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 Le rêve que nous aurions pu vivre | Érasme

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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Dim 31 Déc 2023, 22:56



Unknown

Le rêve que nous aurions pu vivre

En duo | Érasme & Dastan



La pluie chantait une sérénade à la nuit. Dastan, les coudes appuyés sur la table et les poings enfoncés dans les joues, fixait le ballet des gouttes sur la vitre. Elles frappaient, hésitaient, puis dévalaient. En dehors de leurs murmures, le silence imprégnait la pénombre. Même l’océan semblait s’être tu. On n’entendait plus son éternel concert de répétitions ourlées de variations. Tout paraissait suspendu, comme si le monde s’était soudainement arrêté. La quiétude berçait le cœur du Manichéen, en même temps qu’un habituel sentiment de solitude, ce vieil ami qui de temps à autre caressait son âme. D’ordinaire, à cette période de l’année, il retrouvait sa famille. Un rôti de bicorne ou de cerfeuil répandait son fumet dans le corps de ferme, agrémenté du parfum d’herbes cueillies au bord des chemins et de légumes qu’ils avaient lavés, épluchés et coupés tous ensemble. Vrael et Asha dirigeaient la petite troupe comme si elle n’avait jamais quitté le foyer. Parfois, Freyja venait avec Kaahl et Priam avec Aliénor. Leurs enfants couraient dans toute la maisonnée, jusqu’à ce que l’un des parents n’élevât la voix pour calmer l’excitation propre à ces moments de partage. Yngvild se présentait toujours seule – si elle avait dû venir avec quelqu’un, ça n’aurait jamais été deux fois la même personne. Lui, il s’asseyait aux côtés de Draegr. Il se rappelait des sourires, des rires, des anecdotes amusantes, et même des engueulades, des mécontentements, des soupirs – ceux-là aussi, d’une certaine manière, lui manquaient. À cet instant, ils devaient tous être réunis. Il aurait pu traverser les mers pour les retrouver. Il aurait pu renouer avec tout ce qu’il avait volontairement abandonné. Il le ferait, bientôt.

Le piano tinta. Le roux se redressa et inspira. Ses mains revinrent entourer la patate douce et le couteau. Consciencieusement, il reprit sa tâche. Il saupoudra le tout des herbes qu’il était allé ramasser plus tôt dans la journée, près des falaises, puis enfourna le plat dans le four à bois. Il y avait des choses que la magie ne pouvait pas égaler. Quand les frites furent cuites, il cassa quatre œufs, dont il fit dorer le bord des blancs dans la poêle. Dans deux assiettes, il disposa les tranches de patate douce, les œufs au plat et des épinards crus, puis les plaça sous une cloche magiquement conçue pour conserver la chaleur des plats sans en altérer la tenue et la cuisson. Il s’enfonça dans les couloirs, se laissant guider par la musique. Sa douceur soufflait toute aigreur hors de son cœur. Il s’appuya contre le chambranle de la porte du salon et croisa les bras, le regard rivé sur la silhouette courbée au-dessus des touches blanches de l’imposant instrument de bois noir. Les cheveux sombres d’Érasme tombaient sur son front. Ses iris céruléens rivés sur les mots invisibles de la mélodie, il n’aperçut pas tout de suite le Réprouvé, qui en profita pour se glisser derrière lui. Il passa ses bras autour de son cou et se pencha pour nicher un baiser sous sa mâchoire. « C’est prêt. » Son nez effleura sa jugulaire, puis remonta derrière son oreille, prêt à s’enivrer de l’odeur du Mage. Il lui faisait oublier le passé, au moins un peu. Sa présence l’enjoignait à se tourner vers un avenir qu’il n’avait jamais envisagé. « J’ai traîné un peu. Les autres vont devoir nous attendre. » Sa main droite descendit le long du torse du brun, jusque sur sa cuisse. Il sourit, puis se redressa et défit son étreinte. « Mais j’ai tout donné alors tu as intérêt à dire que c’est bon. Ne mens pas pour gagner ton pari. On sait tous les deux que je n’arriverai pas à garder un costume de Sorcier plus de deux minutes sans mourir étouffé. » Il allait mentir et prétendre que sa cuisine réprouvée était répugnante juste pour le plaisir de le voir se tortiller en revêtant des habits propres à son peuple, c’était certain.



La pluie avait cessé. Les chuchotements de l’océan leur parvenaient à nouveau. Au-dessus d’eux, les étoiles luisaient. Dastan les scrutait. Il se demandait ce que les Zaahin pensaient de lui. S’ils étaient déçus de ses choix. S’ils avaient préféré l’abandonner. Si le futur qu’ils avaient imaginé pour lui existait encore, quelque part, plus tard, ou s’il avait été annihilé. Son rêve était toujours cramponné à sa poitrine. Il y pensait tous les jours. Seigneur des Deux Rives. Il espérait qu’un jour, il le deviendrait. Il s’en donnerait les moyens. Ce qu’ils vivaient n’étaient qu’une parenthèse arrachée à la grande course du temps et de l’inévitable. Érasme porterait la couronne noire ; et lui arborerait celle de l’équilibre. Ils diraient adieu à leur utopie et se confronteraient à la réalité du monde, à son capharnaüm permanent, à ses hurlements stridents, à ses airs d’opéra discordants. C’était ainsi que l’Histoire devait être. Pas autrement. Ils vivaient un mensonge qui ne pouvait pas durer. Dastan roula sur la tranche. En appui sur son avant-bras, il observa le profil du Sorcier. Depuis qu’ils s’étaient installés ici, ils avaient pris l’habitude de fêter les moments importants avec les membres du groupe. S’ils avaient prévu d’arriver tard à la réception, ce soir-là, c’était parce qu’il s’agissait de la dernière fois qu’ils s’y rendraient ensemble. Sa main libre courut jusqu’à lui et caressa son épaule. Ses doigts se tendirent vers sa nuque et jouèrent avec quelques mèches enroulées là. « Avant qu’on rejoigne les autres, j’ai une question. » Il dégagea sa main et se rapprocha de lui. Ses iris bronze plongèrent dans l’abysse des siens. « Si tu devais revivre un seul moment des années qu’on a passées ensemble, ce serait lequel ? »



