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 J'erre en ce lieu comme on admire le soleil faner. [Cyanide]

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Lun 17 Sep 2012, 00:19


    Il était vrai que beaucoup connaissaient à présent le génie bleu, beaucoup l’appelaient d’ailleurs ainsi pour sa simple couleur capillaire mais qu’importait, on commençait doucement à dépeigner le portrait du personnage. Oui, l’homme qui autrefois été si inconnu, se montrant si mystérieux, il effrayait les gens, non pas par sa brutalité mais par l’indifférence, cet infini puits au creux de son regard. Il était vrai, et vous n’avez pour cela qu’à écouter les quelques personnes qui l’ont déjà rencontré, que ce dernier était force et paix, guerre et amour, moral et déraison, un des plus grands paradoxes vivants. Oui, certains pourraient ainsi se venter pouvoir parler de Naram, après tout, il n’était qu’un homme comme les autres même si celui-ci aimait affirmer le contraire non sans une pointe de mégalomanie. Mais personne ne s’est jamais demandé à quoi pourrait ressembler sa maison ? Où vit le génie ? Il était vrai, il passait, d’après ses propres dires, son temps au palais. Mais imaginez un seul instant qu’il ait menti, qu’il cachait une sorte de cocon secret où il aimerait passer du temps, songer sans être dérangé et vivre en harmonie avec ce qu’il y a autour de lui. Imaginez ceci un seul instant. Alors si c’est vrai, évidemment, personne ne serait au courant car une quelconque présence extérieure ruinerait la jouissance qu’il aurait mis tant de temps à construire. Et puis, pour peu qu’on le connaissance un peu, surtout son grand sens de la création imaginative, il serait curieux de voir son chez lui. Serait-il rempli de fantaisies, de belles choses de son esprit ou au contraire serait-il des plus sobres car pour lui, la plus belle chose ne serait-elle pas celle qu’aucun être ne peut matérialiser, même dans esprit ?

    Les deux génies étaient partis des îles suspendues où fleurissaient des champs de bleuets. Presque main dans la main, comme le reflet doublé d’un même miroir, un homme et une femme, que le hasard ou le destin aurait réuni. Et une rare occasion, celle où le fameux génie montrerait un morceau de lui à un autre compère de sa race, la race qu’il avait tant haït.

    « Tu sais Cyanide, je n’ai jamais amené personne ici. »

    Laissant une brume épaisse se distraire, Cyanide ou le pâle poison des hommes pouvait contempler l’étrange endroit qu’était la porte des songes.

    « Cet endroit est connu sans l’être. Tout le monde y va mais personne ne sait où il se trouve. Enfin, je veux dire que c’est plutôt rare » et il rit quelque peu.

    « Qu’est-ce que le rêve, Cyanide ? En as-tu seulement la moindre idée ? J’y ai songé toute une vie et il m’en faudrait sûrement encore une de même espérance pour en comprendre un millième d’une partie immergée de la chose. Fruit de notre cerveau ? Cadeau des dieux ? Poison du diable ? A la rencontre de l’Homme et du Divin, matérialisé ici, en ce lieu, sobre et puissant. Je ne vais pas disserter sur le sujet mais je suis certain que la clé de tous les enjeux de ce monde se trouve juste ici, à quelques mètres de là où tu te trouves. N’est-ce pas fascinant ? »

    En vérité, ce n’était pas non plus une bagatelle. Ce qui ressemblait à une immense crevasse sans lumière n’était en réalité qu’un simple mirage. Accrochant une corde à un rocher et laissant le reste tomber dans le vide, il se fit éclaireur en descendant le premier et en priant ses deux amis de le rejoindre.

    « Nous aurions pu faire ceci autrement mais je préfère le chemin le plus confortable pour ton ami et compagnon. » et tout en descendant sur de bonnes longueurs la corde, le génie continuait à parler. Seulement Cyanide pouvait remarquer qu’une corde a priori courte ne semblait plus se finir tant à force de descendre, celle-ci semblait toujours s’étendre plus au fur et à mesure.

