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 Pour une vie [Partie VI - Solo ]

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Mar 06 Aoû 2013, 22:28


Caliel. Un magnifique prénom, si doux et poétique. N'était-il pas étrange que Vanille l'ait choisis pour son enfant ? Il n'était pas qu'un nom parmi tant d'autres. Celui-ci avait toute une histoire. Un joli conte, de ceux qu'on n'écrit plus. D'une beauté toute particulière, empli de mystères et de drames. Un de ceux qui débutait merveilleusement bien, se dégradait peu à peu, pour finir mal. Très mal. «Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.» n'existe pas dans ces fables-là. Caliel vient d'une bien sombre histoire. L’Ange qui porta ce nom il y a de ça quelques siècles n'avait commis aucun pêché. C'était un homme bon et délicat, qui avait simplement eut le malheur de naître avec une bien triste destinée. Celui d'avoir pour âme-sœur une créature sans âme et sans cœur, mais terriblement séduisante et attachante.

Rêveuse et pensive, Vanille laissait ses grands yeux verts vagabonder sur la végétation abondante et surprenante de la forêt enchanteresse. Assise sur une étrange branche artistiquement tordue pour former un petit banc naturel, la jeune femme contemplait les environs, glissait dans ses souvenirs, tout en caressant du bout de ses longs doigts pâles l'écorce doux de l'arbre qui lui servait de siège. Elle aimait cet endroit. Il était très certainement celui qu'elle préférait à travers toutes les terres du Yin et du Yang. Maudites soient ces stupides Orines qui se l'étaient approprié. La sirène se vengeraient de ces petites esclaves qui cherchaient trop à s'affirmer depuis que Lily-Lune Araé les dirigeait. Depuis bien trop longtemps, cette garce aux cheveux noirs épuisait sa patience. Mais maintenant que Vanille était la Dame des Abysses, elle pourrait agir. Rapidement, Vanille chassa ses pensées de son esprit. Elle ne voulait pas songer à tout cela, ni même à l'avenir. C'était dans le passé qu'elle devait se replonger à corps perdu. Un passé lointain, très vieux et passé, presque oublié.

Quel âge avait-elle, lorsqu'elle rencontra Caliel pour la première fois ? À peine deux ou trois centaines d'années. C'était il y a fort longtemps. Certains détails restaient clairs dans l'esprit de Vanille, tandis que d'autres lui paraissaient terriblement flous. Le premier regard, la première rencontre, les premiers mots … Oui, tout cela, elle s'en souvenait. Il s'agissait de moments forts. Puis une petite routine s'installa. Ils formaient un parfait couple, sans jamais se toucher ni s'embrasser. Ils étaient distants. Si Vanille en oublia presque ses tendances criminelles, elle ne pouvait s'empêcher de fréquenter d'autres hommes et de s'amuser avec eux toute la nuit durant. Elle se riait des petites crises de jalousie de Caliel, qui l'accusait silencieusement de ces trahisons. Jusqu'au jour où une violente dispute éclata entre eux. Caliel s'emportait, il ne pouvait plus supporter cette situation tandis que Vanille clamait en souriant sa liberté et ton indépendance. Mais elle ne put conserver son sourire face à l'insistance de l'Ange, et elle aussi finit par hausser la voix. Ils échangèrent des mots, tout les deux avec un style étrange : ils demeuraient d'une politesse exquise, usant de paroles de choix, pour se lancer des horreurs à la figure. Et sans crier gare, ils se jetèrent l'un sur l'autre pour s'embrasser avec une passion dévorante. Ce soir là, alors qu'ils se connaissaient et vivaient ensemble pour des raisons économiques depuis plusieurs mois, ce fut la première fois qu'ils couchèrent ensemble.

La proue du bateau pour laquelle Caliel s'inspira de Vanille était enfin terminée. Le jeune artiste amassa une bonne somme d'argent pour le travail réalisé. Et il prit une décision : celle de partir très loin avec celle qu'il aimait. Vanille était plus douce depuis qu'elle le fréquentait. Certes, elle était loin d'être une grande sentimentale fleur bleue. Mais elle devenait plus compréhensive et attentive. Depuis le début, la sirène avait été une drôle de femme au comportement décalé. Peut-être qu'elle se forçait à agir ainsi, pour voir si elle pouvait vivre normalement, comme n'importe qui d'autres. Elle voulait essayer. Et quoi de mieux, pour mener une existence banale, que la vie de couple ? Un Ange et une Sirène. Une parfaite idylle. Vanille savait que le cœur de Caliel lui appartenait. Elle avait une preuve imparable de son amour : les ailes de son Ange demeuraient d'un blanc immaculé. Il n'était pas un déchu. C'était un acte d'amour. Elle tâchait de copier ces sentiments. Ainsi, Vanille accepta sans hésiter la proposition de Caliel, et ils s'en allèrent ensemble s'installer dans la Forêt Enchanteresse.

C'est Vanille qui décida d'aller vivre là-bas. Elle aimait depuis toujours cette forêt, et Caliel fut enchanté de ce choix. Ils s'enfoncèrent au plus profond des bois pour bâtir leur petite demeure. Tout était propice pour construire une cabane en hauteur, et l'Ange travailla longuement, des semaines durant, pour réaliser quelque chose de correct. Le résultat n'était pas fabuleux, mais la petite maison était confortable et douillette. La vie était paisible en ces lieux. L'éloignement ne pesait ni à Caliel, ni à Vanille. Ils étaient heureux d'être tranquilles.

Il y avait des jours merveilleux. Comme cette douce journée d'hiver. Vanille, allongée par terre près de la cheminée ajoutée par Caliel pour les saisons froides, lisait tranquillement un vieil ouvrage poussiéreux. Avide de savoir, elle dévorait les lignes écrites en langage ancien sans se préoccuper de son environnement. Jusqu'à ce que l'Ange revienne, les bras chargé de fruits couvert d'une fine couche de givre. « Cette forêt est merveilleuse.» s’enthousiasma-t-il en les déposant sur la petite table en bois. « Regarde ma belle ! Même en ces temps froid, il y a de quoi se nourrir.» - « Heureusement.» souligna l'ondine avec un sourire. « Je ne sais pas ce qu'on aurait fait sinon. Puisque je ne manges pas de viande ...» Elle grimaça. « On aurait été oublié de retourner vers les civilisations.» pouffa Caliel. Tendrement, il passa ses doigts dans la longue chevelure de sa bien-aimée, toujours plongée dans son ouvrage. « Et j'ai aussi un cadeau pour toi, ma belle.» murmura-t-il avec amour. Vanille releva les yeux, intriguée. « Attends un instant.» ajouta-t-il en s'éloignant. Il repartit dehors sans un mot. Curieuse, Vanille se mit à genoux quelques instants, tout en refermant son livre, avant de se relever pour s'approcher de la fenêtre. Caliel était descendu sur la terre ferme et tâchait de revenir, un tas de linge dans les bras. Il se battait contre le mètre de neige pour regagner l'escalier en colimaçon légèrement bringuebalant. Vanille détacha son regard de lui pour s'attarder sur les gros flocons qui tombaient délicatement. De longues minutes s'écoulèrent, et Caliel revient. « Tiens. Je l'ai trouvé. Il a besoin qu'on s'occupe de lui.» Et il tendit le paquet humide de linge à Vanille, qui le prit délicatement dans ses bras, ses grands yeux verts pleins de questions. Elle enleva doucement les vêtements. Quoiqu'il y ait à l'intérieur, ça remuait. Un petit grognement résonna doucement, et une truffe apparut. Un bébé tigre. Il était très jeune. Quelques jours à n'en pas douter. « Cela fait quelques jours que je l'ai vu. Je l'avais laissé les premières fois, car je pensais que sa mère n'était simplement pas là et qu'on s'occupait de lui. Mais il est affamé, et de toute évidence seul.» Vanille releva son regard du fauve. Un grand sourire étirait ses lèvres roses et dévoilait ses dents blanches. « Merci. Il est adorable.» Et elle caressa doucement l'animal qui ne tarda pas à se lover dans ses bras. C'est ainsi que Kesmos rejoignit Vanille, pour le meilleur et surtout le pire.

