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 [Q] La légende de Gustafaust

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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

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Kitoe
Jeu 27 Juil 2023, 21:58

Intrigue : Faust découvre l'existence du conte et doit apprendre à vivre

Faust & Taj
La légende de Gustafaust
NOT A TOY - BAD MOOD


Faust rentra dans le dortoir. Il était épuisé d’une longue journée de cours qui avait commencé à la première heure et s’était terminée à la dernière. L’adolescent n’avait eu le droit qu’à un tour d’horloge pour manger son déjeuner. Le Démon traina les pieds jusqu’à son lit auprès duquel il jeta son sac. Lui se jeta lui-même sur son matelas en poussant un long soupir. Il respira l’odeur des draps, ferma les yeux et tout à coup, sa journée de merde disparut. De toute cette terre, son lit était le meilleur endroit.

Faust sentit un regard se poser sur sa nuque. Il se désolidarisa de son matelas, se tournant vers le reste du dortoir. Il ne l’avait pas remarqué que Taj se trouvait là. Assis en tailleur sur sa propre couchette, il tenait un livre ouvert entre ses jambes. Ce dernier se replongea dedans dès qu’il réalisa qu’il avait été repéré.

-Quoi ?

-Rien.

Le Démon fit l’effort de renoncer définitivement à la sieste. Depuis qu’il était là, il n’avait pas noué d’affinité particulière avec aucun membre de son dortoir. Chacun y faisait sa vie comme s’il était dans sa propre chambre, à l’exception près qu’il n’y avait pas de cloisons. Taj était le plus jeune.

-Tu lis quoi ?

L’Humain releva la tête. Il était surpris que son colocataire lui adressât la parole. Il avait raison. Faust ne savait pas lui-même pourquoi il faisait ça. Il était juste curieux, tout comme il avait été curieux au sujet de Perséphone. Il y avait des gens qui lui faisaient cet effet et il n’en connaissait pas les raisons.

-C’est un conte. C’est pour améliorer mon vocabulaire.

Le garçon leva un sourcil. L’Humain avait bien un accent, mais il n’aurait pas parié que le Langage Commun pût être une difficulté pour lui. Ce dernier était plus studieux qu’il ne le serait jamais.

-T’en as pas besoin.

-Merci. Taj lui accorda un sourire. Faust comprit alors ce qui l’intriguait parfois chez lui : il avait l’air bien plus mature qu’il n’aurait dû l’être à son âge. Mais c’est différent des cours. C’est d’autres mots.

Faust avait déjà décroché des explications du cadet. Non, il avait finalement jugé la chose un petit peu trop vite. Il s’en foutait. L’adolescent se pencha en avant. Sa main s’engouffra dans l’ombre sous son lit et il en retira un paquet de biscuits. En théorie, ils n’étaient pas censés manger dans les dortoirs. En pratique, personne ne respectait cette règle, hormis peut-être les idiots de l’Ivoire et les froussards de la Craie.

-Pourquoi tu me regardes ? Grogna Faust alors qu’il enfournait son goûter.

S’il en voulait, il n’allait pas lui en donner. C’était ses gâteaux, qu’il avait acheté avec son argent de poche. C’était pas son problème si l’Humain était pauvre. Taj dut rougir, mais sa peau était trop foncée pour que Faust ne le vit.

-Euh… Non, rien. C’est juste qu’il y a quelqu’un qui te ressemble dans le livre.

Faust arrêta de mâcher. Quoi ? Taj se mit à balbutier.

-Mais il paraît qu’il y a plusieurs élèves de l’école dedans, alors peut-être que ce n’est pas très grave… Voulut se rattraper le plus jeune.

Le Démon bondit de son lit et sauta jusqu’au sien. Taj blêmit. Il recula dans son oreiller.

-Donne-moi ça.

Il lui arracha l’ouvrage des mains. En tournant le livre vers lui, il fit aussitôt face à un portrait. Son portrait. Il s’immobilisa.

