Le deal à ne pas rater :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : où l’acheter ?
Voir le deal

Partagez
 

 ¤ Le songe inexpliqué ¤ ( Solo )

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Dim 09 Mar 2014, 02:44

« Jamais ! » fit l'un. « Nous ne céderons pas à ce genre de chantage ... » déclara un deuxième avant de se voir interrompu. « ... Ni à des conditions pareilles ! Vous n'êtes rien pour nous, nous pouvons vous abattre quand il nous plaira ! » répondit l'autre quasi en harmonie avec ses camarades. Le désaccord et la confusion prirent soudainement complètement le contrôle de ceux supposés être ses alliés, tandis que son agresseur prenait un peu plus de terrain à chaque parole qu'il débitait. La folie environnante semblait atteindre même les plus sains d'esprits et la panique générale devint alors inévitable. Un cri strident empêcha néanmoins toute répercussion, toute pullulation de ce genre de propos antagoniques dans le camp adverse, et se transforma bien assez tôt en des rires déchirants.

Ils se turent tous autant qu'ils sont pour laisser la voix ignoble du personnage, défaite, machiavélique, déformant la nature, retentir à la place de la leur. Depuis un bon moment que leur petit groupe avait attiré l'attention de la population des alentours et que des murmures de peur voire même d'une angoisse croissante se faisaient entendre dans leurs rangs. A de maintes reprises les soldats braves et déterminés leur avaient prié de s'éloigner dû au danger imminent - craignant ainsi également de voir le nombre de victimes augmenter à toute allure - mais les habitants, bien sots, n'en firent rien de leurs avertissements. Au contraire, l'intérêt général ne faisait que s'agrémenter et bientôt le groupe devint une foule colossale les entourant de tous côtés. Les femmes criaient le malheur de la demoiselle, les enfants questionnaient les plus grands pour en comprendre les conséquences tandis que les hommes, se tenant tout autant à distance, n'osaient faire le premier pas pour lui venir en aide.

Demalo, admirant du coin de l’œil la scène trop idéale pour être vraie, n'en rit que plus intensément encore. « Ton arrogance te perdra mon graaaand ! Non, elle influencera plutôt sur la destinée de cette petite si tu t’obstines à me désobéir ! Bon, il est grand temps de fermer le rideau sur cette comédie que je changerais bientôt en la plus risible des TRAGEDIES ! » articula-t-il dans toute sa démence habituelle. Il avait effectivement raison, cette fois du moins. Le temps était venu de mettre définitivement fin à toute cette mascarade, le masque du démon s'effritant agressivement au fur et à mesure que cette animosité farouche prenait possession de lui, de ses actes, de ses pensées.

Kai, qui jusque là n'osait ne serais-ce que mouvoir un seul muscle de peur de le voir réellement blesser sa maîtresse dans toute sa pureté, prit cependant le premier pas, s'approchant lentement mais sûrement de l'individu, deux orbes brûlant d'un feu noir aux yeux des deux améthystes y brillant en temps normal. Il ferma ses poings, pressa le pas, s'en approcha le plus possible tandis que cette entité néfaste, pris d'une panique étrangère en voyant un comportement si contradictoire, reculait à vue d’œil en criant : « Ne t'approche pas ! N'ose même pas t'approcher enfoir* ou je la … » Mais il ne put finir sa phrase.

Il ne put plus proférer la moindre parole pour profaner la pureté, la beauté loin de la souillure de cette petite poupée, deux lames s'étant logées une au niveau de son cœur, une autre au niveau de son estomac, prêtes à le transpercer de part et d'autre s'il esquissait le moindre mouvement. La surprise générale se fit sentir, le visage du sauveur étant toujours caché derrière cette capuche d'une épaisseur considérable et cet ensemble de couleur noire, tandis que celui de l'agresseur prenait les tons les plus dénués de vie. Le souffle coupé, des sueurs froides traversant de long, en large et à travers son front et ses tempes, il respirait difficilement tandis qu'à son oreille, le bel inconnu chuchotait calmement de sa voix juvénile ne lui était aucunement étrangère contre toute attente. « Ou quoi ? Je t'en prie ne t'arrêtes pas en si bon chemin et dis moi ce que tu comptais en faire de cette jeune  donzelle. Surtout ne te prive pas de me conter tous les détails, même les plus infimes, pour lesquels je porte un si grand intérêt. » déclara-t-il d'un ton plaisantin mais avec un brin de rancune qui se faisait sentir parallèlement.

Le démon, de l'autre côté du cercle s'étant formé naturellement, lançait quelques injures à l'intention du mystérieux personnage clamant ainsi son énorme retard alors que Sherry pleurait maintenant d'une joie nouvelle. L'énorme soulagement mélangé à la chaleur qui lui parvenait de son ange à travers ses phalanges tremblantes, libéra les sanglots jusque là reclus. Cependant, il n'était pas si facile de calmer l'égarement qu'il avait si ardemment attisé chez  le démon et ce dernier ne laisserait pas passer cette chance pour lui faire ressentir une peine – bien insignifiante comparée à celle qu'il avait infligeait à la réprouvée et à son cœur lui-même d'avoir eu à y assister. Il se lança donc dans sa direction, forçant sa lame – prenant toutefois soin de manquer tout organe vital – dans l'abdomen de l'ombre, avec la ferme attention de le voir se tordre de détresse et d'une géhenne intense contre le pavé mal lavé par les dernières pluies, lui faire s'arracher les cordes vocales à coups de plaintes successives. La vengeance est un plat qui se mange froid, c'était indéniable …

environ 1000 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 09 Mar 2014, 02:45

