La première proie du dragonneau
Lucius & Zelphaba

☙ Rihanna - Towards The Sun

Le cœur battant, Zelphaba couru en essayant de faire le moins de bruit possible, puis se plaqua contre un mur, sa petite silhouette masquée dans l'ombre. Elle plaqua une main contre sa bouche pour empêcher son souffle court de la trahir auprès de sa proie. Ce n'était pas comme les dragons qui ne s'embarrassaient pas de discrétion pour chasser. Leur puissance seule suffisait pour écraser toute résistance et espoir d'en réchapper. Elle était loin de pouvoir en dire autant, mais cela viendrait, avec le temps. Plus tard, quand elle serait plus grande, tout le monde tremblerait devant elle et craindrait sa fureur. Elle pencha la tête pour scruter la progression de sa proie. Il marchait d'un pas égal dans les couloirs. Couloir était un humble mot, l'allée était suffisamment large pour que deux dragons de taille moyenne puissent se croiser en sens inverse sans se frotter les écailles, et suffisamment haute pour que Zelphaba ne puisse apercevoir les toiles d'araignée tissées entre les ogives.

Un plan se dessina dans la tête de la réprouvée. Imparable, selon elle. La fillette connaissait la citadelle comme sa poche pour l'avoir arpentée dès qu'elle avait été en âge de se déplacer. Elle aurait pu s'y déplacer les yeux fermés. Ils arrivaient à un embranchement et dès que Lucius fut suffisamment avancé, elle s'y engouffra et se remit à courir. En étant assez rapide, elle pourrait le prendre à revers. Elle se vanterait à tout le monde d'avoir gagné son premier combat, et pas contre n'importe qui. À toute vitesse, haletante, Zelphaba traversa une carrière de sable dédiée à l'entraînement, se faufilant entre les combattants en ignorant leurs imprécations alors qu'elle brisait leur concentration. Elle prit seulement le temps de se retourner pour leur tirer la langue avant de reprendre sa course pour revenir à l'allée principale.

Il y avait là une sculpture de dragon taillée dans l'obsidienne, debout sur sur ses pattes arrières, les ailes à demi-déployées. Elle faisait environ trois fois sa taille en hauteur et Zelphaba adorait y grimper depuis toute petite, s'asseyant à la base du cou du dragon figé dans la pierre. Elle simulait alors un vol hautement périlleux ou feignait s'apprêter à fondre sur l'ennemi en répétant toutes les insultes entendues dans la bouche de ses aînés, et bien entendu soigneusement retenues. Cette fois, elle profita de son ombre pour s'y dissimuler. La poitrine martelée par les coups erratiques de son cœur, la bleue remonta d'une main le heaume qui coiffait éternellement sa tête et essuya la sueur sur son front. La course lui avait donné chaud.

Sa respiration n'eut pas le temps de retrouver une cadence régulière qu'elle l'aperçut. Un sourire carnassier révéla ses dents et Zelphaba jaillit de sa cachette en poussant un cri de guerre strident. « À moooorrrrrrt ! » Armée de ses poings serrés, elle baissa la tête comme un taureau et chargea le magicien en visant son ventre.