-C’est censé être moi, ça ? Cracha-t-il.

Il montra l’image à Taj, comme si celui-ci ne l’avait pas encore vue. Ce dernier haussa les épaules. Il ne voulait pas vexer le Vil, mais il n’aimait pas mentir non-plus.

-Un peu quand même, non ?

Faust avait chaud. Très, très chaud. Il regarda une nouvelle fois le fameux Gustave. C’était donc de lui que cette pouffiasse de Susannah avait fait mention.

-Pfff. A peine. Il retourna à son lit. Je te l’emprunte. C’est de la merde de toute façon, tu devrais pas lire ça si tu veux t’entrainer.

Il s’approchait dangereusement du cramoisi. Taj s’avança sur son matelas. Ils ressemblaient à deux chats rivaux coincés sur leurs radeaux en bois respectifs. Entre eux, s’écoulait un torrent qu’aucun d’eux n’osait affronter. Un tumulte de pensées, de colère et de déni.

-Donc c’est vraiment toi sur l’image ? Interrogea l’Humain.

-Nan.

-Alors pourquoi tu…

-La ferme.

Faust avait calé son dos contre le mur et avait entrepris de lire le torchon. Ses yeux parcouraient les lignes à toute vitesse. C’était la première fois qu’il lisait aussi vite. Au fur et à mesure qu’il le faisait, des scènes plus précises se constituaient dans sa tête, comme une façade détruire de laquelle on rembobinait l’histoire jusqu’à ce qu’il fût de nouveau intact.

-Arrête de me regarder. Gronda Faust.

Taj baissa les yeux et finalement, quitta le dortoir. Le Démon, quant à lui, se plongea tout entier dans ce véritable cauchemar. Il ne s’arrêta pas avant d’avoir terminé la dernière page. Il referma le livre d’un coup sec. Il aurait pu être impressionné par sa propre performance de lecture, mais il était trop préoccupé par l’idée d’aller vomir. Un long moment était passé depuis qu’il avait commencé. Les colocataires étaient allés et venus et Faust avait loupé le repas du soir. Il hallucinait. Comment avait-il pu incarner un connard pareil ? Comment avait-il pu ne pas s’en souvenir pendant tout ce temps ? D’ailleurs, d’où sortaient ces putains de souvenirs ? De quand dataient-ils ? Faust décida de cacher le livre sous son matelas. Il refusait que quelqu’un d’autre lût cette merde. Ce livre appartenait à la bibliothèque de l’école et on viendrait le réclamer, mais il s’en foutait. Puisque c’était Taj qui l’avait emprunté, c’était lui qui porterait la responsabilité de la disparition.

960 mots



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Kitoe
Dim 27 Aoû 2023, 21:50

Faust, Taj & Gustavo
La légende de Gustafaust
NOT A TOY - BAD MOOD


Faust se réveilla de mauvaise humeur. La nuit n’avait pas fait passer la pilule et cette foutue histoire de conte lui était restée en travers de la gorge. L’adolescent s’installa seul à une table du réfectoire pour le petit déjeuner. Il avait pour habitude de beaucoup manger et puisqu’il avait loupé le repas du soir, son ventre s’était manifesté avec une vigueur décuplée. Taj entra dans la salle à manger un peu plus tard. Ils échangèrent un regard, mais l’Humain n’eut pas l’audace de le rejoindre. Faust baissa son nez vers son bol de lait aux céréales. Il n’avait pas de céréales chez sa mère, alors c’était ce qu’il prenait toujours à l’école. Celles-ci étaient particulièrement sucrées et probablement peu nutritives. Si Mira avait vu cela, elle aurait grommelé des remarques désobligeantes quant à la direction de l’établissement et le fait qu’elle ne payait pas pour que son fils fut nourri avec des saloperies pareilles. Le bon pain de campagne était, selon elle, l’unique aliment valable le matin.