    « Au début, je ne comprenais pas comment le Mârid avait pu matérialiser un monde invisible. Ce n’était pas qu’un simple rêve car tous les génies peuvent s’y rendre, les génies fidèles j’entends, et ce que le Mârid soit là ou non, qu’il rêve ou non. C’était bien plus complexe que ça. J’étais idiot à penser qu’il ne s’agissait que d’une création spirituelle. »

    Enfin l’étrange ficelle montra le bout de son nez et Naram engagea un pied à terre.

    « Sous les océans, au-dessus des nuages ? J’avoue être un peu dépassé par tout ça. Cependant, ces choses qui créent le territoire des génies sont matérielles. Ma plus possible hypothèse est simplement que ce monde résulte d’un souhait. Mais qui aurait souhaité une telle chose au Mârid ? »

    Et alors que Naram se retourna complétement et qu’il invita Cyanide à en faire de même, celle-ci put apercevoir le décor. Une immense arche dont les délimitations étaient à peine visibles, presque inexistantes et un immense voile qui recouvrait en arc de cercle une taille titanesque pouvant atteindre plusieurs fois la hauteur du ciel. Mais ici, il n’y avait pas de ciel, aucun toit visible, pas le moindre plafond, la pénombre cachant jusqu’aux recoins les parois de cette étrange grotte. On y voyait comme de petites lumières qui gravitaient entres elles à l’intérieur du voile mais sans jamais se toucher.

    « L’antre du rêve. Des âmes qui s’évadent et se rejoignent ici. La magie faisant tout le reste. Et si par hasard, deux âmes se... rentrent dedans, alors ils partagent une sorte d’osmose, ils partagent un rêve. Du moins, c’est ma théorie. Observe la pureté de ces lumières, parfois je reste assis là pendant des heures, des journées entières et à force, j’ai presque l’impression de voir la forme de leurs corps, de voir des visages se dessiner. Je ne suis peut-être que fou. » Et il ria à nouveau, comme se faisant une blague à lui-même.

    « De mémoire, je n’ai jamais vu personne venir ici. Pour la simple raison que les génies n’ont par définition aucune réelle forme physique. Toi, moi, nous ne sommes qu’amas de magies, nous souffrons sans saigner et aimons sans enlacer. Les génies fidèles ont la clé qui mène à notre monde mais le simple fait de dormir ne suffirait pas à s’y rendre. C’est pourtant par le sommeil que tout le monde vient ici. Le royaume des génies possède son propre chemin. Mais aucune complexité à cela car il te suffira de prendre ma main. Et puis quel autre intérêt à venir ici... tu ne peux qu’observer ces boules d’énergies incompréhensibles voler comme les flocons, toujours relevés par la brise. Peut-être que cet endroit est un rêve, que j’ai tout imaginé sans m’en rendre compte et que tout ça n’existe pas réellement au final. Je n’en sais rien mais j’ai envie d’y croire. Et j’ai envie que tu puisses y croire. Car c’est la base de tout ce en quoi, je crois. Que le rêve n’est qu’une vague notion qui recouvre bien d’autres réalités. Si cette arche est un portail, il ouvre à des voies de l’esprit, nouvelles. Et qu’une connexion permettrait de rendre réelle les émotions créant les structures d’un rêve. Tout ce que tu imagines au plus profond de toi pourrait se matérialiser si l’on faisait l’effort de voir au-delà de l’humainement capable. Nous ne sommes pas humains, nous ne le sommes plus depuis des temps lointains. Et c’est en-là que nous sommes si différents des autres races, nous agissons sur un plan presque... divin, sans pour autant oublier le superflu, au contraire, il embellit l’essentiel de toute chose. Alors suis-moi dans ce monde. »

    Et Naram tendit la main, sa manche flottant légèrement par l’étrange pesanteur qui animait cet endroit.
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Lun 08 Oct 2012, 02:04