Message I | 508 mots

C'est Zébella quoi

Je marchais sans regarder où j’allais. Je le détestais. Je ne le détestais pas pour le son de sa voix qui s’était élevé parmi les habitués de la taverne mais bien pour le contenu qui y avait été déversé et qui m’obligeait. Il aurait pu trouver n’importe quoi d’autre, une punition différente qui ne m’aurait pas retiré la seule chose que j’aimais vraiment. Depuis, je comptais les jours, espérant en passer un de plus à Adraha à chaque fois que l’aube se levait. Je savais qu’il viendrait inévitablement me chercher pour rencontrer Kiara et ses parents puis, ensuite, pour me parquer chez lui, loin des dragons, loin de cet endroit et loin de ma vie. Pour quoi faire ? Des études en présentiel ? Je m’en foutais de ses études. Ce que je voulais, c’était voler, être au côté des bêtes, pas m’asseoir à une table à écouter des discours barbants de Magiciens enfarinés. Je soupirai, maudissant le Fessetival et la soirée que j’avais passé avec cette fille. Je savais que j’étais en tort, au fond, mais la sentence de mon père me rendait colérique. Qu’allais-je faire de mes journées chez les Mages ? En plus, il n’avait pas parlé de mes dragons. Devraient-ils rester ici ? Hors de question. S’il osait, j’allais… je ne savais pas ce que j’allais faire mais je ferais. J’étais sûr que Kaahl avait juste les boules. Lui n’avait jamais eu d’enfants. Ça se trouvait, il était même stérile. Le fait que je pusse en faire un par accident avait dû l’agacer. Maintenant, il me punissait de manière injuste.

Dans mes pensées, je ne vis l’attaque imminente que lorsque mes oreilles entendirent le cri de l’assaillante. Mon attention fut captée par la furie bleue. Un sourire, et ils étaient rares depuis quelques jours, s’arrima à mon visage. J’aurais pu l’éviter d’un bond sur le côté mais préférai tendre les bras pour l’accueillir dans un câlin que la jeune fille trouverait très certainement mal venu. Elle repartirait peut-être aussi sec. Le choc fut néanmoins plus violent qu’escompté. « Outch ! » fis-je, alors que sa tête s’écrasait au beau milieu de mes abdominaux, titillant en même temps mon estomac. Je refermai cependant mes bras comme prévu. « Dis donc, t’as une force de Bicorne ! » plaisantai-je, en la détaillant. Les enfants avaient le mérite de voir la vie différemment. Plus je devenais adulte, moins j’avais envie d’entrer dans ce monde rempli de problèmes. « Un peu plus et je m’envolais. » Je ris, avant d’avoir une idée. « D’ailleurs… ça te plairait de voler ? Azur a besoin de se dépenser. » Et moi, ça me changerait les idées. Je cherchai le prénom de la préadolescente dans ma tête. On me l’avait souvent désignée comme la furie bleue et je trouvais que ça lui allait très bien. Elle fonçait sur tout le monde, grimpait là où il ne fallait pas grimper et était d’une impatience qui me rappelait mon enfance, lorsque je ne respirais que pour les dragons. C’était encore vrai. Malheureusement, mon père ne comprenait pas qu’en m’en privant, il me privait de ma vie. Ou, au contraire, il ne le comprenait que trop bien.

532 mots

La première proie du dragonneau
Lucius & Zelphaba

☙ Upsahl - No hands

Le cri victorieux de Zelphaba s'étrangla sur un hoquet alors que son adversaire refermait les bras sur elle. Certaine de son intention de la broyer, elle gronda comme un chaton colérique et se débattit. Ses poings se refermèrent, prêts à en découdre avec l'ennemi. La belliqueuse lui porta un premier coup sur la tranche de ses côtes. Le second visant le sternum fut stoppé à mi-parcours par le commentaire du Magicien. Elle releva la tête. Un immense sourire en tranche de courge modifia en un instant la structure de ses traits. Il la trouvait forte ! Le buste gonflé par le compliment, elle se retint de peu de ne pas trépigner. « Oui ! C'est parce que je fais plein de pompes ! Mais j'arrive pas encore à en faire avec une seule main comme papa et maman. Tu sais faire, toi ? » Elle écarta ses bras sans animosité mais sans douceur non plus avec deux coups de coude et recula de deux pas. Ses poings sur les hanches, le bassin en avant dans une position empruntée à son père, elle n'affichait cependant pas du tout le même sérieux. Ses pupilles scintillèrent d'enthousiasme et de surprise à la proposition. « Sérieux ? Pour de vrai ? Tout de suite ? » Sa voix grimpait d'un octave à chaque question. Elle n'avait jamais monté qu'un dragon, celui de sa mère, et toujours blottie sur la selle derrière elle, sécurisée par des liens. Son père refusait encore de la laisser approcher du sien. La bleue poussa un cri ravi et s'élança pour se suspendre au cou de Lucius de tout son poids. Pressée d'y aller, elle se détacha aussitôt après et attendit qu'il indiquât la direction pour s'y diriger en bonds de puce. Elle pivota pour le regarder en sautillant à reculons. « Dépêches-toi ! Vite ! » le houspilla-t-elle pour qu'il adapte son énergie sur la sienne. Ses paumes claquèrent entre elles. « On fait la course ? » Sans attendre, Zelphaba détala comme un lièvre, un éclat de rire sur les lèvres.

