Le Deal du moment : -40%
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + ...
Voir le deal
29.99 €

Partagez
 

 [Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2, 3  Suivant
AuteurMessage
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3868
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Mar 05 Avr 2022, 18:41



Unknown

Rois d’une tragédie

En trio | Dastan, Érasme & Lucius


Intrigue : Après les Portes, les trois adolescents sont téléportés chez Lucius.
RP précédent : Les Portes III - Pièce 19.


« Je suis pas mort. » se contenta-t-il de répondre, avec un mélange de cynisme et d’espièglerie qui masquaient son tumulte intérieur. Le déni interdisait ses ressentis et muselait toute rébellion. Il n’existait rien d’autre que l’action présente, les questions à venir des enfants, et l’idée que les murs pourraient les réduire, tous, en miettes. Il n’y avait pas de passé : seul le présent s’imposait, et un futur tout à fait immédiat. Le reste ne devait pas surgir, jamais. Les mains dans les chairs, le Réprouvé fixa les deux gamins, prêt à répondre à leurs interrogations. La fillette avait soutenu son regard, puis avait fini par fermer les yeux. Elle l’intriguait. Kiin’din. Les Al’Asliens avaient-ils des origines réprouvées ? Ezechyel n’avait rien d’un prénom tiré du Zul’Dov : à sa connaissance, il était porté par un Æther, celui qui représentait la Mort. Au-delà de cette constatation, le patronyme n’avait pas les consonances requises pour être extrait de la langue de son peuple. Mais Kiin’din… Comme Paaz Kiin’din. Elle aussi, on la disait blonde aux yeux verts. On ne l’avait pas vue depuis longtemps, plus longtemps encore que la dernière fois que l’on avait aperçu Zel’Eph, mais son visage persistait dans les mémoires. Une Zaahin et un Æther… Il les observa, silencieux, sans oser faire les connexions absurdes que son esprit était tenté de faire. Lucius lui adressa la parole, et à partir de là, il n’eut plus le temps d’y songer. Il l’écouta, un peu surpris et un peu heureux. Il ignorait comment expliquer ce mélange. Il remplaçait une indifférence qui eût été légitime. Ils ne se connaissaient pas, ou si peu. « C’est d’accord. » répondit-il, le plus naturellement du monde. Qu’aurait-il pu dire d’autre ? « C’est d’accord, pour tout. » Il avait envie de le prendre dans ses bras, encore.

La batterie de questions du garçon s’abattit sur lui et coupa court à leur discussion. Le Réprouvé les garda chacune en mémoire et y répondit dans le même ordre : « J’y ai jamais joué. Quand je le fais, ouais. Oui, plein de fois. Oui mais je préfère les brinaak. » Il sourit, avant de baisser les yeux sur ses vêtements et, fatalement, sur ses mains trempées de sang. Il passa sa langue contre son palais et sur ses lèvres. « Oui, c’est à lui. » Il avait presque oublié qu’il était habillé comme un Sorcier. Il avait pensé au parfum qui imprégnait les habits, à l’odeur d’Érasme qui brûlait ses bronches, sa poitrine et son ventre, mais pas au fait qu’il était vêtu comme un Mage Noir. Comme l’ennemi. « Non. Oui. Je sais pas. Tu pourrais pas poser des questions plus faciles, comme ton frère ? » demanda-t-il en attrapant l’un des bocaux. Il releva la tête vers elle. « Eh, ferme les yeux ! Tu triches ! » Il secoua la tête, plus indulgent que mécontent.

Son pourquoi, cependant, se heurta à sa stabilité. Il se sentit vaciller et rétorqua sèchement : « Je sais pas. » Ce à quoi il ne devait pas penser ? Ce qu’il s’était passé juste avant qu’il n’apparût dans la tour d’Érasme ? Ou tout ce qui avait eu lieu avant ? Leur mariage ? L’étrange tension qui les avait tenus au bord d’un gouffre, sur le bateau et encore après ? Ce n’était que l’alcool, non ? Les sensations qu’il éveillait en lui, malgré lui ? Son parfum, son odeur, le grand bleu ? « Vas-y, pose ta question, Lucius. » dit-il en se tournant vers le Magicien, dans l’espoir d’échapper à un interrogatoire en règle. Pourtant, la curiosité du bleu ne l’épargna pas. Il l’observa, chancelant. « Je crois pas… » Ses prunelles tremblaient. Le bronze de ses iris semblait en fusion. Il inspira. Des souvenirs lui revenaient, d’ici et de Basphel, d’Arcadia aussi. Des sensations qu’il avait détesté ressentir, parce qu’elles sortaient de nulle part, parce qu’à l’époque il ne pouvait pas les comprendre, parce qu’elles se manifestaient pour des êtres qui n’étaient pas des Bipolaires, et avec une intensité difficilement gérable. S’en rappeler parut les raviver. Le feu descendit de ses yeux à son bas-ventre, et il eut soudain chaud. « Si. » admit-il, sans lâcher Lucius du regard et bien malgré lui – mais l’Ange qu’il avait malencontreusement réveillé ne voulait pas cacher la vérité. Ses pupilles papillonnèrent jusqu’à Kiin’din. Il tourna la tête vers la silhouette qu’elle indiquait. Érasme se tenait au-dessus d’un cadavre et procédait aux opérations nécessaires à leur libération. Sa peau rougie brillait sous la lumière des torches. Dastan avait envie de se glisser derrière lui, de le serrer dans ses bras et d’enfouir son visage dans son cou. Il voulait le sentir contre lui, comme il l’avait senti plus tôt dans la journée. Il voulait le soulager de la douleur qui l’avait assaillie, le soulager de toutes les peines qui le hantaient, et le libérer de tout ce qui l’entravait. Il s’entendit répondre : « Oui. » Il pivota ensuite vers le Mage Blanc. La même réponse franchit ses lèvres, accompagnée d’émotions similaires. « Oui. » Il scruta ses yeux verts, incertain. Il avait l’impression de ne plus vraiment s’appartenir : la vérité coulait d’entre ses lèvres comme l’eau d’une source. Il ne pouvait rien faire pour l’empêcher. Admettre ces choses-là, c’était dévoiler des secrets qu’il aurait dû garder pour lui.



Dès qu’il passa la porte, il se retrouva projeté dans un monde parallèle. Ce n’était plus le temple. Il avait appris à reconnaître la senteur qui imprégnait la pièce. Il était presque sûr d’être chez Lucius. Il se retourna : pour le moment, il était seul, ou presque. Il venait d’ouvrir en grand et à la volée la porte de sa chambre. Dans une odeur de lessive propre, des affaires traînaient à droite et à gauche ; surtout, il y avait dans le lit une silhouette qui paraissait endormie, mais qui se retourna en grognant. Le souffle court, le Manichéen lâcha la poignée et s’avança, plus curieux qu’impressionné. Il commençait à être franchement coutumier des téléportations impromptues, et avait encore du mal à s’ancrer dans la réalité. Il s’arrêta devant la fille et l’observa, sans rien dire. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, il demanda : « Salut. Je suis où ? » Chez Lucius, sans doute, mais il n’avait aucune foutue idée du lieu où vivait le Magicien.



Message I – 1060 mots




[Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 1628 :


[Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4044
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Mer 06 Avr 2022, 20:21



Rois d'une tragédie


Mes yeux s’accrochèrent à ceux de Dastan et j’eus la certitude qu’il ne mentait pas. C’était comme une révélation et ses mots se répercutèrent en moi jusqu’à se transformer en flèches qui se plantèrent dans mon cœur. Ce n’était pas une sensation désagréable, au contraire. Kiin’Diin n’avait pas encore posé sa question à mon sujet mais je savais que tout ceci me concernait. Il n’y avait qu’à figer mon regard dans le sien pour comprendre. C’était clair et l’émotion fut saisissante. Nous ne nous connaissions pas, ou peu, mais, entre nous, il y avait déjà toute une vie. Malgré mes mains dans le sang, j’eus soudainement envie de le rejoindre et de lier mes lèvres aux siennes d’une façon bien plus brutale que celle qui m’avait saisie plus tôt. J’eus envie de le plaquer contre le premier mur venu et de laisser mon corps heurter le sien, le sentir et l’éprouver. Mais je ne fis rien. Je restai statique, à laisser la petite blonde poser ses questions. Mes yeux se tournèrent vers Érasme. Là encore, Dastan disait la vérité et le fait de savoir que le Sorcier, que je n’appréciais pas, pût être désiré par le rouquin me perturba. J’oubliai pourtant de lui en vouloir lorsque nos prunelles se connectèrent de nouveau les unes aux autres. J’eus chaud et, sans cette pièce et ses maudites épreuves, les choses auraient sans doute pris une tournure bien différente. Côtoyer Shör m’avait appris certaines choses que mon éducation magicienne ne m’avait jamais inculquées. J’étais bien plus entreprenant. Il y avait également les hormones qui me travaillaient. La découverte de ma sexualité, en compagnie de Güra, anesthésiait parfois la totalité de mes pensées, au profit du sexe seul. Je me perdais souvent à imaginer le corps de la jeune femme contre le mien, autour du mien ou au-dessus du mien. Lorsque c’était le cas, mon cœur ne battait plus que pour la retrouver et laisser libre cours à ce que mes pensées avaient imaginé. J’étais capable de m’échapper d’un entraînement pour la rejoindre ou de l’acculer dans un endroit risqué, en me laissant porté par l’excitation du moment. C’était une sensation grisante, celle qui me murmurait que rien ne pourrait m’arrêter, que nous ne nous ferions jamais surprendre par personne dans des endroits inappropriés. Pire, je m’en fichais totalement. Je voulais juste la toucher, la faire jouir et jouir à mon tour. Néanmoins, devant Dastan, mes fantasmes étaient en train de prendre une tournure inattendue.

Lorsque j’arrivai dans ma chambre, Güra s’était redressée dans le lit, le drap sur la poitrine. Elle ne semblait pourtant pas effrayée. Elle fixait le rouquin avec un air légèrement moqueur. Elle venait de lui répondre une bêtise que je n’avais pas pu entendre. « Tiens, Lucius. Je crois que ton ami s’est perdu. À moins qu'il ne soit une surprise à mon attention ? » « Une surprise ? » Elle sourit avec un air non équivoque puis rit, avant de fixer nos mains. « Pourquoi vous êtes plein de sang ? Vous avez aidé aux soins des dragons qui ont été retrouvés éventrés ? Je croyais qu’ils ne voulaient pas que les plus jeunes s'en mêlent. Et je ne t’ai jamais vu, toi. » fit-elle, en direction de Dastan. « Il s’appelle Dastan. » « Güra, enchantée. » Elle se tut et me regarda. « Tu sais, après un tel réveil, je serais toi, je m’excuserais. » « Pardon. » lui murmurai-je, en laissant mes yeux aller d’un protagoniste à l’autre. Elle sourit, en omettant de me préciser que je n'avais pas compris comment m'excuser correctement, puis, sans pudeur aucune, se leva. Complètement nue, elle se dirigea vers moi et m’embrassa avant d’aller chercher ses affaires. Cependant, au lieu de s’habiller, elle prit appui sur mon bureau et croisa les bras sur sa poitrine. Je sentis mes joues me brûler. « Alors ? Vous racontez ce qu’il se passe ? Et c’est qui, lui ? » demanda-t-elle, en tournant les yeux vers la porte. Je l’imitai et découvris la sale face d'Érasme, droit comme un i. « Personne. » dis-je. « C’est drôle, parce qu’il te ressemble. » « Je suis Érasme Salvatore. » grommela le concerné, en fixant Güra d’un air dégoûté. « Érasme Salvatore… Me dis pas que c’est qui je crois ? » prononça-t-elle à mon attention. « Tu ne voudrais pas t’habiller ? » demandai-je. « Pourquoi ? » « … C’est que… » Elle sourit et attrapa son haut. Il était blanc et large. Elle l’enfila mais ça me parut pire. Le tissu s’arrêtait juste en-dessous de son pubis, son épaule droite demeurait dénudée et ses seins étaient visibles en transparence. Je me sentis affreusement mal. Shör m’avait dit qu’elle était libérée mais je n’avais jamais compris à quel point. « Peut-être qu’on devrait se laver ? » proposai-je aux deux autres. « On est où ? » demanda Érasme, en ignorant Dastan d’une façon si grossière que ça me sauta aux yeux. « À Adraha. C’est là où je vis lorsque je ne suis pas chez mon père. » « Je suis sa femme. » s’amusa Güra.