Mais parfois, tout ne se passait pas réellement comme ils le souhaitaient. Ce fut le cas le jour où Vanille comprit qu'elle était enceinte. Cette nouvelle ravit Caliel au plus haut point. Il était sur un petit nuage. Du moins, jusqu'à ce qu'il comprenne que ce n'était guère le cas de Vanille. « Je n'ai nullement envie d'être mère, Caliel.» lui dit-elle sèchement. L'Ange fuyait son regard, la gorge serrée. « Mais pourquoi ?» - « Ce n'est pas pour moi.» Certes, Vanille essayait peut-être de vivre normalement, mais elle avait tout de même ses limites. Elle avait toujours eu du mal avec ses grossesses. Et ce que son charmant petit ami ne savait pas, c'était que la petite sirène avait déjà enfanté quelques fois. Mais ses enfants n'avaient pas survécu. Et elle y était pour quelque chose. Puisqu'elle les avait tué. « Mais je pensais que … Enfin … Nous deux. Vivre ensemble.» Vanille soupira. Paupières closes, elle respira lentement pour tâcher de conserver son calme. « Je ne suis pas prête à être mère.» articula-t-elle en détachant chaque syllabe. « Nous pourrions y arriver. Toi et moi. Je serais là. Moi, je suis prêt. Et je te trouve merveilleuse. Tu es resplendissante ! Même ta petite moue mécontente est craquante.» Vanille grinça des dents, et esquiva lorsque Caliel voulut la prendre dans ses bras. « Je ne veux pas.» - « Je crains que tu n'aies guère le choix.» répondit-il, gêné. « Pardon ? Es-tu sûr de cela ?» Un silence lourd s'installa. Et Vanille tourna les talons pour claquer la porte, s'enfermer seule dans la chambre, et laisser Caliel  dans le salon. Durant les jours à venir, Vanille se comporta froidement envers Caliel, comme s'il était un inconnu. Si de temps à autre, Caliel, empli de tristesse, essayait de parler à Vanille, celle-ci ne lui répondait même pas, se contentant de vivre sa petite vie tranquille, de s'occuper de Kesmos.

Puis les choses s'arrangèrent lentement, peu à peu. Ce ne fut pas facile pour Vanille d'accepter sa grossesse, mais elle semblait se faire une raison. Du moins, d'apparence, elle paraissait moins réticente à être mère. Mais au fond d'elle, Vanille demeurait la même.

Vanille bondit de la branche sur laquelle elle était assise. Elle avait besoin de bouger un peu. Plus précisément, de retrouver sa vieille demeure. Était-elle encore là ? Elle n'en avait aucune idée. Car après tout, cela faisait de longs siècles que Vanille n'était pas revenue ici avec dans l'idée de ressasser le passé. Mais elle devait savoir. Pas pour elle, pas pour Caliel, mais pour Nausicaa. Bien évidemment, ce n'était pas par amour pour sa chère fille qu'elle faisait tout cela. Elle cherchait des brides de puissance passée, pour que la petite blonde retrouve un semblant de sa force passée. En ce moment précis, elle n'était pas assez solide pour vivre normalement. Et Vanille avait besoin qu'elle soit forte pour qu'elle puisse réaliser ses vils desseins. Plus elle songeait à tout cela, plus elle se disant qu'il aurait mieux valut pour Nausicaa qu'elle la tue à la naissance, comme toutes les autres. Sa vie aurait été, certes moins longue, mais terriblement moins douloureuse et tellement plus paisible.

C'est avec un sourire aux lèvres que Vanille s’élança à travers la forêt. Agile et vive comme un chat, elle bondissait par dessus les branches. Elle était dans son élément, à  l'instar de l'eau. Simplement, elle était bien dans ce lieu magique.

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Mer 07 Aoû 2013, 18:39


Tandis que Vanille courrait à travers les branchages, elle pensait. Malgré les siècles passés, elle se souvenait des chemins qui la mèneraient à sa vieille demeure comme si elle faisait encore le trajet quotidiennement aujourd'hui. Elle pouvait donc se permettre de détaler dans la forêt sans s'en préoccuper, et se payait même le luxe de se perdre dans les méandres de son esprit. Et une question s'imposait à son esprit : quand avait été la plus douce période de son existence ? Elle ne saurait réellement le dire. Après tout, elle n'avait jamais eu le sentiment de devoir rechercher une vie calme et tranquille, bien au contraire. C'était le risque et l'imprévu qui lui plaisait. Le danger se devait de faire partie de sa vie. Mais était-elle heureuse ? Voilà une bien grande question. Elle manquait de sentiment. Même celui de bien-être. Ainsi, si elle devait sélectionner une petite bride de sa longue vie pour la décréter «meilleure» que toutes les autres brides, elle peinait à trouver une réponse. Peut-être pourtant, qu'elle pourrait songer à mentionner son couple avec Caliel. Elle n'avait pas été spécialement heureuse. Beaucoup de problèmes ont jonché cette période. Mais d'après ce qu'elle avait lu sur l'amour, elle pouvait avouer du bout des lèvres avoir été attachée à Caliel. Ce qui n'a pas empêcher la terrible issue. Vanille soupira, avant d’accélérer la cadence.

