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 [Q] Les cœurs fébriles

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Khelil et Maëra
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Khelil et Maëra
Sam 21 Oct 2023, 21:15


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Les cœurs fébriles
Khelil & Maëra

Intrigue ; Khelil et Maëra reçoivent des animaux de compagnie dont il devront prendre soin en grandissant. [RP flashback]

Faye rouvre les yeux. Il a dans le regard un vague qui le fait paraître absent. Il est bien là, sur le perron de sa demeure. Pourtant, il a l'air d'avoir voyagé, de ne pas être entièrement présent, ancré dans cet endroit et ce moment. Ses yeux suivent les silhouettes de ses enfants, qui jouent dans la gadoue, sur le chemin de terre menant jusqu'au village. Pourtant, ce n'est pas eux qu'il voit s'activer devant lui- du moins, pas cette version d'eux : les personnes qu'il perçoit sont grandes, plus âgées. La seule satisfaction qu'il parvienne à tirer de cette vision est la confirmation que ses enfants seront encore vivants pour atteindre cet âge avancé.  Il le savait, mais chaque confirmation apaisait les craintes de cet instinct parental dont il semblait cruellement manquer. Le reste de la vision semble cependant douloureuse : ses traits sont traversés par un mélange de peine et de déception, témoignant du pincement qui lui serre le cœur. « Regarde, Papa ! » Le regard de l'homme s'ancre de nouveau dans cette temporalité. Il se concentre sur sa fille, qui agite son bras en l'air. « Cette pierre ressemble à ton œil ! » fait-elle en désignant de l'indexe son propre front. La pierre qui y décore ses yeux reste incolore. Elle est trop jeune pour se teinter. Viendra un temps où elle ne sera plus translucide : la peine, le chagrin, la douleur causés par les épreuves viendront teinter d'amertume et de rancœur ce diamant puissant. « Arrête Maëra. Tu vois bien que Papa médite. » la reprend Khelil. « Oh, pardon... » s'excuse la brune, serrant le cailloux qu'elle a trouvé contre sa poitrine. L'anxiété a chassé son ingénuité, remplacé sa spontanéité enfantine. La fillette ne parvient pas à reconnaître ces moments fatidiques. Parfois, elle interrompt des visions importantes. Ces fois-là, la colère de l'homme fait trembler la maison, et les coups pleuvent, les cris déchirent le silence lourds et appesanti de prièrent vaines. Déluge d'une éducation désastreuse, vouée à façonner des êtres tournés vers Bahäany. Cette fois-ci, néanmoins, l'homme ne bouge pas. L'Orisha, constatant l'absence de violence, recommence à respirer. Elle se tourne vers sa moitié. « Tu penses que la mienne ressemblera à ça aussi ? » demande-t-elle avec espièglerie, positionnant la pierre devant son Troisième Œil comme pour se parer d'un bijoux. « Non. » réplique cependant le garçon. « La tienne sera violette. » Il a prononcé ce présage d'une voix calme mais dénuée de toute trace de doute. Il est convaincu par ce qu'il affirme, de cette certitude qui ne teinte ses propos que lorsqu'il s'agit des paroles religieuses qu'il a entendu à la Messe. Faye plisse les yeux. Se pourrait-il que son don commence à se dévoiler, si jeune ? Ou bien s'agit il simplement d'une heureuse coïncidence ? « Et la tienne, elle sera comment ? » interroge la fille à la peau sombre. « Moi, elle sera verte ! » Faye plisse le regard sur son descendant. Si l'améthyste de sa jumelle pouvait rappeler l'un de ses yeux, l'émeraude du sien, en revanche, n'avait aucun rapport avec la teinte de ses iris. Avait-il déjà reçu ses premières visions ?

« Les Voix sont arrivées. » Domna se poste aux côtés de son époux. « Ils sont impatients. Révoltés, aussi. Il faudra les calmer avant d'entamer les négociations. » Ils ont beau partager le secret du vrai visage du Temple, cela ne signifie pas qu'ils sont des alliés. Vénérer Bahäany implique de s'engager dans une course pour s'octroyer sa Grâce. Il n'est pas rare que les pertes se décomptent parmi des fidèles initiés aux penchants du culte. « Je compte sur toi. » La femme acquiesce à la demande de son époux. Ils fonctionnent en tandem. Lui parle, ensorcelle, charme. Elle, dans l'ombre, manie les Liens, créé des inclinations favorables aux paroles de son partenaire. Il est assuré que Faye ne serait jamais arrivé aussi loin sans l'aide de sa protégée. « Il faudra trouver des animaux pour les jumeaux. » « Des bêtes ? » La mère fronce les sourcils, déstabilisée par cette décision, sans pour autant paraître surprise que son conjoint la formule : ça aussi fait partie de leur fonctionnement. « Plus de bouches à nourrir. » objecte-t-elle, mécontente. « Ils en auront besoin, pour leurs invocations. » prédit le voyant en tournant les talons pour rentrer dans la maison.
Message I - 741 mots
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Khelil et Maëra
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Khelil et Maëra
Dim 12 Nov 2023, 11:26