    La vie de Cyanide fut toujours nomade... enfin toujours, c'était un bien grand mot. Nous nous contenterons de dire qu'elle était une femme d'action, qui aimait le mouvement et faire partie de lui. Elle était sauvage, libre, un électron qui avait besoin d'espace et qui se refuserait à devenir prisonnière d'une simple petite bouteille. Ironie pour un génie. Mais c'était peut-être pour cette raison inconsciente qu'il ne lui vint jamais à l'idée d'avoir une réelle maison, un toit douillet où le confort le plus agréable lui tendrait les bras. Pourquoi désirer rester confinée? Elle en avait malheureusement une tragique expérience, et elle avait étouffé bien trop longtemps pour accepter quatre murs... Pourtant, elle ferait exception pour l'homme qui se tenait devant elle, cet homme au goût douteux en matière capillaire - et elle nierait formellement qu'elle lui trouvait un air charmant malgré ce détail. Parce qu'après tout, dans leur deal et contrat, n'y avait-il pas été question de se faire tout petit et de disparaître quelques temps du monde? Bien que... il n'y avait guère vraiment de mur dans l'univers des songes. Détails, détails...

    Suivant alors son partenaire secret bien sagement, Cyanide avait réussi à tenir sa langue tout le long du chemin, et les dieux savaient que c'était un fait extraordinaire. Petit Renard, lui, s'était enroulé autour du coup de sa maîtresse, sous sa forme animale. On aurait pu croire qu'il s'agissait d'un boa en peau de bête rousse, mais la créature était bel et bien vivante, ballotée au rythme des pas sautillants du génie. Ce fut d'ailleurs sur le chemin que Naram fit un bien terrible aveu à notre jeune femme, et elle s'en sentirait véritablement flattée.

    " Vraiment? Alors je suis ta première fois? Comme c'est mignon. Je me montrerais très douce et gentille. A tel point que tu ne voudras plus que je reparte. "

    Un sourire moqueur s'étira alors sur le visage de poupée du génie. La bonne blague. Il était curieux de se rendre compte à quel point elle aimait à jouer avec les doubles sens. Mais si les mots existaient, autant s'amusait avec ces derniers. Et puis, il n'y avait pas mieux qu'un génie pour savoir que tous avaient leur importance.

    Arrivés aux pieds des portes des songes, Cyanide contempla son environnement, légèrement dubitative. Il n'y avait rien de bien impressionnant à ses yeux, et ce n'était pas comme si elle n'était jamais venue. Combien de pauvres bougres s'étaient-elles amusés à piéger dans ce lieu?

    " Je suis suis souvent amusée ici je dois dire. Je trouve étonnant qu'il y est si peu de monde qui connaisse vois-tu. M'enfin... est-ce vraiment un mal après tout! Hihi! "

    Observant toujours un peu partout, Cyanide donnait l'impression de ne pas écouter son compagnon. Pourtant, ne vous y fiez pas, ses oreilles étaient tout à fait en alerte. D'ailleurs, elle se retourna d'un vers vers Naram.

    " Comment n'es-tu pas devenu dingue en te posant toutes ces questions? Mais je ne te contredirais pas, après tout, même si nous ne comprenons pas le sens du rêve, nous sommes bien là pour courir après les nôtres. Et cet énigme ne nous arrêtera pas. "

    Ce fut alors que Naram se saisit d'une corde qu'il attacha fermement d'un côté, et jeta dans le vide d'une crevasse bien sombre de l'autre. Voila qui était prometteur. Toutefois, l'explication vint avec le geste. Ce fut alors avec non moins de souplesse que l'acrobate géniale commença sa descente, portant toujours sur ses épaules son compagnon. Elle avait beau avoir une frêle allure, sa force surhumaine lui permettait de supporter bien des poids. En attendant, ses efforts étaient récompensés par un magnifique monologue de son génial ami, exposant alors sa théorie sur le lieu où il devait se rendre. Sur le fond, c'était tout à fait passionnant, mais il eut un regain d'intérêt pour les mots de Naram quand elle toucha le plancher des vaches. Non pas qu'elle n'était pas les parties de jambes en l'air, mais pour ouïr une discussion aussi sérieuse, il était préférable de le faire sans exercice physique.