Quand Faust releva la tête, quelqu’un s’était assis en face de lui. Il dévisagea l’inconnu qui lui souriait de toutes ses dents, puis soudain, avala de travers et manqua de s’étouffer avec son lait. Il aspergea son plateau. Son voisin de table sursauta et recula sa chaise afin de ne pas être victime des éclaboussures.

-Putain, t’es qui ? S’exclama le Démon en reprenant sa respiration.

Il toussait encore comme un asthmatique et avait saisi une serviette pour nettoyer les dégâts. L’autre en face avait récupéré son sourire stupide. Faust se fit la réflexion qu’il avait vraiment l’air d’un con et cela lui fit mal : car la personne en face de lui, lui ressemblait trait pour trait.

-Bonjour. C’est vrai que nous ne nous sommes pas encore rencontrés officiellement. Je m’appelle Gustavo-Paolo-Giorgio-Vanni de la Torpille. Mais tu peux m’appeler Gustavo, ou même Gus’, au vu de notre relation évidente. Et toi, c’est juste Faust, c’est ça ?

Le concerné termina de se sécher tout en dévisageant l’intru. Il avait le même prénom que l’abruti qu’il incarnait dans le conte et il était effrayé à l’idée d’y trouver plus qu’une coïncidence. Gustavo poursuivit.

-J’ai pris le même repas que toi ce matin. Il lui montra son plateau : bol de céréales, pain, confiture et chocolat, il était similaire jusqu’à l’agencement. D’habitude, je ne prends pas grand-chose le matin, si ce n’est un thé, un café et parfois je m’autorise un fruit. C’est mieux pour la ligne. C’est la première fois que je m'attèle à un repas aussi copieux dès le matin.

-Qu’est-ce que tu me veux ?

Car cela était apparemment possible, le sourire de Gustavo s’agrandit.

-Depuis que je t’ai croisé à Avalon, je n’ai jamais détourné les yeux de mon objectif…

-On s’est croisé à Avalon ? Coupa Faust.

De toute évidence, Gustavo ne voyait pas où était le problème. Pourtant, le tout ressemblait de plus en plus à une très mauvaise blague, doublé d’un penchant malsain.

-Oui. C’est là-bas que tu habites, n’est-ce pas ? Pas très loin en tout cas.

Faust ne dit rien. Il détestait l’attitude assurée de son interlocuteur, qui transpirait l’égo à plein nez. Elle ressemblait à celle de ce gros porc de Gustave. Ce fils de pute devait être au courant pour le conte et se foutait amplement de sa gueule. Ça ne pouvait être que ça.

-Ha ha, très drôle.

Il n’avait plus faim. Cette mascarade le dégoûtait. D’un mouvement sec, Faust se leva et emmena son plateau.

-Hé ! Où est-ce que tu vas ?

Gustavo s’élança à sa poursuite. Lui aussi avait saisi son plateau. Il se plaça à ses côtés.

-Qu’est-ce qui est drôle ? Je suis très sérieux, depuis que je t’ai vu…

Le Démon débarrassa aussi vite que bruyamment ses couverts. Il ne voulait pas l’entendre. Sa voix – c’était ça, sa voix ? – lui était insupportable. Les poings serrés, il se dirigea vers Taj. Celui-ci mangeait avec des camarades de classe, mais Faust n’hésita pas à les interrompre. Il posa sa main sur l’épaule de l’Humain pour le forcer à se retourner.

-Bonjour.

Taj était toujours beaucoup trop poli et cordial. Faust le soupçonnait d’avoir un léger trouble mental.

-Y’a beaucoup de monde qui sait ?

Le cadet leva les yeux. Derrière son colocataire se tenait sa version alternative. Il comprit, sans comprendre, qu’il y avait un problème nécessitant un moment à part. L’Humain annonça à ses amis qu’il s’absentait quelques minutes et les trois adolescents s’éloignèrent vers une table déserte de la cantine.