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Khelil & Maëra

« C'est cruel. » constate Domna, après que Faye lui eu exposé son projet. Elle regarde les deux bestiaux enfermés dans les cages qui leur font face. Ils se sont calmés, désormais, et ne s'agitent plus que lorsque que l'on s'approche trop d'eux. « Pas plus que les coups. » contredit le Rehla, glissant un regard dans le dos de sa femme. Il ne les voit pas, mais il a bel et bien conscience des bras qui s'y trouvent. « Ca les rendra forts, puissants. La douleur ne les effrayera plus et ils seront aptes à sacrifier leur chaire sans un battement de cils. » prédit le voyant. « Mais cette force se retournera un jour contre eux. Les invocations nécessitent de céder quelque chose qui nous est cher. S'ils ne craignent plus de verser leur propre sang, s'ils le font sans même ciller, certaines Bêtes ne daigneront pas répondre à leurs appels. » L'Orisha acquiesce silencieusement. Elle a bien compris la situation, mais cela ne l'empêche pas d'éprouver de la peine pour ses enfants. Son instinct maternel se manifeste par la préservation de sa progéniture et n'implique aucunement son affect, il n'y a ni dans ses paroles ni dans ses gestes la moindre affection ou tendresse. Cela ne la garde pas de redouter la peine que pourraient ressentir les jumeaux. Un trop grand bouleversement émotionnel pourrait se retourner contre eux et causer des effets inattendus. Comme s'il décelait ses craintes, l'époux se tourne vers sa concubine. « Ce sera à nous de nous assurer qu'ils seront assez solides pour survivre à la perte de leurs compagnons. Ce ne sera pas pour tout de suite. » rappelle-t-il néanmoins. « En attendant, je compte sur toi... » fait-il, déposant une main sur l'épaule de sa partenaire. Celle-ci darde son regard sur le premier animal. « Tisse leur une belle amitié, sur laquelle ils pourront s'appuyer. » Leur offrir un temps de grâce, bâtir des souvenirs tendres qu'ils chériront en grandissant. Qui, au moment fatidique, rendront la séparation d'autant plus éprouvante. Domna s'approche, prête à se rendre complice de cette injustice sans plus d'état d'âme.

La femme s'accroupit face au premier compagnon. Elle se concentre, malgré son agitation - sa proximité l'a de nouveau rendu nerveux, comme s'il percevait la part sombre qui sommeillait en elle et que hommes ne parvenaient pas à capter avec leurs faibles sens mortels. Progressivement, elle s'impose à la conscience de l'animal. Elle perçoit l'état dans lequel elle est et le modifie peu à peu. La tâche est différente de d'habitude. Manipuler les émotions des autres humains est devenu aisé, en cela qu'elle connait ces sensations, les ressent elle-même, les éprouve et les a apprivoisé avec le temps, elle sait s'adapter à toutes les déclinaisons émotionnelles avec une aisance préoccupante. Bien sûr, certains individus se montrent parfois plus résistants à son contrôle, mais elle parvient généralement à ses fins, à force de persévérance. S'attaquer à des bêtes sauvages reste tout à fait différent. Ils n'appréhendent pas le monde de la même manière que les humains, et en cela, leurs perceptions et leurs réponses diffèrent. Essayer d'instiguer en eux des émotions humaines serait contre nature et peut parfois mener jusqu'à la mort de sa cible. Il est déjà arrivé à la manieuse de se heurter à des spécimens virulents, qui rejetaient son intrusion si violement qu'elle s'était déjà mise en danger. Ces animaux-ci n'ont cependant rien d'aussi menaçant que les Créatures du culte. Ils sont inoffensifs, et encagés.

Sans hésitation, la mère des jumeaux s'impose dans la psyché du ruminant. Prenant garde à ne pas malmener la bête, elle dissémine une sensation d'apaisement, qui détend les muscles, ralenti le rythme cardiaque. Elle s'y applique, jusqu'à ce que la dernière trace de crainte se dissolve, que sa présence et celle des autres humains ne soit plus synonyme de méfiance. Une fois que le premier a cessé de se coller au fond de sa prison, la fermière s'approche de sa seconde cible et répète le processus. Finalement, l'adulte se relève. « J'ai terminé, ils resteront calmes. » annonce-t-elle. « Tu peux aller les chercher. » « Nous commencerons par Maëra. » décide Faye.
Message II - 725 mots
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Khelil et Maëra
Mar 19 Déc 2023, 14:24


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Les cœurs fébriles
Khelil & Maëra

Tu lèves la tête vers Faye. Constatant ton hésitation, il te retourne ton regard, puis pose une main sur ton épaule. « Ne t’en fais pas. » Doucement mais avec fermeté, il presse sa paume contre ton dos, jusqu’à ce que tu cèdes et t’avances, ouvrant la porte de la grange. L’obscurité habituelle est chassée par une bougie, éclairant le centre de la bâtisse. Là, deux cages ont été entreposées, d’où s’échappent des couinements plaintifs. Avec précaution, tu t’approches lentement, puis t’accroupies pour essayer de comprendre ce qu’il se cacher derrière les barreaux. Tu sursautes lorsqu’une truffe s’aventure en dehors de sa prison. Il s’agit d’un chiot. Il est blanc, avec un long museau effilé, et des jambes qui te paraissent disproportionnellement longues. Tu clignes des yeux puis, lentement, tends la main vers l’animal. Ce dernier hume ta paume puis y laisses une trace humide du bout de la langue.