Les soldats – postés tout autour du périmètre pour une quelconque éventualité mais n'ayant été d'aucune aide pendant cette opération – réagirent au signe du jeune démon lorsque celui-ci les somma de venir ramasser le corps en peine se déchirant juste sous ses yeux. Kai, ne se privant pas de lui infliger quelques bleus supplémentaires mais manquant de le tuer si personne n'essayait de l'en empêcher, eut à exercer une force surhumaine sur lui-même pour se priver d'un mal qu'il se démangeait de lui infliger. Il voulait commettre les pires atrocités, venir écraser de nouveau ses poings – déjà ensanglantés et parsemés de blessures – sur le visage meurtri de l'ombre, cherchant à châtier de ses propres main le malfrat, l'ingrat qui avait ainsi abusé de sa sympathie pour mieux la trahir ensuite.

Mais il avait pertinemment conscience que le punir par ses propres moyens ne ferrait que le réjouir davantage, préférant donc le laisser aux mains de la justice pour qu'elle décide de sa peine et qu'il paie de ses crimes de la façon la plus langoureusement douloureuse qui soit. Il eut grand mal à réprimer la colère que le malfrat avait si soigneusement cultivé au point de la porter jusqu'à son paroxysme, les limites du supportable. Son sang chaud bouillait dans ses veines, ses yeux brûlaient d'émotion – mélange d'horreur et de haine – mais l'affection qu'il lui portait et une inquiétude démesurée, eurent raison de lui. Malgré ses poings tâchés du sang de son opposant et son orgueil amputé par son impuissance accablante, il ressentit un bien extrême d'avoir pu – ne serais-ce qu'un instant – tenir entre ses poignes de fer le destin de cet être insignifiant.

Il s'éloigna, ne daignant plus lui lancer le moindre regard, pour porter son attention sur la belle femme à même le sol. Le spectacle avait été des plus éprouvants auxquels il lui avait déjà été donné d'assister et la jeune femme, comme il fallait s'y attendre, peinait grandement à s'en remettre. Les tremblements avaient certes cessé mais le calme ne put s'installer à nouveau dans son cœur que quelques dizaines de minutes plus tard. Le contact glacial de sa peau sans vie, ce regard démoniaque – sans miséricorde ni aucune passion pour le réchauffer – suggéraient en lui une dépendance du mal certaine, en somme un simple pantin de haine et de rancune qu'il dirigeait au monde entier. Ces émotions – que Sherry même dans une telle situation pu ressentir – fluaient abondamment, émanant du petit homme qui en devenait incroyablement pitoyable à regarder, loin de l'omniscience que lui aurait souhaité.

Il criait, s'agrippait à tous ses membres comme une bête féroce en peine, pleurant lamentablement ses plaies sous les regards de mépris et amertume que le démon lui dirigeait. Pendant ce temps, l'homme – au visage inconnu de tous – s'occupait laborieusement des blessures de Sherry sans relever la tête ne serais-ce qu'une fois. La rousse, d'un geste humble et aimable, tapota sa tête, en écarta par la même occasion une mèche de cheveux blonds qui obstruait la vue de sa frimousse adorable, déformée toutefois par une grimace de douleur. Elle lui sourit chaleureusement avant de se lever et se diriger vers la gamine qui – un peu plus tôt – arborait une mine fière, qu'un lointain souvenir comparée à celle de dépit qui s'y dessinait maintenant. « Je vous prie de m'excuser pour tout le désagrément que j'ai pu causer. Je me dois de vous remercier votre amabilité et le fait que vous n'ayez pas tiré à ma demande. Quoiqu'il en soit, je suis heureuse que tout se soit passé sans de réels encombrements. » affirma la belle d'un regard toujours aussi doux et vraisemblablement inaltéré par les événements récents, belle illusion que Kai et Nao savaient être un parfait mensonge.

«  Par tous les dieux ! Ce serait plutôt à nous de nous excuser de notre lenteur d'esprit et notre manque de réflexes … La responsabilité et la faute, aussi bien du fait que vous ayez été capturée que des frayeurs que vous avez eu à endurer, ne nous reviennent que très justement … C'est pour ça que … » rétorqua le petit nouveau, celui à avoir entendu ses paroles et à en être assez bouleversé pour laisser aussi librement cours à ses pensées, ayant le mérité d'être sincères. Sherry hocha la tête en guise de remerciement tout en se penchant légèrement – signe de sa redevance – suite à quoi elle prit congé pour rejoindre ses deux amis observant la scène mais imaginant facilement de quoi il était question.

Elle cherchait toujours à se prétendre forte, capable de tout gérer par elle-même mais agissant le moment venu de la manière la plus imprudente qui soit. Gentille au point de s'approprier les fardeaux de ses êtres et d'en partager presque entièrement la charge, douce pour bercer les esprits mutilés et leur permettre de mieux affronter l'avenir, courageuse prête à mettre sa vie en jeu pour un parfait étranger, n'abandonnant jamais personne derrière elle … Une bonne âme comme il n'en existe que très peu à ce jour, mais aussi une proie des plus faciles dont il n'était point difficile d'en tirer parti. Son esprit ingénu et sa bonté débordante avaient sauvé bien des êtres par le passé mais d'autres en avaient tout autant profité pour un aboutissement des plus mesquins.

