« Tu peux me dire ce qu'on fait là ? », « Tu sais Cocoon, contrairement à toi je crois en les Dieux. », « Ne recommence pas. », « Non, non... Ce que je veux dire c'est qu'ici, les habitants ne sont pas fanatiques tu vois. Je suis venue plusieurs fois, et j'ai apprécié les accompagner prier au temple. Ecoute, quand tu as des valeurs, c'est important de savoir à quoi te raccrocher. » L'Orisha se pencha sur son banc, et d'un geste vif prit la main de Viktorya pour en embrasser la dos « Tu n'as pas besoin de ça. Raccroche toi à moi... » L'Orine sourit calmement, se laissant faire, avant de caresser la joue de l'homme « Je vais rester ici quelques jours. Tu vas repartir ? », « Oui, je ne fais que t'accompagner jusqu'à la cérémonie de ce matin. La cité a bien changé depuis sa construction. », « Les habitants souffrent Cocoon. La chaleur les accable, et c'est important qu'ils aient, dans ce genre de moment, en plus d'un roi solidaire, une Déesse présente. Ne veux-tu pas resté pour la veillée ce soir ? » Le Titan se redressa complètement « Ca fait trois jours que tu m'en parles. C'est pas mon truc la religion, je la laisse aux bonnes âmes. Essaye juste de ne pas t'y noyer. », « Comme tu voudras. »

L'Orine se leva à son tour, et vêtue de son ample kimono rosée, enlaça le bras de Cocoon. Le bronzé était vêtue de manière différente. Le Désert étant une zone aride et particulièrement dangereuse, même pour quelqu'un de basané comme lui. Ainsi, de grands voiles en lin d'un blanc immaculé, entouraient son corps de manière brute, peu soignée. Pas d'ornements, de bijoux, juste des noeuds par ci par là, de manière à faire tenir l'ensemble. De la même manière, son visage était entouré du tissu un peu lâche et, dès qu'il mettait le nez dehors, le serrait assez pour ne laisser apparaitre que sa bande d'yeux vairons. Les deux couleurs, entre son teint et le vêtement, contrastaient. D'un côté, ce n'était pas plus mal. Depuis jeune il avait prit cette habitude lorsqu'il traversait l'étendu brûlante, et maintenant qu'il était roi, il évitait de se faire reconnaitre. Ainsi, dans une ville comme Utopia, malgré la carrure massive que tout un chacun lui connaissait bien, il passait à peu près inaperçu.
Viktorya tira sur son bras pour attirer son attention. A travers la foule des rues, il s'étonna des gens vaillants qui affrontaient la chaleur du à la perte conséquente de magie « Viens... » Le souverain suivit la demoiselle sans rien dire, avant de percuter que tout ces gens, autour d'eux, était entrain de suivre le même chemin, menant au même endroit : le temple de la Justice.
« Il va se passer quoi ? », « Drejtësi va venir. Des fidèles l'ont appelé, elle a répondu. » Cocoon se mit à rire « T'es en train de me dire qu'elle vous a fixé un rendez-vous ? Ah ah ah... Alors non demain c'est pas possible, par contre la nuit prochaine je fais rien ! Ahahah... » L'Orine tenta de lui donner un coup de coude dans ls cotes, pour la beauté du geste du moins, avant de faire mine de l'ignorer. L'Orisha n'était pas irrespectueux il était juste... Désinhibée. La religion, tout ça... C'était du vent. Avec Antarès comme Déesse, merci le respect à lui attribuer.

La foule s'était bien amassée. La devanture du temple fut décorée pour l'occasion, et une place était réservée pour accueillir la divinité. Cocoon éternua, puis se frotta le nez. Un léger vent se levait. Viktorya le regarda, soucieuse. Dès qu'il n'allait pas correctement, elle était inquiète.
L'Orisha attrapa les épaules de la jolie plante pour la garder contre lui « Fais attention. Si tu sens une main sur tes fesses, tu hurles et je me chargerai du type. Personne te touche. » Elle esquissa un sourire, avant de se placer devant lui. Les minutes passèrent, les gens immobiles étaient en haleine, alors que le roi s'impatientait « Tu sais quoi, je m'étonne que des gens commencent à se manifester contre la royauté, un peu partout dans le monde, alors que les Dieux eux, sont toujours bondés de fidèles. Regarde moi ça... » il tourna la tête et il y avait autant d'habitants devant lui que derrière lui « Tais-toi un peu, regarde ! » L'Orine pointa du doigts l'espace aménagé pour que tout le monde puisse la voir et la recevoir. Cocoon croisa les bras en haussant un sourcil « Hé bien... Quel bordel... »