826 mots
C'est une Réprouvée, c'est décidé  [Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 943930617

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-elia
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3868
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Mer 06 Avr 2022, 22:57



Unknown

Rois d’une tragédie

En trio | Dastan, Érasme & Lucius



Dastan haussa les sourcils. Il ne s’était pas attendu à cette réponse-là. Son esprit vogua à la recherche d’une répartie disparue, freiné par l’impression d’avoir déjà vu cette femme quelque part. Avant qu’il ne pût la retrouver dans les décombres de sa mémoire, Lucius apparut. Le Réprouvé quitta la jeune femme des yeux pour le regarder. Son cœur manqua un battement, ou plusieurs, ou battit si vite qu’il eut l’impression qu’il ne se contractait plus du tout. Les envies de tendresse qui l’avaient assailli auprès des cadavres redoublèrent et s’accompagnèrent d’un désir plus profond et plus brûlant. Le souvenir du baiser mordait ses lèvres. Il avait envie de recommencer. L’embrasser sur la bouche, et l’embrasser partout ailleurs. L’entendre gémir, l’entendre crier, l’entendre soupirer. C’était nouveau, pour lui. Il avait compris qu’il avait désiré des hommes quand il avait compris avoir désiré Lucius et Érasme, et peut-être même Tekoa et Sympan. Cependant, il n’avait jamais ressenti d’envie sexuelle aussi forte que celle qui le traversait actuellement. Pas même sur le navire, avec le Sorcier. L’odeur du Magicien imprégnait la pièce entière : chaque inspiration du Manichéen équivalait à une bouffée de drogue. Tout lui montait au cerveau et retombait en éclats piquants dans son bas-ventre. Son palpitant, aussi, menait une danse intrigante. Il se mit à frapper si fort contre sa poitrine que l’on aurait pu croire qu’il cherchait à appeler celui du bleu ; parce qu’ils se connaissaient. Ils s’étaient éprouvés, dans d’autres contrées et d’autres temps. Ils avaient vagabondé ensemble au creux de vallées interdites et gravi des montagnes escarpées. Les deux adolescents avaient avancé main dans la main, en pleine confiance. Ils avaient partagé un amour capable de gagner toutes les guerres et d’annihiler la racine du Mal. Il y avait eu, entre eux, quelque chose que peu de gens pouvaient un jour effleurer.

Hébété, Dastan regarda ses mains ensanglantées. Pourquoi parlait-elle de dragons ? Il releva la tête vers Güra. C’était du Zul’Dov. Elle n’avait pas l’accent des gens de son peuple lorsqu’elle s’exprimait en commun, néanmoins, elle en avait le comportement. Le regard du roux détailla son corps nu. Le pantalon d’Érasme allait commencer à être sérieusement trop petit. « Je veux bien être une surprise. » dit-il, assez bas, et la voix peut-être un peu trop rauque. Entre ses hormones d’adolescent, cette obscure magie qui produisait tant d’effets chez lui, la nudité de la jeune femme et la présence de Lucius et des étranges souvenirs qu’il y rattachait, la situation pouvait difficilement être plus tendue. Difficilement, mais pas parfaitement impossible. Ses iris bronze se posèrent sur Érasme et sa poitrine se froissa immédiatement. En apnée, le rouquin le détailla de haut en bas, mais son regard ne lui fut jamais rendu. Il l’avait laissé tout seul alors qu’il avait besoin de lui, et maintenant, il l’ignorait ? Sa mâchoire se contracta. L’Ange, qui refusait de laisser toute la place au Réprouvé, avait envie de traverser la pièce pour le prendre dans ses bras et lui demander de s’expliquer. Il se moquait de la présence d’une autre Bipolaire, et était presque indifférent à celle de Lucius. En fait, la réalité lui semblait encore une fois loin de tout ce qu’il ressentait. Il se fichait de devoir se laver, de Güra la prétendue femme du Magicien, et de se trouver en un endroit dont le nom ne lui disait strictement rien. Il n’existait que cette profonde fissure qui déchirait son palpitant, et que chaque marque de détachement de la part du Mage Noir rendait plus douloureuse encore.

Il quitta les abords du lit pour se rapprocher des trois protagonistes, et surtout du Sorcier. Malgré ses efforts pour ne pas garder ses yeux rivés sur lui, il ne pouvait s’empêcher de lui lancer des regards inquisiteurs. Son psychisme se noyait dans des sensations trop diverses. La tristesse et la vexation se mélangeaient au désir. Des scènes pleines de désespoir amoureux teintaient sa rétine. Il avait envie de l’attraper par le col, de le jeter sur le lit et de l’embrasser. De le plaquer contre un mur et de l’embrasser. De le gifler et de l’embrasser. De l’embrasser si fort et si passionnément que ses lèvres s’en souviendraient pour l’éternité. Il voulait marquer jusqu’à son cœur, comme lui menaçait de marquer le sien. Il déglutit. Ces pensées étaient atroces. Dès qu’il songea cela, il les détesta. Il les détesta comme il détestait l’odeur de cette pièce, et l’odeur de ces vêtements, et la figure de Lucius, et le visage d’Érasme, et le sourire de Güra, et ce désir pour des non-Réprouvés, et cette situation, et lui-même, et tout. Tout ! « Putain. » lâcha-t-il, en reculant d’un pas, pour ensuite se détourner tout à fait. Il alla se poster devant la fenêtre, appuya ses deux mains sur le rebord et fixa l’extérieur, la tête à moitié rentrée dans les épaules et les yeux fermés. Il inspira, puis se retourna vivement et commença à déboutonner sa chemise. Il la passa ensuite par-dessus sa nuque – ses narines se collèrent au tissu et s’imprégnèrent d’autant plus du parfum du Mage Noir. Il n’avait qu’à l’ignorer, ce connard : il n’en avait rien à foutre. Sans perdre de temps, il retira son pantalon et l’inutile sous-vêtement que lui avait prêté Érasme. La nudité ne l’avait jamais gêné ; le sexe non plus. En revanche, il était à peu près sûr que ça embêterait franchement les deux Mages, et cette perspective le ravissait. « Je vais me laver. Mais si elle se rhabille pas vite fait, je l’emmène avec moi. Elle est où ta salle de bains, Lucius ? » Un sourire à la croisée de la moquerie, du désir et de la violence ourla ses lèvres. « T’es toujours d’accord pour faire de moi ton petit-déjeuner, non ? » demanda-t-il à l’intéressée.



Message II – 969 mots

Ne jamais mettre deux Réprouvés dans la même pièce en dehors des territoires réprouvés [Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 1628




[Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 1628 :


[Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4044
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Jeu 07 Avr 2022, 19:51



Rois d'une tragédie


« C’est ça. » soufflai-je, en fixant la femelle, prétendument femme de Lucius. L’envie de la frapper rendait mes jointures presque douloureuses. Je n’avais pas besoin de regarder Dastan pour savoir qu’il devait être excité par son manège. Ses formes me laissaient de marbre et elle me donnait envie de vomir. Je la trouvais vulgaire et laide. Je n’aurais été stimulé qu’en la voyant pleurer et supplier. Pourtant, je n’y pensais pas. Je désirais simplement la rayer de la surface de l’univers, empêcher les prunelles du Réprouvé de lécher ses courbes. Je ne voulais pas que ses mains la touchassent. Je haïssais cette femme et l’effet qu’elle produisait grâce à de simples morceaux de chair nue. J’avais envie de la découper et de tordre son horrible visage jusqu’à ce que sa peau cédât et que son sourire se déchirât. Je ne voulais pas qu’elle lui sourît, je ne voulais pas qu’elle ressentît du plaisir à l’idée de l’avoir en elle. Cependant, mon regard, jamais, ne se posa sur le Bipolaire. Je l’avais vu en train d’embrasser Lucius et un ravin aride avait commencé à séparer mon cœur en deux. Je serrai les dents et ne bougeai pas, pas même lorsqu’il fut nu. Ses paroles en direction de Güra s’enfoncèrent dans ma peau comme d’infimes gouttes d’acide. L’impression de me consumer m’immergea dans un autre monde. C’était insupportable, tellement que je ne sus pas quoi faire. Je restai immobile, avec la sensation d’être en dehors de mon corps, de n’être relié à lui que par la douleur interne qu’il intimait à mon esprit. Et je ne voulais toujours pas regarder le roux. Parce que je le haïssais d’avoir laissé le Magicien l’embrasser. J’abhorrais ce dernier d’autant plus. L’évidence était si facilement décelable : peu importe le chemin que je prendrais, il serait toujours là, devant moi, à tenter de me faire chuter. Il me volerait tout. Tout ce que j’avais et tout ce que je n’avais pas encore. L’envie de le tuer piqua mes cornées d’une humidité qui ne se transforma pourtant pas en larmes.

Je vis Lucius indiquer la porte correspondante. « Ce… Ce sont des bains communs à plusieurs chambres mais il ne doit y avoir personne à cette heure-là. » dit le Magicien, une intonation troublée dans la voix. Le désir qu’il ressentait y résonnait malgré tout. Le bâtiment dans lequel nous nous trouvions était rond. La salle de bain était la pièce centrale, autour de laquelle gravitaient quelques chambres qui, elles-mêmes, donnaient sur un couloir circulaire qui faisait le tour de l’édifice. Les fenêtres étaient des ouvertures magiques, en fusion avec les fenêtres du couloir. « Bien sûr. » assura Güra, avec un sourire aussi dérangeant que le regard qu’elle lui lançait. Puis, avec tout le naturel du monde, elle se tourna vers Lucius et s’approcha de lui. Ma respiration n’était plus que fragments instables. Ma gorge se serrait de façon successive. Mon regard lui-même n’était plus que saccades, tantôt sur le sol, tantôt sur les murs, tantôt sur Lucius ou même sur cette grosse chienne. Jamais sur le roux. « Tu devrais venir avec nous. » lui dit-elle. « Ça te ferait une expérience. » Sa main caressa son entre-jambe sans aucune pudeur. Elle sourit, visiblement satisfaite de ce qu’elle sentait sous ses doigts. J’eus envie de hurler. « C’est peut-être le moment d’abandonner une bonne fois pour toute ton éducation magicienne. » Lucius n’avait pas l’air à l’aise, gêné par ce que sa proposition impliquait. Il devait hésiter, parce que ce genre de configurations n’était pas si naturel. Il commençait tout juste à embrasser sa sexualité. C’était soudain, imprévu. Néanmoins, il en avait envie. Ça se voyait, je le voyais, comme je le vis déglutir. Un instant, je crus qu’il allait renoncer, arrêter tout ça. Mais non. Non. Il passa sa langue sur ses lèvres et finit par répondre ce que je redoutais qu’il répondît. « Je dois me laver aussi, de toute façon. » dit-il, en retirant ses protections puis son pantalon et le reste. Les mots n’étaient pas anodins. Ils ne signifiaient rien et ils signifiaient tout à la fois. Güra sourit et ôta le haut qu’elle avait daigné enfiler plus tôt. Celui-ci tomba au sol. Mes yeux se posèrent dessus sans réellement le voir. Je fixais le néant. Plus les secondes passaient, plus je voulais boire, boire et oublier. Je voulais couler et m’enfoncer dans une eau si profonde que personne n’aurait l’idée de venir m'y chercher, jamais. Comment pouvait-il me faire ça ?