À l'arrivée, la Réprouvée se laissa tomber sur le dos. Sa poitrine se soulevait rapidement et elle respirait bruyamment. « Est-ce que ... je peux ... olala ... J'ai plus de souffle ... monter devant ? » Avec un gémissement, elle força sur ses abdos pour se redresser en position assise. Elle se débarrassa de son heaume en grimaçant. Elle l'adorait mais il était si lourd qu'il lui donnait souvent mal à la tête au bout de quelques heures. La tresse ébouriffée, elle essuya la sueur sur son visage avec son haut et releva les yeux sur Lucius. Une lueur féroce traversa le gris orageux de ses iris. « On pourra faire des acrobaties avec la tête en bas ? J'en fais tout le temps avec Mout' et maman, et je me tiens même pas avec les mains ! »

Message II | 478 mots

« À ton avis ? » lui demandai-je, impressionné par son caractère. À son âge, je n’étais pas aussi hardi. Je savais déjà que je voulais vivre avec les dragons mais j’étais encore timide. Je ris devant la manifestation de sa détermination. Elle faisait probablement partie de ces enfants que rien n’arrêtait. Plus tard, elle aurait sûrement des problèmes. Combien de fois s’était-elle déjà fracturée une cheville ou un poignet ? Néanmoins, cette énergie forçait le respect et en observant mes semblables, j’avais vite compris que les plus assidus et déterminés étaient souvent récompensés. Certains mouraient, pris dans une fougue sans limite et mortifère, mais ceux qui survivaient se hissaient au plus près de leurs rêves. J’aurais dû être ainsi : envoyer mon père sur les roses et oser le défier. Cependant, je savais que je n’en aurais ni le courage ni la force. J’aurais préféré qu’il fût un simple Magicien légèrement effacé. J’aurais trouvé le courage de lui opposer un non ferme. « Oh eh ! Doucement ! T’es vraiment… » Je ris encore. Cette gamine était un vrai boute-en-train. Je m’élançai à sa suite, en veillant à ne la dépasser que de temps en temps et uniquement quelques secondes. Lui donner l’illusion de la victoire était un mensonge qui pourrait avoir quelque chose de bénéfique, comme la certitude qu’elle pourrait réussir tout ce qu’elle entreprendrait à l’avenir, une sensation à laquelle elle songerait lorsqu’elle connaîtrait des difficultés qui lui paraîtraient insurmontables.

Je m’approchai d’Azur tout en l’écoutant. Il était bien plus calme que Mavkae. En le regardant, je me demandai ce qu’il ferait en attendant que je pusse revenir. Peut-être pourrait-il prendre une apparence d’homme et me suivre. Il l’avait déjà fait par le passé. « On pourra mais tu n’as pas intérêt à tomber. Je ne veux pas te ramener en format crêpe à tes parents. J’ai déjà assez de mon père sur le dos. » lui fis-je savoir, tout en souriant. « Allez, mets des gants et grimpe. » Je réajustai mes protections et m’élevai sur la bête pour atteindre la selle. Je me plaçai légèrement en arrière pour qu’elle pût s’installer devant moi et égarai mes doigts sur le corps du dragon. Je n’étais pas sûr qu’il sentît la caresse mais l’intention y était. « C’est bon ? T’es prête ? » Les pattes de l’animal ne tardèrent pas à prendre appui sur le sol, dans une course de plus en plus vive qui lui permit ensuite de s’élever. L’air me fouetta le visage et je dus crier pour que ma compagne de vol m’entendît. « Tu me fais signe quand tu voudras voler la tête en bas ! » J’avais pris soin d’accrocher solidement nos jambes et nos bassins avant le décollage. Je baissai les yeux vers Adraha qui semblait déjà n’être plus qu’une maison de poupées et souris. Cette sensation était trop bonne.