Mitsuko fixait l'immensité du monde, pourtant cantonnée à l'intérieur de son seul temple. Les terres du Yin et du Yang allaient connaître de sombres jours. En tant que déesse protectrice de la race humaine, elle se devait de répondre aux appels de ces derniers. Mais qu'était donc leur avenir ? Utopia risquait de périr et elle ne savait pas elle-même combien de temps elle pourrait user des ses propres pouvoirs. Son choix de devenir à moitié mortelle avait été fait au bon moment car beaucoup d'Aetheri savaient déjà quel serait leur sort. Elle ne ferait pas partie de ces derniers, sauf si elle restait divine trop longtemps. La jeune femme avait d'ailleurs décidé qu'après cette entrevue avec le peuple humain et après leur avoir rendu « la chose » qui leur appartenait, elle ne retournerait plus sur ses lieux de culte avant un long moment. C'était bien trop dangereux, même si être un Dieu en dehors l'était bien plus. Heureusement, elle ne pouvait plus l'être dans ces conditions, à la différence de divins, comme Antares, qui regardaient, lentement mais sûrement, les jours qui leur restaient à vivre défiler devant leurs yeux. Cela devait être terrible. Néanmoins, ainsi était fait ce monde et Mitsuko commençait à croire que les Aetheri n'étaient en aucun cas épargnés de la « mort ». De toute façon, elle avait bien l'intention de pousser William à sortir de son temple. Il y avait plusieurs raisons à cela : une petite vengeance personnelle et, puisqu'il était lié à Ismérie, la jeune femme se demandait si celui-ci réapparaîtrait dans le cas où elle essaierait de le tuer, réellement. Seulement, éliminer un esprit du temple tout en étant mortelle était une chose très peu aisée. C'est pourquoi elle comptait sur l'extinction magique de ce monde pour s'occuper de lui, elle n'aurait qu'à le faire sortir de son monde. Ce serait si... jouissif. Mais, en attendant, c'était l'heure.

A l'endroit exact où l'on attendait la déesse qu'elle était, un félin des neiges apparut. La bête n'aurait jamais pu vivre ici, jamais pu y rester plus de quelques minutes. Pourtant, puisqu'elle l'incarnait, ayant changé son corps pour maintenir secrète son identité de mortelle, peu importait. Elle s'assit, fixant la foule de ses yeux semblant faits d'acier. Puis, une vois féminine s'éleva dans les airs, semblant sortir de nulle part et partout à la fois. « Humains, vous m'avez invoqué et je me trouve à vos côtés à présent pour vous avertir. L'heure est grave, très grave. Les rois et les reines de ces terres ont été appelés dans un conseil qui s'est montré inutile. Le Destin l'avait prévu mais il devait avoir lieu. N'en voulez pas à votre souverain. Il s'est montré intègre et courageux. Il a parlé en votre nom à tous et continuera de le faire car nous l'en jugeons digne. ». Elle marqua une pause, ses yeux de félins se fermant un instant alors que les maux des hommes et des femmes présents disparaissaient. Les blessures, les douleurs, ils en étaient à présent exempts. « Utopia connaît des dysfonctionnements et cela ne s'arrêtera pas là. Pourtant, il est de votre devoir de défendre cette cité qui fut la première vraie construction humaine, votre première véritable maison. Néanmoins, le temps viendra où il ne vous sera plus possible de le faire. Suivez les instructions de votre roi, écoutez le car il est sage. Néanmoins, sachez que mon temple vous sera toujours ouvert, quelle que soit la finalité. Des Hommes vont disparaître, des Divinités également. Je vous l'ai dit, l'heure est grave et personne ne sera épargné. Pourtant, si je devais à mon tour trépasser, parce que l'injustice serait si grande que vous cessiez de croire en moi, je ne pourrai le faire sans vous rendre celle qui jadis vous regroupa. Violette. ». L'humaine apparut de nulle part, les murmures déjà nombreux dans la foule se faisant plus puissants. « J'ai pu la sauver de son destin. Jamais elle ne redeviendra reine mais elle est déterminée à servir Mikaïl, tout comme vous devrez le faire si vous souhaitez survivre. Croyez en vous. Ce qui a été désigné de nombreuses fois comme une faiblesse est aujourd'hui votre force à l'heure où la magie s'éteint. Conduisez Violette à votre roi, maintenant. ». Puis, plus aucun son ne se fit entendre, la foule s'éparpillant comme hypnotisée après avoir récupérée la jeune femme qui avait été précédemment leur reine mais qui semblait, à présent, bien fragile, ayant même certaines difficultés à se déplacer. Sans doute des questions lui seraient posées, mais, après tout, Mitsuko faisait confiance à celle qui avait été sa première fidèle, il y avait si longtemps de cela.