« Je ne comprends pas… » lâches-tu d’une petite voix en te redressant. Tu essuies ta main contre ta robe tout en te retournant vers la figure de ton père. « Pourquoi y a-t-il des chiens chez nous ? » demandes-tu. Ton cœur se serres. Tu espères une réponse mais n’oses y croire. Pourtant, lorsque le visage de Faye s’adoucit d’un sourire, tu ne peux empêcher ton cœur de faire une embardée dans ta poitrine, tes lèvres fines s’étirant à leur tour. « Ce chien, il t’appartient désormais. » annonce ton père. Tes yeux s’ouvrent grands sous l’effet de la surprise. Alors c’est vrai. L’euphorie t’arrache un rire enjoué et tu te retournes précipitamment pour retourner auprès du chiot. Comme s’il a sentit ta joie, l’animal ne peut contenir sa propre excitation, se mettant à tournoyer dans sa cage et aboyant après toi, sa queue remuant frénétiquement l’air. « Maëra, il faut que tu comprennes bien cela. Il s’agit de ta responsabilité maintenant. Ce sera à toi d’en prendre soin, et de t’en occuper. Tu devras le nourrir plusieurs fois chaque jour, le soigner lorsqu’il en aura besoin, le dresser correctement. S’il fait des bêtises, tu seras tenue responsable et c’est toi que l’on punira. » t’indiques Faye. Mais tu es trop heureuse pour t’inquiéter de cela. Tu te contentes de hocher la tête, un sourire authentique sur le visage. De ceux que l’on ne voit que rarement.

« Bien, si tu as compris… » Faye t’attrape par le bras pour te redresser puis ouvres la porte. Sans attendre, le chiot accourt jusqu’à toi : tu te laisses tomber sur les genoux pour te mettre à sa hauteur. Tu ouvres les bras et il saute dedans. Ton rire se mêle à ses halètements et ses jappements.  « Comment s’appelle-t-il ? » interroges-tu. « C’est ton chien. C’est à toi de lui trouver un nom. » t’informe le prêtre. « Oh… Dans ce cas… Mmh… » Tu fronces les sourcils pour essayer de te concentrer et de trouver l’inspiration. « Si c’est un mâle, ce sera Säewine. » affirmes-tu. « Si c’est une femelle… » « C’est un mâle. » Tu sursautes en entendant la voix de Domna. Tu ne l’avais pas vue. Elle est restée dissimulée dans l’obscurité proche des murs. Elle se retourne près de son époux. « C’est fait. Appelons Khelil. » Faye acquiesce lentement. Pourtant, il ne se dirige pas vers l’extérieur, où l’attend ton frère. A la place, il te rejoint. A chaque pas qu’il fait dans ta direction, tu sens le poids de son regard peser sur tes épaules, et ne peux t’empêcher de détourner le tien. Une part de toi craint qu'il ne vienne t'arracher le chiot, qu'il eut changé d'avis. Tu refermes tes bras minces autour de ton animal de compagnie. « As-tu des questions ? » Tu presses tes lèvres l’une contre l’autre, hésitante. « Pourquoi ? » Cette simple interrogation se suffit à elle-même. Les cadeaux n’en sont jamais vraiment ici, et tu te demandes ce qu’il te sera ordonné en compensation. « Bahäany me l’a demandé. » Le nom de la déité t’apaise légèrement, bien que sa mention ne satisfasse pas réellement ton questionnement. Pourquoi la Bienfaitrice a-t-elle exigé cette action de la part de sa Voix ? Tu te mords l’intérieur de la bouche, pour t’empêcher d’insister. « Quel âge a-t-il ? » demandes-tu à la place. « Il est jeune. »

« Il est temps. Va le nourrir. Donne-lui un morceau du canard d’hier. Attention : il ne peut pas encore manger d’os. » Tu acquiesces puis te redresses sur tes deux jambes, faisant descendre le chiot qui s’appuyait sur ton torse pour te lécher le visage. « D’accord ! »
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Khelil et Maëra
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Khelil et Maëra
Mar 19 Déc 2023, 14:38


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Khelil & Maëra

« Viens Sæwine ! » Tu relèves la tête de ton livre. Tu aperçois Maëra quitter la grange, la mine réjouie. Cette vue te fait écarquiller les yeux. D’habitude, c’est le visage rougi et humide de larmes qu’elle sort des entretiens avec vos parents. Pourtant, cette fois-ci, elle ne semble pas effrayée, ni triste. Ses vêtements ne sont pas dépenaillés, comme lorsque Domna vous donne des coups de ceinture. Ta surprise s’accroit lorsque tu vois à sa suite un chiot blanc lui courir sur les talons. L’éclat de son rire retentit lorsqu’il sautille dans les airs pour essayer d’atteindre la main qu’elle tend dans sa direction. L’incompréhension te gagnant totalement, tu les observes s’éloigner vers la maison.

