Une immense plaine s’étendait à perte de vu sous mes yeux, émerveillé, je lâchai un bref croassement, involontaire, ce qui fit s’alerter Munin qui volait à mes côtés. Un simple son de ma part le tranquillisa et nous continuâmes notre route.
Battant des ailes, je pris un peu plus d’altitude pour pouvoir planer ensuite.  Volant en ligne droite dans le ciel je voulais m’éloigner le plus possible de chez moi, pour enfin être tranquille, loin de toutes leur querelles desquelles j’étais le principal concerné. Mais alors que sous ma forme de corbeau, je survolais une petite partie des terres émeraude, un détail attira soudain mon œil. J’apercevais en contre bas un agglutinat de personnes ainsi que de petit bâtiment en toile réunit autour d’un, immense au milieu, une sorte de chapiteau et ce aux côtés d’un petit village. Curieux, je plongeai vers ce dernier, avec mon compagnon, afin d’observer un peu mieux ce qu’il s’y trouvait. Mes serres agrippèrent alors le squelette de la structure et mes yeux d’oiseau épièrent cet étrange rassemblement. Les gens semblaient se presser à l’entrée du chapiteau et moi je me demandais bien ce qu’il se passait à l’intérieur. Un cri de Munin me dit de venir, ce que je fis aussitôt. Le rejoignant, il m’indiqua un petit interstice, à l’aide de son bec, entre deux toiles qui composaient le bâtiment. Je mis faufilai alors grâce à ma petite taille.
L’endroit était encore plus impressionnant une fois à l’intérieur. Une scène était installée dans le fond et devant celle-ci se dressait un bon nombre de rangée, qui montait au fur et à mesure que l’on s’éloignait de la scène et sur lesquels les gens s’installaient. Pour ma part, je voletais un instant au sommet du chapiteau avant de finalement trouver mon perchoir et d’apprécier le spectacle qui allait bientôt se dérouler ses mes yeux et ceux d’un bon nombre de personnes.
La lumière chuta soudainement au niveau des spectateurs, pour ne garder que la scène en pleine lumière. Ainsi le spectacle commença.
Tout d’abord, il y eut des jongleurs en tout genre. Couteaux, fruits, boule de feu, il y en avait pour absolument tous les goûts. S’en suivirent des danses, tantôt endiablé et pleine de fougue tantôt lente et gracieuse. J’en fus totalement subjugué devant les prouesses de ceux et celles qui les réalisaient, mais là n’était que le début. Le spectacle continua encore avec des magiciens, des petites mises en scène amusantes, des jeux avec les éléments pour que les gens en prennent plein la vue et ce jusqu’à la fin de cet époustouflant spectacle.

Je restai un moment sans bouger, aussi ébahît que le public sous mes pieds, mais finalement je m’en remis tout de même et m’envola après pour quitter le chapiteau. Je savais que les artistes de cette troupe devait voyager un peu partout, veiller sur leur membres et leur offrir gîte et couvert aussi. Ce que je recherchais le plus que tout après avoir quitté prématurément ma famille. De plus je me savais avoir quelques dons certains dans la manipulation des ombres et dans le jonglage. Moi et Munin quittèrent donc le toit  de la structure pour aller se poser à l’écart, entre deux tentes, là ou personne ne nous verraient.
Je repris alors doucement ma forme humaine. Je commençai par grandir tout d’abord, mon corps de corbeau se redressa, les plumes disparurent pour laisser place à une peau pâle, mon bec rentra pour laisser place à des lèvres, seulement le dessus de mon crâne sembla ne pas changer, restant un fouillis de cheveux ébène. Je redevins alors humain, mais sans vêtements, c’est pour cela que mon compagnon se délesta du sac qu’il portait autour de lui. J’y pris alors mes vêtements habituels et m’équipa de mes armes pour aller me promener à travers le camp de cette troupe. J’y vis quelques artistes se promener après leur récent spectacle, discuter, se reposer. Assez timidement, je m’approchai de l’un d’eux afin de lui demander s’ils prenaient d’autres gens dans leur troupe. Bafouillant quelque peu, je réussis tout de même à lui formuler ma demande et en me souriant gentiment derrière son masque, il m’amena alors à la tente de ce qu’il disait être leur chef de troupe. Me laissant alors, sans rien ajouter de plus, je n’eu pas d’autre que de rentrer.
Marchant d’un pas lent et incertain à travers la demi pénombre de la tente, je regardais un peu partout afin de voir s’il y avait quelqu’un et si oui, ou celui-ci se trouvait.

Enfin, au final, il y avait bien quelqu’un et c’est lui qui me trouva. Un homme, à peine plus vieux que moi vu son visage, dix-sept, dix-huit plus ou moins. Les cheveux blonds avec un sourire amical sur les lèvres, il n’avait pas l’air méchant. Mais malgré ça, je sentais le rouge monter jusqu’à mes joues et mes lèvres qui tremblaient quand j’essayais de lui parler. Fort heureusement, à force de patience, je réussis tout de même à lui formuler ma demande pour les rejoindre. L’homme, ou plutôt l’adolescent, enfin je n’en savais rien, peut-être était-il plus vieux que son apparence le laissait paraître, appelons le tout simplement l’homme. Bref, ce dernier me proposa alors de lui montrer mes talents afin de lui montrer ce que je savais faire. Ma mine s’illumina un instant et je hochais vivement la tête avant de me reculer de quelques pas afin de lui faire une démonstration.
Je sortis donc doucement ma paire de couteau, sans faire de mouvement brusque afin que l’individu en face de moi ne se méprenne pas sur mes intentions. Quelques mouvements simple pour m’échauffer et soudain, mes dagues volèrent à toute allures entre mes mains, passant de l’une à l’autre en virevoltant rapidement.  J’eus bien sur un peu de mal au début, faisant tomber mes couteaux, mais à force et en me concentrant un peu plus je réussis à faire ma démonstration. J’enchaînai ensuite sur un contrôle des ombres. Je fis onduler ces dernières, leur donnant des formes diverses, parfois humaine, d’autre plus exotique. Une fois tous mes talents montrés au chef de cette troupe, celui-ci eut l’air assez satisfait de ma prestation, tandis que moi je lui souriais d’un air béat. Il me proposa ensuite d’aller lui chercher une information au village d’à côté. Je devais suivre un marchand quelque peu  influant qui habitait ici et espionner son livre de compte afin d’y trouver des informations qui pourraient compromettre son entreprise. Sans poser de question, je me mis donc en route vers le village, à la recherche de ce marchand, aidé par son compagnon en s’accaparant de sa vue pour pouvoir explorer plusieurs endroit à la fois.
Après un certain temps, nous finîmes par repérer la cible ainsi que là ou elle habitait. J’attendis que la nuit tombe et me préparant, je me transformais ensuite en corbeau afin de m’introduire dans sa maison. S’ensuivit une exploration minutieuse et le plus silencieusement possible de ma part. Je laissai Munin observer chaque pages de compte afin qu’il puisse me les restituer à tout moment. Je rangeai ensuite le livre à sa place et je m’envolai pour sortir de la demeure du marchand. Une fois sortis, je me rendis à nouveau dans le camp de la troupe d’artiste, sous couvert des ombres, et me dirigeai vers la tente de l’homme à qui je devais rendre les informations que j’avais glanées. Mon corbeau m’aida pour les transmettre à l’homme aux cheveux blonds, qui m’accueillit à nouveau dans sa tente. Celui-ci me félicita alors pour mon travail effectué. Je rougit quelques peu devant ses compliments et il me souhaita alors la bienvenu dans la troupe des Arlequins.