-26%
Le deal à ne pas rater :
Bosch BBS8214 Aspirateur Balai Multifonction sans fil Unlimited ...
249.99 € 339.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 Ce que l'ombre n'a pas éteint | Dastan

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Lun 27 Mar 2023, 15:04


Ce que l'ombre n'a pas éteint
Dastan & Sól
RPs liés ; La guerre et l'insouciance, L'ombre brille, l'éclat s'éteint

Sól se figea. Ses deux prunelles azurées s'étaient ancrées à la silhouette du Feu Follet. Il était blessé, mais en un seul morceau. Vivant. La blonde sentit ses entrailles se soulever puis s'alourdir. L'Espoir avait jaillit en elle, mais elle refusait de s'y accrocher, malgré l'envie poignante qui faisait tambouriner son palpitant - lorsqu'on s'y fiait aveuglément, la chute était toujours trop brutale, et ne laissait qu'un terrain de cendre sur lequel pleurer. Elle croyait à un mirage, à un sortilège lancé par les sorciers - la rationalité n'avait pas de place dans son raisonnement. Elle papillonna des yeux, comme pour le chasser de son champ de vision, d'effacer ce fragment irréel qui la tiraillait... Pourtant, sa tignasse rousse s'obstinait à s'incruster sur sa rétine.

« Dastan est mort. » se répéta mentalement la guerrière. Pourtant, ses pas changèrent de direction et elle délaissa sa famille, qui rejoignait lentement leur foyer, dans un mélange de soulagement et de peine - ils avaient partagé une longue étreinte, après l'annonce du décès de Nin. « Il est mort, sur le champ de bataille d'Amestris. » Malgré elle, ses jambes s'accélérèrent.  L'Espoir lui brûlait la cornée, tailladait son cœur, creusait son ventre. Elle ne voulait pas lui laisser gagner de terrain, car si elle se laissait aller à cette illusion, elle ne parviendrait pas à retenir la porte et les fantômes du passés qu'elle avait repoussé jusque là ressurgiraient violement. « Ceux qui sont morts et se relèvent ne sont plus les mêmes. » Sól passa sa main sur le morceau de ferraille attaché à sa ceinture - ce qu'il lui restait de son épée. S'il s'agissait d'un piège des Sorciers, elle devait le déjouer avant qu'il ne cause plus de dommage. Avant qu'il ne se mette à semer la mort.

Sól se figea devant le rouquin, prête à dégainer son arme. Pourtant, elle arrêta son geste. Leurs regards s'étaient croisés. Elle y avait lu une détresse semblable à la sienne, une douleur si profonde qu'il était impossible de la feindre. Une lueur de vie qui n'avait pas luit dans les prunelles d'Ebaar ou de Smoliin. Dastan n'était pas un cadavre. Il n'était pas un corps ressuscité par leurs assaillants. « Dastan est vivant. »

La Tynath'thuk s'avança d'un pas mais, au lieu de serrer la silhouette de l'Insaisissable, elle porta son poing pour marteler la poitrine de l'adolescent. Plutôt que soulagée, elle culminait de colère. Le souffle lourd, la blonde scruta le visage de son ami. Elle décida qu'un seul coup n'était pas suffisant et réitéra son attaque. Les larmes s'échappèrent de nouveau de ses yeux, sans qu'elle ne puisse les retenir. « Tu étais mort ! » cria-t-elle, accusatrice. « Tu n'étais nulle part ! » l'engueula-t-elle, le repoussant. La blonde passa ses mains dans ses cheveux, les tirant en arrière, comme pour que la douleur la ramène à la réalité - elle s'attendait encore à se réveiller, à sentir la déception la crever de l'intérieur lorsqu'elle réaliserait que rien de tout cela n'était vrai. Elle lutta encore un instant contre ses sens, se mordant furieusement les lèvres, avant d'abdiquer et d'attraper le rouquin par la chemise, qu'elle attira à elle. Elle l'enlaça et le serra contre elle, comme une naufragée s'agrippant à un morceau de bois flottant. La blonde éclata en sanglots brûlants. « J'ai cru qu'on t'avait perdu aussi. » laissa-t-elle échapper dans un murmure enroué. « J'ai eu tellement peur. » Tellement mal, aussi. La guerrière resserra davantage sa prise, comme si elle craignait qu'il se défile, maintenant qu'elle avait concédé à y croire. L'adolescente renifla puis s'éloigna quelques secondes, pour mieux l'observer. Elle inspira, prête à parler, mais les sanglots la coupèrent dans son élan. « J'ai vraiment cru que tu étais mort. » chuchota-t-elle, après avoir déglutit. Elle avait imaginé les pires des sorts. Elle avait été persuadée que les mages noirs avaient déshonoré son cadavre, comme ils l'avaient fait avec tant d'autres. Le flot de ses sentiments se perdait dans un ouragan et, de nouveau, son inclination vira de bord. Elle frappa les épaules du Kiir'Saqhon du plat de ses mains. « T'es vraiment qu'un con, Belegad ! » Parce qu'il aurait dû les retrouver plus tôt, pour mettre un terme à leur cauchemar. Parce qu'il les avait laissé, Asha, Draegr et elle, le pleurer et souffrir de sa perte durant des semaines.
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37253-davina
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3874
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Ven 26 Mai 2023, 08:25