Un autre jour lui revint un mémoire. Vanille ne saurait dire s'il était bon ou mauvais. C'était bien plus compliqué que ça pour elle. Cela l'avait réjoui un bref instant. Ce qu'elle voulait devenir était ravie. Mais ce qu'elle était réellement, fulminait. C'était une journée comme une autre. Il ne faisait pas particulièrement beau, cependant, quelques rayons perçaient à travers les épais feuillages pour illuminer et réchauffer la petite clairière dans laquelle le jeune couple mangeait. Le bébé était né. C'était une ravissante petite fille, et Caliel respirait le bonheur. Vanille tâchait simplement de sourire et de s'occuper de la fillette quand il le fallait. Allongée dans l'herbe fraîche de couleur étonnante, la sirène croquait dans un fruit juteux en contemplant Kesmos, encore tout petit, qui sautillait gaiement. Caliel tenait son enfant dans ses bras, la berçant tendrement pour qu'elle s'endorme. Quand elle ferma enfin les yeux, Caliel releva son regard avec un air victorieux. Il déposa la petite dans son petit berceau avant de s'approcher de sa rousse favorite. Il prit du bout des doigts l'une de ses boucles cuivrées pour l'humer en la passant sous son nez. Il semblait réellement heureux. « Tu es magnifique, mon Ange.» Vanille avait toujours trouvé étrange ce surnom que lui donnait Caliel, mais elle ne relevait jamais la chose. C'était une cause perdue. « Merci.» se contenta-t-elle de répondre. Que pouvait-elle dire d'autre ? Il sourit, légèrement moqueur. « J'aime ta façon d'être tu sais.» Vanille sourit. Mais elle savait ô combien cette phrase pouvait être fausse. Caliel ne pouvait se douter de la véritable créature qu'elle était. Auquel cas il prendrait ses jambes à son cou. « J'aurais une petite question à te poser. Si tu veux bien.» Il laissa quelque peu sa phrase en suspend, songeur. « Oui ?» Elle arqua délicatement ses sourcils fins. « Oui ?» répéta-t-elle, insistante, face à son silence. Caliel, tout sourire, finit par tendre un petit écrin d'un bleu sombre à la jeune femme. Vanille ne s'encombra pas de préliminaires pour l'ouvrir. Et elle découvrit une petite bague, en or blanc, qui ondulant doucement. Fine et délicate, un travail fou avait du être fait sur elle. Elle n'était pas pleine, et des motifs élégants se dessinaient grâce aux trous. Parsemées de quelques pierres bleues, très certainement des saphirs, et blanches, des diamants à n'en pas douter, elle n'était pas sans rappeler l'Océan à Vanille. « Elle est vraiment très belle.» murmura Vanille en se doutant de la question à venir. « Elle te plaît réellement ?» Il appuya avec force sur le dernier mot. « Oui. » Cette simple réponse l'horrifia. Elle aurait dû dire non. Il aurait été déçu et se serait ravisé. « Parfait.» Son sourire redoubla. Vanille demeurait muette. « Vanille ...» commença-t-il lentement avant de s'arrêter. « Vanille.» reprit-il d'un ton plus ferme en relevant le menton de la jeune femme. « Veux-tu m'épouser ?»

Une ou deux secondes s'écoulèrent. Elles durent être longues pour Caliel, dont les traits se faisaient légèrement plus inquiets. Mais elle finit par dire oui. Et toutes les appréhensions du jeune Ange s'envolèrent. Et il l'embrassa avec fougue.

Le mariage en lui même fut sobre et discret, mais bel et bien officiel. Ils se rendirent à une belle église, et se vétirent avec élégance. Caliel avait mis pour l'occasion un charmant costume clair qui mettait en lumière ses grands yeux bleus. Ses cheveux blonds étaient comme toujours, artistiquement décoiffés. Et Vanille était à couper le souffle. Elle portait une robe à bustier d'un blanc éclatant bordé de bleu. Son épaisse chevelure cuivrée avait été dompté pour l'occasion en un magnifique chignon d'où dépassait quelques boucles. Par dessus le voile, quelques fleurs claires avaient été piqué avec une broche appartenant à la mère de Caliel. « Superbe.» chuchota amoureusement Caliel lors de la cérémonie, tandis qu'il tenait les mains de Vanille. Doucement, il embrassa ses doigts.

Et quelques minutes passèrent, ils furent mari et femme. Vanille aurait dû être transporté de bonheur, de joie et d'amour. Comme n'importe quelle femme. Mais ce n'était pas son cas. Elle ne ressentait strictement rien.

Vanille s'arrêta en face d'un grand arbre aux étranges fleurs rouges et dorées. Elle leva doucement ses grands yeux verts de poupée pour contempler la petite cabane en bois qui surplombait les environs. Bien entendu, elle ne s'était guère attendu à la retrouver dans le même état que lors de son départ. Pourtant, elle fut déçue. Très certainement parce qu'elle aspirait à mieux, malgré les siècles. Les escaliers n'étaient plus là. À coup sûr, ils avaient cédé en premier. Mais ce n'était pas spécialement un problème pour l'agile demoiselle qui grimpa rapidement pour bondir sur le pallier. La sirène se redressa lentement, aux aguets. La pauvre maison était en piteuse état. Des planches jonchaient le sol, les murs n'étaient plus entiers. Vanille voulut pousser la porte, mais celle-ci refusa de bouger malgré ses efforts. Elle finit par abandonner son projet, préférant se faufiler par une petite ouverture . Tellement plus rapide.

Il faisait bien sombre à l'intérieur. Vanille prit quelques minutes pour forcer les fenêtres à s'ouvrir et laisser entrer quelques rayons du soleil. Elle vit aussi que c'était l'entrée encombrée qui empêchait la porte d'être ouverte, elle jeta le tout par dessus bord pour aérer la pièce. Très vite, tout reprit vie. Même si la végétation s'était largement installée sur les murs, elle retrouvait enfin la petite maison dans laquelle elle avait vécu autrefois. Elle s'assit en plein milieu du salon pour contempler les environs. Et encore une fois, elle fut assallis par de vieilles sensations.

Elle se souvint d'un jour qui ne fut pas particulièrement agréable. Il y eut beaucoup de cris, même parfois des pleurs. Caliel en fut anéantit. Vanille tâcha de paraître touchée par cette nouvelle. Leur petite fille avait disparut. Mais comment était-ce possible ? L'enfant était bien trop jeune pour s'enfuir seule, même pour se perdre, puisqu'elle n'aurait pas pu descendre sans ses parents. On l'avait enlevé. Mais pourquoi ? Comment ? Vanille n'était pas dans la cabane lorsque cela se produisit. Caliel s'en sentit davantage coupable. Les jours qui suivirent furent froids et monotones. Vanille respecta la souffrance silencieuse de son mari.

Et ce fut un autre événement qui ramena un nouveau souffle chez le couple. Vanille tomba enceinte. À nouveau. Elle se garda bien de dire tout haut ce qu'elle pensait tout bas. Caliel était heureux de cette nouvelle. Et une petite fille vint au monde. Ils la prénommèrent Nausicaa. C'était une adorable gamine aux yeux claires et aux cheveux blonds. Une magnifique petite poupée qui soulagea le cœur de Caliel. « Elle te ressemble beaucoup.» dit-il avec un grand sourire aux lèvres. « Je trouve qu'elle tient plus de toi. Regarde-là.» L'Ange contemplait comme une œuvre d'art son enfant. « Je vois ce que tu veux dire.» répondit-il en riant. « Certes, ces prunelles sont bleues comme les miennes … Elle est blonde … Mais elle a ton regard, ton sourire, tes boucles ...» Il posa ses mires d'une douceur incomparable sur sa femme. « C'est bien ta fille. Tu auras du mal à la renier.» Quel dommage. C'était pourtant dans les projets plus ou moins lointains de l'ondine.  

«Maman ! Maman !» Nausicaa, du haut de ses quatre ans, était une enfant vive et pleine d'énergie. Elle sautillait avec l'agilité que confère la vie en forêt, jusqu'à Vanille, qui lisait tranquillement dans les hauteurs, très certainement dans l'espoir qu'on la laisse en paix. C'est donc avec une petite moue sur les lèvres que la sirène referma son ouvrage pour poser son regard sévère sur sa fille. « Oui ma puce ?» Qu'il était dur pour elle d'être une bonne mère. Elle donnait des petits surnoms censés être affectif à la petite pour donner l'illusion d'une famille unie aux yeux de Caliel. Mais le sobriquet sonnait faux entre les lèvres de la rouquine. Cela suffisait pourtant à l'Ange. Elle faisait des efforts, et c'était tout ce qui importait. « Regarde !» Victorieuse, elle tendit sa petite main en avant. Un caillou coloré et transparent y reposé. « Très joli.» Cela semblait réjouir la gamine qui souriait de toutes ses dents. « Dis maman, demain est-ce qu'on pourra aller à la grotte d'Ana .. d'Ana ...» - « D'Anameyrîs. Désolée ma puce, mais demain, je ne serais pas là.» Le sourire de Nausicaa retomba. Elle semblait déçue. « Mais pourquoi ? Tu vas où maman ?» Vanille soupira. Elle détestait se justifier. D'autant plus face à petit être de moins d'un mètre. « Je rentre sur le continent du matin calme pour quelques temps. Tu resteras avec papa jusqu'à mon retour.» - « Pourquoi tu vas là-bas?» - « Pour faire des courses. Entre autre.» - « D'accord ...» Nausicaa commençait à tourner les talons. « On pourra aller se promener à mon retour. Si tu veux.» - « Ouais !» Heureuse, elle sauta au cou de sa mère pour l'embrasser. Vanille demeurait aussi immobile et inexpressive d'une statue.

