Ritournelle, s'approchant de calypso, vit que son agitation était seulement due à son compagnon, qui visiblement avait trouvé le refuge de quelques phasmes, bien cachés dans un pot de fleurs, ou assez peu cachés, finalement. Une querelle était en vue, elle préféra s'éloigner, en leur proposant, pour rire, un peu d'écorce de chêne pour les calmer.  Visiblement, l'elfe était nulle en humour. Du moins, en langue étrangère.  Elle regarda Arel, qui avait toujours un calepin en main. Visiblement, celui là n'était pas venu dans la boutique pour lui acheter des remèdes, mais plutôt pour dessiner.  Soit, si ça lui plaisait...

Quelqu'un ouvrit, la porte, c'était Loiwa, sous sa forme humaine. L'homme-corbeau avait des cheveux hideux, mais semblait s'être calmé. Il la regarda avec un air mauvais, pour manifester son mécontentement et prit l'escalier vers le premier étage, sans parler. L'elfe avait pitié de lui, mais ne savait pas du tout commet corriger son erreur de potion. Il lui faudrait même probablement de l'aide. Elle s'approcha de la porte, pour retourner un petit panneau. A présent, les passants pouvaient voir marqué "fermé" sur l'écriteau. Le soleil déclinait, et l'elfe avait envie de finir assez tôt.

Elle regarda son bureau, et vit Jun, assis derrière sa caisse, affalé sur la chaise.  Que faisait il ainsi ? Elle s'approcha à pas de loup, pour constater qu'il s'était endormi.  Dans une position inconfortable, et surement très mauvaise pour son cou. Pourtant, si il avait choisi de dormir, et de surcroit dans sa boutique, c'est qu'il devait vraiment en avoir besoin. Alors, elle le laisserai dormir, mais pas ainsi affalé.

Elle trouvait ça très gentil, qu'il soit resté. Même si elle devait faire son travail et avait moins de temps qu'elle voulait à lui consacrer, elle était joyeuse. Le savoir en vie, elle en avait du baume au cœur, et sa bonne humeur lui permettait d'être un peu plus efficace, et moins fatiguée.

Elle savait bien que cet homme n'était pas un saint, ni un ange. Mais la nature était ainsi. Chacun avait un rôle, bon ou mauvais. Et elle savait qu'il était mauvais, elle ignorai juste à quel point. Ce n'était pas une discussion qu'elle souhaitait avoir avec lui, après tout, avec elle, il n'était pas mauvais.

Pleine de bonnes intention, elle monta chercher un coussin rembourré au coton, et s'empressa de le placer sous la tête de Jun, bien calé avec le dossier de la chaise. Elle procéda avec douceur pour essayer de ne pas le réveiller. Ainsi c'était un peu mieux, mais pas parfait. Pendant que les clients arpentaient la boutique et vaquaient à leurs occupations, elle fit un peu de rangement, éplucha ses fleurs pour enlever les feuilles fanées, tout en pensant à ses petites préoccupations... Jun si il était réellement sorcier, aurait probablement su l'aider à lire la recette de sa teinture, mais ça aurait prouvé qu'elle en savait plus qu'il y paraissait. Après tout, la petite Aria avait été bavarde au sujet des souverains quand elles étaient parties chercher le chat de Cherchiran. Et elle lui avait fourni un bon lot d'informations, qui s’avéraient au final inexactes.

Elle aurait refusé de perdre un ami, sachant que leur entente était basée sur les non dits, et le secret. Donc, pas de demande d'aide, elle devrai se débrouiller seule. Elle devait faire semblant d'ignorer, il devait faire semblant d'être ce qu'il n'était pas. Pour elle, ça n'aurai probablement rien changé. Si ce n'est un rapport un peu plus froid, et plus "officiel". Finalement, elle ne regrettais pas ce silence, elle s'en contentais. Et moins elle serai curieuse, mieux ça irai, elle le savait.

