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 L'homme qui entendait des voix [Quête PV Vanille]

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Sam 28 Sep 2013, 21:06

L’errance est une habitude à prendre. Une fois la chose faite, les chemins de la solitude sont plus aisés pour qui les parcourt.

Levée à l’aube, j’ai harnaché Shaïan avec précaution avant de me diriger vers le nord. Il y existe, parait-il, une forêt mystérieuse qui parle, et la curiosité aidant, j’ai résolu de m’y rendre. Non, je n’espère pas y trouver l’homme de mes rêves, ce Maître qui m’obsède tant, mais j’ai espoir que les lieux me procurent un agréable dépaysement. Aucune envie de prendre des risques de toute manière.

L’étalon s’est engagé sur les sentiers sans rechigner, égal à lui-même, et son pas chaloupé a rapidement bercé mon être. L’envie de vitesse pourtant m’a vite étreinte, tant j’aime la puissance de mon cheval, et nous nous sommes retrouvés lancés au grand galop dans la belle plaine. J’ai ressenti par vague l’exultation de Shaïan, sa joie d’être enfin allégé du joug de la prudence pour laisser libre cours à ses foulées gourmandes de distance.

Un peu avant midi, nous sommes arrivés dans un petit village d’allure piteuse, situé en surplomb d’une gigantesque forêt aperçue en contre bas. À notre habitude, nous avons cherché une auberge où nous restaurer.

Un cloaque infâme nous attendait. Avec précaution, j’ai attaché Shaïan à l’anneau devant l’entrée avant de pénétrer dans la pièce principale.

J’ignore désormais si la vue ou l’odeur me fit fuir la première, toujours est-il que je n’y restais pas plus longtemps qu’il ne me fallut pour me résoudre à trouver autre lieu de pitance. L’étalon accueillit mon retour par un hennissement agréable, preuve de son humeur agréable ce jour-là.

Sans perdre de temps, je sautai sur son dos pour reprendre la route, lorsqu’une petite vieille d’aspect rabougri s’approcha de nous. Ses traits étaient ravagés par le temps ainsi que la douleur, et je n’avais nul besoin d’user de mon empathie pour m’apercevoir que cette souffrance la rongeait toujours autant.

« Ce n’est pas un endroit pour une jolie demoiselle comme vous ! Venez à la maison, mon enfant, nous vous trouverons de quoi manger. »

J’ai hésité, un instant, avant de me résoudre à accepter. Il me serait aisé de fuir si la situation dégénérait, et je voyais mal le danger que pouvait constituer une ancêtre et son époux. Je signifiais donc mon consentement avant de pousser Shaïan dans la direction que la vieillarde indiquait.

Nous quittâmes assez vite le centre de ce hameau malgré les claudications de ma guide, pour arriver devant une petite ferme d’aspect fatigué. Trois cochons se roulaient dans la boue devant la bâtisse, et une poule trônait sur un tas de paille. Je n’y fis guère attention, me contentant de descendre de cheval sur le sentier de pierres plates qui était aménagé jusqu’à l’entrée. Shaïan fut de nouveau attaché, mais je pris soin de lui lever son filet cette fois, me contentant d’un licou antique. La vieille prit même la peine de m’indiquer un tas de foin avec lequel je pourrais nourrir mon animal. Je la remerciai de ses soins et promis de la rejoindre dès que j’aurais fini de m’occuper de ma monture.

Le harnachement enlevé et posé sur une barrière en bois, je me rendis dans la maison où mon hôtesse avait déjà prévenu son époux. Aussi abimé que sa femme, il me salua néanmoins avec autant de chaleur qu’un coeur fatigué en est capable avant de m’offrir une place à table. Rapidement, une femme d’une trentaine d’années nous rejoignit, escortée par deux bambins n’ayant pas dû dépasser les dix ans.