Ignorant si la réprouvée avait – inconsciemment ou pas – idée du risque qu'elle courait, l'ange et le démon s'étaient vus chargés de la protéger et ce à n'importe quel prix, que ce soit mettre leur vie en péril ou même l'y abandonner tout simplement, ils s'y étaient préparés tant qu'elle pouvait avoir la vie sauve. Cette ange à moitié démon – qui avait pendant si longtemps était rejetée de tous, abandonnée, usurpée, abusée – était ce qui comptait le plus à leurs yeux, une femme pour qui ils pouvaient mourir volontiers.

environ 1100 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 09 Mar 2014, 02:46

L'homme était des plus obstinés. Loin de baisser les bras, il redoubla encore plus d'efforts pour contrecarrer les bras qui l'agrippaient avec ferveur, se débattant maladivement pour tenter d'échapper à l'emprise puissante de ses ''ravisseurs''. Il criait à s'en arracher les cordes vocales, s'arrachait les cheveux sous des coups hasardeux. Il s'acharnait alors d'une rancune nouvelle envers les deux hommes à s'être opposés à sa suprématie. Il ne tenait plus aucunement à la vie et toute rationalité appartenant au commun des mortels, ne semblait plus être de sa juridiction. Tout ce qu'il lui restait à faire était de se calmer efficacement pour retrouver un tant soit peu de dignité – chose qui depuis leur première rencontre était venue à s'estomper au fur et à mesure que son véritable lui prenait le dessus – mais même ce genre de bon sens semblait lui être totalement étranger désormais.

Faisait-il seulement encore partie des vivants ou était-il déjà devenu - à part entière - un autre de ces hommes n'étant plus que l'ombre d'eux-mêmes une fois ce dernier brin d'espoir définitivement asséché ? Fort possible. Quoi qu'il en eusse été, ne l'était plus possible désormais. Sherry, malgré toute la gentillesse dont elle pouvait bien faire preuve et les nombreuses plaies que son sourire éblouissant avait déjà guéri, ne pouvait plus rien pour lui, incapable de s’exercer sur l'ombre alors que Demalo lui-même ne tenait plus à aucune forme de salut.

La belle rousse - tournant dos à l'être exécrable pour laisser Kai l'envelopper quasi dans sa totalité – planifiait déjà de s'abandonner dans les bras de Morphée pour atteindre un semblant de sommeil réparateur. Dévoilant ses ailes – Nao faisant de même avec les siennes toujours aussi blanches immaculées – Kai s'agenouilla à terre, lui faisant face pour mieux l'atteindre, brossant sa soyeuse chevelure écarlate aux reflets orangés et son visage de poupée. Tous trois quittèrent des yeux quelques instants à peine l'ombre instable, pour seulement les écarquiller à nouveau à l'écoute d'une commotion aussi bien étrange que soudaine ayant éclaté juste après. Au lieu où devait choir l'ombre ignoble et méprisable noyée par ses pleurs, ne gisait plus qu'un cadavre puant à la face déformée.

Un poignard – lame acérée, manche enveloppée dans des bandages sanglants – triomphait sur le corps inanimé, embrochant de part et d'autre la poitrine du malfrat. Celui à l'avoir lancé – visiblement depuis les toitures les plus hautes des alentours – visait clairement à lui ôter la vie ou qui sait résoudre une affaire passée laissée en suspens jusque là. Ces dires n'étaient que des vagues suppositions jusqu'à ce que la réprouvée reconnaisse – au tintement de la lame et à son apparence insalubre – celle que Demalo trimbalait avec tant de fierté, celle qui l'occupait lors des moments de profond ennui. Le démon chercha aussitôt du regard – parmi les lotissements divers qui l'entouraient – une silhouette quelconque qui pourrait être à l'origine du meurtre, l'acte qu'il venait d'accomplir de sang froid étant ce que le sang bouillant de Kai convoitant depuis bien longtemps.

Dès que ses yeux mauve croisèrent – après une minutieuse recherche par des gestes rapides et continus – une ombre se déplaçant à toute vitesse pour quitter de toute évidence les lieux du crime, il bondit vivement en l'air comme animée par une force nouvelle mais tout à fait bestiale. Il plissa les genoux pour se donner un peu plus d'élan et en quelques instants à peine il domptait déjà les courants aériens rejoignant bien trop rapidement l'assassin intrépide. Sherry tenta de le suivre mais l'ange l'en empêcha fortement, sachant pertinemment qu'ils pourraient tout aussi bien en avoir après elle, la croyant sa complice. Tout partait dans ce sens et Nao ne pouvait pas courir de risques, sous peine de la perdre pour toujours. Kai, pendant ce temps, s'acharnait déjà dans une lutte au corps à corps avec l'agresseur, reconnaissant fortement ses gestes, ses manies, sa façon même de se déplacer, revoyant trait par trait, image par image le combat auquel il avait assisté pas plus tôt que la veille au soir.