-Il y a beaucoup de monde qui sait pour le conte ?

Taj cligna des yeux. Il était méfiant en présence du Démon et craignait sûrement qu’il y eût une bonne et des mauvaises réponses.

-Je ne sais pas. J’imagine. J’ai voulu le lire à cause de la rumeur.

-Quelle rumeur ?

-Celle dont je t’ai parlée hier. Il y aurait plusieurs personnes de Basphel dans l’histoire.

-De quoi vous parlez, tous les deux ? Intervint Gustavo.

Taj posa enfin les yeux sur ce dernier. Il avait cette étrange façon de rester stoïque dans trop de circonstances. C’était aussi pour cette raison que le Démon pensait qu’il avait un problème au cerveau.

-Vous vous ressemblez beaucoup. Vous êtes frères jumeaux ?

Gustavo bomba le torse. Faust fronça les sourcils.

-Voilà une suggestion intéressante, je suis heureux de l’enten…

-Nan. Coupa sec le charbon. Il était tôt, mais il était déjà au bout de sa patience. Il est la conséquence de ce putain de bouquin et il n’hésite pas de se foutre ouvertement de ma gueule.

-Moi ? Me moquer de toi ? Le Déchu était outré. Tu n’y es pas du tout, laissez-moi vous expliquer. Il sourit de toutes ses dents et tendit une main à Taj. Enchanté, je m’appelle Gustavo. J’aspire à devenir comme Faust. Vous êtes amis ?

-Tu vois ? S’écria le Démon à l'adresse de son colocataire. Gustavo !

Taj passait consécutivement de l’un à l’autre des sosies.

-C’est vrai que la ressemblance est frappante. Il frotta son front, puis son menton, puis se tourna vers Faust, embarrassé. Je comprends que ça ressemble à une blague de mauvais goût, mais Gustavo vient de dire que tu es son exemple.

-Merci petit, c’est ce que je me tue à lui dire depuis tout à l’heure ! Taj fronça les sourcils parce qu’il n’aimait pas qu’on le traitât de petit. Je ne me moque de personne. Je suis Gustavo depuis toujours. Il se trouve que j’ai la même apparence que Faust et puisque je le trouve inspirant, j’ai décidé de suivre la même voie que lui. Et je ne comprends pas de quel livre vous parlez, depuis tout à l’heure.

Taj tapotait son menton à l’aide de son index.

-Peut-être qu’il devrait lire le conte. Cela permettrait d’élucider un certain nombre de doutes.

Faust se pétrifia. Qu’est-ce qui était si difficile à comprendre ?

-Nan. Il l’a déjà lu puisqu’il se fout de nous !

-A moi, il a l’air sincère.

-Laisse tomber, j’me casse.

Puisqu’il savait qu’il aller fracasser quelque chose s’il restait ici, Faust décida de quitter la table. Il se retourna après seulement trois mètres.

-Et toi, arrête de me suivre !

Gustavo se pinça les lèvres et se rassit sans discuter. Quand le Démon eut disparu, il retrouva son sourire.

-Il a du caractère. Indiqua-t-il, ravi. Puis, à l’Humain. Et donc, tu ne m’as pas répondu : vous êtes amis, avec Faust ?

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Kitoe
Mar 27 Fév 2024, 22:34

Faust & Taj
La légende de Gustafaust
Set It Off - Lonely Dance


Taj était embêté. En retrait dans la salle d’étude de la bibliothèque, il épiait de loin son colocataire, flanqué sur un devoir quelconque, le nez sur sa feuille comme s’il allait y plonger même si ça l’ennuyait profondément. Le jeune Humain se frottait les mains l’une contre l’autre, mais ce n’était nullement à cause d’un plan machiavélique qu’il avait en tête. C’était juste qu’il n’osait pas trop déranger le Démon, qui était de mauvaise humeur ces derniers temps. Faust n’avait jamais été si méchant que ça avec lui, mais de par sa race, il préférait rester méfiant quand l’ambiance se prêtait à des jours plus mornes comme celui-ci. Prenant finalement son courage à deux mains, Taj s’aventura sur les quelques mètres qui le séparaient de son camarade.

