Je semble être morte autant de mon enveloppe charnelle que de mon esprit. La solitude m'a rongé et il ne reste peut-être qu'une petite braise de vie en mon cœur. Et pourtant, il ne suffirait que d'un souffle pour qu'elle ne s'éteigne. Je tends lentement une main vers ce qui me semble être une urne dans un colombarium du cimetière, un petit endroit où quelques personnes avaient déposés une urne avec le nom gravé de l'être cher. Ma main se tend vers une urne. Mais je vois qu'elle tremble et je ferme lentement les yeux, prise d'un léger vertige. Je retire ma main et pousse un soupire. Je suis encore incapable de toucher une urne. Pas que je ne sois pas matérielle. Simplement parce que pour moi, je ne peux pas les toucher. Elles sont en quelque sorte sacrée, c'est la mort. Je me redresse calmement et je recommence à marcher. Je suis une véritable ombre errant dans le cimetière. Je ne cherche aucun but précis. Je ne souhaite que la paix mais je paye pour la solitude qui est en train de me ronger au plus profond de moi-même. Evanyl est ma seule amie, ou si je dois vraiment la surnommer ''amie''. Pour moi, elle est une personne en qui je peux avoir confiance et avec qui je ne me dispute pas. Mais je ne lui dirais pas tout, ni mes secrets. Alors je ne dirais pas vraiment qu'elle est mon ''amie''.

Je m'arrête devant une tombe. Toujours la même. Lentement, mes genoux me lâchent. Mes mains atterrissent au sol et ma tête se laisse tomber par l'avant. Mes longs cheveux d'un noir corbeau cachaient ainsi mon visage et pour une fois depuis tant d'années, des larmes coulent sur mes joues. Je serre lentement les poignes. Mes doigts raflent la terre au passage. Celle-ci se met sous mes ongles. Cambrant soudainement le dos, mes cheveux firent une demi lune au passage. Mes yeux rouge semblèrent entrer en défi avec le noir du ciel en cette nuit. Un violent hurlement s'échappait de mes lèvres. Je semblais être redevenue une démone, de mon passé. La rage habitait maintenant mon cœur mais dès que mon cri fut terminé, tout chez moi se relâcha. Mes muscles se relâchèrent tels des ressorts et je me laissais choir sur le côté. Je commence à sangloter, morte de chagrin. Telle fut la décision de m'enlever la vie: la rage et le chagrin. Tout le monde m'a abandonné, m'a détesté. Je ne vis plus pour les autres, ni même pour moi-même. Je suis le fantôme de mon passé.

Je suis restée en position fœtale pendant environs une bonne heure avant de me redresser. Le soleil se levait à l'horizon. Déjà? Je me souviens à peine de ce que j'avais fait de ma nuit mais dans tous les cas, la rage que j'avais éprouvé devant les deux tombes de mes parents avaient été si immenses que le hurlement que j'avais poussé était devenu naturel, sauvage et bestial. Je n'avais pas pu l'empêcher de traverser mes lèvres. Je baisse les yeux et ouvre mes paumes vers le ciel mais serre un peu les doigts pour faire venir le dessous de mes ongles à me vue. Je vois la terre noire en-dessous de ceux-ci. Ce n'était donc pas un rêve éveillé. J'avais vraiment eu cette poussée en moi. Je sentis un tremblement persistant me traverser le corps pendant quelques secondes, une dizaine peut-être bien, puis il s'arrêta. Je tournais alors les yeux vers l'entrée du cimetière. Je vois quelqu'un y pénétrer. Mais la chevelure turquoise me rassure. C'est la bélua qui arrive. Mais je ne souhaite pas venir à sa rencontre. Pas tout de suite du moins. Elle sait que ce doit être moi qui vient le voir. Evanyl respect mon silence et mon besoin de solitude et je lui dois ainsi cette gratitude.

Je m'assure d'enlever la terre et la poussière de mes vêtements avant de me redresser. Soudain, je tourne de nouveau la tête vers l'entrée du cimetière. Cette fois-ci, ce n'était pas Evanyl qui entrait en ces lieux. C'était une personne que je ne connaissais pas. Encore un inconnu! Je me penchais pour enfiler ma cape et je rabattais mon capuchon sur ma tête. Je couvrais ainsi la moitié de mes visage dont mes yeux. Je me dirigeais vers un coin plus sombre, pour voir ce que cette personne venait faire dans le cimetière à cette heure si matinale. Le soleil n'avait même pas finit de monter dans le ciel...

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