« Khelil. » Ton prénom te détourne de la silhouette de ta moitié. Faye t’attend à l’entrée de la grange. D’un signe de tête, il t’ordonne de le rejoindre. Tu fermes ton manuel puis marches à grandes enjambées pour le retrouver. « Tu as vu, n’est-ce pas ? » « Maëra a un chien. » réponds-tu calmement. La main passée dans tes cheveux te fait frémir. Tu crains autant que tu adores cette paume, qui sait se montrer si cruelle et si réconfortante à la fois. Tu ne sais jamais à l’avance si elle sera de bonne ou de mauvaise augure, porteuse de tendresse ou de violence. Cette fois-ci, aucune douleur ne vient claquer ta joue, ni tirer sur ta tignasse. « Tu en as un aussi. » Tu hausses les sourcils. La cage que l’on t’indique semble vide. Pourtant, en t’approchant, tu aperçois la bête. Elle se tient docilement assise, le port altier. Son pelage sombre, noir comme la nuit, semble se fondre dans la pénombre ambiante, que la lueur de la bougie peine à repousser efficacement. Vos regards se croisent, et vous vous observez un long instant. Elle ne bouge pas, et toi non plus. Pourtant, tu sens une sorte d’appel émaner d’elle. Tu penches légèrement la tête, te demandant comment agir. Elle te retourne ton indécision, semblant à son tour te jauger.

« C’est un présent de Bahäany. Votre mère les a trouvés dans la forêt. » Tu écoutes attentivement, sans détourner le regard du chiot. « Ils sont frères et sœurs. On dirait qu’ils sont les seuls de la portée à avoir survécu. » Tu acquiesces, pour montrer que tu as entendu ses paroles. « Puisque Bahäany nous a guidé jusqu’à eux, c’est à nous d’en prendre soin. Ta mère et moi en avons longuement discuté : nous avons décidé de vous les offrir. Mais ce n’est pas une décision prise à la légère. Tu comprends ce que ça veut dire ? » Intrigué, tu redresses la tête vers Faye. « Qu’on deviendra leur parent ? » C’est au tour de ton père d’acquiescer. « Et qu'est ce que ça implique ? » « Que l’on devra s’occuper d’eux comme vous vous occupez de nous. » Tu ne réalises pas encore tout ce que cela implique. Être au contact de la chienne t’apprendrait bientôt à devenir responsable, de tes actes mais également de ceux des personnes sous ta garde. « Le premier devoir d’un parent est de baptiser son enfant. Trouve-lui un nom. » Domna hoches la tête en direction du prêtre. Tu captes ce signal sans en comprendre le sens, sans remarquer l’attachement naissant entre toi et cet être de chair qui te sera lié. Ta mère s’approche pour ouvrir la cage. Timidement, l’animal fait quelques pas dans ta direction, et tu tends la main dans un geste réconfortant pour l’inviter jusqu’à toi. Son pelage est encore court, mais suffisamment long pour que tes doigts disparaissent presque entièrement lorsque tu le caresses. A son contact, tu es pris d’une certitude. Il s’agit d’une femelle. « Comment puis-je lui trouver un prénom ? » demandes-tu en te tournant vers tes parents. « S’il s’agit d’un présent de Bahäany, alors son nom doit l’honorer. » décides-tu. La religion est une part conséquente de votre quotidien : pourtant, les légendes et les mythes sont nébuleux, complexes à saisir, si bien que l’on n’en retient que peu. « Dans ce cas, que dirais-tu de Okhadja, la première femme sur terre ? » « Ou bien Ielirszai, qui fut la créature de Bahäany. » « Mmh, l’appeler Ielirszai, ce serait comme me comparer à notre Bienfaitrice. » remarques-tu tout en caressant la tête de l’animal. « Ce serait orgueilleux. Alors je crois que je préfère Okhadja. » « C’est une sage décision Khelil. Maintenant, tu peux rejoindre ta sœur, pour la nourrir. » Tu te mets en marche, la chienne sur les talons.



« Ils te détesteront d’avoir tout manigancé. » Domna observe la silhouette de son fils s’éclipser par la porte de la grange. « Et ils te détesteront plus encore d’avoir pris part à ma mascarade, en pleine connaissance de cause. » Faye s’approche de la bougie, dans laquelle il noie son regard. « Mais cela n’arrivera que bien plus tard. Nous avons encore tant de choses à leur apprendre. » Il claque des doigts, et la flamme est engloutie par l'entité faite d’ombres qui l’entoure.
812 mots
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Khelil et Maëra
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Khelil et Maëra
Mar 19 Déc 2023, 14:50


