[Persée]

Le reflet de l’adolescente dans le corps de laquelle je me trouvais s’effaça pour peindre le portrait de Judas. Il semblait furieux. Mes yeux, qui auraient dû être bleus, se posèrent sur son visage. « C’est dommage de ne pas pouvoir sortir, n’est-ce pas ? » articulai-je d’un ton supérieur. À l’intérieur de la tête de Gyzyl, nous nous livrions un duel sans merci. Si je me montrais confiant en apparence, le fait que je fusse remonté à la surface n’inaugurait rien de bon. Judas était un odieux tacticien. Il avait récupéré des terres qui, jusqu’ici, m’appartenaient pleinement. La magie ne pulsait pas dans ses veines. Pourtant, il savait convaincre et ne reculait devant aucune tactique, quand bien même risquait-il de faire sombrer l’ensemble du plateau dans le néant. J’avais été Roi. J’avais causé le chaos. Néanmoins, lorsque je le voyais agir, je sentais d’insupportables frissons remonter le long de mon échine. Je devais trouver un moyen de me débarrasser de lui avant qu’il ne fût trop tard. À ce sujet, il me semblait déceler un lien entre Judas et l’homme qui s’était retrouvé parmi nous durant son absence. L’équation était simple : lorsque Judas était là, il ne l’était pas. Lorsqu’il était là, Judas disparaissait. Il me fallait donc attirer le brun à l’intérieur et l’y retenir à jamais. C’était la raison pour laquelle je me trouvais actuellement dans le corps de l’adolescente, à tenter de régner sur ce petit monde rempli d’élèves. Malheureusement, coincé dans sa chair féminine, je n’étais pas en possession de tous mes moyens.

Lorsque je le regardai une nouvelle fois, le visage de Judas ne montrait plus aucune fureur. Un sourire victorieux régnait sur ses traits. Avait-il joué la comédie jusqu’ici ? Il me regarda de haut avant de me tourner le dos. Le reflet se brouilla pour me ramener à la tristes réalité. Les cheveux blonds de Gyzyl, ses formes, son corps de femelle. Je soupirai, conscient que je ne devrais pas mettre trop longtemps avant de rentrer. J’avisai le bureau de l’élève. Un cadeau y était déposé, pour Lana. Il s’agissait de l’une de ses colocataires, une Sirène à la poitrine généreuse que j’avais plus d’une fois observée, tapis dans l’obscurité. J’adoptais à son égard des pensées similaires à celles de Judas. Je me voyais très bien trancher les seins de cette chose impie, la mettre à genoux et les lui faire avaler. Je ne notai que trop tard l’effet de mes pensées. Je me sentis doucement mais sûrement repartir. Elle me le paierait.

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GAYLE - abcdefu

[Pandore]

Je me mis à rire. C’était rare que Persée eût des envies concupiscentes. Il y avait décidemment quelque chose d’étrange entre les Sorciers et les Sirènes. Je m’approchai du miroir et fixai un instant le visage de Gyzyl. Je passai mes mains dans ses cheveux afin de les ébouriffer, amenai mes doigts en griffe devant la glace et grognai de façon exagérée avant de sourire à mon reflet et de lui faire un clin d’œil. Ce n’était pas mon corps mais il avait du potentiel. Dommage que cet uniforme stupide gâchât tout essai de séduction. Cela n’aurait tenu qu’à moi, je me serais habillée en bas résilles, en mini-jupes et… peut-être aurais-je tout de même gardé le haut, en le raccourcissant légèrement. Je souris et m’approchai du présent. J’ouvris délicatement la boîte et regardai son contenu. Héra devait en être à l’origine. Ce ruban pour les cheveux, rose pâle, avait un côté enfantin. Je levai les yeux au ciel. Ce cadeau était on ne peut plus ennuyeux. Néanmoins, la boîte me donna une idée. Je remis le couvercle en place et partis prendre une douche.

Lorsque je revins, la chambre était toujours déserte. J’étais complètement nue. Je fouillai dans mon bureau et en sortis un rouge à lèvre d’une couleur sanglante. C’était le mien. Gyzyl n’aimait pas ce genre de couleurs. Néanmoins, si nous voulions cohabiter pacifiquement, il fallait que chacun d’entre nous fût représenté et eût ses repères. Je jetai un coup d’œil à l’emploi du temps accroché sur le mur proche de la porte. Normalement, Lana serait la première à revenir. Parfait. Je me déplaçai encore vers la glace et commençai à tracer sur mon corps un véritable jeu de piste censé la conduire au présent. Je ris, satisfaite, et m’allongeai sur son lit. Je plaçai la boite sur mon pubis et attendis là. M’offrir à elle était tout de même une bien meilleure idée qu’un vulgaire ruban.

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Le ruban : C’est un ruban rose pâle à nouer dans les cheveux ou à accrocher sur ses vêtements ou ses accessoires. Talisman de protection, il donne envie à l’entourage de celle qui le porte de protéger et aider cette dernière. L’effet est amplifié sur les garçons qui la trouvent en plus particulièrement mignonne et attendrissante.