    Petit Renard prit alors la peine de descendre des fines épaules de sa maîtresse. Il était temps pour lui de marcher... mais aussi d'admirer un tout nouveau décor... démesuré. L'animal semblait fasciné par les nombreuses lumières planantes et s'en amusait presque avec l'innocence d'un enfant - ce qu'il était en une façon. Cyanide, elle, était toujours à l'écoute de son camarade, toujours avec son air faussement distraite. Ses yeux malicieux balayaient tout ce qui l'entourait, elle étudiait son environnement à vitesse grand V. Puis ce fut à ce moment là qu'elle posa ses yeux définitivement sur Naram, avec son petit sourire en coin qui en disait bien long.

    " Joli cœur, si je ne croyais pas, sache bien que je ne me saurais certainement pas donné la peine de venir jusqu'ici. Mais avant de nous en allez, sache une chose : ne m'insulte pas à m'accordant la moindre humanité. J'ai eu la grâce de ne pas naître humaine, ce n'est pas pour m'en être affublé maintenant que je suis un génie.... mais c'est une histoire que je te raconterais si tu es sage. "

    Ce fut alors à ce moment là que Cyanide glissa sa fine main dans celle de Naram, et avec une immense esquisse, elle n'eut qu'une seule chose à dire.

    " Allez beau gosse, emmène moi aux pays des rêves! "


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Jeu 11 Oct 2012, 02:26

    « Alors rêvons ma belle, rêvons d’un monde meilleur. Un monde moins ennuyeux. » Et même si c’était sûrement la plus mauvaise idée que j’eus pu avoir ces derniers temps, j’en avais bien trop envie pour reculer. Certes, je ne connaissais pas Cyanide mais j’avais tant l’impression de tout savoir d’elle, et ce que je ne savais pas, je m’en fichais, j’aurais bien le temps de la connaître. Cyanide serait un peu la donnée hasardeuse de mon plan, l’imprévu dont j’avais besoin pour aboutir à ma révolution. J’avais besoin d’elle, je la voulais à mes côtés, elle et personne d’autre. Elle n’était peut-être pas puissante, je me fichais de sa puissance. C’était son intellect, sa réflexion, sa capacité à réagir, à se poser les bonnes questions, à voir au-delà, sa capacité à me suivre et à rêver d’une folie monstrueuse et dangereuse mais si bénéfique à nos âmes en proie à l’usure du temps. Je voulais de Cyanide dans mon camps et je m’en faisais la promesse, elle en ferait partie. Prenant délicatement sa main, je la ramenais à moi et baisa avec douceur ses doigts fins de grande dame, je n’étais pas tant gentleman mais l’action prêtait à l’amusement et dans ce baiser, un sourire presque démoniaque et grandissant se faisait le berceau de bien des projets, mes projets.