Pour faire des courses. C'était l'explication qu'elle donnait à sa fille et son mari pour justifier ces allées et venues. Un mensonge éhonté. La vérité était tout autre. Et elle était bien moins belle à entendre. Mais elle ne pouvait décemment pas dire la véritable motivation de ces voyages, qui devenaient de plus en plus fréquents. Les premières fois, Caliel trouva cela normal. Mais au fil des mois, il comprit que quelque chose n'allait pas. La suspicion s'installa. Mais il n'osait pas aborder plus sérieusement le sujet avec sa femme. Pourtant, il allait le faire. Il le devait. Surtout, il n'en pouvait plus de ses doutes qui hantaient ses nuits. Il devait en avoir le cœur net. Il laissa cependant Vanille partir sans rien dire, si ce n'est des paroles d'amoureux transis inquiet de voir sa moitié partir seule.

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Mer 07 Aoû 2013, 20:52


Le pauvre Caliel devait comprendre ce qui se tramait dans l'esprit dérangé de sa femme. Vanille n'avait jamais réellement été une femme douce et aimante. Il n'avait cependant rien à lui reprocher. Malgré son caractère particulier et son attitude parfois étrange et déplacé, il l'aimait tout simplement, envers et contre tout. C'était peut-être ça le plus dur pour cet Ange si beau et si bon. Il était amoureux, pire : il avait pour âme-sœur, une créature incapable d'aimer. Il le savait. Mais quand il contemplait Vanille, il ne pouvait la voir autrement que magnifique, que belle et agréable. Tout son corps était illuminé d'une douce aura claire, qui lui rappelait sans cesse qu'il était né pour lui appartenir. Et il aspirait à une vie à ses côtés. Une existence douce et tranquille, familiale, avec sa femme et ses enfants. D'un certain point de vue, il avait réussis à obtenir ce qu'il désirait. Courtiser Vanille avait été un chemin long et tumultueux. Mais il finit par attirer son attention. Il fut étonné que la demoiselle cède si vite à ses avances, mais il était trop heureux pour se questionner réellement. Et tout s’enchaîna si rapidement … Ce ne fut pas de tout repos. Mais il finit par avoir la jeune femme pour lui tout seul, dans cette petite cabane en bois dissimulée dans les tréfonds de la forêt enchanteresse. Durant un bon moment, ils vécurent tout les deux, sans jamais vraiment s'éloigner l'un de l'autre. Puis un enfant naquit. Et fut enlevé. Et une autre petite fille vit le jour. Caliel redoubla d'attention envers elle. Ils étaient tous les trois. Une vraie petite famille. Puis les choses changèrent sensiblement.

Cela faisait environ deux ans que Caliel et Vanille s'étaient installées ensemble. Nausicaa avait un an. Joli bébé adorable et en bonne santé, elle faisait le bonheur de son père. Mais Vanille changea de comportement. Elle émit le désir de retourner sur les autres continents, voir du monde, voyager seule, et faire quelques courses de temps à autre, car ils ne pouvaient décemment pas trouver tout le nécessaire à la vie dans la Forêt ou sur le continent mystérieux seulement. Caliel n'y vit aucune objection. Il se doutait bien qu'un jour ou l'autre, elle voudrait retrouver un semblant de liberté. Elle lui avait assez clamer ses besoins d'indépendance. Alors il la laissa partir. Elle revient au bout de quelques jours, et ils firent comme si de rien ne c'était passé. Vanille n'en parlait plus avant trois mois. Et elle finit par partir tous les mois, pendant environ une semaine, suivant ses envies et son humeur. Mais que pouvait-elle bien faire ? Caliel ne pouvait plus croire aux excuses qu'elle servait habituellement. Il savait que c'était autre chose. Il devait en avoir le cœur net. C'est pourquoi il aborda un jour le sujet, le cœur lourd et la gorge serrée.

Caliel descendait en silence du petit étage de la cabane, qui servait de chambre pour Nausicaa. « Elle dort.» annonça-t-il calmement, avec un maigre sourire aux lèvres. « Bien.» répondit simplement Vanille pour qui cette nouvelle importait peu. Calme et tranquille, la jeune femme se contentait de couper quelques fruits qu'elle réunissait dans deux coupes. Une petite salade fraîche de saison. L’ange alla s'asseoir sur le petite canapé, et sa femme le rejoignit en lui tendant ce qu'elle avait fait. « Merci.» murmura-t-il en s'empressant de goûter au plat. Vanille mangeait sans se soucier des tensions qu'elle sentait. Caliel finit par briser le silence. « Alors, tout s'est bien passé cette semaine?» s'enquit-il sur le ton de la conversation. Vanille revenait tout juste de l'une de ses excursions. « Très bien.» Elle n'était pas très loquace à ce sujet, ce qui eut le don d'agacer Caliel qui ne se laissa pas démonter pour autant. « Qu'as tu fais de beau ?» Il tâchait de contrôler les trémolos de sa voix. « Pourquoi cet intérêt soudain pour mes activités ?» - « Pourquoi ne veux-tu rien me dire ?» répliqua-t-il aussitôt. Il avait légèrement haussé la voix. « Moins fort, tu vas réveiller la petite.» L’ange entrouvrit les lèvres, prêt à souligner le fait que ce genre de détail importait peu à la sirène habituellement. Mais il comprit qu'elle ne voulait tout simplement pas l'entendre pleurer, ou qu'elle n'avait guère envie de se lever pour l'inciter au calme. Alors il se tût. « Je te demande, c'est tout. J'aime savoir de quoi est faite ta vie.» - « Hum hum...» Très peu touchée par les propos et les sentiments de son époux, Vanille se contenta d’amener une cuillère de fruits à sa bouche.

« Donc tu ne veux réellement rien me confier.» articula-t-il avec une pointe de déception. « Mais pourquoi est-ce si important pour toi tout à coup ?» s'impatienta Vanille en posant sa coupe de fruits - vide - sur la table basse. Un peu surpris et prit au dépourvu malgré les longues nuits de préparation, Caliel ne put que bafouiller. « Ce … C'est loin d'être soudain Vanille. Je … je me pose la question depuis la première fois ou presque. Maintenant, je pense que j'ai besoin de savoir.» - « Réellement ? Es-tu sûr de pouvoir encaisser la vérité, quelle qu'elle soit ? Ou préfères-tu un joli mensonge bien ficelé qui te sera assez vraisemblable pour fermer les yeux et tenter d'y croire.» Il avala sa salive. Paupières closes, il répondit lentement. « La vérité.» De longues secondes s'écoulèrent lentement. « Non.» Elle riait presque. « Il y a des choses qu'il ne vaut mieux pas entendre. Je t'épargnes ces quelques mots. Invente-toi une histoire, Caliel. Écris-toi un joli conte et accroche toi à lui. Laisses moi libre d'agir comme bon me semble. Je reviens à chaque fois, ça devrait te suffire.» Et sans plus de cérémonie, la jeune femme se releva et s'envola dans une envolée de boucles rousses se coucher, quand bien même il était tôt. Caliel, dans un soupire, dissimulait ses traits angéliques dans ses mains. Il n'alla pas la rejoindre et passa la nuit à réfléchir.

