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 [Quête] Le meilleur des mondes | Andrea

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Seiji Nao
~ Orine ~ Niveau I ~

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◈ Parchemins usagés : 121
◈ YinYanisé(e) le : 03/10/2022
◈ Âme(s) Soeur(s) : La poupée de Maman
Seiji Nao
Jeu 10 Nov 2022 - 21:00





Partenaire : Andrea
Intrigue/Objectif : Après une rencontre décevante avec l'un de ses Maîtres potentiels, Seiji demande conseil à Andrea.

Le nez plissé, l’Orine observe l’homme en face de lui. Penché au-dessus d’un bureau si volumineux qu’il semble prêt à engloutir la pièce, il laisse son crayon effleurer les plans étalés devant lui. La mine glisse sur une courbe _ une arcade secondaire, soutenue par une colonne cerclée de lierre _, c’est ainsi qu’il la voit, et Seiji ne voit rien. C’est d’ailleurs un mot, qui, en sa compagnie, devient horriblement familier. Rien, dans la mesure de ses mouvements ou la retenue de ses mots, ne l’inspire. À le regarder, il ne ressent que le vide. Un piètre constat. Voilà des années qu’il imagine son Maître, qu’il dessine dans les airs les traits de son visage, qu’il devine les accents de sa voix dans les murmures du vent. Et la réalité s’impose, impitoyable et décevante. Le choix, pourtant, n’a pas été laissé au hasard. Il y a quelques jours encore, l’enthousiasme allégeait son corps tout entier. Pendant des semaines, à la seule mention du voyage, ses joues se coloraient de rose, le monde s’évanouissait en rêveries. Hélas, il les sent disparaître les unes après les autres, et le regard bleu d’Asriel n’allume en lui aucune flamme.

« Je vais aller faire un tour. »

Le crayon s’arrête ; le silence s’installe. L’Ange, déconcerté par la déclaration de son invité, ne sait quoi répondre. Interrompre ses explications de la sorte lui paraît malpoli ; mais peut-il lui en vouloir ? Plus que la colère, l’incompréhension s’invite sur son visage : les Orines ne sont-elles pas des créatures délicates ? Ses pensées ralenties, il se contente d’un hochement de tête. Déjà, l’Hanatsu ouvre la porte de l’atelier, disparaissant dans un rectangle de lumière.

Le parfum des fleurs accueille l’adolescent. Autour de la maison s’étale un paradis de pétales et de bourgeons. Quelques pierres inégalement taillées esquissent un sentier jusqu’à l’entrée du jardin. Ravi de sentir la brise sur son visage, il se précipite vers le portillon, sans prêter attention à cet empire végétal. Offusquée de ne pas susciter son admiration, une racine traîne orgueilleusement au milieu du chemin. Les yeux rivés sur l’horizon, Seiji ne la remarque qu’au dernier moment. Pour ne pas l’écraser, il fait une enjambée plus longue que les autres _ un peu trop longue. Sa cheville vacille, ses orteils se contractent pour maintenir un semblant d’équilibre. Mais le granit est complice de la verdure ; sa surface, lisse comme de l’eau, ne lui offre aucune prise. Le jeune homme s’effondre lamentablement entre les plantations. Maladroitement, il agrippe la première chose qui lui tombe sous la main, en une vaine tentative de se retenir. Impuissant, il sent ses doigts arracher à la terre le fruit de son labeur. L’horreur ne s’arrête pas là ; dans sa chute, il écrase une courge un peu trop mûre. Dans un bruit spongieux, son crime s’imprime dans ses vêtements, et dans son malheur, un caillou lui ébrèche la lèvre supérieure. Face contre le sol, il grimace. Péniblement, il relève la tête, prêt à constater les dégâts. Il n’en a pas l’occasion ; des pattes velues lui effleurent la joue. Pris de panique, il pousse un cri et se redresse brusquement. Des tâches de terre maculent ses genoux. Le vent fait bruire les feuilles ; il lui semble presque entendre les rires des cucurbitacées. Sans égard pour Asriel qui, alerté par son hurlement, vole à son secours, l’Orine quitte la propriété en courant, les larmes aux yeux.

Déambuler dans les rues de la cité n’atténue pas son chagrin ; il la sait belle, mais à travers le voile de la tristesse, il ne trouve aucun charme à ses couleurs. Peut-être le problème vient-il de lui : peut-être Kogami a-t-elle raison. N’est-il pas, depuis la naissance, une erreur ? De grosses larmes roulent sur ses joues. D’un geste vif, il les essuie, craignant que les habitants ne remarquent sa peine. Il ne supporte pas l’idée qu’un inconnu le console. Dans leurs bouches, les mots se dessèchent, leur pouvoir s’évapore, et ils deviennent la carcasse ridicule de ce qu’ils devraient être. Seiji songe qu’ils ressemblent aux noms que l’on trouve sur une liste. Derrière leurs sonorités sublimes, ils ne signifient rien de plus que les lettres qu’ils portent.

L’adolescent s’égare dans un brouillard pathétique. La cervelle à fleur de peau, il ne prête plus attention aux rues qu’il emprunte, ni aux édifices qu’il contourne, si bien qu’il se retrouve dans un quartier dont il ne connaît rien. La question, d’ailleurs, l’intéresse peu : comment pourrait-il rentrer auprès d’un être qu’il a déçu ? La honte lui ravage les pommettes. Il lui faut trouver un moyen de se faire pardonner. À la recherche d’une solution, il relève les yeux et distingue une silhouette vaguement familière parmi les passants.

« Andrea ? »

À toute vitesse, il s'approche, de crainte que la vision ne soit qu'un mirage. Sitôt qu’il discerne des traits androgynes, son visage s’illumine. Ce n’est pas la première fois qu’ils se rencontrent ; ils ont déjà bavardé entre deux leçons, à Maëlith. Suffisamment pour ne pas être tout à fait des inconnus.

« Qu’est-ce que tu fais là ? »

Au lieu de lui laisser le temps de répondre, il virevolte autour de lui, l’examinant sous toutes les coutures. Il n'a pas le temps d'écouter, ni de réfléchir. Les paroles se pressent dans sa bouche. Il doit tout dire maintenant, ou se taire à jamais.

« J’ai pris un nom dans la liste. C’était difficile, il y en a beaucoup, et puis certains sont impossibles à prononcer. Alors j’ai choisi le plus beau, tu comprends ? »

À repenser au jour de sa décision, il se laisse gagner par l’enthousiasme. Un sourire lui fend les lèvres ; il y porte la main, surpris par la douleur que sa joie occasionne.

« Je suis ici pour le voir. C’est un architecte très talentueux, tu sais ? Mais je… Je… Il m’ennuie. Et moi, je suis un incapable. Je n’arrive pas à l’écouter. Je suis parti sans explication. J’ai écrasé ses plantes. Oh, qu’est-ce que je vais faire ? »

Incapable de contenir son émotion, le jeune homme se prend la tête entre les mains. Un sanglot agite ses épaules. Comment peut-il accaparer le temps précieux de l’un des siens ? L’Hanatsu a sûrement mieux à faire que de l’écouter. Et puis, derrière ses paupières closes, il perçoit la douceur de son regard. Il rouvre des yeux encore rouges, et, dans un soupir, lui pose la question fatidique.

« C’était comment, ta première fois ? »

1 050 mots | Post I

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Andrea
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◈ Activité : Andrea : Harpe & Tatouages | Natsu : Danse des épées
Andrea
Dim 27 Nov 2022 - 10:00

[Quête] Le meilleur des mondes | Andrea Vkgj
Le Meilleur des Mondes



Portés par une légèreté que seule la perspective alléchante d'un projet séduisant peut apporter, mes geta foulaient les pavés d'Iyora en prenant garde d'éviter les écueils. Mon chargement était trop précieux pour risquer de succomber à la maladresse et je resserrai contre moi la brassée de fruits mûrs enveloppés dans leur linge comme pour les prémunir du mauvais sort. Tout autour de moi, la ville résonnait des échos fourmillants d'une ville nouvelle et je levai fréquemment le nez vers les allées et venues aériennes des Anges qui fendaient le ciel pour se rendre plus rapidement d'un endroit à un autre. Je m'étais souvent interrogé sur la sensation que cela pouvait procurer. Sentir les doigts du vent recourber les plumes de larges excroissances, suffisamment puissantes pour emporter mon poids sur le zéphyr. L'idée était aussi terrifiante qu'exaltante et j'espérai avoir un jour la chance de l'expérimenter. Explorer le ciel m'attirait davantage que les profondeurs abyssales des océans ; il me semblait, à tort peut-être, que moins de monstres se dissimulaient dans les cumulus.

Je m'arrachai de mes visions en arrivant devant la devanture d'un stand, composé en réalité d'une charrette surplombée d'un tissu pour délivrer un peu d'ombre aux passants les plus curieux. Plusieurs bouteilles en verre s'alignaient sur un lit de paille, remplies de liquides de différentes teintes ambrées. À mon regard interrogateur, la vieille femme m'informa qu'il s'agissait de jus de pomme qu'elle extrayait elle-même avec son fils. Enchanté par l'idée de découvrir son art, j'échangeai quelques pièces contre deux bouteilles, une de jus de pomme pressé le matin-même et une autre d'une liqueur de pommes. Mes emplettes sous le bras, je poursuivis ma route avec l'intention de prendre la sortie quand l'énoncé de mon nom me fit dresser l'oreille. Mes yeux s'arrondirent de surprise en reconnaissant Seiji, puis s'adoucirent d'un sourire de plaisir à le voir ici. « Seiji ! J'ignorais que tu étais là aussi ! » Voir un congénère m'emplissait toujours de joie mais son agitation manifeste fit naître une première ride d'inquiétude. « Est-ce que tout va bien ? » Les explications débordèrent des lèvres du violet comme d'une coupe trop pleine et je me tus patiemment pour le laisser s'épancher. J'en profitais pour observer l'ossature délicate de son visage. Il avait changé, grandi depuis nos dernières rencontres à Maëlith. Nos rondeurs enfantines s'effaçaient pour révéler les hommes que nous serions demain. Nous avions désormais des problèmes plus importants que l'oubli d'un devoir à rendre à un professeur ou un accroc dans un kimono avant une prestation. L'angoisse croissante de Seiji me désolait et je regrettais que mes bras soient trop occupés pour l'enfermer dans une étreinte qui pourrait le calmer.