Ce que l’Ombre n’a pas éteint

En duo | Sól & Dastan


RP lié (suivant et précédent) : La guerre et l’insouciance.


Les cheveux de Draegr charriaient l’odeur du réconfort. Des traces d’embrun les parfumaient encore, mais la senteur douce et chaleureuse de leur terre y était toujours imprégnée, comme s’ils avaient tant baignés leurs corps dans la boue et les champs qu’ils en étaient devenus partie intégrante. Sans eux, Lumnaar’Yuvon n’était plus tout à fait elle-même ; les griffes de l’absence éventraient le sol, l’air et le ciel. Dans ces stries dégoulinantes ne pouvait se loger que l’amas puant de la tristesse, de la colère et du désarroi. Chaque matin, les prés suintaient d’une rosée malheureuse. Quand il sentirait à nouveau leur fraîcheur étouffante, il se rappellerait de l’odeur du réconfort qui enveloppait le crâne de la brune, et si elle était près de lui, il l’attirerait contre son torse, il l’entourerait de ses bras, il se blottirait contre sa poitrine, il respirerait la senteur de son cou, de ses épaules, de ses seins, de son ventre ; il l’inspirerait toute entière, il enfumerait ses poumons de sa présence, il soufflerait ses cauchemars contre sa nuque ou dans le creux de ses hanches, là où ils n’auraient pas d’autres choix que de mourir. « Je vais rejoindre ma famille. » Il rouvrit les yeux et la regarda. Elle ne s’était pas détachée de lui. Ses grands yeux bruns le scrutaient. Lentement, il acquiesça. « On peut se voir ce soir ? J’ai besoin d’être avec toi. » - « Oui, ce soir. » L’une de ses mains remonta vers son visage, et il replaça derrière son oreille une mèche tombée de sa queue de cheval. « Tu peux passer chez moi. » Elle opina, le serra une dernière fois contre elle, puis s’en alla. Avant de rejoindre définitivement ses proches, elle lui adressa un signe de la main. Malgré lui, il eut peur que ce ne fût le dernier. Qu’elle partît et ne revînt jamais. Qu’elle n’eût été que l’incarnation fugace d’un rêve. Une illusion.

Quand il ne pût plus la voir, son regard dériva sur sa propre famille. Ses parents, Yngvild. Son cœur se serra. Parce que la Kiir’Sahqon était collée à Vrael et Asha, là où il aurait tant voulu être, là où il ne trouvait plus sa place. Et surtout, pour sa sœur, esclave et accusée ; pour son frère, absent et disparu. Était-il mort sur le champ de bataille ? Avait-il été fait prisonnier, comme Freyja ? Que deviendrait-elle, coincée là-bas, asservie aux désirs d’un Sorcier ? Il eût été préférable qu’elle mourût. Elle aurait moins souffert et la honte aurait été moins grande. Et Priam… L’incertitude lui tordait les boyaux. Il revit le loup, sa violence et sa hargne. Quand il en avait parlé à son père, celui-ci lui avait répondu que ce devait être Arz’Sehif qui protégeait son peuple. Il n’en était pas certain. Par instant, il lui semblait que les Zaahin les avaient parfaitement abandonnés. Pourquoi ne les avaient-ils pas sauvés ? D’autres fois, il leur trouvait des raisons. Il essayait de se convaincre que cette épreuve engendrerait un renouveau. Il n’y arrivait pas ; il finissait toujours à genoux et en larmes. La rage et le désespoir lui crevaient la poitrine. Quand il pensait à l’ancien Prince Noir, c’était pire. Il aurait voulu pouvoir s’écarteler la cage thoracique, arracher son cœur et le jeter aux porcs.