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Khelil & Maëra

« Assis. » Maëra regarde son chien, pleine d’espoir, tout en lançant son ordre. Le temps s’étire en interminables secondes. Rien ne se passe. Säewine l’observe, la truffe en l’air, les babines écumant de salive, ses pupilles noisette rivées sur la main que sa maîtresse garde résolument fermée. Sa gorge vibre sous l’effet d’un gémissement. Il renâcle, renifle le sol, comme pour espérer trouver quelques miettes que la fillette aurait laissé tomber par inadvertance. Il n’y en a aucune, alors le chien redresse à nouveau la gueule vers sa source nourricière. « Assis ! » répète la brune, avec plus de fermeté. C’aurait été du meilleur effet si sa voix n’avait pas tremblé sous la poussée d’un rire montant. Pour preuve : au lieu d’obtempérer le chien, qui a déjà bien grandi depuis le jour où ils vous ont été offert, effectue un léger équilibre sur ses pattes arrières pour essayer d’atteindre la hauteur de la main détenant sa récompense, forçant la dresseuse à reculer de quelques pas pour ne pas ployer sous l’assaut de son animal de compagnie. « Non, Säewine, j’ai dit assis ! » L’insolent aboie pour toute réponse, comme s’il tenait tête à l’Orisha. Celle-ci ne peut contenir plus longtemps son hilarité devant l’entêtement de son compagnon. « Qu’est-ce que tu es polisson. » le sermonne-t-elle sans la moindre once de remontrance dans la voix. Elle se déplace pour se positionner dans le dos du canidé, devant au passage batailler avec lui, qui tourne sur lui-même pour suivre du museau le morceau de viande dont l’odeur alléchante le tenait en tension. Excédée, la fillette appuie progressivement sur l’arrière train du chien, jusqu’à lui faire adopter la posture souhaitée. « Assis. » répète patiemment la fillette. « Assis ! » fait-elle une seconde fois avant de soupirer. « Est-ce que tu m’écoutes au moins ? » demande-t-elle en ouvrant finalement ses doigts devant la gueule du chien. Celui-ci se jette sur la nourriture sans attendre son reste, comme pour s’assurer qu’on ne lui ôterait pas sa pitance juste sous les babines.

Tu descends le regard sur Okhadja. La chienne, couchée à tes pieds, est occupée à nettoyer son pelage. Il a poussé, depuis votre rencontre. Sous son ventre, les poils s’entortillent en boucles désorganisées. Sur le dessus, néanmoins, ils restent lisses set soyeux. Tu souris tout en t’accroupissant à son côté pour la caresser. Puis tu t’approches de la table où repose un morceau de jambon. Captant ton mouvement, la canidé se lève et vient à ta rencontre, sachant ce qui attend. « Assis. » ordonnes-tu d’une voix basse. Tu préfères accompagner ta commande d’un signe de la main : tu fermes le poignet. C’est à peine si tu as le temps de terminer ton mot et ton geste : le borzoï obéit immédiatement. Un rictus se dessine sur tes lèvres, puis tu offres sa récompense à la chienne. « C’est bien Okhadja. » la félicites-tu avec enthousiasme, lui caressant rudement l’encolure.

A vos côtés, Maëra, qui s’était mise à enlacer son chien, t’observe avec un mélange d’envie et d’incrédulité. « Comment tu as fait pour qu’elle t’obéisse aussi vite ? » se plaint-elle en faisant une moue.  « C’est parce que tu lui cèdes trop facilement. Si Säewine ne t’obéit pas, alors tu ne dois pas lui donner ce que tu as dans la main. » expliques-tu. Le conseil ne semble pas ravir ta jumelle. « Okha est juste plus docile. Mon Säewine a du caractère, lui ! » déclare-t-elle fièrement. Tu repenses à ce que t’a dit Faye, dans la grange. Vous aviez pris un rôle de parent pour ces deux chiots recueillis. Tu te demandes si cela explique pourquoi vos chiens vous ressemblent tant, si leurs comportements ont été influencés par vos caractères respectifs. Le chien de ta sœur est turbulent, mais surtout, il se montre têtu et n’obéit que lorsque cela l’arrange. Okhadja, elle, est parfaitement calme et se fait un devoir de t’obéir au doigt et à l’œil. Contrairement au blanc, son dressage se fait facilement. Elle ne s’éloigne jamais de toi trop longtemps. Lorsqu’elle s’élance à la suite d’une proie – un oiseau ou un écureuil – elle revient vers toi dès ton premier appel. En comparaison, Säewine n’est qu’un typhon incontrôlable et imprévisible. « Mmh… Il est un peu comme toi. Tu aurais mieux fait de l’appeler Nänk. » plaisantes-tu. Tu esquisses un sourire, qui s'efface pourtant en constatant que sa sœur a froncé les sourcils. Contrariée, elle se lève. « Viens, Säewin. » fait-elle tout en sortant de la cuisine d’un pas révolté.
743 mots
Nänk : dégât en Arshala
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Mar 19 Déc 2023, 16:17