Il prit aisément l'avantage avec sa capacité de voler et l'accula avec une facilité déconcertante. Celui-ci se dissimulait habilement derrière une cape noire, une capuche lui recouvrant la tête, ce qui le rendait facilement repérable à ce moment de la journée. Un coup de poignard atteint son bras, l'autre manqua sa jambe de peu. La fatigue se faisait sentir, causant à coups de grosses enjambées l'usure de ses muscles, tandis que Kai flottait agréablement dans les airs. Un coup de poing qu'il sut arrêter, un coup de pied qu'il eut du mal à esquiver, un deuxième qui l'atteint en pleine figure et qui le fit déraper. C'était du gâteau. Un peu trop même j'oserais dire. Kai n'en croyait pas ses yeux, ayant vu comment l'autre mercenaire avait causé du fil à retordre à l'ombre qu'il ne pouvait pas dire faible, au contraire.

Quelque chose clochait avec l'aisance de cette capture et il le savait. Seulement il ignorait quoi au juste, n'ayant qu'un très mauvais pressentiment pour l'alarmer du danger qu'il courait et une petite voix innocente pour priver les griffes - s'apprêtant à le dévorer – de son petit corps vivace. « KAIIII ! Attention ! » avait-elle crié sans ménagement. Le démon n'eut qu'une demi-seconde d'intervalle pour bondir en arrière, manquant de trop près une dizaine d'aiguilles de se planter dans sa chair molle et tendre. Une lame fendit l'air suivant la cadence de celles qui la précédèrent  mais ayant pour petite spécificité d'être aspergée d'un poison mortel.

Le jeune homme crut voir sa dernière heure arriver. La lame effleura de peu sa peau, en heurta presque celle du blondinet qui s'était lancé sur lui pour l'aider à s'écarter du danger. Un autre individu fit son apparition derrière eux, prenant pour otage – une fois de plus – la petite rousse inoffensive qui se tenait en retrait. Celui-ci cependant ne tenta rien d'hostile à son égard, n'eussent été quelques mots qu'il lui susurra à l'oreille avant de disparaître tout aussi rapidement sans soucier guère de son camarade qu'il laissait en plein territoire ennemi.

Comment lui en vouloir au même temps, n'ayant aucunement à s'inquiéter du fait qu'un mort – l'espion qu'il avait chargé de les surveiller – n'aille divulguer quoi que ce soit à leur sujet. Les voilà revenus au point de départ, sauf que maintenant avec deux charognes fumantes sur les bras. Les festivités semblaient se dérouler en toute tranquillité dans le reste du village, s'étendant jusqu'au lendemain soir, ce qui donnerait une occasion en or pour les voyous de frapper une bonne fois pour toutes et créer par la même occasion quelques soucis supplémentaires pour le petit trio. La journée s'annonçait palpitante, mais dans le mauvais sens …

environ 1250 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 09 Mar 2014, 02:47

Sherry porta de manière soudaine une main tremblante à son oreille comme pour empêcher le bandit de l'effleurer davantage, ses lèvres étant déjà bien assez proches comme ça. Son visage se teint soudainement d'un blanc pâle – plus qu'à son habitude, sûrement sous l'effet des paroles inaudibles à tout autre que la réprouvée – n'ayant qu'une petite zone autour de ses yeux qui tourna au rouge passion. Que pouvait-il bien lui avoir raconté en quelques mots à peine qui puisse l'atteindre de cette manière ? Les larmes ne coulèrent guère, aucun cri ni juron ne s'échappa de sa bouche de fraise mais de toute évidence l'envie ne manqua pas.

Voyant l'état dans lequel elle s'était vue plongée à nouveau, elle s'en écarta à la première occasion, dès qu'il détourna le regard ne serais-ce qu'une seconde. L'homme esquissa un sourire satisfait et ne tenta rien pour l'empêcher de fuir, d'aller se loger dans les bras de Nao qui l'accueillit passionnément. Il semblait au contraire  fort aise de la voir se débattre, s'échapper à son insu. Il se plaisait clairement à chambouler les sens de la jeune femme, la voir effrayée, troublée par ses faits et gestes, atteinte par sa présence et que sais-je encore. Le fait de pouvoir la contrôler à souhait l'amusait maladivement, un sentiment qui le dérangeait autant que ça le passionnait. Mélange étrange et subtil qui ne lui déplaisait pas forcément, le tout pour satisfaire son ego personnel, se permettre un peu d'amusement avant le grand final et le baissé du rideau.

Il s'imaginait déjà les hurlements des spectateurs face au spectacle, incrédules mais incapables de détacher les yeux du corps inerte sur la scène. Il se voyait déjà triomphant dans l'ambiance lugubre, noire de terreur, noyée dans le tissu carmin mettant fin, non pas au dernier acte mais bien à la vie de cette petite innocente. Oh, comment pourrait-il manquer une telle représentation et un tel envoûtement dont il voulait en être le seul déclencheur ? Jamais il ne se le permettrait et n'attendait que plus fébrilement encore le moment propice pour se prêter à ces petits plaisirs interdits, ces actes qu'on nomma de péchés.

Faisant alors une fine révérence – tout en chassant ce genre de pensées susceptibles uniquement d'accouardir sa petite proie craintive - et lançant un dernier regard à l'encontre de la réprouvée, il prit congé de ses nouvelles cibles. Il savait pertinemment que leur prochaine rencontre ne saurait tarder et qu'il ne serait que plus divertissant encore de les laisser en vie pour un futur affrontement plutôt que de leur ôter la vie sous le coup de la surprise. « A la prochaine, ma petite colombe. Veille bien à ne pas t'égarer, je ne voudrais pas que tu rattes notre prochain spectacle pour rien au monde. Après tout, tu y figureras certainement. » fit-il d'une voix grave se faisant de plus en plus silencieuse. Il disparut dans un nuage de fumée sans que les trois amis ne puissent dire mot, se voyant au final bien réjouis d'en être libérés.