-Faust ?

Le Démon ne se donna pas la peine de répondre. Avec ses doigts, il jouait avec un crayon, la joue posée dans sa paume. Taj décidé de poursuivre malgré tout.

-J’aimerais bien récupérer l’exemplaire du conte s’il-te-plait. Pourrais-tu me le rendre ? Ou bien m’indiquer où il se trouve. Mon délai d’emprunt est bientôt terminé…

Le silence de la bibliothèque lui paraissait tout à coup désagréable, comme si chaque mot qui sortait de sa bouche rajoutait un kilo dans l’atmosphère.

-S’il-te-plait. Autrement, je vais avoir un avertissement et…

-J’m’en fout.

La bouche de l’Humain se tordit en une moue désapprobatrice. Faust avait la ferme intention de ne jamais lui rendre son livre, ce qui était problématique. Il ne pouvait pas ne rien faire face à cette injustice. Même s’il aurait préféré fuir l’endroit sans encombres tant qu’il le pouvait encore, l’idée lui était assez insupportable.

-Je ne comprends pas pourquoi tu veux le cacher. Il y en a d’autres exemplaires, tu sais.

Le poil du Démon se hérissa. Il ne le vit pas, mais il le sentit et cela l’incita à reculer de deux pas.

-Combien ?

-Je ne sais pas.

Peut-être deux ou trois. Quoi qu’il en fût, les élèves se l’arrachaient mutuellement, si bien que le nombre n’avait pas tant d’importance que cela. L’exemplaire que lui-même avait emprunté était déjà tout écorné et le bord des pages légèrement ondulé sous le passage des doigts. Des doigts, d’ailleurs, Faust martelait la table. Son voisin leva un regard noir en sa direction, mais le Démon ne le voyait pas de son angle de vue. A sa manière de faire la moue, il était clair qu’il réfléchissait. Taj avait un peu du mal à comprendre l’ampleur de toute cette affaire, notamment parce qu’il n’avait finalement pas pu lire le contre lui-même.



Comme une ombre au milieu des volutes vaporeuses, Peniel rodait dans les salles de bain des garçons. Il n’y avait pas grand monde, parce que Faust avait décidé de prendre sa douche tôt. Mais la présence d’un seul camarade en ces lieux suffisait à maintenir le clapet de son poulain de compétition fermé, puisque le carrelage avait tendance à amplifier les sons. Peniel était ennuyé. Son futur champion était souvent de mauvaise humeur, mais dernièrement, c’était pire que tout. L’Archonte n’appréciait pas sa façon d’être, de se recroqueviller sur lui-même comme un perdant, et aussi sa manière d’interagir avec lui. L’étudiant était devenu nul et barbant et ça, ça n’allait pas du tout.

Faust quitta le jet d’eau brûlante et s’empressa de récupérer sa serviette sur un pendant, à l’abri des éclaboussures.

-Tu ne penses pas que t’en fais un peu trop ? Demanda soudain l’Archonte.

L’adolescent sursauta si bien qu’il manqua de glisser sur le dallage. Son ordure de gardien personnel ne s’annonçait jamais, mais il y avait des situations où sa venue était plus gérable que d’autres. Attachant vite sa serviette autour de sa taille, le Démon lui lança un regard noir.

-Tu te formalises beaucoup pour un simple torchon.

Faust lui tourna le dos. Il ne voulait pas l’écouter et de toute manière, il devait se sécher avant de crever de froid.

-Et puis Gustave n’est pas si mal. Enfin, ce que je veux dire, c’est : pense à ceux qui se sont tapé d’autres rôles bien minables. Y’en a plein à Basphel. Par exemple euh… la fille qui a joué cette grognasse de Garance.