Après quelques minutes, seuls semblèrent rester un homme à la silhouette cachée et une jeune femme, orine, à ses côtés. Le félin les fixa, ne bougeant pas.

Cocoon attrapa Viktorya par le col « Hep... Reviens ici ma jolie... » Il exerça une légère pression sur elle et elle fut presque projetée contre lui tellement elle était molle. Le discours de la Déesse était puissant, l'Orishala ne pouvait dire le contraire, mais il retrouva ses esprits -qu'il n'avait pas vraiment perdu- plus vite que tout ces Humains venus pour la procession. L'Orine aussi avait été soumise à ce charme.

Elle avait défendu le souverain des Humains... A juste titre vu que Cocoon était là-bas aussi, mais pourquoi ? Qu'avait-elle à y gagner ? Des fidèles ? Les Hommes priaient toujours, quoi qu'il arrivait. Cependant, pendant ce discours, la foule avait changé, comme plus légère. Le Titan, ne croyant pas plus aux Dieux que ça, s'était aussi vu allégé de tout questionnements, ou doute. Comme s'il avait été galvanisé et, étrangement, il voulu se méfier. Se mettre sur la défensive, n'accueillant que mal cette magie divine. Et plus le temps passait, plus elle manipulait la foule avec une habileté sans faille, la faisant croire ce qu'elle désirait entendre. Alors elle présenta Violette. Une ancienne reine qui avait jadis défendu son peuple, et qui était tombée dans un certain anonymat... Avant de revenir. Enfin anonymat... C'était vite dit. Ce n'était pas parce que Cocoon n'en entendait plus parler, que la fille était forcément tapis au fond d'un trou à ermiter. Parfois sa... Représentation des choses, était assez spéciale. Trop personnellement surement.

Viktorya se pencha vers lui « Elle... A été Reine ? », « Ouais... Elle était la maitresse de l'ancien Conseil, celui où Jun a foutu le bordel. Bha, elle vaut ce qu'elle vaut. Je pensais qu'au contraire... » Réfléchissant en même temps il stoppa sa phrase en plein milieu. L'Orine ne l'écoutait déjà plus se concentrant à nouveau sur Drëjtesi. Elle aussi voulait emmener Violette...

Cocoon la retint alors qu'il laissa la foule se disperser. Observant le félin il attendit quelques secondes, pensant qu'il allait disparaitre, mais en vain. S'approchant de quelques mètres il fut assez surpris de son propre geste. Inclinant la tête pour saluer personnellement la divinité, il lui dit assez doucement « Pourquoi avoir ramener Violette ? Les gens ont-ils besoin d'un vieil artefact pour croire en leur actuel souverain ? Il y aura toujours des fidèles... Chez vous comme chez nous. Non ? » Le bronzé se gratta la nuque. Il ne voulait pas se montrer vindicatif, mais la communication trop poussée le mettait mal à l'aise. Du coup, il sortait les idées comme elles venaient mais avec un mal fou, et une maladresse notable « Ne craignez vous pas que les Hommes se servent de Violette pour vous atteindre ? Quand bien même peuvent-ils vous atteindre... hum. » Ok, Cocoon reconnaissait implicitement ses lacunes religieuses. Les Dieux tout ça...
Seulement une chose qu'il savait c'était au sujet des fidèles, sans eux les Aetheri étaient particulièrement mal « Si les rébellions éclatent, les gens se détourneront de la royauté, et pourquoi pas de la religion. », « Cocoon ! Arrête de la déranger ! Elle a déjà été très serviable de venir alors... » Il la regarda « Serviable ? Mais n'est-ce pas son rôle ? » Viktorya rougit et se sentit gênée. Elle se tourna alors vers la Déesse alors que Cocoon croisait les bras « Si nous pouvons faire quoi que ce soit pour vous, n'hésitez pas, Ô Drëjtesi... » Le Titan voulu lever les yeux au ciel devant cette ode mais ne scilla pas, se tenant tranquille. Au bout de quelques secondes il leva les yeux vers la Déesse « Vous n'êtes pas venu que pour les galvaniser, n'est-ce pas ? » Chaque Dieu devait trouver sa part et son quota dans chaque chose qu'il entreprenait et, ici, juste venir rassurer des fidèles en leur filant une Violette tremblante, lui semblait un peu bancal. Il y avait forcément une contrepartie derrière, une idée bien plus bénéfique pour elle...

Enfin, pareil elle l'enverrait valser contre le Palais avec une bonne migraine pour le reste de la soirée. Elle en aurait le droit d'ailleurs, ça lui apprendra à cet espèce d'ignorant...