Un mouvement sur le côté attira son attention. Il pivota légèrement, juste pour se retrouver face à Sól. Son palpitant se figea, perclus de soulagement, malgré la main qu’elle avait crispé sur la garde de son arme, malgré la suspicion et la froideur qui assiégeaient ses yeux bleus. Le coin droit de sa bouche remonta légèrement, à peine ; ce n’était ni un sourire, ni une grimace, à peine un souffle de vie. Les poings s’écrasèrent contre son thorax. Il ne chercha pas à s’y soustraire ; il ferma les paupières une seconde, puis il étendit ses bras pour essayer de l’envelopper, en disant tout bas des mots calmes, des mots doux, des mots tendres, des mots que la guerre et l’horreur semblaient avoir rayé de la surface du monde. Quand elle le repoussa, il recula. Ses propres larmes s’étaient remises à couler. « J’aurais préféré être avec vous. » dit-il. Sa disparition, bien qu’involontaire, sonnait comme une traîtrise. Il aurait dû rester jusqu’au bout sur ce champ de bataille. Les voir tomber, les voir souffrir. Repartir avec eux, la jambe traînante et l’âme claudicante. Ou demeurer là-bas, mort, son cadavre enchevêtré dans la masse grouillante des macchabées. Au lieu de quoi, il s’était retrouvé avec Érasme, à l’abri de sa tour, dans ses vêtements soyeux, dans ses draps chauds, au cœur de la forteresse ennemie, là où la guerre ne pénétrait pas. La culpabilité le dévorait ; face aux yeux de la blonde, elle n’était plus qu’une bouche béante avide d’aspirer toute sa lumière. Dans les ténèbres, une forme de réconfort existait, comme dans les cheveux noirs de Draegr ; dans les ténèbres, plus rien ne comptait.

Naturellement, ses bras accueillirent Sól. Il la pressa contre lui. Il renifla, passa une main sous son nez, le plongea dans sa chevelure dorée. Elle sentait comme les blés, et comme la douleur. Elle avait cette odeur de fer, vague, ténue, qu’il avait senti si fort au creux de la bataille. Le Réprouvé ferma les paupières. « J’ai failli, mais je suis là. » se contenta-t-il de répondre. Dans quel état ? À quel prix ? Combien y avait-il de vies perdues qu’il aurait pu sauver, s’il était resté ? Le claquement des mains de la Tynath’Thuk contre ses épaules raviva des battements dans son cœur. Il eut un rire bref, malade. « Ouais, je sais. » Une ébauche de sourire fatigué recourbait ses lèvres. « Je suis désolé. » La sincérité effaça de ses traits toute trace d’ironie, de sarcasme ou de moquerie ; elle ne laissa voir que la détresse. « J’aurais voulu être avec vous. » Sa voix se brisa. Il avait passé les pires semaines de sa vie, à attendre qu’ils revinssent, sans savoir s’ils étaient vivants ou morts, à ne côtoyer que la culpabilité, le sentiment amer qu’avait laissé la traîtrise d’Érasme, et le poids si lourd des secrets qu’ils avaient inventés. Il avança d’un pas vers elle et la reprit dans ses bras. « C’était le hasard, Sól, j’ai juste eu de la chance. » Il la serra contre lui, avec une forme de désespoir et de violence, ceux qui pulsaient depuis son cœur et jusqu’au bord de ses yeux. « Je suis désolé de pas avoir été là, et je suis désolé que vous ayez vécu ça. » Il déglutit. « Mais maintenant, je suis là, et vous êtes là aussi, alors… » Il s’interrompit. Il ignorait quoi dire. Il reprit les paroles de son père : « Maintenant, on va avancer ensemble. On va essayer, en tout cas. » Mille questions lui brûlaient les lèvres, mais c’étaient mille interdits et mille terreurs. Il avait peur des réponses. Alors, il ne demanda rien ; et dans le silence, il attendit qu’elle prononçât quelque chose – des mots avec du sens, peut-être même une sentence.