    Et dans un dernier regard lancé à Cyanide, je jugeais qu’il était temps de passer à l’action. Cette fois, ni elle, ni moi, ne pourrions revenir en arrière. Un vent violent se mis à faire siffler les veilles roches de ce lieu. Tout d’abord, il fit gonfler nos vêtements sans trop nous impressionner mais bientôt, la bourrasque vint nous empêcher de s’entendre parler ou penser, ce son strident était à l’extérieur tout comme à l’intérieur de nous-même, il était partout, omniprésent. Ce fut ensuite comme un immense miroir en forme de dôme qui vint se fracasser. Les alentours furent comme craquelées, c’était peut-être étrange pour la génie, je ne savais. Ce vent tourbillonnant firent se décoller les bouts de glace qui laissèrent à la place d’un endroit où par exemple, il y avait de la roche, une lumière aveuglante de l’exacte taille du bout manquant. Et bientôt, cette lumière vînt recouvrir tous les morceaux volant dans le tourbillon. Nous fûmes d’ailleurs tous trois pris par une absence de pesanteur plutôt agréable. Nous fûmes ainsi soulevés en hauteur dans ce néant de lumière qui nous happa l’espace d’un instant éternel, un instant qui n’en finissait pas où tout était silencieux. Plus aucun bruit étranger ne vint court-circuiter ce calme tyrannique, nous fûmes le plus paisibles du monde, notre âme au repos pendant ce seul instant, nous pouvions d’ailleurs fermer les yeux, personne ne seraient venu nous obliger à les rouvrir. Et au réveil, tout avait changé.

    Une immense forêt luxuriante à perte de vue. Il faisait nécessairement nuit même si avec la hauteur des pains, on ne distinguait étoile qui brillait ou lune qui vacillait, seul un néant de ténèbres semblait incarner le ciel dans ce monde incompréhensible. La faune y était diverse mais pourtant, tout semblait briller d’une étrange lueur d’un bleu nuit très prononcé ; que ce fussent les parterres de fleurs envahissantes, grimpant au tronc comme vivants, que ce fussent ces boissons qui libéraient des clochettes pendantes à travers les ronces, tout était d’un bleu nocturne étrangement harmonieux. Et lorsque j’invitais mes deux compagnons à me suivre, la nature semblait nous écouter, elle nous libérait même le passage à nos pas, rabattant ses branches cornues bien trop longues et ses obstacles naturels qui nous obligeaient à lever les jambes, cette nature personnifiée nous obéissait.

    « Nous sommes à exactement une seule journée de marche du palais du Mârid et à une demi-journée de marche du Colisée. Nous irons le voir demain, de loin. Les barrières magiques y sont toutes installées mais, pour le moment, fonctionnent à l’envers. A la place de repérer tout individu étranger à la race des génies, elles ne repèrent que ceux de cette race. Ton cher renard sera un allié très précieux bien qu’il devra prendre peut-être un bon bain, car sentant un peu trop le génie pour les quelques ingénieurs bien trop pensants qui ont façonné ledit barrage. Et pour qu’il puisse se détendre un peu bien entendu ; bien qu’un tel privilège peut tout autant t’être réservé Cyanide, cela va sans dire. » Et ne marchant ainsi que quelques minutes, ils arrivèrent à une sorte de minuscule clairière abandonnée, perdue au milieu de cette immense forêt qu’aucun humain n’aurait conquis.

    A son centre, l’on vit une veille cabane délabrée d’un bois pourri par les moisissures et multiples champignons de forêt. Les toiles d’araignées jonchaient chaque charpente et l’on vit même une belette sortir par une fenêtre mal fermée dont les carreaux étaient tous cassés, sûrement effrayée par notre venue. La chose avec quatre murs et un toit à peine en équilibre pouvait peut-être accueillir une personne et encore, pas trop gâtée par la bonne cuisine de nos terres. Ce fut pourtant avec un enthousiasme, presque pas sur-joué pour une fois, du moins je faisais des efforts, que j’entrepris un : « Et voilà notre Palace ! » sous quoi, immédiatement après, une planche et un bout de plâtre le tenant vint s’effondrer sur un malheureux rongeur se trouvant malencontreusement là et dont le cri suraigu signifiant sa fin fit surtout comprendre qu’il ne fallait pas trop s’approcher de la bâtisse.

