Lysis me souleva au-dessus du sol. Ainsi perché dans ses bras, je posai ma tête dans le creux de son cou. Soudain, j’entendis un claquement sourd. Je relevais la tête pour remarquer que la porte et la fenêtre étaient désormais fermées. Etait-ce Lysis qui venait de faire cela ? Je croisais son regard bleuté tandis qu’elle m’amenait sur le lit. Je restais sur ses genoux tandis qu’elle me parlait d’une voix douce et mélodieuse. Elle m’expliqua que, contrairement à ce qu’elle venait de dire, les étoiles filantes ne parlaient pas. Mon regard devint interrogateur et j’attendis des explications plus approfondies. Elle m’expliqua brièvement ce qu’était les étoiles tandis qu’elle appuya sur mon nez. Elle m’adressa un sourire que je lui rendis en appuyant sur le sien. Il était froid.

Elle me promit de retrouver mes parents. J’espérais vraiment qu’elle tiendrait sa promesse. Je lui faisais confiance pour m’aider à retrouver papa et maman. J’avais vraiment envie qu’ils soient bientôt avec moi. Ils me manquaient fort. Lysis me dit que maman m’aimait et qu’elle m’aimerait toujours. De plus, elle était sûre qu’elle me cherchait. J’espérais vraiment que c’était vrai. Enfin, celle qui était devenue bien plus qu’une amie m’avoua qu’elle m’aimait. C’était l’une des rares personnes qui m’avait dit ces quelques mots qui réchauffait mon cœur. Je la regardai dans les yeux avec un sourire. Je l’aimais vraiment beaucoup moi aussi.

Enfin, elle m’annonça qu’il était trop tard pour prendre un bain. Dans une certaine mesure, j’étais assez content. Je n’aimais pas vraiment la sensation de l’eau sur mon corps. Mais je me promis de faire un effort et d’en prendre un le lendemain avant de partir. Alors qu’elle me soulevait pour me mettre dans le lit, je protestai un peu.

« Mais…je ne suis pas fatigué… »

Une fois bien installée dans le lit chaud et douillet, mes yeux commencèrent déjà à se fermer.

« Marraine Lysis… Je t’aime….au..s.s.. »

Je m’étais endormi tout en lui parlant. Ce fut l’une des premières nuits depuis que j’avais quitté le manoir silencieux où je faisais de magnifique rêve. Je me voyais parcourir le monde avec mon amie et apprendre plein de choses sur moi, les autres et sur ce monde.

Lorsque je me réveillai, la jeune femme n’était pas encore debout. Elle s’était endormie à côté de moi. Je bougeai lentement pour ne pas la réveiller et me mis debout. Bomby, lui, s’était réveillé en même temps que moi à l’autre bout de la pièce. Nous nous rejoignîmes au milieu de la salle et je lui chuchotais.

« Il faut que je prennes un bain. Elle sera contente comme ça. Tu m’aides ? »

Pour réponse, il se dirigea vers la salle de bain. Je me déplaçai lentement, ne voulant pas la réveiller. Une fois dans la salle, il y avait une grande bassine avec une sorte de pompe. Je pompai plusieurs fois pour faire couler l’eau dans la bassine. Quand elle fut pleine, je plongeai dans l’eau. Je n’avais pas pensé que l’eau déborderait quand je rentrerais dans la bassine. Ainsi, la salle fut bientôt inondée. De plus, l’eau était gelée. Il devait y avoir un système pour la chauffer mais je ne l’avais pas compris. Je laissais donc sortir un cri en m’immergeant dans le bain. Bomby, croyant qu’il y avait un danger, n’hésita pas à plonger. S’il avait grossit la veille, il récupéra bientôt sa taille normale au contact de l’eau avant de s’enfuir : même s’il m’aimait l’eau était une barrière trop grande à franchir. Alors que j’étais épris par la fraicheur du liquide, mon corps s’embrasa malgré moi. L’eau s’évaporait autour de moi tandis que j’étais en flamme. Bientôt, ce fut la bassine qui commençait à prendre feu ainsi que toute la pièce.

Les flammes se baladaient tout au long de mon corps. Je n’étais plus réellement conscient. C’était comme si elles s’étaient emparés de mon âme toute entière. Je me consumais d’une rage et d’une violence que je ne me connaissais pas. Autour de moi, tout s’embrasa pour se réduire en un amas de cendre. Une fumée dense embrumait l’étroite salle de bain. Je sentis Bomby se rapprochait de moi. Il semblait soutenir la chaleur. D’ailleurs, j’avais l’impression qu’il s’en nourrissait comme il n’avait fait la veille avec le feu de la cheminée.