« Ma ... Ma première fois ? » Balbutiai-je, mes pommettes s'empourprant subitement à l'intrigante question. Puis, avec retard, je compris. La bêtise dont j'avais fait preuve me fit baisser les yeux. Quel idiot je faisais. « Suis-moi. Tu vas tout m'expliquer depuis le début. Je comptais aller explorer un peu les environs autour de la ville et j'ai pris de quoi grignoter en chemin. » Trouver le lieu parfait pour méditer tout en me gorgeant des paysages inédits de ces terres était la définition d'une journée que je jugeais d'idéale. En compagnie d'un frère, elle prendrait les contours de la perfection.

Quelques instants plus tard, nous laissions derrière nous l'entrée principale de la ville et prîmes un chemin blanchi de cailloux qui serpentait jusqu'à un large bosquet d'arbres. Le soleil ne cessait pas sa course et je me maudis de ne pas avoir pensé à prendre un chapeau. « Allons nous abriter là-bas avant de prendre une insolation. » Proposai-je au violet avec un sourire. Tout en marchant, je me mis à mon tour à parler. « Je suis là pour des clientes qui souhaitaient se faire tatouer. » Je préférai taire pour le moment leur identité, craignant qu'une nouvelle rougeur trahisse que le statut de l'une d'elle dépassait le cadre du professionnel. « J'ai fait le voyage en bateau jusqu'ici. C'était fantastique ! Je n'étais pas très rassuré au début, je n'ai jamais aimé la proximité avec l'eau, mais l'équipage s'est montré très prévoyant et rassurant et par chance, nous n'avons rencontré ni Sirènes, ni tempêtes. » Je lui contais les détails de mon voyage et m'interrompis lorsque nous arrivâmes à l'ombre. Un petit soupir de soulagement m'échappa et je me tamponnai le front avec la manche de mon kimono. Connaissant le contenu de ma journée, j'avais fait le choix du confort en prenant celui en lin d'une teinte jaune pâle comme le ventre des poussins. « Oh ! Je crois que c'est un figuier ! » M'exclamai-je, enchanté de découvrir l'arbre fruitier ici. En m'approchant, je découvris les fruits violines suspendus et la gourmandise fit scintiller mes iris. « Est-ce que tu peux me prendre ceci s'il te plaît ? » Je lui remis les bouteilles et les fruits achetés au marché afin de pouvoir attraper le carré de soie que j'avais prévu pour m'installer. Après l'avoir déposé au pied de l'arbre en évitant les racines, je fis signe à Seiji de s'y asseoir. « Alors, parle-moi de cet homme qui t'a fait te déplacer jusqu'ici. » Je souris en me souvenant de l'ultime question du violet. « Tu es en avance sur moi. Je n'ai encore rencontré personne de ma liste. Je ne me sens pas encore prêt. J'en ai très très envie mais je suis encore si imparfait. Qu'est-ce que je ferai s'il me rejette ? » J'en serai anéanti. « Je me concentre sur mon Art en ce moment et j'en profite pour voyager. C'est donc plutôt à toi de me raconter ta première fois. Tu pourras peut-être même me donner des conseils, à commencer par celui de ne pas écraser ses plantes ? »

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[Quête] Le meilleur des mondes | Andrea Zzm4
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Seiji Nao
Ven 6 Jan 2023 - 23:27





S’il est facile de tomber dans le puits sans fond du chagrin, il existe heureusement bien des manières d’en réchapper. Le sourire d’un frère figure parmi celles-ci. Les premiers sanglots passés, Seiji relève timidement la tête. La gaieté sur les lèvres d’Andrea le console. De ses bras chargés monte un parfum de fruits. Le soleil accroche des reflets de lumière à ses boucles d’or. Acquiesçant, le violet accepte avec plaisir son invitation.

« Volontiers ! Je suis arrivé il y a quelques jours. Je ne connais pas encore très bien la ville, mais peut-être que nous dénicherons un paysage qui vaut le détour. »

En chemin, il garde le silence, tâchant de retrouver son calme : Kogami répète sans cesse que personne n’aime les pleurnichards. Sans perdre de vue la silhouette de l’androgyne, ses prunelles glissent sur les édifices, jusqu’à ce qu’ils sortent finalement de la ville. Là, dehors, un autre défi l’attend : marcher sans trébucher sur les cailloux, teintés de la traîtrise de leurs sœurs les racines. Par chance, l’Aether de la Maladresse détourne le regard, et il parvient miraculeusement à destination.

« Tu as eu de la chance. Je n’ai jamais vu l’océan ailleurs que dans des peintures. »

Comme bien des siens, Seiji ne connaît le monde qu’à travers l’art, et, subjugué par les visions imaginaires qu’il provoque, il préfère ne pas lever trop de mystères.

« C’est Nanami qui m’a amené ici _ tu sais, la vieille dame aux sculptures. Nous avons pris un portail, parce qu’elle craignait que le bateau ne me rende malade. Tu en as déjà emprunté un ? Franchement, je ne te conseille pas l’expérience. »

Au souvenir de la nausée, ses traits se tordent en une grimace fort peu élégante pour une créature de sa condition. Néanmoins, il n’a pas l’occasion de s’attarder sur le sujet : voilà qu’Andrea demande son aide. Avec d’infinies précautions, l’Hanatsu récupère les produits qu’il lui confie. La mention de l’arbre lui rappelle une anecdote, lue par hasard un soir d’hiver et d’ennui.

« Tu savais qu’une espèce de guêpe pond ses œufs dans les figues ? Elle ne peut pas en ressortir, et elle meurt dans le fruit. Quand les petits éclosent, ils attendent les femelles à l’intérieur, et s’ils sont malins, ils parviennent à sortir. »

S’apercevant que son histoire risque d’horrifier le blond, le violet tente maladroitement de le rassurer. La communication ne fait pas partie de ses atouts _ un instant, il songe qu'à vrai dire, sa manche n’en compte aucun.

« Mais ce ne sont pas celles que nous mangeons ! Enfin, parfois, il arrive que les insectes se trompent, et alors, la figue les dissout. J’aime croire que les plus savoureuses se forment ainsi. »

Prenant garde à ne pas renverser les provisions, l’adolescent s’installe en tailleur, une posture qu’il affectionne tout particulièrement. Le destin des guêpes lui rappelle une phrase que Nanami, en proie aux affres de la vieillesse, répète souvent.

« Plus le sacrifice est grand, plus l’œuvre sera belle. »

L’hôte du pique-nique l’enjoint ensuite à évoquer l’épineuse question qui, sur un coup de sort, a jeté l’un sur la route de l’autre.

« Il s’appelle Asriel, et il ne parle pas beaucoup. Il a quelques années de plus que nous, et il achève ses études d’architecture. Son atelier lui sert de maison _ il a même un grand jardin _, mais je sais que ses parents vivent à Iyora, et qu’ils ont une bonne situation. Je crois qu’ils ne s’entendent pas très bien. Je crois aussi qu’il est très seul. »

Depuis son arrivée auprès de l’Ange, aucun de ses congénères ne l’avait visité. Une pensée d’un réalisme affligeant germa dans son esprit : peut-être avait-il simplement honte de lui.

« S’il n’y avait que les plantes... »

Poussant un soupir, Seiji s’abîme tout entier dans la contemplation de l’herbe. Entre les brins éclatants de verdure, il discerne la teinte de la paille, et, sans y penser, ramasse quelques fétus décolorés, égarés ça-et-là.

« Le premier jour, j’ai voulu reprendre l’une de ses ébauches au fusain, pour lui faire une surprise. Non seulement j’ai tâché les vêtements qu’il avait préparés pour moi, mais, en plus, le résultat n’était pas terrible. »

À mesure qu’il confesse ses échecs, il lui semble que son cœur gonfle comme la marée, menaçant à tout instant d’éclater. La honte lui cuit les joues aussi sûrement qu’un coup de soleil.

« Il fabrique des maquettes. Je les trouve très élégantes, mais… J’ai eu le malheur de dire que celle du port était ratée. Il est resté silencieux pendant des heures, et, depuis, je n’ose plus rien dire à leur sujet. »

Des excuses, sans doute, auraient mis fin à l’incident en un claquement de doigts. Toutefois, le violet ne peut revenir sur ses jugements artistiques. La médiocrité, comme la laideur, lui hérissent le poil, et feindre l’admiration devant une œuvre gâchée tient à ses yeux du parjure. Les mots du blond peignent l’incrédulité sur son visage.

« Imparfait ? Toi ? Il est toujours possible d’avancer plus loin sur la voie, mais si tu es imparfait, je suis bon à jeter. »

Et, en un sens, l’Hanatsu songe que le monde ne s’en porterait pas plus mal. Cependant, en dépit du mépris qu’il éprouve pour ses minables tentatives, il ne peut se résoudre à abandonner. Les Aetheri, d’une manière ou d’une autre, ont béni le ventre de sa mère parce qu’ils croyaient en son avenir, et il refuse de décevoir leurs espérances.