477 mots

La première proie du dragonneau
Lucius & Zelphaba

☙ Melanie Martinez - Dragon's Blood

« Woaaaaah ! Que tu es beau ! » Comme si le voir lui avait rendu toute son énergie, Zelphaba couru autour du dragon ramassé au sol, s'extasiant sous toutes ses coutures. Et elle allait le chevaucher ! Elle fit un bond de puce jusqu'à Lucius et gonfla la poitrine de toute l'importance qu'elle s'accordait. « Peuh ! Jamais je tomberai ! Les crêpes, c'est les nullos ! » Et elle n'en était pas une, ça non, même pas en rêve, même si ses parents le lui disaient parfois. Comme pour le lui prouver, elle enfila ses gants et se hissa jusqu'au dos d'Azur. Ce n'était pas plus difficile que monter sur Mout' et elle espérait que Lucius serait fortement impressionné par sa dextérité. Fièrement, la pré-adolescente s'appliqua à avoir le dos droit et le menton haut. « Oui oui oui ! C'est parti ! » Elle poussa une petite exclamation d'excitation en sentant les muscles aussi gros qu'elle se mouvoir sous eux pour réussir à mouvoir le poids démesuré du dragon jusqu'à l'esplanade où il prendrait son envol. Des milliers de frissons d'anticipation la parcoururent alors qu'ils prenaient de la vitesse. Son coeur avaient déjà décollé et quand le dragon s'éleva par la seule force formidable de ses ailes, il cessa de battre. La bouche ouverte sur un cri silencieux, Zelphaba garda les yeux grands ouverts, droit sur le gouffre qui s'élargissait sous eux à mesure qu'ils fendaient le ciel. De violentes bourrasques frappaient leurs visage, les vêtements, plaqués contre eux par la vitesse, claquaient comme des voiles dans les virages.

Ils dérivèrent ainsi à s'emplir les poumons d'air glacé jusqu'à ce que Zelphaba donne une claque sur la cuisse du cavalier derrière elle. « Maintenant ! Maintenant ! » cria-t-elle pour qu'il l'entende. Il se passa quelques secondes avant que le monde tourna sur lui-même. Au premier tonneau, elle garda ses mains accrochées aux attaches de cuir, mais bientôt, elle lâcha tout et envoya ses mains au dessus de sa tête. Elle avait peur, elle n'avait jamais cessé d'avoir peur mais c'était ce qui rendait les chevauchées si uniques et addictives. Un rire irrépressible jaillit de sa gorge, perdu dans les tourbillons d'air créés par Azur. La violence de la course lui arrachait des larmes qui séchaient aussitôt et l'air lui manquait parfois quand ils se heurtaient à des murs invisibles tant ils allaient vite.