Le simple fait que Peniel eût également lu ce bouquin le foutait en rogne. Par ailleurs, il n’y avait rien de plus frustrant que de ne pas pouvoir l’envoyer chier, purement et simplement. L’autre utilisateur des douches n’était pas décidé à se barrer.

-Ou alors Placide ! Franchement, Placide... Et y’a aussi ton colocataire un peu bizarre, là, celui qui faisait le chef des Armées. Pas très net, lui non-plus. Il avait beau être plein de muscles, ça n’en était pas moins la victime d’un vieux porc, au fond.

Faust se fichait pas mal du rôle des autres, surtout que l’argumentaire du blond ne tenait pas complètement. Gustave avait été l’un des protagonistes les plus ridicules. Peniel croisa les bras et fit un tour dans les environs. Son garçon n’y mettait pas du sien et lui, divinité mineure et maléfique, n’allait pas pouvoir être aussi généreux et consolateur indéfiniment. C’était au-dessus de ses forces cosmiques et psychologiques.

-Ce rôle ne va pas te poursuivre toute ta vie. Les gens ont besoin de rigoler un coup, puis ils vont oublier. Et comme je t’ai dit, Gustave était bien quand on y pense. Certes, c’était un peu une ordure, mais toi aussi t’es destiné à être une ordure. Pas la même ordure, peut-être, mais qu’est-ce que ça change ? Et puis il avait plein d’autres qualités. Par exemple, il était beau et roi de la baise. Il n’était pas Judas, et ça quelque part, c’est une qualité. Mais il n’était pas nul comme Montarville non-plus. Alors ? Ça ne tenait toujours pas. Et puis si ça te fait chier, tu as ce parfait bouc émissaire de Gustavo à tes pompes. Ce con a un potentiel incroyable, je comprends pas que tu ne l’aies pas encore remarqué.

Le garçon soupira et serrant les dents. Ce qui le faisait pas mal chier dans cet échange unilatéral, c’était que malgré les irrégularités, Peniel n’avait pas complètement tort. Il s’habilla.

-Tout le monde s’en fout de qui tu étais. Et s’ils s’en foutent pas, alors tu auras le plaisir de leur faire bouffer leurs dents à la prochaine occasion et ça, c’est chouette non ?

Cela lui arracha un sourire mauvais. Faust enfonça ses mains dans ses poches et quitta la salle d’eau.

-Hm hm.

Peniel lui asséna une tape à l’épaule. Doucement mais sûrement, il retrouvait là celui pour lequel il était venu dans cette école de tocards.

1101 mots



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Kitoe
Sam 02 Mar 2024, 18:08

Faust & Taj
La légende de Gustafaust
One Hope - worth my weight in gold


Ce n’était peut-être qu’une impression, mais Faust avait le sentiment que Taj le suivait. Ils se croisaient plus fréquemment que n’importe quel autre colocataire sur le campus, et quand le Démon rentrait dans son dortoir en pensant y être seul, l’Humain s’y trouvait déjà ou alors arrivait à sa suite. C’était précisément cette dernière scène qui venait de se produire, cinq minutes plus tôt. Faust n’avait encore rien fait remarquer, principalement parce qu’il ne voulait pas passer pour un paranoïaque, mais son soupir en avait dit long sur ce qu’il pensait du gamin. L’adolescent n’allait pas tenir très longtemps à ce rythme. Il s’était habitué à Peniel, mais cette omniprésence-ci lui courait sur le haricot, car Taj avait ce talent pour rendre aussitôt l’atmosphère tendue et bizarre. Faust n’était pas certain qu’il s’agissait d’anti-magie, sauf si son anti-magie passait par son regard inexpressif de carpe.

-Merci de m’avoir rendu le livre, finalement. Énonça l’acier au bout de plusieurs minutes, depuis son lit sur lequel il se perchait systématiquement.