Je remerciai chaleureusement mes hôtes une fois encore et leur proposai un peu de musique pour rémunérer mon repas, les fermiers ayant refusé fermement d’entendre parler d’argent. Il fut donc convenu que je leur ferai entendre ma voix après le repas qui se révéla aussi copieux que délicieux. D’une simplicité évidente, la viande était pourtant cuisinée à merveille et les légumes l’accompagnant dégageait un parfum rendant leur goût d’autant plus exquis.

La tarte finale fut engloutie avec appétit, me laissant la scène libre. Sortant ma lyre de ma besace, j’entamais un air destiné à être joyeux. Les notes rapidement s’égrenèrent sous mes doigts tandis que ma voix prenait peu à peu de l’ampleur dans les lieux.

La réaction qui suivit me déconcerta profondément.

La femme se mit à pleurer face à ma musique tandis que les deux petits vieux s’effondraient l’un sur l’autre dans un concert de geignements, et toute ma science musicale ne parvint à les faire sourire. Un des gamins s’approcha de moi et me tira par la manche.

« Depuis que papa est parti, ils supportent plus d’entendre cet air là. C’était sa chanson préférée, il la chantait toute la journée. »

Je me confondis en excuses, mais personne ne m’écoutait réellement, tandis que les vagues de souffrance se rapprochaient dangereusement de moi. Je tentai de fermer au mieux mon empathie, repoussant ces sentiments sans grand succès, lorsque le second gamin vint à son tour me rejoindre.

« Tu l’as rencontré mon papa en venant ? Maman dit qu’il est parti dans la forêt et qu’il a dû être tué là bas, mais Grand-maman lui crie tout le temps dessus quand elle fait ça. Elle dit qu’il n’est pas mort, qu’il doit juste s’être perdu. T’as entendu parlé de la forêt qui parle ? »

Je hochai la tête à sa dernière question mais lui répondis que je n’avais malheureusement pas croisé son père. Ainsi tous pleuraient ici un être cher disparu dans la forêt. Mal à l’aise, je décidai de quitter les lieux avant de me mettre à mon tour à pleurer tant la force de leur chagrin me prenait à la gorge.

Ayant gratifié chaque gamin d’un affectueux geste de la main et de deux balles qu’un saltimbanque m’avait offert pour mes beaux yeux, je sortis de la pièce, me dirigeant vers Shaïan, lorsque la vieille femme survint sous le porche en pleurant.

« Mademoiselle attendez ! J’ai vu la lueur dans vos yeux, j’ai vu votre chagrin ! Vous êtes une âme droite ! Accepteriez-vous de nous aider ? De nous délivrer enfin ? C’est le doute qui nous ronge. Si vous pouviez entrer dans ces lieux, et trouver notre cher enfant, ou bien son corps ! Ce serait merveilleux. Je vous en prie mademoiselle, accepteriez-vous de nous aider ? Ce serait le plus beau des cadeaux ! »

Je lui répondis prudemment que je n’étais guère la plus à même de mener à bien une telle mission, mais la vague de souffrance qui me frappa à cette réponse suffit à me convaincre.

« Très bien madame, j’irai. Je ne vous promet rien, mais je tenterai de trouver votre fils dans cet enfer végétal. »

Des milliers de promesses fleurirent à ces mots sur les lèvres de la vieille. Je n’en écoutais aucune, sellant au plus vite Shaïan pour m’éloigner.

Voilà pourquoi je suis désormais à la lisière des bois, regardant le chemin loqueteux qui s’y enfonce sans pour autant me résoudre à y pénétrer. Un murmure lointain me parvient, mais je ne discerne nul mot. J’ai peur.
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Mar 01 Oct 2013, 21:02