Message I – 1191 mots




Ce que l'ombre n'a pas éteint | Dastan 1628 :


Ce que l'ombre n'a pas éteint | Dastan 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Ven 26 Mai 2023, 15:52


Ce que l'ombre n'a pas éteint
Dastan & Sól

Le sourire désamorça les ténèbres. La rancœur s'envola, comme soufflé par un souffle d'air frais. Elle laissa la place à la gratitude et au soulagement. Dastan était vivant, là, devant elle : elle le tenait, le sentait, le voyait, l'entendait. Malgré elle, la blonde sentit le coin de ses lèvres se redresser, en écho du sourire de son ami. « Ouai bah sois pas trop fier, si j'étais pas aussi heureuse de te voir vivant, je t'aurais déjà envoyé bouffer les pissenlits par la racine ! » accusa la guerrière, administrant une pichenette sur l'épaule de son frère d'arme. Il avait beau être en un seul morceau, il avait piètre mine et, d'une certaine façon, la blonde avait peur de l'abimer si elle tapait trop fort. Il avait pris cette place particulière, de ces choses que l'on traite avec un soin infini de peur de le briser et de se détruire un peu soi-même. Il était devenu une lueur d'espoir, mince et vacillante mais précieuse et chérie. Le voir ainsi, blessé, meurtri et désespéré, semblait raviver chez Sól ses propres douleurs. Elle aurait voulut le serrer dans ses bras et faire disparaitre tous ses maux. Comme pour tous les autres, elle en était incapable. Elle était une Ange, mais sans la capacité de soigner ou d'apaiser. Sa part d'Ombre semblait l'avoir privé de cette faculté.

Aussi, lorsque le sourire du roux s'évanouit, la Tynath'thuk sentit son cœur se déchirer. Sa gorge se noua et ses yeux larmoyèrent de nouveau. Elle avait perçu dans son timbre et son regard, la détresse qui le hantait et qu'elle ne pouvait chasser. Lorsqu'il s'avança vers elle, elle ne le repoussa pas, cette fois. Elle l'accueillit et lui rendit son étreinte. Le contact physique était toujours plus parlant, chez ce peuple qui maniait peu les mots. Une simple caresse pouvait valoir une folle déclaration d'amour. On pouvait, dans une accolade, transmettre tout le courage du monde. Ou, dans une enlassade, offrir tout le soutien d'un peuple. La Kendov nicha son visage dans le creux du cou - elle s'imprégna de l'odeur du Belegad, ancra dans sa mémoire la force de son contact. Elle lui retournait une pression équivalente, qui témoignait autant son inquiétude que son amour. « Ne t'excuse pas. » C'était un ordre. La blonde ne supportait pas de l'entendre prononcer ces paroles avec tant de culpabilité. « Ne t'excuse pas d'être en vie - jamais. Tu as survécu, c'est tout ce qui compte. Nous sommes là maintenant, et toi aussi. » dit-elle tandis que le roux se plongeait dans un silence. « C'est tout ce qui compte. » répéta-t-elle avec une conviction injonctive. L'Ange s'était mise à passer sa main dans la tignasse de feu, dans un geste protecteur, presque maternel. « Oui. » fit-elle, un sourire étirant ses lèvres à travers ses larmes. Elle était impressionnée par les paroles de l'adolescent. « On est des Réprouvés. On continuera à aller de l'avant, comme toujours. Être mis à terre, se relever. » Peu importa les obstacles, peu importa le massacre. Ils ne se laisseraient pas abattre totalement. Tant que la vie subsistait, alors leur hargne et leur ténacité continuerait d'exister.