La Réprouvée prit la main de Lucius et rejoignit Dastan. Je n’existais pas, à ses yeux. J’étais un Sorcier. Le Magicien tentait de m’oublier, lui-aussi. J’étais le seul point sombre au tableau : la partie inadaptée, la partie indésirable. Je déglutis à mon tour, pour d’autres raisons. Mon regard était toujours accroché au sol. Mes lèvres s’entrouvrirent et un son étouffé en sortit. « N’y vas pas. » Je ne fixais personne, je l’avais juste dit, les bras tendus de chaque côté de mon corps, les doigts rentrés dans mes manches, recroquevillés contre le tissu. Je ne voulais pas qu’il y allât et s’il y allait alors je ne lui pardonnerais jamais. Mais je l’avais dit si bas qu’il n’avait probablement pas entendu. Je ne pouvais pas le crier. C’était impossible.

881 mots
Je m'en souviendrai  [Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 2289842337

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-elia
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3868
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Ven 08 Avr 2022, 22:06



Unknown

Rois d’une tragédie

En trio | Dastan, Érasme & Lucius


Note : RP à caractère sexuel.


L’excitation de Dastan monta encore d’un cran. Il avait déjà embrassé d’autres filles que Draegr mais, jusqu’ici, il n’avait fait l’amour qu’avec elle. Cette situation lui convenait dans le sens où tout se passait très bien, cependant, sa curiosité le poussait à explorer d’autres horizons. Éprouver les courbes de Güra était déjà une perspective attrayante, toutefois, que Lucius acceptât de se joindre à eux faisait d’autant plus crépiter ses veines. Sa gêne avait satisfait le Réprouvé, et une part de lui aurait préféré s’en contenter. Cette part aurait préféré s’isoler avec la brune et sentir ses lèvres et son bassin se presser contre son entrejambe, pour qu’il pût assouvir son désir et en oublier l’origine aussi troublante que détestable. À Lumnaar’Yuvon, peu importait le sexe des partenaires. Une bouche était une bouche, un corps était un corps, et un acte charnel était un acte charnel. Les alliances hétérosexuelles n’étaient encouragées que pour assurer la pérennité de la race. Le reste de la vie sexuelle des habitants n’avait aucune incidence sur leur place au sein de la société. Le rouquin pouvait coucher avec des hommes, et l’idée elle-même ne le dérangeait pas. Ce qui le mettait mal à l’aise, c’était leurs peuples d’appartenance. Ça le faisait grincer des dents, par principe. Il en avait envie, mais il savait que ce désir était interdit. Plus personnellement, ce désir-là le renvoyait à ceux de sa sœur et de son frère. Ils couchaient tous les deux avec des Magiciens. À ses yeux, leur nature d’Ange n’entrait pas en ligne de compte. Ils auraient dû aimer des Réprouvés ou, à la limite, des Ailes Blanches. Du point de vue de la famille Belegad, même des Démons eussent été préférables aux deux Magos qui venaient souiller son nom. En nourrissant à l’égard d’Érasme et de Lucius des envies brûlantes, il s’inscrivait dans cette lignée de traîtres. C’était sans doute d’autant plus terrible que le Magicien était le fils du mec de sa sœur, et que considérant sa ressemblance avec le Sorcier, ce dernier devait l’être aussi. L’autre partie qui composait le Manichéen se moquait complètement de ces considérations. Elle était plus animale et souhaitait seulement assouvir ses pulsions. C’était le fragment dont les mots et les gestes de Güra et Lucius attisaient l’ardeur.

Lorsque la fille s’approcha de lui, le brun dans son sillage, le palpitant de Dastan pulsa si fort qu’il aurait pu exploser sa cage thoracique. Il déglutit. Chaque battement sanguin se répercutait dans tout son corps. Il se sentait perdre pied. Indifférent à tout ce qui l’entourait, il glissa sa main dans celle, encore libre, de la Bipolaire. Indifférent à presque tout. Bien que son contact l’électrisât et qu’il eût envie de lui emboîter immédiatement le pas, il ne put s’empêcher de cesser d’ignorer le Mage Noir. Il tourna la tête vers lui. Immobile, droit, les mains rentrées dans ses manches, le regard rivé sur le sol, il ressemblait à une statue. Néanmoins, ses lèvres bougèrent. Le roux cligna des yeux, comme si c’étaient eux qui lui permettaient d’écouter. « Quoi ? » La copine du Magicien pivota et l’entraîna à sa suite. Il jeta un dernier regard par-dessus son épaule avant de disparaître derrière la porte de la salle d’eau.

Dès qu’il en eut passé le seuil, la tentative de communication du Prince Noir lui sortit de la tête, tant ce qu’il avait devant lui le prenait au dépourvu. Jamais il n’avait vu une pièce pareille. Curieux, il détailla chaque élément avec une attention certes très altérée. Il se laissa guider par Güra, qui les entraîna jusqu’à un mur sur lequel était fixé un cube gris. Lorsqu’elle posa sa main dessus, une rune bleutée s’illumina, et l’eau se mit à couler sur eux depuis le plafond. Surpris, le Belegad renversa la tête en arrière. Il eut à peine le temps de scruter la voûte de la salle de bains : les doigts de la Réprouvée s’étaient enroulés autour de son désir et l’attiraient à lui. Il ne chercha pas à résister. Ses mains se posèrent sur elles et le sang qui les maculait teinta sa peau. Ses caresses se firent rapidement très pressantes, comme ses baisers, tous à l’image de l’impatience qui le rongeait et de la violence qui l’habitait, parfois. La présence de Lucius à ses côtés l’excitait autant qu’elle l’agaçait. Il refusait de le toucher, comme s’il avait pu le brûler, comme s’il avait pu oublier le baiser qu’il lui avait donné. Il en mourait d’envie, pourtant. L’eau et la chaleur renforçaient l’odeur qui émanait de lui et, même le nez enfoui dans le cou de Güra, il la sentait. Il en tremblait. Il finit par se redresser. Il l’observa et croisa son regard. Il hésita. Puis ses mains quittèrent le corps de la jeune femme. Il exécuta un pas vers le Magicien, enroula ses bras autour de lui, sentit sa peau se fondre contre la sienne, et l’embrassa. Ça lui semblait terriblement naturel, comme s’il avait déjà fait ça des milliers de fois. Il pensa à Érasme. Il aurait aimé que ce fût lui, aussi. Il grogna et repoussa violemment Lucius. Ses iris bronze étaient crispés de colère. Il les détestait. Il se détestait. « Espèce de connard. » gronda-t-il entre ses dents.  Ses poings se contractèrent et il envoya l’un d’eux vers le visage de son amant d’un instant.



Message III – 891 mots

En fait, je retire, c'est peut-être bien la seule à pouvoir gérer correctement la situation [Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 1929536143




[Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 1628 :


[Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4044
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Sam 09 Avr 2022, 12:49



Rois d'une tragédie


J’avais entendu ce que mon frère avait dit. C’était faible mais ça existait. Pourtant, lorsque le Réprouvé questionna ses dires, je restai muet, à son image. Ce n’était pas de la possessivité ni même de la jalousie. C’était simplement ce qui me semblait être le mieux à faire. Au-delà de mon excitation, je ressentais une forme de blessure, en provenance directe de la silhouette du Sorcier. Cependant, je ne pouvais pas le laisser gagner. Je ne pouvais pas laisser le mal attirer Dastan à lui. J’avais la certitude criante qu’il devait me choisir, moi, et qu’il n’y avait aucune autre source de salut possible, pour personne. Érasme devait rester seul parce que, isolé, il ne causerait que des dommages mineurs. Tant pis si, pour ça, il fallait le briser. Si je n’avais pas conscience des détails, c’était comme instinctif chez moi. Le refus de l’autre. La sensation de devoir l’éliminer avant qu’il ne fût trop tard. Néanmoins, je savais aussi que, parfois, je ne pouvais pas m’empêcher de faire un pas vers lui. C’était une attirance-répulsion. Au fond de moi, il y avait une peur latente, celle qui redoutait l’homme qu’il deviendrait. C’est pourquoi je ne dis rien. Je restai silencieux alors que j’avais compris. Si le Sorcier ne regardait pas Dastan, s’il ne lui parlait pas, c’est qu’il se consumait dans l’amour qu’il lui portait, un amour malsain, qui ne donnerait jamais rien de bon et qu’il valait mieux assassiner.

Je perdis toute considération pour Érasme une fois que nous fûmes dans la salle de bain. Mes doutes revinrent se greffer à mon cœur. Il y avait plusieurs choses : je n’étais pas certain que voir Güra avec un autre n’attaquerait pas mon ego et j’étais mal à l’aise. Elle et moi n’étions pas ensemble mais elle était ma première fois et la situation était étrange. Aucun homme ne m’avait jamais attiré. Je n’avais même jamais envisagé que l’un d’eux pût éveiller le désir en moi et, à vrai dire, aucun n’y était jamais parvenu. Il n’y avait que lui. Je me pinçai les lèvres et détaillai les deux silhouettes qui étaient avec moi dans la pièce. L’eau coula, ruissela sur les corps nus. J’avais déjà admiré la Bipolaire dans cette pièce. Je m’étais même abreuvé à même sa peau, en partant avec mes lèvres et ma langue à la recherche des ruisseaux qui s’étaient formés ici et là. La silhouette de Dastan était différente. C’était assez nouveau, dans cette configuration-là. J’avais déjà pris un bain avec d’autres hommes à Adraha mais ça n’avait jamais été dans le même état d’esprit.

La gêne revint, par rapport à ma propre nudité mais aussi par rapport à la situation. Il était évident que je n’avais pas la moindre idée de quoi faire de mes mains ou de mon corps. Je ne savais ni par où commencer, ni qui toucher, ni que toucher et cette ignorance me figea un moment. Güra était bien plus à l’aise. Lorsqu’elle caressa Dastan, je sentis la chaleur en moi décupler. Mon esprit vrilla et oublia toutes autres considérations. Mon bas-ventre me brûla et l’envie supprima tout essai de raisonnement. Je me sentis à la fois conquérant et primaire, comme si mon existence entière, à ce moment-là, n’était tournée que vers un seul objectif : celui d’unir mon corps à celui des autres. Si le roux ne s’était pas approché, j’aurais probablement initié moi-même le mouvement. Le fait est qu’il me coupa l’herbe sous le pied. Sentir sa peau brûlante contre la mienne me réveilla de ma torpeur. C’était différent du corps d’une femme. Il y avait des zones de contact différentes, une tension inexistante en haut mais bien présente en bas. Je l’embrassai, d’une façon plus sauvage que précédemment. J'aurais continué, d'une façon ou d'une autre, peut-être maladroitement même, si je n'avais pas senti une impulsion, bestiale, qui n’avait rien à voir avec l’acte. J’en fus surpris, complètement décontenancé. Lorsque j’avais pris la décision de les suivre, j’avais dû me faire violence. Il n’y avait pas que l’envie qui avait joué mais il y avait aussi la volonté de me « débarrasser de mon éducation magicienne », comme Güra avait dit. Je voulais paraître grand, me défaire de mon père et de l’idée d’un couple amoureux et exclusif qui m’avait été inculquée. J’avais balayé mes réticences mais, à présent, je me sentais con. Je me sentis d’autant plus con lorsque la douleur percuta ma joue. « Putain ! » grognai-je, en posant ma main sur la zone impactée. « Ça va pas ? » fis-je, le souffle court. Güra s’appuya contre le mur de la pièce et croisa les bras sur sa poitrine, visiblement mécontente. Elle soupira, en fusillant Dastan de ses yeux verts. « C’est quoi ton problème ? Tu ne veux pas juste passer un bon moment ? » L’eau faisait onduler les mèches de ses cheveux. « Refrappe-le encore et je t’arrache la queue avec les dents, c’est compris ? » Mes yeux s’agrandirent et je plaçai mes mains devant moi. « Non non. C’est bon. Il a raison. Ce n’était pas une bonne idée de toute façon. » Elle fronça les sourcils. « Lucius, arrête de te laisser marcher dessus ! » Elle se tut un instant et se refrogna davantage. Elle décroisa les bras et planta sur nous un index accusateur. « Vous savez quoi ? Je me tire. Je préfère encore sucer un Sorcier que de sucer deux gros cons comme vous. » Elle prit une serviette et disparut par la porte.