Kai, d'un geste brusque et échappant totalement à son contrôle, s'approcha de Sherry, la priva des bras de l'ange pour lui imposer les siens. Cette étreinte n'eut rien des précédentes. Elle était plus passionnée, moins réfléchie mais tout aussi désespérée, le côté masculin du démon qui faisait surface juste pour s'assurer qu'elle était bien vivante, encore à sa portée. « Tu vas finir par m'achever Sherry. Ces coups d'inquiétude, cette peur de te perdre, cet effroyable sentiment, auront raison de moi si tu continues … S'il te plaît, ne … » bafouilla-t-il avec une expression de douleur, à la limite du rationnel. La rousse l'interrompit, posant un doigt sur ses lèvres pâles et observant de près ses joues devenues rosées au fil et à mesure de son maigre discours. « Je ne vais nulle part, Kyle. Je suis là et je le serais toujours. Nous sommes une famille maintenant. Rentrons. A notre maison. » déclara-t-elle comme si elle avait deviné au préalable les paroles du démon et qu'elle savait quoi en dire pour calmer ses ardeurs, apaiser ses angoisses.

Ses bras longèrent le cou du démon et s'y agrippèrent, sommant ainsi finement le jeune homme de prendre son envol. Elle pouvait voler elle aussi, mais elle préféra sans doute sentir – à travers son anatomie plus imposante que la sienne, celle d'une femme – sa chaleur et son assurance. Les vents ébouriffaient ses cheveux, les faisaient s'emmêler avec ceux du démon déjà au niveau de son épaule. La brise printanière fort plaisante faisait guise de berceuse, chassant ainsi toute pensée nocive que les récents événements avaient pu causer. * Si seulement je pouvais t'enfermer, te priver de tous ces regards étrangers qui ne te veulent que du mal … Tu en sortirais peut-être moins blessée mais je doute que cela puisse te rendre heureuse … Sherry, que puis-je faire pour toi ?* se dit Kai tandis que ses yeux observaient ceux de Sherry, les deux paupières fermées et un air angélique émanant de sa personne.

Arrivés au logis, le jeune homme déposa sa princesse sur le canapé le plus proche, visant bien à ne pas la brusquer ou la réveiller d'une quelconque façon. L'ayant couvert d'une fine couverture, il vint s'installer à table, fixant des yeux l'ange qui, aussitôt rentré, avait commencé à préparer le souper. Les plaintes à parcourir son esprit étaient nombreuses et il aurait bien voulut les transmettre sous la forme de paroles, injures, accusations et bien plus encore. Seulement, Nao n'y était pour rien et malgré leurs disputes continuelles sur les sujets les plus divers, il n'avait pas la force d'engager la bagarre à ce moment précis. Il se laissa simplement choir sur le divan, respirant l'odeur plaisante de nourriture, perdu dans ses pensées les plus intimes que même la voix aiguë de l'ange ne pouvait ébranler.

environ 1100 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 09 Mar 2014, 02:48

Une petite voix le sortit de sa rêverie comme un son de cloche tintant en été sous l'emprise des petits courants d'air. Elle était douce - avec aussi bien des airs aigus comme des graves par moments - sortant ainsi son esprit troublé d'une brume épaisse, un rideau de fumée noire qu'il avait lui même érigé pour échapper à la pénible réalité. Soudain, un appel plus intense se fit entendre, sa joue criant au blasphème après une gifle bien méritée de la part du petit être aux plumes blanches neige. Il ouvrit les yeux avec lenteur, malgré lui. Il laissa ses deux paupières s'écarter pour découvrir le garçon - les deux coudes appuyés sur les rebords de la chaise - à quelques centimètres  à peine de son visage, le regardant fixement.

Une lueur orangée – surgissant de derrière l'ange, le coucher de soleil battant son plein et ses rayons lumineux traversant les carreaux de verre – aveugla le démon, croyant à une apparition divine avant de reconnaître le visage de son parfait opposé. Sans toutefois esquisser le moindre mouvement qui pourrait le brusquer, il le chassa avec une petite pichenette sur le front, sans avoir l'intention de lui faire pour autant. L'autre s'écartant lentement dans un léger demi-tour pour retourner à ses tâches manuelles, commença. « Je vois que tu es enfin réveillé. Je te croyais mort éventuellement, vu qu'en temps normal tu es toujours le premier à surgir de je ne sais où pour venir goûter ma cuisine. » Découpant quelques légumes, les plaçant dans la marmite avant de la refermer à nouveau, il laissa un silence peser dans la pièce, voyant sa remarque laissée en suspens.

Kai de son côté posa ses deux coupes sur l'arrière de la chaise pour faire face au preux cuisinier mais à aucun moment il n'osa proférer le moindre son, prononcer le mot le plus infime qui soit. Il se contenta pendant quelques minutes qui leur parurent bien longues – le regard toujours baissé fixant le sol en bois usé – de lancer par ci par là quelques soupirs ou regards incongrus que Nao ne retourna pas, puisqu'il les savait à l'intention de quelqu'un d'autre. Le blondinet continuait, s'efforçant de garder au mieux son calme, sortant ainsi une grande cuillère de l'armoire juxtaposée – pour mélanger le ragoût et en goûter le contenu – accompagnée d'une liqueur se trouvant dans la porte juste en dessous.