« Est-ce que … Vanille … Tu t'en vas ?» Caliel était ahuri. « J'ai besoin d'un peu d'air.» - « Mais tu viens à peine de revenir !» - « Et je repars.» - « Si tôt ..» - « La faute à qui ?» Caliel n'ajouta rien. Et c'est dans le silence que la sirène s'en alla sans même se retourner. Mais Caliel n'était pas d'humeur miséricordieuse. Il devait savoir. Et si Vanille refusait de lui dire, il devait voir.

« Où est-ce qu'on va, papa ?» Nausicaa avait presque six ans. C'était une petite fille de toute beauté, aux longues boucles blondes et au regard curieux. Elle était particulièrement mignonne dans sa petite robe assortie à ces yeux, que Caliel avait confectionné un peu plus tôt. « Faire un petit voyage ma chérie. Comme maman.» - « On va la rejoindre ?» - « Non non ma puce. Nous allons nous balader juste tout les deux. Papa ira t'acheter quelques cadeaux demain. Tu resteras chez des amis à moi. Tu comprends ?» L'air très sérieux, la petite hocha la tête. « Kesmos sera avec moi ?» Caliel tourna très légèrement la tête. Il était si nerveux qu'il en avait oublié le tigre. « Oui oui.» souffla-t-il en incitant le fauve, maintenant jeune adulte, à le suivre. « Mais il ne faudra rien dire à maman, ma puce. D'accord?» - « Pourquoi ?» Elle avait ce ton offusqué des enfants qui ne voyait pas où l'on voulait en venir, puisqu'il était tout naturel d'en parler à sa mère, dans son esprit. Caliel improvisa rapidement. « On va faire une surprise à maman.» Le visage de Nausicaa s'illumina. « D'accord !» C'était tout de même facile de la faire changer d'avis. Et heureusement. Mais il se sentait mal de devoir mentir à son enfant. Mais il savait que c'était pour une cause juste. Pour sa fille, pour sa femme, pour lui. Pour sa famille. Et c'était la seule chose qui importait pour lui. L'amour des deux femmes de sa vie.

« Caliel.» s'étonna un jeune homme d'une grande beauté, abordant des cheveux bruns et des yeux sombres. « Je rêve … C'est vraiment toi ?» L'intéressé sourit. « Oui mon vieil ami. Pardonne ma visite imprévue.» - « Mais je t'en prie, tu sais bien que tu es toujours le bienvenue dans ma demeure. Je suis ravi de te revoir. Et … oh ! Mais quelle délicieuse enfant.» Intimidée, Nausicca, les doigts accrochés au pantalon de son père, se cacha derrière lui. Les joues rouges, elle jetait tout de même des coups d’œil intrigué à cette nouvelle personne qu'elle ne connaissait pas. « C'est ta fille ?» Il souriait. Caliel, souriait, acquiesça. « Présente-toi ma princesse.» Elle ne pipa mot. « Moi, c'est Lariel. Je suis un ami de ton père.» - « Nausicaa.» murmura-t-elle doucement de sa voix claire. « Lariel ..» reprit Caliel d'un ton plus grave. « Je sais que j’abuse. Mais puis-je te demander un service ?»

Lariel était un homme profondément bon. Il n'avait pas raté sa vocation en naissance ange. Il accepta sans hésiter de s'occuper de Nausicaa le temps que Caliel règle ses affaires. Il eut même la gentillesse de ne pas demander ce qui préoccupait tant son ami. Caliel fit donc un signe de la main à son enfant, dans les bras de Lariel, déjà un jouet à la main, avant de partir à la recherche de Vanille. Il savait que la retrouver ne serait-pas de tout repos. Mais il avait besoin de savoir, et ce, peut importe combien la tâche serait difficile, combien de temps cela lui prendrait. Il savait Nausicaa entre de bonnes mains. Il pouvait se permettre de ne songer qu'à sa femme.

Caliel allait devoir être patient. Après tout, il n'était pas même sûr d'être sur le bon continent. Il avait simplement supposé qu'elle serait sur le continent du matin calme. Mais il était vaste. Comment la retrouver ? En menant une petite enquête. Tant pis s'il passait pour un fou furieux, il voulait interroger les passants pour retrouver les traces de sa femme. Il débuta ses recherches dans le quartier résidentiel et la rue commerçante. Mais il fit choux blanc. Peu étonnant, essaya-t-il de se rassurer, puisqu'il voyait peu Vanille se ressourcer dans des lieux aussi fréquentés. Il finit par atterrir au port. « Excusez moi ? Bonjour. Je suis à la recherche d'une jeune femme. Taille moyenne, très longs cheveux bouclés. Rousse. Avec les yeux verts. Souriante et vive. Ça vous dit quelque chose ?» Il répéta ces quelques mots un nombre impressionnant de fois. Sans jamais obtenir la moindre information intéressante. Jusqu'à ce qu'enfin, il entende les mots tant attendus.

« Ah ouais. Ça me dit quelque chose.» brailla un marin, à moins qu'il ne fusse pirate, en terminant son verre. Il marchait à grande enjambée sur la jetée, Caliel tâchait de suivre son rythme. Qu'il était compliqué d'aller au même pas qu'un homme ivre. « Je crois bien qu'elle était dans la même taverne que moi et les gars. Un coin mal fagoté pour une jolie nana pareille. Elle buvait juste des coups avec un noble à l'air paumé qui devait vouloir aller contre l'autorité de ses parents trop envahissants en allant dans un bar paumé.» Il rit grassement. « Elle avait l'air de plaire, la petite. Tout les gars voulaient lui … parler.» - « Où est cette taverne ?» demanda Caliel à bout de souffle. « Pas trop loin par là.» Il pointa lâchement du doigt une direction. « Merci.» Et Caliel pressa le pas.

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Jeu 08 Aoû 2013, 23:07


« Vous venez souvent dans les parages?» s'enquit un homme qui respirait l'alcool à plein nez. Vanille laissa un mince sourire étirer ses lèvres roses. Cet homme n'était pas si mal, dans son genre. Grand et brun, les yeux gris, il était légèrement musclé et plutôt poli. L'ivresse lui faisait dire des mots qu'il n'aurait prononcé en d'autres circonstances. La sirène n'eut pas de mal à deviner qu'il s'agissait d'un jeune noble, qui devait avoir une vingtaine ou une trentaine d'années. Dans ses milieux, l'autorité parentale était souvent prédominante, même à l'âge adulte. Il devait être en pleine crise de rébellion. Et cela expliquait sa présence en ces lieux malfamés. « Pas vraiment.» répondit-elle simplement d'une voix volontairement plus sensuelle que d’ordinaire. Elle but une gorgée de son verre, gratifiant le jeune noble d'un regard charmeur lorsqu'elle le reposa. « Je l'aurais parié !» s'exclama-t-il comme si cela avait été impressionnant. « Vous n'avez pas l'allure des filles d'ici. Vous êtes bien plus exotique.» Il s'approcha légèrement. Sûr de ses charmes, il était tout de même quelque peu présomptueux. « Vraiment ?» murmura la sirène en reculant de quelques centimètres son tabouret. « Quelque chose ne vas pas ?» demanda-t-il soudain, très certainement moins sûr de lui. « Vous n'êtes pas mon genre. Navrée.» Vanille sourit en se relevant. « Au revoir.» Et sans accorder un regard à qui que ce soit, la jeune femme tourna les talons pour quitter la petite taverne miteuse. Elle n'avait guère envie de s'attaquer à des brigands, des pirates, des marins ou des nobles en perdition, en cette magnifique soirée. Elle voulait viser plus haut. Ce qu'elle appelait ces proies de choix. Celles bien moins facile à attraper, mais tellement plus délectable à éliminer. Elle voulait soit un grand génie du crime, soit un politicien important, soit un noble influent. Ce serait tellement plus excitant.