Je fermai les yeux et passai une main lasse dans mes cheveux. Ma joue semblait comme anesthésiée. « Bon… » fis-je, tout bas, comme pour chercher à démêler la situation. Néanmoins, alors que je pensais que nous ne serions plus que tous les deux, je fus interrompu par Güra qui revint. « Ah et le troisième couillon là, votre pote qui se la joue sombre éphèbe mélodramatique, il s’est barré. » Éphèbe et mélodramatique dans la bouche d’une Réprouvée avait de quoi en surprendre plus d’un mais ce n’est pas ce qui attira mon attention. « … Super. » murmurai-je, sentant soudainement que cette journée ne s’améliorerait jamais et ne cesserait d’empirer.

999 mots
Pas sûr  [Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 1628

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-elia
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3868
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Sam 09 Avr 2022, 21:46



Unknown

Rois d’une tragédie

En trio | Dastan, Érasme & Lucius



Dès que le coup toucha sa cible, Dastan recula précipitamment, comme s’il regrettait déjà. Le visage crispé d’émotions, il tint son poing tremblant dans son autre main. Son regard ne quittait pas Lucius. Les paroles de Güra lui coulaient dessus avec autant d’effet que l’eau de la douche. Il se moquait de ce qu’elle pensait. « Tu te casserais les dents dessus, connasse. » grogna-t-il, dans l’espoir de la faire taire. Elle ne comprenait rien. Elle ne pouvait pas comprendre, parce qu’elle faisait partie de ces Réprouvés qui trahissaient leur sang. Elle faisait partie de ceux qui ne respectaient ni leurs ancêtres ni leurs contemporains. Elle faisait partie de ceux qui crachaient à la figure des Zaahin. Pas lui. Pas maintenant. Il avait plus besoin d’eux que jamais auparavant. Il avait besoin de leur soutien face à tout ce qui était arrivé… Un long frisson déchira son échine. Il ne voulait pas y penser. Il ne pouvait pas y penser. Elle ne comprenait rien, parce qu’elle ne savait rien. Il ne comprenait rien parce qu’il savait. Il savait et ça mettait sens dessus dessous tout ce qu’il pensait, tout ce qu’il vivait, tout ce qu’il croyait. Depuis la veille, le sens du monde se délitait. Les images le frappèrent à nouveau ; elles déferlèrent sans prévenir, et il recula encore, sonné par la puissance de leur frappe. Sa respiration s’accéléra. Contre ses tympans battaient son sang et des hurlements. Il les entendait comme s’ils étaient là. Il sentait leurs odeurs pétrifiées de peur et voyait leurs traits broyés par la magie noire. Les larmes affluèrent au bord de ses yeux, à mesure que l’horreur et la solitude lui perçaient le cœur. Il avait besoin de quelqu’un. Il avait besoin de celui qui avait été là quand tout allait mal. Il avait besoin d’Érasme. Il le haïssait, mais penser à son visage l’apaisait aussi. Au cœur de sa réalité altérée, il entrevit la figure de Lucius. Il ne pouvait pas lui demander, pas à lui, pas maintenant.

Il s’apprêtait à retourner dans la chambre lorsque la Réprouvée fit irruption pour leur annoncer que le Sorcier était parti – il comprit un mot sur deux, mais il saisit ce qu’elle voulait dire. Son cœur manqua un battement. Il eut la sensation brutale et terrible qu’Érasme allait mourir. Qui aurait pu survivre, sur ce champ de bataille ? Qui aurait pu survivre, dans ce monde-là ? Comment pouvait-il survivre alors qu’il était tout seul et que des millions étaient morts ? Le Manichéen eut une seconde d’inertie, puis il se rua vers la sortie. Il dérapa sur le sol trempé de la salle de bains et manqua de tomber ; il se rattrapa de justesse au chambranle de la porte, bouscula presque Güra et s’engouffra dans la chambre. Ses iris apeurés scrutèrent la pièce dans ses moindres recoins. Il n’y avait personne. Motivé par une présence d’esprit parfaitement miraculeuse, il attrapa un pantalon qu’il enfila en toute hâte, en marchant déjà vers le couloir. Il termina d’en boutonner la braguette en courant dans celui-ci. « Érasme ! » cria-t-il. Ses pieds nus martelaient le sol au même rythme que la panique frappait son cœur. « ÉRASME ! » Les mains en porte-voix, il appela encore. Tout était vide ; comme si la guerre était déjà passée par ici. Ce sentiment ne fit qu’augmenter sa terreur et sa détermination à retrouver le Prince Noir. Animé par la même folie qu’un dément, il ouvrit chaque porte qui pavait son chemin. Où s’était-il réfugié ? Quelle cachette avait-il trouvée ? Était-il encore en vie ? « Éraaaasme ! » Il s’époumonait. Son souffle s’étiolait et, malgré lui, il ralentissait. Derrière lui, de petites flaques d’eau traçaient sa route. Ses cheveux dégoulinaient encore et sa peau était toujours humide, voire trempée.

Le jeune Bipolaire poussa une nouvelle porte. « Érasme ! » appela-t-il encore. Un bruit de verre brisé lui parvint. Sans hésitation, il pénétra dans la pièce et courut en direction du son. Ses pieds s’écrasèrent sur les débris tranchants, mais il ne sentit même pas la douleur que cela aurait dû lui infliger. Son thorax se soulevait et s’abaissait dans de grands mouvements. Toute son attention était accaparée par la silhouette qui se tenait devant lui. Il souffla simplement, avec tout le soulagement du monde : « T’es là. »



Message IV – 724 mots

Je ne retire donc pas xDD




[Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 1628 :


[Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4044
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Sam 09 Avr 2022, 23:58



Rois d'une tragédie


Note : Tentative de suicide

« Tiens, t’as décidé de retourner à ta couleur naturelle ? » Mon regard ne remonta pas sur mon interlocuteur. Je n’avais pas envie de parler à qui que ce fût, surtout pas à quelqu’un qui me confondait avec le Magicien. « T’as pas l’air dans ton assiette, t’es sûr que ça va ? » « Pas vraiment… » finis-je par murmurer. « C’est Güra qui fait des siennes ? Je t’avais dit que tu finirais le cœur brisé avec une Réprouvée… » « T’as de l’alcool ? » demandai-je.  « Euh… » « Je veux juste un verre. » dis-je, d’une voix plate. Il resta un instant silencieux mais ça ne me troubla pas. Il y avait déjà ce même silence à l’intérieur de mon cœur. Le jeune homme aurait pu disparaître que je ne l’aurais probablement pas remarqué. « Juste un verre alors. » dit-il, en me faisant signe de le suivre. « C’est vrai que la dernière fois que je t’ai montré ma collection de bouteilles, t’étais trop occupé à reluquer Güra… » Il rit. « C’est clair qu’elle est canon. » Il ouvrit la porte de sa chambre et m’invita à entrer. Il ne m’emboîta cependant pas le pas. « Je dois partir mais sers-toi. Je reviendrai après mon entraînement. » Je hochai la tête. « Hé, Lucius ? » « Hum ? » « Juste un verre hein. Laisse pas Güra te mettre minable. Ou attends-moi pour en boire un deuxième. » « Oui, juste un verre. » répétai-je à ce pauvre con.

J’attendis qu’il eut refermé la porte pour m’avancer plus en avant dans la pièce. Je soupirai, m’approchai de ce qui servait de bar et ne m’encombrai pas d’un verre. Un verre, ce ne serait pas assez. Je m’assis sur le canapé après avoir emporté quatre bouteilles prises au hasard. Ce qu’elles contenaient n’avait aucune importance. Rien n’en avait vraiment. Par vagues, des images de Dastan, de Lucius et de Güra me parvenaient. Mon imagination était cruelle, cruelle de mots que je les entendais prononcer distinctement contre moi, cruelle de scènes explicites, des scènes de sexe mais aussi d’amour. Ils s’étaient embrassés, plus tôt. Ils s’étaient embrassés, avec une tendresse à vomir. Ma main serra la bouteille. J’aurais aimé la briser en mille morceaux et me planter les éclats de verre dans les yeux et dans le cœur. Je me haïssais de ressentir ça. J’avais envie de tout oublier, de ne plus rien éprouver. Je savais précisément comment faire. Je bus au goulot, des gorgées qui m’étouffèrent à moitié. De l’alcool glissa sur mon menton et tomba sur le sol. Je finis la bouteille et en attaquai une autre. Les effets ne tardèrent pas à se faire sentir. Je n'avais pas mangé et ma nuit avait été désastreuse. Mes lèvres se mouvèrent en un sourire qui se termina en un rire pathétique. Ma bouche se déforma et mon menton trembla. Je le haïssais tellement. Tellement que j’en pleurai. Parce que c’était ça : des larmes de haine, des larmes de pure détestation. Il n’y avait rien d’autre. Ça n’avait rien à voir avec la vision de son corps contre celui de diverses femmes. Ça n’avait rien à voir avec la vision de son corps contre celui de Lucius. Ça n’avait rien à voir avec ce baiser et le reste. Je bus encore, à en avoir mal au ventre. Je m’en foutais. Tout ce que je voulais, c’était disparaître. Je voulais effacer cette journée, et la nuit qui lui avait précédé, et la journée d’encore avant. Je voulais l’effacer, lui, faire en sorte qu’il n’existât plus, qu’il sortît de mes pensées, qu’il s’en évadât et n’y revînt jamais.

Je me relevai, embarquant une bouteille avec moi. Je fixai chaque élément de la pièce et tombai sur plusieurs armes. Je pris un couteau, dans un état second. Je fis quelques pas vers la porte et coinçai la bouteille sous l’un de mes bras. J’amenai mon poignet devant mes yeux. J’avais besoin de voir mon sang. Je voulais avoir mal, plus que maintenant. Je voulais avoir mal pour oublier le fait qu’il me faisait déjà trop mal. J’entaillai mes veines. La douleur pulsa et j’écartai mon bras dans un réflexe qui fit tomber la bouteille. Le verre s’éclata sur le sol. L’hémoglobine fusa et me rendit momentanément mes sensations physiques et ma raison. « … Merde ! » Des filets rougeâtres s’échappaient de moi. Je fis demi-tour et cherchai de quoi m’essuyer et fermer la blessure, par instinct de survie. Je n'eus pas le temps. J’entendis la porte s’ouvrir et me retournai. Je cachai ma main derrière moi. Mon regard se posa sur Dastan. Je plissai les yeux, en croyant voir un mirage. Le pote de Lucius devait mettre de sacrées substances dans ses bouteilles. « Je euh… » bredouillai-je, un peu perdu. Chez moi, la douleur finissait souvent par devenir douce. Pourtant, les conséquences ne s’effaçaient pas. En supposant qu’il fût réellement devant moi, il ne remarquerait pas. Je ferais en sorte qu’il ne remarquât pas. « Qu’est-ce que tu fous là ? Je croyais que t’étais avec l’autre connard et sa pouffiasse. » Mes prunelles le détaillèrent. Il était trempé et il était beau. Terriblement beau. Mon regard descendit le long de ses jambes jusqu’à ses pieds. « T’as marché dans du verre. » fis-je remarquer. « T’es con ou quoi ? » questionnai-je, soudainement irrité.