La Manichéenne se retira légèrement, sans s'extirper de l'étreinte. Elle plaça ses mains de chaque côté du visage de son ami. Elle se mordilla les lèvres, l'esprit embrouillé par milles questions qui se bousculaient, sans parvenir à en formuler une. Ses saphirs bondissaient d'un rubis à un autre. « Comment... » Comment avait-il fait pour revenir ici, plus vite que tout le reste des survivants, en étant seul ? La chance avait peut-être été un facteur mais elle n'était pas l'explication. L'interrogation la taraudait. Pourtant, elle la délaissa au profit d'une autre, plus pressante. « Est ce que... Est ce qu'ils... » Sa gorge se noua d'anxiété, et la blonde trembla. Elle redoutait de déjà connaître la réponse à sa question. « Priam... Et Laëth... » murmura-t-elle avant de se mordre les lèvres. Elle n'arrivait pas à terminer sa phrase mais elle était évidente. Etaient-ils rentrés avec lui ? Etaient-ils ici, eux aussi ? Si cela avait été le cas, alors ils seraient sortis accueillir les rescapés. Pourtant, la brèche laissée par la survie de Dastan offrait à toutes les folies un chemin vicieux jusqu'aux espoirs de la blonde. Elle avait besoin de l'entendre dire, pour mettre un terme à tous ses doutes.  
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37253-davina
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3874
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Mar 25 Juil 2023, 21:42




Ce que l’Ombre n’a pas éteint

En duo | Sól & Dastan



Dastan acquiesça, les yeux humides des larmes qu’il tentait de retenir. La culpabilité, la joie et la détresse se mêlaient dans un ballet infernal ; elles s’accrochaient autour de son cœur et l’entraînaient d’avant en arrière, à gauche, à droite, elles le fracassaient contre ses os et riaient de ses déboires, elles étaient toutes cruelles. Il se détestait d’avoir survécu, il détestait quiconque l’avait arraché au champ de bataille pour le jeter dans la chambre d’Érasme, il détestait le Sorcier de l’avoir sauvé, soigné et caché, il détestait ce qui les avait téléportés dans ce souterrain miteux, puis à Adraha, il détestait cette foutue douche, il détestait l’insouciance de Lucius, et la sienne lui crevait tout simplement la poitrine. Comment pouvait-elle encore exister, après tout ça ? Comment pouvait-il avoir l’audace de rire, de s’amuser ? La vie n’aurait plus dû avoir cette emprise sur lui. Après avoir vu l’horreur et la mort, il n’avait plus le droit d’être un enfant, ni même un adolescent. Il devait se comporter en homme, en guerrier. Les guerriers protégeaient leur peuple. Ils ne le trahissaient pas. Ils n’abritaient pas l’ennemi. Ils ne se mutilaient pas pour lui. Ils n’acceptaient pas ses baisers. Ils ne pensaient pas à lui comme lui songeait à Érasme. Tout ce qu’il avait commis le rongeait. À chaque fois que le grand bleu s’imposait à lui, son ventre se nouait d’une tension nauséeuse. Il avait failli.

Le roux posa ses mains sur les avant-bras de Sól, et du bout des pouces, les caressa doucement. Il tenta un sourire, dont les coins se noyèrent dans ses larmes. Il n’avait pas envie de répondre aux questions de la blonde ; seul le désir de s’allonger, roulé en boule contre la chaleur d’un corps, le poignardait. Pourtant, quand les noms de ses aînés franchirent ses lèvres, l’étincelle qui frappa son regard bleu réanima l’esprit de l’adolescent. Il savait qu’elle tenait à eux, et surtout à Freyja. Son palpitant se mit à tambouriner. La bouche pâteuse, il parvint à articuler : « Ils ne sont pas là. » Et si elle le lui demandait, cela signifiait que son frère n’était pas rentré avec eux. Ses mains gravirent les bras de la Réprouvée jusqu’à ses épaules, pour la ramener contre lui. « Ils ne sont pas morts. » Sa gorge se noua. « Je suis sûr que Priam s’en est sorti. Il est fort, courageux, intelligent et… » Il n’avait pas le droit de mourir, tout bêtement. Tout Ange coincé du cul qu’il était, il devait revenir. Il faisait partie de la famille, et la famille, c’était quelque chose d’incassable, d’indestructible, d’inséparable. Un socle inébranlable. « S’il était mort, je le saurais. » Il le sentirait. Perdre un proche, ce devait être comme… comme perdre un bras ou une jambe, non ? On ne pouvait pas le manquer. On le sentait au fond de ses tripes. On le constatait tous les jours, au moindre mouvement, au moindre souffle. Le cri du loup trouva un écho entre ses poumons ; il prit une profonde inspiration.