« Tu es sage d’attendre. La curiosité m’a rendu trop impatient, et maintenant, Asriel doit être terriblement déçu. Tu crois qu’il va me renvoyer à la maison ? Qu’est-ce que je vais devenir ? »

L’inquiétude jette une plainte dans sa voix. Ses doigts s’agitent nerveusement autour des tiges. Leur manège est plus organisé qu’il n’y paraît. Se remémorant les paroles de l’Orine, son regard s’illumine soudainement. Aussitôt, il le presse de questions.

« Mais parle-moi de tes clients ! Qu’est-ce que ça fait, d’en avoir ? Est-ce qu’ils sont très exigeants ? Comment tu fais pour les trouver ? Qu'est-ce que tu dessines, le plus souvent ? Ce doit être très angoissant, d’encrer la peau de quelqu’un. »

L’adolescent imagine aisément les tourments de son interlocuteur. Certains jours, il lui semble que les exigences qu’il porte avec lui se font si lourdes qu’elles pourraient le briser en deux.

« Tiens, pour te protéger du soleil. »

Avec un sourire, il tend à l’Orine un couvre-chef improvisé. Sous l’inventivité de ses phalanges, herbe et paille se sont entremêlées pour former une sorte de chapeau tressé. Avant que le blond ne s’en saisisse, il le lui plante sur la tête. Projetant les mains vers l’avant, il incline théâtralement son buste vers le sol.

« Te voilà devenu le héros d’un conte de campagne. »

Riant aux éclats, il se laisse tomber en arrière, laissant à la soie le soin de le rattraper. Au-dessus de lui se dresse le figuier. Son feuillage déverse des ocelles d’ombre sur la peau d’Andrea. Songeur, Seiji contemple les mouvements des branches.

« Dis. Quel genre de vie tu penses qu’on aurait, si on n’était pas nés à Maëlith ? »

1 172 mots | Post II

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Andrea
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Andrea
Dim 29 Jan 2023 - 21:57

[Quête] Le meilleur des mondes | Andrea Vkgj
Le Meilleur des Mondes



Un doux sourire étonné ride le coin de mes yeux et après un petit silence, je ne peux retenir l'éclat de rire. « Je l'ignorais. La nature est aussi incroyable qu'elle est effrayante non ? C'est ainsi que le coeur du monde s'équilibre et se maintient en bonne santé malgré son grand âge. »

Une fois notre écrin confortable prêt, j'y rejoins Seiji et ne me prive pas de le dévisager alors que sa nature bavarde le distrait de mon examen. J'apprécie en silence sa beauté, le scintillement de ses prunelles et l'éclat particulier que prend le mauve de ses mèches soyeuses alors même que nous sommes à l'abri du soleil. Imperceptibles au premier coup d'oeil, ces détails se savourent quand on prend le temps d'y prêter attention.

« Comment va Nanami ? On devrait lui garder quelques fruits de côté. J'irai la saluer en rentrant. » Amusé, je ris en songeant à l'improbable taux de présence d'Orines sur ce pays en cours d'émergence. Sans doute notre âme se trouve séduite par les exploits réalisés sur ces terres neuves où tout est à faire et à découvrir, là où les talents se découvrent, comme cet Asriel dont mon congénère me conte les déboires de leurs jours passés ensemble.

En silence, je recueille ses confessions tout en nettoyant soigneusement les figues et les fruits achetés sur un tissu. Embarrassé, je me sens rougir à sa protestation sur les doutes qui m'habitent à mon propos et l'envie de l'étreindre contre moi me surprend par sa violence. Aussi adorable que Nüka lors de ses premiers mois en tant que chiot maladroit, l'impatient m'inspire le même émoi. Le rassurer devient une mission à laquelle je ne me vois pas me dérober ni échouer. Je m'installe près de lui et pose une main sur son épaule. « Tu n'as pas à t'en faire. Tu ne pourrais jamais décevoir quiconque, ni à te sentir coupable de la façon dont les choses se sont passées. N'oublie pas que c'est à lui de te mériter. » Les conseils les plus avisés sortent souvent du coeur de ceux rongés par l'inexpérience. Mes doigts papillonnent le long de sa ligne dorsale. « Il ne va pas te renvoyer. Il serait sot de le faire. Cependant, toi, tu es libre de partir si tu ne t'épanouis pas à ses côtés. Peut-être n'est-il tout simplement pas le bon ? La liste n'est qu'une succession de suggestions mais il n'y a qu'une seule façon de savoir à qui tu te donneras. » Et doucement mais avec fermeté, j'appuie ma paume contre son torse jusqu'à le sentir palpiter à tambours réguliers. Je lui souris. « Chasse ces doutes qui t'aveugle, et tu verras la vérité. Et sinon, j'ai entendu quelque part qu'on trouvait la vérité dans l'alcool. Il n'y a qu'une façon d'éprouver cette théorie. » Je le lâchai et m'employai à l'acte énoncé en débouchant les bouteilles. « J'ai encore du mal à réaliser qu'on veuille de mes services. Je n'y aurai pas cru si on me l'avait prédit. Mais tout ça, je le dois à celle qui me forme. Hatsuyo a tatoué d'illustres célébrités et chacun s'arrache son talent partout où elle passe. Elle manque de temps donc c'est Eizen, sa première apprentie, qui m'aide à aiguiser mon Art. Elle est ici pour m'accompagner pour mes clientes. Il s'agit de deux Orines, l'une d'entre elles est une... connaissance. » Je buttais sur le dernier mot, réalisant que j'ignorai comment qualifier notre relation. Ni véritablement amoureuse, ni sexuelle, et amicale était trop pauvre pour englober toutes ces émotions qui s'agitaient quand je la voyais. « Je dessine principalement des objets qui m'inspirent, et beaucoup les fleurs, dont je suis toujours passionné. Eizen veille à corriger mes erreurs si je me trompe dans mon dessin, heureusement sinon je pense que le trac me paralyserait. » Je songeais à l'erreur commise sur le dos de Wakiya, celle où elle était tout autant fautive que moi.

« Oh. Merci. » Je m'entendis glousser en réaction à son envolée théâtrale. « Je suis autant un héros que je suis un guerrier pourfendeur de monstres. Ce serait un Conte humoristique, les Faes aiment écrire cela aussi, pour se moquer de nous. » Gagnés par une hilarité commune, je me gorge de ces précieuses secondes offertes par le moment présent. Sa question, teintée de sérieux, flotte jusqu'à moi et m'emporte voguer vers l'océan inconnu des possibles. Délaissant les bouteilles à portée de main, je le rejoins en m'allongeant, mon épaule logée contre la sienne. Sa chaleur est agréable malgré celle déjà distribuée par le climat d'Iyora et je laisse le silence se briser sur le vent dans les feuilles et les sursauts de la faune dans les branches. Mes yeux se ferment et un cocon d'obscurité m'amène à la réponse qui mijote entre les plis de mes pensées. « Je serais sûrement un Ygdraë. Mais pas de ceux qu'on voit parfois, aussi habiles au combat que des Réprouvés, non, un de ceux qui font naître le printemps, les Erëlas. Je ne quitterai jamais Melohorë car j'y trouverai sûrement tout pour pourvoir à mon bonheur. Ou peut-être qu'annuellement, j'effectuerai une boucle dans les régions en manque de végétation. J'aurai des enfants aussi, plusieurs, à qui j'enseignerai ce que je sais, mais aussi la bienveillance et l'amour d'autrui. » Je souffle de rire. « Finalement, est-ce que je ne viens pas d'écrire la trame de ce Conte de campagne dont tu parlais ? Attends, laisse-moi deviner quelle vie tu aurais eu si tu n'avais pas grandi à Maëlith. » Je ménageai un peu de suspense en laissant grossir une bulle de silence, souriant en percevant son impatience sans la voir. « Tu serais un pâtissier connu pour ses étranges associations d'ingrédients. La légende raconterait que tu empoisonnes régulièrement tes aides en les faisant goûter tes préparations car dans ta maladresse, il t'arrive de confondre quelques pots. » Emporté par mon récit, les yeux toujours clos, je le vois presque s'activer, une spatule dans la main et un ravissant tablier noué de travers, avec une traînée de coulis de framboise sur le front qui lui siérait curieusement bien. « Sur tes rares journées de repos, tu partirais en solitaire pour des randonnées, à la recherche de nouvelles saveurs exotiques, ou bien tu viendrais me retrouver. » J'ouvris les yeux, le ciel de mes yeux traversé d'amusement. « Alors ? Que dis-tu de ce tableau ? »

Message II | 1128 mots


[Quête] Le meilleur des mondes | Andrea Zzm4
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Merci Jil  [Quête] Le meilleur des mondes | Andrea 009 :
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Seiji Nao
Sam 1 Avr 2023 - 19:36





Les yeux assombris par le doute, Seiji écoute les recommandations de son congénère. Le nez saturé de pollen, son esprit dévie bien malgré lui vers le parfum des figues. L’impatience assèche sa bouche : il n’a que rarement l’occasion de prendre une collation, encore moins lorsqu’elle sort de son précieux programme. Il lui semble que le sucre fond déjà sur sa langue, et que ses dents écrasent avec force la chair rougie du sang des insectes.