C'était une belle et douce journée. N'était-elle pas idéale pour être la scène d'une petite mascarade savamment pensée ? Les environs n'étaient-ils pas parfaits pour être théâtre d'un mensonge éhonté ? Pensive, Vanille contemplait, allongée dans les herbes folles, le ciel d'un bleu sans pareil. Du bout de ses longs doigts pâles, elle caressait les pétales d'une grosses fleur blanche et bleue.  Les teinte si purs faisaient s'envoler son esprit à travers les mondes. La pâle couleur lui rappelait le grand cimetière de Maëlith. Oui. Il était l'heure de s'adonner à l'un de ses petits jeux favoris. Contrairement à ses charmantes habitudes, la jeune femme ne comptait pas se plonger dans les méandres des ténèbres et goûter au sang. Du moins, ce n'était guère son but principal. Elle voulait se glisser dans la peau de quelqu'un d'autre. Mais plus qu'un masque doublé d'un excellent jeu de comédien, c'était son essence même qu'elle avait dans l'idée de modifier. Délicatement, elle tendit les bras comme si elle aspirait à effleurer la voûte céleste. Mais dans ses fines mains blanches apparut une magnifique couronne finement ouvragée. La monture en argent était élégante et raffinée. Des pierres et du cristal parsemaient le tout. C'était la Couronne du Lien, l'un de ses rares artefacts, l'unique, qui permettait à son possesseur de changer de race aussi longtemps qu'elle était sur sa tête. Aujourd'hui, Vanille Deslyce, sirène en son état, n'existerait pas. Elle ne serait que la délicieuse Bête enfouie sous les traits d'une Belle inconnue. Avec une infinie précaution, elle mit la couronne qui disparut instantanément, comme si elle ne faisait plus qu'un avec son porteur.