Ses doigts s’étaient faufilés dans les cheveux de son amie, qu’il caressait délicatement. « Et Freyja… Elle a essayé d’intervenir contre les Archimages et l’Empereur, quand ils… » Se remémorer la scène était une chose. La verbaliser, une autre. Elle demeura coincée dans sa mémoire. « Elle a été faite prisonnière. Elle devait être jugée le lendemain de la guerre, mais je ne sais pas ce que ça a donné, parce que… Tu connais Lumnaar’Yuvon. » Il esquissa un sourire désolé. Les nouvelles leur parvenaient trop lentement. « Je pense qu’ils ne l’ont pas tuée. Ils lui ont posé la marque des esclaves, ces chiens. » Il serra les dents, et tourna son visage pour respirer l’odeur des cheveux de Sól. Elle était réconfortante. « Si son Magicien ne gagne pas les enchères, je crois qu’elle va rester là-bas un moment… » Peut-être qu’il allait l’emporter. Il fallait bien qu’il servît à quelque chose. Sinon, elle reviendrait aussi. À l’instar de Priam, elle n’avait pas le choix. « C’est une guerrière, elle va s’en sortir. Elle ne les laissera pas la malmener et la traiter comme une esclave. » Il ignorait tout des entraves magiques qui pesaient sur les asservis. « Tu la connais, elle préférerait crever plutôt que de courber l’échine. » Réalisant sa maladresse, il ajouta : « Je suis sûr qu’elle va s’échapper et revenir ici. » Pour le risque qu’elle avait pris, elle serait sans doute traitée en héroïne. Il aurait aimé avoir été capable d’autant de bravoure – de folie, diraient certains. Sa peur l’avait paralysé. Il serra un peu plus la blonde contre lui. « Et toi, ta famille ? Comment ils vont ? »



Message II – 790 mots




Ce que l'ombre n'a pas éteint | Dastan 1628 :


Ce que l'ombre n'a pas éteint | Dastan 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Lun 07 Aoû 2023, 10:40


Ce que l'ombre n'a pas éteint
Dastan & Sól

Ce fut comme si on l'avait poignardé dans le cœur. Il n'y avait aucune lame, aucune plaie, pourtant, son palpitant se serra douloureusement. Comme si le Diable en elle se moquait de l'Ange et de son Espérance. Il avait resserré sa poigne invisible sur sa pompe émotionnelle, comme pour l'écraser entre ses doigts, essayer de le réduire en miettes et en poussières qu'il n'aurait qu'à disséminé dans le vent pour la vider définitivement de toute Vertu. Sól sentit sa gorge se tendre, les muscles de son corps se contracter à mesure que sa respiration se faisait courte. Les larmes qu'elle essayait de refouler l'avaient de nouveau submergé et avaient embué ses yeux, floutant le visage qui se tenait juste devant elle. La blonde repensa aux paroles de Hazaan, lorsqu'Asha et elle avaient désespérément cherché à retrouver les dépouilles des enfants Belegad sur le champ de Bataille. Ceux qui n'étaient pas revenus à Lumnaar'Yuvon étaient restés là-bas. Ceux qui n'étaient pas ici étaient morts. C'était une certitude. Tu ne les reconnaîtrais même pas avait assuré le Thur. Aussitôt, la Kendov s'imagina les dépouilles des deux Anges, éventrés, défigurés, laissés les tripes à l'air sous l'étendu du ciel gris, déchiquetés par les charognards qui ses disputeraient leurs cadavres. La pensée provoqua un haut le cœur à la blonde, qui frissonna de terreur. Elle se mordit violement la lèvre, essayant de contenir ses sanglots et les larmes qui déferlaient de nouveau. Ses mains glissèrent du visage du survivant jusqu'à ses épaules, auxquelles elle s'agrippa.

« Mmh... » bougonna la désespérée. Elle acquiesça aux paroles de Dastan. Non, ils n'étaient pas morts, n'est ce pas ? Si. Elle le savait. Il n'y avait pas d'autre alternative. Un miracle était déjà beaucoup. Il était fou d'en espérer trois. Elle n'avait cependant pas le cœur de nier face à leur frère. S'il n'était pas près à l'entendre, le temps finirait d'étouffer ses espoirs. « Oui... » chuchota-t-elle en continuant d'acquiescer. « Oui, il est fort. » souffla-t-elle. « Il est vivant. » répéta-t-elle sans entrain, sans y croire réellement. Pourtant, le fait de formuler ces mots à voix haute trahissaient la Vertu qui coulait en elle. Le dire, c'était à moitié y croire, secrètement, contre toute raison, c'était refuser de renoncer totalement. Finalement, c'était peut-être à elle qu'il faudrait laisser du temps pour laisser mourir toutes ses illusions.