Elle s'approcha de nouveau de son bureau. Après une dizaine de minutes, Jun dormait encore et ses clients, semblait s'émerveiller de toutes les fleurs de la boutique. Ils étaient apparemment resté assez longtemps pour qu'une Belle de jour ait effet sur eux.  La belle de jour étant une plante fleurie ayant des propriétés bienfaisantes. Les spores diffusés pouvaient provoquer une sensation de bien être voir d'euphorie si on restait trop exposé.  Avec l'habitude, cette plante n'affectait plus autant, L'elfe était donc immunisée et ne ressentait plus ses effets.

L'elfe regarda de nouveau Jun, toujours endormi, ou faisant semblant de dormir.  La positions qu'il tenait en donnait mal au cou à l'elfe. Alors elle s'approcha, et décida de le masser. Elle était plutôt adroite de ses mains, mais manquait surement de pratique à cet exercice, faute de cobayes. Elle essaya de le réveiller, en douceur. Le visage de l'elfe était redevenu normal, sans tâche rouges, d'une blancheur quasi maladive, on aurait même pu voir les veines passer sous sa peau diaphane. Les cernes étaient là, mais le sourire était revenu, sincère. Elle n'avait pas envie de le voir partir. Tant que personne n'aurai besoin d'elle, elle resterai là, à profiter un peu du bonheur, que la vie lui offrait si rarement.

Elle ne l'avouait pas, mais la solitude la pesait. Ses clients ne faisaient que passer, et le soir, elle se retrouvait seule, bien trop fatiguée pour sortir, et espérer rencontrer du monde autrement qu'en étant "la vendeuse de plantes". Ici, on la voyait comme une marchande, pas comme un femme, pas vraiment comme une personne.  à part peut être le garçon au dessin, qui s'était étonné de ses oreilles.

Elles n'étaient pas si étranges ces oreilles... Il fallait juste s'y habituer.

HRP:

Finalement, les choses ne se passèrent pas comme l'elfe l'espérait, et Jun se réveilla.

"Vous"

Oui, elle, qui voulait il que ce soit d'autre ? Il s'était endormi sur sa chaise derrière son bureau, et dans sa boutique. Alors il paraissait évident qu'à son réveil, ce soit elle qui soit présente. Pour elle, ça tombais sous le sens. Ce qu'elle prit pour une question, n'était qu'une phrase inachevée.

Il approcha sa main d'elle, vers le visage pour lui caresser la joue.  Elle s'empressa de penser qu'elle avait encore trouvé un moyen de se salir, et que lui, trop poli pour lui faire remarquer était en train de la débarbouiller.  Sur le coup, c'était gênant. Mais elle ne dit rien, et lui sourit. C'était gentil de sa part, de ne rien dire sur sa tenue incorrecte, pensait elle.

« Vous savez, vous devriez peut-être éviter de vous rapprocher trop des hommes. ».

Elle le dévisagea, cherchant à comprendre ce que voulait dire le mot "éviter".  Visiblement, son comportement lui posait problème. Elle était consciente d'un certain danger, celui de peut être un jour servir d'otage au roi des génis, Naram-sin. Le seul danger duquel elle était au courant, ou du moins, croyais l'être. C'était pour elle un petit risque à prendre, pour apporter le bonheur. De toute façon, pour elle, le bonheur était sa raison de vivre, qu'elle l'apporte, était la petite "mission" qu'elle se fixait. C'était à se demander si la naissance de cet elfe là était vraiment due au hasard, ou bien au chagrin d'un ange, puisqu'on disait que le chagrin d'un ange provoquait, quelque part, la création d'un être bénéfique.

« Les hommes sont assez imprévisibles en général. »

Disait il, avant de l'attirer contre lui. Imprévisible ? Elle comprenait ça au sens "surprenant". En traduisant dans sa langue natale. Celle avec la quelle elle pensait, d'ailleurs... Oui, s'était certain. Il lui demandais de faire attention aux hommes et de s'en éloigner, et il l'étreignais. Comme si lui même n'était pas tout à fait d'accord avec ce qu'il racontait.  Comment pouvait elle avoir envie de le fuir, lui qui étais si gentil, et si altruiste envers elle ?