    « Hum... C’est plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur. » Soumettais-je en riant et en invitant mes invités à se joindre à moi. Cependant lorsque nous passâmes la porte d’entrée, la magie opéra, finalement non sans grande surprise. Lorsque nous étions rentrés, je tapais dans mes mains et la lumière fut, les bougies pendants au plafond s’allumèrent. Il n’y avait certes aucune fenêtre à l’intérieur, mais ce fut grand, certes pas immense, mais trop aurait été inutile pour si peu de monde ; on pouvait facilement y placer au moins cinq personnes qui n’ont jamais manqué un copieux repas de leur vie sans qu’ils ne gênent le passage. Les plafonds étaient toisés d’épais tissus légèrement courbées d’un rouge passionné tandis que les murs étaient recouverts d’un bois ciré très clair. Sur le sol, il y avait d’imperméables et moelleux tapis à poil long où nichaient ici et là, un peu près partout, des centaines de coussins empilés les uns sur les autres à divers endroits de la pièce principale. A regarder l’ensemble, tout y était généralement sobre, il n’y avait aucune extravagance à « la Naram » si je puis dire la chose. Il y avait de belles peintures au mur car je restais amateur d’art et un piano demeurait dans le fond de la pièce. Il y avait une grande table ronde et basse au centre de la pièce avec un chandelier au plafond et des coussins plus gros tout autour pour s’assoir en tailleur, ou autrement après tout.

    « Voilà, c’est ici que je vis, en réalité. Cyanide, je sais qu’on ne se connait pas tellement. Mais, je te fais confiance sur un point précis. Ne dis jamais à personne où j’habite. Ce lieu demeura secret à jamais, peu importe que je devienne roi ou redevienne errant. J’aurais toujours cet endroit, c’est ma cachette, celle que personne ne devra connaitre, mêmes ceux qui me sont le plus proches. C’est pour me protéger, justement de ce monde. Lorsque je vois tout ce qu’il se passe partout, rien n’arrive jusqu’ici, tu comprends. C’est réellement un endroit immaculé, cette forêt, c’est moi qui l’ai créée. Cette cabane, on peut passer devant, qui aurait l’idée de s’en approcher. La cachette est parfaite. Nous sommes à l’abri de tout ici Cyanide. Aucun sang n’a jamais coulé ici et aucun ne coulera. Ici, c’est paisible, la peur, la crainte, la haine, rien n’existe ici. Partout, ailleurs dans ce monde, tu dois être alerte. Mais ici tu n’as pas à faire attention à ce que tu dis, ce que tu fais, ce que tu montres. Et j’aime ça. Mais si quelqu’un venait à découvrir cet endroit, il ruinerait tout ce que j’ai entrepris pour en faire un havre de paix. Je te fais confiance, tu seras la seule à connaitre cet endroit. A jamais. » Finissant sur ces douces paroles qui avaient tout leur sens, je continuais.

    « Sur ta droite, au bout du couloir, tu trouveras la salle d’eau. Ce sont des thermes réduits à la taille d’une maison. Dès l’entrée, tu n’as qu’un simple passage mais la pièce est de la taille de la « baignoire » dont je te parlais tout à l’heure. Tu pourras tester la chose, j’y rajoutais un ou deux effets magiques qui ne pourront que te plaire, je le sens. Tu as sur ta gauche, trois chambres en tout. La tienne que tu partageras avec ton petit renard, celle de notre invité que nous recueillerons bientôt et la mienne. Mais si petit renard veut prendre la mienne, je lui en fais cadeau, je ne m’y rends jamais, la pièce principale me suffit, j’y passe mes nuits, j’écris, je songe, je réfléchis à la suite, au plan à suivre. Tu pourras me trouver à toute heure de la nuit ou du jour. » Et je lui tendis un simple bracelet en argent et l’invita à me tendre son poignet pour que je puisse lui accrocher.