Vanille longea d'un pas félin et élégant les rues du port. Elle ignora royalement les compliments plus ou moins flatteur et bien tournés qu'on lui lançait. Puis elle vit son visage. Caliel. Il était dans le coin. Vanille soupira Bien entendu, elle ne l'avait pas vu en personne. C'était son image dans l'esprit d'un passant qu'elle avait entraperçut. Quelqu'un songeait à sa rencontre avec l'Ange. « Il devait être en train de chercher sa femme.» rit un marin en gonflant le torse. « Si elle est par ici, je doute que ce soit pour pêcher.» ajouta un autre. « Pauvre mec … Si ma dame me faisait un coup pareil je crois que je...» L'ondine se désintéressa vite de leur conversation stérile. En ce qui la concernait, la présence ou non de son tendre époux ne changeait rien à ses plans. Et c'est sans le moindre scrupule que Vanille se rendit dans le quartier résidentiel. Caliel n'était pas le centre de ses préoccupations. Elle n'avait pas particulièrement tenu à ce qu'il soit témoin de ces actes. Mais s'il s'entêtait, il verrait. Et ce serait tant pis pour ces chastes yeux de créatures bénéfiques attachées à des principes idiots tels que la fidélité, l'honneur et la pureté. Des boniments tout juste inventés par les hommes pour mieux contrôler les femmes, d'après son humble avis d'éternel pessimiste.

«Toc toc toc.» Les trois coups résonnèrent, hésitants. De longues secondes s'écoulèrent lentement avant que la pâle lueur d'une bougie illumine doucement l'intérieur du manoir. Vanille pouvait discerner la flamme vacillante à travers les épais rideaux pourpres. Et quelqu'un ouvrit. C'était un vieux domestique. « Bonsoir. Que puis-je pour vous ?» La sirène n'eut pas le temps de prononcer la moindre syllabe qu'une autre voix résonna. « Bon sang mais qui peut bien venir frapper à notre porte à une heure si tardive ? Clark, si c'est encore un vagabond ou un religieux qui demande le gîte et le couvert, renvoie-le !» Un type d'une cinquantaine d'années fit son apparition. Il était grand, les traits sévères, avec un port de tête irréprochable. Malgré son âge, il était séduisant, quoiqu'un coup d’œil suffise à comprendre qu'il était le genre d'homme qui aimait contrôler les moindres brides de son existence, qui voulait être en tout point maître de la situation. Il poussa très légèrement son domestique pour se planter dans l'encadrement de la porte. La colère se lisait dans ses yeux. Et pourtant, il fondit comme un glaçon au soleil face au charmant spectacle qui l'attendait.

Vanille patientait, un petit sourire en coin sur ses lèvres pleines. La pluie battante dégoulinait sur sa longue chevelure. Une mèche courte ondulait faiblement sur son nez, et elle contemplait de ses grands yeux verts celui qui devait être le propriétaire des lieux. « Bonsoir.» chuchota-t-elle dans un souffle. Elle fit un pas en arrière, en passant une main dans ses cheveux. La longue robe claire qu'elle portait collait à sa peau, faisant apparaître ses formes pour le moins appétissantes. Professionnel comme jamais, le domestique l'observa un bref instant dans les yeux avant de reporter son attention sur son maître, qui lui ne se privait pas de reluquer ce cadeau tombé des cieux. « Vous avez besoin d'aide, ma demoiselle ?» C'était fou comme son dialogue avait évolué en quelques instants. Absolument répugnant. « Je suis désolée de vous importuner, monsieur. Je me suis faite surprendre par les intempéries. Pourrais-je vous demander … ?» Elle s’arrêta, subjective. « Mais bien entendue chère enfant. Je n'ai pas encore dîné. Avez-vous faim?» Le domestique leva les yeux au ciel devant ce mensonge grotesque. Il fila à travers le manoir, de toute évidence pour signaler aux cuisiniers qu'ils allaient devoir faire des heures supplémentaires. « Oui un peu. Merci monsieur.» - « Je suis le Lord Van Kraiten. Enchanté, ma demoiselle .. ?» - « Lucie De Merry.» C'était toujours tellement plus amusant que de se glisser dans la peau d'une autre, d'un personnage inventé de toute pièce pour les besoins d'une situation.

« Alors ?» s'enquit Vanille le plus calmement du monde. « Es-tu satisfait de ce que tu as vu ?» Elle rit brièvement, avant de porter une coupe de champagne à ses lèvres pour en boire quelques gorgées. La grande et luxueuse salle à manger était sombre. Quoi de plus normal au beau milieu de la nuit ? Un chandelier, au centre de l'immense table, éclairait faiblement quelques plats à peine entamés. A l'une des extrémités, la jeune femme patientait, assise sur une chaise confortable, les jambes croisées. Quelques rayons de l'astre lunaire perçaient à travers les épais rideaux pour caresser sa peau blanche et la faire doucement scintiller en des reflets argentés. Ses grandes mires claires luisaient comme les prunelles des chats. « Tu as perdu ta langue ?» ajouta-t-elle après quelques instants de silence. « Moi qui croyait que la curiosité te dévorait. Je t'aurais cru plus loquace face à la vérité que tu voulais tant.» Caliel, à l'autre bout de l’extravagante table, se gratta nerveusement la gorge. « Je ne peux pas accepter cela, Vanille.» finit-il par annoncer tranquillement, avec même une pointe de sévérité dans la voix. « C'est … c'est un accident.» Vanille leva les yeux au ciel dans un soupire. Sacré accident, tout de même. « Tu ne recommenceras plus. Si jamais c'est le cas, je ...» - « Oui ?» le coupa-t-elle brusquement. « Qu'est-ce que tu feras ?» Vanille se releva très légèrement, bras tendu, pour saisir une poire posée dans un immense saladier un peu plus loin. Elle croqua dans le fruit pendant que Caliel continuait : « Ce n'est pas un mode de vie sain. Tu as juste voulu tester la vie … Comment tu pourrais agir sur elle.» - « Oh je t'en prie Caliel. Tu étais là, tu as vu, je le sais. Je t'ai sentis nous observer. Je saurais même dire à partir de quand tu étais là. Tu es arrivée quelques minutes après la fin de l'apéritif. Et le début des festivités, soit dit en passant.» Elle fit une courte pause. «Mais j'ai envie de connaître ta version des faits. Qu'as-tu vu, ô mon tendre et cher époux ?» Il voulut protester, clamer haut et fort qu'il ne jouait pas à ce genre de jeu. Mais il croisa son regard de félin en chasse. À quoi bon protester ? Mieux valait la contenter. « J'ai vu un homme te séduire. J'ai compris qu'il était le propriétaire des lieux en écoutant vos conversations. Tu te laissais faire. Pire, tu en rajoutais. Il t'a invité à dîner. Tu as accepté. Vous êtes venu ici. À peine le repas commencé, tu t'es approché de lui, et tu l'as embrassé. Il était heureux, il a cru avoir réussis à t'avoir, mais tu l'a égorger avant qu'il puisse poser ses mains sur toi.» Caliel avala sa salive avec difficulté. Il tentait de paraître distant et froid, mais en réalité il avait le cœur au bord des lèvres. « Tu as éliminé tout les domestiques. Et tu es allée accueillir le jeune frère du maître du domaine qui revenait de soirée … et ...» Il secoua la tête, n'ayant aucune envie de prononcer les mots qui affluaient dans son esprit.