Un verre à la main pour en verser le liquide aqueux, il s'approcha de Kai toujours dans son petit nuage, s'asseyant sur la table juste devant lui et le regardant de bien près, la tension entre eux se faisant malicieusement de plus en plus conséquente. « Si tu ne te résous pas à parler, moi je le ferrai à ta place. Cependant, j'apprécierais que tu chasses cet air maussade que tu arbores en ce moment même, sans quoi je risque fort de te lancer ce verre à la figure. » dit-il d'un ton si naturel et banal accompagné d'une frimousse angélique au sourire éclatant, si éblouissant qu'il en devenait effrayant à regarder, n'étant pas le genre de personne à faire des ''menaces'', ce genre de paroles en l'air.

«  Tu n'es qu'un lâche. Tu as peur de perdre ce qui t'es cher depuis que tu as retrouvé un tant soit peu d'humanité et depuis tu te ment à toi-même. Tu essaies de te cacher derrière ce masque de supériorité et tu crois encore que cet air hautain que tu te donnes te permet de duper ceux qui t'entourent. Nous savons tous deux que tu n'es pas aussi impitoyable que tu donnes l'air, même si toute réflexion faite tu es capable d'un certain sadisme si on t'offense sérieusement d'une manière ou d'une autre. Tu as changé depuis que tu nous as rejoins, de puis que TU l'as rencontré, alors cesse tes simagrées et arrêtes de te croire le plus malheureux de tous les hommes. » fit-il tout en élevant la voix, haussant d'un ton alors que ses yeux azurs se réjouissaient de la vue qui leur était offerte.

Kai semblait réagir on ne peut plus excessivement aux paroles de l'ange, choisies avec rigueur et n'ayant pour seul but que de le faire réagir. Inutile de préciser que Nao ne pensait pas la moitié de ce qu'il disait et même si cela avait été le cas, il ne lui aurait jamais dévoilé la vérité de sorte à l'en voir blessé par la suite. Pour une raison qu'il ignorait encore à cet instant précis, ses yeux larmoyants et son visage déchiré par la douleur, l'avaient toujours importuné et il était incapable de les regarder sans sentir sa poitrine se compresser, sans sentir un léger pincement au cœur d'origine inconnue. « Réveille-toi sombre idiot ! Dans ton état actuel, tu n'es pas de taille à affronter ces mercenaires ! Mais que dis-je, à affronter qui que ce soit ! Tu es faible, avoue-le ! » ajouta-t-il soudainement.

Le démon agrippait les côtés de la chaise avec force, ses poignes se refermaient avec violence sur elles-mêmes, tandis que son visage – toujours baissé – se déformait à vue d’œil. Ses gestes gagnaient en intensité tout comme les paroles de Nao allaient crescendo, comme pour accompagner le rythme soutenu de la scène. Finalement, les nerfs du démon lâchèrent prise et il laissa aller la démence qu'il contenait. C'était la dernière goutte d'eau qui fit définitivement verser le vase, empli à ras bord. D'un geste abrupte, il poussa Nao sur la table de bois, le blessant de toute évidence au niveau du cou et de ses épaules – qu'il tenait d'une main ferme – tandis que ses yeux restaient figés autre part. D'une main, il empêchait le corps de l'ange de bouger – en tenant robustement ses épaules contre le solide irrégulier – tandis que de l'autre il saisissait ses poignets, entravant ainsi tout débat inutile.

environ 1080 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 09 Mar 2014, 02:49

Avec ses dernières forces, l'ange aspergea le démon du liquide qu'il avait gardé intact sans en consommer une goutte – se mouillant bien évidemment lui aussi au passage – espérant que cela suffirait à désamorcer ses dernières défenses. Il n'avait pas tort et Kai lâcha toute tension en un seul coup. « Je ne suis pas faible !! » crâcha-t-il pour commencer, lâchant prise sur ses émotions et laissant affluer les mots tels qu'ils lui venaient. « Je fais de mon mieux pour la protéger ! Je ne veux pas perdre cette vie que je mène à présent ! Tout est trop parfait et je voudrais que jamais cela ne change ! Mais je sais aussi que c'est impossible et que tôt ou tard quelque chose ou quelqu'un viendra me l'enlever ! Est-ce si mal que d'essayer désespérément de vous conserver ne serais-ce qu'un jour de plus ? De ne pas vouloir qu'on vous fasse de mal même si cela implique sacrifier ma vie au passage ? Je sais qu'il y a plus fort que moi, mais je ferrai tout pour que vous ne souffriez pas de ma faute ! Alors … » s'écria-t-il avant d'arrêter son discours et sentir une petite main fragile parcourir sa joue mouillée de ses larmes, le visage adorable de Nao s'en voyant imbibé également, au point où on ne distinguait plus les larmes de l'un et de l'autre. Le regard doux de l'ange était revenu et avec lui les mots qui parvenaient toujours à secourir le cœur du démon en proie à une confusion constante. « Tu vois ? Tu l'as trouvée ta réponse. » Leurs souffles se mêlaient agréablement tandis que la lune annonçait sa venue au dehors.