« Aaah...» Cri étouffé. Paupières closes, Vanille tâchait de respirer lentement, tout en enfonçant ses longs ongles dans la terre. Crispée, elle se concentrait au mieux pour s'habituer à l'étrange douleur qui parcourait tout son corps. Les sensations étaient si intenses. C'était si douloureux. Le décor valsait. Mais le pire n'était pas les souffrances. Le pire était que la jeune femme les trouvait délicieuses. Elle s'était toujours complu dans les blessures. Les plus grands délices passaient par le supplice, la passion par la rage et le déchirement. Plongée dans les ténèbres, elle reprenait lentement son souffle, non pas pour oublier la plaie béante qui s'ouvrait dans son âme, mais pour l'accepter et vivre avec ces nouveaux tourments. La Sirène n'était plus. Les pouvoirs si propres à son espèce s'étaient envolés. De nouveaux l'habitaient, cependant. Elle était une Orine. Mais son cœur de cendre ne battait pas avec plus de frénésie. Pas une once de clarté ne venait le percer. Pas le moindre sentiment ne parvenait à l'assaillir. Ce n'était pas une question de race. Vanille était tout simplement ignoble. Et le Malin, dans son infini sagesse et animé de l'envie de répandre sa mauvaise parole, avait choisit le délicat visage d'un sublime créature pour mieux frapper.


~~~~~~~~~~~~~~~


Vanille pencha délicatement la tête sur le côté, le regard curieux. Les deux émeraudes de ses yeux brillaient d'un étrange éclat malicieux. « Alors mon chaton, on y va? » demanda-t-elle d'une voix claire et sucrée à l'intention de l'immense félin qui se tenait non loin d'elle. Le tigre contemplait de ses prunelles glacés la lisière de la Forêt des Murmures. « Si tu veux.» répondit-il de sa voix inhumaine et caverneuse ponctuée de grognement sourd. Peu à peu, il perdait l'humanité qu'il avait acquis. Sa maîtresse parvenait à effacer les brides de compassion de l'animal. Il redevenait sauvage et redoutable. Doucement, il glissa sa tête sous le bras de la rousse. Elle paraissait d'autant plus fragile à côté de la bête, bien plus imposante qu'un tigre banal. Il faisait une parfaite monture tant il était haut et musclé. « Pourquoi ici ?» finit-il par lâcher. Cela ne semblait pas réellement l'intéresser pourtant. Vanille haussa les épaules. « Je devais être là. Je le sais. Je l'ai vu.» Un sourire charmeur ornait ses lèvres d'un rose pâle. Le vent venait emmêler les longues boucles de sa chevelure cuivrée et s'engouffrait dans sa légère robe d'un bleu pale. « Alors entrons.» souffla la bête. On aurait jurer entendre un soupire. Vanille secoua la tête. « Ce n'est pas ici.» - « Quoi?» Il s'agaçait. Vanille rit.

D'un pas aérien, Vanille longeait l'orée de la forêt, bien loin de se préoccuper des murmures qui semblait résonner. Les atmosphères pesantes n'étaient guère impressionnante pour elle, pas plus que l'obscurité. Son monde était fait de mystère et de noirceur, son cœur et son âme n'étaient que ténèbres. La Forêt des Murmures ne pourrait pas même lui arracher l'effluve d'un frisson. Un fin sourire naquit sur ses lèvres. Au loin, elle distinguait une silhouette et des cheveux roux. Nul doute sur l'appartenance de cette demoiselle, pareil aura ne pouvait s'inventer. C'était d'ailleurs celle qu'elle dégageait elle-même. Candeur et innocence, Vanille rayonnait de pureté, à tel point qu'on aurait pu la croire Ange. « Hey ! Bonjour ! J'ai l'impression de t'avoir déjà vu.» commença-t-elle par dire à l'étrangère. Elle était d'une politesse exquise sans pour autant être hautaine. Aimable et amicale, la jeune femme souriait avec une touchante sincérité. Avec une franche curiosité mais sans pour autant dépasser les limites de la décence, elle dévisageait prudemment son interlocutrice.  « Est-ce que ça va ?» finit-elle par demander face à l'angoisse évidente de la cavalière. Kesmos arrivait lentement, pour s'asseoir juste à côté de sa maîtresse. Le tigre balaya du regard les environs, monture et demoiselle inconnue comprises.
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Mar 01 Oct 2013, 21:54

La résolution devrait me pousser en avant, la promesse que j’ai faite m’incite à pénétrer dans les lieux, pourtant l’instinct le plus primaire me repousse résolument loin d’ici. Je sens l’inquiétude de Shaïan, son envie de quitter les lieux, que je partage pleinement en cet instant. Mais une impulsion de ma part et il entrera dans les bois sans rechigner.

Le cheval est le plus fidèle compagnon de l’homme. Pauvre bête.

Hésitant et renâclant, je maugrée en tournant l’idée en tous sens dans ma tête lorsqu’une voix soudain me tire de mes pensées. Un sursaut, mon regard se tourne rapidement vers la nouvelle arrivante qui me salue si familièrement.