« Je ne vais pas repartir tout de suite. Ce ne serait pas un mauvais Maître, tu sais. Peut-être que je l’ai simplement rencontré trop tôt. Je suis toujours un peu… Un peu… Pas assez. »

Pas assez quoi, l’adolescent n’en a hélas aucune idée. Depuis l’enfance grandit en lui l’impression odieuse qu’il manque toujours quelque chose à ses pensées et à ses créations. Comme l’ombre mange le soleil, le talent de sa sœur dévore sa confiance, et s’il ne peut qu’admirer sa cadette, il ne se sent jamais à la hauteur des yeux qui le contemplent.  

« Je devrais me consacrer à mon art, étudier le monde et ses mystères, honorer nos divinités. Et au lieu de ça, je me précipite à la porte du premier nom que je vois. C’est moi qui ne suis pas digne de lui, en vérité. »

Poussant un soupir, l’Hanatsu détourne le regard. Il ne connaît pas les mots appropriés pour exprimer la profondeur de sa défaillance. Pourtant, grelottant au fond de l’abîme, il n’ignore pas les étoiles dont la lueur se reflète sur les flaques de ses larmes.

« Mais un jour, je serais digne de quelqu’un. »

Murmurée à voix basse, comme une confidence, sa déclaration est une promesse qu’il a faite à sa mère voilà bien longtemps. Secouant la tête pour chasser les nuages de la mauvaise humeur, il se laisse emporter par la passion qui éclaire le visage d’Andrea, faisant tressaillir sa voix de dévotion. Nul doute que le blond n’a d’autre amour que son Art.

« Ce doit être formidable, d’avoir un vrai professeur ! Quelqu’un qui puisse corriger ton regard lorsqu’il se trompe, et guider ta main lorsqu’elle tremble. Je n’imagine pas les progrès que tu dois faire à ses côtés. Comment tu as fait pour la convaincre de te prendre comme apprenti ? C’est elle qui choisit tes clients ? Est-ce qu’elle te donne beaucoup de devoirs ? »

Enthousiasmé par les détails que le jeune homme lui livre avec bonheur _ et par les premières caresses de l’alcool sur ses papilles _, il le presse de questions. Sous ses mèches violettes, une panoplie de scènes se déploie : il imagine Andrea, le front plissé par la concentration, des aiguilles entre les mains et l’entrejambe curieusement crispée, tendrement penché sur le dos vierge d’un Ange.

Cependant, la mention de sa professeure lui rappelle qu’il devrait songer, lui aussi, à en choisir un, plutôt que de se morfondre nuit et jour dans l’atelier, geignant au milieu de ses tentatives ratées.

« J’ai entendu parler d’une Orine qui maîtrise à la perfection le théâtre d’ombres. Il paraît que son Maître est une Démone, alors, je n’ai pas osé lui écrire. Kogami m’a raconté qu’il mangeait les élèves indignes de lui, ou qu’il les sacrifiait au volcan. Et puis, de toute façon, mes créations sont trop mauvaises pour que je les montre. J’aurais si honte de les dévoiler à un artiste, que je me jetterais moi-même dans le feu avec. »

Loin de l’affliction qui accompagne habituellement ce constat, le violet se fend d’un large éclat de rire. La compagnie du blond dénoue ses angoisses, et, inexplicablement, il sent son fardeau s’alléger, délivré de son poids par un vent d’espoir. Tandis que son interlocuteur décline sa version verdoyante du conte de campagne, un sourire flotte sur ses lèvres.

« C’est une jolie histoire. Et tu deviendrais un grand-père jovial mais ronchonnant, toujours courbé sur son potager, à râler sur les carottes qui ne se laissent pas arracher cette année, mais toujours attentionné, et l’œil sur ses petits-enfants. Tu leur donnerais envie de découvrir le monde avec de merveilleuses histoires que tu conterais le soir au coin du feu, la main dans ta barbe, et tu inspirerais leurs cœurs pour les années à venir. »

Comme pour accompagner ses propos, Seiji se redresse pour effleurer affectueusement le menton du blond. Une barbe imaginaire prend forme tandis qu’il remonte ses index le long des joues rougies par le soleil. Sur la peau glabre, il sent presque les poils prendre vie, et lui chatouiller la pulpe des doigts. Toutefois, il s’interrompt, surpris de sa proposition. Un pâtissier…

« Tu imagines comme ce serait, de pouvoir manger tout ce que je veux, et de le partager avec tout le monde ! De ne pas préparer de repas pour ma santé, mais pour faire plaisir ! Un peu comme ça… »

D’humeur malicieuse, le violet entrouvre les lèvres du blond pour y glisser un morceau de figue, qu’il vient, l’air de rien, de tremper dans l’alcool. D’un toucher impérieux, il les referme, le regard perdu sur cette chair éclatante de rose et de lumière. Et puis, il se redresse, posant les poings sur ses hanches avec une fierté qui ne lui ressemble guère.

« Mais je crois que je serais un pirate. Enfin, pas exactement un pirate, mais je pourfendrais les mers à la recherche des merveilles de l’océan. Je serais l’ami des Ondins, et avec mon équipage, je déferais tous les brigands qui se dresseraient sur notre chemin ! »

À grands renforts de gestes ridicules, Seiji sautille sur la soie, la main pourvue d’une épée imaginaire, l’autre servant à tenir un chapeau dont le cuir est tout aussi fictif. D’avant en arrière, d’arrière en avant… Ne jamais reculer, ne jamais avoir peur. Et puis, sans crier gare, il se jette sur Andrea.

« À l’abordaaaaaaaaaaaage ! »

Quelque chose bouillonne dans ses veines d’adolescent, une fureur dont il ne mesure pas encore tout à fait l’ampleur. Sans pitié, il assaille les côtes du blond, les gratifiant de chatouilles bien senties. Maladroitement, il protège les siennes de ses coudes, mais, déséquilibré par la manœuvre, il roule sur le côté. Incapable d’abandonner, il emporte son ennemi avec lui, et tous deux délaissent la soie froissée pour rouler dans l’herbe. Des mèches violettes et blondes s’entremêlent dans la bataille, et ce n’est qu’au prix d’une nuque heurtée par un tronc d’arbre que l’Hanatsu s’avoue vaincu. Le souffle court au terme de ce titanesque affrontement _ aveuglés par la lutte, ils ont dévalé toute la colline _, il reste allongé entre les brins émeraude, s’épongeant le front d’une main.

Quelques instants de répit suffisent à l’énergie de l’Orine pour revenir le heurter de plein fouet. Des fourmis dans les jambes, il désigne un point au-dessus, esquissant un clin d’œil.

« Dis, Andrea, tu voudrais bien jouer avec moi ? Celui qui arrive là-haut en dernier doit confier un secret à l’autre ! »

Tout sourire, le violet attend l’accord du blond pour se lancer à toute vitesse vers sa destination, sans avoir jugé bon de préciser s’il parle du sommet de la colline ou des branches du chêne qui a si généreusement orné sa nuque d’une bosse rondelette.

1 206 mots | Post III

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Andrea
Ven 12 Mai 2023 - 12:06

[Quête] Le meilleur des mondes | Andrea Vkgj
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Ponctuée de nos anecdotes, notre conversation s'étirait paresseusement en ignorant la course du temps dans l'azur et asséchait nos gorges, sauvées temporairement par les jus et alcools rapportés du marché. Pour un peu, j'avais le sentiment d'être de retour à Maëlith, lorsque nous organisions des pique-nique, juste pour le plaisir de la compagnie de l'autre. En cela, la présence de Seiji apaisait le mal du pays qui m'étreignait parfois.

« Les Démons sont particuliers, mais ils ne s'en prendraient jamais à toi. » Répliquai-je très sérieusement. « De toute façon, les Démons veulent toujours manger les autres, d'une façon ou une autre. » J'échangeai un regard entendu avec Seiji. J'avais appris dans mes lectures que les tabous n'existaient pas chez eux. Assumés adorateurs du cannibalisme, sexe, et autres loisirs qu'ils affectionnaient, j'avais entendu récemment qu'ils avaient poussé les Vices jusqu'à organiser des Jeux macabres, en collaboration avec les Sorciers. L'entente de ces deux peuples ne devait pas faire l'unanimité mais je n'avais pas été éduqué pour me faire juge des alliances géopolitiques et tout cela me paraissait si éloigné quand j'y songeais au sein de ce paysage bucolique en compagnie de mon homologue.

« Une barbe ? Oh non, je m'y refuse, ça abimerait les joues de mes petits-enfants ! » Avec un rire, je m'écartai du contact de ses doigts sur ma mâchoire comme pour échapper à ce destin capillaire. Je ne luttai pas en revanche contre l'insertion du fruit gorgé de sucre et d'alcool. Peut-être était-ce là le goût qui se rapprochait le plus du bonheur ? Je me passai la langue sur les lèvres pour les débarrasser de la couche collante et souris en le voyant s'enthousiasmer en s'imaginant voyageur des océans. Imaginer mon maladroit ami dompter son équilibre sur un pont instable avait de quoi faire rire. Ce dernier n'eut pas le temps de porter, ravalé par un cri de surprise. Les flancs malmenés sans pitié par les redoutables chatouilles, je couinai en tentant de le repousser, le souffle coupé par le rire et les cris jusqu'à réussir à échanger nos positions. Nos jambes entrelacées, le rouge aux joues, l'alcool chantant dans nos veines, la colline herbeuse réceptionna nos enfantillages. Un tronc interrompit notre course involontaire et j'en profitai pour prendre de grande goulées d'air, le front contre le torse de Seiji, les palpitations effrénées de son coeur donnant le change au mien. « Il y avait longtemps que je ne m'étais pas amusé ainsi. » Avouai-je dans un souffle. Je me dégageai d'une torsion pour m'allonger à ses côtés, la transpiration coulant librement de mes tempes jusqu'à mes cheveux. L'odeur de l'herbe dans les narines, la douleur précurseur d'hématomes à venir sur tout le corps, je pris le temps de savourer l'instant présent dans toute sa beauté.