Le silence les entourait, les berçait tous deux de son union avec le vent qui emmène avec la nuit le bruit des cigales et des louveteaux. Les deux êtres antagoniques se fixaient mutuellement comme s'ils venaient de dénicher une toute autre façade qui leur était jusque là inconnue, le tout dans une position plutôt douteuse : Kai superposant l'ange de son corps un peu plus imposant, tous deux baignés dans une liqueur fort aromatisée mais sans une goutte d'alcool, situation dont on pourrait se méprendre la source. La casserole, bouillant sur le feu intense, laissa s'échapper un cri plus puissant que les autres, obligeant ainsi l'ange à quitter cet état de transe pour s'en occuper d'un peu plus près. Le démon s'écarta légèrement pour laisser le blondinet passer, le visage de celui-ci ayant pris une teinte plutôt écarlate et son cœur – emballé – battant un peu plus vite que la normale – choses que jamais Kai n'aurait pu comprendre et déceler en sa personne. Il voyait surgir à son tour des symptômes semblables que, même en présence de Sherry, ne s'étaient jamais manifestés mais ne chercha en aucun cas à en découvrir la provenance ou à en déchiffrer l'existence.

Chassant alors ses pensées incongrues, il s'installa à table se préparant à être servi. Sherry surgit rapidement au fond de la pièce, baillant ouvertement et frottant ses deux orbes de miel pour essayer de retrouver une certaine lucidité d'esprit. Accueillant avec plaisir la petite rousse encore à moitié endormie, ils se mirent tous trois à table, conversant aussi normalement qu'il leur était donné de faire, comme si aucun des événements effroyables n'avaient en réalité eut lieu. Un peu plus tard, ils s'installèrent devant la cheminée, quelques couvertures les protégeant du vent qui leur parvenait de la mauvais isolation du logis, tandis que le feu crépitant leur prêtait sa chaleur. Une odeur de bois emmagasiné emplissait la pièce.

La réprouvée affichait une expression de dépit alors que les souvenirs lui revenaient, les séquelles qui risqueraient de se faire sentir assez longuement. Le froid de la lame contre sa gorge, ses paroles démontrant l'égarement, l'aliénation mentale du personnage, l'emprise de ses mains répugnantes sur tout son corps, sa voix stridente et dégoûtante retentissant derrière elle sans qu'elle ne puisse l'écarter : complètement à sa merci. Elle s'accroupit, comme une petite bête inoffensive qui cherche à se réfugier sous sa carapace la croyant capable de la protéger de tous les maux, blottissant sa tête contre ses genoux. Seulement, elle savait qu'il lui était interdit de s’apeurer de la sorte et essayait de cacher à ses deux amis la peur qui la consumait, ce malgré les tremblements de ses mains et le contact de sa peau refroidie.

Le regard perdu dans le vide, elle ne sentit pas le petit ange s'approcher par derrière, une tasse de chocolat chaud à la main, qu'il vint mettre au contact de sa joue, glacée. Elle la saisit à deux mains, malgré la surprise de ce geste, et laissa le bonhomme s'installer à ses côtés, partager le drap chauffé. Ses bras vinrent s'installer autour d'elle pour la ramener un peu plus près, cherchant ainsi à rassurer son petit cœur ébranlé par anxiétés et appréhensions en tout genre. Kai les rejoint bien assez tôt mais resta tout de même à l'écart, voyant croître en lui une tension peu commune dès que ses yeux mauves se posaient sur le petit ange ci présent. Le goût sucré et l'écume se formant par dessus le liquide, se fondaient tous deux en harmonie dans sa bouche, l'air chaud la berçait, les bras de Nao la rassuraient confortablement jusqu'à ce qu'elle trouve à nouveau le sommeil. La nuit, maintenant déjà bien entamée, s'acheva donc devant la cheminée, alors qu'une nouvelle journée beaucoup plus mouvementée que la précédente – ce qu'ils croyaient impossible et qui pourtant ne l'était point – s'approchait dangereusement.

environ 1040 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 09 Mar 2014, 02:49

Le matin vint et avec lui de nombreux troubles s'approchaient à leur tour, comme un orage menaçant qui annonce sa venue. Le soleil et sa luminosité accablante emplissaient la pièce avec abondance quand les yeux des trois protagonistes s'ouvrirent pour les affronter. Le trio – n'étant pas en état la veille de considérer une autre stratégie – s'était efforcé de reprendre au moins des forces et se voyaient contraints aujourd'hui d'appliquer le plan que l'ombre avait mis en place. De nombreuses failles y demeuraient et les taux de réussite n'étaient aucunement rassurants et pourtant – malgré l'absence d'envies suicidaires – ils tentaient tout de même le coup. L'idée ne leur plaisait pas plus que cela mais les options manquaient de toute évidence et la pression se faisait de plus en plus palpable. Les menaces de l'assassin restaient vivement imprimées dans leurs esprits et l'effroyable conclusion de cette journée mettait beaucoup plus en jeu que simplement quelques trésors ou autres babioles de ce genre.