A l'entente du prénom de son ancien modèle, la jeune femme se figea enfin. Elle écouta attentivement les informations que lui donna le Feu-Follet. Elle ne sut si ses paroles la glacèrent d'effrois, la firent trembler de rage, ou l'allégèrent de soulagement. Laëth n'était pas morte. Elle était vivante. Pendant une seconde, elle cru à une moquerie, mais elle savait que Dastan ne plaisanterait pas sur quelque chose d'aussi sérieux, pas maintenant. « Oui. Elle leur mènera la vie dure. Elle ne se laissera pas faire. » Sól esquissa un sourire. Elle avait beau être une Ange, elle avait du sang de Réprouvé dans les veines. Elle lutterai, même si c'était la dernière chose qu'elle devrait faire. Elle ne se laisserait pas abattre. La condition d'esclave n'était pas idéale. Certains diraient sans doute qu'elle était pire que la Mort. La guerrière s'en trouvait cependant rassurée. Vivante, les Sorciers ne pouvaient pas relever sa dépouille pour jouer avec. Durant tout le trajet, Sól avait été taraudée par le sort de celles et ceux qui avaient été souillés par la magie répugnante des mages des ténèbres. Leurs âmes avaient-elles pu rejoindre les Héros dans la Dilon ? Ou avaient-ils été jeté dans la gueule d'Öodun ? Freyja vivante, il n'y avait pas à s'en inquiéter.

Sól grimaça et se recula lorsque le rouquin lui retourna ses questions, son regard fuyant dans le vide. Parler des autres avaient levé, quelques secondes, le poids de la culpabilité qu'elle avait traîné comme un boulet derrière elle. « Mon père et Máni sont vivants. » dit-elle d'une voix neutre, qui dénotait avec les démonstrations d'émotions qu'elle avait laissé surgir plus tôt. Elle n'était cependant pas capable de faire plus. « Nin... » Elle n'ajoura rien. Cela voulait tout dire. « C'est ma faute s'il est mort. » murmura-t-elle. Elle n'était pas certaine que Dastan l'entendit, ou qu'il l'écouta encore. Le souvenir du meurtre s'était de nouveau incrusté sur ses rétines. « Si j'avais été plus forte, il n'aurait pas eu à me protéger. » Sa gorge nouée la força à déglutir. « Si je n'avait pas été là, il ne serait pas mort. » C'était la première fois qu'elle se confiait. Elle se sentit honteuse. C'était elle qui aurait dû mourir. Elle se détestait d'être encore vivante à sa place. Seule l'idée que sa propre mort aurait entraîné celle de son jumeau empêchait la blonde de se laisser mourir à petit feu pour éteindre la culpabilité qui lui dévorait les trippes. « Ca aurait dû être moi. » dit-elle, amer.

Puis la Tynath'thuk redressa soudainement la tête. Elle lâcha un rire qui n'avait rien de joyeux. Elle s'autorisait à éprouver avec toute la vigueur du monde lorsqu'il s'agissait de souffrir pour les autres. Pourtant, lorsqu'il s'agissait de sa propre peine, elle s'y refusait farouchement, comme si elle craignait que d'autres pussent souffrir à partager son fardeau. Elle essayait de cadenasser, d'enfermer, de refouler au fond d'elle-même pour ne pas inquiéter ceux qui l'entouraient, jusqu'à ce que la chose ne fut plus possible et qu'elle explosa tout à fait. Elle n'avait pas encore atteint ce seuil. La guerrière leva une main et la posa sur la tête du roux. Elle lui ébouriffa tendrement les cheveux, comme elle l'avait tant fait autrefois. « Je suis contente que tu sois vivant, Mal'Gogil... » Elle lui sourit une dernière fois puis tourna les talons pour rejoindre sa famille.
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37253-davina
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

Ce que l'ombre n'a pas éteint | Dastan

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» [Q] - C'est toi la Reine | Dastan
» | Dastan & Yngvild Belegad |
» [Q] L'ombre brille, l'éclat s'éteint.
» [Quête] - Objectif : sauver Dastan
» Le colis mensuel | Odile pour Dastan
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Terres de Lumnaar’Yuvon-