L'injonction du violet me fit soulever une paupière. Déjà debout, le défi habitait le fond de ses iris et j'eus à peine le temps de répondre qu'il s'élançait déjà. Sans réfléchir, je me retrouvais sur mes pieds pour courser le galopin, les doigts du vent s'insérant dans mes cheveux pour les débarrasser des branchages et quelques brins d'herbe s'y étant logés. Mon kimono rend difficile la progression de la colline et j'en soulevai l'ourlet jusqu'à mi-cuisse pour libérer ma foulée.

Vaincu par l'avance de Seiji, j'atteignis le sommet quelques secondes après lui et m'effondrai sur la couverture étendue, vidé de mon énergie. Un bras sur les yeux, je réfléchis au secret qu'il allait me falloir confier au gagnant. Mes pensées s'orientèrent naturellement vers Wakiya, comme souvent. « Je suis amoureux. D'une Orine. » Un petit sourire idiot s'installa à la commissure de mes lèvres avant de s'élargir, comme chaque fois que je me remémorai notre conversation. « Et c'est réciproque. Elle non plus n'a pas encore trouvé son Aisuru. Nous ignorons si cela affectera notre relation plus tard, je crois que je préfère ne pas y penser. Qu'est-ce que tu en penses ? » Mon bras retomba le long de mon corps et je le regardai. « Et si c'était une mauvaise idée ? Et si elle souffrait que je sois plus souvent avec mon futur Aisuru qu'avec elle ? Elle ne veut pas se lier tout de suite, mais moi si. Je suis comme toi, je sais que je ne suis "pas assez", mais je ne peux pas m'empêcher de le chercher. Je me sens incomplet. » Mes aveux n'allégeaient pas le poids dans ma poitrine. La mine soudain sombre, je me redressai sur mes coudes pour attraper la bouteille d'alcool et en avaler une longue rasade qui m'arracha une petite grimace. « Et toi, tu as déjà été amoureux ? »

Message III | 825 mots


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Seiji Nao
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Seiji Nao
Mar 16 Mai 2023 - 14:55





Vent et soleil jouent sur la peau de l’adolescent tandis qu’il gravit la colline. À la manière d’un prisonnier qui rêve de s’évader, son coeur cogne furieusement dans sa poitrine. Ses battements, échappant à sa cage thoracique résonnent dans chacun de ses muscles. Ombre et lumière se dessinent sur sa chair comme le pelage mouvant d’un léopard. Bientôt, il lui semble qu’un esprit malin dérobe à ses poumons l’oxygène dont ils ont besoin. Malgré la chaleur de l’après-midi, une coulée d’air lui glace la gorge. Son corps n’est guère habitué aux efforts, et, insensible à la vivacité pétillant sous son crâne, il fait connaîter son mécontentement. Les jambes de plus en plus lourdes, il peine à s’avancer. L’herbe haute, grasse et verte de fourberie, s’accroche à ses mollets pour le retenir. En bonne vieille complice de la gravité, elle ralentit sa progression. Par chance, la surprise lui accorde la victoire. Bien loin de la savourer dans toute sa gloire, il se plie en deux, le souffle court et les entrailles compressées.

« Je crois que… Je manque… D’entraînement. »

Tout sourire, il envoie la douleur au placard et se redresse pour s’étirer. Quelques gouttes de sueur s’amoncellent sur son nez en une promesse de chatouilles. Cependant, il n’y prête pas attention, frappé par les paroles de son congénère. Une pointe de chagrin lui creuse l’estomac au fil de la confession. L’inquiétude chasse l’innocence des traits d’Andrea, et la bouteille d’alcool perd ses couleurs festives. Compatissant, l’Hanatsu s’agenouille, et dans un geste idiot, le serre contre lui de toutes ses forces ; avec la vigueur d’une brindille, donc.

« Tout va bien. »

Le violet s’installe ensuite derrière son comparse. Un instant, ses doigts effleurent sa colonne vertébrale, remontant le long du kimono. Finalement, ils trouvent leur place entre les mèches blondes, et s’attaquent sans pitié à son cuir chevelu. Une technique de relaxation transmise de génération en génération dans la famille de Nanami, d’après les authentiques propos de cette dernière.

« C’est une situation difficile. D’abord pour toi, parce que tu devras sans cesse chercher un équilibre entre elle et ton Aisuru. Pour elle, parce qu’elle te verra te consacrer corps et âme à un autre. Et parce que lorsque vous serez liés, il vous faudra composer avec vos sentiments et les exigences de vos Maîtres. À moins que cela n’éteigne tout simplement votre amour. »

Maître dans l’art de repérer le malheur à l’horizon, Seiji examine les possibilités, priant pour que ses phalanges exercent leur magie ; nul doute que, de sa part, un massage est plus efficace que des mots. Descendues sur les tempes d’Andrea, elles s’emploient à les délasser.

« Peut-être que vous avez offensé les Aetheri, d’une manière ou d’une autre, et qu’ils vous torturent de cette façon. C’est le genre de tourments dans lesquels ils aiment nous plonger. Ils punissent plus vite qu’ils ne félicitent. »

À ses yeux, les dieux ressemblent à des enfants : ils en ont la méchanceté facile, et les brumes de l’insatisfaction règnent sur leurs esprits. Sans réaliser le blasphème qui couve dans ses pensées, il les tourne vers un paysage plus lumineux. La rêverie vient flotter sur son visage.

« Ou peut-être que vous étiez amants dans une autre vie, et que vos âmes se reconnaissent aujourd’hui. On dit que l’amour traverse toutes les frontières. »

De nombreuses histoires sous les paupières, il esquisse un sourire réconfortant.

« En vérité, je pense que vous avez de la chance. Même si vous vous manquerez, même si vous serez parfois jaloux, vous comprendrez ce que signifie d’être lié. Vous comprendrez la dévotion de l’autre à l’art et les heures qu’il leur sacrifie à tous les deux. Je crois qu’il y a des défis dans toutes les relations, et qu’aucun n’est insurmontable. Et vous n’êtes sans doute pas les premiers d’entre nous à tomber amoureux. »

Son inexpérience en la matière n’empêche pas le violet d’avoir une opinion solide à ce sujet. Dans la solitude de sa chambre, il a longuement réfléchi aux histoires de coeur, et aux manières de s’en prémunir _ il lui semble que rien ne menace plus sa dévotion envers le théâtre, et il sait que bien des êtres se perdent dans sa langueur, oubliant ce qu’ils sont et ce qu’ils pourraient créer.

« Tu sais, on imagine plus facilement le pire, alors que c'est souvent le meilleur qui nous attend. Ou, à défaut, de belles choses. Qu'est-ce que tu aimes, chez elle ? »

À trop percevoir la noirceur de son propre avenir, celui des autres luit d’un optimisme sans faille ; la vie connaît son content de perturbations, sans qu’on y ajoute les nuages gris de l’inquiétude.

« Moi ?! C’est-à-dire que... »

Les joues de l’adolescent s’empourprent plus vite qu’il ne respire. Sitôt la question nichée dans ses méninges, un masque de soie flotte devant ses rétines. Embarrassé, il se tortille dans tous les sens et délaisse la chevelure du blond pour s’emparer à son tour de la bouteille.

« Je suis encore jeune, tu sais. J’ai plus à faire avec mon corps qui… se réveille, qu’avec des sentiments plus profonds. »

À force d’ignorer l’obsession lovée dans son coeur, il espère qu’elle disparaîtra, miraculeusement chassée par la baguette magique du déni. Cependant, l’alcool commençant à faire son effet, il s’autorise une confidence qui le surprend.

« Mais je vois quelqu’un, depuis quelque temps. »

Présenter les choses de la sorte ne reflète pas exactement la réalité ; toutefois, il ressent l’envie soudaine de parler d’elle, de partager ses visions. Gloussant comme un poulet à l’idée qu’elle puisse être plus qu’une silhouette dans une boule, il tousse pour retrouver son sérieux.

« Enfin, ce n’est pas exactement une relation… Disons que j’ai avec moi un objet qui me permet de la voir quand je le souhaite, mais je ne lui ai jamais parlé. »

Son regard s’élève vers le ciel. Malgré sa splendeur printanière, l’azur semble terne à côté des nuances profondes de sa chevelure.

« C’est une princesse qui vit très loin d’ici, dans une sorte d’école. Pendant un moment, elle a été maudite, sûrement par ce Sorcier aux cheveux de feu qui dévore plus de pâtisseries qu’un glouton, et elle était la terreur de ses camarades. Elle leur volait leurs goûters, entre autres, et ils la regardaient avec effroi. Mais je savais qu’au fond de son coeur, elle n’était pas comme ça, et le temps m’a donné raison. »

Une note ravie dans la voix, l’Hanatsu se laisse retomber en arrière. Son dos heurte la terre dont l’épaisseur, cachée sous la couverture, résonne jusque dans ses os. Poussant un soupir, il reste un instant silencieux, hésitant à avouer l’ampleur de son espionnage.