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« Pas sûr le lit ! » Tu sursautes en entendant la voix réprobatrice de Domna. Ta gorge se noue, ton ventre se serre. « Il traîne de partout dehors, ne le laisse pas ramener ses impuretés entre tes draps. » Le regard qu’elle pose sur toi te semble empli de dédain. Qu’ai-je fait pour mériter une fille si sotte, semble-t-elle demander à Bahäany. Tu inspires une goulée d’air que tu bloques à l’intérieur de tes poumons, te mordillant la lèvre. « S’il attrape des puces, il faudra te tondre toi aussi. Je n’ai pas que ça à faire. Fais-le descendre. Il dort par terre. » « D’accord, mère. » tu soupires. A contre-cœur, tu ôtes tes pieds de sous tes couvertures chaudes. La fraîcheur de la pièce te fait frissonner : ta robe de chambre en lin blanc laisse tes mollets victimes à l’assaut du froid. « Viens Säewin. » appelles-tu le chien en tapotant ta cuisse pour lui indiquer de venir à ton côté. Après une légère hésitation, le blanc quitte paresseusement le pied de ton lit où il s’était confortablement installé. Il couine, visiblement déçu de ne pas pouvoir rester. Tu le regrettes, toi aussi : la chaleur de son corps est toujours agréable, pendant que tu dors. Il fait office de bouillotte naturelle, ce qui est loin de te déplaire. Ta parente n’envisage cependant jamais la situation sous cet angle, malgré tes tentatives d’explications. « Couché. » ordonnes-tu. Ton ami obtempère rapidement, tournant légèrement pour essayer de trouver le morceau de plancher le plus confortable. Tandis que son museau se pose sur ses pattes avant, tu l’entends soupirer, comme contrarié. Ce simple son te brise le cœur. Pourtant, tu n’en montres rien, retenant ton « désolée » qui te brûle la gorge : tu as conscience de la présence de la Voix, et tu sais qu’elle désapprouverait trop d’attention à l’égard d’un simple animal. Elle ne peut pas comprendre. Elle n’a jamais eu de bête. Elle ne sait pas ce que c’est.

La porte se referme. Derrière, tu entends le pas lourd de Domna s’éloignant dans le couloir. Votre chambre est plongée dans le noir. De l’autre côté, le lit de Khelil est vide : il est avec Faye, qui lui parle de sa Vision. Par conséquent, Okhadja n’est pas présente non plus. Sentant déjà la dernière trace de chaleur de Säewin s’évaporer, tu soupires à ton tour, te tournant sur le flanc pour essayer de trouver le sommeil. Tes prunelles, pourtant, s’abattent sur la silhouette recroquevillée de ton chien. Sa vision te serre le cœur. Tu songes à tendre la main pour le caresser mais craint de le déranger inutilement, de lui redonner envie de rejoindre tes côtés. Or, désobéir si effrontément à Domna ne se fait pas sans conséquence.

Tu repousses une nouvelle fois tes couverture. Dans ton élan, tu te redresses puis te diriges, aussi agilement que possible pour ne pas faire craquer le plancher, vers l’armoire. Tu l’ouvres, et en sort un drap propre. Le barzoï t’observe, curieux, tandis que tu rapportes le tissu, ainsi que l’une de tes robes, qui se fait désormais trop petite pour que tu puisses la porter confortablement. « Tiens, regardes. » murmures-tu en te positionnant aux côtés de ton lit et du canidé. « Tu ne peux pas monter sur mon lit, alors je t'en ferai un rien que pour toi. » lui expliques-tu d’une voix emplie de culpabilité. « Ce n’est pas aussi confortable que mon matelas, mais demain, j’irai te chercher de la paille pour le rendre plus douillet. Qu’en penses-tu ? » interroges-tu tandis que tu positionnes le drap blanc en arc de cercle, comme pour lui faire un nid. « Et ça, ça te servira de doudou. Regarde, c’était à moi. Ça doit avoir un peu mon odeur, non ? » Säewin sent le vêtement que tu lui glisses sous la truffe. Tu vois, dans son regard intelligent, qu’il comprend ce que tu essayes de lui dire. Tu tapotes l’endroit où tu souhaites qu’il s’allonge. Lorsqu’il s’y dirige, tu passes la main le long de sa colonne. « Ce n’est pas pareil pour moi non plus… Mais regarde, je serai juste à côté. » assures-tu en te couchant à ton tour. Tu rabats les couvertures au-dessus de ta tête. « Bonne nuit Säewin. » chuchottes-tu avant de fermer les yeux. Ta main sort naturellement hors du lit, comme pour essayer d’attendre la silhouette de l’animal.

724 mots
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Khelil et Maëra
~ Orisha ~ Niveau I ~

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◈ YinYanisé(e) le : 01/10/2023
Khelil et Maëra
Mar 19 Déc 2023, 17:32


Image par Ismar Vyrøsk.
Les cœurs fébriles
Khelil & Maëra

Tu as froid. Puis la brûlure du corps te fais te sentir givré. Tu frissonnes. Malgré les couvertures empilées sur ton corps, tu as la sensation que toute chaleur refuse obstinément de regagner ton corps. Ta migraine tambourine entre tes tempes. Elle grésille. Tu as l’impression d’entendre une cacophonie de sifflements perçants, d’autant plus assourdissante que tes oreilles saisissent parfaitement le silence ambiant. Tu as l’impressions que quelqu’un s’amuse à planter de longues aiguilles derrière tes yeux. Tu regrettes de sentir le sommeil t’échapper. Tu voudrais retomber dans cette masse béante et noire qu’est l’inconscience. Pourtant, plus tu espères y replonger, plus elle s’éloigne, insaisissable. Finalement, l’éveil s’impose à toi. Tu soupires.

