« Très bien. Dans ce cas, je ne vois qu'une autre solution. Je dirai que cet enfant n'est pas de toi, qu'un homme a abusé de moi et que, afin de ne pas te déshonorer, je renonce à t'épouser. L'enfant grandira sans savoir la vérité, te voyant comme son père en sachant que ce n'est pas le cas, et tu pourras être qui tu es tranquillement, continuer de te dire libre aux yeux du monde et peut-être trouveras-tu même de charmantes femmes pour te consoler. ». En réalité, les changements d'humeur de Zéleph l'agaçait et la rendaient irritable. La discussion était donc clause, il ne l'épouserait pas, ils ne feraient pas semblant et puis, finalement, ce n'était pas plus mal. « Mais c'est toi qui annoncera ça à Neros. A moins que je dise simplement que, finalement, tu n'es pas assez puissant pour moi, pas assez bien, que quelqu'un d'autre est apparu dans ma vie. Et, entre nous, je suis certaine que William ne refusera pas de me rendre le service de se faire passer pour le père de cet enfant. Peut-être même s'amusera-t-il en ma compagnie à faire croire au monde qu'il a réussi à t'écarter et à m'épouser... ». Elle finit par sourire, le fusillant du regard. Puis, sans plus de cérémonie, elle disparut. Cette fois, ses baisers ne pourraient rien y faire, il était définitivement trop stupide pour comprendre que la situation était compliquée. S'ils voulaient briser l'image que tout un peuple avait d'eux, que tout le monde avait d'eux, il fallait que l'un ou l'autre fasse une erreur. Soit c'était lui qui la trompait, et c'était inadmissible, soit c'était elle. Et, puisqu'il était celui qui refusait ce mariage, enfin, ce faux mariage, il était naturel que ce soit lui qui passe pour le dindon de la farce. Puisqu'il était trop honnête, ce serait elle qui mentirait, voilà tout. Et s'il n'était pas d'accord, eh bien ce serait pareil.
Se retrouvant dans la salle de réception du manoir Taiji, Seth ne tarda pas à arriver, la fixant, semblant agréablement surpris qu'elle rentre si tôt de son petit séjour, et, surtout, sans Zéleph. « Puis-je faire quelque chose pour vous madame? ». « Oui. Si le seigneur des deux rives revient ici, ne le laisse pas entrer. Fais lui savoir clairement qu'il n'est plus le bienvenue et que je risque d'être occupée un long moment puisque je dois me rendre au temple des esprits. ». Un petit sourire discret apparut alors sur le visage du majordome puis il murmura : « Je suis heureux d'apprendre que vous vous êtes enfin aperçue que cet homme ne pourrait rien vous apporter de bon. ». « Je n'en ai jamais douté. ». Puis, sans un mot de plus, elle disparut une nouvelle fois, apparaissant devant la glace dans sa chambre. Elle se dirigea vers une boîte à bijou de laquelle elle sortit un pendentif, faisant basculer son reflet pour entrer dans la pièce en contre bas, celle où son ancêtre était prise dans la glace. « Tu vois, aujourd'hui je suis enceinte. Et déliée de ton emprise, je ne risque plus de mourir en couche comme toi. Pauvre femme, si tu crois un seul instant que je te libérerai de cette prison de givre, tu te trompes. Jamais, tu m'entends, jamais tu ne retrouveras ton corps. Et tu seras condamnée à me regarder jouir de la vie, à regarder cette enfant grandir, heureuse, et non obligé de suivre un chemin tout tracé. Je ne l'appellerai pas Mitsuko, et ton règne s'achèvera, les coutumes que tu avais instauré aussi. ».
« Quelle magnifique déclaration d'amour. Pourtant tu sais parfaitement que son esprit n'est point ici... ». « Oui je le sais William et, toi, par contre, tu es bien souvent près de moi à mon goût en ce moment. ». L'Aether sourit, s'approchant d'elle un peu plus. « Eh bien, c'est toi qui a indiqué que tu me demanderais d'être considéré comme le père de cet enfant, oui, c'est toi qui a dit que j'accepterai de t'épouser. ». Mitsuko rit, amusée par la tournure que prenait les événements : « Ne me dis pas que tu as cru mes paroles un seul instant. Je préfère encore épouser un paysans plutôt que de me tenir à tes côtés. Je préfère encore abandonné mon enfant plutôt que tu fasses office de père. Alors non, désolée mais, tu as dû mal entendre. ». Soudain, William saisit le poignet de Mitsuko, la forçant à le regarder, la dominant de toute sa puissance. Il semblait furieux mais après quelques secondes, il la lâcha, finissant par se calmer. « En réalité, tu essayes d'obtenir ce que tu veux d'une manière radicale. ». « Non, je ne veux pas le forcer à m'épouser mais il va devoir choisir. ». « Et choisir entre quoi et quoi? Sa liberté ou toi? Sa liberté ou l'enfant? Le mariage ou la solitude? ». Elle sourit. « Eh bien, justement, je n'en sais rien. Mais il trouvera bien tout seul. Après tout, si les femmes sont faites pour faire la cuisine, les hommes le sont pour prendre des décisions... ». Elle sourit, son ton étant ironique. Mais c'était vrai, elle ne savait pas les choix qu'il aurait à faire, qu'ils auraient à faire, mais la situation semblait trop compliquée pour qu'il n'y ait aucune concession de réalisée. La jeune femme finit par se saisir à son tour du poignet de l'homme, le regardant dans les yeux d'un air dangereux. « Maintenant, William, à toi de choisir, soit tu décides de m'aider, soit je me rend au temple pour rapporter à tes semblables tes derniers agissements. Je ne suis pas idiote, je sais que tu ne t'intéresses pas à moi pour ma beauté, je sais qu'il y a autre chose, quelque chose de plus grave, de plus grand. Je veux que tu m'en parles. Et ne m'oppose pas le fait qu'en tant que Sympan tu ne dois pas intervenir dans le destin de ce monde car tu es déjà en train de le faire. ». « Bien. En réalité, il s'agit de Jun. ».