« Au début, je ne l’observais presque pas. Mais j’ai de plus en plus envie de la voir, et je pense beaucoup à elle. Est-ce que ça ressemble à ça, l’amour ? »

L’inconnue éveille en lui des émotions qu’il ne saurait décrire, bien loin de la fureur dévorante que suscite l’homme aux masques. Perplexe, il se redresse tout à coup, comme frappé d’une évidence, et presse sans la moindre délicatesse ses paumes contre les joues du blond, épouvanté.

« Tu crois qu’elle m’en voudrait, si elle l’apprenait ? Tu penses que je devrais arrêter ? »

L’éventualité lui laisse un goût amer en bouche. Son estomac se contracte, protestant au mépris de toute morale. Anxieux, il se mord la lèvre inférieure, tournant vers Andrea des yeux brillant de chagrin. Le pourrait-il seulement ?

1 228 mots | Post IV

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Andrea
Jeu 20 Juil 2023 - 7:58

[Quête] Le meilleur des mondes | Andrea Vkgj
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Je me fondis dans l'étreinte spontanée de Seiji et enfouis mon visage dans son vêtement. Les fibres avaient capturé les effluves des herbes écrasées et du soleil et la chaleur de son corps s'accordait sur la mienne. « Merci. » Soupirai-je, tant pour le réconfort qu'il m'apportait, mais pour cette parenthèse de douceur dans un pays inconnu. Quand je les lui contait, mes doutes ne me préoccupaient plus autant, comme s'ils appartenaient à un autre, celui un peu trop sérieux, qui n'a pas bu un peu trop de liqueur fruitée et ne s'est pas comporté comme un enfant, influencé par la bonne humeur de son compagnon de jeu. Seiji a gardé la vitalité de nos premières années, celle que je ne me souviens pas avoir jamais éprouvé. Depuis toujours, la contemplation me cloue les fesses au sol et les yeux dans les nuages. Je levai les yeux, mais cette fois pour tenter d'apercevoir davantage que l'ombre du violet au dessus du moi alors qu'il glissait ses mains dans mes cheveux. En silence, je l'écoutais énumérer sa vision de ma situation. Il possédait le recul que je n'avais pas, et sa nature lui avait permis de comprendre l'ampleur d'un dilemme que tous les autres enfants des continents ne sauraient apprécier toutes les subtilités.

L'inquiétude troubla l'azur de mes prunelles. « Pourquoi les Ætheri voudraient-ils me punir ? Crois-tu que j'ai fait quelque chose qui ait pu les contrarier ? » Je déglutis. Après tout, l'amour dans lequel je baignais sans réserves n'était le don d'aucun de ceux que nous priions. S'étaient-ils offusqués que je me complaise dans la seule chose précise qu'ils n'offraient pas ? Jalousaient-ils mon nouvel intérêt ? Je m'en ouvris à Seiji et ajoutai : « Croient-ils que je les délaisse ? Que je délaisse le Beau, les Arts, la Connaissance, l'Inspiration ? » Malheureux comme les pierres, je poussai un long soupir. Pourtant, je ne ferais rien pour les rassurer de ma fidélité. S'ils devaient me torturer car j'aimais, alors je n'avais aucun regret de m'abandonner aux bras de cette chaleureuse maîtresse.

La suite des mots de mon ami soulagea un peu la peine qui a alourdissait mon coeur. Je préférais de loin ses autres suppositions. « Je me trouve chanceux que mes sentiments soient réciproques. Je n'aurais jamais pensé intéresser quelqu'un comme Wakiya. Elle a déjà tant voyagé, elle est courageuse et déterminée. Moi... J'ai peur tout le temps. Quitter Maëlith m'a été douloureux. J'ai eu peur d'échouer dans mon second Art, j'ai peur encore de régresser dans mon premier. J'ai peur d'être médiocre dans tous les domaines que je touche et de ne pas être digne, de faire honte à mon peuple. » Les yeux clos, le dos contre Seiji, il m'était plus facile d'ouvrir les vannes à toutes ces angoisses qui me rongeaient. Tout en les prononçant, j'en découvrais certaines que j'ignorais posséder.

« J'aime son Art. » Confiai-je, et un sourire ourla mes lèvres, le souvenir du chanvre frottant contre ma peau encore frais dans ma mémoire. « La première fois que nous nous sommes rencontrés, elle a fait une démonstration de shibari sur moi. C'est là qu'elle a capturé mon coeur. J'ai été pris dans sa passion, et quand nous nous sommes revus ensuite, mon coeur n'a plus eu besoin de raisons. Je l'aime c'est tout. Pour ce qu'elle est, et ce qu'elle veut devenir. Je l'admire de ne pas rechercher d'Aisuru, de d'abord désirer vivre pour elle. C'est une pensée que je comprends tout en étant incapable de la faire mienne. Je veux trop me lier, je ne veux pas attendre. Toi, tu comprends ça, sinon tu ne serais pas chez Asriel en ce moment. »

« C'est vrai ?! » Je me tus ensuite quand il détailla ce qu'il entendait par là. Songeur, j'accueillis ses confessions sans chercher à le couper. Des artefacts comme celui qu'il décrivait semaient notre monde, tous plus mystérieux les uns que les autres. Il était vain de chercher à comprendre qui était leur créateur sinon la Magie elle-même, ou des Ætheri en manque de divertissement. Je ne me sentais pas légitime de repousser ce que quelque chose de plus grand que moi avait placé sur mon chemin. Du moins était-ce ainsi que je me justifiais parfois quand j'usais des miens tout en ressentant une pointe de culpabilité quand ils impliquaient une seconde partie.

J'avais pivoté mon assise pour me retrouve face à lui. « J'ignore si c'est de l'amour. Il n'y a qu'on sondant au fond de toi-même que tu le découvriras. De ce que tu m'en décris, on dirait plutôt une obsession pour cette jeune fille. » Je tâchai de bannir tout jugement de ma voix et avançai une main pour prendre les siennes. « Il est possible qu'elle t'en veuille. Je ne suis pas sûr que j'apprécierai de savoir qu'un inconnu m'observe à mon insu, aussi charmant et gentil soit-il. Plutôt que d'arrêter, tu pourrais peut-être essayer de la contacter ? Il existe beaucoup d'écoles, mais je peux t'aider à chercher laquelle est la sienne si elle t'intéresse autant ? Est-ce que tu as une idée de sa race pour commencer ? Ça permettra de réduire les possibilités. Tu as parlé d'un Sorcier, peut-être est-elle à l'Académie d'Amestris s'il s'agit d'une Sorcière ? Ou Arsamès ou Masistès ? Lagherta ? Et il y a Basphel aussi, bien sûr. Dans tous les cas, je ne crois pas que tu devrais continuer à l'observer. Ce n'est pas bien, c'est sa vie privée après tout. Néanmoins, est-ce que tu crois que le fait que tu puisses la voir, elle en particulier, soit un signe ? » Moi, j'en étais persuadé. Tout avait une raison d'être, rien n'était dû au hasard. Mais savoir que les Ætheri étaient à l'origine de l'étrange lien qui se tissait entre mon ami et cette inconnue ne m'éclairait guère sur leurs motifs. Pourquoi les lier ? Etaient-ils destinés à un but plus grand ? Soudain, mes yeux s'écarquillèrent. « Tu crois qu'elle pourrait être ta future Aisuru ? Peut-être as-tu la chance de pouvoir l'étudier en amont pour mieux la connaître quand plus tard tu te présenteras à elle et que vous vous lierez ? C'est vraiment une opportunité formidable si c'est cela. Si c'est le cas... Continue de l'observer. » Je me contredisais, mais le Lien était à mon sens plus sacré que la morale. « Tout ce que je constate, c'est que tu apparais beaucoup plus enthousiaste en parlant d'elle que lorsque tu me parlais d'Asriel. » Conclus-je avec un petit sourire entendu. « Parle-moi d'elle. Tu disais qu'elle avait été maudite, qu'est-ce qui te fait dire ça ? Comment est-elle physiquement ? Est-ce que tu crois qu'elle aussi peut te voir de la même façon ? Juste au cas où, tu devrais t'assurer d'être toujours un homme exemplaire si tu ne veux pas qu'elle te rejette, si ma théorie est fondée. Mais j'ai confiance en toi. Tu as l'âme pure, je ne connais personne qui ne voudrait pas de toi, sinon un aveugle ou un fou. » Je m'interrompis, pris d'un doute. Mes sourcils se froncèrent et mon regard s'assombrit, comme couvert de nuages. « Asriel te traite bien, n'est-ce pas ? Il est gentil avec toi ? Je sais que c'est un Ange mais cela ne les prive pas d'avoir un caractère assez rigide. » Surtout après les souffrances subies par leur peuple, il me semblait qu'ils s'étaient durcis. Quand je me promenais en ville, je me surprenais à tout faire pour ne pas les rendre mécontents, comme si la foudre s'abattrait alors sur moi. Malgré leur bienveillance, je pressentais qu'il n'était pas bon de les pousser au vice. « Si c'est le cas, et que tu ne te sens pas bien avec lui, pars. Tu ne lui dois rien. Même si vous vous liez véritablement, et que tu découvres que vous n'êtes pas compatibles et que tu ne t'épanouis pas à ses côtés, il vaut mieux y mettre un terme. » Je répétais nos préceptes, qu'il avait certainement dû entendre un millier de fois avant de quitter Maëlith, mais peut-être y serait-il plus réceptif en cet instant.