L’odeur des agrumes chatouille ton nez. Tu ouvres un œil, le gris, pour capter les éléments qui t’entourent. Maëra est assise sur une chaise, à ton chevet. Les jambes croisées, une assiette en suspens sur ses chevilles, elle épluche méticuleusement une orange – ou est-ce une clémentine ? C’est ce fruit qui répand sa bonne odeur dans votre chambre. « C’est pour moi ? » demandes-tu. Ta voix est rendue rauque de ne pas avoir été utilisée durant ta sieste. Ta jumelle redresse la tête vers toi. « Oui. » répond-elle en déposant les quartiers qu’elle a séparé dans l’assiette. « C’est plein de bonnes vitamines. » Les remèdes sont toujours rustiques, artisanaux. La magie pourrait t’aider mais Bahäany n’aime pas que l’on s’y sensibilise trop. La magie n’est réservée qu’aux usages urgents ou critiques. En user sans discernement conduit à la paresse de l’âme et du corps. C’est d’avoir travaillé le bois pour bâtir une charpente que l’on peut tirer le mérite d’avoir construit sa propre maison – s’enorgueillir d’avoir usé de magie pour construire son toit n’est pas digne des servants de la Bienfaitrice, qui apprécie et encourage le travail artisanal, manuel. Elle récompense les efforts qui épuisent, graciant ses croyants en leur octroyant la force nécessaire à leurs ouvrages. Evidement, cela ne signifie pas qu’il ne faille pas s’entraîner à l’usage de cette pratique. Elle doit simplement rester réservée aux choses importantes. De nombreux rites religieux nécessitent l’utilisation de magie : c’est de cette façon que la déité perçoit le plus purement la Foi de ses suivants.

« Tiens. Bois, et manges. Tu en as besoin. Ta fièvre n’est pas encore complètement tombée. » souligne Maëra. Elle a déposé la nourriture sur tes genoux, et s’empare du pichet pour remplir ton verre. « Combien de temps ai-je dormi ? » « Il est bientôt l’heure de partir pour la messe du soir. » t’informe ta sœur pour te donner une indication du temps écoulé. Plusieurs heures, au moins quatre. Pourtant, tu te sens toujours épuisé. Les courbatures te découragent et de dissuadent de bouger. Tu ne trouves que la force de lever le bras pour grignoter le fruit préparé par ta moitié. Pendant ce temps, tu vois la brune se lever et ramasser un objet déposé au sol. Il s’agit d’une couronne de brindilles ; à l’intérieur, une poupée de paille, de tissus et de bois. Une idole de prière. Probablement de rétablissement. « Pour que Bahäany te soigne rapidement. » explique-t-elle sans même te regarder, tout en accrochant la figure sur le mur, au-dessus de ton oreiller. « Je prierai aussi pour toi. » Tu esquisses un sourire. « Les Voix ne devraient pas arriver immédiatement. » rappelle-t-elle avant de déposer un baiser sur ton front.

« Säewin. » D’un claquement de doigts, le chien comprend l’ordre. D’un bond agile, il saute sur le lit et vient s’allonger sur ton lit, tout contre toi. Son poids te fait gémir. « Mère n’aime pas qu’ils grimpent sur le lit. » protestes-tu dans un murmure faible. « Mère est déjà au Temple, avec Père. Elle n’en saura rien. » rétorque Maëra. Elle sait que tu ne la trahirais pas. Elle se penche en avant, saisissant le visage de son compagnon entre ses mains délicates. « Veilles bien sur lui à ma place, d’accord ? » lui demande-t-elle avant de déposer un baiser sur sa tête à lui aussi. « Bahäany veille déjà sur moi. » rappelles-tu l’évidence. « Je n’ai besoin de personne d’autre. » « Mmh, dans ce cas, ce n’est qu’une précaution pour rassurer ta sœur. Tu guériras plus vite avec lui à tes côtés. Regarde-moi : je ne suis jamais malade. » se pavane-t-elle comme si l’animal pouvait y être pour quelque chose. Tu ne la contredis pas cependant : tu as trop sommeil pour te lancer dans un débat avec elle. Tu l'observes se préparer et dès la porte refermée derrière elle, tes paupières s'abaissent.
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Khelil et Maëra
Sam 06 Jan 2024, 11:24


Image par Ismar Vyrøsk.
Les cœurs fébriles
Khelil & Maëra

Le cri qui retentit coupe court à toutes les discussions, fait s'éteindre les rires et efface les masques de joie. Tu relèves la tête, alertée par le hurlement qui se mue en un mélange de gémissements et de sanglots. A tes côtés, d'autres villageois se lèvent des tables où vous confectionniez les couronnes de branches et les statues de prières. Leur attention se dirige vers les hautes branches, dépassant derrière les toitures. L'Arbre des Esprits. Ta gorge se noue en réalisant que c'est de là-bas que proviennent les cris de détresse. Te joignant à ceux qui se sont déjà élancés dans sa direction, tu te mets à courir pour voir ce qu'il s'y passe. Tu suis Khelil, qui te devance de quelques mètres.