Une décharge dans tout le corps. Le souffle coupé. Une impression de connaissance troublante pourtant balayée par des traits parfaitement inconnus. Inquiétude.

Mon hésitation mêlée à ma peur primitive des lieux donnent lieu à une nouvelle question sur mon état.

Je me secoue, bien décidée à ne pas laisser tant mes émotions prendre le dessus et se laisser lire si aisément. Un sourire factice un peu fané par l’arrivée d’un animal énorme guère agressif mais aisément impressionnant.

Shaïan se raidit à cette vision, mais demeure parfaitement immobile, obéissant sans réfléchir à mon inflexion. L’habitude. La confiance.

Prenant sur moi, je raffermis ma position sur la selle avant de répondre avec une naïveté supérieure à la mienne, ayant appris qu’il était toujours plus sauf de se faire passer pour une imbécile. Les imbéciles sont inoffensifs.

« Je vous remercie, tout va pour le mieux. Et je ne pense pas vous connaître, non, mais si vous avez déjà croisé une Orine, il est possible que la ressemblance soit frappante. »

Car elle aussi est une Orine. Ou tout du moins y ressemble-t-elle de façon très troublante, la même grâce, le même charme, la même incroyable beauté. Pourtant, jamais je ne l’ai vue à Maëlith, et même si tant et tant d’Orines ont quitté les lieux il y a longtemps pour suivre leurs maîtres, cette inconnue me met mal à l’aise. Que fait-elle en ces lieux inconnus ? Pourquoi me sourit-elle ainsi ?

Toutes les Orines ne sont pas bonnes, loin de là, et celles qui ont embrassé la voie d’un maître maléfique peuvent se révéler les pires garces de ces terres. Face à l’inconnu, demeurer prudente, ces huit ans ne me l’ont que trop appris.

Mais malgré moi, le charme opère, et la vision d’un visage accueillant, amical et presque familier me berce peu à peu pour noyer ma méfiance. Tellement besoin d’un peu de réconfort en ces heures sombres. La solitude me rend amère, la forêt me terrorise et m'oublier dans la présence d'une soeur de sang me paraît une alternative aimable.

Un sursaut de conscience pour tenter de détourner le sujet de ma propre personne.

« Connaissez-vous les lieux ? J’ai entendu tant d’histoires sur cette forêt que je ne sais qu’en penser... Et pourtant, je dois y pénétrer. »

Mon menton désigne la forêt des murmures d’un mouvement vague. L’aveu de ma faiblesse me peine. Je n’aime guère dévoiler ainsi mes points faibles, ne sachant jamais comment ils pourront être utilisés.

Je ne suis plus si sûre d’avoir réellement envie de visiter les lieux seules. Un peu de compagnie ne peut être néfaste, non ?

Oh que si, il peut l’être, mais le risque inverse est tout aussi grand. Pénétrer dans un lieu inconnu sans aide relève de la stupidité. Qu’ai-je à perdre pour l’heure ?

Mes pensées défilent, mais je me tais, attendant une réponse pouvant m’indiquer l’état d’esprit de l’inconnue face à moi. Autant rester prudente le plus longtemps possible.

Ces changements brusques d’humeur et de pensées me perturbent. Mon état d’errante n’arrange pas mon caractère naturellement instable, aussi tentai-je de me donner une contenance en observant les bois.

Le hurlement lugubre qui s’en échappe sape mes derniers espoirs tandis qu’une lueur étrange, dans la brume, me donne la chair de poule. Bien mauvaise idée que de vouloir pénétrer dans cet endroit. Ai-je donc perdu tout sens commun ?
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Sam 05 Oct 2013, 20:24

Vanille sourit. « Mais oui, bien sûr. Je pense que j'ai déjà dû te croiser au village. Quel âge as-tu ? Une bonne vingtaine, non ? Peut-être un peu plus, tu n'as pas l'air d'une jeune ayant fraîchement quitté Maëlith, sans pour autant être une vieille proche de la folie, car je sens que ton Lien est encore à prendre. Nous avons dû nous voir sans vraiment nous regarder. Malgré mon apparence, j'ai dépassé le siècle. J'ai perdu l'habitude de venir rendre visite à mes consœurs, mais j'ai aidé à la reconstruction, lors de la Grande Bataille. Tu devais encore être là-bas, lors de ce funeste jour. Non ? Ou peut-être même que je t'ai eu en élève. J'ai été Muse, avant la recomposition du Conseil par la Vénus. Pendant très peu de temps, cependant, je n'ai pas tenu longtemps dans ce rôle bien trop fastidieux pour une grande rêveuse comme moi. Si je me trompe, c'est que mon esprit me joue de sacré tour, et je suis bonne pour l'asile.» Elle rit. Son petit discours était pour le moins risqué, car la moindre erreur où la plus petite incohérence pouvait lui coûter cher. Mais tandis que son interlocutrice