Kai – fidèle à lui-même – tenta d'empêcher Sherry de s'y rendre, souhaitant l'éloigner le plus rapidement possible de l'imminent champ de bataille mais quelques regards de glace de la part de l'ange – ainsi que la mémoire des souvenirs de la veille – le défendirent de trop abuser. Ils quittèrent le logis bien tôt et se dirigeaient vers la rue commerçante où les hostilités auraient lieu malgré les foules énormes qui s'y promenaient. De nombreuses familles chaleureuses parsemaient la rue principale à la recherche d'un cadeau pour les enfants, ceux-ci se promenant juste derrière et jouant aux jeux les plus divers, l'ambiance prônant la tranquillité et la paix. Qui aurait dit qu'en ces lieux, et ce dans les plus brefs délais, aurait lieu un affrontement assez sanglant si aucun des deux camps ne se décidaient à baisser les bras ? Tous deux, à couteaux tirés, semblaient déjà attendre le moindre signal pour mener l'assaut, se sauter à la gorge les uns des autres.

La réprouvée traversait la rue de part et d'autre comme si elle pouvait réellement de cette manière reconnaître leurs agresseurs, ces voleurs impitoyables qu'elle savait ne pas pouvoir juger toutefois sans connaître leurs antécédents. Elle prônait l'innocence avant la sentence et elle savait que derrière chaque être et ses jugements, ses actions, se cachent des faits pour la plus part traumatisants qui auraient laissé des séquelles. Profitant ainsi en apparence du marché comme une simple banalité, comme tous les autres couples en somme, ils virent les heures passer jusqu'à ce que le soleil n'atteigne sa position la plus haute dans le ciel bleuté, comme si la paix trônait sur ces terres d'en dessous. Malheureusement, ce n'était pas exactement le cas et Sherry le sentit profondément dans sa chair quand elle sentit un dard, pas plus fin qu'une aiguille à coudre, derrière sa nuque. Un certain liquide en trempait la pointe et tous trois, il faut avouer, craignaient de la voir s'effondrer à tout jamais dès cet instant précis. Fort heureusement, quelques secondes s'écoulèrent sans que l'état de Sherry ne soit altéré par quoi que ce soit autre que la chaleur intense que la lumière de midi provoquait. Soudain, une odeur exécrable parvint à ses narines. Ses deux compagnons semblaient la sentir de manière tout aussi intense, contrairement à tous les autres habitants qui eux se virent emmenés de force dans les bras de Morphée par cette fameuse drogue qui leur était administrée. De toute évidence, leurs ennemis eux-mêmes les y avaient rendus immunes et c'était déjà une chose capitale dont ils n'auraient pas à se soucier. Le combat s'engagea dans le silence le plus total dès cet instant précis, n'ayant que l'assassin de la veille présent sur la scène du crime.

Sherry resta bien sagement à terre sous les indications de ses vaillants et preux chevaliers, se voyant par un phénomène étrange, exténuée. Les deux jeunes prirent leur envol, se débattant avec tout le courage nécessaire pour lui faire avouer ce qu'il avait bien pu lui insuffler. « Tout doux ! Je n'ai même pas donné le signal de départ. Mais je crois que vous avez bien compris votre situation. Je lui ai donné par le biais de cette épine de fer une dose plus puissante de la drogue que je donne à tous les autres. Si vous ne me volez pas l'antidote, elle est finie. C'est bon ? Ai-je été assez clair ? La guerre peut reprendre ! » déclara-t-il comme un fait divers d'un journal, alors que la vie d'une fille parfaitement innocente se trouvait en jeu parmi ses manigances perverses. Cela ne s'agissait effectivement de rien d'autre que la normalité pour lui.

Kai et Nao, animés par une rage nouvelle, se lancèrent à sa poursuite, leurs ailes contre ses mouvements rapides, un affrontement des plus difficiles à suivre. Leurs lames, l'un portant une faux et l'autre un katana, malgré leur rapidité, semblaient incapables de toucher leur cible. Il les esquivait adroitement et ne laissait à aucun moment fatigue ou élément extérieur perturber sa concentration. Absorbé par le combat auquel ils se prêtaient, il parcourut en un rien de temps la ville en fond et en comble, pour finalement ressurgir dans les airs. Il souriait avec une grimace maladive comme s'il voyait là le but d'une vie, tout ce pourquoi il avait œuvré. En somme, un achèvement criminel assez alléchant pour lui permettre d'en profiter pleinement. Leurs lames fendirent l'air sans pourtant le toucher. L'une le força à esquiver à gauche, l'autre à utiliser cette première comme un tremplin pour se propulser dans les airs et ainsi éviter la seconde. Cependant, dans l'ombre de seconde, y était dissimulée une troisième lui parvenant d'un angle mort : c'était une lame d'une rouge écarlate sombre, comme du cristal renfermant du sang coagulé avec, pour sa plus grande surprise de sa propre drogue au bout. A terre, gisait Sherry aux limites du conscient, une énorme blessure sur le revers de sa main, une quantité de sang importante s'en étant échappé. L'homme échoua à terre, un sourire béat ornant son visage. Les deux amis, aussitôt leurs esprits revenus à la normale et l'antidote entre leurs mains, se lancèrent sur la réprouvée, les larmes aux yeux. Tout était fini … bel et bien fini …

environ 1140 mots
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

¤ Le songe inexpliqué ¤ ( Solo )

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 2 sur 2Aller à la page : Précédent  1, 2

 Sujets similaires

-
» Songe toujours que d'une aile rapide... [Liberté IV | Mission I]
» Une réalité, un songe ... [Naram-Sin]
» Dans le Songe de tes Cauchemars [Pv Leigh]
» [Q] - Au milieu d'un songe fatal, vers une réalité vivace
» | Un songe entretient dans mon cœur un chagrin qui le ronge
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Mers :: Mers - Ouest-