« Merci de prendre soin de moi. J'aimerai vous donner autant mais je crains n'être pas très bon pour garder des relations sur le long terme. Je n'aimerai pas, un jour, vous retrouvez morte simplement parce que vous avez essayé d'être agréable avec moi. ».

Et pourtant, pour l'elfe, rien ne pouvait être pire que son isolement et son manque de relations humaines. Elle aurai même trouvé que mourir pour une personne qu'on aimait, était une façon merveilleuse de quitter ce monde.  C'était ce qu'elle pensait, depuis toujours. Elle avait failli par deux fois trouver la mort. La vie pour elle était donc comme une dette, qu'elle devrai rembourser, une sorte de sursis que la mort lui accordait. Elle n'était pas pressée, bien sûr, mais n'avait pas ce rapport à la mort fatidique que beaucoup avaient. L'heure devrai arriver un jour, comme pour tous.

« Je ne vous connais pas depuis longtemps mais je tiens à vous. ».

Il la lâcha. Finalement, c'était lui qui avait peur de la voir morte, plus qu'elle n'en avait peur. Sa peur à elle, c'était d'être immortelle, et condamnée à la solitude. La prison dans son esprit, était pire que la mort.

« J'espère que l'on se reverra même si il vaudrait mieux pour vous que ce ne soit pas le cas. »

Elle laissa tomber sa mâchoire, ne sachant que dire. Oui, il avait intérêt de revenir, ou bien de lui permettre de le retrouver. Parce qu'elle aussi, tenais à lui. En la part bénéfique de cet être, qui semblait s'accroitre à ses côtés. Après un temps, elle lui saisit une main et la serra contre elle.

"Ne craignez pas trop pour moi, et revenez quand vous attraperez envie, s'il vous plait."

Et il disparut. Comme la première fois.  Elle tenta de rester de marbre, même si au fond, elle éprouvait une grande tristesse. Il se pouvait qu'elle ne le revoit jamais. Elle n'afficha rien, parce qu'elle savait ne pas avoir à se plaindre de ça. elle avait déjà de la chance, qu'il soit revenu, même si ce n'était qu'une seule et dernière fois. Elle chassa cette pensée néfaste de son esprit, pour la remplacer par plus positive. Par le fait, qu'il avait dit tenir à elle. C'était un ami.

Arel, qui avait passé un temps à contempler le plafond, s'avançait vers elle, son carnet de croquis à bout de bras.

Enchanté, je me nomme Arel.

Elle était rouge. Pas maintenant, mais sur le dessin. Quelle était cette couleur affreuse sur son visage ? Et était il simplement possible qu'une telle couleur ait pu un jour apparaître sur quelqu'un.  Elle savait qu'elle avait tendance à avoir les joues roses, mais là, c'était tout de même exagéré pensa-t-elle. Pourtant, elle avait tort, Arel n’exagérait qu'à peine sur l'intensité de la couleur de ce croquis.

C'est... Joli ! Moi les gens m'appellent Ortie.

C'est joli.  Ce que l'elfe disait à chaque fois qu'elle ne savait quoi dire quand elle trouvait une chose étrange, et qu'elle n'avait pas de mots communs pour faire part de son impression. Si elle avait su parler correctement, elle aurait dit quelque chose du genre " C'est de l'art moderne, ou bien de l'art abstrait, que cherchez vous à montrer à travers la couleur... ?"

"J'aime beaucoup vos oreilles, ainsi que vos yeux. Pourriez-vous m'en apprendre plus sur vous ainsi que ce lieu qui regorge de choses inconnues?"

Il la fixais, comme si elle était la science infuse. Et il aimait ses oreilles, et ses yeux.  Par aimait, elle comprenais "vouloir acheter, vouloir prendre"

Je ne vend pas mes yeux, ni mes oreilles. Dit -elle d'un air offusqué. Et tout apprendre ici ? Mais il faut des années... Et moi... je suis l'elfe, Ortie, cela ne vous suffirai pas comme description ? Ici, Je vends des plantes de soin contre les maladie. C'est mon travail, voyez vous. C'est une pharmacie.

Quel étrange homme.  Jun avait raison. Ils étaient imprévisibles.