886 mots
Je me plie au titre de notre rp avec sagesse  [Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 943930617

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-elia
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3868
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Dim 10 Avr 2022, 22:55



Unknown

Rois d’une tragédie

En trio | Dastan, Érasme & Lucius



Dastan secoua négativement la tête. « C’est toi que je voulais voir. J’avais besoin de te voir. » C’était la vérité. Il avait eu tellement peur. Il avait tellement craint que la guerre l’eût pris. Qu’elle le lui eût arraché, à lui. Qu’elle l’en eût privé à tout jamais. Il le détestait, pour tout un tas de raisons plus abominables les unes que les autres, mais dans cette détestation fleurissait une pointe d’amour, ou au moins d’attachement. Elle le poussait à le détester et à l’aimer encore plus. Son cœur s’abreuvait d’incohérences, de bêtises et de folies. À ce moment précis, il s’en moquait. Elles ne le faisaient pas souffrir. Elles se contentaient de mettre en exergue deux vérités intrinsèquement liées : il ne pouvait pas vivre sans lui, il ne pouvait pas être seul. Pas maintenant. Pas dans le chaos qui battait contre ses tempes et bataillait contre son bon sens. Il avait besoin de sa présence.

Lentement, le Réprouvé baissa les yeux sur le sol. Les éclats de verre brillaient doucement entre ses orteils et autour de sa plante de pied. « Non, je… J’avais pas vu. » Il souffla, puis se redressa. Son regard bronze s’enfonça dans celui du Sorcier. « Je voulais te voir, toi. Il le fallait. » Il inspira. « J’ai eu tellement peur que tu… » Sa gorge se noua. Il était incapable de finir sa phrase. Que tu sois mort ? C’était si inenvisageable. C’était si interdit. Il avait déjà trop perdu. Il n’avait pas le droit de lui tourner le dos. Il avait envie de le presser contre lui, mais quelque chose le retenait. « La guerre, elle… » Il secoua la tête puis, alors qu’il détaillait le brun, un sursaut de réalité sembla le secouer. Ses cornées étaient rouges et des sillons salés découpaient ses joues. « T’as pleuré. » lâcha-t-il, désemparé. Ses poings se crispèrent. « Qui t’a fait du mal ? » Ses yeux balayèrent la pièce, sans qu’il aperçût quelqu’un d’autre qu’eux. Cependant, ses prunelles furent attirées par de fines taches rouges sur le sol. Les sourcils froncés, il scruta encore le Mage Noir. « Qui t’a fait ça ? » Dans sa voix, la menace grondait. Il s’avança vers lui, quittant l’écrin blessant de la bouteille brisée. Il avait eu de la chance : il n’avait rien, ou si peu. « Tu es blessé où ? Fais voir. » ordonna-t-il, avant de froncer à nouveau les sourcils. Du sang gouttait dans le dos du Sorcier. Sans attendre, le Réprouvé s’empara de son bras et le tira sans ménagement vers lui. Face à la plaie qui ceignait son poignet, il se figea d’horreur. La vérité le gifla : il s’était probablement fait ça tout seul. Son cœur, lui, battait à tout rompre. L’odeur du sang d’Érasme s’infiltrait jusque dans ses cavités et le galvanisait. La peur, le soulagement et la colère le rendait fou.

Paniqué, le regard du Manichéen balaya vivement la chambre, de droite à gauche, de haut en bas et inversement. « Assieds-toi là. » Brutalement, il poussa son compagnon sur le canapé et se rua vers le lit. Il attrapa le drap, planta ses dents dedans et le déchira dans la longueur. Revenu en courant, il exigea qu’il lui donnât son bras, puis entreprit de bander fébrilement son poignet. Ses doigts tremblaient, ses mains aussi, son palpitant aussi. En quelques secondes, sa peau fut maculée du sang du Prince Noir. « Pourquoi t’as fait ça ? » demanda-t-il, les larmes aux yeux et la gorge nouée d’émotion. « T’as pas besoin de mourir parce qu’ils sont tous en train de mourir. Pas toi… » Les autres, oui. Les autres paieraient. Mais Érasme… Érasme… Dastan noua le bandage et releva la tête vers lui avec vivacité. Ses prunelles sondèrent les siennes, encore. Elles naviguèrent dans le grand bleu, s’y perdirent et s’y complurent. Des plis soucieux barraient le visage de l’adolescent. Il renifla, attrapa le Sorcier par les épaules et l’amena contre lui. Ses bras l’entourèrent pour serrer son corps contre le sien. Il avait besoin de l’éprouver, de sentir la vie qui y pulsait, de se rassurer sur son état. La tête calée contre son épaule, le roux ferma fort les paupières. Il était là, il était vivant. Il tourna un peu sa figure et embrassa la mâchoire du Mage. Il huma son parfum ; il était si envoûtant. « Je voulais te voir. J’avais besoin de te voir. » murmura-t-il. Parce que lorsqu’il s’étouffait dans les cendres, Érasme avait le pouvoir de raviver l’incendie.



Message V – 761 mots

Moi aussi <3 Je suis très appliquée pour jouer toutes les incohérences humaines que mettent en scène les tragédies <3




[Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 1628 :


[Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4044
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Lun 11 Avr 2022, 21:10



Rois d'une tragédie


Je plissai les yeux, toujours incrédule. Soit je l’imaginais, soit quelqu’un l’avait drogué. Ses paroles me torturaient. Certaines parties gonflaient mon cœur d’adrénaline, d’autres me confortaient dans le fait qu’il n’était qu’une illusion. Étais-je étendu au sol, en train de mourir ? Était-ce lui, que je verrais avant de rendre mon dernier soupir ? Un Réprouvé, roux de surcroit ?

Je sentais le sang couler le long de mes doigts, chaud. La blessure n’était plus si douloureuse. Elle serait bien plus piquante plus tard. Pour le moment, mon poignet était relégué au second plan. Je le considérais bien plus comme un élément honteux à cacher. Néanmoins, ce secret s’effaçait progressivement face aux propos incohérents de Dastan. Je le fixai, sur mes gardes, défiant, comme un animal sauvage acculé et ne sachant ni où aller ni que faire. Devais-je fuir ? Devais-je m’approcher de lui pour qu’il m’apprivoisât ? Je savais que c’était impossible. Il y avait cette fissure dans mon cœur. L’alcool rendait ses bords plus doux mais j’avais conscience de leurs crocs. Il avait embrassé Lucius et probablement fait plus. Je ne savais pas ce qu’il foutait là. Je ne savais pas pourquoi il était là. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il voulait me voir ? Alors qu’il se fichait de moi quelques minutes plus tôt ? Jouait-il ? Se moquait-il ? Avait-il compris et faisait-il semblant ? Pourquoi ? Pour me torturer ? Pour me faire chuter ? « Non. » répondis-je tout bas, à sa question sur mes pleurs. « Personne. » mentis-je. Que le coupable demandât l’identité du responsable était aussi risible que pathétique. J’étais pathétique. Je déglutis. La brûlure autour de mon poignet me tenait chaud. « Personne. » répétai-je. « C’est rien. » continuai-je, en tentant de dissimuler davantage mon bras derrière moi. Je le vis approcher et voulus me défendre mais l’alcool engourdissait mes sens et me rendait plus lent. Je sentis la pression sur mon avant-bras et la douleur se renforcer légèrement. Le sang pulsait et tachait le sol de rouge. Je fixai mon poignet et remontai les yeux vers lui. Contrairement aux idées reçues, mourir après s’être taillé les veines est extrêmement rare. Je n’en savais rien. Je ne craignais pas la mort, là, tout de suite. Je n’y pensais pas. Je pensais à lui et à l’étrangeté de son comportement.

Je sentis mon corps tomber sur le canapé. Je ne résistai pas. J’étais las de résister. Je lui donnai donc mon poignet et le regardai fixer le bandage improvisé autour. Ses mains tremblaient. Sur les miennes, le sang des cadavres du temple s’était mélangé au mien. « J’ai rien fait. » murmurai-je, en détournant le regard. Je n’aimais pas constater les larmes dans ses yeux. Sa voix cassante était la dernière chose que je désirais entendre. « Tu… » Tu dis n’importe quoi, pensai-je, en comprenant à moitié que ce n’était peut-être pas si exact. Il y avait eu cette guerre et il s’était tenu sur le champ de bataille. Ils étaient tous morts, ou presque. Lui, avait survécu. Il avait survécu par je ne savais quel miracle, sans doute grâce à moi, à une magie que j’avais provoquée. Et si je ne l’avais pas fait ? Serait-il mort ? Je serrai les dents et déglutis. Je relevai les yeux et croisai les siens. Je fus complètement pris de court. Dans ses prunelles, je lisais des émotions qui immobilisèrent mon souffle. Qu’avait-il ? Que disait-il ? Que faisait-il ? Je déglutis encore, contre lui. Je n’étais pas certain de comprendre. Je savais maintenant qu’il n’était pas le fruit de mon imagination mais tout me paraissait si incongru. Son baiser se répercuta en frissons dans l’ensemble de mon corps. Je remontai mes bras doucement pour l’enlacer à mon tour. Je n’étais pas sûr de ce que je faisais. Sous mes doigts, je sentais son corps, la forme de son dos. J’avais l’impression de la connaître par cœur, d’avoir parcouru sa peau des milliers de fois. Pourtant, ce moment me semblait si fragile. Je songeai même qu’en une seconde, tout pourrait s’effondrer. Si je faisais un mouvement un peu brusque, si j’ouvrais la bouche, si je respirai trop fort, tout ceci s’effacerait. Alors je retins ma respiration, ne bougeai plus et ne dis rien. Mes mains, à plat dans son dos, portaient le poids de la honte de le serrer contre moi. Je n’avais pourtant aucune illusion. Je savais que ce n’était pas réel, que l’instant passerait. Il redeviendrait normal. Il repartirait avec Lucius, Güra ou n’importe qui d’autre. Parce que la haine est plus forte que le reste. Je serrai les mâchoires et finis par reculer. « Je dois vomir. » dis-je, pour justifier ma fuite vers la salle de bain. Je m’éclipsai, allumai la douche et attendis. Mes vêtements s’humidifièrent. Les gouttes coulèrent sur ma nuque, partout, et imbibèrent le bandage. Il faudrait le refaire. J’appuyai un instant mes mains contre le mur, malgré la morsure aigüe de ma blessure. Je n’avais pas envie d’y retourner mais ne pus me résoudre à le laisser seul.

Je revins, en essayant de paraître calme, et m’appuyai contre le mur. « Tu peux le refaire ? Je crois que ça saigne de nouveau... » demandai-je, en désignant ma main. « Comme ça… Comme ça tu pourras me dire pourquoi tu voulais me voir. » Je croisai les bras et avalai ma salive. « Non, en fait, je te donne comme défi de me le refaire… en plus beau. Refais tout ce que tu as fait. » J’allais trop loin, je le savais. « Et redis tout ce que tu as dit. » Je déglutis. « J’ai trop bu, je n’ai pas tout entendu. Avec le sang, en plus… je vois un peu flou. » Je ris. « Je ne suis même pas sûr que tu sois vraiment là. T’es censé être avec eux alors, ça se trouve, je délire. » Je ne pensais pas mais je n’écartais pas l’hypothèse. Dans tous les cas, je ne lui disais pas ça parce que je pensais qu’il s’agissait de la vérité. En réalité, je cherchais simplement à justifier mes demandes. Maintenant, j’avais froid. « J'ai appris qu'on t'appelait le Feu Follet... Chez moi on appelle ça Ignis Fatuus... Feu bouffon. » Je souris, un peu moqueur mais pas vraiment. J'essayai simplement de le paraître. « Alors, Feu Bouffon, on se consume spontanément ? » S'il pouvait me réchauffer.  