Arrivée sur le lieu saint, tu ralentis jusqu'à te figer totalement, ton regard essayant de comprendre ce qu'il s'est passé. Plusieurs femmes et hommes sont agenouillés devant l'arbre gigantesque, scandant des prières hiératiques. Secoués de sanglots, ou paralysés de peur, ils implorent le pardon de l'Aether, comme si quelque chose de terrible était arrivé. Ici et là, d'autres personnes, attirées par les cris arrivent de tous le village. « Qu'est ce qu'il y a ? » demandes-tu d'une voix fébrile en t'approchant de ton jumeau. « Qu'est ce qu'il s'est passé ? » Tu ne comprends toujours pas. Il ne semble pas y avoir de feu - c'est ce que l'on a toujours craint, qu'une étincelle explose et embrase votre arbre sacré - ni d'hérétiques s'en prenant au présent de la Bienfaitrice. Un cri de rage attire ton attention, sur ta gauche. Lundor, l'une des Voix du village, peste avec rage, tout en courant après quelque chose. C'est Säewin, qui s'échappe à ses tentatives de l'attraper. Il te faut plusieurs longues secondes avant de comprendre pourquoi ton animal de compagnie s'est attiré les foudres de l'adulte. Dans sa gueule, une longue branche, dont l'une des extrémité a récemment cédé, craquée. Un long ruban bleu nuit pend à l'autre bout.

Un hoquet horrifié te coupe la respiration, tes yeux s'écarquillent, tes jambes deviennent aussi fragiles que du coton. Tu vacilles. « Oh non... » lâches-tu dans un murmure.  Ton regard s'empli de larmes et tu te tournes vers Khelil, comme pour lui demander de l'aide. Le garçon te retourne ton regard, visiblement inquiet lui aussi. « Arrête le. Ce sera encore pire si c'est quelqu'un d'autre qui s'en occupe. » prédit-il. Tu acquiesces, bien que toutes les cellules de ton corps semblent t'implorer de t'enfuir. A la place, tu esquisses un pas en avant. Puis un second, et un troisième, jusqu'à ce se ta marche se transformes en foulées précipitées.

« Säewin ! » scandes-tu avec toute l'autorité dont tu es capable. A l'entente de ta voix, le chien s'immobilise un instant, puis fuse dans ta direction, heureux de te rapporter son butin. Horrifiée, tu essayes de rester le plus calme possible. « Assis. » ordonnes-tu, et la bête, après t'avoir tourné autour, finit par obtempérer. « Lâches. » dictes-tu ensuite, tendant une main pour récupérer la branche. A contre-coeur, l'animal ouvre sa gueule, faisant tomber ce qu'il a volé. Tu t'empresses de le ramasser, ordonnant à ton chien de ne pas bouger tandis que tu t'en saisis : le canidé semble croire que tu t'apprêtes à jouer avec lui. Tu observes la branche et le ruban qui y pend lamentablement : des traces de crocs ont abimé l'écorce, endommagé le tissu.

La gifle te prend par surprise et tu chutes sous son impact. L'homme qui te l'a asséné te reprend le bâton puis lance son pied dans ton ventre, t'arrachant un cri de douleur. Les larmes coulent de tes yeux, tandis que tu essayes de ramper loin de la menace. Säewin ne met pas longtemps à se poster entre toi et ton agresseur, aboyant férocement pour repousser l'assaillant. Au lieu de le rappeler, tu en profites pour t'éloigner davantage.

« Maëra ! » La voix de Faye te fige d'effroi, et semble pousser ton défenseur au respect. Tes entrailles semblent se changer en glace, tellement que le froid t'en brûle de l'intérieur. Tremblante, tu te retournes sur le dos, observant Lundor raconter le péché commis par ta bête. Tu ne nies pas les faits : tout le monde a vu le chien parader fièrement autour de votre lieu de culte. Si tu ne l'as pas vu de tes propres yeux tirer sur le ruban et briser la branche, il ne t'es pas difficile de t'imaginer la scène contée par la Voix. Ton père appose enfin son regard sur toi. Le peu d'expression qui s'y trouvent te fendent le cœur. Faye est ton géniteur. Mais il est avant tout l'Elu de Bahaany, Voix parmi les Voix. « Säwin est ta responsabilité. » dit-il calmement d'une voix plate. S’il fait des bêtises, tu seras tenue responsable et c’est toi que l’on punira, te rappelles-tu. Lorsque ton père se tourne vers Domna, ton sang semble cesser de circuler, tes membres s'alourdissant soudainement du poids de la terreur. Si les coups de Lundor étaient violents et douloureux, ce n'est rien comparé aux punitions octroyées par ta mère. « Il-Il ne comprends pas ce qu'il faisait. » croasses-tu à travers tes sanglots. « Je vais lui apprendre, il comprendra. Il ne recommencera plus jamais, c'est promis. » implores-tu tes parents. Faye te regarde une dernière fois puis tourne les talons, se dirigeant vers son église. Domna, elle darde fixement ses yeux hétérochromes sur toi. Elle ne bouge pas, mais la violence de son coup te repousse en arrière.
972 mots - FIN
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