Plus tard, la poitrine s'agitant follement comme celle d'un moineau, Zelphaba se laissa tomber en avant une fois le dragon de retour à Adraha. Elle laissa ses bras pendre de chaque côté de l'encolure et posa sa joue sur les écailles froides comme de l'eau de leur monture. Les yeux fermés fort, elle laissait les sensations la rattraper, sentait son estomac se décontracter et ses muscles noués douloureusement se détendre progressivement. Après s'être laissée glisser à terre, elle fit face à Lucius, les yeux brillants et ne put s'empêcher de se jeter contre lui, ceinturant sa taille cette fois non pas dans l'objectif d'abattre cet ennemi né de son imagination, mais pour lui témoigner de toute sa reconnaissance. « C'était merveilleux ! Merci ! » Elle s'écarta ensuite et admira Azur, désirant déjà remonter dessus. « Moi aussi, j'aimerais avoir mon propre dragon. » dit-elle, une pointe d'envie dans la voix. « Papa et maman m'ont dit bientôt, mais je déteste ce mot. Il veut rien dire. Bientôt, c'était demain, c'était dans un an. Je déteste les réponses vagues. » Une moue contrariée sur les lèvres, elle croisa les bras. « De toute façon, j'aurais mon dragon, et j'irais à Basphel ! J'me fiche de ce qu'ils disent, je ferai ce que je veux quand je serais grande ! »

Message III | 642 mots

Je mis pied à terre et réceptionna la préadolescente avec un sourire. Mes bras se refermèrent sur elle, comme je l’aurais fait avec l’un de mes frères ou l’une de mes sœurs. « Avec plaisir. » lui répondis-je. Elle me rappelait moi lorsque j’étais enfant et que je ne respirais que pour les dragons. De jour comme de nuit, ils hantaient mes pensées et mes rêves. Ma chambre était encore dans ce thème aujourd’hui, bien que les jouets et les peluches eussent été remplacés par des livres et des figurines plus complexes. Des cartes du monde étaient collés sur les murs, avec des légendes sur la provenance des différentes espèces. Finalement, que ce fût à Adraha ou chez mon père, la décoration était très semblable. Seule ma liberté différait d’un endroit à l’autre. Y penser ternit légèrement ma bonne humeur. Heureusement, la sauvageonne était déterminée et heureuse pour deux. « Je te comprends. » Kaahl ne m’avait jamais dit « bientôt » mais je n’étais pas comme Zelphaba. Je ne vivais pas à Adraha au début. Il m’avait fallu trouver un dragonnier et le convaincre de me tester. Vu mon âge à cet instant, mon père m’y avait aidé. On lui avait même proposé de venir. Il avait décliné. À l’époque, j’aurais bien voulu qu’il restât avec moi ici. Maintenant, cette possibilité me paraissait être pire que l’Enfer et l’odeur pestilentielle du Monarque Démoniaque combinés. Je baissai les yeux vers le crâne de la bleue. Je ris. Cette candeur était belle à voir. J’étais grand mais je ne pouvais pas faire ce que je voulais, loin de là. Je préférai ne pas lui en parler. Ça faisait vieux con et je n’avais pas l’intention d’en être un. Surtout, j’exagérais. Ma situation était simplement compliquée en ce moment. « Je suis sûr que tu auras ton dragon et que tu pourras intégrer Basphel ! » Enfant, on m’avait encouragé dans mes rêves et folies, sauf celles qui m’auraient mis en danger. Je faisais la même chose par mimétisme mais aussi parce que j’estimais qu’il ne servait à rien de venir ternir les objectifs des autres par ses propres peurs et expériences. « Je t’aurais bien proposé d’entraîner Azur avec moi ces prochains jours mais je dois rentrer chez mon père bientôt. On pourra faire ça à mon retour, si tu n’es pas déjà partie pour Basphel. » Kaahl avait précisé que ma punition ne serait levée que lorsque j’aurais mon diplôme universitaire. « Si tu passes par le Lac Bleu, n’hésite pas à m’envoyer une lettre magique. Azur va venir avec moi là-bas. » Sous forme humaine. Je lui souris et m’éloignai d’elle pour ranger le matériel. « Tu m’aides ? »

Une fois que nous eûmes fini, je lui donnai des précisions sur le nom de mon père, pour la lettre magique, et la quittai après lui avoir confié une paire de gants aujourd’hui trop petite pour moi.

488 mots