Message IV | 1460 mots


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Dim 20 Aoû 2023 - 22:40




Le calme d’un après-midi de printemps délie les langues mieux que n’importe quel sortilège. Le cœur de plus en plus léger, Seiji savoure le bruit du vent dans les feuilles du figuier. Les yeux mi-clos, appuyé contre son ami, il laisse la sérénité l’envahir. Ses boucles blondes lui chatouillent les épaules ; un petit sourire aux lèvres, il s’efforce de ne pas éclater de rire, attentif à ses mots. La douceur de sa voix s’accorde à celle de son visage. Amusé, il repense à son idée d’un peu plus tôt : Andrea a tout du personnage de tableau. Lorsque l’inquiétude jette de l’ombre sur ses traits, le violet, honteux de la noirceur qu’il semble amener partout avec lui, relève la tête vers le ciel, pensif.

« Aucune idée. Les Aetheri sont trop malins pour qu’on comprenne ce qu’ils veulent ou ce qu’ils pensent. Si ça t’inquiète autant, tu devrais consulter un oracle. J’ai entendu parler d’une femme qui lit la volonté des Très Grands dans les feuilles de choux. Il paraît que quand c’est blanc, c’est très mauvais signe. »

À travers le monde, les devins de pacotille ne manquent pas, mais comment ne pas faire confiance à une créature qui élucide les mystères grâce aux présents de la nature ? Quelque part, il a lu que certains de ces charlatans poussent l’horreur jusqu’à interpréter les entrailles des bêtes. À cette pensée, il frissonne.

« Tu sais, moi, je ne connais pas grand-chose à la vie, mais je crois que tout le monde a peur. Même les gens qui accomplissent des merveilles. Si on se sentait toujours sûr de son prochain pas, on ne verrait pas le caillou sur le chemin, et on ne ferait que se casser la figure. »

Prenant conscience que les préoccupations du blond s’étendent bien au-delà d’une crainte passagère, il tâche de prendre la question sous un angle différent. Une philosophie simpliste l’anime : lorsqu’un ami se trouve dans le besoin, pas de place pour les noires pensées qui font vivre son esprit.

« À bien y réfléchir, je ne vois pas comment qui que ce soit pourrait t’en vouloir de l’aimer. Et puis, l’Amour n’est-il pas source d’Inspiration ? N’est-il pas une force qui pousse les êtres à devenir meilleurs, et leur donne des idées et une énergie que rien n’éveille autant ? Un Maître, c’est une chose, et je crois que c’est le cœur de nos vies. Mais il faut bien quelqu’un pour faire battre le tien, et y insuffler le génie qui fera briller les yeux de celui que tu serviras. »

Malgré sa splendeur et les merveilles auxquelles elle donne naissance, l’Hanatsu croit fermement que la nature seule ne suffit pas à éveiller l’âme des siens. Du haut de son cerveau de maladroit, il comprend que l’inspiration n’est pas une, et ne doit jamais l’être.

« Par contre… Qu’est-ce que c’est, le shibari ? Je n’en ai jamais entendu parler. Tu pourrais me montrer ? »

L’attention n’étant pas son fort, sans doute a-t-il regardé une abeille voler lorsque ses aînés ont présenté leurs Arts. Sa respiration s’accélère ; et s’il ne parvenait à rien parce qu’il s’était trompé de domaine ? Pris de panique, il sent sa cage thoracique s’alourdir. Comment peut-il avoir été si négligent ? Toutefois, devant la princesse dans la boule, son effroi s’efface.

« Oh, non ! Elle ne m’en voudrait pas, je le sais. Nous sommes liés, même si je ne comprends pas encore très bien comment. Il y a quelque chose entre nous qui nous dépasse. »

Confiant en son intuition, l’adolescent tend la main vers l’azur, refermant ses doigts sur le soleil pour en cacher les rayons. Là où son cœur l’appelle, la lumière est superflue. En entendant la proposition d’Andrea, ses cheveux se dressent sur sa nuque.

« Ce serait formidable ! Je n’ai jamais pensé à la retrouver, mais si je pouvais seulement lui adresser quelques mots… »

Brusquement, il se décale sur le côté, privant le blond de son appui. Le courage en poupe, il lui prend les mains, qu’il serre avec toute la force dont il est capable _ autrement dit, il le chatouille.  

« Ce ne sera pas facile. Je ne suis même pas sûr que l’école existe. C’est peut-être une illusion du Sorcier. Il a l’air de contrôler beaucoup de choses autour d’elle, et quand il est dans les parages, elle se comporte d’une façon… Incohérente. J’ignore l’emprise qu’il a sur son esprit. »

Hélas, les machinations de cet être à la crinière de feu ne semblent connues que du diable. Qui sait quelles terribles malédictions ont prononcé ses lèvres couvertes de sucre glace ? Sa réflexion s’interrompt à l’instant où le blond évoque le Lien qui pourrait les unir.

« Eh bien… C’est-à-dire que… Son nom n’est pas sur ma Liste. Tu crois qu’il pourrait y avoir une erreur ? »

Les prunelles pleines d’espoir, Seiji relève la tête vers Andrea, inconscient du fait que le nom auquel il pense n’appartient pas à la belle _ ils n’ont pas même une lettre commune. Peut-être les Aetheri ont-ils oublié quelqu’un ; ils ne semblent pas s’être penchés de près sur son berceau.

« Déjà, elle semble très malheureuse. Je la vois souvent préoccupée ou mécontente. Parfois, elle traite les autres affreusement mal, elle se moque d’eux, on dirait une vraie Sorcière. Pourtant, je sais que son âme déborde de lumière. À d’autres moments, elle se montre attentionnée, elle donne sans compter, elle rend service dès qu’elle le peut. Une fois, je l’ai même surprise en train de pleurer. Je n’ai pas regardé longtemps, ça me déchirait le cœur de la voir souffrir sans pouvoir la consoler. Et surtout, elle a toujours l’air d’avoir peur de quelque chose, comme si une menace planait autour d’elle et qu’elle ne pouvait rien y faire. »

Une situation qui, à son humble avis, relève de l’absurde. Par manque de connaissance, ou par défaut d’imagination, il n’envisage pas que bien des périls se dressent dans les couloirs d’une école ; non, le danger vient d’ailleurs. À commencer par la perspective qu’elle puisse le voir. Que penserait de lui, qui ne réussit rien dans ses bons jours et laisse la maladie le clouer au lit dans les mauvais ?

« Tu as raison. Je devrais travailler plus, et m’efforcer de devenir meilleur chaque jour. C’est le moins que je puisse faire, et si ce n’est pas pour elle, ce sera pour mon Maître. »

Déjà, un plan s’étale sous son crâne de crétin. Il faut commencer par rentrer à l’atelier, et défaire la valise où ses instruments lézardent. Ensuite, se procurer un parchemin pour esquisser les pièces au lieu de gâcher de précieux matériaux, commander une once de bois ou un bloc de métal, et…

« Asriel ? »

Un instant, l’Hanatsu garde la bouche grande ouverte, affecté par le terrible monstre de l’oubli. Lorsque les syllabes secouent son système nerveux, il prend un air tout à fait sérieux.

« C’est bien le problème. Il est très gentil, il me laisse libre de tout faire, il se montre patient et il est incroyablement passionné par tout ce qu’il fait. Il ne regarde pas à la dépense quand je lui demande quelque chose. La dernière fois, j’ai parlé d’un ouvrage sur les figurines en métal, et quelques jours après, il m’en avait trouvé une copie, et demandé à une de ses connaissances si je pouvais utiliser sa forge. Le lendemain, j’ai fait tomber le parchemin dans le feu… C’est comme si… Comme s’il était la parfaite moitié d’une pièce, mais que la mienne ne s’y emboîtait pas, parce qu’elle est trop cabossée. »

Son regard tombe, non loin de là, sur une figue trop mûre, noircie par le temps et les insectes. Le dégoût peint une grimace sur son visage, avant qu’il ne continue sur sa lancée.

« Mais il n’est pas très drôle, c’est vrai. Il suit toujours tout un tas de règles. Je trouve ça ennuyeux. »

Le rouge lui monte aux joues. Jamais encore il n’a formulé son ressenti à voix honte, et la honte, comme une compagne aux tendances obsessives, vient se rappeler à lui. En lui, toutefois, le soulagement de la confession fait son chemin.

« Bien sûr, pour créer, pour être, il faut toujours un cadre. Sans ça, on n’arrive pas à grand-chose et on ne progresse pas. Mais je crois que chez tous les artistes vit une petite part de chaos. Je crois que si je la découvrais, je m’entendrais à merveille avec lui. »

Mal à l’aise à l’idée de s’étendre sur le sujet _ à l’idée surtout, qu’un Ange ne cache rien de ce genre _, il penche la tête sur le côté, interrogeant à nouveau le blond.

« Dis, tu parles toujours de ton Aisuru, mais tu n’as jamais rencontré un membre de ta Liste. Par qui tu commencerais ? Est-ce qu’il y a des gens célèbres, ou qui te font peur ? Est-ce qu’il y a des choses qui te feraient renoncer au lien, même si tu adorais l’un d’entre eux ? Qu’est-ce qu’il devrait t’apporter, avant tout ? »

Peut-être ferait-il mieux lui-même de se poser de telles questions, plutôt que de partir à l’assaut de sa Liste bille en tête. Hélas, il ne renonce pas facilement ; dans leur miséricorde, ou leur ironie, les Très Grands l’ont affublé d’une certaine obstination.

« Si tu pouvais le fabriquer comme une poupée à qui tu donnerais la vie, à quoi il ressemblerait ? »

Des images confuses frappent ses rétines : une fée gracieuse comme l’océan, un masque de soie sur un sourire. Troublé, il se détourne d’Andrea, espérant que celui-ci ne saura pas voler les secrets de son regard. Un battement d’ailes dans son champ de vision l’arrache à ses tourments.

