Mélodie dormait paisiblement. Rêveur et souriant, je la contemplais en imaginant ses songes. Intrigué et inquiet, je n'avais pas mis plus de deux jours à trouver de vieux ouvrages poussiéreux et oubliés concernant les Luhminarias. Ce que j'avais lu ne m'avait guère plut. Ma fille était une créature extraordinaire, merveilleux, et fatalement très convoitée. Et je me surpris à aspirer à un havre de paix où elle serait en sécurité, et à convoiter la Voûte. Ma colère s'était passée avec les jours et la compréhension de certaines notions. Pour autant, je ne parvenais guère à pardonner le conflit de nos ancêtres. J'espérais qu'un jour la réconciliation sonnerait. Étais-je fou, inconscient, ou simplement d'une logique éphémère ? Je préférais ne pas me pencher sur cette question épineuse. Je n'avais jamais été sain d'esprit, ni quelqu'un de bien. Je le prouvais jour après jour. Lâche, je n'avais osé parlé de ma fille à Lily-Lune, de peur de sa réaction. Pourtant, je l'avais demandé en mariage et approuvé un lien très fort. Bientôt, elle saurait tout. Je n'avais même pas le courage de lui annoncer ce qui pourrait la faire changer d'avis. Lorsque je fus certain que Mélodie ne se réveillerait pas, et rassuré par la présence de Myosotis qui veillait en silence sur la petite qu'elle considérait comme sa nièce, je sortis de la petite auberge et grimpais dans un arbre. Allongé sur une branche contre le tronc, je scrutais les cieux et les étoiles. La plus lumineuse était de loin Rêve qui scintillait de milles feux. Je soupirais d'aise sous les rayons lunaires qui me ressourçaient comme jamais. « Læhry.» finis-je par murmurer, moi même surpris de chercher à parler à cette femme dont je ne savais rien. Sa réponse ne tarda pas à résonner dans ma tête pour une conversation silencieuse : « Caleb ! Je suis enchantée que tu aies changé d'avis. Je commençais à perdre espoir. Tu aurais pris ton temps. Des mois se sont écoulés mais mieux vaut tord que jamais.» - « Il me fallait un peu de temps pour digérer les informations et bien les assimiler. Aujourd'hui, je me sens prêt à discuter avec toi. Un monde nous sépare.» J'eus un léger hoquet de rire.

« Oui et cela est très malheureux, Caleb. J'aimerai que nos deux peuples qui ne forment en réalité qu'un puissent vivre en harmonie, ensemble. J'aimerai qu'il soit possible de voguer entre la Voûte et les Terres Mortelles. Nous sommes plusieurs sur la Voûte à espérer des changements. Bien entendu, il persiste quelques radicaux.» - « C'est le lot commun. Je suppose que parmi ceux qui savent sur terre, il doit exister ceux qui veulent renouer, et ceux qui détestent leur homologues des cieux.» - « Il serait bon de faire évoluer les mentalités.» - « C'est un fait.» - « J'aurais bien une idée mais … Ce serait plus un pari fou.» - « Plait-il ?» - « Si tu parvenais à prendre le pouvoir en bas et moi en haut ...» Vif, je la coupais au beau milieu de sa phrase. « C'est hors de question. Tout ces choses de Roi, ce n'est pas pour moi.» - « Tu serais pourtant à ta place. J'en suis certaine.» - « J'en doute. Je ne suis pas fait pour ces choses là. Fais ce que bon te semble à la Voûte, Læhry, mais ne me mêle pas à tes projets et tes manigances.» - « Réfléchis-y. Il faudra bien qu'un jour quelqu'un ose. J'espérai qu'en tissant quelques liens avec toi, nous pourrions faire de grands projets.» - « De grands cataclysmes aussi. Ceux qui goutent aux pouvoirs ne désirent plus s'en défaire.» Je finis par fermer les yeux pour briser la communication. Læhry me paraissait être quelqu'un de bien mais peut-être qu'un peu trop déterminé et ambitieux.

Je sautais de mon perchoir pour regagner sans bruit la chambre que je louais à la petite auberge. À peine avais-je ouvert la porte que je fus pris d'effroi. Myosotis dormait près du berceau de Mélodie. La petite, quant à elle, n'était plus là. « Mélodie ?» murmurais-je. Soudainement paniqué, je filais dans la chambre à sa recherche. Une petite boule lumineuse vient glisser sur mes épaules. Je levais les mains, elle s'y lova. Je soupiras, soulagé. Je ne savais pas exactement à quoi j'avais à faire. Mais je savais que c'était elle. Doucement, je la menais à son lit pour la déposer sur les draps, ou elle recouvra forme humaine.