... » Nastaé agrémenta sa petite phrase murmurée, d'un sourire sincère mais se voulant charmeur. Luka s'intéressait à lui et à ce qu'il pouvait ressentir... C'était très agréable. Cet homme lui était au fond inconnu, mystérieux, et bien qu'il se soit beaucoup amusé à la fête, et qu'il lui en restait un goût doux et sucré au fond de la gorge, la nuit n'était, pour lui, pas finie.
L'Ondin et le Rehla s'aventurèrent donc dans les couloirs du Palais. Les pas de Nastaé étaient feutrés, dans ses petites sandales lui couvrant à peine les pieds. Le sourire aux lèvres, heureux de prendre des risques, aussi petits et insignifiants soient-ils, il arpenta plusieurs couloirs, devant plusieurs fois se cacher de quelques gardes, préférant alors se réfugier contre Luka, et dans l'étreinte de ses bras, pour se dissimuler toujours plus.
Ses cheveux voletaient légèrement, comme ses voilages qui formaient ses vêtements, laissant sur son passage une odeur à la fois douce mais iodée.

Une fois devant ladite chambre, la pièce qui leur avait tan opposé de résistance la dernière fois, lui et un amant aujourd'hui disparu, un rictus de victoire illumina son visage. Lorsque Luka se mit à parler, assez perplexe de la façon dont ouvrir cette porte qui avait l'air sacrément renforcée et sécurisée, l'Ondin se retourna vers lui et colla son corps filiforme au sien, sentant sa musculature malgré les vêtements. Alors qu'une main vint effleurer sa joue, pour qu'il plonge dans ses yeux émeraudes, si proches de lui, l'autre main vint farfouinner dans un revers de voile, pour y sentir une clé. Sortant l'objet de là, il se décala légèrement en la montrant à son partenaire. Enroulant ses bras autour de son cou, il ne pu s'empêcher de caresser sa bouche de la sienne en murmurant « Tu pensais que j'allais te faire attendre... ? » Sa phrase resta en suspend, bien que le souffle chaud et velouté de Nastaé, vint envahir le Rehla. Finissant par sourire, il se détourna de lui et s'approcha de la double-porte portant les atours royaux. La petite et banale clé rouillée, se transforma en une clé bien plus grande, argentée et sophistiquée.

Entendant le cliquetis, l'adrénaline de l'éphèbe monta immédiatement en lui. Il était pressé. Pressé d'entrer la dedans, pressé de se coller à nouveau à Luka, pressé de re découvrir celui-ci. Nastaé aimait ce risque-là, et à tout moment les deux amants auraient pu se faire prendre, par des gardes où des serviteurs, les trouvant là à forniquer dans les draps de l'actuel souverain. Mais qu'importait ?
L'Empereur entra vivement dans la pièce, savourant la décoration une seconde, il se retourna pour attraper Luka par le col, et le faire pénétrer dans la pièce, avant de refermer la porte. Son dos se colla contre cette dernière, avant qu'à nouveau, son être ne vienne heurter celui de son amant, appréciant le contact en explorant plus rapidement son torse de ses doigts fins. Sa peau entra en contact avec celle de l'homme, et ses caresses commencèrent sur son ventre, en remontant sensuellement, sous ses habits, alors que ses lèvres demandaient les siennes. « Luka... je... » Un gémissement sortit de sa gorge, traduisant un plaisir qui commençait à naitre. Sans se souvenir que Luka était aussi un prédateur, il exposa alors son cou, voulant surtout l'inciter à l'embrasser, à le dévorer... Sans le tuer. L'euphorie du moment le fit oublier tout cela. Et si ce dernier devait le mordre, alors il le ferait au meilleur moment.
Nastaé avait hâte d'un côté que, celui qui, de tout temps, devait savoir ce qu'entrainait une morsure lors d'un acte, lui fasse découvrir le plaisir à l'état pur. Cette drogue qui coulerait dans ses veines, pour envahir son corps, et dont il deviendrait accro. Il en redemanderait, encore et encore...