1009 mots
Je vois ça. S'il n'y a pas un mort avant la fin, on aura échoué  [Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 943930617

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-elia
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3868
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Mar 12 Avr 2022, 23:03



Unknown

Rois d’une tragédie

En trio | Dastan, Érasme & Lucius



Il ne demeura plus qu’un vide immense. Ses bras ne semblaient plus avoir d’autre utilité que celle de l’encombrer. Le Réprouvé baissa les yeux sur ses mains, dont les paumes ouvertes auraient pu avaler le monde sans en être jamais rassasiées. Il déglutit et renifla encore, puis inspira. Le roux ferma les yeux et ramena ses doigts contre ses paupières, qu’il pressa. Il avait envie de se blottir dans ses bras ; dans les siens ou dans ceux de quelqu’un d’autre, mais surtout dans les siens. Il avait envie de rentrer chez lui et de retrouver ses proches ; sa famille, ses amis et tous les cadavres dont ils devraient faire le deuil, ensemble. Ses jambes remontèrent contre son torse et, recroquevillé, il s’appuya de côté contre le dossier du canapé. La réalité lui faisait mal. Il aurait voulu pouvoir tout oublier. Il aurait voulu pouvoir remonter le temps et changer le cours des événements. Il aurait voulu pouvoir serrer chacun de ses êtres aimés contre lui. Au moins, avoir la certitude qu’ils étaient sains et saufs. La téléportation l’avait brutalement coupé de la présence de sa mère, sur le champ de bataille. Il ignorait tout de la position de Priam et de Freyja, de Draegr et des autres. Quand il rentrerait, il se pouvait qu’il apprenne leur mort, alors peut-être qu’il n’avait pas tant envie de rentrer. Rester dans l’ignorance était insupportable au regard des merveilles que pouvaient receler la vérité ; cependant, c’était mille fois préférable aux horreurs qu’on pourrait lui confier, s’il retournait à Lumnaar’Yuvon. Il était peut-être préférable de rester là, de s’enfoncer dans la solitude et de chérir le déni. Il serra les dents. Le mal qu’il ressentait n’avait pas de nom. Il était trop grand pour qu’on pût l’appeler.

Lorsque la voix d’Érasme résonna à nouveau, il releva la tête et le regarda. Il était trempé, tout habillé mais trempé. S’était-il jeté sous la douche complètement vêtu ? C’eût été bizarre, mais Dastan ne posa pas de question. Ses yeux bronze descendirent sur son bandage – dont il ne commenta pas l’état – puis remontèrent vers son visage. « Je te l’ai déjà dit… » souffla-t-il, seulement pour mieux le laisser continuer. Son esprit n’était pas au Jeu. Il portait dans l’âme une blessure qui excluait le rire, la joie et l’amusement. C’était comme ça, elle était despotique. Le Manichéen se détourna, posa son menton sur ses genoux et regarda droit devant lui. Il prit le temps de respirer, puis répéta, encore : « Non, parce que c’est toi que je voulais voir. » Lui et ses bras, lui et la lumière dans ses prunelles, lui et ses moqueries, lui et sa méchanceté. Il ferma les paupières. Il avait raison, pourtant. Il se consumait. Il avait l’impression que ses poumons brûlaient et tombaient lentement en cendres. Son cœur, d’ordinaire si enflammé, lui paraissait aussi rêche qu’un charbon sorti de l’eau. Il rouvrit les yeux et tourna la tête vers le Sorcier, la joue appuyée sur le sommet de ses genoux. « J’en sais rien. Ça te fait peur ? Tu crois que ça brûle, les Perles ? » La Perle Noire pour la Perle de Sceptelinôst. Le Prince Noir pour la Thur de Gein’Drakul. Érasme pour Shezira. Un vertige saisit Dastan. L’aurait-elle tué, si Val’Aimé ne l’avait pas assassinée ? Serait-elle allée jusqu’à lui ? Aurait-elle découvert le visage qui se cachait sous le casque confectionné par Freyja ? Où serait-il, lui, aujourd’hui ? Vivrait-il avec une plaie similaire ou s’amuserait-il du revers subi par le Salvatore ? Regretterait-il qu’elle ne fût pas morte à sa place ? Aurait-il souffert, s’il l’avait laissé là, toujours entouré mais seul sans lui ? Il inspira profondément et se redressa. Il détestait ces questions-là. Elles le frappaient pour le mettre à terre.

« Viens là. » finit-il par dire, en dénouant ses bras de ses jambes et en se dépliant. Dès qu’il fût près de lui, l’adolescent prit sa main et entreprit de défaire le bandage. Ses gestes étaient moins paniqués. Il ne tremblait plus. Lorsque le linge fut totalement défait, il examina la plaie. Il avait l’habitude d’en voir, chez lui. D’abord, les siennes, qu’il n’acquérait pas toujours dans des circonstances très heureuses, et ensuite, celles des autres, qu’il leur avait parfois lui-même infligées. Y penser bouleversa son palpitant. « T’as de la chance, t’as juste coupé la peau. » Sans rien ajouter, il se releva, retourna vers le lit et, à nouveau, déchira le drap. « J’espère que le type qui dort ici a une hygiène du tonnerre. » Considérant l’odeur, il en doutait, mais de toute façon, il n’avait rien d’autre sous la main. Il se rassit près du brun, en tailleur. Il prit encore sa main ; ses doigts s’y attardèrent peut-être un peu plus, cependant, il fit comme si de rien n’était. Précautionneusement, il enroula le linge autour du poignet d’Érasme. Il n’avait pas la tête au Jeu, mais il n’oubliait pas ce qu’il devait dire. Ça lui semblait important de le dire. Faire… faire, c’était autre chose. Ça le remuait, mais différemment. « Tu crois que ton saut sous la douche t’as assez fait décuver pour que tu m’écoutes ? Je ferais peut-être mieux d’attendre quelques mois. » Un sourire vague, un peu moqueur – mais aussi un peu moins que de coutume –, ourlait ses lèvres.

Tandis que ses mains s’agitaient pour confectionner le pansement de fortune, Dastan se sentait presque calme. Le tumulte battait son plein, quelque part dans son palpitant, mais la présence d’Érasme l’apaisait. Il émanait de cela un indubitable sentiment de sécurité. « J’ai dit que… » Il réfléchit un peu. « J’ai dit qu’il fallait que je te voie et que j’ai eu peur. Je t’ai dit que tu avais pleuré, et tu m’as dit non, mais je te crois pas. Et je t’ai demandé qui t’avait fait du mal et où, et toi t’as pas voulu me dire… Tu dis jamais rien, en fait. » conclut-il, alors que ses pupilles remontaient vers lui. « Et après… » Il posa brièvement ses yeux sur le bandage. « T’as pas besoin de mourir parce qu’ils sont tous en train de mourir. Parce qu’ils sont tous morts. Pas toi. » Il frissonna. Il l’aurait fallu, pourtant. Il aurait dû le tuer, dans sa chambre, et entre les corps, et chez Lucius, et ici. Et toutes les fois précédentes. Mais il ne l’avait pas fait, et il ne le ferait pas maintenant non plus. Il ne pouvait que se perdre dans le bleu glacé de ses iris. Ses mains agrippèrent à nouveau les épaules du brun et l’amenèrent contre lui. Il l’enlaça, comme il l’avait fait plus tôt. Son odeur teintée d’humidité le percuta de plein fouet et le tissu froid et mouillé de sa chemise arracha des frémissements à son torse nu. Malgré tout, il le serra contre lui, comme la fois précédente, avec autant d’ardeur. Il lova sa tête près de son cou, puis pivota brièvement pour déposer un baiser sur sa mâchoire. Il inspira le parfum de sa nuque, il eut envie de se blottir véritablement contre lui, il n’en fit rien, il répéta : « Je voulais te voir. J’avais besoin de te voir. » Et il resta ainsi, immobile, à moitié arraché à la réalité. Il se sentait planer, comme si tout n’était pas vraiment vrai, comme s’il était en train de rêver. Ça aurait pu être le cas, parce que c’était souvent comme ça, entre eux, dans ses songes. « Je voulais pas rester avec Lucius et sa copine. » ajouta-t-il. « Je voulais pas que tu me laisses, comme tout à l’heure, dans le temple… T’aurais pas dû me laisser. Je voulais rester avec toi, j’avais besoin de toi, moi. » C’était pourtant plus compliqué que ça, et il le savait. Sa douleur lui donnait accès à une brèche comblée d’aveux et d’honnêteté, mais combien de temps résisterait-elle à la haine qu’on lui avait inculquée ? « Je voulais être avec toi parce que j’ai repensé à hier et… Je ne sais pas trop. C’est toi qui étais là. » C’était aussi simple que ça. Dastan ferma les yeux, le pressa un peu plus contre lui, et se tut. Il laissa s’écouler quelques secondes, avant de souffler : « Maintenant, c’est toi qui dois réaliser un défi. » La joue posée sur l’épaule de l’ancien Prince Noir, il ne bougea pas. « Chez toi, t’as dit qu’on n’était rien. Je veux que tu me dises si t’y crois toujours. » Il s’interrompit, moins d’une seconde. « Et si t’y crois pas, ce que tu crois vraiment. »



Message VI – 1443 mots

Oh pour ça, on peut toujours s'arranger ! Dastan va sans doute mourir, soit de tristesse, soit d'amour, soit de honte, j'ai pas encore décidé [Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 1929536143 il est trop mignoooooon, il me fait de la peine avec son tact de Réprouvé /sbaf




[Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 1628 :


[Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4044
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Mer 13 Avr 2022, 19:27



Rois d'une tragédie


Je ne comprenais pas. Et je ne voulais pas comprendre. « Tu dis n’importe quoi. » murmurai-je. Il ne pouvait pas vouloir me voir. Je ne voulais pas qu’il voulût me voir. L’espoir, pourtant, gonflait mon cœur d’un amour qui percutait la haine qu’il aurait dû m’inspirer. Je le haïssais. C’était plus simple. C’était aussi particulièrement faux. Je devrais pourtant l’abhorrer. Il n’y avait pas d’autres alternatives. Même si je ne le détestais pas, même en admettant que je l’acceptasse réellement dans ma vie, il arriverait un moment où nous ne pourrions plus rester ensemble, qu’importât notre relation. Un Réprouvé et un Sorcier ne sont pas amis. Encore moins plus qu’amis. « » Je soufflai par le nez et me mordis la langue pour empêcher un sourire en coin de naître sur mes lèvres. L’alcool ne m’aidait pas. J’apposais mentalement des interdictions qu’une simple question suffisait à faire voler en éclats. Ces éclats, je devais ensuite les recoller malgré le fait qu’il ne me facilitait pas la tâche. J’avais envie de le frapper, le frapper pour oublier que je désirais être dans ses bras, que j’avais envie de réduire la distance entre lui et moi pour qu’elle n'existât plus. Mais je n’étais pas comme Lucius, à oser ce qui paraissait simple pour d’autres. Mon âme était liée aux ténèbres et je ne savais que faire de mes émotions. Elles me paraissaient dangereuses, anormales et indignes. J’aurais pu lui dire que j’étais une perle de l’océan, tellement enfouie dans les profondeurs qu’aucun feu ne pourrait jamais l’atteindre. Cependant, je haïssais les Sirènes et me comparer de près ou de loin à ces dernières m’était impossible. Et j’aurais menti. Son feu m’atteignait. Il hantait mes nuits. Il hantait mes jours. Et plus je voulais l’éteindre, plus il s’embrasait et m'embrasait. Je ne dis donc rien, laissant sa question suspendue dans l’air.

Je m’approchai, en essayant d’oublier le froid. La boisson aurait dû me réchauffer mais ce n’était pas elle que je désirais. Je le regardai. J’aurais aimé couper plus. J’aurais aimé qu’il me trouvât à l’article de la mort, juste pour être certain qu’il disait la vérité. Aurait-il essayé de m’aider ou m’aurait-il achevé ? Il n’était pas comme d’habitude et son comportement me fit un effet incompréhensible. C’était comme si, momentanément, la hache de guerre avait été enterrée. « Je vais me concentrer. » soufflai-je. « Mais je ne promets rien. Ce que tu dis ne fais pas toujours sens. » dis-je, alors même que je savais parfaitement ce qu’il avait dit plus tôt. Je déglutis. Je me sentais coupable de désirer l’entendre tout répéter. Je me sentais coupable de désirer qu’il m’embrassât de nouveau. « Je n’ai pas pleuré. » grommelai-je. Mon regard croisa le sien. Je me tus. Il me tuait.