réfléchissait, Vanille avait pris le temps de suivre le cours de ses pensées pour tâcher d'en tirer quelques conclusions. Mais son art était loin d'être une science exacte, l'échec la menaçait à tout moment. Auquel cas, elle devrait rebondir avec grâce et tact sur les problèmes soulevés. Les mensonges de Vanille étaient gros, mais terriblement crédibles, puisqu'elle situait ses apparitions dans une période de grands troubles où les Orines avaient autre chose à penser que qui les entourait. Bien entendu, il était possible que la petite Orine vérifie plus tard ses dires auprès des personnes compétentes, comme cette garce de Lily-Lune. Mais à ce moment là, Vanille sera loin, et on ne pourra que ruminer avec amertume la fatale issue de cette rencontre : dupée par une étrangère aux drôles et énigmatiques intentions.

Mains jointes derrière le dos, Vanille fit quelques pas sur le côté tout en laissant glisser ses grands yeux clairs sur le petit bois. « La Forêt des Murmures ? Oui, je la connais. Pas très bien, cependant. Juste assez pour m'en sortir en un seul morceau et dénicher les pièges facilement évitables. Ces contrées sont loin d'être les plus agréables des environs. Elles sont peuplées de créatures plutôt monstrueuses, sans compter les Alfars et les Vampires qui aiment s'y balader. Si tu dois réellement la visiter, j'espère que tu n'as pas peur de tout cela.» Une pointe de curiosité illuminait ses prunelles vertes. Mais comme gênée ou hésitante, elle baissa tout d'abord le regard avant d'oser demander. « Qu'il y a-t-il de si urgent à faire ? Car si ce n'est pas nécessaire, je ne peux que te conseiller de faire demi-tour. Tu ne sembles pas rassurée, et que les Aetheri me gardent d'être un jour confiante dans ces bois, ce serait une terrible erreur. La plupart des histoires que tu as entendu sont certainement fausses. Mais elles contiennent toute une part de vérités.» Elle se remémora rapidement quelques histoires que colportaient les voyageurs au sujet de la si belle Forêt que Vanille appréciait tant. Elle choisit les histoires qui revenaient les plus souvent. « Même celles concernant les fantômes rouges et les chiens des Enfers. Tout comme les baies blanches et les enfants perdus. Ce sont des fables qui puisent leur force dans des vérités malheureusement inébranlables. Il en va de même pour l'histoire des bébés égorgés ...» Sa voix se brisa, comme éprouvée par l'horreur de la chose. Mais au fin fond de son âme, la bête dissimulée derrière la belle riait. Devait-elle préciser qu'elle était elle-même à l'origine de certains de ces contes d'épouvante ?

Kesmons, l'immense tigre, balaya de son regard glacé les environs dans quelques grognements peu aimables. « Ça pue la mort.» dit-il de sa voix inhumaine et caverneuse. L'entendre parler pouvait surprendre voir terrifier. Ses intonations n'ajoutaient pas un côté agréable à la bête, qui enchaîna d'ailleurs. « L'Astre du Jour lui même fuis cette région. Il laisse l'obscurité gagner et plonger les imprudents dans le noir. Les ténèbres sont maîtres, ils englobent les malheureux de son désespoir. Le temps est une notion paradoxale. Les repères sont effacés. La brume est épaisse et étouffante. L'espoir est mort. Tout comme les gens qui y pénètrent pour ne jamais réapparaître.» Vanille affichait un sourire gêné et malheureux. Doucement, elle glissa ses longs doigts pâles dans le pelage de l'animal, l'incitant silencieusement à se taire pour ne pas terrifier davantage la jeune Orine. « Ne l'écoute pas. Il a tendance à être pessimiste. Il faut toujours chercher les pointes de lueur, même dans le noir le plus complet. Que cherches-tu ? Peut-être que je peux t'aider ? » Elle plissa très légèrement les yeux, comme plongée dans les méandres de son esprit. « Lynn ? Cherry ? Hum … Je suis sûre qu'on s'est déjà croisé, j'ai ton nom sur le bout de la langue. Si le mien ne te revint pas, et je ne t'en voudrais pas étant donné que je ne parviens pas même à me rappeler de notre rencontre, je m'appelle Isis Laera.» Laea était un nom de famille assez courant à Maëlith. Autant jouer la carte de la sécurité, pour une fois. Ce n'était qu'un jeu. Mais il était assez drôle de faire la gentille et de vouloir voler au secours de quelqu'un. Mais à tout moment, elle était prête à changer de rôle pour se glisser sous les traits d'un personnage bien plus sombre. Son humeur, la température extérieure et la météo, l'ambiance et son ennui, c'était autant de paramètres plus ou moins risibles qui entraient en compte pour déterminer son comportement à venir.
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