Dans le creux de nos rêves
Juvelian & Phobos

« As-tu réfléchi à ton dernier vœu ? » demanda Phobos à Jaazaniah. L’adolescent avait déjà souhaité recevoir une bonne note à un devoir qu’il avait rendu en retard et obtenir un rendez-vous avec la personne qu’il aimait. « Il faut que je réfléchisse à quelque chose que tu ne puisses pas saccager. » répondit avec rancœur le pâle. Il se renfrogna en lançant un regard à la silhouette vacillante qui le suivait de partout dès l’instant où il se trouvait tout seul. La rousse se montrait de plus en plus insistante. Pourtant, elle parvenait à ne pas se mettre en colère. C’était plutôt lui-même qui s’agaçait de ses questions récurrentes. Lorsqu’elle lui était apparu en lui proposant son aide, il avait pris la décision de se montrer méticuleux pour lui évoquer ses souhaits – comme par exemple devenir le délégué de son département, devenir roi ou bien encore réussir à coucher avec Lana. Pourtant, sans s’en rendre compte, il avait gâché ses chances, et ce sans trop comprendre comment la chose était arrivée. « Tu es toujours fâché à cause de ton rendez-vous ? » L’élève du Charbon ne répondit rien. « Je t’ai pourtant organisé le rendez-vous que tu m'as demandé. » « Oui enfin, pour ce que ça m’a servi ! » L’activité en extérieur avait été ruinée par un violent orage qui avait explosé de manière inopinée et qui avait rendu sa camarade malade pour le jour d’une représentation. Pour un casting de chant où elle avait été recallée, pour être plus exact. « Je ne sais même pas pourquoi je t’ai demandé ça, je m’en serai très bien sorti tout seul. On s’entendait très bien avant toute cette histoire. » Elle ne lui adressait plus la parole depuis. Le blond s’était remis en marche, comme pour fuir la nuisance dans son dos. Comme attirée par un aimant, la plus âgée le suivi. « Ce n’est pas ma faute. Ma partie du contrat a été remplie : je t’ai arrangé un rendez-vous avec elle. » Le fuyard fit claquer sa langue contre son palais tout en secouant légèrement la tête, agacé. « Peut-être, mais tout semble toujours mal se passer quand tu commences à mettre ton nez dedans… »

L’étudiante se matérialisa devant le plus jeune. Ce dernier s’arrêta brusquement, cherchant à la contourner. Pourtant, il s’arrêta net lorsqu’il vit une main se tendre devant lui. « Décide toi. Quel est ton vœu ? » La pulsion enfla, gronda, pris tout l’espace de ses pensées. Il ne pensa plus qu’à cela : il devait faire un souhait. Chaque fibre de son corps semblait lui crier d’abdiquer, de se soumettre à cette injonction, de céder face à la pression qui s’appuyait dans sa poitrine. Son souffle s’accéléra, se saccada : plus il résistait, plus la pensée devenait obsédante. Toute sa capacité d’analyse semblait se troubler, pour se focaliser sur l’idée la plus proche de ses désirs immédiats. « J’ai besoin d’offrir un cadeau à Juvelian. » Dès que les mots eurent franchis ses lèvres, il se sentit libéré du poids invisible qui s’était abattu sur lui. Pourtant, ses lèvres se contractèrent immédiatement en grimace : il avait le sentiment d’avoir encore gâché un vœu, sans comprendre pourquoi il s’était aussi facilement laissé berner ! « C’est pas tout ! » se précipita-t-il de rajouter. Il fallait que le cadeau lui plaise, qu’il lui attire ses bonnes grâce, qu’il soit original et qu’elle le remercie généreusement pour ça. Trop tard, il ne put rien dire de tout cela. La fille s’était déjà inclinée, un sourire sournois aux lèvres, et s’était évaporée comme un écran de fumée soufflée par un courant d’air.

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Le Sylphe avait gardé l’apparence de son maître. Ses traits qui ne faisaient jamais grande impression, ce visage fade qui lui allait comme un gant. Il observait l’Alfar de loin. Il lui avait fallu un moment mais il avait fini par la reconnaître. C’était l’une des reines. L’une des souveraines du Rêvarium. Il avait visité le sien, quelques fois, comme tous ceux des élèves de Basphel – du moins lui semblait-il : cet univers était vaste, et il était loin d’en avoir exploré l’entièreté.  Il ne se souvenait pas exactement de ce que cette adolescente y avait fait, mais son visage lui paraissait indéniablement familier. Le génie, sous l’identité de son maître – il serait bientôt libéré de son courroux et pourrait aller aborder quelqu’un d’autre – s’approcha de la fille de l’Acier. « Joyeux Essë’Aellun. » fit le faux Jaazaniah. Il matérialisa son présent sur la table qui les séparait. La sensation grisante de la magie parcourant son être étreignit Phobos. Un sourire se greffa à son faciès alors qu’il déposait son regard sur l’objet d’apparence banale. « Tu devrais le mettre sous l’oreiller de quelqu’un. » conseilla le blond avant de s'en aller comme il était venu.

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Pouvoir utilisé : Le Caprice d'Asmodée - Par ses actions [tendre la main], le Génie pourra faire naître un désir immédiat chez saon Maître.esse. Iel aura alors la conviction de devoir utiliser l'un de ses vœux (de la manière qu'iel souhaite) pour étancher cette pulsion nouvelle.

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