« Qu’est-ce que tu branles ? » demandai-je, d’une voix basse lorsque je le sentis dans mon cou. J’essayai de faire taire les frissons qui naquirent de nouveau, sans y parvenir. Ce n’était pas normal. Je n’aurais pas dû permettre à un homme d’être si proche de moi. Ce n’était pas un comportement acceptable. La proxémie règlementaire n’était pas respectée. Je fermai les yeux, en me répétant qu’il disait n’importe quoi. Je le soupçonnai même d’avoir pris un mauvais coup sur la tête durant la bataille. Je l’imaginai, assommé par sa propre arme. J’aurais tellement aimé qu’il restât ainsi pour toujours, à m’avouer un attachement qui semblait sincère. Mais je n’étais pas dupe. Surtout, je ne savais pas quoi faire de ça. On ne m’avait pas élevé pour ça. On ne m’avait pas élevé pour que je susse comment réagir face à l’amour ou même le désir véritable. Mon corps voulait demeurer contre le sien. « Tu es apparu dans mon bureau. Forcément que j’étais là. » articulai-je, en cherchant toutes les issues possibles pour qu’il ne me collât pas de beau rôle. C’était la fonction de Lucius d’être le prince lumineux. Moi, je n’avais que les ténèbres. Et lui… lui, il était fait pour le soleil. Peut-être même qu’il le deviendrait, le soleil. Il avait besoin de ses champs d’or et je savais que les champs d’or mourraient bientôt sur mon passage. Il n’y avait aucune issue. « Tu m’étouffes. » dis-je. Ce n’était pas vrai. Je voulais qu'il m'étouffât pour de vrai, qu'il me pressât contre lui et ne me lachât plus. « Forcément… » Un défi en appelait un autre. Pourquoi ne s’écartait-il pas, bordel ? Le froid mourait dans ses bras. Ce que je ressentais n’avait presque rien à voir avec le désir. C’était… différent, plus intense, plus irrésistible, plus douloureux aussi. J’avais envie de le prendre dans mes bras à mon tour, envie de le serrer contre moi, de l’embrasser et de le rassurer. Mais j’en étais incapable.

« C’est nul comme défi. » râlai-je, d’une voix qui n’avait rien de colérique. Le son qui en sortait ressemblait bien plus à une constatation boudeuse. Bien sûr que nous n’étions pas rien. Je n’avais simplement pas envie de savoir ce que nous étions. Parce que ça ne dépendait pas que de moi et que, quand bien même, c’était impossible. J’avais envie d’être cruel. Pourtant, ma main vint se perdre dans ses cheveux et ébouriffa sa tignasse rousse. « On n’est pas rien. » dis-je, avant de me dégager de son étreinte pour me laisser tomber sur le côté, sur le canapé. J’étendis mes jambes et les posai sur ses cuisses. Je fixai le plafond après avoir placé l’une de mes mains derrière ma tête. « Je suis ton Maître, déjà, vu que t’es toujours qu’un minus. » Je préférais ne pas le regarder. « Et il a été acté que t’étais ma Reine. » Je réfléchis. Je devais trouver un truc. Un truc pour le blesser. Un truc pour l’énerver. « En fait, je crois que tu te comportes plus comme un chien que comme une Reine. » Je pliai une jambe et laissai l’autre sur lui. Mes vêtements me collaient. Je n’avais aucun confort. Je détestais cette sensation d’humidité. « Si t’étais un vrai chien, tu serais une sorte de bâtard, avec des poils ondulés et roux, comme ta tignasse. » J’avais tellement aimé toucher ses cheveux. « Tu ne serais pas très grand, forcément, mais pas trop petit non plus. Tu grognerais souvent mais, finalement, si je te laissais tout seul, tu serais incapable de te débrouiller tout seul. Alors tu partirais à ma recherche, comme tu l'as fait. Parce que t'es comme un chien, tu ne peux pas vivre sans ton Maître. » Ce que je ne disais pas, c’est qu’un maître qui perd son chien est inquiet et démuni aussi, si ce n’est plus. Il y avait tellement de choses que je ne disais pas. Parce que ça n’avait aucune importance. Parce que j'en avais honte. Parce que c'était impossible.

Je dépliai le bras derrière ma tête pour attraper l’une des bouteilles. Je posai mon pouce sur le goulot pour éviter de renverser du liquide sur moi et l’amenai à mes lèvres pour boire. Je souris, comme content de moi-même, et finis par le regarder en tendant ma main blessée vers lui. « Viens là que je te caresse la tête, Feu Bouffon. » C’était un excellent nom de chien. S’il était vilain, ce serait juste Bouffon. Je n’avais pas vraiment répondu à la question. J’avais détourné le Jeu. Mais j’étais incapable de lui avouer ce que je pensais. Je voulais plus. Je voulais trop. Et, moi, je n’étais pas ce qu’il voulait. Je ne le serais jamais. Il serait mon problème sans solution et il me briserait le cœur si je le laissais faire.  Je savais que j'aurais dû appuyer sur la mort des siens pour l'écarter de moi, que j’aurais dû me montrer cruel, mais je n'y étais pas arrivé. Ce moment était comme une trêve, un instant hors de tout. Il valait mieux que je restasse là, à ses côtés, et que je disparusse ensuite.

1232 mots
Ton perso rend le mien presque gentil... Je demande réparation [Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 2497878348  

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-elia
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3868
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Ven 22 Avr 2022, 21:24



Unknown

Rois d’une tragédie

En trio | Dastan, Érasme & Lucius



La main gauche de Dastan se glissa sur les tibias d’Érasme, posés sur ses cuisses. Légers, ses doigts effleuraient le tissu de son pantalon. Il n’insistait pas, comme s’il avait caressé les fragiles pétales d’une fleur. En un sens, fragile, le Sorcier l’était. Il n’avait pas la carrure d’un Réprouvé, évidemment, mais ça allait aussi plus loin que ça. Des failles fissuraient son être ; et la lumière et l’ombre du Manichéen s’y engouffraient sans la moindre hésitation. Là semblait être leur place, lovées dans les faiblesses du Prince Noir. Rien que pour ça, ils n’étaient pas rien. C’était à la fois agréable et détestable. C’eût été agréable avec n’importe qui. C’était détestable non pas parce que c’était lui, mais parce que c’était un Sorcier. Aucun Bipolaire n’aurait dû aimer se blottir dans les craquelures d’un Mage Noir. Pourtant, ils étaient là, à s’écouter et se parler comme si tout avait été possible. Si on ne le leur avait pas interdit, se seraient-ils tout de même arrêtés à cette frontière ? S’ils n’avaient pas été nourris à la haine et au mépris, se seraient-ils exécrés comme ils étaient tenus de le faire ? Dastan n’en savait rien et ça lui broyait l’estomac. Juste penser que quelque chose pût être possible lui broyait l’estomac. L’Ange voulait y croire. Le Démon y trouvait aussi son compte, à sa façon. Le Réprouvé ne voulait pas en entendre parler. Il préférait les discours venimeux du brun, parce qu’ils le forçaient à protéger son honneur et à garder ses distances.

Le roux laissa sa tête basculer vers l’arrière pour l’appuyer sur le dessus du dossier du canapé. Malgré les paroles d’Érasme et le retrait d’une de ses jambes, sa main se guida naturellement jusqu’à l’autre. Il ferma ses yeux, et son imagination tordit la réalité. Il se vit assis dans un canapé, dans une grande pièce vide aux contours déchirés. Tout le poids de la solitude reposait sur ses épaules. Il sentait sur son corps l’empreinte d’un autre. Son cœur se délitait en longues coulées sanguinolentes, meurtri par l’absence. Il était celui qui s’en était allé, mais la plaie n’en demeurait pas moins insupportable. Il avait fait ce rêve quelques temps auparavant et s’était réveillé en pleurant. Il n’avait rien dit à personne. Il n’avait rien dit non pas parce qu’il avait pleuré, mais parce qu’il savait qui il pleurait. C’était le garçon qui était à moitié allongé sur lui. Le garçon interdit. Et alors même qu’il était bien présent, il eut l’impression qu’il était déjà parti. Ses doigts se crispèrent doucement autour de sa jambe. Il inspira et fit claquer sa langue contre son palais. Il était agacé parce qu’il ne répondait pas à sa question – ou parce qu’il ne disait pas ce qu’il aurait aimé entendre. Les deux. Il trichait. Il trichait comme un Sorcier. Il était insultant comme un Sorcier. L’adolescent se redressa et lui décocha une œillade, sourcil haussé. « Et tu pleurerais parce que je suis pas là, comme t’as fait tout à l’heure ? » répliqua-t-il, en se disant que c’était peut-être vraiment pour ça qu’il avait pleuré. Et si c’était vraiment pour ça ? Son cœur papillonna. Il reposa sa tête contre le dossier et souffla : « T’es con. » Et ça, c’était vraiment vrai.

Il releva le crâne lorsqu’Érasme tendit la main vers lui. « Hum. » Sans rien dire, il le fixa. Il fixa son visage, il fixa sa bouteille, il fixa son sourire, il fixa son bandage, il fixa son regard. Puis sans prévenir, il chassa sa jambe des siennes, se mit à quatre pattes et se propulsa au-dessus de lui. Ses dix doigts enserrèrent chacun de ses poignets et son bassin vint bloquer le sien. Ils s’étaient déjà trouvés dans une position similaire, sur le bateau et puis sur leur île. Cette fois-là, Dastan avait pleuré. C’était différent. Il n’avait pas envie de pleurer. Il n’avait pas non plus envie de se moquer de lui comme il l’avait fait sur le navire. Il était agacé. Il voulait la vérité. « T’as oublié de dire qu’on est mariés. » En réalité, ça n’avait pas d’importance. C’était quelque chose qu’ils savaient déjà, tous les deux. Énoncer des faits n’avait aucun intérêt, et c’était tout ce qu’avait fait le Mage Noir. « T’as pas répondu à ma question. » Son pendentif en griffe d’ours dansait entre eux. « J’ai dit que je voulais savoir ce que tu croyais, pas que tu me fasses une liste de faits et de bordels tirés par les cheveux. Réponds. » Son regard sondait le sien. L’agacement y brûlait, mais aussi d’autres ressentis, plus urgents, plus impérieux et plus intenses. « Réponds sinon… » Une lueur espiègle caracola dans ses iris. « Réponds, sinon je t’embrasse. » Lui, il se fichait d’embrasser des garçons, et embrasser Érasme lui semblait un sacrifice bien minime en comparaison de la puissance de la vérité. Peut-être qu’au fond, il en avait un peu envie aussi. En revanche, il savait que le Prince Noir détestait les homosexuels et ne voulait surtout pas être assimilé à ceux-ci.