Vanille rit. « J'ai besoin de cela. Navrée d'être ainsi. Ce n'est pas un caprice de jeune fille qui veut découvrir les mystères de la vie sous tous ses aspects. Je fais tout cela depuis bien longtemps. Et compte sur moi pour continuer jusqu'à la fin des temps.» - « Pardon ? Tu as besoin de ça ?» Son ton s'emporta. « Tu as besoin de sauter sur le premier mec qui te plaît pour coucher avec, le tuer, et anéantir toute personne dans un rayon de cinq cents mètres ?» - « Ah. Tu commences à saisir. Ne me fais pas ses yeux, Caliel. Tu savais. Depuis le début.» - « Oui. Et le pire est peut-être que je t'ai aimé ainsi et que je continuerais à t'aimer, peu importe ce que tu feras.» - « Voilà donc une bonne nouvelle, je n'avais pas pour projet d'arrêter.» - « Tu l'as fait, pourtant. Pendant quelques temps.» - « J'ai essayé. Pour voir.» - « Et donc au final ? Je ne te satisfais pas pleinement ?» - « Non.» Un simple mot des plus banals qui résonnait cruellement dans les pensées du pauvre Ange. « Nous allons avoir un problème … » articula-t-il en sentant des larmes au coin de son œil. « C'est aussi mon avis.» - « Et si on rentrait ?» - « La mort t'indisposerait-elle, mon bel ange ?» D'un regard, il implorait sa dulcinée de continuer à faire semblant.

Elle avait eu raison. Il aurait dû canaliser ce besoin morbide de savoir. Vanille avait d'étranges occupations. Pour vivre, elle devait tuer, elle devait user de son charme et s'en complaire dans les bras d'autres hommes. S'il voulait la garder, il devait l'accepter. Mais le pourrait-il ? Doucement, il tourna la tête pour observer sa femme qui discutait paisiblement avec Lariel. Il ne se doutait de rien. Elle parvenait même à tromper les siens tant son aura respirait la pureté. Nausicaa, en quelques bonds agiles, sauta sur les genoux de sa mère. Et chose exceptionnelle, celle-ci sourit et serra très légèrement l'enfant contre elle. Elle ne parut pas s'en rendre compte. Était-ce après avoir commis ces atrocités qu'elle devenait le plus humaine ? Ou n'était-ce qu'un petit jeu pour le détruire un peu plus chaque jour ?

Quoi qu'il en soit, il devait le supporter.

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Sam 10 Aoû 2013, 00:08


C'était un jeu cruel et malsain. Vanille s'employait à rendre la vie impossible à son tendre et aimant époux, qui malgré ces frasques ne parvenait guère à lui en vouloir et continuait à l'aimer éperdument. Peut-être était-ce le plus dur pour le pauvre Caliel. Il voyait clairement les intentions de sa femme, sans parvenir à se détacher d'elle. Elle était l'Unique dans son cœur et son esprit.  Irremplaçable, il ne pouvait en être autrement. Il ne pouvait vivre sans elle. Mais de toute évidence, il ne relèverait guère du sacrifice pour elle que de se passer de lui dans son existence. C'était dur et blessant, mais c'était ainsi. Sa belle était une femme tout droit sortie de l'imagination d'un dieu poétique, une merveilleuse créature aux allures d'ange, un rêve éveillé … Un doux cauchemar qui mènerait à sa perte. « Papa !» Caliel tourna très légèrement la tête, un maigre sourire aux lèvres. Les bras tendus, il attrapa au vol sa fille qui voulait lui sauter dessus. La petite se mit à lui parler, à toute vitesse, pour lui raconter des histoires, celles de sa journée. Il avait toujours été un père attentif et protecteur. Mais il ne parvenait plus à se concentrer sur les dires de la fillette. Il voyait, un peu plus loin, Vanille assise sur le rebord d'une fenêtre, une pomme dans la main. Elle croqua avidement dans le fruit, ses grands yeux rivés sur lui. Il était obnubilé pour la sirène. Pas parce qu'il la trouvait plus jolie qu'un autre jour, pas parce qu'il avait envie d'elle, ou qu'il souhaitait lui parler. Non. Simplement parce qu'au fond de lui il savait. Que voir d'autre dans les prunelles vertes de Vanille, si ce n'est une certaine sauvagerie ? Ses jours étaient comptés. Caliel ferma doucement les yeux, serrant très légèrement Nausicaa contre lui. Il aurait pu partir. Il aurait dû s'enfuir. Mais il en était incapable. Quelques heures de malheur lui semblaient préférables à des années sans elle. C'était stupide. Mais c'était ainsi. Pendant longtemps, il n'avait pas cru à ses histoires d'âme-sœur et de destin forcé. Mais face à l'ondine flamboyante, il ne pouvait que se rendre à l'évidence. Elle était sa drogue. Même s'il frôlait l'overdose, il ne pouvait s'arrêter. Il était accroc. Pour le meilleur et pour le pire. Jusqu'à la mort.

Des mois s'écoulèrent. « Comment vas-tu, Caliel ?» murmura Vanille à l'oreille de son Ange, allongé dans le lit, dissimulé sous d'épaisses couvertures. Il ne répondit rien. Il ne réagit même pas lorsque sa femme posa doucement une main sur son épaule.Le regard légèrement dans le vide, les pupilles dilatées, il contemplait comme si sa vie en dépendait l'une des planches de bois droit devant lui du mur qu'il avait lui même bâti. « Mon pauvre Caliel … » soupira-t-elle d'une voix rieuse. « Veux-tu que je t'apporte de l'eau ?» Malgré son mutisme, Vanille lui amena un verre. « Prends soin de toi.» Et elle fila dans le salon. Vite prise d'assaut par une Nausicaa qui voulait jouer à cache-cache dans la forêt, la maison fut vite silencieuse. C'est à ce moment-là qu'il prit sa décision.