« Ça alors ! C’est un papillon de vœu ! »

Surexcité, l’adolescent bondit comme un tigre, renversant à terre la bouteille, heureusement presque vide. L’alcool et le soleil décuplent soudain son énergie.

« Si on le suit jusqu’à ce qu’il se pose sur une fleur, il faut faire un souhait, et n’en parler à personne. Alors, si on se montre bon avec la nature, Phoebe l’exauce dans l’année. »

En dépit de ses évidentes lacunes en matière d’éducation, le violet raffole des légendes que Nanami lui raconte, entre deux prières, et dresse toujours l’oreille lorsqu’elle commence à psalmodier.

« On ne peut pas souhaiter tout et n’importe quoi. Il y a des domaines, selon la couleur de la fleur qu’il choisit. Je ne me souviens pas de toutes. »

Les sourcils froncés en tâchant de se remémorer les détails, il tend la main vers Andrea, des éclairs dans les jambes. Une fois de plus, il va falloir courir.

« Tu viens ? On va le perdre de vue ! »

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Andrea
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Andrea
Dim 12 Nov 2023 - 16:12

[Quête] Le meilleur des mondes | Andrea Vkgj
Le Meilleur des Mondes



Ma mâchoire inférieure se décrocha. Mes craintes refoulées par la logique implacable de ces quelques mots, je songeai soudain que la magie et tous ses mystères ne faisaient pas le poids face à l'influence des conseils d'un ami. La poitrine soulagée d'un poids énorme, mes épaules s'agitèrent d'un rire léger. « Je n'y avais pas pensé de cette façon. C'est pourtant si évident présenté ainsi. Je me sens idiot maintenant. Je le suis sans doute. C'est un des symptômes de l'amour, ai-je entendu un jour. Je n'avais pas vraiment compris, jusqu'à aujourd'hui. Merci. » J'aurai voulu insuffler dans ma gratitude davantage que ce simple mot, et me jurai de rester à ses côtés à jamais, de le soutenir dans le présent et dans l'avenir. Cette promesse murmurée au fond de moi-même n'avait pas besoin d'être évoquée pour exister. Mes actions s'exprimeraient bien mieux que mes lèvres pourraient jamais le faire.

« J'ignore si je pourrais te le montrer, mais je peux te donner quelques références d'ouvrages sur le sujet. Je ne m'y suis pas exercé, mais j'y songe. Plusieurs Orines y ont recours avec leur Aisuru, et je veux aussi surprendre Wakiya. Même si je pense que ça la ferait sans doute rire de me voir essayer de maîtriser les rudiments de son Art. » Je n'en dis pas plus, préférant laisser mon confrère se faire sa propre idée dans les parchemins et les livres sur le shibari.

Fidèle à ma précédente promesse, je m'appliquai à écouter avec attention ses tribulations sur cette princesse étrangère qui le fascinait. S'il voulait la rencontrer, je voulais l'y aider. « Je te crois, pour ce lien. Il m'arrive parfois de ressentir ça avec certaines personnes. C'est inexplicable, mais c'est présent, aussi sûr que ton coeur bat dans ta poitrine. Je sais aussi que ce lien saura vous réunir en temps voulu. Liànjiē ne se limite pas aux liens entre une Orine et son Aisuru, ses fils se déploient dans l'univers qui nous entoure. Il nous lie toi et moi, et il te lie avec cette jeune fille, et ce pour une raison connue de lui-seul. »

Emporté par son enthousiasme à l'idée de pouvoir la trouver, je me surpris à sentir une nouvelle énergie se diffuser dans mes membres malgré la course éperdue que nous venions d'effectuer. Pendant une seconde, je me vis abandonner tous mes projets juste pour le suivre et l'aider dans sa quête, sauver cette étrangère des mains du Sorcier et de sa malédiction. Je me souvins de la sagesse de Ren. Avec une aisance redoutable, elle avait su lire en moi, elle avait su voir que j'étais prompt à m'effacer et à dépenser mes efforts pour autrui en m'oubliant moi-même. Il n'était pas évident de lutter contre ma nature, je voulais juste accompagner ceux que j'aimais. Les voir heureux me rendait heureux, et je peinais encore à percevoir ce qu'elle avait réellement voulu me faire comprendre. Je ne voyais pas quel mal il y avait à tout donner à ceux qui le méritaient à mes yeux. Selon moi, c'était même là tout ce qui constituait l'essence de notre peuple. Quand j'envisageais mon futur, je le voyais toujours au travers des autres. De mon Aisuru, en premier lieu, mais aussi à travers les êtres qui m'étaient chers, mes amis, Natsumura, Wakiya, même la petite Eiko qui avait su capturer mon coeur en l'espace de quelques secondes. Cette enfant était diaboliquement mignonne, et elle ne le faisait même pas exprès. Je savais qu'un jour, elle mettrait le monde et les divins à ses pieds. Un monde condamné à fabriquer des colliers de perle n'était pas déplaisant à imaginer.

« La Liste peut changer. Je pense que la volonté d'une Orine prévaut sur la Liste. J'ai d'ailleurs décidé de ne plus regarder la mienne. Je fais confiance à Liànjiē, je sais qu'en ouvrant les yeux, je saurais voir les signes qui me guideront jusqu'à mon Aisuru. Il en sera de même pour toi. Et si cette mystérieuse fille ensorcelée n'est pas celle qui t'est promise, elle aura sans doute une influence sur ta vie. Il ne reste qu'un moyen de découvrir de quelle façon. J'aimerais t'aider à la trouver. Tes confidences ont éveillé ma curiosité, est-ce que tu m'enverras une lettre lorsque tu la rencontreras ? Je suis impatient de découvrir la suite de tout cela. »

Songeur, je laisse mon regard errer sur les dégradés de verts que le feuillage prenait au dessus de nos têtes. Comment formuler de façon délicate qu'Asriel ne semble pas être le bon ? En temps normal, je m'efforçais de ne pas m'occuper des affaires des autres, mais voir la peine et la culpabilité ternir le halo joyeux du violet m'était trop insupportable pour ne pas réagir. Soigneusement, après les avoir mesurés avec soin, je repris la parole. « Ton expérience avec Asriel est une bonne chose, et tu n'as pas à regretter ces moments que vous partagez, même si tu n'en tires que de l'amertume et du malaise sur l'instant. Cela te permet de mieux percevoir ce que tu recherches, et quelle personnalité te conviendra le mieux. Ce n'est pas de ta faute si Asriel n'est pas l'Aisuru dont tu rêvais, pas plus que ce n'est la faute d'Asriel. Peut-être est-il trop tôt pour vous deux, ou pour toi ? Tu es encore jeune, tu as encore beaucoup à vivre avant de te lier. C'est ce qu'Eizen a choisi de faire. Elle ne m'a jamais confié son âge, mais de nos discussions et des détails qu'elle laisse échapper, je devine que cela fait plusieurs dizaines d'années qu'elle parcourt le monde et vit pour elle-même. Elle désire se lier, mais pas tout de suite. C'est la même chose pour Wakiya. Nous sommes sans doute trop impatients, toi et moi, et j'ai bien peur que nous sommes incapables d'écouter les conseils avisés de nos aînés en la matière, nous sommes voués à trébucher sur nos erreurs. En tout cas, ne te morfonds pas pour Asriel. Si cela ne fonctionne pas, ne laisse pas les choses s'éterniser. Remercie-le pour le temps qu'il t'a accordé, montre-toi reconnaissant. Il comprendra que tu sois appelé ailleurs. Et il a dû lui même arriver à cette conclusion, et peut-être n'ose-t-il simplement pas s'en ouvrir à toi, pour ne pas te vexer ? »

Sa question soudaine me fit ciller de désarroi. Seiji avait toujours été un peu spécial. Certains auraient pu le qualifier de simplet, mais la vérité, c'est que son esprit évoluait sur des routes invisibles aux autres. Plutôt que souligner l'étrangeté de sa question, j'y réfléchis sérieusement pour y apporter une réponse qui satisferait sa curiosité. « Je ne sais pas trop, je ne crois pas que j'irais rencontrer quelqu'un de célèbre dans ma liste en premier, je serais beaucoup trop embarrassé, je ne saurais pas quoi dire ou faire. Mieux vaut que je fasse comme toi. Et si je pouvais fabriquer une poupée à son effigie, je pense qu'il ne ressemblerait pas à grand chose, je n'ai pas ton talent. En revanche, je sais que je prendrais plaisir à le dessiner quand il dormira, ou qu'il sera occupé à faire quelque chose qu'il aime. C'est sans doute niais et tu vas te moquer mais j'aimerais surtout me tatouer un symbole le représentant sur moi, et faire de même sur lui. »

Une nouvelle distraction arracha le violet à notre conversation qui s'éparpillait déjà sur de multiples sujets. Mon regard chercha le papillon des yeux mais c'est sur Seiji qu'il finit par s'arrêter. Un sourire attendri étira mes lèvres. Par certains côtés, il agissait encore comme un enfant. Natsumura était similaire, leurs âmes d'enfant encore prisonnières de cette enveloppe qui mûrissait implacablement. Le temps m'apparaissait trop cruel de ne pas consentir à s'arrêter pour ces êtres qui n'avaient pas encore fini de savourer les délices de leur jeunesse. Sans hésiter, je pris la main de Seiji pour le suivre, prêt à courir encore pour ne pas gommer le bonheur de son visage.

Message V & Fin nastae | 1431 mots


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Happy St Valentin  nastae:

Merci Jil  [Quête] Le meilleur des mondes | Andrea 009 :
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