    « Pense-y simplement. Une projection de toi en mouvement m’apparaitra et vice versa. Nous pourrons ainsi communiquer si besoin est pendant les épreuves, avant, comme après. Deux à trois jours par semaine, je dois me rendre au palais du Mârid. Officiellement, je vis là-bas. Depuis la mort d’Halama, je la remplace, notamment pour tout ce qui concerne les tests de passages et autres commodités en tant que second du Mârid. Le reste de la semaine, l’homme me laisse tranquille et alors j’aurais tout mon temps pour songer à renverser mon roi. Nous allons établir un ordre de missions, le but est de rester coordonné. En effet, si tu tentes de d’aventurer dans le Colisée par exemple, tu dois m’en informer car en tant que second, je pourrais éloigner les iblis qui gardent l’endroit, ou leur ordonner de voir plus loin si j’y suis. Dès demain, j’irais chercher notre nouvel invité, il est très bizarre mais il te plaira. Je le sens. Pour l’heure, je crois que ça fait beaucoup pour aujourd’hui, on ne se connait que depuis quoi... ce matin ? Et tu es déjà prête à me suivre. C’est parfait. Tu es géniale Cyanide, sans mauvais jeu de mot. Je n’aurais pu trouver meilleure compagne. D’ailleurs, ton ami renard doit avoir faim, non ? » Et d’un mouvement ample de la main, je fis apparaitre plusieurs plats, différentes viandes et mets, des légumes fumants à la farce, des patates croustillantes en pyramide et bien d’autres choses plus succulentes que bonnes à respirer.

    « Je t’invite également à reprendre des forces. Demain, sera une grosse journée. Je vais en faire de même. » Finis-je par dire avant de m'asseoir à une place sur l’un des coussins. Je pris alors une assiette, découpa une aile de poulet qui vint toute seule à moi en raison de sa chair tendre comme du beurre, puis reposant mon assiette, fit une constatation étonnante : « Croyez moi ou non. Mais cela fait des millénaires que je n’ai pas mangé avec quelqu’un. Des siècles et des siècles que je ne me suis pas mis à table avec quelqu’un. Je ne me souviens même plus à quand remonte la dernière fois, ni avec qui. » et tout en riant de la chose, je continuais : « J’aimerais te poser une question Cyanide. Les génies ne ressentent aucun besoin physiologique propre. C’est-à-dire, aucune faim, ni soif, ni fatigue. On ne ressent pas la température, nous n’avons donc ni chaud, ni froid. Nos besoins ne sont que moraux, nos douleurs, seulement psychologiques. Tout est dans notre tête en somme. J’ai longtemps cherché à savoir s’il s’agissait d’une bonne ou d’une mauvaise chose que d’être débarrassé de tout ça. Ma question, j’y viens, est... comment tu gères tout ça ? Manger sans avoir faim, le goût ne te manque-t-il pas ? Dormir pour ne pas devenir fou ? Ne jamais pouvoir rêver... quand on est un génie, quel paradoxe. Ne tuerais-tu pas pour ressentir la brise d’un vent maritime ? Des siècles d’existence et je n’ai jamais compris. Est-ce moi qui n’arrive pas à m’y faire, ou sommes-nous tous en proie à ces questions ? En tout cas, ce qui est sûr, mieux vaut couper un bras à un humain, il aura mal mais ses nerfs seront coupés et on pourra toujours médicalement l’anesthésier. Coupez le bras à un génie, et même s’il peut faire repousser son bras, car pouvant changer tout ou partie de son corps, la douleur demeura dans sa tête, comme si les nerfs étaient toujours en alerte de cette douleur, demeurant bien longtemps, faisant bien plus mal. Mêmes nos points forts nous desservent j’ai l’impression parfois. » puis laissant un petit blanc, je continuais : « enfin je sais, je me pose trop de questions » pour reprendre le phrase que Cyanide avait employé tout en riant avec un large sourire tout en essuyant un peu de sauce sur mes lèvres.

    Au final, j'étais plutôt content de partager cet endroit avec Cyanide et son renard. Je me sentais bien, sans juger du passé de qui que ce soit avec la simple envie de discuter un peu avant que la nuit ne passe et qu'une nouvelle journée n'incombe de nouvelles ambitions et de nouvelles obligations.


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