Message VII – 850 mots

Le tien a cassé le mien aussi donc on est quittes [Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 1628




[Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 1628 :


[Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4044
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Sam 23 Avr 2022, 09:50



Rois d'une tragédie


Mon corps se rendit compte de la situation bien avant mon esprit. Mon cœur tambourina contre ma poitrine et mes bras se crispèrent sous sa prise. Dans ma poitrine, une émotion nouvelle, presque piquante, se propagea. Un feu. Quelque chose. Quelque chose qui figea ma pensée et grisa mon être. À moins que ce ne fût l’alcool ? Mes lèvres s’entrouvrirent sous la force de la sensation. Je fermai les yeux un temps mais dus me résoudre à les rouvrir. Ce que je vis, les paupières closes, acheva de me rendre fébrile. Fermer les yeux pour le laisser faire ce qu’il voulait. Sentir sa bouche dans mon cou et abandonner toute lutte. C’était ça, ma vision. Une vision insupportablement tentante. J’eus l’impression de glisser vers des eaux troubles. J’eus l’impression de sentir ses mains sur moi, se propager telles des vagues. Le frisson monta et m'électrisa jusque dans ma nuque, en une trainée aussi froide que chaude. Mon souffle devint court et je sentis mes yeux s’humidifier d’une sensation étrange. Cette position était au-dessus de mes forces. Mes émotions étaient au-dessus de mes forces. Une brûlure s’était installée sur la peau de mon visage, comme un coup de soleil. Ce n’était pas un coup de soleil. Je me consumais à la fois de désir et de honte. « Dégage de sur moi… » susurrai-je, entre mes dents, avant de déglutir difficilement. Ma trachée semblait bloquée. Je contractai mes bras pour essayer de me dégager mais il avait l’avantage de la position et mes poignets ne s’arrachèrent pas à son emprise. « Ce mariage, ça ne compte pas vraiment. » dis-je, pour me défendre. Je ne savais qu’en faire. Il n’avait rien d’officiel en dehors de notre île. Pourtant, il existait et je ne pouvais pas le nier. Nous avions ce morceau de terre, tant à lui qu’à moi. Ce bout de rien et de tout, qui pourrait devenir fertile ou stérile sous notre commandement. Mais un Sorcier et un Réprouvé ne commandent pas ensemble. « Tu me fais mal ! » objectai-je, comme si entendre son discours me martelait les tympans au point de rendre ses mots insupportables. La véritable douleur se situait dans ma cage thoracique que je suspectais de vouloir imploser. Depuis quand étais-je si faible ? Depuis quand le laissais-je garder l’ascendance ? « Lâche-moi, gros con. » articulai-je. Il pouvait crever la bouche ouverte : jamais je ne répondrais à sa question. « T’es lourd, putain ! Qu’est-ce que ça peut te foutre ? Je crois rien je te dis ! »

La suite me cloua sur place et le silence s’installa. Je le fixai, troublé, puis mon regard se déplaça sur son pendentif qui ballotait entre nous. Un instant, je priai presque pour que Lucius ou son pote n’entrât dans la chambre pour mettre un terme à la situation. Rien de tel ne se passa. Les secondes s’écoulèrent et nous restâmes seuls, tous les deux, lui sur moi. Le malaise me gagna, à cause de mes sensations et d’une forme d’agacement étrangement dilué par l’alcool. « Tu dis n’importe quoi. » finis-je par lâcher, en rejoignant ses iris. Je me sentais bercé par l’alcool, par l’alcool et par le désir de décoller mon crâne du coussin pour venir, moi, l’embrasser. Mais je n’en fis rien. Je me haïssais trop pour transformer mes pensées en actes. « Tu crois que j’ai peur de toi ? » le questionnai-je, avant d’esquisser un semblant de sourire. Le mal en moi hurlait à la traitrise. Je n’avais même pas envie de le frapper. C’était étrange, presque irréel. Je désirais juste plonger et me noyer. Je pensai que j’aurais dû boire davantage, pour tomber dans le coma et le laisser, seul, avec son dilemme. Je ne comprenais pas l’intérêt qu’il portait à cette question. Il ressemblait à un âne, borné jusqu’à la moelle. « Je sais que tu ne le feras pas. » Le savais-je vraiment ? Non. Voulais-je le provoquer pour qu’il le fisse ? Peut-être, inconsciemment. S'il me forçait, je ne serais pas coupable. Je fronçai les sourcils. « C’est quoi ton problème ? Qu’est-ce que tu veux que je te dise à la fin ? » grognai-je. Et ses pieds ? pensai-je. Il m’avait soigné mais il n’avait rien fait pour lui, si ? Je devais me sortir de là. Qu’importât l’excuse, qu’importât la manière. Il me fallait éteindre le feu qui brûlait plus bas. Il me fallait me dégager de là. Ça devenait vital, parce que j’étouffais sous lui, parce que je me sentais piégé, poussé dans mes retranchements. C’était une sensation désagréable. Il m’effrayait. Je m’effrayais. Je ne pouvais pas le laisser mener la danse. Il était un Réprouvé. J’étais un Sorcier. Il ne devait pas me dominer. « D’accord. » articulai-je. « Tu sais ce que je crois ? Je crois que t’en pinces sérieusement pour moi et que tu cherches une excuse bidon pour m’embrasser. » J’étais trempé et lui à moitié nu. « Et si quelqu’un entre ? Tu justifieras notre position comment ? Pire, si la grognasse de tout à l’heure vient ici, une Réprouvée ? Tu diras quoi ? Que tu fais ça juste pour me faire chier ? Je ne pense pas qu’elle te croira, alors tu devrais plutôt me menacer de me frapper. » Mon regard était perdu dans le sien. Je ne voyais que lui, lui et les dangers qui planaient sur nous. Tout devait redevenir comme avant : léger. Léger dans la guerre, léger dans la haine, léger, comme une amitié interdite, et pas grave comme les sentiments qui s’étaient enracinés en moi et me brisaient. « Et soigner tes pieds au lieu d’exposer tes muscles pour te la péter. »

947 mots
Je vais aller acheter de la colle  [Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 943930617

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-elia
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3868
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Mar 26 Avr 2022, 07:34



Unknown

Rois d’une tragédie

En trio | Dastan, Érasme & Lucius



Malgré les tentatives de rébellion d’Érasme, Dastan ne bougea pas. Il avait l’avantage de la position, du poids et, il l’espérait, de la force. « Ça peut me foutre que le Jeu a des règles, et tu dois les respecter. Si tu fais pas ton défi, d’abord t’es un gros naze, et ensuite t’es puni. C’est tout, maître. » Ce qu’il disait était à moitié vrai, mais à moitié, c’était largement suffisant. Il ne devait pas la vérité absolue à un type qui lui cachait la sienne. Lorsque le silence tomba, il insista : « La punition, c’est le bisou, d’homme à homme. » Un sourire moqueur étira les lèvres du Réprouvé. Pourtant, à mesure que le mutisme du Sorcier s’allongeait, il perdait de sa superbe. Son malaise l’amusait moins. Il avait envie de se relever et de lui demander pardon. Il lutta. Hors de question de céder. S’il cédait, il perdait. Heureusement, l’ex-Prince reprit la parole. Leurs prunelles s’attachèrent les unes aux autres, et le roux sentit une drôle de vague parcourir son être. Il se noya dans le grand bleu, encore. Il y laissa toute notion du temps. « Non, mais t’as peur de l’homosexualité. C’est suffisant. » fit-il remarquer avec autant d’aplomb que possible. Malgré lui, le regard du Mage Noir l’ébranlait. Son regard, son odeur, sa chaleur. « C’est ce qu’on verra. » Il le ferait. Il devait le faire. Il s’était acculé là tout seul. Reculer n’était pas une option, sûrement pas. Il ne pouvait pas faire marche arrière, pas après tout ça. « La vérité. » martela-t-il. L’Ange y tenait, le Réprouvé ne voulait rien laisser passer, et le Démon jubilait de la contrainte exercée sur le brun.

Néanmoins, lorsque son prisonnier sembla céder et commença à parler, le Manichéen fronça les sourcils. « N’importe quoi. C’est toi qu’es tout rouge. » Il secoua la tête. Ce n’était pas vrai. Il se fichait de l’embrasser lui ou quelqu’un d’autre. Il avait bien embrassé Lucius. Il se fichait d’embrasser des garçons ou des filles. Ça n’avait aucune importance. Qu’il fût un Sorcier, ce n’était pas si grave non plus. C’était grave en soi, mais il ne voulait pas l’embrasser pour ça, il ne voulait pas l’embrasser pour lui faire plaisir ou se faire plaisir. Il voulait l’embrasser pour l’humilier. Pour susciter en lui toutes sortes d’émotions négatives, contradictoires et bercées de haine. Il voulait lui faire passer l’envie de lui mentir, et aussi lui prouver qu’il dominait. Il le dominait lui, il dominait leur relation, il dominait ses pulsions. Le baiser serait une arme. Les Réprouvés avaient peut-être perdu la guerre : ils n’en demeuraient pas moins supérieurs aux Sorciers. À cette pensée, un soupçon de larmes colora ses rétines. C’était de sa faute. C’était de sa faute à lui, de la faute d’Érasme, et de la sienne aussi. S’ils n’avaient pas participé à la guerre, si Priam ne les avait pas repérés, si Freyja ne les avait pas armés, s’ils étaient restés cachés… Ses phalanges se resserrèrent autour des poignets du brun. Il le détestait au moins autant qu’il se détestait. Il le détestait de lui faire ressentir toutes ces choses, tout ce désir brûlant, tout cet attachement interdit, tout. Il avait envie de le tuer. Il avait envie de passer sa vie à le protéger.

« Je m’en fous, des autres. J’ai aucun compte à leur rendre. » C’était vrai et faux à la fois. Mais s’il le fallait, il les assassinerait. Il rayerait de la surface de la terre la moindre menace. Rien ne les atteindrait. Ils seraient comme des Rois retranchés derrière leurs forteresses. Comme son père, ce putain de Vautour, qui était resté bien planqué derrière ses remparts. Lui aussi, il le massacrerait. Lui, Val’Aimé, et tous les autres. Puis ils regarderaient le monde s’enflammer, ensemble. Rien ne les séparerait. Rien ni personne. Ils seraient plus forts que tout, plus forts que les règles, le destin et la mort. « On s’en fout de mes pieds ! » cria-t-il. Il n’avait même pas mal. Toutes ses sensations se concentraient entre son cœur, son ventre et son entrejambe. Il resserra encore sa prise sur Érasme. « Mes muscles… » Il secoua la tête. Pourquoi ne s’était-il pas habillé entièrement, déjà ? « Je me suis juste dépêché de venir te voir, imbécile ! T’aurais préféré que je te laisse là, tout seul, à chialer comme un bébé ? » Ses yeux brûlaient de colère. « Tu me saoules, putain ! Tu me saoules à phraser pour rien ! » D’un mouvement du buste, il impulsa une forte secousse, qui appuya d’autant plus ses mains sur les bras du Sorcier. Il se moquait de lui faire mal. Il avait envie de lui faire mal, comme lui le faisait souffrir. « Tu veux quoi ? Que je me casse et que je te laisse encore tout seul ? Tu vas faire quoi ? Boire et te tailler les veines ? » Un rictus amer tordit sa bouche. « Tu me saoules, bordel ! T’es con ! Mais t’es con, putain ! Et tu mens tout le temps ! » Il se tut, le regard fondu dans celui du brun. Ses épaules tremblaient. Les secondes passèrent. « Tu sais quoi ? » souffla-t-il, en se penchant vers lui. « Je vais pas te laisser t’en tirer comme ça. Je suis pas comme toi : moi, je tiens mes promesses. » Pour qu’Érasme n’eût pas le temps de se dérober et que lui-même ne décidât pas de se défiler, il s’approcha vivement et plaqua ses lèvres contre les siennes. Quand il fut certain qu’elles ne lui échapperaient pas, il les embrassa. Une ribambelle de sensations le ravagea.



Message VIII – 952 mots

Excellente initiative. Je propose d'en acheter plusieurs énormes pots, on va en avoir besoin [Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 3881576816




[Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 1628 :


[Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

[Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 3Aller à la page : 1, 2, 3  Suivant

 Sujets similaires

-
» De cœur et d'entailles | Dastan, Érasme, Lucius et Tekoa
» | Érasme Salvatore |
» Le rêve que nous aurions pu vivre | Érasme
» [Q] - Une punition méritée - Cadeau pour Erasme.
» Chap I. La pénombre dévoile sa tragédie.|Solitaire|
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent de Tælora :: Dœrelda :: Adraha-