« Vanille ? » C'était la nuit. L'ambiance était calme et paisible. Il résonnait une douce mélodie, celle de la nature enchanteresse de cette drôle de forêt. « Oui ?» Elle était sereine et tranquille. Caliel, lui, tâchait d'être calme. Mais il devait se concentrer sur sa respiration pour le paraître. « J'ai une question à te poser.» - « Et bien lance-toi.» - « Est-ce que tu me ferais une promesse ?» - « Ouch. Ce n'est vraiment pas mon fort. Tu peux toujours essayer, mon amour, je ferais de mon mieux pour te contenter.» - « Je veux que tu t'occupes bien de nos filles. Ou du moins, je ne veux pas que tu leur fasses du mal.» - « Mais voyons, pourquoi est-ce qu'il en serait autrement ?» répondit-elle doucement en feignant la surprise et l'incompréhension. « Ne joue plus à ça, Vanille.» - « Ai-je déjà fait du mal au filles ?» - « Non.» - « Ai-je déjà parlé de leur en faire ?» - « Non ...» - « Est-ce que j'étais là lorsque notre première enfant nous a été enlevé ?» - « Non ...» - « Étais-tu présent, toi ?» - « Oui ..» - « Est-il arrivé quoique ce soit à Nausicaa lorsque je veillais sur elle ?» - « Non ...» - « Quant est-il de ton coté ? A-t-elle été blessé en ta présence ?» - « Oui ...» - « Tires-en tes propres conclusions.» - « Tu sais très bien de quoi je parles.» - « En effet.» - « Alors pourquoi fais-tu cela ? Pourquoi me dis-tu cela ? À quoi est-ce que ça t'avance ?» s'emporta-t-il. « J'aime ça.» Quelques secondes passèrent, puis Caliel se décida enfin à murmurer d'une voix faible. « Promets-moi de ne pas chercher à les tuer.» - « S'il n'y a que ça pour te faire plaisir, je n'y vois pas d'inconvénient.» Elle pouvait réserver à ses enfants des sorts bien pire que la mort. « Bien. Merci.» - «Je t'en prie. Je suis comme ça que veux-tu.» Elle rit face à l'expression de son mari.

« Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être. » récita doucement Vanille d'une voix rythmée, sur un ton délicat. Assise sur le grand canapé du salon, elle contemplait la porte de la chambre, sans la moindre expression sur ses traits angéliques. Un drôle de bruit résonna. « Beaucoup se laisse tromper par les apparences.» Un bruit sourd. « Rares sont ceux qui ont l'intelligence de voir … » Un mince sourire étira ses lèvres. Il était malsain. « … ce qui se cache derrière les masques.» Et tout fut étrangement silencieux.

Nausicaa se réveilla soudainement, en pleurs. Vanille se leva pour aller la rejoindre. « Chut mon bébé.» souffla-t-elle en passant ses longs doigts froids sur le front de la petite. Elle tendit ses petits bras, tremblante. « Ne t'en fais pas, ça va aller.» Elle la serra contre elle. « On s'en va d'ici. Prépare tes affaires ma puce. Maman va faire les siennes.» - « Il est où papa ?» demanda-t-elle en reniflant. Un phénomène étrange que celui-ci. Comment pouvait-elle savoir qu'il n'était plus ? Elle avait ressentit sa mort. Malgré sa question, elle savait la vérité. « Il est parti. »

« Je sais que cette lettre ne servira à rien. Comment être certain que toi, ma belle Vanille, tu prendras ne serait-ce le temps de la lire ? Ou même de la jeter au feu … Je t'imagine bien t'en aller, sans même te retourner, sans avoir pris la peine de baisser les yeux sur ce pauvre bout de papier. Mais je te connais. Et je compte bel et bien sur ta curiosité maladive, et j'espère que tu liras ces quelques mots. Jusqu'au bout, s'entend. Tu as été la meilleure chose de mon existence, malgré tout. J'ose croire que mon visage hantera tes pensées pour de longues années encore. Car nous étions mari et femme. Car je t'aimais. Et je veux croire que toi aussi, tu as éprouvé ce sentiment envers moi, même pour quelques instants. Je ne sais plus quoi écrire, car à vrai dire, Je n'ai pas grand chose à raconter. Je ne t'ai jamais rien caché. J'ai aimé jusqu'à atteindre la folie. Ce que certains appellent la folie, mais ce qui pour moi est, la seule façon d'aimer.» Vanille passa doucement sa paume sur l'écriture rapidement griffonné. « Ah mon pauvre Caliel.» dit-elle tout haut. « Tu aurais pu m'écrire une plus jolie lettre d'adieu, pour ton grand départ.» Elle se mit à déchirer les dernières paroles de son époux. « Je suis déçue.» Elle ne jeta pas un coup d'oeil au cadavre. Et elle quitta ses lieux, une valise dans une main, celle de Nausicaa dans l'autre. Kesmos suivit le mouvement sans broncher, à la découverte de nouveau horizon.

Vanille rouvrit lentement les yeux. Se replonger ainsi dans son passé avait été pour elle une expérience pour le moins intéressante. Bien des années s'étaient écoulés. Des siècles, même. La jeune femme pouvait revivre avec un certain recul sa vie d'autrefois. Regrettait-elle ce qu'elle avait fait ? Ce n'était pas forcément des plus aimables de pousser son mari au suicide. Pendant des mois, elle avait pression pour lui, jusqu'à le faire craquer. Et elle avait réussis. Comme toujours. Mais cet homme l'aimait réellement, peu importe son comportement. Peut-être aurait-elle dû le garder auprès d'elle. Il aurait pu se révéler utile. Un vrai petit soldat à sa botte.

Que ressentait-elle pour Caliel ? Qu'avait-elle éprouvé à son égard ? Tout cela était bien flou dans son esprit. Mais elle se souvenait d'une étrange sensation passagère. Un petit bruissement au fin fond de son cœur glacé. Peut-être qu'elle l'avait aimé. Elle ne pouvait cependant l'affirmer. D'autant plus qu'elle n'avait eu aucun mal à se débarrasser de lui, et cela n'avait rien à voir avec un espèce de crime passionnel. Oui, peut-être qu'elle l'avait aimé. Mais ce n'avait pas été important. « Alors ?» demanda une voix forte. Vanille n'eut pas à se retourner pour reconnaître Hao. « Tu m'as suivis, vil démon ?» Elle se releva en riant. « Je plaide coupable. Sans la moindre honte. J'avais simplement envie d'en savoir un peu plus sur toi.» - « Tu sais, j'ai tué pour moins que ça.» - « Vanille, tu as tué des gens sans la moindre raison parfois. Alors bon, je sais quels risques je cours.» - « Tant mieux.» - « J'ai pensé à quelque chose, en t'observant.» - « Réellement ?» - « Je ne t'ai jamais vu pleurer. » - « C'est normal, il aurait fallu que je verse la moindre larme dans ma belle existence.» - « C'est bien ce qu'il me semblait. Est-ce qu'au moins tu en es capable ?» Il avait l'air intrigué, le regard curieux. « Prévoirais-tu quelques sordides expériences sur ma petite personne ?» Il rit. « Non, je tiens à la vie. Tu m'aurais massacré avant que je m'approche d'une de tes boucles.» - « Alors tu as ta réponse.» - « Pardon ?» - « Réfléchis un instant.» - « Sur ?» - « Mes réactions. » Pensif, il se mit à songer. Puis ce fut l'illumination. « Face au désespoir ou quelque chose d'approchant, tu deviens violente, mesquine, sanguinaire … Ce genre de choses absolument délicieuses. » Il hocha la tête, compréhensif. Vanille sourit. « Alors ma princesse, c'est quoi la prochaine étape ?» - « Réveiller Nausicaa.» Hao siffla, comme admirateur. « Je pourrais assister à cela ? Ça m’intéresse.» - « C'est hors de question. Que je sois claire, mon beau brun ténébreux, si jamais tu me suis, je t'écrase. Et tu peux oublier tes nuits d'amour.»

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