Faust leva vers lui un regard circonspect. Il reprit ensuite le pliage de son linge, qu’il avait fait laver et étendre la veille. Les plis étaient approximatifs et il se fichait pas mal que ça fasse carré et bien rangé. Le tout finirait de toute façon dans un tiroir à l’abri des regards, avant de repartir dans la corbeille de linge sale. Selon sa conception des choses, le pliage ne devait donc pas prendre plus de deux minutes.

-Qu’est-ce que tu veux encore ?

Répliquer ainsi lui donnait l’impression d’être devenu sa propre mère. Néanmoins, il ne voyait pas pourquoi Taj le remerciait une nouvelle fois, plusieurs jours après la fin de toute cette histoire. Le plus jeune écarquilla les yeux. Il balbutia, et Faust ne put s’empêcher de le trouver ridicule :

-Rien. Qu’est-ce qui tu fais penser que je veux quelque chose ?

Pour toute explication, le Démon grogna son agacement.

-Abrège. Tu veux quoi ?

-Je ne veux rien ! Répéta-t-il. Dans la panique, son accent ressortait davantage et il en perdait un peu sa grammaire. Enfin, ça dépend comment on formule…

Faust ne comprenait rien à ce qu’il racontait et surtout, il n’avait pas envie de faire l’effort de comprendre. Il empila ses hauts et ses chemises d’uniforme en une tour tordue et branlante, qu’il pressa à l’intérieur de son tiroir.

-C’est que je veux m’excuser.

Taj marqua une pause interminable. Il n’était pas foutu de parler autrement que de manière entrecoupée, surtout quand il était gêné. C’était une pure perte de temps. Le Démon avait hâte d’avoir plié ses pantalons pour quitter cette pièce et enfin souffler.

-Après m’avoir rendu le livre de conte, juste avant de le retourner à la bibliothèque, je l’ai lu puis je l’ai prêté à Gustavo.

Faust s’immobilisa. Cet Humain ne s’arrêtait donc jamais de casser les couilles. Qu’est-ce qui lui avait pris ? Son intelligence et sa maturité n’étaient qu’une façade bien gardée. Il y avait des temps à Basphel où il était difficile de ne pas avoir le racisme facile.

-C’était juste pour vérifier qu’il n’était au courant de rien, s’empressa-t-il d’expliquer, comme on en avait parlé l’autre fois. Il m’a assuré qu’il ne connaissait pas cette histoire auparavant et qu’il n’est pas Gustave. Mais il l’a beaucoup aimé, et…

-T’es vraiment qu’un gros con.

-...

L’avantage de l’insulte était que ça l’avait fait taire. Faust en retourna à son linge et empila ses pantalons. Peut-être que Taj avait eu raison de vouloir lire ce livre : il devait s'entraîner au langage commun pour enfin comprendre quand on lui demandait de se mêler de son cul. Le Démon ne s’était attendu à rien sur son compte, mais plus le temps passait et plus il trouvait cet Humain décevant.

-Je suis désolé.

-J’m’en fous de tes excuses.

Il était sacrément tranchant, et pourtant il n’était pas énervé, juste fatigué par ces conneries. La situation était on ne peut plus absurde.

-Est-ce que je pourrais faire quelque chose pour être pardonné ?

Faust n’avait pas eu l’intention de réclamer une compensation, car il voulait passer à autre chose. Il adressa enfin un regard par-dessus l’épaule à son camarade. Il ne le voyait pas, mais Peniel n’était pas loin.

-Je vais y réfléchir. Articula-t-il.

Si l’Humain déglutit, il l’entendit jusqu’ici et cela suffit à étirer un sourire narquois au coin de ses lèvres. Il ne savait pas encore comment il lui ferait payer, mais il allait faire en sorte que Taj s’en souvint toute sa vie. Ce serait douloureux et il se sentirait humilié au point d’avoir envie d’en mourir dès qu’on lui rappellerait ce terrible moment. Et lui, il rigolerait beaucoup.

779 mots



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