Bientôt, Lysis apparut à l’encadrement de la porte. Je ne comprenais pas vraiment ce qu’elle me disait mais à voir son visage, je déchiffrais que l’heure était grave. D’un geste de la main, elle se débarrassa de la plupart des flammes, m’enveloppant dans un bouclier. Je savais qu’il fallait que je récupère l’entier usage de mon corps. Cependant, je ne savais pas comment maîtriser ce feu qui brûlait en moi. C’était la toute première fois qu’autant d’énergie me parcourrait. La toute première fois que j’étais en phase avec mon élément. Si seulement j’avais pu apprendre à le contrôler. Si seulement mon père était là. Je m’efforçais de chasser ces idées de ma tête mais, à chaque fois, elles revenaient au galop, intensifiant les flammes qui m’entouraient.

Je luttais pour redevenir moi-même : le gentil petit garçon qu’elle aimait. J’essayais de me calmer. Je respirais fort et de plus en plus lentement : en vain. Soudain, j’eus une idée. J’allais arrêter de lutter et me laisser aller. J’allais me laisser bercer par mon être tout entier Je ressentis un bonheur intense. C’était comme si un blocage venait de disparaitre en moi. J’avais l’impression de pouvoir moduler le feu aussi facilement que je bougeai mes bras. Je les fis diminuer peu à peu pour qu’enfin elles disparaissent, laissant place à mon corps intact. Je restai quelques secondes debout avant de tomber lourdement sur le sol.

Le choc fut aussi violent que le bruit qui en découla. Je me relevai péniblement, un peu fatigué. J’étais honteux de ce que j’avais fait : j’avais incendié la salle d’eau et, en plus, j’avais réveillé Lysis. Je regardai le sol en m’excusant.

« Désolé Lysis… J’ai pas fait exprès… »

Trouvant que ce n’était pas suffisant, je me justifiai.

« Je voulais prendre un bain pour te faire plaisir mais c’était froid et… »

Je m’arrêtai dans mes explications. J’étais incapable d’expliquer ce qui venait de se passer. Mon corps avait réagi seul à cette agression. Je continuai à fixer le sol, sans bouger. J’avais peur qu’elle décide de me laisser tout compte fait. J’étais dangereux. Peut-être avait-elle peur de moi maintenant ? Je me tortillais les mains en attendant son verdict.

Lysis ne m’en voulait pas. Elle était même fière que j’ai pu contrôler – ou tout du moins dompter – la magie qui était la mienne. J’avais pu prendre le contrôle des flammes et les éteindre. Pour une première fois, cela semblait être pas mal. Elle m’expliqua que je devais apprendre à maîtriser ce qui était en moi et qu’un jour le feu deviendrait l’un de mes plus puissants alliés. Suite à cela, je me demandais comment mon père s’était débrouillé pour dresser son élément. Sans doute aurait-il pu me l’apprendre s’il avait été là. Enfin, Lysis serait certainement capable de le faire mais, pour le moment, elle me porta jusqu’au lit et m’aida à m’habiller.

La jeune femme semblait pressée. Elle m’informa d’ailleurs que nous devions partir vite. Les dégâts que j’avais créé dans la salle de bain ne passeraient pas longtemps inaperçus. Rapidement, j’enfilai mon pantalon, mettant un peu de temps à fermer le bouton, avant de mettre mon maillot et ma veste. En tout, il ne nous fallut pas plus de dix minutes pour être prêt à partir. Je descendis les escaliers dans les bras de mon amie quand nous tombâmes nez à nez avec le maire. Il souriait. J’essayais d’imaginer la tête qu’il ferait quand il se rendrait dans la chambre d’invité. Gardant mon sérieux, j’essayais de fuir son regard : je n’avais pas envie qu’il devine ce que j’avais fait. Après de brefs remerciements, Lysis prit son argent et parti.

« Adieu. »

A ces mots, je le vis rire. Il était bien content que je parte. A ce moment, je fus réellement fier de mes actes. Certains auraient considérés cela comme de l’arrogance mais, vu la haine qu’il me portait, il méritait bien ce qui lui arrivait.

Alors que nous venions de franchir la porte, un cri de femme de fit entendre. Ce devait être la femme de chambre. La pauvre… Je n’avais rien contre cette femme. D’un coup, Lysis se mit à courir très vite. Je serai mon étreinte, craignant de tomber. J’étais déjà fermement accroché quand elle m’annonça que nous allions décoller.

J’étais complètement sublimé par ce premier envol. Tandis que mon amie devenait translucide, j’apercevais tout sous un autre angle. Les oiseaux volaient au-dessous de nous. Les maisons paraissaient plus petites que les briques qui le composaient. Les humains errant en rue ressemblaient à des fourmis courant dans tous les sens. Ce spectacle m’émerveillait tellement que j’en avais des étoiles dans les yeux. Je lâchai un « Wouaou » quand nous accélérâmes. Je plongeai ma main dans les nuages humides tandis que Bomby faisait la tête : il détestait l’eau. Cet avant-goût des aventures avec Lysis me promettaient bien des surprises !