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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Lun 01 Jan 2024, 00:20



Le rêve que nous aurions pu vivre



Mes doigts caressaient les touches du piano, entre rigidité et souplesse. Mes poignets conféraient toute leur beauté aux gestes que j’exécutais, les yeux posés sur la partition. Parfois, je tournais les pages par la pensée, appréciant le bruit du papier et la redécouverte des parties que j’avais jouées encore et encore. Malgré les centaines de répétitions, je préférais ne pas perdre du regard ce qui constituait un véritable langage. J’aimais la disposition des notes et le dialecte entier propre au solfège. Pourtant, pendant longtemps, j’avais haï profondément tout ce qui aurait pu me rapprocher de mon père. Le Pianiste. Lorsque j’avais enfin compris être le véritable frère de Lucius et lorsque nous avions cherché à en savoir plus, la vérité avait éclaté. J’avais alors pris conscience du monstre qu’il était. Nous étions ces deux fils. Pourtant, Lucius avait eu des privilèges que jamais il ne m’avait octroyés. Il l’avait aimé, là où il m’avait ignoré. Il l’avait protégé, là où il m’avait fait torturer. La rage elle-même n’avait pu illustrer les sentiments qui s’étaient infiltrés en moi. J’avais tout rejeté, tout ce qui me le rappelait, tout ce que le Destin exigeait de moi. J’avais fui cette vie dont je ne voulais pas. J’avais décidé par moi-même et, finalement, j’avais rejoint la seule personne qui comptait vraiment à mes yeux. Dans cette maison, j’avais passé des nuits blanches à douter, à tout remettre en question et à, fatalement, comprendre que tout avait aussi une fin. Je pensais alors m’être libéré mais le passé venait trop souvent me hanter. J’avais la certitude qu’il s’imposerait de nouveau et je savais, au fond, que je ne pourrais pas m’y soustraire pour toujours. Alors, j’avais commencé à réellement profiter de ce temps offert, ce temps de répit. J’avais trouvé l’instrument et avais décidé de l’apprivoiser. Depuis, j’avais appris ses touches par cœur, à la manière dont je l’avais fait avec le corps du Réprouvé. Malgré la torture qu’y penser représentait, j’aimais ces moments volés et j’aimais aussi me dire qu’ils finiraient un jour ou l’autre par s’arrêter. Ça les rendait encore plus précieux. Lorsque nous nous croiserions sur le champ de bataille, l’un en face de l’autre, j’espérais que nous pourrions nous rappeler tous ces moments où nos lèvres s’étaient effleurées.

Depuis plusieurs minutes, je sentais l’odeur du plat que Dastan préparait. Me concentrer sur ce que je faisais en devenait de plus en plus difficile. J’inspirai et continuai, en tentant de passer outre. Qu’importât le parfum et qu’importât le goût, je critiquerais. Mon désir de le voir revêtir des habits de Mage était bien trop puissant. Je me pinçai la lèvre inférieure en y songeant. Dans mes pensées, je fus surpris de sentir son corps contre le mien. « J’étais justement en train de me demander si tu n’étais pas en train de tout faire brûler. » lui dis-je, en tentant de garder contenance face à ses caresses. J’avais compris depuis longtemps que l’amour a la particularité de rendre chaque effleurement particulièrement enivrant. « Ils ont l’habitude. » Je souris à mon tour lorsqu’il se retira puis me redressai. « Je ne mens jamais et ceux qui disent le contraire ne font que me calomnier. » Mes yeux se perdirent dans les siens puis descendirent distraitement sur son corps. Il n’était pas le seul à avoir le droit de jouer avec l’autre.

___________________

Étendu, je regardais ce qui nous entourait sans réellement le voir. Les secondes me semblaient s’écouler avec lenteur. Cette mélodie que je jouais souvent, je l’aimais parce qu’elle me semblait résonner comme notre histoire. Ce mélange de passion et de tristesse, cette force et cette fragilité. Chacune de ses nuances me brisait le cœur et le faisait battre à la fois. J’inspirai. J’avais l’impression de désirer que le calme entrât à l’intérieur de moi pour ne plus jamais me quitter. Je tournai le visage vers le Réprouvé lorsque je sentis ses doigts caresser ma nuque. Je frissonnai. « Je t’ai déjà dit que la cuisine réprouvée n’était pas bonne. » murmurai-je doucement pour plaisanter. Pourtant, je voyais bien sur les traits de son visage qu’il attendait autre chose, quelque chose de plus sérieux. Je sentis une émotion m’envahir le cœur avec force. Je reconnus la tristesse. Depuis que nous avions décidé de la fin, je tentais de ne pas y penser. Je souris sans joie. Il ne pouvait pas me demander de choisir. Pour choisir, il me faudrait me remémorer chacun d’eux. Ce serait trop dur. Je le poussai et lui grimpai dessus. Ma bouche se nicha contre son oreille et j’y murmurai quelque chose. Un secret.

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